Pierre B oulez - Médiathèque de la Cité de la musique

Transcription

Pierre B oulez - Médiathèque de la Cité de la musique
Philippe Manoury
Sound and Fury
Jonathan Harvey
Speakings*
entracte
Arnold Schönberg
Erwartung
Lucerne Festival Academy Orchestra
Pierre Boulez, direction
Clement Power, direction*
Deborah Polaski, soprano
Gilbert Nouno, Arshia Cont, réalisation informatique musicale Ircam
Thomas Goepfer, Gilbert Nouno, régie informatique musicale Ircam
Sylvain Cadars, Jérémie Henrot, ingénieurs du son Ircam
En partenariat avec l’Ircam-Centre Pompidou.
Ce concert est surtitré.
Enregistré par France Musique, ce concert sera retransmis le 8 octobre à 20h dans Les Lundis de la contemporaine.
Avec l’aimable accord de Deutsche Grammophon.
Fin du concert vers 18h10.
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Lucerne Festival Academy Orchestra | Pierre Boulez | Dimanche 9 septembre 2012
DIMANCHE 9 SEPTEMBRE – 16H
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DIMANCHE 9 septembre
Philippe Manoury (1952)
Sound and Fury pour orchestre de cent neuf musiciens
Date de composition : 7 juin 1998 - 25 janvier 1999.
Commande de l’Orchestre symphonique de Chicago et l’Orchestre de Cleveland pour le 75e anniversaire de Pierre Boulez.
Création : 3 décembre 1999, États-Unis, Chicago, par le Chicago Symphony Orchestra, direction : Pierre Boulez.
Effectif : 4 flûtes (aussi 2 flûtes piccolo), 4 hautbois (aussi 1 cor anglais), 4 clarinettes (aussi 1 clarinette basse),
4 bassons (aussi 1 contrebasson), 8 cors, 6 trompettes, 6 trombones, tuba, 5 percussionnistes, 2 harpes, piano,
16 violons, 16 violons II, 12 alto, 12 violoncelles, 8 contrebasses
Edition : Durand, nº 1502 (S).
Durée : environ 30 minutes.
Sound and Fury, fait référence au roman de Faulkner par sa structure mais aussi par le côté
évocateur de son titre. Chez Faulkner, une histoire récurrente intervient par bribes suivant
les différents types de narrateurs mais les éléments de cette histoire ne sont pas présentés
de façon chronologique. Ma composition reprend cette récurrence car il s’agit de la
répétition d’une même succession de séquences dont certaines se trouvent amplifiées ou
diminuées suivant le cas. La non-chronologie est totalement ancrée dans le principe même
de la composition de cette œuvre. Les différentes sections n’ont pas été composées dans
leur ordre d’apparition. Certaines sections, qui pourraient faire office de développement,
se trouvent fréquemment présentées avant l’exposition de leur matériau.
L’autre élément est le titre lui-même et, en particulier, la particule and que je prends ici
dans son acception temporelle, c’est-à-dire reliant deux mots dont l’ordre de présentation
n’est pas sans importance : d’abord sound ensuite, fury. L’œuvre évolue ainsi dans une
progression se dirigeant vers des structures de plus en plus violentes, pulsionnelles,
pleines de fureur, caractérisées par des moments de saturation musicale de plus en
plus « sauvages ». Cette violence recherchée est cependant, comme toujours chez moi,
totalement organisée, que ce soit à partir d’une excroissance ou d’une prolifération de
données de base très structurées, ou bien de l’irruption soudaine d’un élément que rien ne
laissait prévoir dans un contexte donné. C’est, je l’espère, une violence composée.
L’orchestre, très important, est scindé en deux groupes : deux orchestres à cordes et
deux orchestres de cuivres sont distribués à droite et à gauche. La petite harmonie, les
percussions, les harpes et le piano se trouvent en position frontale. De nombreux éléments
de symétrie spatiale parcourent l’œuvre de par la disposition même des instruments.
Philippe Manoury
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Jonathan Harvey (1939)
Speakings pour orchestre et électronique
Date de composition : 2008.
Commande : BBC Glasgow, Ircam-Centre Pompidou, Radio France.
Éditeur : Faber Music, Londres.
Dédicace : à Ilan Volkov, au BBC Scottish Symphony Orchestra et à Frank Madlener.
Création : 19 août 2008, Londres, Royal Albert Hall, Proms de la BBC, par l’Orchestre symphonique
de la BBC, direction : Ilan Volkov.
Effectif : 3 flûtes, 3 hautbois, 3 clarinettes, 2 bassons, 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, tuba, 4 percussionnistes,
harpe, piano, célesta, clavier électronique/MIDI/synthétiseur, 14 violons, 12 violons II, 10 altos, 8 violoncelles,
6 contrebasses.
Information sur le studio : Ircam.
Réalisateurs en informatique musicale : Gilbert Nouno, Arshia Cont.
Durée : environ 25 minutes.
Il s’agit du troisième volet de ma trilogie relative à la purification bouddhiste du corps, de
l’esprit et de la parole. Langage et musique sont très proches et en même temps éloignés.
Dans Speakings, j’ai voulu réunir la musique orchestrale et la parole humaine. C’est comme
si l’orchestre apprenait à parler, comme un bébé avec sa maman, comme le premier
homme, ou comme entendre une langue très expressive que l’on ne comprend pas. Les
rythmes et les intonations émotionnelles de la parole sont formés par la sémantique, mais
par dessus tout, ils sont formés par des sentiments – à cet égard, ils se rapprochent du
chant. Dans la mythologie bouddhiste d’Inde, il y a une notion de langage originel et pur,
prenant la forme de mantras – moitié chant, moitié parole. On dit que le « OM-AH-HUM »
est le berceau de tout langage. Le discours orchestral, lui-même touché par les structures
du langage, est formé de façon « électroacoustique » par des « bribes de paroles »
provenant d’enregistrements pris au hasard.
Les formes spectrales des voyelles et des consonnes vacillent dans des rythmes rapides et
colorés du langage à travers les textures orchestrales. Un « vocodeur de la forme spectrale »
tire avantage des complexités fascinantes du langage : telle est l’idée principale de cette
œuvre. Le premier mouvement est comme une incarnation, une descente dans la vie
humaine. Le deuxième s’intéresse aux jacasseries frénétiques de la vie humaine dans toutes
ses expressions de domination, d’assertion, de peur, d’amour, etc. Il développe Sprechgesang,
œuvre pour hautbois et ensemble, composée précédemment. Il se transforme jusqu’à
devenir « mantra » et célèbre ainsi le langage rituel. Le mantra est orchestré et traité par
un « vocodeur de la forme spectrale ». Le troisième est, comme le premier, plus court.
