Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences
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Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences
Mission Locale du Chinonais 2 place Tenkodogo 37500 Chinon Tel. 02 47 93 30 40 - Fax 02 47 93 39 18 - [email protected] Opération de Restructuration de l’Artisanat et du Commerce ORAC Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences Partie nº 1 : L’étude 2005 - 2007 Bourgueil Azay-le-Rideau Avoine Chinon L’Ile-Bouchard Sainte-Maure de Touraine Agir pour l’Emploi Richelieu Les actions de la Mission Locale du Chinonais sont soutenues par : Ce document est imprimé sur papier Cyclus® utilisant 100 % de fibres recyclées - Photos et co-rédaction : Hervé Rigault Imprimé par Graphic Rivière (Imprim’Vert) ZI Les Buttes 37420 AVOINE Le 29 septembre 2003, à l’occasion de ses 20 ans d’activité, la Mission Locale organise à Seuilly une journée de travail. Il s’agit alors de réactualiser les objectifs de la Mission Locale pour les années à venir. Pour se placer dans une perspective des opportunités d’insertion pour le public « jeune », la Mission Locale lance un débat avec son Assemblée Générale autour du « vieillissement de la population active dans le Chinonais », à partir d’une étude commandée à l’Observatoire Economique de Touraine, complétée par une enquête de main-d’oeuvre réalisée par la Chambre de Métiers. Il apparaît à cette occasion que le remplacement des salariés dans les entreprises présentait un enjeu fort de notre territoire et que la population des jeunes, futurs salariés, est évidemment sollicitée pour assurer la relève des employés en partance. La réalisation d’un projet collectif « gestion prévisionnelle des emplois et des compétences » dans le cadre de l’ORAC que nous décrivons ici offre une prolongation concrète, naturelle aux questions posées lors de cette journée. Pour continuer le travail réalisé avec nos partenaires et les entreprises locales mobilisées dans le cadre de l’ORAC et pour répondre à certaines de leurs questions, nous réalisons un nouveau projet « d’accompagnement dans l’emploi » avec la Maison de l’Emploi du Chinonais. Les 20 ans de la Mission Locale à l’Abbaye de Seuilly Il vise notamment à faciliter le maintien en emploi de jeunes salariés afin de mieux réaliser leurs potentialités et répondre plus précisément aux besoins de compétences des employeurs. C’est en réalisant mieux ces objectifs que l’on répondra à un des mots d’ordre des Missions Locales « Faire ensemble une place pour tous les jeunes » tout en participant à notre niveau au défi démographique des années à venir. Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences Éléments méthodologiques Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences Éléments méthodologiques Les trois principes retenus : 1. L’action concerne la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences des salariés. La question du remplacement éventuel du chef d’entreprise n’est pas spécifiquement traitée dans cette étude même si elle transparaît régulièrement. 2. Le mode d’intervention retenu est territorial, regroupant les entreprises sur des petites zones géographiques (communautés de communes ou cantons), alternant rencontres individuelles et réunions collectives. 3. Les entreprises ont été choisies pour représenter un large éventail d’activités artisanales et commerciales par secteur géographique. En concentrant l’analyse sur les entreprises de petites dimensions (75 % ≤ 10 salariés) les moins susceptibles de 6 réaliser en propre les analyses prévisionnelles de gestion des emplois. A contrario, les entreprises industrielles, agricoles et le secteur non commercial ne sont pas concernés par cette étude. À tous les niveaux de l’étude (pilotage, réalisation, restitution...), la Mission Locale a sollicité les partenaires concernés. Sur chaque zone géographique, la Communauté de Communes, la Chambre de Commerce et d’Industrie et la Chambre de Métiers et de l’Artisanat ont été associées ainsi que l’association relais de la Mission Locale. Certaines enquêtes ont même été réalisées en binôme, ce qui s’est avéré particulièrement riche. Après une première phase d’entretiens auprès de 24 entreprises partenaires, il s’agissait de lancer des actions sur les différents cantons : Sainte-Maure de Touraine, L’Ile Bouchard, Azay-le-Rideau, Bourgueil, Chinon et Richelieu. 145 entreprises ont été contactées, 121 questionnaires ont pu être exploités. Au démarrage du projet, l’hypothèse de départ proposait d’avoir une première rencontre avec le dirigeant afin de mieux cerner son entreprise et les éventuels besoins d’accompagnement. Plusieurs options étaient envisageables à l’issue de l’entretien : • Diagnostic dans l’entreprise et pistes d’amélioration, • Orientation vers les partenaires en fonction des problématiques rencontrées, • Participation à une réunion inter-entreprises, • Participation à un groupe de travail thématique. Mission Locale du Chinonais Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences Éléments méthodologiques S’agissant de TPE, il est apparu rapidement qu’un diagnostic plus approfondi impliquant les salariés et le dirigeant n’était pas adapté. Une des raisons invoquées concernait le manque de disponibilité du dirigeant. Il semblait également difficile d’investiguer des structures de petite taille peu habituées à communiquer sur leurs modalités de fonctionnement. La rencontre avec les salariés était également un frein pour les chefs d’entreprise. 2500 entreprises sollicitées Mission Locale du Chinonais Le comité de pilotage a réorienté la démarche sur l’entretien approfondi avec le dirigeant, la grille d’entretien a été enrichie afin d’explorer plusieurs axes : • Présentation générale de l’entreprise, • Effectifs et âges, • Aspects Ressources Humaines, • Projets de l’entreprise / Vision à 5 ans. 202 entreprises rencontrées 145 entreprises enquêtées 7 Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences ORAC Résultats des enquêtes Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences Résultats des enquêtes Typologie des entreprises • 37,19 % dans le commerce et les services • 23,14 % dans le BTP • 14,05 % dans la vente et la production alimentaire • 9,09 % dans l’hôtellerie/restauration • 7,44 % dans l’industrie • 4,96 % dans l’entretien et la réparation de matériel • 3,31 % dans le transport • 0,83 % dans l’horticulture Entretien Rep. mat. Transport Horticulture Industrie Hôtellerie Restauration Commerce Services Vente Prod. alim. B.T.P. Les entreprises ciblées étaient commerciales et artisanales. Priorité a été donnée aux bénéficiaires de l’ORAC, tous secteurs confondus hors secteur agricole. Certains secteurs ont été plus ou moins sollicités en fonction du territoire et de la période où avait lieu l’enquête sur le territoire concerné. Par exemple, en saison touristique, il était difficile d’avoir des rencontres dans l’hôtellerie et la restauration. Mission Locale du Chinonais 11 Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences Résultats des enquêtes Effectifs des entreprises et structures d’âges 12 7% 8 entreprises + de 50 salariés 1% 1 entreprise Les entreprises devaient avoir au minimum de 1 à 2 salariés pour que la question de la gestion des ressources humaines soit étudiée. La majorité des entreprises ont moins de 10 salariés. L’entreprise de plus de 50 salariés a été enquêtée à la demande de la Communauté de Communes. En démographie, le vieillissement se produit lorsque le ratio Basculement* augmente et dépasse 50 %, et, lorsque le ratio Renouvellement** baisse et devient inférieur à 100 %. Le taux de basculement est de 42 % et le taux de renouvellement de 188 %. Concernant la répartition globale des âges : les jeunes (moins de 30 ans) représentent 30,15 % des effectifs, les âges médians (31 à 50 ans) 53,87 %, Ces constats sont à moduler dans la mesure où les situations des entreprises sont très variables. En effet, selon le secteur d’activité et le territoire, le vieillissement de la Pyramide des âges 4 1 66 / 70 ans 21 à 50 salariés 53 61 / 65 ans 22 entreprises 51 / 55 ans 18 % 126 56 / 60 ans 11 à 20 salariés 159 46 / 50 ans 41 entreprises 41 / 45 ans 34 % 143 36 / 40 ans 6 à 10 salariés 130 138 31 / 35 ans 49 entreprises 100 117 26 / 30 ans 40 % 180 21 / 25 ans 1 à 5 salariés les salariés vieillissants (51 ans et +) 15,99 %. Si l’on considère qu’à partir de 45 ans se pose la question de la seconde partie de carrière, le poids des plus de 45 ans est de 29,8 % sur l’ensemble des salariés. Les plus de 55 ans ne sont que 5 % alors que les hypothèses de départ laissaient présager un vieillissement plus massif. 