Le moine Épiphane

Le moine Épiphane
Il y a de cela longtemps, au 5ème siècle vivait en Sicile un moine du nom d’Epiphane.
Un jour, dans son monastère, il se découvrit un don merveilleux qu’il a reçu de Dieu :
il savait peindre de très belles icônes.
Et il n’en eut plus de répit, ni de jour ni de nuit,
car il voulait peindre le Visage du Seigneur, que pourtant il n’avait jamais vu.
Mais, où donc trouver le modèle assez parfait
qui lui permettrait d’exprimer tout ensemble la souffrance et la joie,
la mort et la résurrection, la divinité et l’humanité du Seigneur Jésus ?
Epiphane décida de se mettre en route et de parcourir l’Europe.
Il visita la France, l’Italie, l’Allemagne,
en scrutant tous les visages des personnes rencontrées sur son chemin.
Il cherche un visage qui a une ressemblance avec celui du Christ.
Il n’en trouva pas.
Un soir, fatigué par la route, il s’endort en répétant cette prière :
« Je cherche, Seigneur, ton Visage ; ton Visage je le cherche. Montre-moi ton Visage ».
C’est alors qu’il fit un rêve lumineux.
Un ange du ciel lui apparut et lui fait revoir les personnes qu’il avait rencontrées.
Et sur chacun de leur visage, il indiquait la particularité qui le rendait semblable à celui du Christ :
Sur le visage de la jeune épouse, la joie débordante
Sur le visage de l’enfant, l’innocence
Sur le visage du paysan, une force tranquille
Sur le visage du malade, le tourment de la souffrance
Sur le visage du condamné, la peur
Sur le visage de la mère, la tendresse et la bonté
Sur le visage de l’orphelin, l’angoisse
Sur le visage du juge, la sévérité
Sur le visage du bouffon, l’allégresse
Sur le visage du confesseur, le cœur doux et miséricordieux
Sur le visage bandé d’un lépreux, le mystère…
Alors, tout joyeux, illuminé par cette vision nocturne,
Epiphane retourne au monastère et pendant un an se met au travail pour peindre l’icône.
Un an plus tard, jour pour jour, l’icône du Christ était prête.
Il alla la présenter à l’abbé qui en resta stupéfait ; en effet, elle était merveilleuse !!
L’Abbé voulut connaître quel en fut le modèle
afin de le présenter à d’autres artistes du monastère…
Epiphane répondit :
« Mais Père, personne ne m’a servi de modèle car personne n’est identique au Christ, mais le Christ
est semblable à tous.
Père, ne cherchez pas le Visage du Christ sur le visage d’un seul homme, mais au contraire,
cherchez en chaque homme un fragment du Visage du Christ ».
Maintenant, Père Jean-Luc, vous qui êtes appelé à rencontrer tous les visages,
recueillez-les pour les unir au seul Visage, celui du Christ !