Ici le langage est plus calme ; il se conjugue à une musique harmonieuse, un hymne proche
du chant grégorien. Il y a souvent une seule ligne monodique qui se réverbère dans un
grand espace acoustique. Il y a une petite division de ligne contre ligne, ou la musique contre
l’auditeur, lorsque la réverbération élimine le sens de la séparation entre l’auditeur et l’objet
musical. Le paradis du Temple de l’écoute est imaginé. Les mouvements sont joués en continu.
Jonathan Harvey
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Arnold Schönberg (1874-1951)
Erwartung, monodrame en un acte pour soprano et orchestre, op. 17
Date de composition : 27 août - 12 septembre 1909.
Création : 6 juin 1924, Prague, Neues Deutsches Theater, direction : Alexander Zemlinsky ; Marie Gutheil-Schoder, soprano.
Effectif : 4 flûtes, 3 hautbois, cor anglais, 4 clarinettes, clarinette basse, 3 bassons, contrebasson, 4 cors,
3 trompettes, 4 trombones, tuba, percussions, harpe, piano, célesta, Glockenspiel, xylophone, 16 violons 1,
14 violons 2, 10-12altos, 10-12 violoncelles, 8-10 contrebasses.
Éditeur : Universal Edition.
Durée : environ 30 minutes.
« Toute recherche tendant à produire un effet traditionnel reste plus ou moins marqué par
l’intervention de la conscience. Mais l’art appartient à l’inconscient ! C’est soi-même que
l’on doit exprimer ! S’exprimer directement ! Non pas exprimer son goût, son éducation, son
intelligence, ce que l’on sait, ou ce que l’on sait faire. […] Seule l’élaboration inconsciente de
la forme, qui se traduit pas l’équation : forme = manifestation de la forme, permet de créer
de véritables formes. » (Arnold Schönberg à Vassili Kandinsky, lettre du 24 janvier 1911).
Cette référence à l’inconscient s’applique particulièrement bien au monodrame Erwartung
composé par Schönberg deux ans auparavant, sur un texte d’une jeune poète docteur en
médecine, Marie Pappenheim (1882-1966).
En 1906, Karl Kraus avait publié quelques poèmes de la jeune femme dans sa revue Die
Fackel (Le Flambeau) et c’est par l’intermédiaire de l’entourage de Kraus que Schönberg
fit la connaissance de Marie Pappenheim. Dans le contexte viennois des travaux de Freud
et Breuer sur l’hystérie publiés en 1895 (Studien über Hysterie) paraît en 1905 l’article
de Freud consacré au Cas Dora (Fragment d’une analyse d’un cas d’hystérie), dont Marie
Pappenheim – qui allait épouser le psychiatre Hermann von Frischauf – pourrait très bien
avoir eu connaissance.
L’attente évoquée par le titre est celle de la découverte par la femme – unique personnage
de ce monodrame – du cadavre de son amant dans la forêt. Impossible d’occulter la
référence à la récente expérience de Schoenberg dont l’épouse Mathilde, sœur de
Zemlinsky, avait eu une liaison avec le peintre Gerstl qui se suicida quand elle résolut de
rejoindre son mari. Mais la dramaturgie renonce à tout réalisme pour recourir à la logique
irrationnelle de l’inconscient qui confère une temporalité spécifique à l’œuvre : « Dans
Erwartung, écrit Schoenberg (Le Syle et l’Idée), je me suis proposé de représenter à loisir
ce qui peut se produire dans une unique seconde de la plus intense émotion et mon œuvre
s’étend sur une demi-heure ». L’auditeur expérimente l’extrême dilation de cet instant, qui,
conjugué à l’exacerbation de l’expression, produit une esthétique expressionniste.
Les quatre scènes d’inégales longueurs – la quatrième étant beaucoup plus développée –
campent différents état psychiques de la femme, assaillie par le souvenir de son amant et
du jardin de leurs rencontres.
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La première se situe à l’orée d’une forêt éclairée par la lune et s’achève quand elle décide
d’y pénétrer, aidée par la musique : « Je vais chanter, alors il m’entendra ». La seconde la
montre au cœur de la forêt, en proie à diverses hallucinations, jusqu’à ce qu’elle bute sur
ce qui s’avère n’être qu’un tronc. Les hallucinations se poursuivent dans la troisième scène,
jusqu’à générer cet appel : « Bien aimé, mon bien aimé, aide-moi ». La quatrième scène
donne à voir une maison devant laquelle se fait la macabre découverte. S’ensuit un long
monologue au cours duquel la confrontation au cadavre fait renaître les souvenirs précis
de sa trahison, de la jalousie, pour finir sur le constat d’une solitude infinie.
La musique d’Erwartung, écrite après les Cinq Pièces pour orchestre op. 16, fut perçue
comme à la fois athématique et discontinue, la formulation d’Adorno dans Philosophie
de la nouvelle musique ayant fait date : « l’enregistrement sismographique des chocs
traumatiques devient en même temps la loi technique de la forme musicale, qui interdit
continuité et développement. Le langage musical se polarise vers les extrêmes : et vers
les gestes saccadés pour ainsi dire, des convulsions corporelles, et vers l’immobilisation
hagarde de celui que l’angoisse engourdit. »
Cependant, l’œuvre obéit à une triple logique mélodique, harmonique et rythmique.
Adorno avait relevé la citation par Schoenberg de son Lied op. 6 n° 6 « Am Wegrand »
(Sur le bord du chemin) qui survient quelques mesures avant le texte « Tausend Menschen
ziehen vorüber » (Mille êtres passent), directement emprunté au lied. Sur ces mots, le
motif mélodique initial de l’op. 6 n° 6 se retrouve transposé aux bassons et à la clarinette
basse, tandis que le motif chromatique secondaire ( à l’origine sur « Sehnsucht erfüllt die
Bezirke des Lebens » : la nostalgie emplit les territoires de la vie) s’y superpose aux trois
clarinettes. La clé herméneutique est double qui souligne la thématique littéraire de la
solitude tout en se référant musicalement à des éléments du langage tonal (le lied étant
nettement ancré en ré mineur) dans un contexte atonal. Elle met également en évidence
la fonction structurale des motifs, à l’œuvre dès la cellule mélodique initiale d’Erwartung
(do dièse – si – do bécarre). Enfin, rythmiquement, les ostinati fonctionnent à l’échelle
de courtes séquences tout en soulignant l’articulation entre les scènes au sein de brefs
interludes.
Composée en 1909, Erwartung ne fut créé qu’en 1924 à Prague sous la direction de
Zemlinsky, aux côtés de L’Heure espagnole de Ravel. La presse fut saisie par cette œuvre
qui apparut comme une révolution esthétique au sein du genre opéra : du cri « Hilfe ! »,
apogée de la scène 4, au geste final chromatique d’un orchestre imposant.
