Chine vers le charbon propre

Transcription

Chine vers le charbon propre
LE FIGARO
19
lundi 7 décembre 2009
sommett
2009
COPENHAGUE
La longue marche
de la Chine vers
le charbon propre
Premier émetteur mondial de CO2, l’empire du Milieu
dépend essentiellement du charbon pour son énergie.
d’énergie solaire et éolienne, avant
d’aller nourrir des algues qui elles-mêmes vont être utilisées pour faire du
biocarburant ou des engrais. Les experts étrangers défilent à Langfang et la
société projette de bâtir une installation
pilote sur 100 hectares dans les trois ans
qui viennent.
DES VIEILLES voitures polluantes aux
technologies « vertes » de pointe. Une
fois de plus, la trajectoire de cette entreprise chinoise est fulgurante. Il y a
exactement vingt ans, Wang Yusuo
créait une petite entreprise de taxis et
Les besoins énergétiques
location de véhicules. Dans le musée
augmentent
flambant neuf de la compagnie, des
Si ENN déploie tant d’efforts dans le secphotos d’archives montrent un parking
teur, c’est que le charbon est encore à la
parsemé de camionnettes brinquebaChine ce que le nucléaire est à la France.
lantes, louées aux jeunes entrepreneurs
Il assure plus de 70 % de ses besoins
pionniers de l’ouverture chinoise. Deux
énergétiques. En conséquence, il est
décennies à peine plus tard, la société
aussi responsable du plus gros de ses
ENN est devenue l’un des fleurons de
émissions polluantes, une centrale
l’industrie « verte » chinoise, un volticharbon émettant au moins deux fois
geur de pointe du charbon propre. Et,
plus de CO2 qu’une centrale au gaz. Et il
consécration ultime, elle a été la seule
se construit encore une centrale thermientreprise privée chinoise à recevoir
que au charbon par semaine ! Il faut dire
l’été dernier la visite de Stephen Chu, le
que les besoins énergétiques augmennouveau secrétaire à l’Énergie de Batent au rythme fou de la croissance :
rack Obama, d’origine chinoise.
chaque année, Pékin met en service une
La Chine offre aujourd’hui ce double
centaine de gigawatts, soit l’équivalent
visage d’un pays sinistré écologiquede la totalité du parc électrique français.
ment et dans le même temps en pointe
La Chine est consciente qu’elle va resdans bien des technologies écologiques.
ter encore dépendante du charbon duEt ENN est un symbole de ce nouveau
rant au moins deux décennies. Parce
volontarisme. Pour son QG, l’entrepriqu’il reste si peu coûteux et que Pékin
se est restée fidèle à la ville de Langdétient les troisièmes réfang, à une heure environ
serves mondiales, derrière
de Pékin sur la route du ÉNERGIVORE
LA CHINE EN CHIFFRES
les États-Unis et la Russie.
grand port de Tianjin,
D’où les recherches sur des
même si ses 20 000 emcentrales charbon plus proployés sont aujourd’hui
pres, comme celle dont on
répartis des steppes de
vient de lancer la construcMongolie intérieure à la Part du charbon
tion à Tianjin, sous la houSilicon Valley américaine. dans la production
d’énergie
lette de GreenGen dont
Après les voitures, ENN
l’actionnaire principal est le
s’est lancée dans les bongéant chinois de l’électricibonnes de gaz naturel.
té Huaneng. Les Améri« Et c’est en 2004 que nous
cains de General Electric
nous sommes engagés dans
Hausse
viennent aussi de signer
une transformation straté- de la demande
avec le grand groupe
gique, explique Tracy d’énergie d’ici à 2030
chinois Shenhua, pour traChen, porte-parole du
vailler sur la gazéification
groupe, en nous lançant
du charbon et la capture du
dans les nouvelles énergies
carbone. Les Français
propres. »
d’Alstom sont aussi dans la
À Langfang, le centre de
course et viennent d’inaurecherches de l’entreprise
gurer à Wuhan une nouvela des airs de film de science-fiction, où des savants Demande de charbon le usine de fabrication de
chaudières pour centrales
fous concoctent une nou- en 2030, soit + 85 %
thermiques, « qui permetvelle arme biochimique. par rapport à 2007,
tent d’augmenter de 50 % le
Dans un grand bâtiment selon l’AIE
volume d’électricité produite
de verre, des hommes en
avec une même quantité de charbon »,
blouse blanche s’activent devant des
selon Guy Chardon, vice-président de la
murs de tubes translucides où circule
division « produits thermiques » d’Alsune étrange solution verdâtre. Des altom. Et donc de réduire d’autant le vogues, qui doivent « digérer » le carbone
lume de CO2 rejeté par unité d’énergie
capturé lors d’un processus de gazéifiproduite. Dans un rapport publié au
cation du charbon. Ces micro-algues
printemps dernier, l’Agence internatioont été choisies parce qu’elles sont un
nale de l’énergie reconnaissait que « la
des organismes qui se reproduit le plus
Chine est devenue le plus grand marché
vite sur Terre, et qui capture encore
au monde pour les centrales au charbon
plus efficacement le carbone qu’arbres
modernes équipées de systèmes de
et plantes. L’originalité de l’installation
contrôle des émissions de haute qualité ».
