Edito. Africain ? Alors dealer !,«Comment vivre avec moins de 12

Transcription

Edito. Africain ? Alors dealer !,«Comment vivre avec moins de 12
Edito. Africain ? Alors dealer !
Capture d’écran de l’émission de Temps
Présent du 14.03.2013. Source:
nsalomon.blogspot.com
Il y a déjà certains endroits à Lausanne où je n’ose plus mettre les
pieds de peur de me faire arrêter. Mais la cerise a été déposée sur le
gâteau jeudi 14 mars 2013. J’étais confortablement installé chez moi dans
mon canapé, entouré d’amis Européens, pour visionner l’émission de Temps
Présent diffusée sur la chaîne nationale suisse RTS 1 intitulée « Guerre
aux dealers ». Et tout d’un coup, j’ai vraiment eu envie de disparaître,
tellement j’avais honte de mon africanité. Le lendemain, grâce au recul
de la réflexion, j’ai voulu désapprouver publiquement ce sentiment de
honte en m’exprimant sur Voix d’Exils.
Il est vrai que certains Africains sont des dealers. Mais est-ce vraiment
raisonnable de généraliser en associant le deal à tous les Africains? N’y
a-t-il pas des Africains préoccupés à vivre décemment, en sécurité et en
paix ? N’y a-t-il pas des Africains qui contribuent à la marche sociale
et économique de la Suisse ; notamment dans des secteurs d’activités –
parfois boudés par les autochtones – comme la santé ?
Une grande partie de la population prend pour argent comptant ce qu’elle
voit à la télévision. Donc il faut faire attention, à fortiori lorsqu’on
est une chaîne nationale comme la Radio Télévision Suisse et quand on
appartient au corps de police, aux messages qu’on véhicule. Lors de cette
émission de Temps Présent, j’ai été choqué d’entendre à de nombreuses
reprises des policiers qui nommaient les dealers « les Africains ».
Tout
court. Au risque de faire une fois de plus croire à l’opinion publique
que le trafic de drogue est une activité propre aux Africains. Les
« gros bonnets » sont-ils tous des Africains ? L’on sait bien pourtant
que les cerveaux des opérations dans le milieu de la drogue ne sont pas
ceux qui arpentent les rues, en été comme en hiver, en menant leur petit
business à la sauvette. Si la drogue est un marché si florissant, il doit
bien y avoir des acheteurs à quelque part. Les acheteurs sont-ils tous
des Africains ? Force est de constater que l’on parle finalement assez
peu des gros bonnets et des consommateurs. Le trafic de drogue est un
cercle vicieux, dont il ne sert pas à grand chose de désigner la couleur
ou les origines des coupables et de s’attaquer à ses manifestations les
plus visibles pour tenter de l’éradiquer. Hormis si l’on souhaite
uniquement rassurer la population en lui signifiant qu’on affronte
vraiment le problème.
Il est très dangereux de réduire la question du deal à d’un côté : les
Blancs et de l’autre : les Noirs. La réalité n’est pas manichéenne et le
mal est bien plus profond, bien plus complexe que cela…La misère, ainsi
que la quête des gains faciles pour certains. La jouissance instantanée
ou la dépendance pour d’autres. Pour ne citer que quelques facteurs. Mais
soyons clairs, je ne cherche pas ici à excuser mes compatriotes Africains
qui s’adonnent au trafic de drogue, même si l’indigence peut inciter
certains à sombrer dans la spirale du deal. Dans toutes les situations,
nous avons la capacité de faire des choix pour que cela ne porte pas
préjudice à soi comme aux autres.
Un proverbe africain dit que « tous les moutons se promènent ensemble,
mais ils n’ont pas les mêmes valeurs ». Dealer n’est pas synonyme
d’Africain, de même que pédophile n’est pas synonyme d’Européen. Il faut
savoir faire la part des choses et ne pas confondre la minorité avec la
majorité en mettant tout le monde dans le même panier. Au risque de
renforcer d’autres phénomènes aussi dangereux, voire encore plus
dangereux que celui du trafic de drogue, comme celui de la haine raciale.
André
Relecture : El sam
Membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils
«Comment vivre avec moins de 12
francs par jour à Lausanne?»