Lucie Kayas
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BIOGRAPHIES DES COMPOSITEURS
et les nouvelles technologies liées à
l’informatique musicale. De ces travaux
Philippe Manoury
naîtra un cycle de pièces interactives
Né en 1952 à Tulle (France), Philippe
pour différents instruments, Sonvs ex
Manoury commence la musique vers
machina, comprenant Jupiter, Pluton, La
l’âge de 9 ans. Au cours de ses études
Partition du Ciel et de l’Enfer et Neptune.
de piano avec Pierre Sancan, il montre
De 1983 à 1987, Philippe Manoury est
ses premières compositions à Gérard
responsable de la pédagogie au sein
Condé, qui le présente à Max Deutsch,
de l’Ensemble intercontemporain.
élève d’Arnold Schönberg à Vienne
De 1987 à 1997, il est professeur de
au début du XXe siècle. Il suit ses
composition et de musique électronique
cours à l’École Normale de Musique
au Conservatoire national supérieur de
de Paris où il travaille également
musique et de danse de Lyon. De 1995
l’harmonie et le contrepoint. Il étudie
à 2001, il est compositeur en résidence
parallèlement l’écriture avec Philippe
à l’Orchestre de Paris. De 1998 à
Drogoz, ainsi que l’analyse musicale
2000, il est responsable de l’Académie
avec Yves-Marie Pasquet. Il poursuit
Européenne de Musique du Festival
ses études au Conservatoire de Paris
d’Aix-en-Provence. Il a également animé
(CNSMDP), où il emporte un premier
de nombreux séminaires de composition
prix de composition dans la classe
en France et à l’étranger (États-Unis,
d’Ivo Malec et de Michel Philippot, et
Japon, Finlande, Suède, République
un premier prix d’analyse chez Claude
Tchèque, Canada). Entre 2001 et 2003,
Ballif. Depuis l’âge de 19 ans, Philippe
Philippe Manoury est compositeur en
Manoury participe régulièrement aux
résidence à la Scène nationale d’Orléans.
principaux festivals et concerts de
Il vient d’achever une résidence de
musique contemporaine (Royan, La
trois mois à Kyoto, où il s’est initié aux
Rochelle, Donaueschingen, Londres…),
musiques traditionnelles japonaises.
mais c’est la création de Cryptophonos
Philippe Manoury a obtenu le Grand
par le pianiste Claude Helffer au Festival Prix de composition de la Ville de Paris
de Metz qui le fera connaître du public.
1998. La Sacem lui a décerné le Prix
En 1978, il s’installe au Brésil et y donne de la musique de chambre en 1976, le
des cours et des conférences sur la
Prix de la meilleure réalisation musicale
musique contemporaine dans différentes pour Jupiter en 1988 et le Grand Prix
universités (São Paulo, Brasilia, Rio
de la musique symphonique en 1999.
de Janeiro, Salvador). En 1981, de
Son opéra K… s’est vu décerner en
retour en France, il est invité à l’Ircam
2001 le Grand Prix de la SACD, le Prix
en qualité de chercheur. Depuis cette
de la critique musicale et, en 2002, le
époque, il ne cessera de participer, en
Prix Pierre Ier de Monaco. Parmi ses
tant que compositeur ou professeur, aux récentes créations, on peut citer Terra
activités de cet institut. Il y développe,
Ignota (pour piano et orchestre, créé
en collaboration avec le mathématicien
en février 2008 à Paris), Partita I (pour
Miller Puckette, des recherches dans
alto et électronique, 2007), Synapse
le domaine de l’interaction en temps
(concerto pour violon et orchestre,
réel entre les instruments acoustiques
2009), ainsi que deux quatuors à
cordes, Stringendo (2010) et Tensio
(quatuor avec électronique, 2010),
Echo-daimónon (concerto pour piano,
électronique et orchestre commandé par
l’Orchestre de Paris et créé en juin 2012
à Paris. Il prépare une nouvelle œuvre
scénique et musicale, sans chanteurs,
pour l’Opéra Comique avec Jérôme
Deschamps. Depuis l’automne 2004,
Philippe Manoury partage son temps
entre l’Europe et les États-Unis, où il
enseigne la composition à l’Université de
Californie de San Diego. Les œuvres de
Philippe Manoury sont publiées au sein
du groupe Universal par les
Éditions Durand. L’ensemble de ses
écrits est disponible sur son blog
philippemanoury.com.
Jonathan Harvey
Né dans le Warwickshire (Angleterre)
en 1939, Jonathan Harvey est choriste
au St. Michael’s College de Tenbury puis
étudie la musique au St. John’s College
de Cambridge. Docteur des universités
de Glasgow et de Cambridge, il étudie,
sur le conseil de Benjamin Britten,
la composition auprès d’Erwin Stein
et d’Hans Keller, tous deux élèves de
Schönberg. Il se familiarise ainsi avec la
technique dodécaphonique. De 1969 à
1970, il est Harkness Fellow à l’université
de Princeton où sa rencontre avec Milton
Babbitt influence considérablement
son travail. Les nouvelles technologies,
pourtant encore balbutiantes à
l’époque, l’ouvrent à une dimension
compositionnelle d’avant-garde :
l’exploration du son. Sa rencontre avec
Stockhausen est également décisive
car elle le guide dans son apprentissage
des techniques de studio. Leurs idées
convergent sur le fait que les techniques
électroniques permettent de transcender
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les limites physiques des sources sonores
traditionnelles. Ces compositeurs
sont tous deux en recherche d’un
rapprochement entre le rationnel et
le mystique, le scientifique et l’intuitif.
En 1975, Jonathan Harvey publie un
ouvrage sur l’œuvre de Stockhausen. Au
début des années 1980, Pierre Boulez
invite Jonathan Harvey à travailler à
l’Ircam ; il y réalise notamment Mortuos
Plango, Vivis Voco (pour bande), Bhakti
(pour ensemble et électronique), Advaya
(pour violoncelle et électronique) et
Quatuor à cordes n° 4 (avec électronique
live). Il se familiarise également avec
le courant spectral qu’il considère
comme déterminant pour l’évolution
de la musique d’aujourd’hui. En outre,
le son électronique lui apparaît comme
une ouverture vers les dimensions
transcendantales et spirituelles.
