ndl-lheuillet-du-voisinage-15-sept-2016

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NOTES de LECTURE
… 15 septembre 2016 …
« Notes » réalisées par Henry Colombani – ancien délégué national à la FCSF, membre
de « Mémoires Vives Centres sociaux » - au simple titre d’un retraité, bénévole
associatif qui, souhaitant approfondir ses lectures, propose de les partager avec
ceux qu’elles intéresseraient. Elles sont donc subjectives, selon les intérêts du
moment et les choix de l’auteur, et n’engagent aucune institution. En espérant
qu’elles inciteront à lire, à nourrir le travail et les réflexions des acteurs
bénévoles et professionnels, dans l’accord comme dans le débat contradictoire !
Les ouvrages retenus sont répertoriés et classés à la FCSF.
Site : http://www.centres-sociaux.fr/ - rubrique : « Ressources / Notes de
lecture »
1.
Hélène L’Heuillet1, Du voisinage. Réflexions sur la coexistence humaine, Albin
Michel, septembre 2016. [240 pp., 23 €]
Réfléchir sur la coexistence humaine à partir des réalités et modalités du voisinage,
penser les relations du lien (social) et du lieu (de vie), en décrire la diversité des formes
- hostilité et conflits, alliances et solidarités – de l’intime et du plus local aux dimensions
de la planète, et ce, afin de proposer une éthique et une politique du ‘voisinage’ : voilà
un sacré défi ! L’ouvrage d’Hélène L’Heuillet est une investigation originale et richement
documentée qui ne peut qu’intéresser les acteurs du projet centre social : leurs
pionnières, au début du XXe siècle, n’avaient-elles pas placé le voisinage comme champ
premier de leur intervention ? Et la première série de la revue des centres sociaux, après
la Seconde Guerre mondiale, de mai 1946 à décembre 1961, ne s’intitulait-elle pas :
« Nos voisins, nos amis » ?
*****
« Le voisinage constitue désormais notre condition : nous sommes tous aujourd’hui
voisins… » La première phrase du livre donne le ton ! Et l’on précise : « Nous sommes tous
devenus interdépendants et ne pouvons plus alléguer l’éloignement pour nous
désintéresser d’autrui. (…) Le voisin a remplacé le prochain. Il est ce qui nous reste du
prochain dans une société de masse où nous sommes serrés les uns contre les autres. »
[p.7-8]
1 Maître de conférences en philosophie à Paris Sorbonne et psychanalyste. A publié : Aux sources du
terrorisme. De la petite guerre aux attentats suicides, Fayard, 2009. On peut consulter une
interview de l’auteure sur l’ouvrage ici commenté dans TELERAMA, n°3477 du 31 août 2016, p. 4345.
1
En effet, les interactions et liens de voisinage appartiennent à une catégorie
difficile à définir, essentiellement désignée par les «relations spatiales de
proximité » : « Avec ses voisins, on ne partage pas grand-chose hormis un lieu, une
place où se garer après la journée de travail, une aire de repos. L’important,
aujourd’hui, semble bien plutôt d’avoir ses amis, réels ou virtuels, et de
communiquer avec eux constamment et partout… » [p.12]. Ces liens n’ont pas la
puissance des liens affectifs de la famille et de l’amitié ni ceux de la camaraderie
du travail ni ceux qui constituent par exemple l’association, laquelle suppose
choix, appariements volontaires et sélectifs en fonction d’un objectif commun qui
en définit le projet social.
L’exploration d’une réflexion sur le voisinage et les voisins se donne donc pour objet un
ensemble complexe mais très concret, touchant à la fois les premiers échelons de la
coexistence humaine qui s’inscrit dans les espaces de vie, et les innombrables
combinaisons possibles de leurs interactions et relations, des plus insupportables à celles
qui favorisent un vivre-ensemble. L’originalité et la force de ce travail : il revient à la
description fine des réalités sociales en en saisissant les nuances tant sur le plan de la vie
courante – les « choses de la vie » - que par montée en généralité, au niveau symbolique,
permettant de conceptualiser ces relations par des outils neufs, en dehors des clichés ou
standards des rhétoriques habituelles des langages politico-administratifs qui nous
enferment.