15 / 20 ans Les 121 entreprises totalisent 1151 salariés. population active est plus ou moins problématique. La répartition des âges varie d’une entreprise à une autre. Certaines ont un équilibre entre jeunes, médians et seniors, d’autres vont devoir anticiper des départs en retraite ainsi que les problèmes liés au vieillissement : pénibilité, transmission des compétences. Lorsque les structures sont composées essentiellement d’âges médians, il n’y aura pas de recrutement qui permettrait de rajeunir les effectifs. Mission Locale du Chinonais Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences Résultats des enquêtes Effectifs des entreprises et structures d’âges De plus, les salariés présents sont susceptibles de partir au même moment à la retraite. Situation des dirigeants par rapport à l’âge Concernant les dirigeants, 31 responsables ont plus de 55 ans et la question de la transmission de l’entreprise est d’actualité ou à envisager dans les 5 prochaines années. Le projet de cession/reprise d’entreprise sera traité dans la partie : projets d’entreprise. Les entretiens ont révélé que beaucoup de chefs d’entreprises ne s’étaient pas interrogés sur l’âge de leurs salariés et les futurs départs en retraite. 73 départs en retraite de salariés sont à envisager pour 41 entreprises (soit un tiers des entreprises Mission Locale du Chinonais du panel), seules 14 entreprises anticipent et préparent les futurs remplacements de leurs salariés de différentes manières : tutorat, réorganisation du travail grâce à la polyvalence, recrutement d’apprentis. pement de l’activité. Certains dirigeants envisagent la transmission de leur entreprise et ne souhaitent pas se projeter dans un recrutement ou une mise à plat de leur organisation. Plusieurs facteurs expliquent l’absence d’anticipation des 27 autres structures. Beaucoup de dirigeants ignorent quand leurs employés vont partir (méconnaissance de la réforme des retraites, absence d’informations sur les parcours professionnels des salariés...). De plus, la gestion du quotidien dans les petites entreprises ne permet pas de mettre en place une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Les outils de gestion de Ressources Humaines sont souvent absents et le chef d’entreprise est centré sur le maintien et le dévelop- Restitution collective à Azay-le-Rideau (*) Ratio Basculement : nombre de salariés âgés de plus de 40 ans sur l'effectif total. (**) Ratio Renouvellement : nombre de salariés âgés de moins de 30 ans sur celui des plus de 49 ans. 13 Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences Résultats des enquêtes Informations sur la gestion des ressources humaines Recrutement Le recrutement est un véritable projet dans la mesure où pour une TPE, la décision de recruter est souvent difficile à prendre pour un certain nombre de motifs : engagement financier, temps et procédures de recrutement, souhait de conserver l’ambiance familiale, crainte de consacrer beaucoup de temps aux aspects administratifs et à la gestion du personnel, avenir incertain des marchés. L’année précédant les entretiens, 166 emplois ont été créés par 66 entreprises (près de la moitié du panel). 46 entreprises projetaient l’embauche de 88 salariés. Une partie des dirigeants interviewés souhaite conserver ses effectifs actuels pour les raisons évoquées ci-dessus. Pour trouver des candidats, plusieurs modalités sont envisagées par les recruteurs : l’apprentissage notam- 14 ment dans les métiers de l’artisanat, le recours aux structures d’aide à l’emploi, l’appui de l’organisation professionnelle, le bouche à oreille, le réseau personnel. L’effet d’opportunité est également important pour les entreprises, même celles qui n’ont pas prévu de recruter le font lorsqu’elles ont un candidat correspondant à leurs attentes. La durée des rencontres ne permettait pas d’approfondir tous les aspects liés aux ressources humaines. Les investigations portaient essentiellement sur le recrutement et la formation (besoins et pratiques). Concernant les critères de sélection, l’approche est pragmatique. À part pour des emplois spécifiques où le diplôme est indispensable, l’expérience est privilégiée. La motivation et l’autonomie sont attendues en priorité par ces petites structures où il est nécessaire d’avoir un salarié en mesure de se débrouiller seul rapidement. Les compétences transversales sont aussi recherchées : la capacité à travailler en équipe, la faculté de résoudre des problèmes, les aspects communication. Quelques entreprises ont été au-delà du simple recrutement en mettant en place la transmission des savoirs entre le nouvel embauché et les salariés, des primes et des avantages divers ont été également instaurés afin d’attirer et fidéliser le personnel. Près de la moitié des entreprises (59) estime rencontrer des difficultés de recrutement liées pour une part à l’image du métier (horaires, pénibilité, rémunération), les temps très partiels proposés, l’absence de qualifications sur le territoire (notamment sur des métiers spécifiques : Mission Locale du Chinonais Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences Résultats des enquêtes Informations sur la gestion des ressources humaines mécaniciens, chauffeurs de grue, anglais pour la restauration), la concurrence des PME/PMI. L’attractivité du territoire est également un frein notamment le manque de logements et de transports. Quelques entreprises agissent pour inverser la tendance. Elles participent à des salons, des forums pour faire connaître leurs métiers et leur entreprise. Elles se rapprochent également de structures relais, d’associations intermédiaires et des écoles (CFA). Formation Les formations privilégiées sont celles qui concernent le maintien des compétences des salariés : entretien des acquis, voire développement/approfondissement. Les formations à caractère obligatoire vont concerner la sécurité, l’hygiène, la traçabilité selon le secteur d’acti- Mission Locale du Chinonais vité. Les nouvelles techniques et les nouveaux produits font aussi l’objet de formation. Il y a des formations internes animées soit par un organisme extérieur, soit par des fournisseurs. Une autre option consiste à envoyer un salarié en formation externe afin qu’il la démultiplie à ses collègues, des dirigeants deviennent également des formateurs internes dans leur entreprise. Les formations externes sont moins fréquentes dans la mesure où les TPE sont vite déséquilibrés en terme d’organisation du travail lors de l’absence d’un salarié. Lorsque les entreprises disent ne pas faire de formation, on constate que la plupart trouvent des systèmes de coopération en interne, les pratiques sont informelles et renvoient à de l’apprentissage sur le tas qui a le mérite d’exister et de faciliter l’acquisition de savoir-faire. Plusieurs raisons sont évoquées par les rares entreprises qui n’ont pas du tout recours à la formation : le manque de temps, l’offre de formation non adaptée, la réticence des salariés à « retourner à l’école », la méconnaissance des dispositifs et des aides. La réforme de la formation professionnelle est peu connue et nécessiterait une information ciblée pour les TPE. En règle générale, la formation n’est pas perçue comme un levier pour l’entreprise. Le maintien et l’évolution des compétences des salariés pourraient pourtant être des atouts pour obtenir de nouveaux marchés et se différencier des concurrents. C’est aussi une forme de reconnaissance pour le personnel (sens du travail, développement d’autres activités, employabilité). 