L’œuvre de Jonathan Harvey couvre
tous les genres : musique pour chœur
a capella, grand orchestre (Tranquil
Abiding, White as Jasmine et Madonna
of Winter and Spring), orchestre de
chambre (Quatuors à cordes, Soleil
noir / Chitra et Death of Light, Light
of Death), ensemble, et instrument
soliste. Il est considéré comme l’un des
compositeurs les plus imaginatifs de
musique électroacoustique. Son premier
opéra, Passion and Resurrection (1981),
inspire le tournage d’un documentaire
pour la BBC (The Challenge of the
Passion) ; le second, Inquest of Love,
commandé par l’English National
Opera, est créé sous la direction de
Mark Elder en 1993 ; le troisième,
Wagner Dream, commandé par le De
Nederlandse Opera, le Grand Théâtre
de Luxembourg, le Holland Festival et
l’Ircam, est créé en 2007. De 2005 à
2008, Jonathan Harvey est en résidence
à l’Orchestre symphonique écossais
de la BBC où il crée Body Mandala, …
towards a pure land et surtout Speakings
en 2008 (commandée par l’Orchestre
symphonique écossais de la BBC, l’Ircam
et Radio France). Jonathan Harvey reçoit
des commandes du monde entier et est
l’un des compositeurs d’aujourd’hui les
plus fréquemment programmés. Ses
pièces sont interprétées entre autres
par l’ensemble Modern, l’Ensemble
intercontemporain, l’ensemble Asko,
le Nieuw Ensemble (Amsterdam) et
l’ensemble Ictus (Bruxelles) dans des
festivals comme Musica (Strasbourg),
Ars Musica (Bruxelles), Musica Nova
(Helsinki), Acanthes, Agora, ainsi que
dans de nombreux centres de musique
contemporaine. Près de deux cents
représentations de ses œuvres sont
données ou retransmises chaque année
et environ quatre-vingts enregistrements
sont disponibles sur CD. Jonathan
Harvey est Docteur Honoris Causa des
universités de Southampton, du Sussex,
de Bristol et d’Huddersfield et il est
membre de l’Académie Européenne.
Il publie deux livres en 1999 sur
l’inspiration et sur la spiritualité. L’étude
de son œuvre par Arnold Whittall paraît
chez Faber & Faber (et, en français, aux
Editions Ircam) la même année. Deux ans
plus tard, John Palmer publie une étude
substantielle, Jonathan Harvey’s Bhakti,
aux éditions Edwin Mellen Press. De 1977
à 1993, Jonathan Harvey est professeur
de musique à l’université du Sussex où il
est actuellement professeur honoraire.
De 1995 à 2000, il enseigne la musique
à l’université de Stanford (États-Unis),
est professeur invité à l’Imperial College
de Londres et membre honoraire du St.
John’s College de Cambridge. Il reçoit
en 1993 le prestigieux prix Britten de
composition, en 2007, le Prix GigaHertz pour l’ensemble de ses œuvres
de musique électronique et Speakings
reçoit le prix Prince Pierre de Monaco. Il
est le premier compositeur britannique
à recevoir le Grand prix Charles Cros.
Entre mai 2009 et mai 2010, l’œuvre de
Jonathan Harvey est célébrée dans le
monde entier, dans le cadre de concerts
et de festival qui lui sont dédiés, par de
nouveaux enregistrements et portraits.
Le BBC Symphony Orchestra le célèbre
à son tour dans sa série Total Immersion
en janvier 2012.
© Ircam-Centre Pompidou, 2012
Arnold Schönberg
Arnold Schönberg, aîné de trois
enfants, doit quitter le collège à l’âge de
seize ans, à la mort de son père, pour
s’engager dans la vie active. D’abord
apprenti dans une banque jusqu’en
1895, il assumera ensuite diverses
tâches lui permettant de se consacrer
quasi exclusivement à la musique.
Marié en 1901 à Mathilde Zemlinsky
(la sœur du compositeur) dont il aura
deux enfants, il épouse en 1924, un
an après la disparition de celle-ci,
Gertrud Kolisch qui restera à ses côtés
jusqu’à la fin de sa vie. Trois enfants
naîtront dont l’aînée, Nuria, épousera
Luigi Nono en 1955. Hormis quelques
leçons de contrepoint avec Alexander
von Zemlinsky, il apprend et comprend
l’essentiel de l’écriture musicale par la
lecture des grandes œuvres du passé
et dans l’interprétation d’un très vaste
répertoire de musique de chambre,
essentiellement comme violoniste
mais aussi comme violoncelliste. Cette
expérience, qui irriguera toute son
œuvre, alimentera ainsi de nombreuses
démonstrations dans ses grands traités
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(harmonie, composition, esthétique).
Dès 1903, il enseigne l’harmonie et
le contrepoint à Vienne (école privée
d’Eugénie Schwarzwald) ; l’activité de
professeur restera au cœur de toute son
existence, de Berlin (1926, à l’Académie
des Arts) à Los Angeles (UCLA jusqu’en
1944) et se prolongera à travers des
cours privés. Longtemps après les
premiers élèves Anton Webern et Alban
Berg (1904), avec lesquels se forme ce
que l’histoire retiendra sous le nom de
Seconde école de Vienne, de nombreux
autres créateurs suivront ses cours,
dont Hanns Eisler (1919) et John Cage
en 1935 lors de séminaires d’été. Sa
conscience aiguë de la nécessité de
transmettre un savoir se concrétise, sur
un plan strictement artistique, dans la
fondation de la Société d’Exécutions
Musicales Privées (1918-1921) dont les
activités furent suspendues pour des
raisons essentiellement financières.
