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dossier LA MÉCANISATION DES PETITS CHANTIERS ◗ En cinq ans, le nombre de maladies professionnelles, hors amiante, a progressé de plus de 50 % dans le BTP. Principales causes : les mauvaises postures, les vibrations, les manutentions manuelles. La mécanisation des tâches permet de résoudre ces problèmes. Ce sera le thème des tables rondes organisées par l’OPPBTP sur l’espace Mécabat, dans le cadre du salon Intermat. Prévention btp ■ N° 52 ■ mai 2003 43 dossier Mécaniser les petits chantiers contribue au renouveau du BTP ÉTAT DES LIEUX les vibrations ont doublé entre 1999 et 2000. les artisans et les petites entreprises doivent faire face à des contraintes multiples liées à la réglementation, aux prix pratiqués, aux plannings, et ce, dans un contexte où la main d’œuvre devient coûteuse, rare et inégalement formée. Les constructeurs de matériel de chantier rivalisent d’ingéniosité pour proposer des outils plus légers, plus ergonomiques et plus sûrs. Malgré tout, il existe encore des matériels à créer pour l’artisan et la petite entreprise, par exemple pour le transport et l’évacuation des matériaux. Encore faudrait-il que ces marchés de niche soient suffisamment rentables pour que des industriels s’y investissent, ce qui ne semble pas être toujours le cas. D E PLUS EN PLUS, Vers plus de facilité et de sécurité Les échafaudages de pied préfabriqués vont évoluer grâce à la révision de la norme européenne HD 1000 qui va permettre une diminution des sections, et donc un allégement. Le montage des garde-corps par le dessous est maintenant obligatoire pour tout matériel relevant 44 mai 2003 ■ N° 52 ■ Prévention btp de la marque NF « échafaudage » ; les planchers à trappes se généralisent, et on assiste à une normalisation récente des tours d’escaliers, qui unifiera dorénavant des hauteurs de marches et de passages libres d’un fabricant à l’autre. Les plates-formes suspendues évoluent également. La réglementation, sans ouvertement les interdire, rend les échafaudages volants à moufles en bois inutilisables, du fait des normes de sécurité relatives aux appareils de levage. En effet, depuis le 5 décembre 2001, seules les plates-formes suspendues équipées de treuils à main ou électriques doivent être mises en œuvre. C’est déjà le cas en location, mais beaucoup moins vrai pour les entreprises en possession d’échafaudages volants à moufles, et qui continueront longtemps à les utiliser à leurs risques. Les plates-formes motorisées sur crémaillères présentent beaucoup d’atouts en termes de rapidité de montage, de moindre pénibilité et de souplesse d’utilisation. Pourtant, ces systèmes connaissent, pour des raisons de coût, un développement inférieur à ce qu’il devrait être. Par contre, elles sont de plus en plus associées aux échafaudages de pied, particulièrement pour les ouvrages “ Il existe encore des matériels à créer pour la petite entreprise, par exemple pour l’évacuation des matériaux. ” des conditions de travail en proposant ergonomie, et diminuent les risques. de hauteur importante, car elles permettent d’acheminer le personnel et les matériaux plus rapidement et avec moins de fatigue. La famille des échafaudages roulants comporte plusieurs types d’appareils, les plates-formes individuelles roulantes, jusqu’à 2,50 mètres, et les échafaudages roulants proprement dits, pour des hauteurs jusqu’à 12 mètres en intérieur et 8 mètres en extérieur. La norme NF HD 1004 en cours de révision intensifie la notion de sécurité au niveau du montage. Elle va permettre, comme pour les échafaudages de pied, une réduction de la section des tubes, sachant que la recherche de gain de poids représente dans ce cas un compromis entre le confort de montage et la stabilité de l’ouvrage. Les nacelles (plates-formes élévatrices mobiles de personnes, PEMP) sont peu achetées par les artisans et les petites entreprises, qui se tournent majoritairement vers la location. Les nacelles à ciseaux connaissent un fort développement ; elles représenteraient à ce jour la moitié des ventes de nacelles en France. Les raisons sont liées à la stabilité, la surface importante des platesformes de travail et la charge utile élevée, rapportée à l’encombrement et au poids de l’ensemble. Ces caractéristiques favorisent ces systèmes aussi bien pour des travaux de façade, de maçonnerie, que pour des aménagements intérieurs en hauteur, avec dans ce dernier cas une sence effective d’un dispositif antiaggravant contre le risque de basculement sous la charge. La création d’outils pour les petites charges À partir d’une certaine échelle, il devient nécessaire de créer des outils spécifiques ou d’envisager une modification dans la façon