que de coupe
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LES ACTIONS MECANIQUES EN USINAGE Les notions de ce chapitre sont illustrées pour des opérations simples comme celle de chariotage en tournage. Le mouvement relatif de l’outil par rapport à la pièce nécessaire à la formation du copeau et la génération d’une surface, résulte de la composition de deux mouvements : • Le mouvement de coupe représenté par le vecteur V C • Le mouvement d’avance, représenté par le vecteur V f En un point M de l’arête de coupe on peut écrire : V outil / pièce = V C + V f VC Vf 1. TERMINOLOGIE 1.1. Les grandeurs caractéristiques du phénomène de coupe Les notions développées dans la suite font référence à la géométrie du copeau, à celle de l’outil, aux paramètres cinématiques et énergétiques modélisant le processus de formation du copeau. Les termes et symboles représentant ces différentes dimensions sont définis dans les normes: • NF E 66-502 : Géométrie de la partie active des outils coupants; • NF E 66-503 : Définition des angles des outils coupants; • NF E 66-506 : Grandeurs géométriques et cinématiques en usinage; • NF E 66-507 : Forces, énergie et puissance Les tableaux ci-dessous reprennent quelques termes utiles à la compréhension du cours. Tableau 1: Grandeurs géométriques Symbole Nom AD Airede la section transversale de coupe Section du copeau aa Engagement axial de coupe af Engagement d’avance de l’arête ap Engagement arrière de l’arête ar Engagement radial de coupe bD Largeur nominale de coupe En fraisage Profondeur de passe ar ap Κr AD ϕ bD f Tournage Fraisage ap af f Κr Perçage Figure 1: Illustration des principaux paramètres de coupe. Tableau 2: Grandeurs cinématiques Symbole f ou fz Nom Avance ou avance par dent Pour un tour du mouvement de coupe hD Epaisseur nominale de coupe AD h D = -----bD hm Epaisseur moyenne du copeau Vc Vitesse de coupe Vf Vitesse d’avance n Fréquence de rotation Mouvement de coupe z Nombre de dents de l’outil Tableau 3: Géométrie de l’outil Symbole Nom γn Angle de coupe normal αn Angle de dépouille normal Κr Angle de direction d’arête λs Angle d’inclinaison d’arête Tableau 4: Grandeurs énergétiques Symbole Nom Description kc Effort spécifique de coupe Force de coupe par unité de surface Fc Force de coupe Projection orthogonale de la force totale sur le vecteur vitesse de coupe Ff Force d’avance Projection orthogonale de la force totale sur le vecteur vitesse d’avance Fp Force transversale Composante de la force totale perpendiculaire au plan de travail Pfe Pc Puissance de coupe Pf Puissance d’avance 2. MODÈLES EXPÉRIMENTAUX COUPE EN TOURNAGE D’EFFORTS DE 2.1. Les Moyens expérimentaux Les modèles actuels permettant de prévoir les composantes Fc , Ff , Fp sont essentiellement phénoménologiques. Ces méthodes de mesure ne permettent pas de distinguer les différents phénomènes induisant l’effort global. Ces phénomènes sont principalement : • l’effort de coupe sur la face de coupe; • l’effort de frottement de la surface usinée sur la face de dépouille; • l’effort de séparation de la matière. Figure 2: Projections des actions mécaniques (Photo Coromant ) De nombreux porte-outils ou plates-formes dynamométriques ont été réalisés depuis le début des recherches sur la mesure des actions mécaniques de coupe, sur la base de principes divers : pneumatique, extensométrie, piézo-électrique. Il existe des dynamomètres pour la mesure des actions mécaniques de la pièce sur l’outil de type "force" et de type "couple". Les plates-formes peuvent mesurer une ou plusieurs composantes. Les porte-outils dynamométrique, les plus anciens et les plus simples, emploient des jauges de déformation. Elles sont collées en des points du porte-outil, choisis en fonction de la forte déformation qui y apparaît. Figure 