En 1903, il rencontre Mahler à Vienne ;
revenant sur les réserves qu’il avait
formulées jusqu’alors sur l’œuvre de
ce dernier, Schönberg lui vouera une
admiration indéfectible après avoir
entendu la Troisième Symphonie. Le
départ de Mahler pour les États-Unis,
en 1907, coïncide curieusement avec les
premiers pas dans la grande traversée
des années 1907-1909 où la musique
tonale basculera alors irréversiblement
vers l’inconnu par la dissolution des
fonctions classiques de l’harmonie
d’abord, puis, ce qui est plus crucial
encore, celle des repères thématiques :
Deuxième Quatuor à cordes, Pièces pour
piano op. 11, Livre des Jardins suspendus op. 15, Pièces pour orchestre op. 16,
monodrame Erwartung op. 17… Lors
de son séjour premier à Berlin (1901),
Schönberg rencontre Richard Strauss
dont l’influence marque le poème
symphonique Pelléas et Mélisande op. 5 ;
le second (1911) le fera croiser Ferruccio
Busoni – défenseur de la nouvelle
musique avec qui les rapports sont
plutôt bons – mais c’est avec Kandinsky
(rencontré à Munich) qu’il échangera
une longue et précieuse correspondance
(1911-1936). Après les turbulences et leur
relative accalmie (Pierrot lunaire op. 21,
Quatre chants op. 22) la période 19151923 voit un certain repli de l’invention
au profit de multiples transcriptions
mais surtout, et en même temps que
la réflexion sur la future composition
avec douze sons, l’essor d’une profonde
pensée religieuse qui gouvernera la
création à venir depuis l’immense
oratorio inachevé L’Echelle de Jacob
(1916) jusqu’aux Psaumes des dernières
années, en passant par Moïse et Aaron
(1932) et Kol Nidre (1938). L’adoption
de la technique sérielle (1923) s’inscrit
ainsi à la fois dans la perspective d’un
authentique classicisme et dans celle
d’une vision proprement messianique du
rôle du créateur qui domine largement
la pure question de la syntaxe à laquelle
Schoenberg se verra si fréquemment
confiné. L’année 1933 est décisive :
reconversion au judaïsme (à Paris,
le 25 octobre) abandonné en 1898 et
départ définitif pour les USA (Boston
puis, pour raisons de santé, la côte
ouest) ; s’il américanise aussitôt
l’orthographe de son nom (le ö devient
oe) et écrit dorénavant directement en
anglais, il ne deviendra citoyen américain
que le 11 avril 1941. Jusqu’à la fin, ce
sera le temps des relations fécondes,
conflictuelles parfois, (avec Alma MahlerWerfel, Thomas Mann, Berthold Brecht,
Hanns Eisler et… Theodor W. Adorno
dont les écrits et le rôle dans la brouille
avec Thomas Mann à propos du Docteur
Faustus furent source de rapports
orageux). Quant au voisin Igor Stravinski,
la relation de respect mutuel reste
limitée aux propos que chacun s’adresse
par l’intermédiaire dévoué du chef
d’orchestre et secrétaire de Stravinski,
Robert Craft. Au repli de l’invention de
1933 – essentiellement centrée sur des
travaux didactiques (canons) – succèdent
les années d’épanouissement du style
où parmi les puissantes œuvres tardives,
certaines laissent affleurer l’idée de
compatibilité avec un type nouveau
de tonalité (Deuxième Symphonie
de chambre op. 38, Ode à Napoléon
op. 41, etc.). Trop fatigué par de lourds
et fréquents problèmes de santé,
Schoenberg ne peut se rendre en 1949 à
Darmstadt où commence à s’élaborer la
postérité du courant qu’il avait lui-même
porté si haut.
© Ircam-Centre Pompidou, 2009
BIOGRAPHIES DES INTERPRÈTES
Pierre Boulez
Né en 1925 à Montbrison (Loire),
Pierre Boulez suit les cours d’harmonie
d’Olivier Messiaen au Conservatoire de
Paris. Nommé directeur de la musique
de scène à la Compagnie RenaudBarrault en 1946, il compose la même
année la Sonatine pour flûte et piano,
la Première Sonate pour piano, et la
première version du Visage nuptial
pour soprano, alto et orchestre de
chambre, sur des poèmes de René Char.
Soucieux de la diffusion de la musique
contemporaine et de l’évolution des
rapports du public et de la création,
Pierre Boulez, tout à la fois compositeur,
analyste et chef d’orchestre, fonde en
9
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1954 les concerts du Domaine musical
(qu’il dirige jusqu’en 1967), puis l’Ircam
en 1975 et l’Ensemble intercontemporain
en 1977. Il est nommé chef permanent du
BBC Symphony Orchestra à Londres en
1971. En 1969, il dirige pour la première
fois l’Orchestre philharmonique de New
York, dont il assure la direction de 1971
à 1977, succédant à Leonard Bernstein.
En 1976, Pierre Boulez est invité à diriger
La Tétralogie de Wagner à Bayreuth,
dans une mise en scène de Patrice
Chéreau, pour la commémoration du
centenaire du Ring. Il dirigera cette
production cinq années de suite.
Son œuvre Répons, pour ensemble
instrumental et ordinateur en temps réel,
a été créée dans sa quatrième version
lors du Festival d’Avignon en 1988. À
la fin de l’année 1991, il abandonne
ses fonctions de directeur de l’Ircam,
tout en restant directeur honoraire.
Professeur au Collège de France, Pierre
Boulez est l’auteur de nombreux écrits
sur la musique et d’une imposante
discographie. Pierre Boulez est un
artiste exclusif Deutsche Grammophon.
www.deutschegrammophon.com
Clement Power
Le jeune chef d’orchestre britannique
Clement Power possède une grande
expérience à la tête de certains des plus
importants orchestres et ensembles
de musique contemporaine. Il a
récemment travaillé avec le London
Philharmonic Orchestra, le Philharmonia
Orchestra, le Klangforum de Vienne,
l’Ensemble intercontemporain et le
Birmingham Contemporary Music
Group. Il a également dirigé le BBC
Scottish Symphony Orchestra ou
l’Orchestre Symphonique de la NHK
de Tokyo avec des diffusions sur BBC
Radio 3, ORF 1, France Musique, NHK...
Clement Power a été invité par de
nombreux festivals internationaux
comme le festival Agora de l’Ircam
(Paris), Musikprotokoll (Graz), Suntory
Summer Music Festival (Suntory Hall,
Tokyo), Forum Universal de las Culturas
(Monterrey), Ars Musica (Bruxelles),
Huddersfield Contemporary Music
Festival, Contempuls (Prague), SacrumProfanum Festival (Cracovie), Festival
de Flandres-Brabant (Louvain), et Rainy
Days (Philharmonie, Luxembourg).
Il a dirigé la création mondiale de
Hypermusic Prologue, l’opéra de Hèctor
Parra au Centre Pompidou (Paris) et
au Teatre del Liceu (Barcelone). Né
à Londres en 1980, Clement Power a
étudié à la Cambridge University et
au Royal College of Music de Londres.
De 2005 à 2006, il a été assistant au
London Philharmonic Orchestra. Depuis,
il est invité chaque année par le LPO
pour diriger des ateliers et des concerts
consacrés aux jeunes compositeurs.
De 2006 à 2008, il a été assistant à
l’Ensemble intercontemporain. Dans les
mois à venir, Clement Power se produira
avec le Klangforum de Vienne, le
Birmingham Contemporary Music Group,
le London Philharmonic et avec le New
London Chamber Choir. Il fera ses débuts
avec l’orchestre de chambre Avanti!
en Finlande, l’ensemble Contrechamps
en Suisse, l’Ensemble musikFabrik en
Allemagne. Il sera en résidence au
festival Impuls en Autriche. En 2011,
Clement Power a travaillé avec Pierre
Boulez pendant l’Académie du Festival de
Lucerne. Il y revient cette année en tant
qu’assistant de Pierre Boulez. Dans ce
cadre, il dirigera Speakings de Jonathan
Harvey. Par ailleurs, il dirigera Le Retable
de Maître Pierre de De Falla dans la
programmation générale du festival. Son
premier CD, consacré au compositeur
Hèctor Parra, a été enregistré avec
l’Ensemble intercontemporain dans la
collection Sirènes.