15 Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences Résultats des enquêtes Informations sur la gestion des ressources humaines Contrats en alternance 43 % des entreprises ont recours à des contrats en alternance, majoritairement des contrats d’apprentissage. Par rapport à l’apprentissage, les points de vue sont variables selon les expériences vécues par les dirigeants. Les chefs d’entreprise privilégient l’apprentissage, car il leur permet de former à la culture et aux savoir-faire de leur entreprise. Les déceptions sont dues : • À une mauvaise orientation du candidat, qui s’inscrit à un apprentissage par défaut, • • 16 Au décalage entre école et entreprise (échec scolaire malgré la réussite dans l’entreprise ou bien ce qui est appris à l’école ne correspond pas au terrain…), Au comportement du candidat (absences, peu de motivation). De plus, l’apprentissage demande du temps et a un coût, les apprentis ne restent pas nécessairement dans l’entreprise, ce qui ne permet pas un retour sur investissement du point de vue du dirigeant. Une expérience malheureuse conduit souvent le dirigeant à ne plus prendre d’apprentis. Toutefois, il ressort que l’apprentissage est un mode de recrutement privilégié au sein des entreprises artisanales et qu’il demeure une valeur sûre malgré quelques échecs. Lors des rencontres, une majorité d’entreprises se déclaraient prêtes à accueillir des stagiaires notamment dans le cadre de la découverte des métiers. Les TPE rencontrées ont le souhait de se faire mieux connaître et de permettre aux jeunes de mieux appréhender les métiers et le monde entrepreneurial. Projets des entreprises Au-delà des informations générales sur l’entreprise, le dirigeant était sollicité sur les divers projets de l’entreprise. Il s’agissait de mieux comprendre la « stratégie » mise en œuvre par le dirigeant et de situer l’activité de l’entreprise : baisse, stabilité ou développement. 8 entreprises situées sur les cantons de Sainte-Maure de Touraine et de l’Ile Bouchard estiment être en recul, car elles appartiennent à une zone rurale désertifiée. L’arrivée de nouveaux concurrents est aussi des facteurs explicatifs à la baisse d’activité. 51 structures du panel souhaitent stabiliser leur activité. D’une part, elles viennent de mettre en oeuvre divers projets : le rachat d’une entreprise, le développement d’une nouvelle activité, l’emménagement dans Mission Locale du Chinonais Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences Résultats des enquêtes Informations sur la gestion des ressources humaines de nouveaux locaux, l’orientation sur un type de clientèle. D’autre part, il y a la volonté de rester à une taille familiale : 10 salariés semblent être une limite, car au-delà le dirigeant perçoit qu’il sera plus centré sur les tâches administratives et la gestion du personnel. 62 TPE planifient divers projets : • Investissement matériel (locaux, machines, etc.), • Nouveaux clients, • Nouvelles activités, • Plan de formation du personnel. Ces entreprises comptent continuer leur développement et augmenter leur chiffre d’affaires. Mission Locale du Chinonais Restitution collective à Bourgueil Lors de l’étude, il est apparu que 31 dirigeants ont plus de 55 ans et devront envisager à plus ou moins long terme la transmission de leur entreprise. 23 projets de transmission d’entreprises sont envisagés, mais seules 8 structures ont engagé des actions en vue de la cession. Les freins à la transmission sont les suivants : le manque d’accompagnement des banques, l’absence de repreneur, l’at- tachement à une structure familiale. On remarque que peu d’entreprises envisagent la reprise par leurs salariés. Celles qui ont commencé à agir ont pris des contacts avec la Chambre de Métiers ou la CCI. Certaines ont mis en vente, remis aux normes le matériel et aménagé leurs locaux. 17 Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences ORAC Conclusions sur l’enquête menée auprès des TPE Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences Conclusions sur l’enquête menée auprès des TPE Lien enquête / réalité du territoire Le panel retenu correspond à la réalité du territoire pour les secteurs du commerce et de l’industrie. Les services sont sous-représentés alors que les entreprises du BTP sont sur-représentées par rapport à leur poids sur le Chinonais. Ces écarts s’expliquent en partie par la cible : les petites entreprises de l’artisanat. Les données de l’Observatoire Économique de Touraine montrent que la situation de l’emploi est variable d’un secteur à l’autre : • • Recul de l’industrie, du commerce et des services, Légère augmentation du BTP. Les entreprises de l’enquête renvoient une image plus positive : des recrutements, projets de développement. Toutefois, la part des entreprises 20 bénéficiaires de l’ORAC impacte les résultats, car elles sont les plus dynamiques, elles sont en phase de développement, de création ou de reprise, elles aménagent leurs locaux. crutement d’apprentis est privilégié pour pallier les départs. Le nombre de recrutements réalisés ou en cours ainsi que les projets révèlent un dynamisme économique. Atouts / Points faibles Cependant, force est de constater que les dirigeants anticipent peu sur la gestion du personnel. C’est lors des entretiens que certains dirigeants prenaient conscience des futurs départs en retraite. Des difficultés d’organisation subsistent dans les petites structures, elles sont liées notamment aux remplacements de personnel et aux fluctuations de l’activité. Un des risques pour les TPE est de voir les grosses entreprises capter la main-d’œuvre, car elles sont plus attractives. Les chefs d’entreprise estiment que leurs difficultés de recrutement viennent de leur environnement externe (attractivité ou non du territoire, image du métier, absence de formation et de postulants). L’hypothèse de départ était que le vieillissement de la population active aurait des impacts importants pour les entreprises. Par rapport à l’échantillon, la question du vieillissement concerne 6% des effectifs (salariés proches de la retraite) et 25 % des dirigeants en phase de départ. Ce qui pose également la question de l’absence de personnel âgé : départs en retraite déjà effectués ? problèmes d’inaptitudes générant des retraits anticipés des salariés ? Le renouvellement des générations semble assuré dans la mesure où les jeunes sont présents et que le re- Mission Locale du Chinonais Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences Conclusions sur l’enquête menée auprès des TPE Mais des progrès en interne sont nécessaires pour