de construire. Des briques, des parpaings, des regards en fonte et bien d’autres composants doivent à un moment ou à un autre être manipulés manuellement. À ce stade, il existe deux possibilités, soit concevoir un matériel d’aide à la pose, comme par exemple les pose-bordures de trottoirs, soit intervenir en amont, en travaillant directement sur le matériau. Quelques exemples de petits matériels, mais aussi de matériaux, allant dans cette voie : – Dimos, spécialisé dans l’outillage pour les couvreurs, et Haemmerlin, connu de tous les professionnels pour ses brouettes, commercialisent des outils simples et peu onéreux permettant d’améliorer la sécurité, l’ergonomie, et de diminuer la pénibilité des tâches. Le premier avec un coupe-ardoises ergonomique utilisable directement sur le toit, le second dans le cadre du développement de monte-matériaux dédiés aux approvisionnements en façade suite page 46 ou en couverture. Les maladies professionnelles provoquées par certains gestes sont en progression constante depuis 1996. Des inventions simples comme le coupeardoises ergonomique utilisable directement sur le toit. DR Pour aider à la mécanisation des entreprises, les constructeurs participent à l’amélioration Les affections des outils qui engendrent moins de fatigue, une meilleure causées par utilisation importante de nacelles à mât vertical. On voit également apparaître depuis quelque temps des motorisions mixtes diesel/électrique, permettant des usages combinés en intérieur et en extérieur pour une même machine. Les chariots télescopiques ont de plus en plus la faveur des entreprises de bâtiment par leur côté « bons à tout faire ». Si ces matériels sont avant tout utilisés pour acheminer des palettes en hauteur, un nombre impressionnant d’accessoires adaptables permet de passer avec le même engin du monte-matériaux à la nacelle, en passant par le godet, ainsi que de nombreuses fonctions auparavant affectées à des petites grues. Un cran au-dessus, les chariots à tourelle rotative prennent de plus en plus une fonction de véritable grue, mais ils s’adressent déjà à des chantiers d’une certaine importance, avec l’inconvénient d’un coût plus élevé et d’une souplesse de déplacement moindre. Le choix de l’appareil sera déterminé par la pré- Prévention btp ■ N° 52 ■ mai 2003 45 dossier “ Toutes les entreprises font de plus en plus appel à la location. plaques vibrantes, ainsi que l’outillage électro-portatif. Toutes les entreprises font de plus en plus appel à la location, et ce, pour plusieurs raisons : – la réglementation et la normalisation rendent rapidement obsolètes certains matériels de chantier, et louer permet à l’entreprise de disposer de systèmes « à jour » avec les règlements ; – c’est un moyen de disposer du matériel le plus adapté, et qui dispense d’une gestion lourde, coû- suite de la page 45 – Duarib et Comabi proposent une remorque contenant l’échafaudage et les accessoires nécessaires à la construction d’une maison individuelle. – BPB Placo vient de mettre au point un procédé visant à simplifier la mise en œuvre des cloisons hospitalières, un système également utilisable pour des cloisons standards. – Rector et BDI, devenu récemment KP1, commercialisent des entrevous très légers qui diminuent d’une façon importante la pénibilité à la mise en œuvre. – Les chapes autolissantes suppriment la plus grande partie de la pénibilité de la mise en œuvre des chapes traditionnelles, que l’on doit mettre en place et surtout tirer. – Le béton cellulaire, les blocs coffrants en polystyrène permettent de travailler des produits de gros œuvre plus légers, plus faciles à mettre en œuvre, et qui génèrent des chantiers plus propres. 46 – les constructeurs de maisons à ossature bois automatisent de nombreux postes ; ils transfèrent ainsi les tâches les plus pénibles du chantier vers l’atelier, tout en étant moins dépendants des aléas atmosphériques. Ces quelques exemples pris parmi tant d’autres sont représentatifs des efforts réalisés, mais le succès n’est pas pour autant toujours assuré. Les raisons sont d’ordre économiques, mais également liées aux habitudes. Le prix du matériau est souvent déterminant, et les approches inno- mai 2003 ■ N° 52 ■ Prévention btp ” vantes restent l’apanage d’une petite minorité, particulièrement au sein des petites entreprises. Et comme l’explique un couvreur, « malgré toutes les aides périphériques possibles, la pose des tuiles ou des ardoises sera toujours manuelle, et on aura toujours trop froid sur les toits l’hiver, alors que la chaleur sera insupportable l’été ». La location permet de disposer du matériel le mieux adapté aux tâches. Louer le bon matériel pour le bon usage Le marché de la location