Histoire de la chimie : utilisation pour l`enseignement au
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Histoire de la chimie : utilisation pour l`enseignement au
445 Histoire de la chimie : utilisation pour l’enseignement au lycée par Jean-François LE MARÉCHAL UMR ICAR - Coast Université de Lyon - 69007 Lyon [email protected] Ce court article en introduit d’autres qui proposent d’aborder un enseignement de la chimie au lycée à partir de l’histoire des sciences, au travers de thèmes peu habituels et avec un regard qui cherche à faire réfléchir sur ce qu’est la science. Ces travaux résultent d’une sollicitation de l’inspection à laquelle notre groupe de travail (groupe SESAMES-chimie) a répondu positivement en 2004. Après une année de réflexion, nous avons mis en place des activités, puis nous les avons testées et améliorées entre 2006 et 2008. Le développement de ce travail a permis de réaliser une formation d’enseignants sur ce sujet en 2009 à Lyon ; elle sera reproduite en 2010 à Montpellier. Il n’a pas été possible de rassembler l’ensemble des résultats du travail du groupe en un seul article qui reste clair et utile pour les lecteurs de ce bulletin. Il a donc été décidé d’en soumettre plusieurs à sa direction éditoriale. L’objectif de notre projet s’est affiné au fur et à mesure de sa réalisation et nous avons finalement trouvé pertinent de proposer à des lycéens des activités qui mettent en jeu non seulement de l’information historique sur des découvertes de la chimie, mais également une réflexion philosophique sur ce qu’est la science. Par cette articulation pédagogico-historico-philosophique, nous avons voulu illustrer – au moyen d’exemples pris dans le domaine de la chimie – quelques idées majeures que les philosophes des sciences ont forgées par l’analyse de travaux principalement issus de la physique, en particulier les notions de : révolution scientifique de Thomas KUHn [1] ; falsificationisme de Karl PoPPER [2] ; ou la réflexion sur ce qu’est la science de Alan CHALMERS [3]. D’autres auteurs auraient pu être utilisés comme Imre LAKAToS qui a proposé un point de vue fédérateur sur KUHn et PoPPER en démontant avec précision l’enchaînement des preuves et des réfutations en sciences et en introduisant la notion de programme de recherche [4]. Il en est de même avec Paul FEyERAbEnD qui propose une approche anarchique de la méthode scientifique « tout est bon », « il n’y a pas d’idée absurde qui ne puisse faire progresser notre connaissance », « jamais aucune théorie n’est en accord avec tous les faits auxquels elle s’applique »… [5]. Par ailleurs, les physiciens ne sont pas les seuls à avoir réfléchi sur la science. outre LAKAToS mentionné ci-dessus, mathématicien de formation comme en témoigne sa réflexion philosophique sur la preuve [6], des chimistes, francophones qui plus est, ont largement écrit sur l’histoire et la philosophie de leur discipline : bernadette bEnSAUDE-VInCEnT ou Isabelle STEngERS. Le site HyLE Vol. 104 - Avril 2010 Jean-François LE MARÉCHAL Histoire des sciences UNION DES PROFESSEURS DE PHYSIQUE ET DE CHIMIE 446 HISTOIRE DES SCIENCES est également une source spécialisée sur la philosophie de la chimie. En nous limitant à KUHn, PoPPER et CHALMERS, nous sommes simplement restreints à quelques idées de base qui, pour la plupart, se retrouvent dans les cours d’introduction à la philosophie en terminale. nous avons cherché à voir comment ces idées permettaient de lire une sélection d’anecdotes de l’histoire de la chimie que nous avons adaptées à nos enseignements. C’est en particulier cette originalité que nous partagerons dans cette série d’articles (1). Conscients de la difficulté, qu’éprouveront les enseignants, d’articuler l’ensemble des composantes pédagogique, historique et philosophique de notre démarche, nous avons émaillé nos écrits d’informations qui permettent de se former ponctuellement dans ces domaines et de les utiliser pour enseigner la chimie. BIBLIOGRAPHIE [1] KUHn T. S. La structure des révolutions scientifiques (traduction L. MEyER). Paris : Flammarion, 2008. [2] PoPPER K. Le réalisme et la science (traduction A. boyER et D. AnDLER). Paris : Hermann, 1990. [3] CHALMERS A. Qu’est-ce que la science ? (traduction M. bIEzUnSKI). Paris : La Découverte, 1987. [4] LAKAToS I. Histoire et méthodologie des sciences (traduction C. MALAMoUD et J.-F. SPITz). Paris : Presses universitaires de France, 1994. [5] FEyERAbEnD P. Réalisme, rationalisme et méthode scientifique (traduction E. MALoLo DISSAKè). Paris : Presses universitaires de France, 2005. [6] LAKAToS I. Preuves et réfutations : essai sur la logique de la découverte mathématique (traduction n. bALACHEFF et J.-M. LAboRDE). Paris : Hermann, 1984. NETOGRAPHIE ® L’œuvre de bernadette bEnSAUDE-VInCEnT : http://www.u-paris10.fr/61665447/0/fiche___pagelibre/&RH=FR ® Le site HyLE (International journal for philosophy of chemistry) : http://www.hyle.org/ Jean-François LE MARÉCHAL Maître de conférences École normale supérieure (ENS) Université de Lyon Lyon (Rhône) (1) NDLR :La partie 1 : « Le résultat scientifique - Cas de l’enseignement du tableau d’avancement » est reproduit dans les pages ci-après. La partie 2 : « Valeur d’une grandeur et précision d’une mesure : cas de l’enseignement des gaz » sera publiée dans Le Bup n° 926 qui paraîtra en juillet-août-septembre 2010. Histoire de la chimie : utilisation pour l’enseignement au lycée Le Bup n° 923