LA FLAMME SOUS L`ARC DE TRIOMPHE FLAMME DE LA NATION

Transcription

LA FLAMME SOUS L`ARC DE TRIOMPHE FLAMME DE LA NATION
LA FLAMME SOUS L’ARC DE TRIOMPHE
FLAMME DE LA NATION
Reconnue d’utilité publique (décret du 10 novembre 1949)
Sous la présidence du général d’armée Bruno DARY
TEXTES LUS LORS DE LA VEILLEE DU 11 NOVEMBRE 2013
90e ANNIVERSAIRE
Gabriel Boissy, extrait de l’article La Flamme du Souvenir, l’Intransigeant, 13 octobre 1923.
« Paris oubliait son enfant mort […]. Il faut un signe visible […], un rappel qui avertisse les
plus oublieux […].
La nuit, la glorieuse dépouille reste solitaire. Rien ne la garde. Nul ne veille auprès d’elle. Elle
est seule, comme abandonnée.
Pourtant ce serait la nuit qu’on pourrait marquer notre piété de façon plus évidente […]
Pourquoi ne déciderions-nous pas, à l’occasion de cet anniversaire, que désormais, à chaque
crépuscule, une lampe sera allumée sous l’Arc de Triomphe, au-dessus de la demeure
éternelle du Soldat inconnu ? […]
Paris serait-il moins pieux envers Celui qui le sauva de la destruction ? Exilé des glèbes du
front, le Soldat inconnu serait-il entouré de moins d’amour par la grande ville au cœur
ardent ? […]
Les Parisiens voudront que, sous la voûte imposante, au-dessus de la dalle sanctifiée, brille
chaque nuit la Flamme du Souvenir ! »
Gabriel Boissy, L’Illustration, 10 novembre 1923.
« La foule, aussitôt, élevait sa grande voix. L’appel apaisait son obscur désir. Elle approuvait.
Elle adhérait à notre vœu avec une ferveur religieuse si profonde qu’on était impressionné par
la grande réserve d’âme qui, soudain, jaillissait.
Dans les cinémas, dans les trains de banlieue, sur les marchés publics partout où des Français
se trouvaient en contact, l’idée de la Flamme du Souvenir, pour peu qu’une personne y fit
allusion, était aussitôt commentée, exaltée, chacun apportant son souhait particulier sur
quelque détail de la réalisation, mais tous comprenant, avec une sorte de divination, sa
signification la plus intime… »
J-A. Duberc, citant Gabriel Boissy, in Gabriel Boissy et le Tombeau du Soldat inconnu,
Société scientifique et littéraire de Cannes, 1964.
« L’effet de cette animation du symbole jusqu’alors glacé fut immense, profond, universel. Il
se répandit chez toutes les nations blessées par la guerre. Il fit de leur blessure une grandeur
et, plus exactement, il devint le cœur de chacune. Un culte, peu à peu, se constitua dans lequel
toutes communièrent.
Tous les partis comprirent qu’ils trouvaient enfin, dans ce culte, un point d’acceptation
commun, l’abolition de leurs mésententes, un embryon d’harmonie.
Ainsi le Soldat inconnu devint-il « le centre spirituel de la communauté française, le signe
qu’un peuple ne se relève que par l’Unité et, quels que soient les renoncements qu’elle exige
ou la forme qu’elle prenne, ne dure que par Elle. »
Hôtel National des Invalides - Corridor de Lille Bal n°9 - 129, rue de Grenelle - 75007 Paris
Tél. : 01 40 55 93 78 - Fax : 01 40 55 02 05 - Courriel : [email protected]
Général de corps d’armée Jean Combette, Dix-huit ans.
J’avais dix-huit ans en 1944. Les temps étaient sombres, l’ombre du nazisme planait sur la
France, la guerre était partout, le chant des partisans résonnait déjà au fonds de nos cœurs,
mais chaque jour apportait son lot de peines et de morts. Et pourtant nous croyions en
l’avenir, nos regards se tournaient vers des jours meilleurs. Nous croyions en la victoire et
nous nous engagions pour la mériter.
Vous avez dix-huit ans en 2013. Les temps ont changé. Il vous appartient de relever les défis
de votre époque et de vous associer aux forces vives de la Nation pour construire votre avenir.
Le général de Gaulle écrivait dans ses Mémoires d’Espoir : « La France vient du fond des
âges, elle vit, les siècles l’appellent, mais elle demeure elle-même au long des temps. Ainsi le
temps, les siècles, l’histoire ne modifient en rien l’être ou la personne nationale qui revêt un
caractère constant, qui fait dépendre de leur père les Français de chaque époque en les
engageant pour leurs descendants ! ».