représente presque 3 millions d’euros de chiffre d’affaires, 20 500 personnes et 1 250 entreprises. Il s’agit d’une profession très atomisée, où les leaders (Hertz, Laho, Loxam, Kiloutou, Access…) ne représentent que 22 % du chiffre d’affaires total. Les matériels de chantier les plus loués par les petites entreprises sont les compresseurs, les groupes électrogènes, les matériels de soudage, les échafaudages, les nacelles automotrices, les mini-pelles, les minichargeuses, les compacteuses, les teuse, consommatrice de temps et de personnel ; – cela permet « d’écrêter » les pointes et de compenser dans une certaine mesure le manque chronique de personnel, par ailleurs moins disponible du fait du passage aux 35 heures ; – la tendance à externaliser tout ce qui ne relève pas du métier de base est réelle, tant au niveau du matériel que des véhicules, de l’informatique, voire de l’administratif. Cela étant, Françis Gilberg, secrétaire général de la Fédération nationale des distributeurs, loueurs et réparateurs (DLR), précise que si la mécanisation est réellement en marche sur les petits chantiers de bâtiment, l’artisan reste encore très traditionnel dans suite page 48 De nombreuses optimisations des tâches restent possibles. alliance “ L’amélioration des conditions de travail passe aussi par l’organisation des chantiers. ” Prévention btp ■ N° 52 ■ mai 2003 47 dossier suite de la page 47 LES COÛTS DE LOCATIONS (EN EUROS) Type de matériel Plate-forme automotrice à ciseaux 10 m Nacelle tractable 12 m Elévateur articulé semi et tout terrain 12 m Flèche télescopique 12 m Camion nacelle 12 m Echafaudage roulant aluminium 11 m Mini-pelle 20 cv Pelleteuses à rotation 23 cv Chargeur sur pneus 30 cv Chargeur compact 38 cv Rouleau vibrant Plaques vibrantes Compresseur 40 cv Perforateur pneumatique Groupe électrogène sur remorque 10 à 35 kvA Location/journée Location/semaine 123 118 193 199 181 78 160 160 141 126 488 472 772 796 724 293 639 639 566 503 24 30 68 20 92 90 112 273 73 346 Si la location est passée en quelques années d’un acte de dépannage à un acte courant, c’est aussi parce que les entreprises y trouvent financièrement leur compte. 48 mai 2003 ■ N° 52 ■ Prévention btp son approche organisationnelle, et que de nombreuses optimisations restent encore possibles. Louer, acheter, ça coûte quoi, ça rapporte quoi Si la location est passée en quelques années d’un acte de dépannage à un acte courant, c’est aussi parce que les entreprises y trouvent financièrement leur compte. Elles sont nombreuses à dépasser la simple comparaison prix d’achat/fréquence des locations, et intègrent également la maintenance, la surface nécessaire au stockage, le personnel pour l’entretien et le risque «vol », qui prend depuis quelques mois une tournure inquiétante. Deux témoignages confirment cette tendance. Pascal Pichet, gérant de l’entreprise Batitec à Colombes (92), réalise essentiellement des travaux de couverture, en neuf et en entretien, auprès des particuliers comme des copropriétés. S’il possède des échafaudages, un treuil électrique et l’outillage incontournable du couvreur, il fait de plus en plus appel à la location, y compris pour des compléments d’échafaudages, des montetuiles et bien sûr des nacelles. Les raisons de ce choix tiennent au coût, jugé moins élevé en globalité, à l’offre proche et abondante (un magasin Kiloutou est implanté à 2 kilomètres de l’entreprise), au manque de place pour le stockage, et aux risques de vol, en augmentation sensible. Autre exemple, celui de l’entreprise Combet Sérith installée à Saint-Maur (94), très présente dans le ravalement des immeubles parisiens, et qui loue la plus grande partie de ses échafaudages de pied. Les raisons sont identiques, mais, de plus, Frédéric Guéna, le dirigeant de l’entreprise, y voit un gain de temps certain : « Les monteurs en échafaudages sont des professionnels expérimentés, qui travaillent plus vite et d’une façon plus rationnelle que nos équipes dont ce n’est pas le métier ». Les exemples cités dans l’encadré ci-contre donnent des orientations de coût de location pour des matériels très loués par les artisans et les petites entreprises, sachant qu’il ne s’agit que de tendances, variables selon la durée, le réseau de location et la taille de l’entreprise. Globalement, le monde des loueurs estime les prix pratiqués trop bas ; et les mésaventures récentes d’un leader de la location de nacelles ne font que confirmer ce constat. ◗ La maintenance, la surface nécessaire pour le stockage et le stationnement sont des éléments qui plaident souvent en faveur de la location. “ Louer permet à l’entreprise de disposer de systèmes à jour avec les règlements. ” Prévention btp ■ N° 52 ■ mai 2003 49 