Ville de Douarnenez - DOB 2015 - Propos introductif Philippe PAUL
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Ville de Douarnenez - DOB 2015 - Propos introductif Philippe PAUL
Ville de Douarnenez Séance du Conseil municipal du jeudi 12 février 2015 Débat d'orientation budgétaire Propos introductif de Philippe Paul, sénateur-maire Chers Collègues, Ce débat d’orientation budgétaire, préalable au vote du budget primitif et appelé à faire le point sur la situation financière de la Ville, comme sur ses priorités tant en matière de fonctionnement que d’investissement, se tient dans un contexte de vives tensions sur les finances des collectivités locales. Ces vives tensions trouvent leur origine dans la décision, brutale, sans concertation aucune, du Gouvernement de diminuer de 30% le montant des dotations qu’il leur verse pour la période 2014-2017. Trente pour-cent (30%) ! Ce sont pas moins de 28 milliards d’euros qu’elles ne percevront pas, qu’elles ne percevront plus. Dont 15,8 milliards pour le bloc communal. 1 Cette ponction représente la contribution des collectivités locales, imposée par le Gouvernement, au nécessaire effort de redressement des comptes publics. Je dis bien nécessaire. Il ne saurait, en effet, être question de se soustraire à la réduction des déficits publics, ce mal qui frappe notre Pays depuis maintenant plus de trente ans. Le sens de l’intérêt général, la volonté de ne pas laisser aux générations futures le soin d’assumer ce fardeau commandent d’agir. Là où le bât blesse, c’est au niveau de la participation demandée aux collectivités locales, de l’ordre de 25% de l’effort global, à comparer aux 9,7% que représente leur part dans les 2 000 milliards d’euros de dette publique. Cette ponction aura, inévitablement, des répercussions sur l’investissement public, porté à hauteur de 70% par les collectivités, faut-il le rappeler, et donc sur l’économie et l’emploi, ainsi que sur le niveau du soutien qu’elles apportent, par exemple, au secteur associatif, ou encore sur le niveau et la qualité des prestations et services à la population. Le risque est réel d’un repli des collectivités sur leurs compétences obligatoires. 2 Conséquence de cette diminution sans précédent des concours de l’Etat, nous perdons à Douarnenez en l’espace de deux ans, 2014 et 2015, 530 000 euros de dotation globale de fonctionnement. 530 000 euros, Chers Collègues ! En 2017, la perte s’élèvera à 1,2 million d’euros. Sur un budget de fonctionnement de l’ordre de 21 millions d’euros, nos recettes se trouveront ainsi affectées à hauteur de 5,5%... *** Cette perte nette s’accompagne d’une montée en puissance du Fonds national de péréquation des ressources intercommunales et communales, le FPIC. Par de savants mécanismes, Douarnenez Communauté est considérée comme un territoire riche. La preuve : elle figure parmi les 3 EPCI les plus contributeurs du département. En 2014, elle a été prélevée à hauteur de 248 000 euros ; autant, à 10 000 euros près, que Quimper Communauté… 3 Depuis 2012, ce prélèvement augmente chaque année de 210 millions d’euros au plan national pour s’établir à partir de 2016 à 2% des recettes fiscales communales et intercommunales, soit environ 1 milliard d’euros. La Ville étant le principal contributeur à l’échelle de la communauté, sa part est passée de 41 000 euros en 2012 à 140 000 euros l’an passé, soit une multiplication par 3 et demi… Pour 2015, ce montant sera supérieur à 200 000 euros. Nous devrions être là au plafond… Sur le principe, comment ne pas souscrire à cette idée généreuse d’un transfert d’une partie des ressources de certains ensembles intercommunaux à des ensembles moins favorisés. Encore faut-il que les modalités de mise en œuvre ne conduisent pas à des situations aussi pénalisantes que celle que nous connaissons. Le 13 janvier, j’ai exposé à deux membres du Cabinet d’André Vallini, secrétaire d’Etat à la réforme territoriale, dont j’attends toujours une réponse l’inadaptation du dispositif à un territoire comme le nôtre. Il est difficilement compréhensible que le FPIC ne repose que sur les ressources des EPCI et fasse abstraction des charges, en particulier celles des communes. 