Le sous-titre de l’ouvrage est explicite : il s’agit d’un questionnement sur la coexistence
humaine, question philosophique majeure : qu’est-ce qui permet aux humains de plutôt
s’entendre pour survivre… malgré leur immense propension et leurs capacités - de plus en
plus intensifiées par la technologie – à se détruire ? Qu’est-ce qui rend possible et vivable
le « vivre-ensemble », à quelles conditions ? Le champ d’étude des voisins et du voisinage
ayant semble-t-il été peu retenu dans l’histoire de la pensée préférant les lectures
conceptuelles et les abstractions universalisantes, il est utile de revenir aux données plus
immédiates qui tentent de décrire et décrypter les « faits ». Pour y parvenir, l’auteure
propose l’examen des relations de la coexistence depuis ses instances de base, « l’entre
voisins », selon quatre types ou figures qui, à la manière de quatre points cardinaux, vont
servir de boussole pour s’orienter dans un champ composé de forces de répulsion et
d’attractions. L’analyse est ainsi organisée en quatre chapitres, chacun correspondant à
l’un de ces points ou pôles. La table des matières, grâce aux intitulés de ses intertitres,
est particulièrement éclairante à cet égard ; il est utile d’en présenter directement les
principaux énoncés :
1 – Voisins d’en face
– Le voisin d’en face, le plus fascinant des voisins (Entre voisins, on s’épie on se guette…)
- Se protéger du voisin d’en face (Un mur entre nous et ceux d’en face ? - Circulez, y a rien à
voir - L’espace du regard…)
– Victoires du narcissisme (Epater le voisin d’en face… - L’individualisme narcissique ou la
prévalence du regard… - Narcisse dans son pavillon de banlieue…)
– Sortir du narcissisme ? (Compatir avec ceux d’en face… - La reconnaissance…)
2 – Ceux d’en bas
– Voisiner avec la pauvreté
2
– La rue, ou la ville vue d’en bas (La rue, démenti à l’individualisme possessif… - Tomber dans la
rue…)
– La banlieue, ou la société vue d’en bas (Errance et exil : de la rue à la banlieue - Des murs
qui n’en sont pas : illusions de la mixité sociale ?)
– Les subalternes (« Debout » - Se connaître, connaître l’autre – Le rapport à soi du voisin d’en
bas…)
3 – Ceux d’en haut
– Populisme (Le ressentiment à l’égard des élites ; mondialisation du fantasme ou fantasme
mondialisé… )
– Autorité et pouvoir (Le complot de ceux d’en haut et la complexité du pouvoir, de bas en haut,
l’autorité charismatique… - Rire de ceux d’en haut…)
– L’ethos de la hauteur (La condescendance – Orientalisme, occidentalisme…)
– Donner sa place au voisin den haut (Le désir de hauteur… - Autorité et confiance… - Confiance
et démocratie… - L’autorité une place d’exception… - Le paradigme de l’arbitre…)
4 – Ceux d’à côté
– De la promiscuité à la proximité (Proximité et distance, proximité et écart… - Les impasses de
la proximité planifiée... – Communautés et communes… - Démocratie de voisinage… - Comment
parler ensemble ? …)
– Ethique de la mitoyenneté (La civilité comme modèle de la mitoyenneté... - Enjeu
civilisationnel : la relation à l’étranger… - La fabrication du social dans l’espace de voisinage … Le
voisinage comme fabrique du politique, voisinage et cosmopolitisme… - Conflits de mitoyenneté…)
Chaque partie présente chacune des catégories au sens propre, mais également au sens
symbolique, comme autant de points cardinaux de la sociabilité : les relations de
narcissisme/égoïsme, de domination/autorité, d’exclusion/intégration, de mépris/
reconnaissance, etc., s’y opposent et recomposent jusqu’à développer les chemins
possible des capacités à vivre ensemble, à se reconnaître et être reconnu, à marcher avec
« le voisin d’à-côté » et, d’étape en étape, d’accéder à la « civilité comme modèle de la
mitoyenneté2 ».