3: Position des jauges de déformations Les jauges fournissent un signal électrique proportionnel aux déformations élastiques dans l’attachement du porte-outil sur la machine. Connaissant les caractéristiques mécaniques de ce support on en déduit les actions mécaniques exercées par la machine sur l’outil. Les capteurs piézo-électriques permettent d’enregistrer des variations d’efforts plus rapides. Ils sopnt indispensables pour mesurer les efforts dans les opérations de fraisage ou la coupe est discontinue. Les capteurs délivrent une différence de potentiel proportionnelle aux charges qui leur sont appliquées. Cette tension est amplifiée pour chaque voie. A partir d'un même signal d’horloge, les différentes grandeurs sont enregistrées numériquement. Ces différentes plates-formes dynamométriques doivent posséder certaines qualités : - une rigidité très élevée évitant toute déformation pouvant changer les paramètres de coupe installés ; - une fidélité dans les relevés ; - une correction des interactions entre les voies de mesure ; - une possibilité de refroidissement pour éviter l'influence de la température. Figure 4: Table de mesure des efforts de coupe (doc. Kistler) Les limites de ces plates-formes sont atteintes actuellement pour les mesures des efforts en fraisage TGV avec des rotations de broche de l'ordre de 40000 tr/min. Dans ces conditions de mesure, les perturbations vibratoires sont si élevées qu'il devient extrêmement difficile de faire des relevés réalistes sans une analyse spectrale bien maîtrisée. Ces difficultés entraînent un ralentissement dans l'application des modèles au fraisage TGV. Pour cette raison, ce type d'usinage reste encore à un stade expérimental exploratoire. 3. ETUDE QUANTITATIVE DE LA PRESSION SPÉCIFIQUE DE COUPE Notons que l'effort de coupe par unité de surface (normalisé NF X 66 507) peut être désigné improprement " coefficient spécifique de coupe ", ou " pression spécifique de coupe ". Dans cette partie, nous ne nous intéresserons qu'à la composante de coupe Fc. Nous ne prendrons pas en compte les composantes Ff et Fp, qui n'interviennent quasiment pas dans le calcul des puissances mises en jeu dans la coupe. Par définition de la force de coupe par unité de surface : Fc = kc ⋅ ap ⋅ f avec : F c en N, k c en N/mm², a p en mm, f en mm. De nombreux paramètres influencent k c , mais nous n'étudierons que les principaux que sont : - les matériaux usinés et usinant (caractéristiques mécaniques) ; - l’avance, et par conséquent l'épaisseur nominale du copeau; - l'angle normal de coupe, ; - l'usure. 3.1. Influence des caractéristiques du matériau de l'outil Il apparaît évident à chacun que la coupe d'un morceau de beurre ne nécessite pas les mêmes efforts que la coupe d'un morceau de bois. Il en est de même pour la coupe des métaux. Afin de quantifier l'influence des caractéristiques mécaniques du matériau usiné, il est nécessaire de charioter différents matériaux dans des conditions identiques et de mesurer Fc dans tous les cas. Alors, on calcule la force de coupe par unité de surface. Conditions d'essai : Outil carbure P15, Κr = 90°, γn = 14°, Vc = 200 m/min, f = 0.1 mm, ap = 2 mm. Tableau 5: Evolution de kc lors d'une opération de tournage avec une section de 0,2 mm² Matériau Fc (N) kc (N / mm²) C 10 586 2932 C 35 680 3400 C 85 886 4430 35 CD 4 720 3600 35 NCD 16 900 4500 Al Cu4 Mg 290 1450 FGL 18 320 1600 kc dépend fortement de la matière usinée. Les modèles de calcul d'efforts devront donc forcément intégrer le type de matériau par l'intermédiaire d'une valeur associée à chacun. Le modèle le plus courant est de la forme: . k c = C ⋅ K ( f, a p, γ n, κ r, ... ) Dans un état métallurgique donné, C est une constante, K une fonction des différents paramètres. Remarques : • Certains auteurs