Deborah Polaski
Grâce à son interprétation de Brünnhilde
dans la production du Ring mise en scène
par Harry Kupfer à Bayreuth en 1988,
Deborah Polaski s’est imposée au niveau
international comme l’une des grandes
sopranos dramatiques de l’histoire de
l’opéra. En un siècle, personne n’avait
autant qu’elle interprété ce rôle. Après
des études aux États-Unis, elle s’est
produite à Milan, Munich, Berlin et sur
d’autres scènes plus modestes. Par la
suite, elle a été invitée par toutes les
grandes maisons d’opéra du monde :
Vienne, Paris, Londres, Berlin (Staatsoper
et Deutsche Oper), New York, Sydney,
Milan, Florence, Barcelone, Madrid,
Dresde, Leipzig, Munich, Hambourg,
Cologne ainsi qu’au Festival de Salzbourg
et au Festival de Pâques de cette même
ville. Hormis Brünnhilde, son répertoire
comprend d’autres grands rôles
wagnériens : Senta (Le Vaisseau fantôme)
dans lequel elle a débuté en 1976, Vénus
(Tannhäuser), Ortrud (Lohengrin),
Sieglinde (La Walkyrie), Kundry (Parsifal)
et plus encore Isolde (Tristan et Isolde),
rôle qui lui a valu la célébrité pour la
première fois à Freiburg en 1984, puis
à Stuttgart, Amsterdam, Dresde suivi
de Salzbourg et Tokyo (pour ces deux
occasions sous la direction d’Abbado),
Florence (Mehta), Berlin (Barenboim),
Barcelone (de Billy), Hambourg (Young)
ou encore Vienne (Welser-Möst).
S’y ajoutent les rôles principaux des
opéras de Strauss, comme Ariane ou la
Teinturière (La Femme sans ombre). Mais
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DIMANCHE 9 septembre
par-dessus tout, c’est son Elektra qui fait
date dans l’histoire de l’opéra ; elle a en
effet créé ce rôle près de deux cents fois
à travers le monde, ceci avec les meilleurs
chefs et metteurs en scène actuels. Son
répertoire comprend également Marie
dans Wozzeck et Léonore dans Fidelio.
Après ses adieux au Festival de Bayreuth
en 1998, elle s’est lancée avec méthode
à la conquête d’un nouveau répertoire :
Kostelnicka dans Jenufa (New York,
Munich et Madrid), Cassandre et Didon
dans Les Troyens (Festival de Salzbourg
et Opéra de Paris), ainsi qu’Ariane dans
Ariane et Barbe-Bleue de Paul Dukas
(2006) et la Femme dans Erwartung de
Schœnberg (Leipzig et Prague en 2008,
Hambourg et New York en 2010, Madrid
en 2011 et Amsterdam en 2012). Ceci a
été suivi d’autres débuts, ainsi lors de
la saison 2010-2011 avec Madame de
Croissy (Le Dialogues des Carmélites
de Poulenc au Theater an der Wien de
Vienne dirigé par Bertrand de Billy) et la
Kabanicha (Katia Kabanova de Janaceck
à la Wiener Staatsoper sous la baguette
de Franz Welser-Möst). En avril 2012,
elle a également débuté dans le rôle de
la comtesse von Geschwitz au sein de la
production de Lulu de Berg mise en scène
par Andrea Breth et dirigée par Daniel
Barenboim à la Deutsche Staatsoper
de Berlin. Parallèlement à son travail
dans le domaine de l’opéra, Deborah
Polaski se produit régulièrement dans les
meilleures salles de concert du monde,
avec des orchestres tels que le New York
Philharmonic Orchestra (sous la direction
de Maazel) et le Berliner Philharmoniker
(Abbado) ainsi qu’avec nombre de chefs
dont Mehta, Levine, Bychkov, de Billy,
Petrenko, Luisi, Prêtre et Simone Young.
Elle collabore depuis de nombreuses
années avec Daniel Barenboim, lequel
l’a également accompagnée en tant
que pianiste pour un récital à Berlin.
Ses projets comprennent la Princesse
dans Suor Angelica de Puccini et la Mère
dans Il Prigioniero de Luigi Dallapiccola au
Teatro Real de Madrid à l’automne 2012.
Lors des saisons suivantes elle débutera
également dans le rôle de la Nourrice
(La Femme sans ombre) et dans celui de
Mrs. Grose (Le Tour d’écrou de Britten).
Elle incarnera Ortrud dans une nouvelle
production de Lohengrin au Teatro Real
de Madrid et reprendra le rôle de Madame
de Croissy du Dialogues des Carmélites
au Covent Garden de Londres. L’essentiel
du répertoire de Deborah Polaski est
disponible en enregistrement CD et/ou
DVD. Très demandée depuis plusieurs
années comme coach vocal, elle s’est
vu décerner le titre de Österreichische
Kammersängerin en 2003 ainsi qu’un
doctorat honorifique de l’Université de
Cincinnati en 2010.
Thomas Goepfer
De 2000 à 2004, Thomas Goepfer
poursuit des études de flûte et de
recherche appliquée à l’électroacoustique
et à l’informatique musicale au CNSMD
de Lyon. Il obtient son prix mention très
bien et se consacre à la recherche et la
création musicale en intégrant l’Ircam
comme réalisateur en informatique
musicale. Depuis, il collabore avec de
nombreux compositeurs, artistes et
plasticiens tels que Ivan Fedele, Gilbert
Amy, Stefano Gervasoni et Cristina
Branco pour Com que voz, l’ensemble
intercontemporain, Hèctor Parra pour
son opéra Hypermusic Prologue, Georgia
Spiropoulos et Médéric Collignon
pour Les Bacchantes, Sarkis pour sa
relecture de Roaratorio de John Cage.
Gilbert Nouno
Gilbert Nouno est compositeur, réalisateur
artistique et chercheur à l’Ircam. Il est
lauréat de la Villa Médicis – Académie
de France à Rome, en 2011, et de la
Villa Kujoyama à Kyoto en 2007. Sa
musique s’inspire des arts visuels et des
technologies numériques dans une forme
ouverte de composition entre écriture et
improvisation. Docteur en informatique
et en intelligence artificielle, il mène des
recherches sur les interactions rythmiques
homme-machine. Son parcours est jalonné
de rencontres d’artistes de styles et de
domaines différents, comme Pierre Boulez,
José Luis Campana, Brian Ferneyhough,
Jonathan Harvey, Michael Jarrell, Michaël
Levinas, Philippe Manoury, Marc Monnet,
Kaija Saariaho, Philippe Schœller, le
collectif de jazz Octurn, le saxophoniste
Steve Coleman, la chorégraphe Susan
Buirge.
