Edito. Africain ? Alors dealer !,«Comment vivre avec moins de 12
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Edito. Africain ? Alors dealer !,«Comment vivre avec moins de 12
Edito. Africain ? Alors dealer ! Capture d’écran de l’émission de Temps Présent du 14.03.2013. Source: nsalomon.blogspot.com Il y a déjà certains endroits à Lausanne où je n’ose plus mettre les pieds de peur de me faire arrêter. Mais la cerise a été déposée sur le gâteau jeudi 14 mars 2013. J’étais confortablement installé chez moi dans mon canapé, entouré d’amis Européens, pour visionner l’émission de Temps Présent diffusée sur la chaîne nationale suisse RTS 1 intitulée « Guerre aux dealers ». Et tout d’un coup, j’ai vraiment eu envie de disparaître, tellement j’avais honte de mon africanité. Le lendemain, grâce au recul de la réflexion, j’ai voulu désapprouver publiquement ce sentiment de honte en m’exprimant sur Voix d’Exils. Il est vrai que certains Africains sont des dealers. Mais est-ce vraiment raisonnable de généraliser en associant le deal à tous les Africains? N’y a-t-il pas des Africains préoccupés à vivre décemment, en sécurité et en paix ? N’y a-t-il pas des Africains qui contribuent à la marche sociale et économique de la Suisse ; notamment dans des secteurs d’activités – parfois boudés par les autochtones – comme la santé ? Une grande partie de la population prend pour argent comptant ce qu’elle voit à la télévision. Donc il faut faire attention, à fortiori lorsqu’on est une chaîne nationale comme la Radio Télévision Suisse et quand on appartient au corps de police, aux messages qu’on véhicule. Lors de cette émission de Temps Présent, j’ai été choqué d’entendre à de nombreuses reprises des policiers qui nommaient les dealers « les Africains ». Tout court. Au risque de faire une fois de plus croire à l’opinion publique que le trafic de drogue est une activité propre aux Africains. Les « gros bonnets » sont-ils tous des Africains ? L’on sait bien pourtant que les cerveaux des opérations dans le milieu de la drogue ne sont pas ceux qui arpentent les rues, en été comme en hiver, en menant leur petit business à la sauvette. Si la drogue est un marché si florissant, il doit bien y avoir des acheteurs à quelque part. Les acheteurs sont-ils tous des Africains ? Force est de constater que l’on parle finalement assez peu des gros bonnets et des consommateurs. Le trafic de drogue est un cercle vicieux, dont il ne sert pas à grand chose de désigner la couleur ou les origines des coupables et de s’attaquer à ses manifestations les plus visibles pour tenter de l’éradiquer. Hormis si l’on souhaite uniquement rassurer la population en lui signifiant qu’on affronte vraiment le problème. Il est très dangereux de réduire la question du deal à d’un côté : les Blancs et de l’autre : les Noirs. La réalité n’est pas manichéenne et le mal est bien plus profond, bien plus complexe que cela…La misère, ainsi que la quête des gains faciles pour certains. La jouissance instantanée ou la dépendance pour d’autres. Pour ne citer que quelques facteurs. Mais soyons clairs, je ne cherche pas ici à excuser mes compatriotes Africains qui s’adonnent au trafic de drogue, même si l’indigence peut inciter certains à sombrer dans la spirale du deal. Dans toutes les situations, nous avons la capacité de faire des choix pour que cela ne porte pas préjudice à soi comme aux autres. Un proverbe africain dit que « tous les moutons se promènent ensemble, mais ils n’ont pas les mêmes valeurs ». Dealer n’est pas synonyme d’Africain, de même que pédophile n’est pas synonyme d’Européen. Il faut savoir faire la part des choses et ne pas confondre la minorité avec la majorité en mettant tout le monde dans le même panier. Au risque de renforcer d’autres phénomènes aussi dangereux, voire encore plus dangereux que celui du trafic de drogue, comme celui de la haine raciale. André Relecture : El sam Membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils «Comment vivre avec moins de 12 francs par jour à Lausanne?» Diane Barraud, médiatrice