suggèrent des relations entre kc et Rm. Dans la réalité, il n'existe aucune règle simple. La seule méthode valable est de consulter des abaques ou, mieux encore, de faire une mesure d'effort pour chaque triplet outil / matière / opération. • Il est possible que de faibles variations de composition du matériau à usiner (notamment en sulfure de manganèse) induise des variations significatives de kc. De même, des variations peuvent apparaître avec différentes tailles de grains. La plus grande prudence doit donc être de rigueur lorsque l'on utilise des abaques relatifs à kc. 3.2. Influence de la vitesse de coupe Une série d'expériences permet de suivre l'évolution de Fc en fonction de la vitesse de coupe. Tous les autres paramètres sont considérés comme constants. Conditions de coupe expérimentales : Acier XC35, f = 0.1 mm, ap = 1.1 mm, outil carbure P15, κr = 60°, γn = 7° On distingue 3 zones sur cette courbe : • Zone 1 : Aux très basses vitesses, il y a diminution de Fc lorsque Vc augmente. Cela s'explique par une diminution du frottement copeau-outil. Le coefficient de frottement de 2 surfaces en contact n'est pas constant. Aux basses vitesses, ce coefficient décroît lorsque la vitesse augmente. • Zone 2 : Dans cette gamme de vitesse, il y a apparition d'une arête rapportée. Cela conduit à avoir non plus une arête d'acuité parfaite, mais une arête arrondie, bien moins favorable à une bonne séparation de la matière. Les efforts de coupe sont donc bien plus importants. Ces efforts passent par un maximum, correspondant à la taille maximale de l'arête rapportée. L'augmentation de la vitesse de coupe au-delà des maxima, conduit à la disparition de cette arête rapportée et donc à la diminution des efforts de coupe. • Zone 3 : Dans ce domaine de vitesse, la formation du copeau est stable et les efforts de coupe sont quasiment constants. Cette zone correspond à la plage normale d'utilisation d'un outil de coupe. Les modèles de calcul d'effort ne retiennent que cette 3ème zone. Ces modèles sont donc indépendants de Vc, à condition que la vitesse de coupe soit suffisamment élevée. La courbe admet une légère décroissance due à une baisse du coefficient de frottement, ainsi qu'à une diminution de la résistance du matériau. Remarque : La bosse présente dans la zone 2 explique la hausse des efforts de coupe observée lors de la fin d'une opération de dressage (proximité du centre). En effet, à cet endroit, même si on programme une vitesse de coupe constante sur une MOCN, il y aura saturation de la vitesse de broche et la vitesse de coupe au centre sera nulle. Cependant, cela n'explique pas tout. Il est nécessaire de prendre en compte le talonnage de la face de dépouille de l'outil, talonnage inévitable dans un problème de dressage. Celui-ci est également à l'origine de la hausse de l'effort de coupe. Ces constatations expérimentales conduisent à dire qu'il existe une vitesse de coupe minimale en dessous de laquelle il ne faut pas descendre. Cette limite n'est pas simple à quantifier car elle n'est pas toujours franche. Il faut alors trancher en utilisant un critère du type : augmentation de 20% par rapport à l'asymptote horizontale. Cette notion de Vcmin est exploitée par la norme sur le couple OutilMatière (C.O.M.) en tournage (NFE66-520) afin de limiter la zone de travail exploitable industriellement. On peut aussi considérer que le rôle de Vc n'est jamais négligeable, même au-delà de Vc,min. On utilisera alors une relation du type: ⎛ V c ⎞ m c, vc k c = k c, ref ⋅ ⎜ ---------------⎟ ⎝ V c, ref⎠ Dans la pratique, on peut dire que l'influence de Vc avoisine 1% pour 10 m/min avec une plage [0.4% , 2%] selon que l'on usine des matériaux durs (C35) ou ductiles (Z6CN18-10, X6CrNi18-10). 