mieux accueillir et intégrer les nouveaux embauchés. La formation pourrait être un levier, permettre des évolutions professionnelles alors qu’elle se limite souvent aux formations obligatoires. L’identification des acteurs et la connaissance des aides spécifiques étaient également une attente des entreprises qui n’ont pas toujours une lisibilité sur leur territoire. L’accueil des 121 entreprises a été favorable. Cinq présentations des résultats ont réuni 82 entreprises, une partie des entreprises participant à l’étude et d’autres entreprises du territoire. Au-delà des résultats territoriaux, des informations ont été communiqués sur : • • • • Les aides aux recrutements, Les obligations légales, La réforme de la formation, Les régimes de retraite. Mission Locale du Chinonais Restitution collective à Chinon 21 Mission Locale du Chinonais 2 place Tenkodogo 37500 Chinon Tel. 02 47 93 30 40 - Fax 02 47 93 39 18 - [email protected] Opération de Restructuration de l’Artisanat et du Commerce ORAC Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences Partie nº 2 : Les entreprises locales 2005 - 2007 Toutes les entreprises repérées par la Mission Locale et ses partenaires ont trouvé par elle-même une multitude de petites ou de grandes solutions qui leur permettent de résoudre les difficultés de recrutement, de maintien de l’entreprise, de fidélisation des compétences... Bref, qui ont résolu à leur manière les problèmes soulevés par l’étude. Il y a peu de points communs dans ces exemples. On a cependant retrouvé à chaque fois une volonté d’implantation dans un territoire où on est né et que l’on s’est choisi. Il ne s’agit pas pour autant de s’enfermer sur un bout de terre, lieu de travail, mais qui n’est pas toujours le lieu de résidence du responsable, qui ne constitue pas forcément le débouché principal de l’entreprise, mais qui permet de s’appuyer sur des ressources locales (et notamment humaines, associatives...) en apportant soi-même sa contribution à ces ressources. On a également entendu l’expression du même sentiment selon lequel, pour faire durer ses projets, il faut jouer la qualité avant tout et savoir prendre le temps de bien faire les choses. Des racines plus profondes mettent plus de temps à s’installer, mais garantissent un avenir plus serein et une intégration plus sûre dans le paysage. ENTRETIENS PC2E (anciennement MOTEAU) Cession / Reprise d’entreprise : Accompagner un repreneur PC2E 34 rue des Palmiers 37500 CINAIS Tél 02 47 95 91 39 Fax 02 47 95 87 45 A Cela faisait une trentaine d’années qu’Émile Moteau avait créé son entreprise d’installation de Chauffage et Sanitaire à Cinais, avec l’appui de Madame Moteau pour assurer la gestion administrative et comptable. Plutôt que de croître en dimension, tous deux ont investi dans l’innovation technologique avec la participation régulière à des stages de formation (les énergies douces ne sont pas des énergies nouvelles pour eux), la mise à jour constante des investissements (le dernier utilitaire a été acquis quelques semaines seulement avant la transmission). Bref, Émile Moteau a continué à gérer son entreprise jusqu’au dernier jour de son activité comme s’il lui restait encore une vingtaine d’années à la diriger. Ainsi, il propose aux repreneurs une entreprise en pleine forme, une réputation intacte et un carnet de commandes bien garni. Effectivement, dans le Chinonais, « Moteau » était devenue et est restée synonyme de qualité. Mais trente ans d’activité ça vous rapproche bientôt de l’âge de la retraite et depuis quelques temps la préoccupation de trouver un jeune pour reprendre l’entreprise et maintenir l’emploi des quatre salariés s’est faite jour au sein du couple. Deux premiers repreneurs se sont bien manifestés, mais l’accord ne s’est pas réalisé, les différences de philosophie dans la conduite de l’entreprise étaient trop importantes. Il fallait quelqu’un « capable de comprendre l’entreprise, de prendre conscience de sa responsabilité à son égard et de s’entourer des compétences utiles ». La montée en renommée de l’entreprise s’était accompagnée, en parallèle, d’une prise en charge croissante de responsabilités dans la profession en particulier à la Chambre de Métiers d’Indre et Loire. Cette implication allait justement fournir la solution pour assurer la transmission de l’entreprise. En intervenant dans un stage de « repreneurs », Émile MoMission Locale du Chinonais teau fait connaissance et sympathise rapidement avec un jeune technicien du métier : Joachim Dupuis. Il est rapidement convaincu par l’homme et propose de l’accompagner dans sa démarche. Celui-ci, d’abord embauché dans l’entreprise, sollicite son cousin Jérémie Martin, qui après des études et une expérience commerciales, a déjà acquis, dans le département du Nord une compétence de gestionnaire, mais aussi de formateur. Les deux jeunes hommes ont un regard très positif sur l’entreprise et le contact avec les époux Moteau se révèle chaleureux, leur décision ne tarde pas et les démarches de reprise débutent en mars 2007. La notoriété de l’entreprise constitue un véritable sésame auprès des banques qui manifestent assez vite leur confiance, les obstacles sont rapidement franchis. Fin septembre c’est l’acte de naissance de « PC2E » anciennement « Moteau » qui reprend Mission Locale du Chinonais le personnel, le matériel ainsi qu’un carnet de commandes rempli pour un an. Un an pendant lequel les deux cousins vont travailler à installer l’entreprise dans ses nouveaux locaux à Avoine avec un hall de présentation de matériel et des espaces réservés à la formation. Une année pendant laquelle la transition pourra s’opérer en douceur. À partir de ce moment, les rôles sont échangés : ce sont les associés MM. Martin et Dupuis qui reprennent les rênes et Émile Moteau qui les assiste, demeurant pendant cette période tuteur au sein de la nouvelle entreprise comme la loi de mars 2007 en offre la possibilité. Le maintien de la dynamique à l’œuvre depuis plus de trente ans est donc en bonne voie. Sans tapage, en continuant avec constance de tracer le sillon qu’il a ouvert il y a 30 ans, Émile Moteau s’est assuré des meilleures conditions pour un développement durable de l’entreprise qu’il a créée. B ENTRETIENS Vincent Delmas SARL C’est en 1998 que Vincent Delmas, menuisier de formation, crée son entreprise de fabrication de portes, fenêtres et volets d’abord pour une clientèle de particuliers puis d’artisans. L’entreprise se développe et devient SARL en 1999. Elle compte alors neufs salariés. Construire des parcours d’intégration de salariés Vincent DELMAS 3 rue Léguerie 37120 CHAMPIGNY SUR VEUDE Tél 02 47 95 30 89 C Si l’année 2002 est marquée par les difficultés, elle est aussi porteuse de remises en cause qui vont s’avérer salutaires : on s’organise pour s’appuyer sur une gestion plus rigoureuse, pour tenir les délais et pour assurer la qualité de la production tant au plan esthétique qu’en fonction de l’évolution des normes d’isolation phonique et thermique. Pendant cette période, les clients, des artisans d’Indre-et-Loire et des départements voisins, mais aussi de région parisienne, ont maintenu leur confiance à l’entreprise qui sait entendre leur demande et faire preuve de souplesse pour adapter ses produits en conséquence. Elle repart donc sur des bases plus solides, dans de nouveaux locaux très fonctionnels, investit dans du matériel de pointe (centres d’usinage à commande numérique) et recrute du personnel puisqu’aujourd’hui ce sont 16 salariés qui la font vivre. Cette montée des effectifs a, certes, rencontré des difficultés notamment