de l’Eglise Evangélique Réformée du canton de Vaud Le bon filon est une publication regroupant des adresses d’associations vaudoises. Ces associations proposent aux requérants d’asile de nombreuses aides pour avoir accès à des biens de première nécessité, ainsi qu’à différents services. Diane Barraud, médiatrice de l’Eglise Evangélique Réformée du Canton de Vaud et collaboratrice du bon filon, répond aux questions de Voix d’Exils Ces dernières années, beaucoup d’associations – comme le bon filon – se sont constituées face à l’augmentation des problèmes rencontrés par les personnes migrantes vivant en Suisse. La vie de ces personnes étant devenue plus complexe, plus exigeante et plus stressante. Ainsi, les requérants d’asile doivent vivre avec parfois moins de 12 francs (oui, 12 francs!), ce qui représente l’assistance financière qui leur est allouée pour subvenir à leurs besoins journaliers. Qui est à l’origine du bon filon et depuis quand existe-t-il ? Diane Barraud : Le bon filon existe depuis la création de l’association lausannoise Point d’Appui, ce qui remonte à environ 10 ans. Le projet a été initié par Brigitte Zilocchi, ancienne responsable de l’association Point d’Appui, en collaboration avec le pasteur Jean-Pierre Bardey, ainsi que la FAREAS (actuel EVAM). Quels sont les objectifs du bon filon ? Le bon filon a été créé pour donner des informations utiles aux requérants d’asile, aux migrants en situation précaire, ainsi qu’aux partenaires qui travaillent avec eux ou qui peuvent être amenés à les rencontrer (comme les pasteurs et prêtres de Lausanne par exemple), à partir de la question : comment vivre avec 12 francs par jour à Lausanne ? Sachant qu’aujourd’hui, pour certains, c’est encore moins… Il s’agissait donc de répertorier les endroits où il est possible de trouver gratuitement ou à bon prix des biens de première nécessité comme : l’alimentation, l’hébergement, les vêtements, les soins médicaux ; mais aussi les aides et services auxquels un migrant peut souhaiter avoir accès, à l’instar de: conseils juridiques et sociaux, d’écrivains publics, d’aides pour les problèmes de dépendances, de maladies ou, encore, les lieux et ressources pour la prise en charge de la petite enfance etc. Qui recourt aux bonnes adresses proposées par le bon filon ? Les personnes qui se trouvent en situation de précarité à Lausanne et les différents partenaires qui cherchent à les accompagner. Parmi les facteurs qui conduisent les personnes à venir nous solliciter, il y a sans doute le durcissement des conditions d’existence des migrants et des lois relatives à l’asile en Suisse. Voyez-vous des changements chez les personnes qui font appel à vous ? Oui, on constate une nouvelle migration européenne très précaire, couplée aux accords sur la libre circulation des personnes. Nous recevons ainsi, depuis plusieurs mois, des ressortissants des pays européens qui fuient la crise économique et qui viennent en Suisse chercher du travail. Quels sont les biens et les services les plus demandés ? Un peu beaucoup de tout ! Mais surtout les biens des première nécessité, l’aide juridique et aussi les agences de placement. Au Point d’Appui, nous recevons beaucoup de personnes qui sont en procédure d’asile ou qui sont passées par l’asile. Elles viennent souvent lorsqu’elles traversent des difficultés. Comment se profile l’avenir du bon filon ? Étant donné que la précarité ne semble pas être en voie de diminution à Lausanne, au contraire, je crains qu’elle ait encore de beaux jours devant elle… Nous devons prévoir prochainement une mise à jour de la publication, et peut-être aussi travailler davantage en réseau, puisqu’il existe une plateforme des différentes associations et institutions du nom de « seuil bas » à Lausanne. Connaissez-vous Voix d’Exils ? Si oui, qu’en pensez-vous ? Oui, je connais Voix d’Exils, même si je manque dramatiquement de temps pour sa lecture ! Cela me semble être une excellente chose que d’avoir un média qui donne la parole aux requérants d’asile. Dans la société et les