3.3. Influence de la profondeur de passe La profondeur de passe est un facteur très influent dans les problèmes de calcul d'effort. On conçoit facilement qu'un outil prenant une passe de 0.1 mm ne puisse engendrer les mêmes efforts qu'un outil prenant une passe de 5 mm. Afin d'en quantifier l'influence, étudions l'évolution de Fc en fonction de ap. Tous les autres paramètres étant considérés comme constants. L'outil utilisé ne possède aucun brise-copeaux et ses conditions d'utilisation sont les suivantes : Acier XC35, f = 0.1 mm, Vc = 305 m/min, outil carbure P15, mm. χ r = 60° , γ n = 7° , ap varie de 1 mm à 6 L'observation de cette courbe nous conduit à dire que Fc évolue linéairement par rapport à la profondeur de passe. Cela nous donne une relation du type Fc = α ⋅ a p . Or, nous savons que Fc = kc ⋅ a p ⋅ f , d'où nous déduisons que kc est indépendant de ap dans le cas des outils ne possédant aucun brise-copeaux. 4000 Force de coupe Fc [N] 3500 3000 2500 2000 1500 1000 500 0 0 1 2 3 4 5 6 7 Profondeur de passe ap [mm] Figure 5: Exemple d'évolution de la force de coupe Fc en fonction de la profondeur de passe. Les résultats précédents sont vrais dans la mesure où l'on utilise des outils en ARS avec des brisecopeaux simplifiés. Les outils modernes possédent des brise-copeaux extrêmement complexes,et l'écoulement des copeaux ne s'effectue pas de la même façon selon la prise de passe. En conséquence, on peut observer que pour les outils modernes, la profondeur de passe modifie les valeurs de kc comme en témoigne les relevés ci-dessous. Figure 6: Courbes relatives à un outil en ARS (à gauche) et à un outil moderne (à droite) Un modèle exponentiel simple permet d'intégrer ce paramètre : ⎛ ap k =k .⎜ c c, ref ⎜ a ⎝ p,ref m ⎞ c,ref ⎟ ⎟ ⎠ Dans de nombreux cas il est difficile d’exprimer l'influence de ap dans un modèle, Il faut tracer une courbe enveloppe des kc, fonction de f pour tous les ap confondus. Remarque : Lorsque l'on cherche à usiner avec des profondeurs de passe inférieures au rayon de bec, on se trouve généralement dans une zone de mauvaise fragmentation du copeau et on assiste à une hausse de kc. Cette zone est difficilement modélisable. Seuls quelques cas particuliers utilisent ce type d'application. Ex : usinage de tête nucléaire en uranium, ou plutonium, qui sont des matériaux dont les caractéristiques sont proches des alliages d'aluminium. 3.4. Influence de l'avance L'avance joue un rôle capital dans le calcul de kc, aussi est-il nécessaire de le quantifier. En fait, c'est le produit H D = f ⋅ sin χ r , qui est important. c'est l'épaisseur nominale de copeau qui conditionne la formation et l'écoulement des copeaux le long de l'arête et de la face de coupe. Conditions d'essai : matière usinée XC35 recuit ; Outil carbure P15 ; Vc = 250 m/min ; ap = 2 mm ; γ n = 14° . Tableau 6: Evolution de kc en fonction de f et χ r kc (N/mm²) f (mm) χ r = 90° χ r = 60° χ r = 45° 0,1 3328 3425 3567 0,2 2879 2981 3105 0,3 2671 2749 2863 0,4 2522 2595 2703 0,5 2412 2480 2585 La pression spécifique de coupe kc n'évolue pas linéairement par rapport à f, alors qu'en échelle logarithmique l'évolution est linéaire. L'identification de la pente et de l'ordonnée à l'origine se fait par la méthode des moindres carrés. Remarque 1 : Il est indispensable de s'assurer que l'on identifie effectivement une droite, et non pas une parabole ou autre. Pour cela, le calcul du coefficient de corrélation r2 est capital. Si celui-ci n'est pas supérieur à 0.8, alors il ne faut pas identifier une droite, mais une fonction plus complexe. Pression spécifique kc [N/mm²] Il s'agit d'identifier la droite : log ( k c ) = log ( K ) + α1 ⋅ log ( f ) , relation issue de k c = K ⋅ f 4000 3500 3000 Kr=45° Kr=60° 2500 Kr=90° 2000 1500 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 Avance