pour le recrutement des ouvriers qualifiés sur un territoire apparemment enclavé, mais les relations construites dans le métier par Vincent Delmas, notamment dans le milieu des Compagnons, ont permis finalement d’y faire face. Pour ce qui est du recrutement des ouvriers d’exécution, la solution est venue des relations de confiance établies progressivement avec l’association intermédiaire « Agir pour l’emploi » installée tout à côté dans la Zone Industrielle de Champigny. « Agir pour l’emploi » missionne directement les salariés ou au travers Mission Locale du Chinonais de contrats de l’entreprise de travail temporaire d’insertion « Iser 37 » selon la situation du demandeur d’emploi. Cette entreprise d’intérim spécialisée propose un accompagnement vers l’emploi de publics en difficulté au travers de missions temporaires. La mise à l’emploi est consolidée par un accompagnement social réalisé par les salariés d’Agir pour l’Emploi. Les relations entre l’employeur et l’association sont fondées sur le respect mutuel et sur celui des personnes, elles fonctionnent dans les deux sens. Delmas fait part de ses projets de recrutement à l’association ; celleci, qui connaît bien l’entreprise, son organisation, ses besoins, lui adresse des candidats ou des candidates quand elle pressent que leur profil leur permettra de bien s’intégrer au fonctionnement de l’atelier. A un premier entretien peut succéder une période de stage ou d’intérim, pendant laquelle Vincent Delmas veille Mission Locale du Chinonais personnellement et tout particulièrement à la bonne intégration sur le poste de travail ainsi qu’au sein du groupe. Puis, si celle-ci s’avère concluante et si, bien sûr, le besoin en personnel est réel, l’embauche en CDI peut venir au bout. Cette coopération a fait la démonstration de son efficacité puisqu’une quinzaine de salariés ont été missionnés pour des durées variables dans l’entreprise et qu’environ un quart des salariés ont été recrutés de cette façon à la satisfaction de toutes les parties impliquées. Gageons qu’elle trouvera à se poursuivre dans un avenir proche puisque, pour certains des salariés, l’heure de la retraite se profile maintenant à un horizon assez rapproché. D ENTRETIENS A.T.T.M. Cession / Reprise d’entreprise : Passer le relais à l’interne ATTM rue du Sauget ZA du Sauget 37420 BEAUMONT EN VERON Tel 02 47 58 89 71 E L’entreprise de métallerie a été créée en 1987 par M. Lebreuilly qui après une longue expérience acquise sur le chantier de construction de la Centrale nucléaire d’Avoine souhaitait voler de ses propres ailes. Assez rapidement, elle a obtenu des commandes sur la région qui s’étend entre Saumur et Langeais. Cette progression lui a permis de se structurer avec un secrétariat et une équipe de production. Aujourd’hui, neuf personnes y travaillent. Vers 2004-2005, le fondateur d’ATTM estime que sa carrière est déjà bien remplie et qu’il est légitimement temps de songer à trouver un successeur pour pouvoir passer la main. Fabrice Gimenez, qui a intégré la société en 2002 sur des fonctions de « relations clients » et de technicien de bureau d’études, semble la personne toute désignée puisqu’il souhaitait, de tout temps, créer sa propre entreprise. C’est donc une passation de pouvoir naturelle qui se réalise en prenant cependant le temps de s’entourer de toutes les garanties pour la réaliser dans de bonnes conditions. M. Lebreuilly propose d’engager la démarche de reprise en s’appuyant sur les services d’un avocat d’affaires pour s’assurer d’une négociation sereine et équilibrée. Le processus s’engage en juin 2006, le cabinet « travaille en toute clarté et avec beaucoup de rigueur » selon Fabrice Gimenez. Les compétences techniques de M. Gimenez, sa relation clientèle privilégiée et sa bonne connaissance de tous les postes de production lui permettent d’assurer la prise en charge globale de l’entreprise dans de bonnes conditions. Cependant, conscient de devoir progresser dans d’autres domaines, il s’engage, en parallèle et avec profit, dit-il, dans une formation auprès de l’UIMM en particulier dans le domaine du droit du travail qu’il ne connaissait pas très bien. Mission Locale du Chinonais Le dossier financier est finalement accepté par sa banque personnelle. Enfin, Monsieur Lebreuilly restera encore quelque temps encore dans l’établissement, ce qui permettra d’assurer la transmission de ses compétences d’ancien dirigeant, de faciliter, en outre, l’installation de M. Gimenez dans sa nouvelle fonction, mais aussi d’alléger quelque peu la charge financière de la reprise. Dans un premier temps, il pense stabiliser le volume d’activités avant d’aborder ensuite le problème que posera inéluctablement le départ en retraite de quelques-uns de ses salariés les plus expérimentés d’ici deux à trois ans. Mais, sur ce sujet, on peut être rassuré, la réflexion de Fabrice Gimenez est déjà engagée. C’est ainsi qu’en mars 2007, M. Gimenez devient donc officiellement le patron d’ATTM. Sa prise en main progressive de l’entreprise se trouve donc facilitée par le maintien pendant 18 mois de M. Lebreuilly au sein de l’entreprise en tant que salarié. Pour le repreneur les perspectives apparaissent favorables. II sait que l’entreprise dispose à l’interne des compétences dont elle a besoin pour bien répondre à la demande de ses clients. Mission Locale du Chinonais F ENTRETIENS S.A.T. Dimaco Cela fait maintenant un peu plus de cinq ans que Philippe Hussenet a quitté la région parisienne et son emploi de dirigeant d’une filiale d’une grande entreprise américaine pour reprendre une PME de Chinon spécialisée dans la fabrication de nettoyeurs industriels sous pression. S’investir sur le long terme dans le Chinonais. SAT DIMACO Z.I. Rue Gustave Eiffel 37500 CHINON Tél 02 47 98 25 25 Fax 02 47 98 25 26 [email protected] www.dimaco.com G Une vraie rupture sous plusieurs angles : passer de la vie de dirigeant de filiale à celle de chef d’entreprise bien sûr, mais aussi passer de Paris à la province, car comme il dit « la Province c’est différent de Paris, la Touraine c’est différent de la province et Chinon c’est encore différent ». Le territoire a sa spécificité, ses avantages et ses inconvénients : qualité de la vie d’un côté, mais une certaine lenteur dans les changements de l’autre. Il faut savoir les prendre en considération et les apprécier. Son attrait pour DIMACO, c’était une entreprise qu’il jugeait saine et forte d’un savoir-faire patiemment construit au fil des années. Philippe Hussenet lui apporte les compétences qu’il a acquises au long de son expérience dans les grandes entreprises : gestion méthodique, recherche de la formalisation des pratiques… Pour autant, il ne s’agit pas de se précipiter, les tournants sont pris « en douceur » : il a aussi appris du territoire : « j’ai mis du vin dans mon eau » dit-il avec humour, symétriquement « ils (les salariés) ont mis de l’eau dans leur vin ». Depuis ce rachat, la croissance de l’entreprise est constante : on est passé de 17 salariés à près de trente aujourd’hui. Cette progression repose sur deux piliers fondamentaux : stratégie commerciale et gestion avisée et positive du personnel. Mission Locale du Chinonais La stratégie à la fois industrielle et commerciale repose sur une exploration méthodique des possibilités d’amélioration de la qualité des produits qui sortent de l’usine d’une part, sur la recherche des niches de marché spécifiques et avantageuses par rapport à la concurrence d’autre part. La croissance des effectifs s’accompagne dorénavant d’une approche de la gestion de la main d’œuvre qui s’appuie sur