Du Code de la route au Code de la rue
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Du Code de la route au Code de la rue
Réglementation Du Code de la route au Code de la rue Suite aux nombreuses propositions des associations (celles de la FUBicy sont en ligne sur http://fubicy.org) et à plusieurs journées de discussions studieuses, la Direction de la Sécurité et de la Circulation Routières a validé un classement en priorités, sur la base de la synthèse établie par le CERTU. Un premier principe, un peu frustrant mais logique, a été d’éliminer du débat « Code de la rue » tout ce qui qui ne relève pas du Code de la route proprement dit. Exit donc, pour l’instant, les préconisations d’aménagement, l’homologation des véhicules (dont l’éclairage vélo), ou les quotas de places de stationnement sur voirie ou en immeuble. Quatre « grands chantiers prioritaires » Principe de prudence Dans le Code belge, le principe de prudence a eu pour conséquences une refonte des barêmes des contraventions, et un débat de société. En France, la Loi Badinter de 1985 était un premier pas dans cette direction. En revisitant la question, les juristes de la DSCR se sont aperçus que la Convention de Vienne sur la Circulation routière, ratifiée par la France, dit dans son article 7.3 « Les conducteurs doivent faire preuve d’une prudence accrue à l’égard des catégories d’usagers les plus vulnérables tels que les piétons et les cyclistes, et notamment les enfants, les personnes âgées et les handicapés. » La question n’est donc plus « faut-il introduire un principe de prudence ? », mais « comment va-t-on l’appliquer ? ». Contresens cyclables Après bien des controverses, l’inversion de la règle est à l’étude. Ainsi, comme en Belgique, une rue à sens unique voiture deviendrait, par défaut, autorisée dans les 2 sens aux vélos, sauf si un arrêté municipal prévoit une disposition contraire pour cette rue. La DSCR a commandé à 3 centres techniques (les CETE Nord, Est et Rhône-Alpes) une étude de l’accidentologie dans les rues à « contresens cyclable ». Une attention particulière sera accordée à une éventuelle augmentation des collisions entre cyclistes et piétons malentendants ou malvoyants. Mais nous n’avons à ce jour pas de raison de craindre que le bilan sera plus défavorable que celui qui avait été fait à l’occasion de l’étude « Contresens cyclables » de la FUBicy (étude de 2000 réactualisée en 2006). Les résultats sont attendus au printemps 2007. A suivre ! Création des Zones de rencontre Autres mesures à court ou moyen terme : les « priorités 1 bis » La DSCR a émis un avis favorable à une série de modifications réglementaires ponctuelles, dont l’adoption poursuivra une évolution déjà amorcée lors des réformes de 1998 et de 2003. Pour ce qui concerne directement les cyclistes, on notera la possibilité pour un vélo de remonter par la droite une file de voitures immobilisées (actuellement autorisé seulement par la gauche), et la possibilité d’effectuer un tourne-à-gauche indirect (en serrant d’abord à droite) en agglomération comme hors agglomération. L’issue est incertaine pour la généralisation des couloirs mixtes bus + vélo (inversion règle/exception), autorisation des rollers sur les voies cyclables (demande de la FFRS, approuvée par la FUBicy). Et on regrette quelques refus, dont la proposition de passer de 8 à 10 ans l’âge limite pour qu’un enfant puisse emprunter un trottoir à vélo (un enfant de 8 ans n’est pas encore assez sûr dans le trafic) et surtout, la demande conjointe FUBicy + FFCT d’autoriser une automobile à chevaucher une ligne continue pour respecter la distance de sécurité en doublant un vélo, comme au Québec ou en GrandeBretagne. Le problème du dépassement rasant sur les routes où les aménageurs ont abusé de la ligne continue reste donc entier. Un point sur ce dossier figure à l’ordre du jour de l’Assemblée Générale de Lons-le-Saunier le 31 mars 2007 pour en débattre. B.Boutry ; M.Giroud ; C.Raverdy * A ce sujet : consultez la bibliographie p.22 * La Zone de rencontre serait le maillon manquant entre « Zone 30 » et aire piétonne. Elle se distinguera de la Zone 30 par deux caractéristiques : une vitesse maximale de 5 à 20 km/h, selon le contexte, et la priorité aux piétons, où qu’ils soient - c’est-à-dire, pas seulement sur les passages zébrés. > jalonnement d’un contresens cyclable de Bruxelles: la rue va de la Commission Européenne au Parlement belge Le Code actuel est ambigu. Le piéton « régulièrement engagé » est prioritaire, mais il doit vérifier qu’il n’y a pas de danger avant de s’engager. Si une voiture ne ralentit pas et renverse un piéton, c’est qu’il y avait