Volant en dentelle de Bruxelles, 1860-1870

Volant en dentelle de Bruxelles,
1860-1870
35 cm x 625 cm. INV. D 88.46.01.
Le volant date de la 2e moitié du 19e s., qui est la dernière
période de gloire de la dentelle bruxelloise. Il fut commandé et
vendu par la Maison Verdé-Delisle implantée à Bruxelles (rue
Royale, 94) qui avait également une succursale à Paris. Le fait
qu’on connaisse la provenance est assez rare, pour la plupart
les dentelles sont anonymes.
La qualité du dessin et de l’exécution rendent cette pièce
exceptionnelle.
Le dessin, sans doute parisien, est de très grande qualité. Il
présente toutes les caractéristiques de l’époque Napoléon III,
avec une composition florale riche et très naturaliste qui couvre
la plus grande partie de la pièce. Le dessin, qui est répété, est
particulièrement large. Il est surtout très fidèle à la réalité,
ce qui permet d’identifier les fleurs : iris, pivoines, digitales,
marguerites, coquelicots, pensées, liserons et muguets ainsi
que les autres végétaux : fougères, vigne vierge,…
Tous les aspects du dessin détaillé ont été transposés en
dentelle d’une façon très réussie. Les motifs de fleurs sont
réalisés à la main aux fuseaux et à l’aiguille et appliqués ensuite
sur un fond de tulle mécanique. Il est fort possible que plusieurs
dentellières aient collaboré à la réalisation des différents motifs.
À partir de rien, avec juste du fil, les dentellières ont rendu les
nuances de blancs, les ombres, la profondeur. L’éventail des
blancs, du plus intense au plus transparent confère un modelé
irréprochable aux végétaux représentés. C’est en quelque sorte
une peinture monochrome avec relief et modelé.
Le volant a appartenu à l’Impératrice Elisabeth d’Autriche
(1837-1898), mieux connue sous le nom de Sissi. Il est entré
dans les collections du musée en 1988 par l’intermédiaire de
son arrière-petite-fille.
Plusieurs versions du même modèle sont encore conservées
aujourd’hui.
Les Musées Royaux d’Art et d’Histoire à Bruxelles et le
Metropolitan Museum à New York possèdent chacun un volant
basé sur le même dessin mais réalisé au point de gaze (c-à-d
entièrement à la main à l’aiguille) et un peu moins large.
La qualité est équivalente : à nouveau, l’exécution des points
à l’aiguille rend parfaitement la riche gamme des blancs et le
modelé naturel des fleurs représentées. Le même modèle a été
réalisé également en dentelle noire de Chantilly. Dans la mesure
où il existe plusieurs exécutions différentes d’un même dessin,
cela prouve que celui-ci était considéré comme très beau : une
excellence très prisée et exploitée par le marchand dentellier.