Mise en page 1 - Mouvement Européen – France
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PARTIE 2 : L’EUROPE À VOTRE RENCONTRE TABLE RONDE 1 QUELLE VALEUR AJOUTÉE COMMUNAUTAIRE POUR LES TRANSPORTS, LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ET LE DÉVELOPPEMENT DES TERRITOIRES ? Participants : M. Jean-Louis Fousseret, Maire de Besançon, Président du Grand Besançon ■ M. Paul-Marie Guinchard, Directeur de l’ADEME ■ M. Nicolas Bonnet ; responsable Europe à la Caisse des Dépôts et Consignations de Franche-Comté ■ M. Luigi Nigri, DG REGIO à la Commission européenne ■ Mme Comte-Deleuze, Présidente du Mouvement européen Franche-Comté ■ M. Vasiljie Kujacic, Chargé de mission à la Délégation Interministérielle à l’Aménagement et à la Compétitivité des Territoires ■ Pierre-Luc Séguillon Monsieur Guinchard, nous avons parlé de fonds européens mais faut-il seulement voir l’apport de l’Europe sous un angle financier ? Paul-Marie Guinchard « L’apport de l’Europe se situe bien au-delà des apports financiers. La problématique de développement des territoires intègre aujourd’hui la notion de développement durable. L’Europe y a beaucoup contribué en exigeant des éléments qui ont fait évoluer les uns et les autres et leur manière de penser l’avenir. L’autre élément, c’est la valeur d’échange ; les expériences conduites dans chacun des pays européens bénéficient aux autres. Dans la conception même de la stratégie opérationnelle, il y a une énorme valeur ajoutée de l’Europe, ensuite il y a la bonne utilisation des fonds qui viennent apporter des compléments aux programmes. Le troisième élément sur lequel je voudrais insister est la complémentarité. Dans notre région par exemple, nous avons imaginé la plus forte complémentarité possible entre les programmes d’initiatives locales, régionales et nationales, et je pense notamment au Contrat de Projet Etat-Région, complémentaire avec les programmes européens. durable, d’économie d’énergie de reconversion énergétique, que vous allez essayer de mettre en route, vous attendez un soutien de la part de la Communauté européenne ? Jean-Louis Fousseret « Oui nous l’espérons, nous savons très bien que lorsque nous voulons être innovants et mener ce type de politiques, il y a forcément besoin de beaucoup de crédits européens. Il est important que l’Europe viennent soutenir nos actions innovantes. Le développement durable est une option prise par la Commission européenne et qui est fondamentale. Quand on parle d’environnement ou de développement durable, la bonne échelle c’est au minimum l’échelle européenne. En ce qui concerne des exemples précis, nous sommes à Besançon avec les villes de Paris et Lyon, une des villes françaises où le nombre de voyages par an et par habitant est parmi les plus conséquents. 195 voyages, alors que la moyenne nationale est aux alentours de 95. Malgré des transports en commun performants, nos entrées de villes restent difficiles. Cette situation provoque une consommation d’énergie accrue et une forte pollution. Pour y faire face, et après de nombreuses réflexions, nous avons arrêté un grand projet autour du tramway. Nous ne sommes pas la première ville française à avoir un projet de tramway mais celui-ci sera particulier : il parcourera 14 kms et aura une connexion avec la gare TGV de Besançon-Viotte et une autre connexion avec la gare de Franche-Comté : la gare des Auxons. La Communauté d’agglomération va investir pour permettre de doubler la voie entre la gare de Besançon Viotte et la gare des Auxons. Là nous espérons que dans le cadre des politiques des TCSP, nous pourrons bénéficier du soutien européen. » Pierre-Luc Séguillon Concrètement, nous allons prendre l’exemple de la ville de Besançon. Jean-Louis Fousseret vous en êtes le maire, vous avez un certain nombre de projets en matière de transports de développement L E S C A H I E R S D E L’ É TAT R E G A R D S U R L E S F O N D S E U R O P É E N S / 14/ PARTIE 2 : L’EUROPE À VOTRE RENCONTRE Pierre-Luc Séguillon Cet exemple montre bien que l’articulation entre les fonds européens et les politiques régionales ou locales représente un dialogue permanent. Jean-Louis Fousseret « Je voulais juste rajouter un mot pour ceux qui redoutent que l’élargissement entraîne un appauvrissement des fonds. Je pense au contraire que cet élargissement peut nous apporter un développement économique supplémentaire. » Pierre-Luc Séguillon Pierre-Luc Séguillon La Communauté européenne a en effet comme nous l’avons rappelé, une politique des transports mais c’est une politique des transports entre les grandes métropoles. Comme le TGV Est par exemple, pas forcément sur le tramway de Besançon ? Vous avez d’autres projets en matière de politique énergétique de développement durable et de politique climatique ? Luigi Nigri « Nous voulons être une ville modèle au niveau français et au niveau européen. Nous avons lancé un plan de maîtrise des énergies depuis 1983. Nous avons réduit notre consommation d’énergie pour la ville de Besançon, de plus de 40 %. Notre objectif dans les 10 années à venir est de réduire encore nos dépenses d’énergies de 20% et de faire en sorte