danger, donc le piéton n’aurait pas dû s’engager ? On pourrait s’inspirer du Code britannique : le piéton devient prioritaire à partir du moment où il manifeste son intention de traverser. Vélocité n° 89 • février 2007 M. Giroud Priorité du piéton 21 Biblio Cette brochure est éditée par l’association « Rue de l’Avenir ». Elle ne remplace pas le code de la route, seul texte complet et valable d’un point de vue juridique. Cependant, elle est utile, à une époque où 80% de la population française vit en ville ou dans une agglomération. En effet, ce document rassemble et commente quelques articles qui se rapportent aux déplacements urbains. En outre, il intègre l’évolution du Code de la Route relative à la Lutte contre la violence routière (loi du 11 juin 2003), ainsi que différentes recommandations, guides ou autres publications du CERTU. Disponible par lot de 10 exemplaires au prix de 10€ (pour frais d’expédition) auprès de : la Rue de l’Avenir • 34 rue de l’Eglise • 75015 Paris • 01 45 57 12 20 • [email protected] • www.ruedelavenir.com. Chèque à l’ordre de Rue de l’Avenir. La rue dans le code de la route Une brochure éditée par la « Rue de l’avenir » www.ruedelavenir.com/ « Les aménagements dangereux », le livre blanc de la FFCT En France, nous sommes les champions du monde des rétrécissements dangereux : nous avons beaucoup plus d’îlots que dans les autres pays, et leur conception tient rarement compte des cyclistes. Il est important de sécuriser les nombreux « pièges à vélo » qui jalonnent nos routes et qui découragent des milliers de cyclistes potentiels. Afin de sensibiliser les pouvoirs publics, la Fédération Française de Cyclotourisme vient de publier son livre blanc « Les aménagements dangereux ». Ce texte résume la situation en France et fait plusieurs propositions pour améliorer la situation. Ce travail ne pourra pas se faire du jour au lendemain, d’autant plus que l’emprise ne permet pas toujours la réalisation de by-pass ou de bandes cyclables. Cependant, certaines mesures complémentaires peuvent être prises rapidement : comme la FUBicy, la FFCT demande la création d’une signalisation pour interdire le dépassement des cyclistes aux endroits critiques. Le Livre Blanc est gratuit, il est destiné aux décideurs et aux aménageurs, mais accessible à tous. Ce document est disponible sur le site de la FFCT : www.ffct.org. rubrique sécurité, lien « site internet », ensuite rubrique « les aménagements dangereux ». Aménagement Sas interdits aux vélos ? Si on applique la législation actuelle, on ne peut pas créer de sas vélo sans qu’un accès séparé (piste ou bande) soit prévu pour les cyclistes, puisque la ligne d’effet de feu s’applique à tous les véhicules dans toutes les voies où elle est marquée. Donc, en l’absence de piste ou de bande, un sas vélo peint devant les files voiture n’est réglementairement accessible aux cyclistes que quand le feu est vert... Courrier des lecteurs Pour pouvoir entrer dans le sas, il faut donc qu’il y ait création de piste ou 22 bande cyclable qui en permette l’accès. Tous les autres ne sont pas conformes aux règles techniques, le cycliste devant s’arrêter au même niveau que les voitures. Certaines communes passent outre (en général par méconnaissance des règles) ponctuellement (Paris) ou systématiquement, mais pas le conseil général des Hauts-de-Seine qui vient de retoquer les demandes de création de sas vélo sur les voies départementales à Courbevoie. Puisque toutes les voies ne sont pas bordées de piste cyclable, ça limite beaucoup la généralisation des sas vélo. Et là où les communes ont quand même fait des sas vélos « non conformes », théoriquement, si le cycliste franchit la ligne au rouge pour aller dans le sas, c’est 90 euros. Beau sujet à ajouter aux réflexions du code de la rue... Pierre Toulouse et Kiki Lambert, MDB > Une précision apportée par Pierre Solviche « Pas de sas si pas de bande cyclable » ? Le guide du CERTU (carrefours urbains,1999, p.151 ) précise « Tourneà-gauche par sas : il peut s’appliquer qu’il y ait ou non bande cyclable ». Et la « signalisation des aménagements et des itinéraires cyclables » (2004) ajoute page 32 : « En cas d’absence de bande cyclable à l’approche des feux, on interrompra la ligne d’effet des feux sur quelques centimètres (sans doute décimètres !) pour laisser les usagers des deux roues pénétrer dans le sas. L’IISR (art.118) prévoit de créer un accès sur une longueur d’une dizaine de mètres (marquage T3 5u) accompagné d’une figurine vélo et d’une flèche ». Le terme « deux roues » laisse entendre, hélas, que les deux roues motorisées peuvent y avoir accès ! Vélocité n° 89 • février 2007