LES RISQUES DES COIFFEURS

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LES RISQUES DES COIFFEURS
FICHE METIER
Sommaire :
1.
2.
3.
4.
5.
6.
Les activités des coiffeurs

Les activités centrées sur les cheveux

Les activités centrées sur le salon de coiffure
Les risques des coiffeurs
2.1. Les risques chimiques
2.2. Les risques de TMS
2.3. Les risques biologiques
2.4. les autres risques
La surveillance de santé des coiffeurs
La prévention des risques
4.1. L’aménagement du salon de coiffure
4.2. Les protections individuelles
La reconnaissance des maladies professionnelles

Dans la liste européenne

Dans la liste belge
Références
1. LES ACTIVITES DES COIFFEURS
Les activités habituelles des coiffeurs sont nombreuses et peuvent se schématiser ainsi :

Les activités centrées sur les cheveux
o Le lavage des cheveux
o La coupe des cheveux
o La coloration des cheveux
o La décoloration des cheveux
o La permanente ou frisage des cheveux
o Le défrisage des cheveux
o La mise en forme des cheveux

Les activités centrées sur le salon de coiffure
o L’accueil et la prise des rendez-vous
o Le nettoyage et la désinfection du matériel
o Le nettoyage du salon
2. LES RISQUES DES COIFFEURS
2.1.
Les risques chimiques
Les coiffeurs utilisent des produits cosmétiques qui n’entrent pas dans la réglementation habituelle des produits chimiques. Il n’y a
donc pas obligation de fournir de fiche de sécurité, la réglementation des cosmétiques n’oblige pas à l’évaluation de la sécurité des
produits pour un usage par les professionnels. Néanmoins au niveau européen, certaines directives existent : La directive
76/768/CEE qui vise l’harmonisation des réglementations pour la libre circulation des produits ; la directive 96/335/CE qui élabore
une nomenclature commune des ingrédients permettant d’identifier les substances par une même dénomination ; la directive
2003/15/CE du Parlement européen et du Conseil qui interdit l’utilisation dans les produits cosmétiques de substances classées
comme cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction de catégories 1, 2 et 3 et reprises à l’annexe 1 de la directive
67/548/CEE.
Les risques chimiques sont très difficiles à déterminer dans le détail en raison du nombre de produits utilisés et du nombre de
substances entrant dans la composition de chacun des produits. A chaque étape des activités des coiffeurs, le risque chimique est
présent : Les shampoings, les colorants, les décolorants, les laques, les produits de frisage et défrisage, aucun sont inoffensifs.
L’évaluation de l’exposition des coiffeurs est également très difficile car pour de nombreuses substances utilisées, il n’existe pas de
méthode validée de métrologie atmosphérique ou de biométrologie. Par ailleurs la sensibilité à des substances allergisantes est
souvent trop faible.
En ce qui concerne l’ortho-toluidine (CAS 95-53-4), qui fait partie de la famille des amines aromatiques, et dont le caractère
cancérogène et mutagène est suspect (classifié 2B par l’IARC), il entre dans la composition de certains colorants. Il existe un
biomarqueur urinaire : on recherche la toluidine urinaire, dans les urines recueillies en fin de journée de travail, par
chromatographie en phase gazeuse couplée à une spectrométrie de masse. Le prix est conséquent (65 € en moyenne) et surtout,
il n’est pas totalement spécifique de l’exposition puisque l’ortho-toluidine du tabac peut interférer.
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LES RISQUES DES COIFFEURS
Les risques de TMS
Les risques de TMS sont également présents à toutes les étapes des activités des coiffeurs. Les causes en sont en premier lieu la
station debout prolongée, mais aussi les postures en flexion et torsion du tronc, les bras en élévation au dessus du plan des
épaules, les mouvements répétitifs au niveau des poignets et des doigts.
2.3.
Les risques biologiques
Les risques biologiques sont liés essentiellement au contact cutané avec des clients porteurs de teigne ou de pédiculose.
2.4.
Les autres risques
Ils sont
-
liés
à l’environnement du salon de coiffure : chaleur, bruit, éclairage, ventilation
au contact avec les clients : agressivité, exigences
aux horaires de travail : pauses relatives
3. LA SURVEILLANCE DE SANTE DES COIFFEURS
La surveillance de santé reposera essentiellement sur l’anamnèse et l’examen clinique orientés sur la recherche de :
troubles cutanés (signes d’irritation et d’allergie cutanées, eczéma de contact)
troubles respiratoires (signes d’irritation et d’allergie respiratoires, rhinite, gêne respiratoire, asthme)
troubles musculo-squelettiques
pathologies vasculaires au niveau des membres inférieurs
En cas de signe respiratoire, la pratique d’une courbe débit / volume est indiquée. La répétition des signes et la suspicion d’asthme
conduira à conseiller un bilan complet chez un spécialiste.
En cas de suspicion de dermatite allergique de contact, des tests cutanés aux allergènes pertinents (batterie de tests spécifiques
aux cosmétiques et aux coiffeurs) doivent être demandés. La plupart des allergènes trouvent leur source dans les parfums, les
conservateurs et les produits colorants.
La recherche de marqueurs tumoraux ou la biométrologie ciblée sur telle ou telle substance n’est pas indiquée en pratique
courante, le rapport coût/bénéfice n’étant pas favorable ; par contre l’insistance sur les mesures de prévention collective et
individuelle est primordiale.
La protection de la maternité : La plupart des produits utilisés passant la barrière cutanée, il sera conseillé le port de gants
efficaces lors d’usage des produits cosmétiques ou de ne pas réaliser de teinture et autres colorations pendant les trois premiers
mois de la grossesse. La présence de solvants dans les salons de coiffure mal ventilés entrainant des concentrations au delà des
valeurs limites doit pouvoir être vérifiée.
4. LA PREVENTION DES RISQUES
4.1.
L’aménagement du salon de coiffure
La prévention du risque chimique passe par :
-
L’élimination des produits cosmétiques les plus dangereux. Ceci est difficile sans fiche de sécurité. Par contre, la lecture
de la composition du produit sur l’emballage peut permettre de repérer les produits contenant des solvants (éthanol,
dichlorométhane, éthers, éther de glycol). La nomenclature utilisée est celle de l’INCI (International Nomenclature
Cosmetic Ingredients). L’usage de produits sans parfum (source évitable d’allergie) et avec des conservateurs à faible
pouvoir allergisant peut aussi être conseillé. Parmi les conservateurs, on se méfiera particulièrement du formaldéhyde et
du MCI\MI.
-
Le remplacement des poudres (produits de décoloration) par des gels, des bombes aérosols par des vaporisateurs ou des
gels permettra de limiter les risques respiratoires. Les persulfates alcalins présents dans les accélérateurs de décoloration
sont les plus grands pourvoyeurs de crises d’asthme. Les irritants respiratoires sont présents à quasi toutes les phases
des procédés.
-
Une ventilation suffisante du salon de coiffure au niveau du salon de coiffure lui-même : les recommandations
allemandes conseillent une quantité d’air neuf de 100m3/heure/personne, les françaises de 45m3/heure/personne.
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2.2.
La prévention du risque de TMS passe par :
Un espace suffisant entre les différents postes de travail
-
Un sol non glissant mais cependant facilement nettoyable
Les sièges pour clients : réglables en hauteur
L’équipement en siège pour le coiffeur : tabouret sur roulettes et à hauteur réglable
Des bacs à shampoings à hauteur réglable et ménageant un espace pour les pieds
La limite du poids des outils (sèches –cheveux ne dépassant pas 500gr)
Des ciseaux avec repose petit-doigt
Un éclairage suffisant été comme hiver (400-600 lux)
-
La prévention des risques biologiques passe par :
Le lavage des outils (lavage quotidien des brosses et peignes à l’eau et au shampoing).
La désinfection des outils avec un produit actif sur les bactéries, les virus et les champignons (acide per acétique,
peroxyde d’hydrogène, eau de Javel, ammoniums quaternaires comme l’Hexanios®.
L’usage de rasoirs à lames jetables.
4.2.
Les protections individuelles
Il s’agit essentiellement des gants remontant sur les avant-bras à porter lors de toutes opérations en contact avec les
cosmétiques. Des gants en nitrile jetables conviennent pour la plupart des opérations. Les gants en latex peuvent convenir à
condition qu’ils soient non poudrés, à finition chlorinée et hypoallergiques. Le port de bagues et de bracelets est à proscrire.
Le lavage des mains après opérations avec un savon à pH neutre et la protection des mains avec une crème hydratante complète
les mesures d’hygiène.
Le port de bas de contention peut être conseillé. Les talons haut sont à proscrire.
5. LA RECONNAISSANCE DES MALADIES PROFESSIONNELLES