que ces 20% soient des énergies renouvelables. C’est pour cette raison que nous venons d’installer la plus grande chaufferie bois de France de 7 MégaWatt et que nous reconvertissons les chaufferies des écoles avec des chaufferies au bois qui utilisent les déchets forestiers de la région. Dans le domaine de l’énergie, nous sommes fiers d’être la première ville française de plus de 100 000 habitants à avoir reçu le label européen EEA (European Energy Award). Nous nous félicitons d’être une cité de l’énergie qui va contribuer dans les années à venir à ce que nous consommions moins d’énergie en diminuant l’émission de gaz à effet de serre. » « Effectivement, cet exemple se qualifierait plutôt comme un projet de transport urbain propre. Dans le cadre de la politique qui nous concerne aujourd’hui, la politique régionale de l’Union, nous avons une approche différente en fonction du type de région que nous souhaitons aider. Dans les régions qui relèvent de l’Objectif Compétitivité et Emploi, ce qui est le cas de la Franche-Comté, les grandes infrastructures ne figurent pas parmi les priorités - les grandes infrastructures relevant d’autres sources de financement communautaire. Personne ne peut nier leur légitimité et leur importance, mais la politique régionale européenne privilégie l’aspect compétitivité et emploi. De plus, le type d’intervention qui relève de l’économie de la connaissance et de l’économie de l’immatériel sont des interventions qui visent à combler des lacunes et les défauts dans lesquels nous n’avons pas été bons sur la période 20002006. Sur un type de projet comme le transport propre urbain, il y a effectivement une ouverture dans la réglementation qui nous permet de prendre en charge cela mais parmi d’autres priorités. Il faut tenir compte de ce cadre d’ensemble pour parler concrètement. » Jean-Louis Fousseret « Nous n’allons pas faire financer l’ensemble de ces TCSP. Deux volets pourraient néanmoins s’intégrer aux politiques européennes. Premièrement, ce TCSP entre la gare Viotte et la gare des Auxon sachant qu’Auxon représente la connexion de toute la Franche-Comté à l’Europe. Deuxième volet, nous aimerions innover en mettant en place un projet de FRET urbain. Comme l’accès de cette ville est un accès difficile, il s’agirait de disposer aux entrées de la ville des plates-formes pour recevoir les marchandises et utiliser le tramway pour desservir la ville. C’est ici un exemple parmi d’autres. » L E S C A H I E R S D E L’ É TAT R E G A R D Jean-Louis Fousseret Pierre-Luc Séguillon Cela s’inscrit très précisément dans les objectifs de l’Union Européenne ? Luigi Nigri « Effectivement, en terme de logique nous sommes tout à fait au c?ur des attentes. En revanche, la question des financements relève d’une série d’arbitrages fixés au niveau local. Il s’agit de décisions qui doivent être prises au niveau local entre les autorités qui s’occupent de la gestion des programmes européens. » S U R L E S F O N D S E U R O P É E N S / 15/ PARTIE 2 : L’EUROPE À VOTRE RENCONTRE Pierre-Luc Séguillon M. Kujacic, vous avez au niveau de la DIACT, la responsabilité de l’articulation et du suivi de ces fonds. Vasilje Kujacic Pierre-Luc Séguillon M. Bonnet, vous êtes responsable Europe à la Caisse des dépôts de Franche-Comté, je vous donne la parole. Nicolas Bonnet « Pour rebondir sur le développement durable dans les villes, je voudrais rappeler que sur le Fonds INTERREG III, dont la Caisse des Dépôts assure la gestion des fonds, un peu plus d’1,3 million d’? sont venus soutenir la mise en réseau des villes pour des programmes éducation Energie et pour délivrer des labels de Cité d’Energie. Pour revenir sur les transports en commun, l’Europe peut financer des projets d’études. C’est le cas par exemple de problématiques très particulières entre la France et la Suisse. Avec la nouvelle programmation INTERREG IV, c’est la Région Franche-Comté qui prend la charge d’autorité de gestion et nous allons soutenir d’autres projets transfrontaliers dans le cadre du développement durable qui signifie aujourd’hui développement urbain des transports et développement économique dans le sens d’un respect de l’environnement. » « Il est important de souligner que ces fonds n’interviennent pas de manière séparée. Ils s’intègrent au contraire dans une logique très convergente et c’est à ce titre que la DIACT assure une mission de coordination. La valeur ajoutée communautaire sur les thématiques de développement durable se caractérise tout d’abord par une valeur ajoutée quantitative ; elle est fortement marquée dans les programmes de la génération 2007-2013. Pour la Franche-Comté, il y a un objectif spécifique comme dans toutes les régions françaises sur l’environnement : la prévention des risques et le développement durable. Nous sommes sur des montants très conséquents qui mettent l’accent sur l’efficacité énergétique, le développement des énergies renouvelables, la prévention des risques et la sensibilisation des populations et des acteurs économiques. Il y a aussi une valeur ajoutée qualitative très importante. Au-delà de ce quart du programme spécifiquement dédié à des actions qui