la volonté de laisser de la marge d’adaptation, de l’autonomie aux salariés dans la conduite de leur travail. Ce discours passe réellement dans les faits : les intérimaires ont été intégrés en CDI, les salaires sont au dessus du SMIC, les monteurs sont responsabilisés sur l’ensemble du processus de montage. Il vaut mieux dépenser un peu de temps à bien faire comprendre une consigne, à organiser l’accompagnement d’un nouvel arrivant par un compagnon chevronné que devoir Mission Locale du Chinonais perdre la confiance des clients ou la motivation des collaborateurs. Pour le recrutement des nouveaux salariés, DIMACO utilise toute la gamme des possibilités qui s’offrent sur le territoire : APEC, Mission Locale, candidatures spontanées… Un regard vigilant est porté sur l’équilibre de la pyramide des âges au sein de l’entreprise. Les jeunes et les seniors peuvent y trouver leur place et leur intégration au sein des équipes fait l’objet d’un soin attentif qui prend en compte les qualités propres à leurs générations respectives. Avec le recul que lui permet cette nouvelle expérience de cinq années, Philippe Hussenet apparaît aujourd’hui satisfait du chemin ainsi parcouru. Chez ce néo-Chinonais, c’est certain, on ne perçoit nulle trace de nostalgie des trépidations de la vie parisienne ni de l’ambiance surchauffée des grandes sociétés internationales. H ENTRETIENS Elitel Réseaux C’est en 2005 que Monsieur Doceul reprend la société de travaux publics Bouillon, spécialisée dans l’installation de réseaux électriques, déjà installée à la Tour Saint Gelin entre l’Ile Bouchard, Sainte-Maure et Richelieu. Recruter dans un secteur déficitaire et dans un territoire enclavé Elitel Réseaux 4 route de Richelieu 37120 LA TOUR SAINT GELIN Tél 02 47 58 30 38 Fax 02 47 58 71 60 [email protected] I Cette implantation convient bien à ce chef d’entreprise qui est installé à l’origine dans la région de Laval (Mayenne) avec 45 salariés : « en zone rurale on est davantage pris en compte, mais il faut s’impliquer en contrepartie ». La société Elitel Réseaux a été particulièrement bien reçue par la municipalité qui a vu d’un bon oeil la reprise d’une petite entreprise locale dans un secteur géographique où le développement économique n’est pas évident. La localisation convient bien à Monsieur Doceul qui y voit une plateforme bien située pour répondre à des sollicitations de la Touraine ou même de la Vienne. Mais c’est aussi le sentiment que dans le milieu ru- ral tout se fait en s’impliquant réellement. On ne vient pas pour une opération, mais pour s’implanter et s’intégrer localement. Cela crée donc des obligations et notamment d’offrir de l’emploi au public local même si les compétences requises sont encore à consolider. Et c’est comme cela que les choses se passent à la Tour Saint Gelin. La municipalité apporte une aide par la construction d’un atelier relais, Monsieur Doceul est présent sur le territoire et les effectifs progressent de 5 à 12 salariés en 4 ans : conducteurs d’engins, électriciens, terrassier… et une secrétaire administrative. Pour le dirigeant, qui ne nourrit pas de préjugés sur l’origine professionnelle de ses salariés, cette opération apparaît relativement banale. « L’activité de montage de réseaux est déterminée par les marchés publics, cela offre des possibilités de recruMission Locale du Chinonais tement différentes des autres entreprises de Travaux Publics » dont on connaît les difficultés en la matière. Monsieur Doceul prête une attention particulière à la composition des équipes pour qu’elle s’équilibre entre personnel en évolution et compagnons chevronnés. De toute façon, pour lui, intégrer un salarié que l’on forme est beaucoup moins aléatoire que de faire défiler des intérimaires plus qualifiés. Les 2 premiers embauchés l’ont été avec l’appui d’«Agir pour l’emploi», une association locale. Tous deux étaient un peu en échec quant à leur insertion professionnelle, mais «leur base scolaire était correcte». Elitel Réseaux leur a donné une formation en interne et ils ont ensuite passé leur permis poids lourds. Aujourd’hui l’un d’entre eux évolue vers des fonctions de chef d’équipe au sein de l’entreprise. Mission Locale du Chinonais L’organisation du travail par petites équipes de 2 ou 3 apparaît, en effet, favorable à l’ascension professionnelle et donc salariale. Pour maintenir ces équilibres, les recrutements suivants ont été effectués par d’autres voies (ANPE, Mission Locale, bouche à oreille…) avec le souci de disposer de salariés plus immédiatement opérationnels. L’intégration de débutants (de tous âges) est donc possible pour peu que l’équipe regroupe en son sein toutes les compétences requises. Tout est une question d’équilibre. Si le nouveau salarié démontre des compétences, il pourra alors rapidement constituer le noyau d’une nouvelle équipe accompagnant la progression de la société. J ENTRETIENS D’un jardin à l’autre Partager les bons… ...et les moins bons moments de l’entreprise D’un jardin à l’autre 1, Place de l’Eglise 37140 BOURGUEIL Tél 02 47 97 97 84 Fax 02 47 97 73 83 K M. Bruno Richer avait déjà acquis une bonne expérience dans le commerce pour avoir longtemps tenu, en famille, un fonds d’épicerie-alimentation. Mais en 2003 il avait décidé, tout en se maintenant dans le commerce, de s’orienter vers un autre domaine d’activités : la préparation et la vente florale. Il se forme à cette nouvelle profession et s’installe d’abord dans un premier local, puis, poussé par la réussite de ce projet, dans un deuxième espace, plus important et encore mieux situé dans le centre commerçant de Bourgueil. Le commerce prenant rapidement plus d’importance, il faut recruter du personnel. Et, surprise, cela semble se passer tranquillement sans gros problème. Il faut dire que Monsieur Richer accueille volontiers les stagiaires que lui envoient périodiquement l’ANPE, le Centre de Formation d’Apprentis… Aujourd’hui il emploie deux ouvrières en Contrat à Durée Indéterminée (CDI) ainsi que Julien qui prépare son Brevet Professionnel en tant qu’apprenti avant d’aller créer sa propre affaire fin 2008. Tous sont originaires du Bourgueillois et appartiennent à des générations différentes ce qui procure un certain équilibre au petit groupe. Visiblement, M. Richer est très satisfait de la manière dont celui-ci s’est constitué au gré des rencontres, sans que, pour autant, il ait construit une stratégie particulièrement élaborée en la matière. Tout tranquillement, il met en oeuvre des principes qui lui apparaissent de bon sens et qui sont effectivement très simples mais visiblement très efficaces. La qualité du contact prime lors du recrutement. « Toutes les techniques peuvent s’apprendre, pas l’envie de faire ensemble ». Mission Locale du Chinonais Cette envie de faire ensemble est aussi, comme les fleurs vendues au magasin, un ingrédient qui gagne à être cultivé. Les horaires et les plannings sont établis en concertation au sein de l’équipe en tenant compte des contraintes des uns et des autres. Les salariés sont tous responsabilisés sur l’ensemble des tâches, depuis l’achat des plantes et des fleurs jusqu’à leur commercialisation en passant par la préparation des bouquets, l’organisation d’expositions … Résultat, cinq années après le début de cette reconversion, l’ambiance de travail au sein d’ « Un jardin à l’autre » apparaît à la fois sérieuse et détendue, pourtant, les affaires ne s’en portent pas plus mal, bien au contraire. Et pour Bruno Richer aller au travail, « c’est que du bonheur ». Il aime à penser que cela peut être pareil pour ses collaborateurs pour peu