Hélène L’Heuillet, par sa description minutieuse et nuancée des figures complexes des
interactions entres voisins coexistant dans l’espace du voisinage, solidement argumentée à
des sources scientifiques plurielles3, permet de rendre lisibles les formes dans lesquelles
celles-ci s’expriment : par exemple, le « voisin d’en face » est inquiétant parce qu’il me
2 Hélène L’Heuillet cite à cet égard la formule de Jacques Lévy explicitant que « la civilité c’est le
politique sans la politique…»
3 On notera que les analyses se réfèrent à des auteurs marquants : philosophie politique, sociologie
urbaine, psychanalyse…: Sigmund Freud et Jacques Lacan, Alexis de Tocqueville, Hegel, Georg
Simmel, Emmanuel Levinas, Jean-Paul Sartre, Max Weber, Robert Ezra Park, Ernst W. Burgess et
l’écologie urbaine de l’Ecole de Chicago, Christopher Lasch, Michael Walzer, Ulrich Beck, Axel
Honneth, Martha Nussbaum, Guillaume Leblanc et Sandra Laugier… On sera attentif à l’appel à des
penseurs d’autres cultures tels que Arjun Appadurai (Condition de l’homme global, Payot, 213.)
[NB – Nombre de ces références appartiennent à des auteurs avec lesquels je me sens des affinités
particulières et dont j’ai utilisé les travaux lors de réflexions dans le cadre de mes fonctions dans le
réseau des Centres sociaux, ainsi que certaines de mes Notes de lecture.]
3
regarde – et réciproquement, générant une hostilité faite d’envie de ses apparences et de
son paraître, dont je puis estimer qu’il me nargue… voire me menace, et dont il faut se
protéger…
En effet, alliant les outils de la psychologie et ceux de la sociologie urbaine, l’auteure
invite à considérer des couples de notions tels que « proximité/promiscuité », par
exemple, et à en décortiquer les conditions d’exercice.
« Promiscuité » désigne la situation imposée, plus ou mois désordonnée, affectant les
habitants à qui l’on impose, sans choix, en simple juxtaposition, de coexister en un lieu :
ainsi des politiques de peuplements procédant par injonctions ou programmations
autoritaires… Pensons à ceux qui sont ainsi, de fait, « assignés à résidence », ne pouvant
de ce quartiers « ni en sortir ni s’en sortir ». Proximité, par contre, peut s’envisager
lucidement dès qu’il s’agit d’apprendre à vivre en mitoyenneté, ce qui suppose une
reconnaissance mutuelle des espaces de vie, une négociation/régulation des modes de
relations, démarches qui sont à la base de la construction d’une relation sociale « en
société ». Relations qui ne sont pas seulement fondées sur l’affect, les affinités – qui
conduisent aux « appariements sélectifs4 », c’est-à-dire à « l’entre-soi » comme choix,
généralement pratiqué comme un « communautarisme » des nantis -, mais relations qui
pour rendre la vie possible, cherchent la « bonne distance, la « distance juste ». Il s’agit
ici de tempérer la proximité par une distance sociale suffisante – l’auteure parle aussi
d’ « écart », incitant à l’attitude d’un « côte à côte » - pour protéger d’une « familiarité
qui joue comme une circonstance aggravante », attisant les relations conflictuelles
essentiellement liées au regard porté sur l’autre, « ceux d’en face », trop proches, trop
semblables – voir l’expression typique de jeunes manifestant leur hostilité : « t’as vu
comme y m’a regardé ! » - soulève la question de la blessure narcissique, ce qui se relie
au « narcissisme des petites différences » que souligne notamment Freud5, pouvant
générer des processus d’antagonisme s’aggravant en rejet de l’autre et repli sur soi6. A
4
L’expression est de Daniel Cohen, in « Richesse du monde pauvretés des nations », Flammarion,
1998.
5
In Malaise dans la culture, 1930. Voir Arjun Appadurai qui fait du « narcissisme des petites
différences » un ressort des massacres entre voisins : « plus on se ressemble, plus on se hait…»
dans sa « Géographie de la colère. La violence à l’âge de la globalisation », Payot et Rivages, 2007,
Rivages Poche, 2009, et dans « Condition de l’homme global », Payot, 2013.