dossier La mécanisation des petites structures impli en œuvre d’une réglementation et d’actions de form que la mise ation adaptées Améliorer les conditions de travail grâce à la mécanisation des petites et des moyennes entreprises implique pouvoirs publics que des organismes professionnels. Réglementation et actions de formations contribuent un investissement tant des à progresser dans cette voie. MOYENS Les tubes en aluminium passent ainsi de 48,3 × 4 à 48,3 × 3,2, avec également une tolérance à -0,2. L’évolution va dans les mêmes sens pour les échafaudages roulants qui comportent les PIRL, plates-formes individuelles roulantes légères dont la hauteur maximale du plancher est de 1 mètre, les PIR, plates-formes individuelles roulantes dont la hauteur maximale du plancher est limitée à 2,50 mètres, les échafaudages roulants dont la hauteur de plancher est inférieure à 2,50 mètres, et les ERPFH, échafaudages roulants préfabriqués de faible hauteur, pour des hauteurs allant jusqu’à 12 mètres en intérieur et 8 mètres en extérieur. Nacelles : une meilleure sécurité passe par le Caces pour l’année 2000, plus de 6 millions de journées de travail perdues pour cause d’accidents du travail, les pouvoirs publics et les organisations professionnelles travaillent à diminuer les risques sur les chantiers au travers de nombreuses actions. Ainsi, les directives européennes conduisentelles à plus de sécurité et moins de pénibilité. Au sein du Comité européen de normalisation (CEN), le Syndicat français de l’échafaudage, qui regroupe entre autres les fabricants d’échafaudages et des systèmes d’élévation, d’accès et de travail motorisé, est particulièrement actif au sein du TC 53, dont les travaux de normalisation portent sur les matériels provisoires de chantier. La A 50 VEC, France y est chargée de l’animation de plusieurs groupes de travail, dont le WG 4 pour les échafaudages roulants dont la hauteur de plancher est supérieure à 2,50 mètres (future norme NF HD 1004) et le WG 5 pour la norme relative aux tours d’étaiement. Parallèlement, le syndicat participe à d’autres groupes de travail, dont celui en charge de la révision de la norme NF HD 1000, qui concerne les échafaudages de service en éléments préfabriqués. Les nouvelles normes vont permettre d’utiliser pour les échafaudages préfabriqués des tubes plus fins, et donc plus légers. Les tubes acier, actuellement de section 48,3 × 3,2 vont pouvoir descendre à 48,3 × 2,7, avec une tolérance à -0,2, soit une possibilité d’aller jusqu’à 2,5. mai 2003 ■ N° 52 ■ Prévention btp Une meilleure sécurité sur les chantiers passe par des actions régulières de formation. Actuellement, l’autorisation de conduire est assujettie à l’aptitude médicale, au Caces, mais aussi à la capacité technique du futur conducteur et, enfin, à la prise en compte des risques spécifiques au chantier. Le Caces, certificat d’aptitude à la conduite en sécurité, continue à faire couler beaucoup d’encre. D’abord, parce que certains regrettent qu’il ne s’agisse pas d’un véritable « permis de conduire » et, surtout, par l’impossibilité matérielle de le mettre en place d’une façon suffisamment rapide, le nombre de personnes à former étant en décalage complet avec les moyens disponibles au niveau de la formation. Actuellement, le conducteur d’un matériel concerné doit être soit titulaire du Caces, soit avoir reçu de son entreprise une formation inter- ne de plusieurs jours et respectant un référentiel organisé autour de quatre thèmes : l’utilisation, la technologie, les risques et la réglementation. Concrètement, les loueurs de matériel informent de plus en plus leurs clients, s’informent également des capacités réelles du personnel qui conduira ou manœuvrera les engins loués, et proposent de plus en plus des formations spécifiques à l’utilisation et à la conduite. Conscients de l’ambiguïté et des risques de la situation actuelle, ils sont nombreux à inciter leurs clients à louer la machine avec son conducteur, d’où l’intérêt d’actions comme celle développée par la société Lev. Des petits camions équipés de nacelles sillonnent les grandes agglomérations et se dirigent, comme un taxi, vers les chantiers d’où ils auront été appelés. L’entreprise paye la prestation à la durée, la manœuvre de la nacelle étant assurée par le chauffeur de Lev, alors que l’artisan ou l’entrepreneur se consacre exclusivement à son travail. Une première expérience a eu lieu dans l’agglomération lyonnaise ; elle a donné satisfaction et devrait connaître des développements prochains dans d’autres grandes villes. Des formations en conséquence On constate au sein des différentes professions concernées une volonté forte d’actions de formation. Une meilleure