que l’on laisse à chacun la capacité d’exprimer tous ses talents. L’enthousiasme serait-il contagieux ? En effet, « si on a acheté des plantes de sa propre initiative, on a envie de bien les travailler et on sait bien les vendre ». Et puis il faut dire que le patron n’est pas le dernier à mettre la main à l’ouvrage sans jamais se dispenser des tâches même les plus ingrates. Du coup, la motivation est au rendez-vous et lorsqu’il y a un peu plus de contraintes, tout le monde les accepte dans la bonne humeur. Mission Locale du Chinonais L ENTRETIENS Lasneau Patrick Peinture Les femmes peuvent être l’avenir du bâtiment Lasneau Patrick Peinture La Fourassière 37190 AZAY LE RIDEAU Tél 02 47 45 23 73 Fax 02 47 45 33 12 M Cela fait dix ans que Monsieur et Madame Lasneau se sont mis à leur compte en peinture et revêtement de sols. Leurs clients, essentiellement des particuliers, ils les ont trouvés entre Azay le Rideau et le sud de l’agglomération tourangelle en s’appuyant sur le principe de ne pas refuser de travaux, même s’ils apparaissent parfois bien modestes dans un premier temps. Souvent cela débouche finalement sur des commandes plus conséquentes et remplit confortablement le carnet de commandes de l’entreprise. La qualité et le soin apportés aux chantiers sont donc particulièrement importants, le contact avec les clients ne l’est pas moins, bien sûr. Cela fait également dix ans que Monsieur Lasneau s’investit dans les réseaux professionnels comme la CAPEB et que Madame milite pour le développement de l’emploi au sein de l’association AREFI. Cela fait aussi dix ans qu’ils accueillent des stagiaires et engagent des apprentis qui viennent frapper à leur porte : vingt trois, exactement, qui provenaient de la Maison Familiale Rurale, de l’AFPA, du Lycée Professionnel d’Arsonval, du collège d’Azay le Rideau … Le plus souvent, cela se passe comme cela : d’abord un stage de découverte du métier et de l’entreprise, puis un contrat pour assurer la formation. Lorsque nous sommes venus à sa rencontre sur un chantier qu’il conduisait chez un particulier de Chambray, ils n’étaient pas moins de quatre stagiaires présents, dont un jeune allemand au titre du Compagnonnage. Les trois autres s’appelaient Marie, Ophélie les deux apprenties chez les compagnons et Emilie une stagiaire. C’est qu’en effet, depuis quelques années, les apprentis de chez Lasneau sont souMission Locale du Chinonais vent des apprenti(e)s. Monsieur et Madame avaient, en effet, un peu de mal à trouver des garçons motivés. La première expérience d’intégration d’une jeune femme s’est révélée positive. Elle a donc été renouvelée. Elles n’ont pas de tâches spécifiques, même si pour le port de certaines charges, il faut s’entraider. Chez les clients, les filles font parfois la différence, les clients préfèrent même leur demander des conseils plus qu’au patron. Loin d’en prendre ombrage, M. Lasneau encourage cette compétence supplémentaire. Et puis cela a un effet positif pour les deux autres ouvriers qui sont devenus plus attentifs, notamment en adoptant un vocabulaire et un comportement plus « contrôlés ». Des obstacles il y en a bien sûr, l’obligation de création de sanitaire spécifique par exemple, mais le bon fonctionnement de l’entreprise compense largement cet effort. Mission Locale du Chinonais De toute façon le partage des contraintes fait partie des principes de l’entreprise. Personne ne s’exonère des tâches pénibles même pas le patron : « le bon et le mauvais boulot, on le partage ». S’entraider et partager semblent effectivement les maîtres mots qui guident l’action de Monsieur et Madame Lasneau : partager le savoir, partager le bon comme le mauvais boulot, partager les efforts au sein de la profession … Au total, un couple de patrons heureux et des jeunes femmes plutôt bien dans leur peau. Dernière minute : Marie, l’apprentie, vient de décrocher la médaille de bronze départementale des meilleurs apprentis de France, voila de quoi confirmer la qualité de son travail et valider les choix de l’entreprise. N ENTRETIENS Optima Assurer la qualité par la formation Optima Chênevis 37220 TROGUES Tél 02 47 97 08 36 O Avec une expérience variée dans le métier, Monsieur Malinowski a créé OPTIMA, une société spécialisée dans le nettoyage, prés de l’Ile Bouchard. Il a également développé une compétence de formateur pour l’organisme de formation professionnelle des métiers de la propreté. Pour trouver un emploi en milieu rural, il faut parfois l’amener avec soi. Pour ce fils de patron de ce même secteur, créer son entreprise est une démarche logique. C’est aussi l’occasion de valoriser sa double compétence de professionnel et de formateur. A Trogues, les conditions de travail sont bien différentes de celles des grandes agglomérations, avec des difficultés spécifiques au travail en milieu rural mais aussi une forte plus-value en matière de reconnaissance du travail bien fait et des qualités des relations humaines. En Chinonais, on ne s’engage pas à la légère, on n’a pas le droit à l’erreur mais si la qualité n’est pas au rendezvous, ça se sait vite. « Dans le Chinonais, il existe un souci de qualité et on accorde une grande importance au service, aux personnes… » C’est d’ailleurs la même chose pour les relations clientèle que de collaboration. Ici on s’engage dans la durée et tout le monde y gagne : le client, qui est assuré du service, peut se concentrer sur son métier et les salariés qui restent constamment au fait des produits et techniques et du coup, la qualité du service est maintenue… Cette qualité est un souci de tous. Les salariés se forment mais l’entreprise organise le travail pour permettre une bonne implication des salariés dans la bonne marche de l’entreprise. Par exemple, les journées de travail sont organisées en continu et les déplacements entre les chantiers sont pris en compte, deux caractéristiques pas si courantes dans le métier. Mission Locale du Chinonais Ce souci de la qualité se retrouve jusque dans le siglage, jusque dans l’entretien des véhicules de la société. Ils participent à la présence de l’entreprise dans le paysage local et libère les salariés des contraintes de déplacements individuels. Si le recours à la formation tient une place essentielle dans le développement de l’entreprise, l’ensemble du personnel s’y trouve engagé : sécurité, connaissance des produits, habilitation électrique… sont au programme. La technicité acquise et maintenue par ce biais est vite réinvestie dans l’entreprise qui gagne en productivité. La qualité se retrouve dans le service et dans la relation avec les salariés, pas sur la facture. Bilan : pour Monsieur Malinowski, la formation conditionne l’efficacité et la qualité du service, les salariés sont valorisés, et Optima réalise des Mission Locale du Chinonais gains de productivité conséquents, de quoi positionner favorablement Optima face à la concurrence. Les recrutements s’effectuent d’ailleurs avec les organismes de formation notamment par le biais de contrat de professionnalisation en lien avec l’ANPE ou la Mission Locale pour repérer de futurs professionnels d’un métier encore trop peu valorisé. Le gérant n’oublie jamais son métier de formateur et « met souvent la main à la pâte ». L’entreprise permet de valider les options proposées en formation, la formation permet d’assurer la performance de l’entreprise. C’est peut-être la recette de cette entreprise bien plantée sur deux pieds en terre Bouchardaise. P ENTRETIENS Reines de Touraine Une petite entreprise née d’un patrimoine redécouvert. Reines de Touraine 27 rue du Commerce 37190 RIVARENNES Tél 