6
On doit rappeler ici l’avertissement prophétique que donnaient les sociologues Jean-Claude
4
l’inverse, la figure du voisin d’à côté, générant la posture du « côte-à-côte », « permet le
contact sur fond de séparation (… )» et, en ce sens, « si le voisinage n’est pas tant le
rapport de deux territoires que la conscience de partager un même espace, il requiert
que dans cet espace commun, la proximité ne soit pas la promiscuité (…)» Puis de nous
prévenir : « Définir une éthique et une politique de la proximité implique de ne pas
idéaliser la proximité. » [p. 183]
On le constate : l’approche au cœur de la proximité/promiscuité, permet de lire les
figures par lesquelles se génèrent tensions et conflits, mais à partir desquelles peuvent
s’inventer puis se construire les modes de régulation et les propositions positives 7. Ce
dispositif d’élucidation, qui passe par la lecture – peut-être pessimiste - de la réalité des
conditions des rapports sociaux est d’autant plus nécessaire que celle-ci est trop souvent
non débridée – comme on doit le faire d’une plaie – et occultée par la projection
volontariste plus ou moins idéale, toujours idéologique, que l’on projette sur elle : ainsi de
la réponse en terme de mixité sociale, au nom de la légitime utopie du vivre-ensemble
égalitaire républicain, qui prend l’injonction de mise en œuvre d’une valeur pour le
traitement de la situation : une fois de plus, dans notre mode technocratique, la
réponse/solution tend à précéder l’énoncé et l’élucidation de la question/problème !
A partir de ces études fouillées et illustrées de nombreux exemples et de situations très
diverses, y compris cosmopolites, il nous est proposé de considérer le voisinage comme un
laboratoire, un lieu de « fabrication du social et du politique ». [Les p. 218 à 230 sont
particulièrement lumineuses à cet égard]
En effet, la source de cette démarche réside dans la fonction du langage et de la parole, à
partir de la situation duelle ou duale qu’ouvre le fait d’être situés dans un espace de
mitoyenneté : « si le face-à-face (voir supra, le « voisin d’en-face ») repose sur la fonction
du regard, qui entraîne ségrégation et domination (craignant et stigmatisant en
conséquence ‘ceux d’en haut’ comme « ceux d’en bas’, mais pour des raisons inverses…),
le côte-à-côte oblige à parler. Or, c’est la fonction même de la parole que d’instituer
du symbole. L’altérité est dans le langage lui-même. C’est parce que nous parlons qu’il y
a des institutions, qui sont des faits de langage, qu’il y a du politique, du social et, par
conséquent, du voisinage. » [p. 177] C’est ce qui nous sauve de la seule posture des
relations « en miroir », soumises au dictat du regard, du « face-à-face » créant tensions
rivales et agressivité. « C’est par la parole qu’un autre peut être reconnu comme tiers et
arbitre. Et c’est donc par là qu’on peut passer, au niveau institutionnel, de la promiscuité
à la proximité. » [p. 178] Dit autrement, cela consiste à préférer aux dimensions verticales
Chamboredon et Madeleine Lemaire : « La proximité spatiale n’abolit pas la distance sociale... » Voir : « Proximité spatiale et distance sociale : les grands ensembles et leur peuplement », Revue
française de sociologie, 1970, XI, I, pp. 3-33. Repris par Marc Roncayolo, La Ville et ses territoires,
Folio, Gallimard, 1990. C’était en 1970, au temps du développement des grands ensembles ; une
alerte lucide vis-à-vis une conception un peu simpliste de l’’époque consistant à imaginer le
brassage social sous la seule logique des lieux de peuplement !
7
Ce qui permet à l’auteure d’explorer ainsi les mécanismes des populismes, des rapports à
l’étranger, puis la constitution des indicateurs favorisant la reconnaissance, l’enjeu démocratique,
le pouvoir d’agir…
5
des rapports sociaux (générant les hostilités réciproques du haut et du bas) la dimension
horizontale favorisant prise en compte de l’altérité et de la reconnaissance.