test d’ENN est d’intégrer presque toutes
Bien sûr, comme souvent en Chine, il
les énergies nouvelles : le charbon est
y a le discours, les règlements, et une
gazéifié sous terre, puis le dioxyde de
réalité parfois bien différente, décalage
carbone (CO2) est extrait avec l’aide
70%
+95 %
3,4
milliards
de tonnes
La plus grande centrale solaire
du monde sera chinoise
LA PLUS grande centrale solaire du
monde va bientôt déployer ses panneaux
dans le nord de la Chine. Et c’est une entreprise américaine, First Solar, qui a été
choisie. L’accord entre les Chinois et
cette entreprise de l’Arizona a été largement mis en avant lors de la récente visite de Barack Obama à Pékin. Les vastes
étendues herbeuses de Mongolie intérieure accueilleront la ferme solaire qui
occupera une superficie voisine de celle
de Manhattan et dont la puissance attendue est de 2 gigawatts (GW), soit 1,5 fois
un gros réacteur nucléaire.
La Chine s’est fixé l’objectif de produire 15 % de son énergie avec des
sources renouvelables en 2020 et un
tiers en 2050. Et d’être dans les dix ans
le premier producteur mondial de toutes ces technologies vertes. Déjà leader
mondial du chauffe-eau solaire, elle
ambitionne de gravir la première marche des cellules photovoltaïques. Côté
éolien, le parc est aujourd’hui de 12 GW,
l’objectif étant de passer à 100, voire
150 GW en 2020. La Chine, au 4e rang
mondial, derrière les États-Unis, l’Allemagne et l’Espagne, devrait se hisser au
1er rang dès 2011.
Les autorités préfèrent donner des
chiffres de capacité plus que de production. Les provinces affichent ainsi leurs
efforts « verts » mais nombre d’installations ne sont pas raccordées au réseau.
Les énergies renouvelables coûtent encore cher et sont « discontinues ».
D’une tout autre nature, la part du nucléaire devrait aussi monter fortement.
Aujourd’hui de 2 %, elle devrait passer à
4 ou 5 % en 2020, avec un objectif de
20 % en 2050. ■
A. L.-G.
En Chine,
il se construit
une centrale
thermique
au charbon
par semaine.
Ici, dans la province
du Shanxi. WONG/AP
auquel l’étirement géographique de
l’empire n’est pas étranger. Les directives de Pékin se perdent souvent dans le
voyage qui les mène jusqu’aux autorités
locales et aux patrons des entreprises de
province, fussent-elles sociétés d’État.
Même s’ils sont installés, les systèmes de
désulfuration sont ainsi souvent désactivés. « Des procédures de contrôle supplémentaires vont être mises en place, et
on espère que la place du charbon va descendre à 50 % en 2030, et peut-être 35 %
en 2050 », explique Jiang Kejun, chercheur à l’ERI (Energy Research Institute), un think-tank gouvernemental.
« Plus généralement, nous avons proposé
l’instauration d’une taxe carbone. Le sujet est maintenant sur le bureau des politiques. » Il reconnaît que les objectifs
L’instauration d’une taxe
carbone est sur le bureau
des politiques
chinois en matière d’environnement
vont demander des efforts de plus en
plus importants, la partie la plus facile la fermeture des unités les plus polluan-
tes par exemple - ayant déjà été largement faite.
En attendant, alors que les experts
chinois prennent l’avion pour Copenhague, les centrales charbon ont poussé
leurs feux et les mineurs meurent par
dizaines dans les mines officielles ou
clandestines. L’hiver est précoce cette
année et s’annonce particulièrement
rude. Pour limiter les pénuries d’électricité porteuses de risques sociaux,
tout le secteur a reçu l’ordre de mettre
les pelletées doubles, le salut n’étant
pas encore prêt à venir du soleil, du
vent ou de l’atome. ■
Publi-communiqué
ÉNERGIE
EDF LEADER DE L’ÉLECTRICITÉ
« BAS CARBONE »
Alors que la conférence de Copenhague s’apprête à déterminer
les orientations de l’après-Kyoto pour lutter contre le changement
climatique, Claude Nahon, directrice du développement durable chez
EDF, réaffirme la volonté du Groupe de se positionner comme leader
européen de l’électricité « bas carbone ».