À votre tour, soyez des acteurs de l’histoire de notre temps en étant des citoyens actifs et
responsables, non pas en faisant la guerre mais en vivant pleinement votre quotidien.
Rendez hommage à vos anciens qui ont combattu pour votre liberté et à l’instar de ces jeunes
athlètes des championnats d’Europe, luttez pour arriver premier et faire honneur à votre pays.
Vous avez chacun un métier, une tâche à accomplir, une mission. Le jeune résistant que
j’étais, était ce que vous êtes et croyait au destin de son pays.
Il ne m’appartient pas, alors que le temps des adieux arrive, c’est le lot commun, de vous
donner une leçon. Vivez avec le souci de vous retrouver dans la cohorte des citoyens actifs,
heureux d’être ce que vous êtes et de participer au destin de notre France.
Nous vous faisons confiance et un soir, donnons-nous rendez-vous sous l’Arc de Triomphe
pour rendre hommage à tous ceux qui, quel que soit leur combat ou leur origine, sont morts
pour notre liberté et pour signer, en communion avec toute la Nation, en ravivant cette
Flamme allumée en 1923 par nos anciens de 1914-1918, un message d’espérance pour un
monde de paix et de fraternité.
« Au Soldat inconnu »
Depuis ce jour unique où le hasard voulut,
Que tu reposes à jamais en plein cœur de Paris,
Tout à la fois héros, anonyme et ami,
Tu demeures pour tous le « Soldat inconnu ».
Inconnu ? Oui, tu l’es ! Car nul ne sait ton nom,
Personne ne se souvient de ton sourire, de ton visage,
Du jour de ta naissance, du nom de ton village !
Étais-tu Auvergnat, Breton, Corse ou Gascon ?
Avais-tu une épouse, qui veilla des années,
Voyant son cœur frémir dès que quelqu’un frappait ?
Avais-tu des petits, avais-tu des aînés,
Qui n’eurent pas de tombe, où pleurer, où prier ?
Es-tu ce paysan, qui dût quitter ses champs,
Ou cet instituteur, à la classe délaissée ?
Ou encore pêcheur, regrettant la marée ?
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Étais-tu artisan, travailleur, étudiant ?
Étais-tu même français ? Pourquoi pas étranger ?
Dans le fracas, l’horreur et la boue des tranchées,
Dans le désarroi des corps enchevêtrés,
D’aucuns pourraient penser que tu étais allié ?
Es-tu donc condamné à rester sans passé,
Idole respectée, mais d’un siècle accompli ?
Car à ne pas pouvoir imaginer ta vie,
Le passant se lasse et risque d’oublier.
Mais pour les survivants, tu n’es pas inconnu !
Tu es l’enfant unique, bien trop tôt disparu !
Tu es le père aimé, à la photo jaunie !
Tu es l’époux fidèle, à tout jamais chéri !
Tu es ce fantassin qui un froid matin
Est monté à l’assaut le fusil à la main.
Tu es cet aviateur aux dix victoires connues,
Tombé en pleine gloire, sans savoir qui le tue.
Tu es cet infirmier, tombé pour être allé
Ou trop tôt ou trop loin, secourir un blessé !
Tu es cet officier ou ce vieux chibani
Qui n’eut pas le temps de trouver un abri !
Tu es ce légionnaire, venu du bout du monde
Sauver sa liberté ? Mourir pour une blonde ?
Tu es cet aumônier qui au soir des combats,
Apportait la paix avant l’heure du trépas.
Mais sous cet arc immense, où tu reposes en paix,
Pour ceux qui de partout sont rassemblés ce soir,
Venus pour honorer un instant ta mémoire,
Tu représentes bien plus que l’exemple de hauts faits.
Que tu fusses un héros, reconnu, ignoré,
Que tu fusses un gradé ou un simple soldat,
Et que tu crus au ciel ou que tu n’y crus pas,
Tu nous montres le prix de notre liberté !
Mais tu es au-delà, car tu es immortel !
Et pour que tes souffrances ne soient sans lendemain,
Pour que ton sacrifice ne demeure pas vain
Ton silence ici-bas, plus qu’un cri, nous appelle !
À nous tous réunis, autour de cette flamme
Qui brûle pour la paix l’unité et l’espoir,
Tu montres à chacun le chemin du devoir,
Le souffle d’un pays, son honneur et son âme.
Ta tombe nous r appelle les valeurs d’un pays
Que par l’effort de tous, la Nation se construit,
Que ce qui est reçu n’est pas toujours acquis
Mais doit être transmis au péril de sa vie !
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