La taxe CO2 est une utopie
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La taxe CO2 est une utopie
ACTUALITÉ R la quinzaine carrière climat Le dirigeant de demain «La taxe CO2 est une utopie» Par Eric Loup L e Career Women’s Forum (CWF) et l’Université de Genève étaient naturellement faits pour se rencontrer, le premier, de par son approche fondamentalement plus humaine du monde du travail, et le second, de par son engagement contre les inégalités, en particulier à l’égard des femmes. Un partenariat qui débouchera sur un programme de mentoring destiné aux dirigeantes et dirigeants de demain. Les femmes cadres et entrepreneures réunies au sein du CWF veulent transmettre leur savoir, leurs compétences, à de futurs diplômés avant leur entrée sur le marché du travail. Cela, avec l’idée d’inviter ces jeunes à découvrir de nouveaux schémas, à changer leurs regards, notamment sur la capacité des femmes à occuper des postes de leader. Pour y parvenir, le CWF et l’Université de Genève ont choisi une démarche originale: le speed dating. Ainsi, dès le mois de février, ils seront 25 étudiants à se «confronter» à la vision de 25 professionnelles des plus expérimentées pendant ces séances, qui s’étendront sur un semestre. Cette initiative, l’association romande souhaiterait d’ailleurs l’étendre. Elle imagine ainsi collaborer avec de nouvelles écoles ou susciter, au sein d’autres institutions, des envies de reprendre cette démarche. B 22 No 240 BILAN Par Cyril Jost D ans un article publié en mars dernier dans Finanz und Wirtschaft, Thomas Straubhaar, directeur du WeltWirtschaftsInstitut à Hambourg, soutenait que la taxe CO2 était la meilleure manière de limiter les émissions de gaz à effet de serre. Le 10 décembre dernier, Economiesuisse publiait une étude du même professeur, avec une tout autre conclusion: la taxe «manque de pertinence écologique» et son coût est «trop élevé». Comment expliquez-vous cette volte-face? J’ai changé d’avis pendant cette étude. Une taxe sur le CO2 n’aurait de sens que si elle était introduite au niveau mondial. Or tous les pays sont en train de se mettre d’accord sur un autre système, celui du négoce de certificats d’émission. Ce système présente pourtant des failles, car les certificats peuvent être bradés. Vous n’abordez pas ces inconvénients dans votre étude. C’est vrai, les premières expériences ont montré que le prix initial des certificats était beaucoup trop bas. On essaie justement de résoudre ce problème dans le cadre de la conférence sur le climat à Bali. Une chose est sûre: tous les pays sont désormais engagés sur la voie des certificats d’émission. On ne reviendra donc pas en arrière. Thomas Straubhaar: «La taxe porterait atteinte à la compétitivité suisse.» La taxe CO2 au niveau mondial est donc une utopie? Oui, c’est illusoire. de seulement 2% en quinze ans, ce qui est très peu. Et l’autre étude, je ne la connais pas. En quoi cette taxe nuirait-elle à la Suisse si l’argent généré est redistribué aux ménages et à l’économie? Notre étude montre qu’elle porterait de toute façon atteinte à notre compétitivité, parce que c’est avant tout l’industrie d’exportation qui en subirait les conséquences financières. Pour Economiesuisse, il faut «choisir l’efficacité plutôt que l’idéologie». Peut-on vraiment trancher cette question sans tomber dans un débat idéologique? Je le pense. Nous avons effectué cette étude en adoptant un point de vue strictement économique. Dans nos discussions avec Economiesuisse, personne n’a jamais remis en cause la nécessité de prendre des mesures pour préserver le climat. Mais je reconnais que la question n’est pas perçue de la même façon par tout le monde. Dans les milieux économiques, le facteur des coûts pèse forcément plus lourd. B Deux études récentes de l’Office fédéral de l’énergie, publiées une semaine avant la vôtre, affirment pourtant le contraire. L’une de ces études tire des conclusions similaires à la nôtre. Elle montre qu’en Suède la taxe a fait baisser les émissions D. R. Le Career Women’s Forum et l’Université de Genève s’unissent pour offrir un programme de mentoring aux étudiants. Auteur d’une étude commandée par Economiesuisse, le professeur Thomas Straubhaar critique un mécanisme qu’il a lui-même longtemps soutenu.