médias suisses, l’on parle souvent de sujets concernant les requérants d’asile – et pas toujours de manière juste – mais les principaux concernés ont trop peu la parole. Donc surtout continuez et bonne chance! Propos recueillis par : El sam Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils Infos : Téléchargez le bon filon en cliquant sur le lien suivant: Bon_filon_2011 Vous pouvez également vous procurer Le bon filon au secrétariat de Point d’Appui, ainsi que dans les autres associations qui collaborent à la fabrication de la publication. Adresse de Point d’Appui : rue Dr César-Roux 8 1005 Lausanne Tél: 021 312 49 00 Cliquez ici pour accéder à la page internet de Point d’Appui swissinfo.ch publie un article sur Voix d’Exils swissinfo.ch, la plateforme web internationale de la société de diffusion publique SRG SSR, a publié un article en arabe à propos de Voix d’Exils le 17 mars dernier. Interview d’Afif Ghanmi et Omar Odermatt de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils. Voix d’Exils : un média proposant une approche différente de la migration et des migrants en Suisse Article de Abdelhafidh Abdelli, Lausanne, swissinfo.ch, le 18 mars 2013 La rédaction vaudoise de Voix d’Exils démarre sa journée par la revue des titres de presse. Elle est suivie d’une discussion des principaux titres, avant de choisir les sujets à couvrir ou à approfondir. Photo : Hugues Siegenthaler Le blog Voix d’Exils est un média social en ligne développé par le Programme d’occupation Communication de l’Etablissement Vaudois d’Accueil des migrants (EVAM) avec un réseau de partenaires. Il se veut être « la voix des sans voix » en cherchant à produire d’autres approches de la question migratoire et une image alternative des migrants vivant en Suisse. Le rayonnement accru de ce site, s’apparentant davantage à un journal online, est dû à l’originalité de son message et à sa haute qualité professionnelle ; deux aspects que les responsables de ce blog ne cessent de nous les rappeler à chaque moment. Dès son lancement, ce média se voulait être un outil efficace de communication entre les migrants et la société d’accueil. Son but étant de promouvoir l’entente, de faciliter la compréhension et de renforcer les liens entre les migrants et la population suisse. Ce programme est également une des mesures permettant aux participants de s’occuper, de se former et de développer leurs compétences. Cela permet aussi de prévenir les effets négatifs qui découlent de la migration et de l’éloignement des migrants de leur famille et du pays. Une opportunité d’acquérir une formation et une expérience professionnelle Mais, comment l’EVAM, en tant qu’établissement public spécialisé dans l’accueil des migrants, a-t-il réussi à développer un projet médiatique de ce genre. Afif Ghanmi, l’un des coordinateurs des programmes d’occupation de l’Entité Intégration et Développement rattachée à l’Unité Encadrement de l’Etablissement Vaudois d’accueil des migrants. Photo : Hugues Siegenthaler La réponse selon Afif Ghanmi, l’un des coordinateurs des programmes d’occupation au sein de l’Entité Intégration et Développement de l’Unité Encadrement de l’EVAM, se trouve dans le règlement de ces mêmes programmes. Il explique que « ce blog est une mesure parmi d’autres, mise en place par notre Entité, qui est proposée aux migrants accueillis par notre établissement. Le blog Voix d’Exils s’inscrit dans ce cadre-là et constitue l’axe principal du travail du Programme Communication qui, d’ailleurs, est l’un de nos divers et nombreux programmes ». Quant aux objectifs à atteindre de ces programmes en général, cela se résume selon Afif Ghanmi: « à donner aux participants l’opportunité d’exercer un travail et de vivre une expérience pratique. Ce qui pourrait les aider d’une part, à développer des compétences professionnelles et donc de renforcer leur chance de s’insérer dans le monde du travail. D’autre part, les expériences vécues et les connaissances acquises pourraient être également utiles en vue d’un retour au pays ». Ces programmes