Diane Barraud, médiatrice de l’Eglise
Evangélique Réformée du canton de Vaud
Le bon filon est une publication regroupant des adresses d’associations
vaudoises. Ces associations proposent aux requérants d’asile de
nombreuses aides pour avoir accès à des biens de première nécessité,
ainsi qu’à différents services. Diane Barraud, médiatrice de l’Eglise
Evangélique Réformée du Canton de Vaud et collaboratrice du bon filon,
répond aux questions de Voix d’Exils
Ces dernières années, beaucoup d’associations – comme le bon filon – se
sont constituées face à l’augmentation des problèmes rencontrés par les
personnes migrantes vivant en Suisse. La vie de ces personnes étant
devenue plus complexe, plus exigeante et plus stressante. Ainsi, les
requérants d’asile doivent vivre avec parfois moins de 12 francs (oui, 12
francs!), ce qui représente l’assistance financière qui leur est allouée
pour subvenir à leurs besoins journaliers.
Qui est à l’origine du bon filon et depuis quand existe-t-il ?
Diane Barraud : Le bon filon existe depuis la création de l’association
lausannoise Point d’Appui, ce qui remonte à environ 10 ans. Le projet a
été initié par Brigitte Zilocchi, ancienne responsable de l’association
Point d’Appui, en collaboration avec le pasteur Jean-Pierre Bardey, ainsi
que la FAREAS (actuel EVAM).
Quels sont les objectifs du bon filon ?
Le bon filon a été créé pour donner des informations utiles aux
requérants d’asile, aux migrants en situation précaire, ainsi qu’aux
partenaires qui travaillent avec eux ou qui peuvent être amenés à les
rencontrer (comme les pasteurs et prêtres de Lausanne par exemple), à
partir de la question : comment vivre avec 12 francs par jour à Lausanne
? Sachant qu’aujourd’hui, pour certains, c’est encore moins… Il
s’agissait donc de répertorier les endroits où il est possible de trouver
gratuitement ou à bon prix des biens de première nécessité comme :
l’alimentation, l’hébergement, les vêtements, les soins médicaux ; mais
aussi les aides et services auxquels un migrant peut souhaiter avoir
accès, à l’instar de: conseils juridiques et sociaux, d’écrivains
publics, d’aides pour les problèmes de dépendances, de maladies ou,
encore, les lieux et ressources pour la prise en charge de la petite
enfance etc.
Qui recourt aux bonnes adresses proposées par le bon filon ?
Les personnes qui se trouvent en situation de précarité à Lausanne et les
différents partenaires qui cherchent à les accompagner. Parmi les
facteurs qui conduisent les personnes à venir nous solliciter, il y a
sans doute le durcissement des conditions d’existence des migrants et des
lois relatives à l’asile en Suisse.
Voyez-vous des changements chez les personnes qui font appel à vous ?
Oui, on constate une nouvelle migration européenne très précaire, couplée
aux accords sur la libre circulation des personnes. Nous recevons ainsi,
depuis plusieurs mois, des ressortissants des pays européens qui fuient
la crise économique et qui viennent en Suisse chercher du travail.
Quels sont les biens et les services les plus demandés ?
Un peu beaucoup de tout ! Mais surtout les biens des première nécessité,
l’aide juridique et aussi les agences de placement. Au Point d’Appui,
nous recevons beaucoup de personnes qui sont en procédure d’asile ou qui
sont passées par l’asile. Elles viennent souvent lorsqu’elles traversent
des difficultés.
Comment se profile l’avenir du bon filon ?
Étant donné que la précarité ne semble pas être en voie de diminution à
Lausanne, au contraire, je crains qu’elle ait encore de beaux jours
devant elle… Nous devons prévoir prochainement une mise à jour de la
publication, et peut-être aussi travailler davantage en réseau, puisqu’il
existe une plateforme des différentes associations et institutions du nom
de « seuil bas » à Lausanne.
Connaissez-vous Voix d’Exils ? Si oui, qu’en pensez-vous ?