sécurité sur les chantiers passe par des actions régulières de formation. Par exemple, le Syndi- cat français de l’échafaudage, du coffrage et de l’étaiement a institué des cycles de stages « collant » aux différentes qualifications professionnelles. Ce ne sont ni des CAP ou des BEP, mais des formations agréées par les professions, certaines étant reconnues et sanctionnées par une commission paritaire où siègent des représentants de la FFB, de la FNTP et de la Capeb. Ces cycles forment des aide-monteurs, des monteurs, des chefs d’équipe, des techniciens spécialisés, comme ceux chargés d’établir la réception en conformité des ouvrages. Ils ne sont pas figés mais s’adaptent à l’évolution de la demande ; par exemple, une formation de monteur en plate-forme suspendue est prévue à court terme. Des ouvrages d’aide et de référence Le Code du travail impose aux chefs d’établissement d’utiliser des équipements de chantier « non dangereux ». Pour ce faire, les usagers doivent pouvoir faire la preuve de la conformité de ces matériels aux règlements en vigueur, ainsi qu’aux risques inhérents aux travaux. Qu’il s’agisse d’échafaudages de pied, roulants, de platesformes suspendues, de nacelles ou de chariots, un certain nombre de documents officiels et d’ouvrages spéciali- En 2000, près de 1 500 maladies professionnelles provoquées par certains gestes ou postures au travail ont été reconnues. Le Code du travail impose aux chefs d’établissement d’utiliser des équipements de chantier non dangereux. sés apportent les informations nécessaires à l’élaboration en sécurité d’un projet. L’OPPBTP, au travers de différents documents, participe activement à cette information. Citons, dans les référentiels de formation : – les compétences requises et le savoir-faire du préposé à la conduite des manœuvres réalisées avec un appareil de levage ; – les compétences requises et savoirfaire des grutiers de grues à tour ; – les compétences requises et savoirfaire des élingueurs… dans les guides de mise en conformité : – les grues mobiles ; – les grues à tour… dans les manuels pratiques de prévention : – les engins mobiles de levage ; – les travaux de montage et de levage de charpente ; – les échafaudages volants ; – la vérification des appareils de levage et la transposition des directives, les grues mobiles à flèche relevables ; – la sécurité du monteur de lignes électriques ; – la sécurité du monteur dans les chantiers de réseaux… ◗ Prévention btp btp ■ ■ N° N° 52 52 ■ ■ mai mai 2003 2003 Prévention 51 dossier Imagination et création peuvent apporter appropriée aux besoins des artisans et des petites une réponse plus entreprises Faute de trouver une offre répondant à leurs besoins, certains artisans imaginent eux-mêmes les solutions vités et n’hésitent pas à concevoir des outils dans des domaines aussi variés que les chapes, les véhicules les mieux adaptées à leurs actiutilitaires ou le levage. La peut être lavé à grande eau. Le mécanideuxième compartiment, dédié aux sation hydrocarbures, est ventilé. Enfin, le compartiment, dit « propre », avec n’est pas sièges et penderie pour les vêtements l’apanade rechange, est accessible par la ge des porte latérale. Communiquant avec grandes la cabine, il porte à 5 le nombre de entreplaces assises. prises. INITIATIVES ce n’est pas systématiquement l’apanage de grosses entreprises, et des artisans, des petites entreprises, un jour, par besoin, ne trouvent pas l’offre nécessaire, et imaginent pour leur usage des outils et des matériels adaptés à leurs activités. Ils vont parfois plus loin, protègent leur idée par un brevet et s’allient à un industriel pour une future commercialisation. Les quelques exemples qui suivent sont représentatifs de cette démarche. L A MÉCANISATION, et sur lesquels circule en translation un ensemble machine + chariot. Un programmateur permet de régler la vitesse dans le sens longitudinal et transversal, et c’est le chariot, équipé d’une fraise et d’un lisseur, qui réalise la répartition du mortier de ciment ainsi que la finition de surface. Cette machine est maintenant industrialisée ; elle est commercialisée par une société grenobloise, Lomar France (source : L’entrepreneur). Propreté dans les véhicules utilitaires La couverture en toute sécurité L’entreprise Gardavaud Habitations construit des maisons individuelles. Elle applique avec cet exemple la notion de transfert de tâches du chantier vers l’atelier. Contrairement à ce qui se pratique habituellement, l’entreprise a choisi d’équiper ses fenêtres de toit du chevêtre et de son étanchéité périphérique en atelier. L’ensemble est conditionné et livré sur chantier où il est posé à la grue en même temps que les chevrons, avant les tuiles. Ainsi, le