4 Je relève que nous ne sommes pas les seuls à nous inquiéter de ce poids croissant de la contribution au Fonds. La loi de finances pour 2015, adoptée en toute fin d’année, prévoit en effet le dépôt par le Gouvernement au Parlement avant le 1er octobre d’un rapport sur le fonctionnement et l’évolution du FPIC. Un rapport appelé à évaluer notamment, je cite, « la question de la soutenabilité des prélèvements pour les communes contributrices aux différents dispositifs de péréquation ». Je forme le vœu que ce travail permette un ajustement de ce fonds de péréquation dans le sens de plus de justice et de plus d’équilibre. *** Baisse des dotations, montée en puissance du FPIC, augmentation des cotisations à la CNRACL, revalorisation du traitement des agents de catégorie C, rythmes scolaires : en 2014, les décisions et désengagements de l’Etat ont affecté notre budget à hauteur de 640 000 euros. Cette année, ce sont 820 000 euros supplémentaires qu’il nous faut trouver. 5 1,4 million d’euros en deux ans : pour une commune dont les finances étaient déjà sous tension, l’addition est lourde et la digestion difficile ! *** Le tableau aurait pu être encore plus sombre après la hausse du franc suisse et ses dégâts sur les emprunts toxiques. Le taux d’un de nos emprunts structurés contracté en 2007, dont le capital restant dû est de 2, 6 millions d’euros, s’est envolé en quelques jours passant de 5,71 % à 9,90 %, générant une augmentation de l’annuité de frais financiers de 100 000 euros. Un passage de ce taux à 15%, hypothèse non farfelue, porterait l’augmentation de ces frais à 240 000 euros. Cet événement témoigne de l’imprudence, de l’irresponsabilité des souscripteurs de cet emprunt qui n’ont pas jugé utile de prévoir un taux plafond… Parallèlement à ma question d’actualité au secrétaire d’Etat chargé du Budget, Christian Eckert, le 27 janvier au Sénat sur les intentions du Gouvernement pour venir en aide aux communes et établissements hospitaliers touchés, j’ai demandé un rendez-vous à la SFIL pour évoquer cet emprunt. 6 Jeudi dernier, avec Erwan Le Floch et Sandrine Simon, directrice générale adjointe, nous avons rencontré le directeur de la gestion de l’encours de cette banque. De cet entretien, nous sommes sortis plutôt rassurés. Après discussion, la SFIL nous propose un réaménagement de ce prêt sur un taux fixe qui écarte de manière définitive tout risque. Même si cette issue se confirme, il restera encore à désensibiliser deux emprunts, toujours toxiques, souscrits auprès de la Caisse d’Epargne, et dont le capital restant dû s’élève à 6 millions d’euros. Lorsque nous avons été élus en 2008, les emprunts toxiques représentaient 57% de notre endettement. Une fois l’emprunt Dexia sécurisé, ils ne pèseront “ plus que ” 30%. Il est possible de mesurer là le chemin parcouru, et celui qui nous reste encore à parcourir, dans cette affaire des emprunts toxiques dont nous avons hérité. Notre détermination et notre persévérance ont, j’en suis convaincu, permis d’éviter une catastrophe pour les finances de la Ville. Je tiens à remercier Erwan Le Floch et la direction générale pour leur ténacité et leur suivi quasi quotidien de ce dossier, véritable épée de Damoclès au-dessus de notre tête depuis 7 ans maintenant. *** 7 Comme l’ensemble des collectivités, pour faire face à cet environnement inédit et indépendant de notre volonté, il nous faut adopter des mesures fortes, à la fois pour équilibrer notre budget et être en capacité de continuer à proposer aux Douarnenistes les services et prestations qu’ils sont en droit d’attendre et, si possible, d’investir. L’exercice est d’autant moins facile que, pour restaurer et sécuriser des finances en grave péril à notre arrivée, nous avons déjà été contraints d’ajuster nos dépenses de fonctionnement. Arrive un stade où il devient compliqué de rationaliser et de comprimer. Nous restons très attentifs à garder notre masse salariale sous contrôle, en ne remplaçant pas systématiquement chaque départ à la retraite, en favorisant la mobilité interne, mais tout en demeurant tributaires de décisions qui nous échappent, que ce soit en termes de cotisations à la CNRACL, ou de revalorisation de carrières. *** De la même manière, comme les autres collectivités, je pense à la Région et au Département, nous allons aussi moduler notre soutien financier au secteur associatif, en fonction des projets, des activités et… des besoins. 