Oui, je connais Voix d’Exils, même si je manque dramatiquement de temps
pour sa lecture ! Cela me semble être une excellente chose que d’avoir un
média qui donne la parole aux requérants d’asile. Dans la société et les
médias suisses, l’on parle souvent de sujets concernant les requérants
d’asile – et pas toujours de manière juste – mais les principaux
concernés ont trop peu la parole. Donc surtout continuez et bonne chance!
Propos recueillis par :
El sam
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils
Infos :
Téléchargez le bon filon en cliquant sur le lien suivant: Bon_filon_2011
Vous pouvez également vous procurer Le bon filon au secrétariat de Point
d’Appui, ainsi que dans les autres associations qui collaborent à la
fabrication de la publication.
Adresse de Point d’Appui :
rue Dr César-Roux 8
1005 Lausanne
Tél: 021 312 49 00
Cliquez ici pour accéder à la page internet de Point d’Appui
swissinfo.ch publie un article sur
Voix d’Exils
swissinfo.ch, la plateforme web internationale de la société de
diffusion publique SRG SSR, a publié un article en arabe à propos de
Voix d’Exils le 17 mars dernier. Interview d’Afif Ghanmi et Omar Odermatt
de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils.
Voix d’Exils : un média proposant une approche
différente de la migration et des migrants en
Suisse
Article de Abdelhafidh Abdelli, Lausanne, swissinfo.ch, le 18 mars 2013
La rédaction vaudoise de Voix d’Exils
démarre sa journée par la revue des
titres de presse. Elle est suivie d’une
discussion des principaux titres, avant
de choisir les sujets à couvrir ou à
approfondir. Photo : Hugues Siegenthaler
Le blog Voix d’Exils est un média social en ligne développé par le
Programme d’occupation Communication de l’Etablissement Vaudois d’Accueil
des migrants (EVAM) avec un réseau de partenaires. Il se veut être « la
voix des sans voix » en cherchant à produire d’autres approches de la
question migratoire et une image alternative des migrants vivant en
Suisse.
Le rayonnement accru de ce site, s’apparentant davantage à un journal
online, est dû à l’originalité de son message et à sa haute qualité
professionnelle ; deux aspects que les responsables de ce blog ne cessent
de nous les rappeler à chaque moment.
Dès son lancement, ce média se voulait être un outil efficace de
communication entre les migrants et la société d’accueil. Son but étant
de promouvoir l’entente, de faciliter la compréhension et de renforcer
les liens entre les migrants et la population suisse. Ce programme est
également une des mesures permettant aux participants de s’occuper, de se
former et de développer leurs compétences. Cela permet aussi de prévenir
les effets négatifs qui découlent de la migration et de l’éloignement des
migrants de leur famille et du pays.
Une opportunité d’acquérir une formation et une expérience
professionnelle
Mais, comment l’EVAM, en tant qu’établissement public spécialisé dans
l’accueil des migrants, a-t-il réussi à développer un projet médiatique
de ce genre.
Afif Ghanmi, l’un des
coordinateurs des
programmes d’occupation
de l’Entité Intégration
et Développement
rattachée à l’Unité
Encadrement de
l’Etablissement Vaudois
d’accueil des migrants.
Photo : Hugues
Siegenthaler
La réponse selon Afif Ghanmi, l’un des coordinateurs des programmes
d’occupation au sein de l’Entité Intégration et Développement de l’Unité
Encadrement de l’EVAM, se trouve dans le règlement de ces mêmes
programmes. Il explique que « ce blog est une mesure parmi d’autres, mise
en place par notre Entité, qui est proposée aux migrants accueillis par
notre établissement. Le blog Voix d’Exils s’inscrit dans ce cadre-là et
constitue l’axe principal du travail du Programme Communication qui,
d’ailleurs, est l’un de nos divers et nombreux programmes ».
Quant aux objectifs à atteindre de ces programmes en général, cela se
résume selon Afif Ghanmi: « à donner aux participants l’opportunité
d’exercer un travail et de vivre une expérience pratique. Ce qui pourrait
les aider d’une part, à développer des compétences professionnelles et
donc de renforcer leur chance de s’insérer dans le monde du travail.
D’autre part, les expériences vécues et les connaissances acquises
pourraient être également utiles en vue d’un retour au pays ».