personnel n’intervient qu’une fois et n’a plus à réaliser le raccordement de la fenêtre, une tâche délicate, source de perte de temps, de non-qualité et de danger potentiel pour le personnel. Chapes : plus de pathologies du genou 52 52 L’entreprise Ceschin a aménagé, pour ses équipes de maçons, un fourgon aménagé et compartimenté, une démarche qui n’est pas courante dans le monde du gros œuvre. Les portes arrières donnent sur un compartiment « sale » muni de casiers et d’étagères, utilisé pour le transport des matériaux et des outils. Au fond est installé un vestiaire « sale « qui Les poseurs de chapes et les carreleurs connaissent bien toutes les pathologies liées à la position à genoux dans l’humidité, dont la plus grave est l’hygroma du genou. Un ingénieur italien, Silvio Dedda, a inventé et mis au point une machine qui tire les chapes à la place des humains. Le principe est simple : la machine se compose de guides latéraux préalablement mis à niveau, mai 2003 ■ N° 52 ■ Prévention btp mai 2003 ■ N° 52 ■ Prévention btp “ Réduction de la pénibilité du levage L’entreprise Appligaine a mis au point un chariot élévateur de systèmes de ventilation et de climatisation. La pièce maîtresse de ce système d’aide à la pose et à la manutention de ventilo-convecteurs, cassettes de climatisation ou pompes à chaleur est un chariot élévateur pneumatique. La bouteille d’air comprimé offre une autonomie de 250 levages pour 50 kg à 3 mètres de hauteur. Le plateau, rotatif sur 360°, est muni de galets facilitant la mise en place de l’équipement à poser, qui se rétractent au moment du levage par sécurité. Ce chariot, qui épargne beaucoup d’efforts au monteur, permet d’assurer rapideRéférences ment l’installation d’équipements, tout comme leur maintenance. QUELQUES NORMES À RETENIR ◗ • Monte-matériaux • Ascenseurs de chantier • Tubes en acier pour échafaudages d’étaiement et de service • Exigences de sécurité des plates-formes suspendues à niveau variable • Plates-formes de travail se déplaçant le long des mâts • Échafaudages de service en éléments préfabriqués • Échafaudages roulants d’une hauteur supérieure à 2,50 mètres ” Dossier réalisé par Gérard Guérit, reportage photos Xavier Pierre. NF EN 12158-1 NF EN 12159 NF EN 1039 NF EN 1808 NF EN 1495 NF HD 1000 NF HD 1004 Prévention btp ■ N° 52 ■ mai 2003 53 NOUVEAUTÉS TECHNIQUES Une vitrine mondiale des nouveautés PALMARÈS DE L’INNOVATION Concours réservé aux exposants d’Intermat, le Palmarès de l’innovation valorise les sociétés innovantes en équipements, produits, matériels et services dans le BTP. PRÈS UNE première édition en 2000, le Palmarès de l’innovation d’Intermat prend une dimension nouvelle par la présence d’un jury d’experts européens, qui devra récompenser les meilleures innovations, et ce, sur la base de différents critères d’évaluation : – la technologie employée, – la qualité du travail réalisé, – l’économie d’utilisation, – l’ergonomie, – le respect de l’environnement. Cette évolution européenne se ressent également au niveau des industriels ayant présenté leur candidature, puisque, sur 49 dossiers examinés, 11 proviennent d’entreprises non françaises, alors qu’en 2000 existait une seule proposition provenant de l’extérieur de l’Hexagone. Pour le jury, Charles Parey, son président, précise que « le choix des 10 nominés n’a pas été facile du fait de propositions présentant une qualité et une technicité d’un niveau supérieur ». Il semble également qu’il ait été parfois difficile de définir la frontière entre les innovations, pour lesquelles il doit y avoir une part d’éléments inventifs, et les nouveautés qui s’inscrivent souvent dans des lignes de produits existants ou analogues. lons gonflés à l’air, de forme elliptique et de diamètres compris entre 0,50 m et 2,20 m. Montés au bout d’une perche de 2 à 15 m, ils permettent un éclairage homogène et omnidirectionnel de forte puissance pour des surfaces comprises entre 1 000 et 10 000 m2. Les caractéristiques particulières du tissu de l’enveloppe allient résistance et bonne AIRSTAR Ballons éclairants à surpresseur intégré L’entreprise grenobloise est bien connue du monde des chantiers de nuit ; elle est nominée pour ses bal- DR A Airstar : ballon éclairant à surpresseur intégré. diffusion de la lumière, celle-ci étant produite par des ampoules halogènes ou HMI. Ces ballons, qui peuvent être employés aussi bien en poste fixe que montés sur un engin mobile, bénéficient d’un dispositif de sécurité qui coupe le courant en cas de dépressurisation du ballon. BERGERAT MONNOYEUR CRC (Centre de relations client) Les Anglo-Saxons parlent de call centers, les Français de centres d’appel, une technique très utilisée dans la vente par