02 47 95 47 46 Fax 02 47 95 54 49 Q Il y a un peu plus d’une douzaine d’années, Philippe Blot exerçait son métier de contrôleur aérien au Havre, en Normandie. C’est alors qu’il décide avec son épouse de migrer vers la Touraine avec la possibilité de travailler à Cinq Mars la Pile où il coordonne les vols civils et militaires, ce qui se révèle plutôt stressant. les savoir-faire de fabrication, vieilles recettes et saveurs d’antan d’un mode de transformation et de conservation des poires par séchage en four à bois et l’usage presque oublié de la « platissoire » qui permet de conditionner des fruits séchés et aplatis. La réparation de l’habitat attendra : la passion naissante prend le dessus. Pour le couple Blot, cette migration correspond au désir de vivre en milieu rural et de participer activement à la vie locale. Ils trouvent donc à s’installer dans une ferme de Rivarennes avec le projet de l’aménager progressivement et s’impliquent dans l’association la plus active du village : « Les poires tapées de Rivarennes » où ils vont s’imprégner de la culture de cette production très répandue autrefois sur ce territoire et redécouverte aujourd’hui. Autour du four traditionnel et de tablées d’éplucheurs de l’un ou de l’autre - et notamment le four restauré par Madame et Monsieur Blot - des bénévoles retrouvent en tâtonnant Quelques années plus tard, Madame Blot éprouve l’envie de reprendre une activité professionnelle. A la réflexion l’idée de mettre la nouvelle passion du couple au service de ce projet s’impose et c’est ainsi que naît « Reines de Touraine ». Petit à petit c’est une vraie stratégie commerciale et artisanale qui se construit : redémarrer une production traditionnelle, mais aussi créer de nouvelles recettes, s’équiper avec un laboratoire scrupuleusement aux normes, deux fours, puis une boutique, se faire connaître, diversifier ses produits et ses débouchés et encore tester des recettes, inventer de nouveaux conditionnements… Mission Locale du Chinonais Les résultats sont là ! La production et les ventes croissent régulièrement. Bien sûr, les marges ne sont pas faramineuses, mais on progresse. Le catalogue s’affine rapidement pour répondre au goût Chinonais, Parisien mais aussi Anglais ou Japonais. Aux poires et pommes tapées sous différents modes de transformation succèdent confitures de vins et autres spécialités indubitablement locales. La production s’organise, s’échelonne au long de la semaine, depuis l’épluchage du lundi jusqu’à la mise en commercialisation le samedi. Pour en arriver là, forcément il a fallu recruter. Avec l’aide de l’association AREFI (Association Ridelloise pour l’Emploi, la Formation et l’Insertion), Reines de Touraine donne leur chance à ceux qui veulent bien s’essayer à ces métiers qui n’existent dans aucun répertoire. La petite entreprise voit ses effectifs gonfler et aujourd’hui ce sont sept salariés qui travaillent pour elle, surtout des femmes. L’ambiance est chaleureuse, et c’est avec gourmandise que Mission Locale du Chinonais l’on vous recommande telle ou telle recette d’utilisation de ces produits. Elles ne font cependant pas l’enfournage, un poste très physique pour lequel Philippe Blot aimerait bien trouver un homme qui en fasse son métier. Mais ce n’est pas que la fabrication de Reines de Touraine qui est concernée puisqu’ils transforment aussi des poires préparées par le Centre d’Aide par le Travail de Chinon et le Fabricant de poires tapées de l’autre côté de la rue. Quand il fait le bilan, c’est une certaine satisfaction qui s’impose aux yeux du couple, en premier chef, celle d’avoir permis à ces femmes de trouver emploi et salaire : « on a de la chance, on ne doit pas oublier ceux qui en ont moins… » Pour autant, cela n’empêche pas de réfléchir à l’avenir : pas question de s’endormir sur ses lauriers. Sur ce, Philippe Blot part réactiver le four, « j’ai besoin de me défouler avec la tension nerveuse accumulée à Cinq Mars… ». R ENTRETIENS L’Imprévu « L’Imprévu », c’est un peu la réponse ironique que Joëlle Doddi et son fils Norbert ont construite et continuent à construire pour faire face aux aléas de la vie… à ses imprévus. En la matière, ces deux-là ont eu plus que leur compte. L’énergie de l’espoir pour dépasser les handicaps L’Imprévu 1 rue Vaussouvin 37190 VALLÈRES Tél 02 47 45 41 19 S Joëlle, la maman, cinquante deux ans, a vécu un parcours professionnel assez riche entre un emploi administratif qui ne la satisfaisait pas et la gestion d’une confiserie en région Parisienne puis d’un établissement gastronomique et une saison en Corse… jusqu’à ce jour de 1999 où le décès de son mari la laisse « KO ». Longtemps après, elle finira par remonter la pente notamment grâce à un stage à l’AFPA de Tours Nord où elle obtient un diplôme en cuisine de restauration. Elle semble alors outillée pour repartir sur de bonnes bases. Norbert, son fils, trente cinq ans, avait bien démarré : apprentissage en cuisine et BEP de serveur. Il enchaîne alors les emplois dans différentes brasseries en région Parisienne ainsi qu’en Touraine. Jusqu’au moment où il est touché par une grave maladie bientôt suivie d’un accident du travail, avec un diagnostic équivalant à une condamnation professionnelle : « vous ne pourrez plus jamais travailler dans le métier ». Avec beaucoup de volonté, il refuse ce verdict et après 18 mois de rééducation éprouvante, parvient à surmonter une bonne partie de son handicap. Pour autant, celui-ci reconnu par la COTOREP, semble faire peur aux employeurs du secteur pourtant réputés pour son déficit de main d’œuvre, sa réintégration professionnelle s’en trouve implacablement bloquée. Alors, face à cette adversité, tous les deux décident de réunir leurs forces et leurs talents : ils se mettent en quête d’une affaire où leurs compétences pourront trouver à se déployer. Si le salariat est difficile pourquoi ne pas créer ses propres emplois ? Mission Locale du Chinonais C’est à nouveau un parcours du combattant qu’ils entament pour trouver la bonne affaire, réunir les financements… Et c’est presque quand ils n’y croyaient plus, en 2005, que Joëlle Doddi finit, un peu par hasard en proposant ses services, par se voir proposer de racheter le café-restaurant de Vallères sur la route qui mène de Lignières à Villandry dans la vallée du Cher. La Chambre de Commerce et d’Industrie de Touraine lui apporte son aide et l’aventure peut enfin démarrer en se donnant « L’imprévu » comme nom de baptême. Aujourd’hui, la maman est aux fourneaux et Norbert, en tant que salarié, assure le service à table ainsi qu’au bar. L’ambiance est bon enfant et la clientèle locale les ont adoptés. Pour faire grossir un chiffre d’affaires qui ne leur permet pas encore de les faire vivre correctement tous les deux, ils se démènent pour se faire connaître en organisant des soirées concert, en participant à des fêtes locales, … Mission Locale du Chinonais Ils s’emploient également à élargir la palette des services offerts en créant un dépôt de pain et aussi de gaz, sans désespérer de pouvoir un jour servir de relais-poste en complément de celui ouvert dans le centre bourg … Ce ne sont ni les idées ni le courage qui leur font défaut. Les Doddi ne cachent pas que c’est encore difficile, que l’on ne reconnaît pas encore assez la place des handicapés dans les entreprises, mais ils veulent prouver que ce que l’on ne veut pas vous donner, on peut se l’offrir avec beaucoup de travail et de volonté. Et, au bout de ce long chemin, 5 ans après son accident, Norbert, sa rééducation achevée, peut maintenant envisager de chercher seul son propre emploi. T