Arshia Cont
Arshia Cont est chercheur à l’Ircam et
responsable de l’équipe-projet MuSync,
un projet qui associe l’Ircam, le CNRS et
l’Inria pour l’étude et le développement
des processus synchrones et de temps
réel en informatique musicale. Il est
l’auteur du logiciel Antescofo, lauréat
du prix spécial du jury du magazine La
recherche en 2011. Sa thèse, soutenue
en 2008 conjointement à l’université
de Californie à San Diego et à l’UPMC,
est lauréate du prix Specif/Gilles Kahn
décerné par l’Académie des sciences
en 2009. Depuis 2012, il est directeur
du département Interfaces recherche/
création à l’Ircam qui met en place des
voies nouvelles de médiation entre
recherche scientifique et création
artistique. Il est également réalisateur
en informatique musicale à l’Ircam,
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où il assure la création des œuvres de
Marco Stroppa et Jonathan Harvey
ainsi que la reprise et l’interprétation de
divers répertoires instrumentaux pour
dispositifs informatiques en temps réel.
Ircam
Institut de recherche et coordination
acoustique/musique
L’Institut de recherche et coordination
acoustique/musique est aujourd’hui l’un
des plus grands centres de recherche
publique au monde se consacrant à
la création musicale et à la recherche
scientifique. Lieu unique où convergent
la prospective artistique et l’innovation
scientifique et technologique, l’institut
est dirigé depuis 2006 par Frank
Madlener, et réunit plus de cent soixante
collaborateurs. L’Ircam développe
ses trois axes principaux – création,
recherche, transmission – au cours d’une
saison parisienne, de tournées en France
et à l’étranger et d’un nouveau rendezvous initié en juin 2012, ManiFeste,
qui allie un festival international
et une académie pluridisciplinaire.
Fondé par Pierre Boulez, l’Ircam est
associé au Centre Pompidou sous la
tutelle du ministère de la Culture et
de la Communication. Depuis 1995,
le ministère de la Culture et de la
Communication, l’Ircam et le CNRS
sont associés dans le cadre d’une unité
mixte de recherche STMS (Sciences
et technologies de la musique et du
son - UMR 9912) rejoints, en 2010, par
l’université Pierre et Marie Curie (UPMC).
www.ircam.fr
Régisseur général
Jean-Marc Letang
Régisseurs son
Martin Antiphon, Arnaud de la Celle
Lucerne Festival Academy Orchestra
Direction artistique
Pierre Boulez
Chef d’orchestre assistant
Clement Power
Responsable du management
Dominik Deuber
Organisation
Lea Hinden
Back Office
Bigna Ruppen
Milena Jankovic
Depuis 2004, Pierre Boulez dirige la
Lucerne Festival Academy, qu’il a créée
avec Michael Haefliger, le directeur du
Festival. Environ cent trente jeunes
musiciens talentueux du monde entier se
rassemblent tous les étés à Lucerne pour
travailler des partitions contemporaines
et modernes ; quotidiennement, dans
des répétitions, des ateliers et des
cours, le savoir-faire nécessaire à
l’interprétation des musiques nouvelles
leur sont transmis. Les œuvres qui sont
au programme de cet enseignement
sont ensuite présentées lors de concerts
d’orchestre, d’ensemble et de musique
de chambre. Il s’y ajoute un vaste
programme annexe, qui comprend, outre
des répétitions avec modérateur et
des concerts expliqués/commentés, les
séries «Open Stage» et « Spotlights »
qui offrent aux académiciens une
plateforme pour leurs propres projets
et un palier vers d’autres formes et
styles de musique. Boulez est soutenu
par les professeurs d’instruments de
l’Ensemble intercontemporain et par des
chefs invités comme Jean Deroyer, Peter
Eötvös, Pablo Heras-Casado ou David
Robertson. Mais ce ne sont pas seulement
des instrumentistes qui bénéficient de
cette formation pratique de l’Académie :
cette institution est également une bonne
adresse pour les chefs d’orchestre et les
compositeurs, car il y a chaque année
un « cours de maître de direction » dans
lequel Pierre Boulez et ses compétiteurs
renommés initient les forces de la relève
aux arcanes du métier. Des œuvres sont
en outre régulièrement commandées à de
jeunes compositeurs, par exemple dans
le cadre du « Composer Project ». Au
programme de l’été 2012, par exemple, on
trouvait parallèlement à deux œuvres clés
du début du XXe siècle – le monodrame
Erwartung d’Arnold Schönberg et la
Quatrième Symphonie de Charles Ives –,
des compositions pour orchestre et
ensemble plus récentes, notamment
de Jonathan Harvey, Michael Jarrell et
du « composer in residence » Philippe
Manoury. Pour compléter le tout, des
étudiants de la Lucerne Festival Academy
ont mis sur pied spécialement pour les
jeunes auditeurs, en coopération avec
le Theater Basel et sous la direction
de Clement Power, l’opéra de Manuel
de Falla Les Tréteaux de Maître Pierre.
En automne 2011, après des invitations
à jouer notamment à Essen, Paris
et New York ainsi que dans la ville
japonaise de Mito, la Lucerne Festival
Academy a entrepris avec les membres
de l’Ensemble intercontemporain une
tournée européenne qui les a conduits à
Turin, Milan, Amsterdam, Paris, Munich et
Londres. Le travail de la Lucerne Festival
Academy a notamment fait l’objet du
film documentaire Inheriting the Future,
diffusé en 2010; l’an dernier, un double
CD est sorti avec des œuvres de Mahler,
Stravinski et Webern, sous la direction de
Pierre Boulez.