Au terme de sa démarche, comme nous l’évoquions précédemment, l’auteure propose
d’élargir au voisinage la valeur de « laboratoire social ». Ce point mérité d’être souligné
car elle fait explicitement référence aux sociologues de l’Ecole de Chicago8 qui
attribuaient cette fonction à la ville. Allant plus avant, elle étend cette fonction du social
local au social global : « Le voisinage est un laboratoire du social jusque dans globalisation
contemporaine qui n’est pas perte du local mais nouveau rapport au local. C’est au niveau
local que se joue désormais la distribution des places dans le social. » L’origine prend sa
source dans le constat – ou l’hypothèse ? - selon lequel « ce n’est pas la solidarité qui fait
le voisinage, mais c’est le plaisir du côte-à-côte qui rend solidaire. » [p. 222] Ce constat
peut s’étayer de manière plus théorique en ouvrant des perspectives d’autant plus
intéressantes et positives que toutes les analyses qui précèdent n’ont pas péché par
angélisme ni par optimisme sur la nature conflictuelle des rapports humains ! Ainsi : « On
peut, à partir de la théorisation de l’Ecole de Chicago, comprendre comment à l’échelle
locale, réinvestie et libérée par le dépassement de l’Etat-nation, peut se réinventer
du politique. » [p. 221]
Ici, on ne peut qu’être frappé par certains points qui pourraient induire des convergences
avec les réflexions récentes sur l’histoire des Centres sociaux. Il ne s’agit pas, bien sûr, de
correspondances évidentes, mais de points de questionnements qu’il serait intéressant
d’approfondir par un débat critique. Ainsi en est-il de la démarche de la « fabrication du
social local » puis de son extension au « social global », précédemment évoquée, qui peut
faire penser d’une part aux pages consacrées à cette approche dans l’« Histoire des
Centres Sociaux. Du voisinage à la citoyenneté 9 », et, d’autre part, au sous-titre de
l’ouvrage collectif : « Les Centres sociaux 1880-1980. Une résolution locale de la question
sociale ? » 10.
Des approches plus contemporaines ne sont-elles pas en train de réactiver – encore une
fois, en prenant toute précaution vis-à-vis du risque d’anachronisme consistant ici à lire
dans le passé ce qui ne s’est conceptualisé que dans les formes du contemporain – des
intuitions exprimées au début de l’histoire des centres sociaux sur les capacités du
8
Sur l’Ecole de Chicago….. on consultera avec profit le recueil des principaux textes des auteurs de
cette école de sociologie urbaine, présentés et traduits dans : . L'école de Chicago. Naissance de
l’écologie urbaine, Textes traduits et présentés par Yves Grafmeyer, Isaac Joseph, nouvelle édition,
RES/Champ Urbain, Aubier, 1984, 1990 (1ère éd. Champ Urbain, CRU, 1979).
9
Par Robert DURAND (Syros, 1996) ; 2è réédition, avec Préface de Jacques Eloy, Vice président de la
Fcsf, nouvelle Postface mise à jour par Henry Colombani, Délégué national Fcsf : « Les centres
sociaux… aujourd’hui et demain ? » ; La Découverte (2006), réédité en 2013.
6
voisinage envisagé dans ses aspects les plus concrets – et, certes, ambivalents – comme les
lieux d’apprentissage de la vie-ensemble, du social – au sens de faire société -, voire, mais
sans doute ultérieurement, de l’exercice citoyen, de l’usage de la démocratie de proximité
– on dira plus tard « participation des usagers », puis « des habitants », et aujourd’hui
« pouvoir d’agir »… -, c’est-à-dire « du » politique ? De même en va-t-il pour les notions
telles que la solidarité, sécularisant (ou laïcisant ?) en quelque sorte celle de « prochain »,
issue du langage théologique, et s’attachant aux conditions concrètes de sa mise en actes.
Hélène L’Huillet, à la fin de son travail, livre en forme de belle ouverture une réflexion
qui invite à poursuivre ce type de recherche :
« Tout social est d’abord voisinage. Les changements majeurs qui affectent un monde,
révolutions morales, sociales ou politiques, commencent dans le voisinage. Pour qu’un
espace commun du politique existe, il faut que quelque chose du lieu d’habitation
puisse être partagé. » [p. 232]
Henry Colombani
10
Par Dominique Dessertine, Robert Durand, Jacques Eloy, Mathias Gardet, Yannick Marec, Françoise
Tétard, Septentrion, presses universitaires (Lille), 2004. [Ouvrage réalisé à partir des travaux du
Colloque « Mémoires vives – Centres sociaux » des 8, 9, 10 mars 2001, au Centre des Archives du
Monde du travail à Roubaix sous le titre : « Les Centres sociaux - une histoire, mille histoires »] Voir
à cet égard les ressources disponibles sur le site de l’association « Mémoires Vives – Centres
Sociaux » : http://memoiresvives.centres-sociaux.fr/
7