Dans la liste européenne, les déclarations peuvent être faites sous les rubriques suivantes :
-
202 - Affections cutanées provoquées dans le milieu professionnel par des substances allergisantes ou irritatives
scientifiquement reconnues non considérées sous d’autres positions
-
304.06 - Asthmes de caractère allergique provoqués par l’inhalation de substances allergisantes reconnues chaque fois
comme telles et inhérentes au type de travail
-
304.07 - Rhinites de caractère allergique provoquées par l’inhalation de substances allergisantes reconnues chaque fois
comme telles et inhérentes au type de travail
Dans la liste Belge,
-
1.202 - Affections cutanées provoquées dans le milieu professionnel par des substances non considérées sous d’autres
Positions
-
1.305.06 - Asthme provoqué par une hypersensibilité spécifique due à des substances qui ne figurent pas dans d’autres
rubriques
Si une substance chimique est clairement identifiée comme source de maladie professionnelle, son code spécifique peut être
utilisé.
6. REFERENCES

BRUNETEAU, A., BECHMANN, L., PICOT, P. et al. Evaluation et Prévention des risques dans les salons de coiffure [en ligne].
Document pour le médecin du travail, 3e trimestre 2004, n° 99, Dossier médico-technique n° TC 99, p. 315-366. Disponible
sur le web : <http://www.dmt-prevention.fr »
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Une hotte aspirante dans la pièce où sont préparées les mélanges à base de poudres aux performances fonction de la
taille de la pièce et du volume de mélanges préparés.
-
ROSENBERG, N. Allergie respiratoire des coiffeurs [en ligne]. Document pour le médecin du travail, 4e trimestre 2002, n°
92,
Allergologie-pneumologie professionnelle n° TR 30, p. 417-425. Disponible sur le web : <http://www.dmt-prevention.fr »

CRÉPY, M.N., Dermatoses professionnelles aux cosmétiques [en ligne]. Document pour le médecin du travail, 3e trimestre
2006, n° 107, Fiche d’allergologie-dermatologie professionnelle n° TA 74, p. 367-379. Disponible sur le web :
<http://www.dmt-prevention.fr>

PILLIÈRE, Florence, CONSO, Françoise. Biotox.
Guide biotoxicologique pour les médecins du travail. Inventaire des
dosages biologiques disponibles pour la surveillance de sujets exposés à des produits chimiques [en ligne]. Paris : INRS,
septembre 2007. N° ED 791. 252 p. Disponible sur le web : <http://www.inrs.fr>
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
Dr Florence LAIGLE,
Conseiller en prévention – Médecin du travail
Cellule scientifique
Commission scientifique
Dernière mise à jour le 24 novembre 2008
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