Ces programmes ont aussi une dimension thérapeutique et préventive contre
la fragilité psychologique et les troubles de comportement social, qui
sont souvent liés à la migration d’un pays à un autre.
Dans ce contexte, le blog Voix d’Exils donne à ses rédacteurs le
sentiment d’être utile et leur apporte un élan positif dans leur vie. Or,
chaque article rédigé par un migrant est, selon Omar Odermatt,
Responsable de la rédaction du blog : « Un projet en soi, vu les
compétences requises sur les plans linguistique et rédactionnel ;
compétences que ne possèdent pas toujours les rédacteurs ».
Dans un article publié récemment dans le quotidien Le Courrier, un des
rédacteurs de Voix d’Exils, exprime ce que représente pour lui ce site :
« Après la persécution endurée dans mon pays à cause de ma profession de
journaliste, Voix d’Exils a été pour moi une sorte de thérapie et un
soutien pour retrouver la confiance et le plaisir d’écrire et d’exercer
ma profession. »
Dans le même sens, Omar Odermatt affirme que « nous visons à ce que les
rédacteurs qui participent à cette expérience réussissent à trouver une
place d’apprentissage dans un média, et pourquoi pas à signer un contrat
de travail et obtenir la carte de presse. »
Besoin de communication
Selon le Responsable de la rédaction du blog, il y a une autre raison qui
a motivé le lancement du site Voix d’Exils. Celle-ci consiste « à donner
une autre vision du phénomène migratoire, surtout que les médias parlent
souvent des migrants d’une manière négative sans leur donner un droit de
réponse. Les médias traitent parfois les problèmes d’une manière
superficielle et s’arrêtent souvent sur les phénomènes les plus visibles,
comme la violence et le trafic de drogues ; en négligeant l’examen des
causes profondes qui se cachent derrière ces phénomènes. »
D’un autre côté, le site ne se borne pas à soulever les contradictions
des informations diffusées par les médias traditionnels, mais à éclairer
d’autres aspects de la migration : la richesse que représente la
diversité des cultures pour la société, et les retombées bénéfiques sur
l’économie due à la participation et l’intégration des migrants, surtout
que le quart de la population suisse est d’origine étrangère.
Le besoin de communiquer, selon Omar Odermatt, n’est pas dirigé seulement
vers l’extérieur, puisque les migrants ont besoin aussi de communiquer
entre eux. En effet, le site Voix d’Exils s’est transformé au cours des
trois dernières années, en une plateforme qui permet aux migrants
d’exprimer leurs préoccupations et leurs espoirs en toute liberté.
Bien que le projet soit destiné en premier lieu à la formation, le site
Voix d’Exils a néanmoins réussit à inspirer le respect à ses lecteurs et
à son public. Ce respect revient à l’application rigoureuse des principes
de la Charte éditoriale, dans laquelle il est mentionné dans l’un des
paragraphes que le blog est: « apolitique, sans appartenance partisane ou
religieuse et respecte les principes déontologiques contenus dans la
déclaration des devoirs et des droits des journalistes de la Fédération
suisses des journalistes ».
La version électronique du journal est la formule idéale
Vu les circonstances spéciales des rédacteurs qui participent à ce
projet, cette tribune médiatique a opté pour la formule électronique au
lieu du papier. Omar Odermatt vante les qualités de ce choix et ses
motivations : « le site internet procure une flexibilité que le journal
papier n’a pas, et permet aussi la publication d’informations à notre
convenance, sans être contraints par des délais de publication strictes.
Ce qui ne signifie pas pour autant qu’on fasse l’économie de la
régularité et de la discipline ».
En effet, le site Voix d’Exils est considéré plutôt comme un journal
électronique qu’un site de communication sociale. En plus, il offre,
selon Omar Odermatt, « un rayonnement plus vaste à nos publications qui
atteignent le public suisse et potentiellement le public du monde
entier. »
De son côté, Afif Ghanmi souligne que : « le site procure une flexibilité
à la publication des articles, qu’ils soient longs ou courts, et nous
évite d’être sous la pression que nécessite les exigences de la poursuite
de nouvelles fraîches. Ce qui nous laisse le temps pour veiller à la
qualité de nos publications, et permet de travailler avec des rédacteurs
qui vivent des situations instables. Il arrive que certains rédacteurs,
par exemple, décident soudainement de quitter la Suisse, ou que d’autres
cessent leur collaboration parce qu’ils ont trouvé du travail, ou obtenu
une réponse favorable à leur demande d’asile, ou une réponse négative et
sont alors contraints de rentrer au pays ».