8 Je l’ai dit lors des vœux aux acteurs locaux, la notion de guichet n’a plus de sens. Nous avons à travailler ensemble, en concertation et en confiance. La Ville est et sera attentive à la situation de chaque association. Nous y reviendrons tout à l’heure au moment du vote des subventions 2015. Je suis conscient du poids et du rôle social du tissu associatif à Douarnenez. Je le vis comme une richesse. Mais il est clair que la collectivité n’a pas vocation à verser chaque année une subvention à une association dont les finances présentent des excédents. Il n’y a pas d’automaticité. L’argent public doit être utilisé à bon escient. Là encore, c’est une question de transparence et d’équité. Je rappelle que l’accompagnement par la Ville du secteur associatif ne se résume pas à un soutien financier. Il est complété par les prestations des services techniques municipaux en appui à l'organisation de leurs différentes manifestations par les associations. Ce concours humain et matériel a été évalué à 350 000 euros l'an passé, pour un total de 245 événements. 9 De même, 76 associations ou organismes bénéficient de locaux mis à disposition par la Ville. L'ensemble de ces locaux représente 7 000 m². *** Parmi les pistes de recherche de réduction des dépenses, figure la mutualisation. En interne comme en externe. Vous le savez, Douarnenez Communauté prépare son schéma de mutualisation des services. Dans ce contexte financier tendu, accompagnée d’un pacte financier et fiscal, la mutualisation pourrait, devrait, avoir toute son utilité. Nous attendons de voir comment évolue la préparation de ce schéma et quel en sera le résultat, la Ville de Douarnenez ne pouvant être uniquement apporteur de solutions. Nos propres préoccupations, concernant, notamment, le partage des charges de centralité, ne peuvent être ignorées. *** Cette maîtrise des dépenses de fonctionnement s’accompagnera d’une grande prudence en matière d’investissement. Nous n’inscrirons ainsi que 2 millions d’euros cette année, auxquels que complèteront 730 000 euros de travaux effectués en régie. 10 J’y ajoute les 600 000 euros de travaux de voirie réalisés par Douarnenez Communauté, selon un programme que nous avons proposé et qui, j’en suis bien conscient, sera insuffisant pour répondre aux attentes nombreuses et légitimes en ce domaine. Cette adaptation de notre capacité d’investissement ne nous empêchera pas de mener à bien cette année encore des travaux importants d’entretien et de valorisation du patrimoine communal, de poursuite de l’embellissement de la ville, et d’amélioration des conditions de travail des agents municipaux. Un soin particulier sera également porté à la recherche d’aides financières pour mener à bien ces opérations, même si, là aussi, les possibilités s’amenuisent… *** Cette action vigoureuse de contraction des dépenses tant en fonctionnement qu’en investissement ne sera malheureusement pas suffisante pour faire face au désengagement de l’Etat. Nous n’aurons d’autre alternative que d’activer aussi le levier fiscal et de solliciter le contribuable douarneniste. 11 Depuis notre élection en 2008, je m’étais refusé à recourir à ce levier. Mais aujourd’hui l’ampleur du défi qui nous est posé, et qui est posé à l’ensemble des communes, est telle qu’il est impossible de procéder différemment. *** Chers Collègues, Vous l’avez compris, nous entrons dans une période particulièrement contrainte, résultat pour une très grande part de décisions qui nous sont imposées. Cette nouvelle donne exige des mesures difficiles que nous prendrons, en responsabilité, dès le budget primitif 2015 afin de conserver un service public local de qualité, de continuer à aménager la ville, à la rendre attractive, soit autant d’impératifs sur lesquels je me refuse à transiger. Il en va de l’avenir de Douarnenez et des Douarnenistes ! Je vous remercie. ** * 12