par tour f [mm/tr] Figure 7: Evolution de kc en fonction de l'avance en échelles linéaires α1 . Pression spécifique kc [N/mm²] 3,58 3,56 3,54 3,52 3,5 3,48 3,46 3,44 3,42 3,4 3,38 3,36 -1,2 Kr=90° Kr=60° Kr=45° -1 -0,8 -0,6 -0,4 -0,2 0 Avance par tour [mm/tr] Figure 8: Evolution de kc en fonction de l'avance en échelles logarithmiques Le paramètre α1 représente la pente de la droite et vaut α1 = -0,2 . Cette valeur est fonction du type de matériau usiné et varie couramment de -0.1 à -0.4. Certains auteurs utilisent une autre notation pour cette relation : Remarque 2 : Avec les outils modernes (plaquettes carbures frittées), aux basses vitesses de coupe, on peut observer une zone de décroissance brutale de kc avant d'atteindre la zone hyperbolique classique. Ce phénomène correspond à un écoulement sur le listel de ces plaquettes. Kc Kc mini f 3.5. Influence de l'angle de direction d'arête (χr) L'angle de direction d'arête est l'angle mesuré entre le plan Ps et le plan Pf, dans le plan Pr. 3800 3700 kc [N/mm²] En pratique, c'est moins l'évolution en fonction de χr qui importe, que l'évolution en fonction de sinχr, car l'épaisseur nominale de coupe est fonction de sinχr. La représentation des données précédentes en échelle linéaire conduit au diagramme de la figure 9 3900 3600 3500 3400 3300 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 Sin (Xr) Figure 9: Evolution de kc en fonction de χr Figure 10: Illustration de l'angle χr dans un chariotage à l'outil coudé à coupe à droite kc n'évolue pas linéairement par rapport à sin(χr). La méthode de passage en coordonnées bi-logarithα2 mique permet de linéariser l'évolution : k c = K 2 ⋅ sin χ r , où α2 représente la pente de la droite et vaut dans ce cas : -0.2. Remarque : Par expérience, on constate que α1 = α2 et qu'il ne dépend que de la matière usinée. Cela confirme le fait que hD est le paramètre physique important et non pas les deux paramètres f et sin χ r pris séparément. En conclusion : k c = K 3 ⋅ ( f ⋅ sin χ r ) α 3.6. Influence de l'angle normal de coupe Il paraît naturel qu'un angle de coupe positif a une influence bénéfique sur la diminution des efforts nécessaires à la coupe. Par contre la résistance de l'outil à l'usure et aux chocs est diminuée. γn<0 γn>0 angle de coupe négatif angle de coupe positif Figure 11: Représentation de l'angle normal de coupe Conditions d'essai : Acier XC35 ; Outil ARS ; Vc = 56 m/min ; ap = 2 mm ; f = 0.1 mm ; =90°. Tableau 7: Valeurs de kc mesurées pour différents angles de coupe γn - 5° 0° 5° 10° 15° k c (N/mm²) 3833 3700 3567 3434 3300 L'observation de la figure 12 nous permet de conclure que kc évolue linéairement en fonction de γn. 4000 3800 3600 kc [N/mm²] 3400 3200 3000 2800 2600 2400 2200 2000 -10 -5 0 5 10 15 Angle normale de coupe [°] Angle de coupe normal γn Figure 12: Evolution de kc en fonction de γn 20 3.7. Influence de l'usure L'usure est un paramètre capital dans les problèmes d'efforts de coupe. En effet, on imagine aisément qu'un couteau parfaitement affûté demandera moins d’efforts qu'un couteau émoussé. Afin d'étudier l'influence du paramètre usure, il est intéressant de réaliser un usinage sans interruption et de mesurer la composante Fc à intervalle de temps régulier. Conditions d'essai : Acier XC35 ; Outil carbure P15 ; Vc = 220 m/min ; ap = 2.5 mm ; f = 0.25 mm/ tr ; gn = 6° ; cr = 75°, figure 5.32. 