En donnant l’opportunité à de nombreuses personnes d’écrire et de
commenter les publications, ce site contribue à dissiper les préjugés et
à briser les idées toutes faites dans l’imaginaire du public.
Engagement et professionnalisme
Voix d’Exils ne se préoccupe pas seulement de défendre l’image des
migrants, mais œuvre aussi à donner une vision différente des problèmes
de société du point de vue des migrants. Afif Ghanmi souligne que « le
fait que les rédacteurs appartiennent au groupe des migrants donne à ce
site un avantage sur les autres médias. Premièrement, parce qu’ils sont
au cœur de la source d’information, deuxièmement parce que les rédacteurs
jouissent de la confiance des personnes interviewées qui les aident dans
la production de leurs articles ».
Omar Odermatt,
Responsable de la
rédaction du blog Voix
d’Exils
Photo : Hugues
Siegenthaler
« Les lecteurs qui visitent notre site remarquent l’engagement strict de
nos rédacteurs et la méthode de travail journalistique choisie dans leurs
enquêtes sur des phénomènes sociaux complexes. Par exemple, dans
l’enquête sur l’exploitation sexuelle exercée sur des personnes
fragilisées par une situation sociale difficile » affirme Omar Odermatt.
Il commente cette enquête précisément en disant que « le rédacteur a
réussi à éclairer une foule de vérités cachées que personne en Suisse
n’aimerait voir .En plus, l’information que nous publions se distingue
par la prédominance d’interviews. Nous faisons le choix de privilégier le
dialogue direct avec les personnes concernées par les problèmes que nous
abordons. Par exemple, l’enquête menée sur les passeurs et la migration
clandestine à travers la Turquie et la Grèce. Ou l’exposé sur le parcours
d’une jeune Rwandaise arrivée en Suisse pour fuir l’enfer du génocide
perpétré dans son pays, qui a réussi à relever le défi en étudiant pour
devenir infirmière, et qui travaille actuellement au Centre hospitalier
universitaire de Lausanne. Elle consacre maintenant une bonne partie de
son temps à aider les migrants à s’intégrer et à
surmonter les
difficultés. Ceci démontre que l’objectif principal de notre travail est
de « donner la parole à ceux qui n’en ont point »».
Mais, le plus important est peut-être l’acquisition par les participants
lors de leur stage à Voix d’Exils d’une foule de compétences et
d’expériences dans les domaines de la rédaction journalistique, de la
communication et de l’informatique. Un bagage qui les aide à trouver du
travail, ou à lancer leur propre site internet en Suisse ou dans leur
pays d’origine. Expérience qui leur a appris à gérer leur temps et à
prendre des initiatives. En fin de parcours, les participants se voient
délivrer un certificat attestant des compétences acquises à Voix d’Exils.
D’un journal à un site électronique (encart)
L’histoire de Voix d’Exils remonte à plus de 12 ans. Au début, il a été
publié sous forme de journal papier portant le nom « Le requérant »,
avant de prendre la dénomination de « Voix d’Exils ».
Le journal a continué à être imprimé et distribué avec la participation
des organismes concernés par l’accueil des migrants dans les cantons
romands (de langue française) : Genève, Fribourg, Vaud, Neuchâtel, le
Valais et le Jura.
Avec le temps, les cantons de Fribourg, du Jura puis de Genève se sont
retirés du projet pour diverses raisons. Ce qui a entraîné, début 2010,
l’arrêt de la parution du journal sous sa forme papier.
En 2010, il a été décidé de transformer le journal papier en un site
internet -qui gardera le nom de Voix d’Exils – pour réduire les coûts de
publication. Les frais d’impression ainsi économisés ont alors été
affectés au paiement du salaire du nouveau Responsable de la rédaction du
blog.
