Les premières images acheiropoïètes répertoriées

Transcription

Les premières images acheiropoïètes répertoriées
Une image acheiropoïète de 1531
Carla Bannel
Les premières images acheiropoïètes répertoriées datent de l'Empire byzantin. Ces
images, acheiropoïètes, "non faites par la main de l'homme", donnent naissance à la technique
de l'icône. Mais d'autres images d'art précipité enrichissent à des moments clefs de l'histoire
ce corpus qui se constitue en marge des institutions religieuses et des musées. Est-ce parce
que ces images s'opposent à une célébration contrôlée du mystère? Car si les images
acheiropoïètes reflètent bien l'époque et la pratique cultuelle à laquelle elles appartiennent,
elles n'ont pas de commanditaires religieux, ce sont elles qui se présentent et qui imposent une
prise de conscience. Elles sont le pendant des messages à contenu prophétique révélés aux
bergers, en dehors des institutions.
La Vierge de Guadalupe est l'un des plus grands succès d'images acheiropoïètes.
L’événement est rapporté d'une part par la tradition populaire mais aussi par texte Aztèque
intitulé Nican Mopohva qui signifie « Voici le récit ». Rappelons l'histoire. En décembre
1531, une femme vêtue de soleil apparaît à l'indien Juan Diego sur la colline de Tepeyac, au
cœur du Mexique :
Juan Diego, j'ai un souhait, celui de faire construire une Maison de Dieu où les hommes qui
m'invoquent pourront aller prier. Ainsi je te prie d'aller voir l’évêque Juan de Zumarraga et de
lui en faire la demande en lui disant que c'est la mère de Dieu qui t'envoie. (Notre Dame de
Guadalupe & Saint Juan Diego : http://www.youtube.com/watch?v=W5PGo-7lpsg)
Avec cette demande nous voyons à quel point les rôles sont inversés. Ce n'est pas l'église qui
est commanditaire d'une œuvre d'art, mais l'objet de la représentation par le biais d'un indien
démuni « le plus petit de mes fils », qui demande aux instances religieuses d'accomplir sa
volonté.
L’évêque Juan de Zumarraga demande un signe. Pour répondre à cette demande la
vierge dit à Juan Diego : « Va chercher des fleurs à Tepayac et reviens me voir. Elles sont le
signe qu'il attend ». En dépit de toute attente, dans le paysage hivernal a 2500 mètres
d'altitude de Tepayac, Juan Diego aperçoit des roses magnifiques qu'il cueille et qu'il ramène à
la Vierge. Elle les arrange dans son poncho et lui dit : « Va, porter ces fleurs à l'évêque, elles
sont le signe qu'il a demandé ». Lorsque Juan Diego déploye sa tunique devant l'évêque, les
fleurs tombent et tous les présents aperçoivent le portrait de la Sainte Vierge constellé de 46
étoiles d'or imprimée sur le manteau de Juan Diego. L’évêque commande aussitôt la
construction du sanctuaire. Rappelons que c'est l'époque où les indiens aztèques sont
persécutés et que cet événement acheiropoïète non seulement mets fin aux persécutions mais
conduit le Pape Paul III à protéger les Indiens du Mexique, à partir de en 1537. Nuestra
Señora de Guadalupe sera proclamée Patronne de l'Amérique par Pie XII et Impératrice de
L’Amérique par Jean Paul II.
Depuis 470 ans, l'image imprimée recto-verso sur un tissu dont les fibres d'agaves
auraient dû se détériorer au bout de 20 ans, est encore intacte. 19 millions de pèlerins visitent
annuellement la tilma de Juan Diego (Descifrando el manto de la Virgen de Guadalupe
http://www.youtube.com/watch?v=xspNNVs2Rhk). Ce qui m'interpelle c'est que cette image
religieuse qui rassemble autour d'elle annuellement plus de pèlerins que n'importe quelle
œuvre artistique, n'est jamais mentionné par l'histoire de l'art. Qu'est-ce qu'une œuvre clef?
Les musées laïcs devenus des lieux de culte, assimilent l'art religieux tant qu'il n'y a pas de
fait religieux qu'y s'y rattache. Récemment l'émission Sur les Docks posait la question : « Le
chef-d’œuvre paré autrefois du statut d’immortel ou plus modestement d’œuvre capitale pour
l'histoire de l'art, doit incarner le goût d’une époque, d’une société et de ses valeurs. Mais qui
juge, qui classe ? » (Sur les Docks, France Culture 04.12.2012)
Ce qui m'interroge avec l'image acheiropoïète de « la morenita » (la métissée) ce n'est
ni la réalité de l'existence de Juan Diego ou la possible instrumentalisation de l'église avancée
par les historiens anti-cléricaux, mais des questions beaucoup plus proches de l'objet de
recherche :
•
Quel est le lien entre la tilma de Juan Diego et les images spirites ?
•
Pourquoi, comme pour les images acheiropoïètes spirites qui apparaissent 363 ans plus
tard, les couleurs ne proviennent d'aucun pigment identifié et le support « pictural » ne
présente aucune trace de pinceau ? (faits
plusieurs fois attestés par des laboratoires
professionnels)
•
De quelle manière la matière invisible peut être précipitée et imprimer une intention
sur un support vierge ? Que nous disent ces images ?