ont aussi une dimension thérapeutique et préventive contre la fragilité psychologique et les troubles de comportement social, qui sont souvent liés à la migration d’un pays à un autre. Dans ce contexte, le blog Voix d’Exils donne à ses rédacteurs le sentiment d’être utile et leur apporte un élan positif dans leur vie. Or, chaque article rédigé par un migrant est, selon Omar Odermatt, Responsable de la rédaction du blog : « Un projet en soi, vu les compétences requises sur les plans linguistique et rédactionnel ; compétences que ne possèdent pas toujours les rédacteurs ». Dans un article publié récemment dans le quotidien Le Courrier, un des rédacteurs de Voix d’Exils, exprime ce que représente pour lui ce site : « Après la persécution endurée dans mon pays à cause de ma profession de journaliste, Voix d’Exils a été pour moi une sorte de thérapie et un soutien pour retrouver la confiance et le plaisir d’écrire et d’exercer ma profession. » Dans le même sens, Omar Odermatt affirme que « nous visons à ce que les rédacteurs qui participent à cette expérience réussissent à trouver une place d’apprentissage dans un média, et pourquoi pas à signer un contrat de travail et obtenir la carte de presse. » Besoin de communication Selon le Responsable de la rédaction du blog, il y a une autre raison qui a motivé le lancement du site Voix d’Exils. Celle-ci consiste « à donner une autre vision du phénomène migratoire, surtout que les médias parlent souvent des migrants d’une manière négative sans leur donner un droit de réponse. Les médias traitent parfois les problèmes d’une manière superficielle et s’arrêtent souvent sur les phénomènes les plus visibles, comme la violence et le trafic de drogues ; en négligeant l’examen des causes profondes qui se cachent derrière ces phénomènes. » D’un autre côté, le site ne se borne pas à soulever les contradictions des informations diffusées par les médias traditionnels, mais à éclairer d’autres aspects de la migration : la richesse que représente la diversité des cultures pour la société, et les retombées bénéfiques sur l’économie due à la participation et l’intégration des migrants, surtout que le quart de la population suisse est d’origine étrangère. Le besoin de communiquer, selon Omar Odermatt, n’est pas dirigé seulement vers l’extérieur, puisque les migrants ont besoin aussi de communiquer entre eux. En effet, le site Voix d’Exils s’est transformé au cours des trois dernières années, en une plateforme qui permet aux migrants d’exprimer leurs préoccupations et leurs espoirs en toute liberté. Bien que le projet soit destiné en premier lieu à la formation, le site Voix d’Exils a néanmoins réussit à inspirer le respect à ses lecteurs et à son public. Ce respect revient à l’application rigoureuse des principes de la Charte éditoriale, dans laquelle il est mentionné dans l’un des paragraphes que le blog est: « apolitique, sans appartenance partisane ou religieuse et respecte les principes déontologiques contenus dans la déclaration des devoirs et des droits des journalistes de la Fédération suisses des journalistes ». La version électronique du journal est la formule idéale Vu les circonstances spéciales des rédacteurs qui participent à ce projet, cette tribune médiatique a opté pour la formule électronique au lieu du papier. Omar Odermatt vante les qualités de ce choix et ses motivations : « le site internet procure une flexibilité que le journal papier n’a pas, et permet aussi la publication d’informations à notre convenance, sans être contraints par des délais de publication strictes. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’on fasse l’économie de la régularité et de la discipline ». En effet, le site Voix d’Exils est considéré plutôt comme un journal électronique qu’un site de communication sociale. En plus, il offre, selon Omar Odermatt, « un rayonnement plus vaste à nos publications qui atteignent le public suisse et potentiellement le public du monde entier. » De son côté, Afif Ghanmi souligne que : « le site procure une flexibilité à la publication des articles, qu’ils soient longs ou courts, et nous évite d’être sous la pression que nécessite les exigences de la poursuite de nouvelles fraîches. Ce qui nous laisse le temps pour veiller à la qualité de nos publications, et permet de travailler avec des rédacteurs qui vivent des situations instables. Il arrive que certains rédacteurs, par exemple, décident soudainement de quitter la Suisse, ou que d’autres cessent leur collaboration parce qu’ils ont trouvé du travail, ou obtenu une réponse favorable à leur demande d’asile, ou une réponse négative et sont alors contraints de rentrer au pays ». En donnant l’opportunité à de nombreuses personnes d’écrire et de commenter les publications, ce site contribue à dissiper les préjugés et à briser les idées toutes faites dans l’imaginaire du public. Engagement et professionnalisme Voix d’Exils ne se préoccupe pas seulement de défendre l’image des migrants, mais œuvre aussi à donner une vision différente des problèmes de société du point de vue des migrants. Afif Ghanmi souligne que « le fait que les rédacteurs appartiennent au groupe des migrants donne à ce site un avantage sur les autres médias. Premièrement, parce qu’ils sont au cœur de la source d’information, deuxièmement parce que les rédacteurs jouissent de la confiance des personnes interviewées qui les aident dans la production de leurs articles ». Omar Odermatt, Responsable de la rédaction du blog Voix d’Exils Photo : Hugues Siegenthaler « Les lecteurs qui visitent notre site remarquent l’engagement strict de nos rédacteurs et la méthode de travail journalistique choisie dans leurs enquêtes sur des phénomènes sociaux complexes. Par exemple, dans l’enquête sur l’exploitation sexuelle exercée sur des personnes fragilisées par une situation sociale difficile » affirme Omar Odermatt. Il commente cette enquête précisément en disant que « le rédacteur a réussi à éclairer une foule de vérités cachées que personne en Suisse n’aimerait voir .En plus, l’information que nous publions se distingue par la prédominance d’interviews. Nous faisons le choix de privilégier le dialogue direct avec les personnes concernées par les problèmes que nous abordons. Par exemple, l’enquête menée sur les passeurs et la migration clandestine à travers la Turquie et la Grèce. Ou l’exposé sur le parcours d’une jeune Rwandaise arrivée en Suisse pour fuir l’enfer du génocide perpétré dans son pays, qui a réussi à relever le défi en étudiant pour devenir infirmière, et qui travaille actuellement au Centre hospitalier universitaire de Lausanne. Elle consacre maintenant une bonne partie de son temps à aider les migrants à s’intégrer et à surmonter les difficultés. Ceci démontre que l’objectif principal de notre travail est de « donner la parole à ceux qui n’en ont point »». Mais, le plus important est peut-être l’acquisition par les participants lors de leur stage à Voix d’Exils d’une foule de compétences et d’expériences dans les domaines de la rédaction journalistique, de la communication et de l’informatique. Un bagage qui les aide à trouver du travail, ou à lancer leur propre site internet en Suisse ou dans leur pays d’origine. Expérience qui leur a appris à gérer leur temps et à prendre des initiatives. En fin de parcours, les participants se voient délivrer un certificat attestant des compétences acquises à Voix d’Exils. D’un journal à un site électronique (encart) L’histoire de Voix d’Exils remonte à plus de 12 ans. Au début, il a été publié sous forme de journal papier portant le nom « Le requérant », avant de prendre la dénomination de « Voix d’Exils ». Le journal a continué à être imprimé et distribué avec la participation des organismes concernés par l’accueil des migrants dans les cantons romands (de langue française) : Genève, Fribourg, Vaud, Neuchâtel, le Valais et le Jura. Avec le temps, les cantons de Fribourg, du Jura puis de Genève se sont retirés du projet pour diverses raisons. Ce qui a entraîné, début 2010, l’arrêt de la parution du journal sous sa forme papier. En 