Quels sont les principaux leviers d’action
contre le changement climatique pour
un groupe comme EDF ?
Claude Nahon : Le secteur de l’énergie
est le plus émetteur en CO2. Plus des deux
tiers de la production d’électricité mondiale
reposent sur la combustion d’énergies
fossiles, ce qui génère 35 % des émissions
mondiales. L’axe central de notre stratégie
est de contribuer à changer ce modèle au
profit d’un bouquet de solutions énergétiques
« bas carbone ». Si le nucléaire reste le seul
moyen de production thermique de grande
puissance sans émissions de CO2, nous
développons les énergies renouvelables.
EDF est le premier opérateur hydroélectrique
européen et nous augmentons nos capacités
de production sur l’éolien et le solaire via notre
filiale EDF Energies Nouvelles, qui devraient
atteindre 4 000 MW nets en 2012.
L’éco-efficacité est également essentielle.
Cette démarche est-elle compatible avec
une demande énergétique croissante ?
C. N. : D’ici à 2030, les experts estiment
que 45 % d’énergie supplémentaire seront
nécessaires au niveau mondial et que
la consommation d’électricité devrait être
multipliée par deux. Nous sommes face
à un double défi : répondre à cette demande,
l’accès à l’électricité étant un levier essentiel
du développement, tout en parant au risque
climatique et à la raréfaction de certaines
ressources. Nous proposons des solutions
d’éco-efficacité énergétique auprès des
particuliers (isolation, pompes à chaleur,
architecture bioclimatique…) et des entreprises,
afin de maîtriser les consommations d’énergie
et de réduire les factures de nos clients.
En France, nous nous fixons l’objectif de
diminuer les émissions de CO2 chez nos
clients de 500000 tonnes par an d’ici à 2011,
grâce à nos offres commerciales.
En période de crise, la contribution
énergie-climat (« taxe carbone ») est-elle
un bon outil pour « décarboner »
l’économie française ?
C. N. : La production d’électricité est soumise,
comme d’autres secteurs industriels où les
émissions de CO2 sont plutôt concentrées,
au marché des permis d’émission. Ces quotas
seront mis aux enchères à partir de 2013 et
donc payants. Parce qu’elles ne sont pas
consommées de manière centralisée, les autres
formes d’énergie échappent à ce marché
européen des quotas. En proposant de taxer
les énergies fossiles dans les secteurs où les
émissions sont plus diffuses (transports,
chauffage), la contribution énergie-climat
vient donc rétablir l’équilibre, notamment
avec le gaz et le fioul, qui ne sont pas soumis
à une taxation sur le CO2. Ensemble, les quotas
et la taxe constitueraient un dispositif global
et cohérent de lutte contre le changement
climatique, à condition d’être complété par
le développement des technologies « bas
carbone » : véhicules électriques et hybrides,
modernisation des centrales diesel,
hydroliennes, stockage du CO2, etc.
CHIFFRES CLÉS
64 %
de l’électricité des pays de l’OCDE sont produits
à partir d’énergies fossiles, contre 4,1 %
en France, en partie grâce au nucléaire.
8,6 %
C’est la part d’électricité et de chaleur
produite à partir de sources d’énergies
renouvelables par le groupe EDF en 2008.
99 millions d’euros
C’est le montant des dépenses nettes de
R&D dans le domaine de l’environnement
pour EDF en France.
NAM THEUN 2
UN CHANTIER VERTUEUX
Conduite par EDF, en coordination avec
Nam Theun Power Company (NTPC), filiale
à 35% d’EDF, la construction de la centrale
hydroélectrique de Nam Theun 2
(1070 mégawatts), au Laos, a particulièrement
mis l’accent sur la prévention, la réduction
ou la compensation des impacts sociaux et
environnementaux.
Sur les 9000 salariés employés au plus fort
du chantier, plus de 80 % étaient Laotiens.
Les 6 200 habitants déplacés ont été relogés
dans 15 nouveaux villages.
Leurs maisons, reconstruites à l’identique,
bénéficient des nouvelles infrastructures
souhaitées par les familles (électricité, accès
à l’eau potable, écoles, routes, dispensaires,
assistance alimentaire…), améliorant très
sensiblement leurs conditions de vie.
EDF est signataire de l’initiative Caring for Climate
du Pacte mondial des Nations Unies.
Pour en savoir plus, connectez-vous sur :
http://developpement-durable.edf.com
L’énergie est notre avenir, économisons-la !
A
ENVOYÉ SPÉCIAL À LANGFANG
EDF SA au capital de 911 085 545 € – 552 081 317 RCS Paris – Siège social : 22-30, avenue de Wagram – 75008 Paris – Photos : Karine Lhemon, La Médiathèque EDF / B. Gondouin.
ARNAUD DE LA GRANGE