Le Canton de Vaud a réussi à renouer des liens de collaboration avec
certains de ses anciens partenaires : les cantons de Neuchâtel et du
Valais. Dorénavant, le site est alimenté par trois rédactions cantonales,
ce qui a resserré les liens de collaboration et a amélioré son rendement.
Avec le temps, le site s’est transformé en une plateforme de
communication directe permettant aux exilés résidant en Suisse et à toute
personne le souhaitant de s’exprimer en toute liberté sur les questions
en lien avec le thème de la migration et dans les trois langues du blog :
le français, l’anglais et l’arabe. Un site interactif et participatif qui
a produit un grand nombre d’articles d’investigation et d’information
réalisés avec rigueur.
Un résultat honorable (encart)
Dès son lancement, le site internet Voix d’Exils n’a cessé de se
développer et de s’étendre. Il est actuellement composé de trois
rédactions cantonales dont le travail d’édition est coordonné par la
rédaction vaudoise, ce qui assure la complémentarité des idées et des
projets et ce qui permet d’alimenter en permanence le blog de nouveaux
contenus. Les rédacteurs bénéficient d’un encadrement leur permettant
d’aboutir la réalisation de leurs articles et participent activement aux
réunions inter-cantonales réunissant les trois rédactions du blog à la
fin de chaque semestre.
Voici un résumé de ses activités en 2012. Au cours de l’année écoulée,
Voix d’Exils a publié 74 articles, dont certains d’investigation
fouillée. L’ensemble de ces articles traite de questions en rapport avec
le thème de la migration, sur les plans national et international.
Exemples, le phénomène de la prostitution sous contrainte et la traite
d’être humains en Suisse, la couverture des travaux du Sommet de la
francophonie qui s’est déroulé à Kinshassa en octobre 2012.
Le site Voix d’Exils œuvre à diversifier ses supports d’information.
Ainsi, l’année dernière, un premier film documentaire a été réalisé par
M. Keerthigan Sivakumar, rédacteur du blog, qui a signé son film du
pseudo « Sara Page ». Son court-métrage portait sur la transformation des
murs d’’un centre d’hébergement pour requérants d’asile à Monthey, dans
le canton du Valais. Il s’agissait d’une magnifique fresque qui a été
peinte par des requérants d’asile et des habitants de la ville de
Monthey.
La participation active des rédacteurs du blog, l’année dernière, à la
manifestation de la radio FM de la Caravane des quartiers, événement
organisé par la Ville de Lausanne, était une excellente opportunité de
couvrir l’événement et de diffuser l’information sur les ondes de la
radio, mais également de dialoguer directement avec leurs homologues
travaillant dans les services qui s’occupent des migrants.
Les rédacteurs de ce média suivent également des cours et des formations
périodiques dans les domaines de l’informatique, de la production
audiovisuelle et multimédia, des techniques de rédaction journalistiques.
Ces cours sont coordonnés par la rédaction valaisanne du blog, qui est
rattachée au Centre de formation valaisan « Le Botza ».
Ces évolutions du blog ont été accompagnées par un accroissement de la
diffusion des informations produites par le site de Voix d’Exils ce qui a
contribué à son rayonnement. Preuve en est l’augmentation constante du
nombre des visiteurs du blog. Au mois d’août 2010 lors de la première
année de son lancement, la fréquentation du blog atteignait 3’348
visiteurs. A la fin du mois de novembre 2012, Voix d’Exils comptait
25’316 visiteurs. Depuis son lancement, le blog comptabilise un total de
445’536 visiteurs en mars 2013.
Texte traduit de l’arabe par Nouhad Odermatt-Kouéter
Pour lire l’article original en arabe sur le site de swissinfo cliquez
ici
Ce soir c’est « Newroz » : la fête de
l’an des Kurdes
La fête de « Newroz »
Galerie de Isa Fakir
(CC BY-NC-ND 2.0)
Durant la nuit du 20 au 21 mars, certains peuples du Moyen-Orient
célèbrent la fête traditionnelle et même nationale de Newroz.
Aujourd’hui, à travers le blog Voix d’Exils, j’aimerais partager avec
vous l’origine de cette fête du point de vue kurde.