7000 6000 kc [N/mm²] 5000 4000 Zone 3 3000 Zone 2 Zone 1 2000 1000 0 0 5 10 15 20 25 Temps d'usinage [min) Figure 13: Evolution de kc au cours du temps • Zone 1 : kc est relativement insensible à l'usure. Il s'agit de la plage d'utilisation normale d'un outil. • Zone 2 : kc augmente avec l'usure. Dans cette zone, l'usure de la face en dépouille et du bec de l'outil deviennent significatives. Les efforts de coupe commencent à augmenter. C'est dans cette zone que le critère d'usure choisi doit nous permettre de stopper l'usinage (rebut ou affûtage). Cette hausse de kc est en partie liée à l'arrondi de rayon de bec. Ceci est principalement lié à la formation du copeau, qui se fait dans de mauvaises conditions avec une arête émoussée. La zone plastifiée devient large, au lieu d'être très localisée. • Zone 3 : Effondrement de l'arête. kc augmente de façon importante. Il est urgent de stopper l'usinage. La coupe n’est plus réalisée dans des conditions satisfaisantes, il y a arrachement du métal. Dans la pratique, le domaine d'utilisation classique de l'outil se situe quasiment toujours en zone 1 car les critères de mort d'outil ont été établis de façon à ne pas trop pénétrer dans la zone 2 et surtout à exclure la zone 3. Remarque 1 : Une méthode classique de détection d'usure d'outil en production de grande série sur machines automatisées, est l'observation de la composante Fc ou de la mesure de la puissance consommée. Remarque 2 : Dans la pratique, on ne peut suivre l'évolution de kc qu'en fonction de l'usure en dépouille VBB. L'usure en cratère tend à former un roule-copeaux qui augmente l'angle de coupe efficace et diminue kc : une usure en cratère prononcée peut donc masquer l'effet de l'usure en dépouille et fausser les systèmes de contrôle de l'usure basés sur la mesure de puissance. Si l'usure en dépouille reste dominante le kc croit et certains auteurs fixent aux environs de 12% l'augmentation de puissance absorbée correspondante. En fait le phénomène est plus complexe : l'effort de coupe résultant croit plus vite que l'effort tangentiel, mais l'angle entre la résultante et la vitesse de coupe augmente. Remarque 3 : Pour conserver en mémoire une image grossière de l'influence de l'usure sur la puissance de coupe consommée, on peut considérer que celle-ci augmente de 20% environ jusqu'à la mort de l'outil (ex : VBB = 0.6 mm). 3.8. Influence du listel ou du brise copeau Le listel des plaquettes ou les brise-copeaux jouent un rôle important dans l'évolution de kc en fonction de l'avance. En effet, l'avance influence directement l'épaisseur de copeau qui arrive sur la face de coupe. Pour les faibles avances, kc sera influencé par le listel, le chanfrein ou l'arrondi d'arête, alors que le brise-copeaux perturbera kc aux grandes avances. Dans la pratique, le listel ou le brise-copeaux provoquent une rupture de la pente de la courbe de kc, figure14. Cette rupture peut d'ailleurs souvent être mise en parallèle d'une modification de la formation des copeaux (copeaux filants plutôt que fragmentés). C'est un très bon élément indicateur des limites inférieure et supérieure d'avance à choisir. Kc f Figure 14: Rôle du brise-copeaux et du listel et influence sur la courbe de kc. (d'après CD Coupe) En conséquence le brise-copeaux provoque une brisure de pente sur les courbes de kc en fonction de f. 3.9. Bilan et règles générales Il est important de se rappeler les quelques principes énoncés ci-dessous, notamment lorsque l'on est au pied d'une machine et que l'on se préoccupe des efforts d'usinage : - kc est indépendant de la vitesse de coupe Vc si Vc > Vcmin ; - kc est indépendant de la profondeur de passe si l'outil n'a pas de brise-copeaux, sinon aucune généralité n'est prédictible ; - kc est influencé par la lubrification ; - kc est indépendant de la nuance de l'outil (P, M, K), mais dépend du revêtement d'outils ; - kc est fonction de l'acuité d'arête, donc de l'usure ; - kc diminue si γn augmente (impossible à régler sur un outil donné) ; - kc est fonction du type de brise-copeaux de la plaquette. Un brise-copeaux très torturé présente une résistance importante à l'écoulement du copeau donc Fc est plus important.