correspondance, et que Bergerat Monnoyeur adapte au monde des travaux publics. En effet, la gestion des commandes de pièces détachées, de demandes d’intervention ou d’assistance technique d’un ensemble, où le nombre de modèles se compte par centaines, celui des clients par milliers et celui des machines en circulation par dizaines de milliers, n’est pas particulièrement évident. Afin de rendre cette activité plus performante et plus réactive, l’industriel a mis en place des moyens téléphoniques importants, couplés à des bases de données clients et matériels et comprenant des historiques détaillés apportant des avantages déterminants : – numéro d’appel unique, – prise en charge rapide de l’appel – 90 % en moins de dix secondes, – diminution du nombre moyen de déplacements sur le terrain, – statistiques immédiates indiquant le cas échéant les points d’accumulation de problèmes et permettant la diffusion rapide des éléments de correction. FRASTE DPC System (Système automatique de manutention de tiges) Ce procédé est un système automatique de manutention de tiges pour sondeuses à rotation hydraulique basé sur les éléments suivants : – tiges spécifiques comportant en tête un épaulement de forme hexagonale, – tête de rotation spéciale munie d’un étau hydraulique et pouvant Prévention btp ■ N° 52 ■ mai 2003 55 dossier DR Fraste : DPC System (système automatique de manutention de tiges). GUIDETTI MF 450 (Concasseur mobile) De tels systèmes sont déjà utilisés sur des matériels fixes du type des cribles vibrants, mais n’avaient jamais fait jusque-là l’objet d’applications sur des engins mobiles. Cet équipement, qui comprend un capteur de température et un accéléromètre fixés sur le corps de palier, l’ensemble étant associé à un boîtier électronique embarqué, présente un grand intérêt. Il évite en KLAC INDUSTRIE Klac Marguerite (Godets de pelles permettant de réaliser des tranchées étroites) Ces godets de pelles, pour l’instant de 1 à 10 tonnes, permettent de réaliser des tranchées étroites d’une largeur minimale de 150 mm, et ce, jusqu’à des profondeurs de 1,10 mètre pour la pose de câbles ou de canalisations de faible diamètre. Deux types de godets sont présentés, le premier à lames « sable » munies de joues, le second à lames – ensemble géré automatiquement par un système multiplexé. Le rendement peut atteindre 250 tonnes par heure, et la largeur de traitement 4,50 m. Un système de balais nettoie la surface fraisée qui peut alors recevoir une couche d’accrochage ; il est également possible d’incorporer des granulats vierges dans le processus. Enfin, le flux des matériaux est entièrement traité à bord de la machine pour ensuite alimenter un finisseur. RECEPIEUX Prérecépage avec vérin chimique à retard contrôlé Cette société avait obtenu une citation au Palmarès de l’innovation d’Intermat 2000 pour Recepieux : prérecépage avec vérin chimique à retard contrôlé. une méthode originale de recépage de pieux coulés en place ; elle consistait à mettre en place au niveau prévu plusieurs réservations tronconiques remplies de ciment expansif après prise du béton du pieu. Les armatures et les tubes soniques sont garnis de mousse au-dessus du niveau de recépage ; l’expansion des réservations conduit à une rupture à peu près plane du béton du pieu ; il ne reste plus alors qu’à lever et à évacuer la partie recépée. Le procédé a été perfectionné – c’est ce qui justifie sa nomination –, et ce, avec l’aide de plusieurs établissements scientifiques, à la fois par un calcul précis des conditions et des formes de rupture, mais aussi par la substitution d’une MARINI (GROUPE FAYAT) MCR 250 (Train de traitement à froid de matériaux de chaussées) Ce train de roulement à froid est destiné aux matériaux de chaussées fraisées de différentes constitutions : ciment, émulsion, mousse de bitume, mixte. Il est automoteur, composé d’un tracteur et d’une remorque et présente les caractéristiques suivantes : – contrôle de la granularité du matériau recyclé, – dosage pondéral du liant et des granulats, – enrobage de qualité dû à la présence d’un malaxeur à double arbre à palettes, – vitesse d’avancement asservie au niveau de la trémie tampon, Marini (groupe Fayat) : MCR 250 (train de traitement à froid de matériaux de chaussées. DR Encore un fabricant italien, qui avec ce matériel pense aux chantiers urbains et à l’environnement. Destiné aux opérations en ville où la Klac industrie : Klac Marguerite (godets de pelles permettant de réaliser des tranchées étroites). KIRPY Dispositif embarqué d’alerte prédictive du début de défaillance d’un roulement de broyeur de pierre « glaise », sans bords, pour des matériaux suffisamment cohésifs. Les lames sont superposées – par deux ou trois