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DIMANCHE 9 septembre
Violons
Fatima Aaziza (Pologne)
Leah Asher (USA)
Javier Aznarez Maeztu (Espagne)
Gordon Bragg (Angleterre)
Mariano Ceballos (Argentine)
Yumi Cho (Canada)
Sonia Deng (USA)
Amadeo Espina (Argentine)
Lorenzo Gentili-Tedeschi (Italie)
François Girard Garcia (France)
Lisa Goddard (USA)
Sheena Gutierrez (USA)
Maximillian Haft (USA/Belgique)
Paula Hedvall (Suède)
Arusyak Hekimyan (Arménie)
Hiroto Ishi (Japon)
Valeria Ivanova (Russie)
Marina Kifferstein (USA)
Simon Kluth (Allemagne)
Elizaveta Koshkina (Russie)
Kaya Kuwabara (Japon)
Chun-Hsin Lee (Taïwan)
Eun Joo Lee (Corée)
Tsukasa Miyazaki (Japon)
Lachlan O’Donnell (Australie)
Khai Ern Ooi (Malaisie)
Louis Ouvrard (France)
Eleonora Savini (Italie)
Ségolène Saytour (France)
Sakura Tsai (USA)
Justine Vicens (France)
Hanna Wranik (Pologne)
Michiko Yamada (Japon)
Malika Yessetowa (Kazakhstan)
Jeffrey Young (USA)
Altos
Miriam Barfield (USA)
Jeremy Bauman (USA)
Cecilia Bercovich (Espagne)
Federico Carraro (Italie)
Ann Garlid (USA)
Victor Guaita (Espagne)
Isabel Hagen (USA)
Rose Hashimoto (USA)
Danny Lai (USA)
William Lane (Australie)
Anne Lanzilotti (USA)
Hannah Levinson (USA)
Kimi Makino (Japon)
Stefania Pisanu (Italie)
Beatrice Laplante (Canada)
Michael McGowan (USA)
Clarinettes
Selene Framarin (Italie)
Rozenn Le Trionnaire (France)
Ana Maria Santos (Portugal)
Peter Szucs (Hongrie)
Tomonori Takeda (Japon)
Violoncelles
Erik Asgeirsson (Islande/USA)
Eva Boesch (Suisse)
Emily Brausa (USA)
Meaghan Burke (USA)
Un-Mi Han (Corée du Sud)
Seung-Ri Jung (Corée du Sud)
John Popham (USA)
Mariel Roberts (USA)
Julius Tedaldi (USA)
Simon Thompson (Angleterre/Japon)
Caleb Van der Swaagh (USA)
Marie Ythier (France)
Contrebasses
Thibault Back de Surany (France)
Mark Buchner (USA)
Nathaniel Chase (USA)
Andrew Chilcote (USA)
DaeHee Choo (Corée du Sud)
Joe Ferris (USA)
Nicholas Jones (USA)
Adrian Rigopulos (USA)
Will Robbins (USA)
Caleb Salgado (USA)
Flûtes
Julie Brunet-Jailly (France)
Yi-Hsien Liao (Taïwan)
Andrea Loetscher (Suisse)
Doris Nicoletti (Autriche)
Aniela Stoffels (Belgique/Luxembourg)
Hautbois
Claire Chenette (USA)
Juliana Koch (Allemagne)
Bassons
Alfredo Altomare (Italie)
Stephanie Patterson (USA)
Arlette Probst (Suisse)
Christopher Sales (USA)
Cors
Jena Gardner (USA)
Sheryl Hadeka (USA)
Antonio Lagares (Espagne)
Kyusung Lee (Corée du Sud)
Javier Molina Parra (Espagne)
Emily Nagel (USA)
Virginie Resman (France)
Aurélien Tschopp (Suisse)
Trompettes
Matthew Conley (USA)
Clément Formatché (France)
Julián Goldstein (Argentine)
Paul Hübner (Allemagne)
Jonah Levy (USA)
Johann Nardeau (France/Islande)
Kevin Schmid (Suisse)
Trombones/trombones basses
Sebastiano Belfiore (Italie)
Benoît Coutris (France)
Ricardo Molla Albero (Espagne)
Christoph Pimpl (Allemagne)
David Rufer (Suisse)
Johann Stocker (Suisse)
Tuba
Raphaël Martin (France)
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Percussion
Brian Archinal (USA)
Christophe Drelich (France)
Alexandre Esperet (France)
Tomasz Kowalczyk (Pologne)
Julien Mégroz (Suisse)
João Carlos Pacheco (Portugal)
Christian Smith (USA)
Harpes
Chloé Ducray (France)
Esperanza Martin (Espagne)
Pianos
Antoine Alerini (France)
Edward Cohen (Angleterre)
Gilles Grimaître (Suisse)
Imri Talgam (Israël)
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Salle Pleyel | et aussi…
SAMEDI 6 OCTOBRE 2012 - 20H
LUNDI 5 NOVEMBRE 2012 - 20H
DIMANCHE 10 FEVRIER 2013 – 16H
Karol Szymanowski
Symphonie n° 1
Concerto pour violon n° 1
Johannes Brahms
Symphonie n° 1
Steven Stucky
Silent Spring
Jean Sibelius
Concerto pour violon
Anton Dvorák
Symphonie n° 9 « Du nouveau monde »
Ludwig van Beethoven
Egmont, ouverture op. 84
Béla Bartók
Concerto pour piano n° 2
Johannes Brahms
Symphonie n° 2
Pittsburgh Symphony Orchestra
Manfred Honeck, direction
Nikolaj Znaider, violon
National Symphony Orchestra Washington
Christoph Eschenbach, direction
Tzimon Barto, piano
London Symphony Orchestra
Valery Gergiev, direction
Janine Jansen, violon
Avec le soutien de l’Institut Adam Mickiewicz
dans le cadre du Programme Polska Music
et de l’Institut Polonais de Paris.
DIMANCHE 25 NOVEMBRE 2012 – 16H
DIMANCHE 7 OCTOBRE 2012 - 16H
Johannes Brahms
Ouverture tragique
Karol Szymanowski
Symphonie n° 2
Johannes Brahms
Symphonie n° 2
Ludwig van Beethoven
Coriolan, ouverture op. 62
Concerto pour piano n° 3
Joseph Haydn
Symphonie n° 103 « Roulement de
timbales »
Academy of St Martin in the Fields
Murray Perahia, piano, direction
Avec le soutien de l’Institut Adam Mickiewicz
MARDI 4 DECEMBRE 2012 – 20H
dans le cadre du Programme Polska Music
et de l’Institut Polonais de Paris.
Piotr Ilitch Tchaïkovski
Concerto pour violon
Nikolaï Rimski-Korsakov
Shéhérazade
Orchestre National du Capitole de
Toulouse
Tugan Sokhiev, direction
Vadim Gluzman, violon
Salle Pleyel
Président : Laurent Bayle
Notes de programme
Éditeur : Hugues de Saint Simon
Rédacteur en chef : Pascal Huynh
Coproduction Orchestre National du Capitole de
Rédactrice : Gaëlle Plasseraud
Toulouse, Salle Pleyel.
Graphiste : Elza Gibus
Stagiaire : Coline Feler.
Les partenaires média de la Salle Pleyel
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Imprimeur La Galiote-Prenant | Imprimeur BAF | Licences : E.S. n°1-1056849, n°2-1056850, n°3-1056851.
Coproduction Piano****, Salle Pleyel.
London Symphony Orchestra
Valery Gergiev, direction
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World summit of classical music.
LUCERNE FESTIVAL
at the Piano
19 – 25 November 2012
LUCERNE FESTIVAL
at Easter
16 – 24 March 2013
LUCERNE FESTIVAL
in Summer
16 August – 15 September 2013
www.lucernefestival.ch
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