Les Kurdes célèbrent Newroz comme le jour de l’an selon le calendrier
kurde. Ce, depuis 612 avant Jésus-Christ et le jour de l’équinoxe de
printemps. Newroz est un terme d’origine avestique et un mot qui se
compose de deux syllabes (nava et rezanh) et qui signifie : nouveau jour
au sens de « nouvelle lumière du jour ». En langue persane et kurde, il a
le même sens, mais il est décliné différemment selon les dialectes:
Newroz, Nuroj et Newroc.
Le mythe de Newroz et son symbole actuel
Suivant la variante kurde, l’histoire de Newroz a commencé en Mésopotamie
(correspondant actuellement en grande partie à l’Irak), au pied des
montagnes de Zagros. Il y avait un grand château en pierres qui comptait
de nombreuses tours et de hauts remparts. Ce château était gouverné par
un tyran cruel appelé Dehak. Il avait deux serpents sur ses épaules, et
quand ces derniers avaient faim, le tyran souffrait horriblement d’une
douleur très aigüe. Des médecins prescrirent au tyran de nourrir ses
serpents avec les cerveaux des jeunes gens. C’est pour cela que tous les
jours, le bourreau de Dehak exigeait deux jeunes gens en guise de
sacrifice pour les serpents.
Dans un village, à côté du château, se trouvait un forgeron – nommé Kawa
– qui avait sacrifié 16 de ses 17 enfants. Quand le moment fut venu pour
sa dernière fille d’être sacrifiée, son père, qui l’aimait très fort, fut
très attristé et envoya au roi, à la place du cerveau de sa fille, celui
d’un mouton mort. Le roi ne s’aperçu de rien. Puis, Kawa réfugia sa fille
dans les montagnes.
Les autres habitants comprirent alors qu’ils pouvaient tromper le tyran.
C’est alors qu’à chaque fois que le roi demandait un nouveau sacrifice,
les gens faisaient la même chose que Kawa. Petit à petit, le nombre des
jeunes gens sauvés augmenta dans les montagnes de Zagros, jusqu’à ce
qu’ils soient réunis pour former une grande armée. Kawa prit alors la
tête de cette armée, attaqua le château, et Kawa tua le roi Dehak.
Ensuite, ils montèrent sur les hautes montagnes et allumèrent des feux
pour avertir les habitants des villages voisins que le roi avait été tué.
Ceci advint un 20 mars et, le lendemain, le peuple célébra son premier
jour de liberté. Depuis cette date-là, Newroz devint alors un symbole
important et un jour sacré pour les Kurdes qui le considèrent
aujourd’hui, non seulement comme le nouvel an Kurde, mais aussi comme un
symbole de la révolution contre la répression, la négation de l’interdit,
et l’affirmation de la paix, de l’amitié, de la solidarité entre les
peuples.
Les rituels et traditions de Newroz au Kurdistan et en Europe
Chaque année, durant la nuit du 20 au 21 mars, les Kurdes allument des
feux sur les sommets des montagnes en mémoire du jour
de la victoire de Kawa sur le roi Dehak. Dans les grandes villes, les
jeunes marchent dans les rues en portant des torches et des bougies,
en
se félicitant de l’arrivée de la fête. Le lendemain, ils sortent dans la
nature avec des vêtements folkloriques colorés (rouge, jaune, vert), ils
allument un feu autour duquel ils dansent et sur lequel ils sautent en
chantant durant toute la journée.
Rappelons que le Kurdistan se situe à la jonction de quatre pays : la
Turquie, l’Irak, la Syrie et l’Iran. Chacun de ces pays tolère
différemment les festivités de Newroz.
En Turquie: depuis la création de la République turque en 1923, les
festivités de Newroz ont été officiellement interdites. Mais, durant ces
dix dernières années, suite à l’insistance des Kurdes, le gouvernement
turc a été obligé de les laisser célébrer la fête.
En Irak: les Kurdes considèrent cet événement comme la fête nationale et
ils ont 4 jours fériés
En Syrie: le 21 mars est aussi un jour férié pour la fête des mères. Mais
la fête de Newroz est toujours interdite.