2010, il a été décidé de transformer le journal papier en un site internet -qui gardera le nom de Voix d’Exils – pour réduire les coûts de publication. Les frais d’impression ainsi économisés ont alors été affectés au paiement du salaire du nouveau Responsable de la rédaction du blog. Le Canton de Vaud a réussi à renouer des liens de collaboration avec certains de ses anciens partenaires : les cantons de Neuchâtel et du Valais. Dorénavant, le site est alimenté par trois rédactions cantonales, ce qui a resserré les liens de collaboration et a amélioré son rendement. Avec le temps, le site s’est transformé en une plateforme de communication directe permettant aux exilés résidant en Suisse et à toute personne le souhaitant de s’exprimer en toute liberté sur les questions en lien avec le thème de la migration et dans les trois langues du blog : le français, l’anglais et l’arabe. Un site interactif et participatif qui a produit un grand nombre d’articles d’investigation et d’information réalisés avec rigueur. Un résultat honorable (encart) Dès son lancement, le site internet Voix d’Exils n’a cessé de se développer et de s’étendre. Il est actuellement composé de trois rédactions cantonales dont le travail d’édition est coordonné par la rédaction vaudoise, ce qui assure la complémentarité des idées et des projets et ce qui permet d’alimenter en permanence le blog de nouveaux contenus. Les rédacteurs bénéficient d’un encadrement leur permettant d’aboutir la réalisation de leurs articles et participent activement aux réunions inter-cantonales réunissant les trois rédactions du blog à la fin de chaque semestre. Voici un résumé de ses activités en 2012. Au cours de l’année écoulée, Voix d’Exils a publié 74 articles, dont certains d’investigation fouillée. L’ensemble de ces articles traite de questions en rapport avec le thème de la migration, sur les plans national et international. Exemples, le phénomène de la prostitution sous contrainte et la traite d’être humains en Suisse, la couverture des travaux du Sommet de la francophonie qui s’est déroulé à Kinshassa en octobre 2012. Le site Voix d’Exils œuvre à diversifier ses supports d’information. Ainsi, l’année dernière, un premier film documentaire a été réalisé par M. Keerthigan Sivakumar, rédacteur du blog, qui a signé son film du pseudo « Sara Page ». Son court-métrage portait sur la transformation des murs d’’un centre d’hébergement pour requérants d’asile à Monthey, dans le canton du Valais. Il s’agissait d’une magnifique fresque qui a été peinte par des requérants d’asile et des habitants de la ville de Monthey. La participation active des rédacteurs du blog, l’année dernière, à la manifestation de la radio FM de la Caravane des quartiers, événement organisé par la Ville de Lausanne, était une excellente opportunité de couvrir l’événement et de diffuser l’information sur les ondes de la radio, mais également de dialoguer directement avec leurs homologues travaillant dans les services qui s’occupent des migrants. Les rédacteurs de ce média suivent également des cours et des formations périodiques dans les domaines de l’informatique, de la production audiovisuelle et multimédia, des techniques de rédaction journalistiques. Ces cours sont coordonnés par la rédaction valaisanne du blog, qui est rattachée au Centre de formation valaisan « Le Botza ». Ces évolutions du blog ont été accompagnées par un accroissement de la diffusion des informations produites par le site de Voix d’Exils ce qui a contribué à son rayonnement. Preuve en est l’augmentation constante du nombre des visiteurs du blog. Au mois d’août 2010 lors de la première année de son lancement, la fréquentation du blog atteignait 3’348 visiteurs. A la fin du mois de novembre 2012, Voix d’Exils comptait 25’316 visiteurs. Depuis son lancement, le blog comptabilise un total de 445’536 visiteurs en mars 2013. Texte traduit de l’arabe par Nouhad Odermatt-Kouéter Pour lire l’article original en arabe sur le site de swissinfo cliquez ici Ce soir c’est « Newroz » : la fête de l’an des