Séquence 6 – 5 Carnet de voyages
Transcription
Séquence 6 – 5 Carnet de voyages
Séquence 6 – 5e Carnet de voyages Des anecdotes de voyage… La nourriture des Inuits du Groenland Mais avant même que le chasseur lui ait dit sa prise, la femme lui a servi son plus grand repas de la journée : viande chaude (le bouillon riche en graisse se prend à part) avec de la graisse crue et des algues ébouillantées, intestins cuits, foie et cervelle crus gelés, estomac empli du sang séché (une sorte de boudin)... Ce sont là des aliments courants qui peuvent, selon la saison, être agrémentés d'une soupe d'airelles avec du sang frais, de viande boucanée, de saumon bouilli, de moules, etc. R. Gessain, Ammassalik ou la Civilisation obligatoire, 1969 Un cours de langue parmi les aborigènes Bien que nos Toüoupinambaoults reçoivent fort humainement les étrangers amis qui viennent leur rendre visite, néanmoins les Français et autres Européens qui ne comprennent pas leur langage se trouvent au commencement merveilleusement frappés d’étonnement au milieu d’eux. Et, pour ma part, la première fois que je les fréquentai, ce fut trois semaines après que nous fûmes arrivés (…) où un interprète m’emmena avec lui (…) dans quatre ou cinq villages. Quand nous fûmes arrivés au premier nommé Yabouraci dans la langue du pays (…) je me vis immédiatement entouré de sauvages qui me demandaient : « Marapé-dereré, marapé-dereré », c’est-à-dire : « Quel est ton nom, quel est ton nom ? » (ce qui pour moi alors était du haut allemand). (…) L’interprète m’ayant averti que leur dire Pierre, Guillaume ou Jean, comme ils ne pouvaient les prononcer ni les retenir, était inutile (comme de fait, au lieu de dire Jean ils disaient Niant), il fallait que je m’arrange pour leur nommer une chose qui leur fût connue. Comme il me dit fort à propos que mon nom Léry signifie une huître dans leur langue, je leur dis que je m’appelais Lery-oussou : c’est-à-dire, une grosse huître. De quoi ils furent bien satisfaits, et avec leur expression d’admiration Teh ! se mettant à rire, ils dirent : « Vraiment voilà un beau nom, et nous n’avions pas encore vu de Mair, c’est-à-dire de Français, qui s’appelât ainsi. » Jean de Léry, Voyage en terre de Brésil, 1578, trad. F. Marin Une pratique rituelle Tous les gens, hommes et femmes, sont peints et tatoués à l’aiguille sur tout le corps, de la manière suivante. Ils se font sur toute la chair des peintures à l’aiguille, de lions et de dragons, d’aigles et de grues, et de maintes autres images différentes et étranges (…) Ils font leurs dessins à l’aiguille si habilement que jamais ne s’en vont, ni au lavage, ni autrement. Ils s’en font au visage, au cou et au ventre, et aux mains, et aux jambes et par tout le corps. Tout d’abord est esquissé le dessin des figures qui plaisent au client avec du noir, sur tout le corps. Cela fait, on lui ligote pieds et mains, et deux ou trois aides le tiennent ; alors le maître, qui ne pratique nul autre art, prend cinq aiguilles, dont quatre sont solidement liées ensemble en carré, et la cinquième dans le milieu ; avec ces aiguilles, il le pique partout où il y a le dessin ; et quand les piqûres sont faites, on passe aussitôt de l’encre dessus, et la figure qu’on avait dessinée apparaît dans ces piqûres. (…)° Mais beaucoup d’entre eux trépassent pendant qu’on les peint, car ils perdent beaucoup de sang. Marco Polo, Le Livre des Merveilles, 1298, trad. L. Hambis