En Iran: les Kurdes ont la permission de fêter le Newroz comme le jour de
l’an persan et non comme une fête kurde.
En Europe, les Kurdes célèbrent le Newroz dans des salles fermées.
Symboliquement, ils allument des feux d’artifices à l’extérieur.
Mon souhait est que le Newroz devienne une fête officielle dans
l’ensemble des quatre pays du Kurdistan.
Joyeux Newroz à toutes et à tous !
J.A.
Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils
Avalanche d’activités programmées
durant la semaine contre le racisme
2013
Affiche de la semaine contre le
racisme à Lausanne
Depuis maintenant plusieurs années, la semaine contre le racisme est
organisée durant le mois de mars et regroupe une série d’événements
gratuits qui se déroulent dans tous les cantons romands. Cette année, la
semaine contre le racisme se tiendra du 21 au 28 mars .
Voix d’Exils participera aux activités vaudoises de l’événement à
l’occasion de la mise en place d’une radio éphémère qui sera installée à
la gare du Flon à Lausanne du 21 au 23 mars.
Le Canton de Vaud – et plus particulièrement Lausanne – proposera une
palette très étendue d’activités. Au menu : expositions, conférencesdébats, ateliers, spectacles et projections. Le slogan de cette édition
« Chaque immeuble est un monde » en dit long à propos des événements
lausannois, car la particularité de cette édition est qu’elle se veut
proche des quartiers et donc des lieux de vie de leurs habitants. Raison
pour laquelle les animations se concentreront principalement dans trois
quartiers résidentiels de Lausanne, connus pour leur mixité culturelle à
savoir : Prélaz, le Vallon et les Boveresses.
Une radio éphémère, spécialement dédiée à cette campagne contre le
racisme, couvrira les événements lausannois du 21 au 23 mars en
collaboration avec le centre socioculturel Pôle Sud, la radio
estudiantine Fréquence Banane et en partenariat avec Voix d’Exils. Elle
diffusera des émissions live sur 100.5 fm en public et s’ancrera, le
temps de l’événement, à la gare du Flon à proximité du Métro 1 (M1). Les
sujets abordés traiteront notamment de la vie des quartiers, de
l’habitat, et du vivre ensemble.
Un répondeur est d’ores et déjà à votre disposition si vous souhaitez
partager vos expériences, vous exprimer sur la question du racisme ou
proposer des idées pour favoriser une cohabitation harmonieuse entre
personnes d’origines culturelles différentes. Il suffit pour cela de
composer le 032 513 34 52 et de laisser un message concis et constructif.
Certains messages enregistrés sur le répondeur seront ensuite repris par
la radio.
Vous êtes également conviés à nous rendre visite au studio mobile de la
radio au Flon pour échanger avec les animateurs et les passants, et peutêtre même avoir la chance de vous exprimer sur les ondes !
En plus du canton de Vaud, le canton du Valais sera à l’honneur cette
année. En partenariat avec l’école cantonale d’art du Valais (ECAV), une
série d’expositions, d’activités et de spectacles auront lieu à Sierre et
dans les environs.
Cédric DEPRAZ
Contributeur à Voix d’Exils
Informations concernant le programme de la radio de la semaine contre le
racisme:
Les trois créneaux horaires ci-dessous de Fréquence Banane seront
consacrés à la semaine contre le racisme sur 100.5 fm
Café-Kawa, les matinales de 6h30 à 8h00
Midi Banane, de 12h00 à 13h00
Micropolis, le journal du soir de 17h00 à 19h00
Pour accéder au programme de Fréquence Banane, cliquez ici
Des interviews live ainsi que des animations se dérouleront également
durant les journées du 21 au 23 mars au studio mobile de la radio au
Flon.
Lieu : Gare du Flon, place de l’Europe,
1003 Lausanne, à proximité de l’arrêt du Métro 1 (M1)
Infos : Pôle Sud,
T 021 311 50 46
[email protected],
www.polesud.ch
Informations concernant l’ensemble des activités prévues dans les cantons
romands durant la semaine contre le racisme :
Rendez-vous sur le site national de la semaine contre le racisme en
cliquant ici. Vous retrouverez sur le site toutes les activités classées
par cantons.