selon les modèles – afin d’augmenter la capacité du godet ; chaque lame découpe la terre en tranches en utilisant le vérin de cavage de la machine. La forme et l’absence de joues des lames « glaise » permettent la réalisation de tranchées étroites dans des terrains argileux sans problèmes de colmatage. La multiplication des lames augmente de plus de 50 % le profil excavé par rapport à un godet traditionnel, et la productivité en est d’autant améliorée. La réduction des volumes de matériaux extraits et des surfaces à reconstituer permet de réduire notablement le coût des travaux. effet la non-détection d’une dégradation, qui, sur certains appareils soumis à des chocs, se termine par la destruction du roulement, le blocage de l’arbre, ainsi que des dégâts souvent importants sur l’appareil concerné. DR Guidetti : MF 450 (concasseur mobile). place est réduite, il permet de réutiliser sur place les matériaux d’extraction ou de démolition, diminuant ainsi les transports ou la mise en décharge ; mais c’est avant tout un concasseur à mâchoires. Il est monté sur un châssis chenillé compact et dont le déplacement est télécommandé, par exemple par le conducteur de l’engin de chargement. D’une ouverture de 450 × 280, il peut produire de 6 à 15 m3/h d’un matériau 0/30 à 0/70, la motorisation diesel d’une puissance de 20 kW assurant l’autonomie de l’appareil. DR effectuer un mouvement de pivotement et de déplacement latéral pour aller chercher ou déposer une tige dans le râtelier. Le système ne demande aucune intervention manuelle pour la manipulation des tiges ; il accroît la sécurité du poste de travail tout en en diminuant la pénibilité. Il faut enfin noter que cette société italienne avait déjà été citée au Palmarès 2000 pour un dispositif assurant des fonctions analogues mais basé sur un principe différent et moins automatisé. DR NOUVEAUTÉS TECHNIQUES 56 mai 2003 ■ N° 52 ■ Prévention btp Prévention btp ■ N° 52 ■ mai 2003 57 dossier seule réservation de forme appropriée remplie au moment du bétonnage d’un mélange expansif retardé. Cette simplification permet d’une part une seule réservation et une moindre consommation de produit réactif, et d’autre part un remplissage de la réservation au moment de la mise en place, ainsi que la suppression de tous les tubes d’alimentation propres à l’ancien système. SECMAIR Modèle 41 (Birépandeuse) Ce matériel de réalisation d’enduits superficiels comporte sur une même remorque maxi charge (40 tonnes) : – un ensemble de stockage de 6 tonnes, de réchauffage de dosage et de répandage de liant, – un ensemble de stockage de 12 m3, de dosage et de répandage de gravillons, l’ensemble permettant la mise en œuvre journalière d’environ 18 000 m2 d’enduit monocouche. Cette machine présente plusieurs atouts spécifiques : – un travail en marche avant, les essieux directeurs de la remorque permettant de suivre des tracés relativement sinueux, – un répandage simultané du liant et du gravillon, l’enduit sortant ainsi fini de la machine, – un encombrement réduit en hauteur, 3,70 m, en position de travail, – un système avancé de capteurs qui contrôle les dosages de liants et de gravillons, avec des précisions correspondant à la classe III de la norme NF P 98160, – un logiciel particulier, Malaxitu, qui vérifie le respect des tolérances DR NOUVEAUTÉS TECHNIQUES Secmair : Modèle 41 (birépandeuse) et enregistre les paramètres caractéristiques de l’enduit réalisé. Il peut les transmettre en étant couplé à un positionnement GPS et à une liaison GSM, à un centre de gestion et rentrer ainsi directement les données dans un programme d’assurance qualité. La conduite est assurée par un opérateur depuis une passerelle arrière où se situent les organes de conduite et le tableau des contrôles ; cette passerelle est protégée des fumées de liant par le rideau de gravillons et des joues latérales. DR WIRTGEN WR 2500S (Recycleur) Wirtgen : WR 2500S (recycleur) 58 mai 2003 ■ N° 52 ■ Prévention btp Cette machine est destinée à la stabilisation des sols, notamment le traitement de plates-formes ou de remblais aux liants hydrauliques, ainsi que le recyclage en place d’anciennes chaussées avec les liants hydrocarbonés, en particulier avec de la mousse de bitume. Sa puissance, 500 kW, permet de traiter des épaisseurs maximales de 50 cm en 2,45 m de large. L’ergonomie du poste de conduite est particulièrement étudiée, avec un déplacement latéral et une rotation de l’ensemble sur 90°. Le multiplexage des commandes ainsi que les automatismes de conduite aboutissant au CGC (Centre graphique cabine) autorise une surveillance efficace des paramètres de la machine et du travail réalisé ; les résultats peuvent être sortis sur une imprimante. ◗ GG