Kurdes La fête de « Newroz » Galerie de Isa Fakir (CC BY-NC-ND 2.0) Durant la nuit du 20 au 21 mars, certains peuples du Moyen-Orient célèbrent la fête traditionnelle et même nationale de Newroz. Aujourd’hui, à travers le blog Voix d’Exils, j’aimerais partager avec vous l’origine de cette fête du point de vue kurde. Les Kurdes célèbrent Newroz comme le jour de l’an selon le calendrier kurde. Ce, depuis 612 avant Jésus-Christ et le jour de l’équinoxe de printemps. Newroz est un terme d’origine avestique et un mot qui se compose de deux syllabes (nava et rezanh) et qui signifie : nouveau jour au sens de « nouvelle lumière du jour ». En langue persane et kurde, il a le même sens, mais il est décliné différemment selon les dialectes: Newroz, Nuroj et Newroc. Le mythe de Newroz et son symbole actuel Suivant la variante kurde, l’histoire de Newroz a commencé en Mésopotamie (correspondant actuellement en grande partie à l’Irak), au pied des montagnes de Zagros. Il y avait un grand château en pierres qui comptait de nombreuses tours et de hauts remparts. Ce château était gouverné par un tyran cruel appelé Dehak. Il avait deux serpents sur ses épaules, et quand ces derniers avaient faim, le tyran souffrait horriblement d’une douleur très aigüe. Des médecins prescrirent au tyran de nourrir ses serpents avec les cerveaux des jeunes gens. C’est pour cela que tous les jours, le bourreau de Dehak exigeait deux jeunes gens en guise de sacrifice pour les serpents. Dans un village, à côté du château, se trouvait un forgeron – nommé Kawa – qui avait sacrifié 16 de ses 17 enfants. Quand le moment fut venu pour sa dernière fille d’être sacrifiée, son père, qui l’aimait très fort, fut très attristé et envoya au roi, à la place du cerveau de sa fille, celui d’un mouton mort. Le roi ne s’aperçu de rien. Puis, Kawa réfugia sa fille dans les montagnes. Les autres habitants comprirent alors qu’ils pouvaient tromper le tyran. C’est alors qu’à chaque fois que le roi demandait un nouveau sacrifice, les gens faisaient la même chose que Kawa. Petit à petit, le nombre des jeunes gens sauvés augmenta dans les montagnes de Zagros, jusqu’à ce qu’ils soient réunis pour former une grande armée. Kawa prit alors la tête de cette armée, attaqua le château, et Kawa tua le roi Dehak. Ensuite, ils montèrent sur les hautes montagnes et allumèrent des feux pour avertir les habitants des villages voisins que le roi avait été tué. Ceci advint un 20 mars et, le lendemain, le peuple célébra son premier jour de liberté. Depuis cette date-là, Newroz devint alors un symbole important et un jour sacré pour les Kurdes qui le considèrent aujourd’hui, non seulement comme le nouvel an Kurde, mais aussi comme un symbole de la révolution contre la répression, la négation de l’interdit, et l’affirmation de la paix, de l’amitié, de la solidarité entre les peuples. Les rituels et traditions de Newroz au Kurdistan et en Europe Chaque année, durant la nuit du 20 au 21 mars, les Kurdes allument des feux sur les sommets des montagnes en mémoire du jour de la victoire de Kawa sur le roi Dehak. Dans les grandes villes, les jeunes marchent dans les rues en portant des torches et des bougies, en se félicitant de l’arrivée de la fête. Le lendemain, ils sortent dans la nature avec des vêtements folkloriques colorés (rouge, jaune, vert), ils allument un feu autour duquel ils dansent et sur lequel ils sautent en chantant durant toute la journée. Rappelons que le Kurdistan se situe à la jonction de quatre pays : la Turquie, l’Irak, la Syrie et l’Iran. Chacun de ces pays tolère différemment les festivités de Newroz. En Turquie: depuis la création de la République turque en 1923, les festivités de Newroz ont été officiellement interdites. Mais, durant ces dix dernières années, suite à l’insistance des Kurdes, le gouvernement turc a été obligé de les laisser célébrer la fête. En Irak: les Kurdes considèrent cet événement comme la fête nationale et ils ont 4 jours fériés En Syrie: le 21 mars est aussi un jour férié pour la fête des mères. Mais la fête de Newroz est toujours interdite. En Iran: les Kurdes ont la permission de fêter le Newroz comme le jour de l’an persan et non comme une fête kurde. En Europe, les Kurdes célèbrent le Newroz dans des salles fermées. Symboliquement, ils allument des feux d’artifices à l’extérieur. Mon souhait est que le Newroz devienne une fête officielle dans l’ensemble des quatre pays du Kurdistan. Joyeux Newroz à toutes et à tous ! J.A. Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils Avalanche d’activités programmées durant la semaine contre le racisme 2013 Affiche de la semaine contre le racisme à Lausanne Depuis maintenant plusieurs années, la semaine contre le racisme est organisée durant le mois de mars et regroupe une série d’événements gratuits qui se déroulent dans tous les cantons romands. Cette année, la semaine contre le racisme se tiendra du 21 au 28 mars . Voix d’Exils participera aux activités vaudoises de l’événement à l’occasion de la mise en place d’une radio éphémère qui sera installée à la gare du Flon à Lausanne du 21 au 23 mars. Le Canton de Vaud – et plus particulièrement Lausanne – proposera une palette très étendue d’activités. Au menu : expositions, conférencesdébats, ateliers, spectacles et projections. Le slogan de cette édition « Chaque immeuble est un monde » en dit long à propos des événements lausannois, car la particularité de cette édition est qu’elle se veut proche des quartiers et donc des lieux de vie de leurs habitants. Raison pour laquelle les animations se concentreront principalement dans trois quartiers résidentiels de Lausanne, connus pour leur mixité culturelle à savoir : Prélaz, le Vallon et les Boveresses. Une radio éphémère, spécialement dédiée à cette campagne contre le racisme, couvrira les événements lausannois du 21 au 23 mars en collaboration avec le centre socioculturel Pôle Sud, la radio estudiantine Fréquence Banane et en partenariat avec Voix d’Exils. Elle diffusera des émissions live sur 100.5 fm en public et s’ancrera, le temps de l’événement, à la gare du Flon à proximité du Métro 1 (M1). Les sujets abordés traiteront notamment de la vie des quartiers, de l’habitat, et du vivre ensemble. Un répondeur est d’ores et déjà à votre disposition si vous souhaitez partager vos expériences, vous exprimer sur la question du racisme ou proposer des idées pour favoriser une cohabitation harmonieuse entre personnes d’origines culturelles différentes. Il suffit pour cela de composer le 032 513 34 52 et de laisser un message concis et constructif. Certains messages enregistrés sur le répondeur seront ensuite repris par la radio. Vous êtes également conviés à nous rendre visite au studio mobile de la radio au Flon pour échanger avec les animateurs et les passants, et peutêtre même avoir la chance de vous exprimer sur les ondes ! En plus du canton de Vaud, le canton du Valais sera à l’honneur cette année. En partenariat avec l’école cantonale d’art du Valais (ECAV), une série d’expositions, d’activités et de spectacles auront lieu à Sierre et dans les environs. Cédric DEPRAZ Contributeur à Voix d’Exils Informations concernant le programme de la radio de la semaine contre le racisme: Les trois créneaux horaires ci-dessous de Fréquence Banane seront consacrés à la semaine contre le racisme sur 100.5 fm Café-Kawa, les matinales de 6h30 à 8h00 Midi Banane, de 12h00 à 13h00 Micropolis, le journal du soir de 17h00 à 19h00 Pour accéder au programme de Fréquence Banane, cliquez ici Des interviews live ainsi que des animations se dérouleront également durant les journées du 21 au 23 mars au studio mobile de la radio au Flon. Lieu : Gare du Flon, place de l’Europe, 1003 Lausanne, à proximité de l’arrêt du Métro 1 (M1) Infos : Pôle Sud, T 021 311 50 46 [email protected], www.polesud.ch Informations concernant l’ensemble des activités prévues dans les cantons romands durant la semaine contre le racisme : Rendez-vous sur le site national de la semaine contre le racisme en cliquant ici. Vous retrouverez sur le site toutes les activités classées par cantons.