doivent concourir à ces objectifs, le développement durable est une priorité transversale pour l’ensemble du programme. Tous les projets qui seront cofinancés seront donc lus à l’aune des enjeux du développement durable. A l’échelle de la France, les crédits spécifiquement orientés vers l’environnement et la prévention des risques représentent la deuxième priorité de l’ensemble des programmes ; ce qui est très significatif. » Pierre-Luc Séguillon Avant d’aller plus loin, M. Nigri, pouvez-vous nous rappeler les 3 fonds européens ? Luigi Nigri « Pour ceux qui nous intéressent aujourd’hui, il s’agit du Fonds Européen de Développement Régional (FEDER) qui est un peu l’expert en matière d’infrastructures et d’investissement productif en direction des entreprises. Le Fonds Social Européen (FSE) s’occupe plutôt des problèmes de chômage et de création d’emploi. Le Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural (FEADER) traite lui des problèmes liés au développement rural. » L E S C A H I E R S D E L’ É TAT R E G A R D Nicolas Bonnet « Le rôle de la Caisse des Dépôts est un rôle de tiers de confiance. Il s’agit d‘appuyer les autorités de gestion dans leur mise en ?uvre et de faciliter le montage des projets par les porteurs de façon à ce qu’ils aient accès aux financements européens. Il y a en effet un véritable besoin de connaissance par les porteurs de projet potentiel de tous les projets éligibles aux fonds européens. De notre côté, nous allons essayer de payer de façon très rapide les porteurs de projets. Tout cet assemblage-là est à mettre en pratique pour faire connaître au mieux les fonds européens. » S U R L E S F O N D S E U R O P É E N S / 16/ PARTIE 2 : L’EUROPE À VOTRE RENCONTRE Pierre-Luc Séguillon Quand on parle de l’Europe, on évoque une Europe qui marche sur 3 pieds, le Conseil, la Commission, mais aussi le Parlement européen. Mme Comte-Deleuze, vous êtes Présidente du mouvement européen de Franche-Comté, et avez pour nous un message de la part de Mme Griesbeck qui est parlementaire européen. Mme Comte-Deleuze Pierre-Luc Séguillon Donc si je comprends bien il y a deux problèmes : une meilleure circulation de l’information et une plus grande rapidité dans les règlements. Monsieur Guinchard, vous vouliez ajouter quelque chose? Jean-Louis Fousseret « Il y a des grands projets qui sont coûteux mais il y aussi des petits projets qui peuvent faire économiser beaucoup. Par exemple, les charges des appartements. L’ADEME a fait une expérience dans le quartier de Fontaine Ecu à Besançon. Le projet se nomme Fontaine Eco. L’ADEME a pris un appartement d’immeuble HLM que nous avons meublé. Nous y avons installé un voltmètre, des compteurs d’eau pour voir quelles étaient les consommations que l’on pouvait éviter. Nous avons pu constater qu’entre une lampe halogène et une lampe à basse énergie, il y a un écart de 40% au niveau de la consommation. Je pense que par des exemples comme ceux-là nous pouvons persuader l’ensemble des habitants de ces quartiers qu’il y a de grosses économies à réaliser. C’est très important car les personnes en difficulté ont de plus en plus de mal à payer ces charges. Et l’on peut, sans que ça ne coûte rien, faire de grandes économies. » « Mme Griesbeck est membre de la Commission Transport et Tourisme au Parlement. C’est à ce titre qu’elle m’a demandé de la remplacer. L’Union européenne a mis en place des programmes moins connus que ceux que nous avons cité jusqu’à maintenant. Le programme de cofinancement Marco Polo, qui vise à désengorger les infrastructures routières, le projet Euro vignette, qui a pour but de faire supporter à ceux qui utilisent la route pour le transport des marchandises, le coût de l’usure des infrastructures et le coût environnemental, ou encore Galileo qui est une méthode de gestion des flux. L’Union Européenne s’inscrit à la fois dans le développement durable et dans le complément des politiques nationales, régionales ou locales. Au niveau local, il y a également le programme SIBITAS, qui s’inscrit dans le prochain Programme de Recherche et de Développement. L’objectif pour l’Union européenne est de faire d’un certain nombre de villes, des laboratoires d’innovation en matière de solutions de rechange à l’utilisation des voitures. Par ailleurs, le livre vert de la Commission a été adopté le 25 septembre 2007. L’objectif étant de s’orienter vers une nouvelle culture de la mobilité urbaine. Ce livre fait l’objet de consultations jusqu’au 15 Mars 2008 à la suite de quoi la Commission Transports recevra à Bruxelles des éventuelles participations. Vasilje Kujacic « Il y a une troisième grande valeur ajoutée à ces programmes et en particulier aux programmes francs-comtois c’est l’aide à l’ingénierie de projet et l’aide apportée aux porteurs de projets pour s’inscrire dans cette priorité de développement durable. L’idée c’est que la prise en compte de ces enjeux ne peut trouver de concrétisation que si les territoires s’en emparent, autrement dit si ceux-ci sont capables de se doter de stratégie de développement durable. A cet égard, nous avons dédié une plate-forme qui permettra à l’ensemble des acteurs d’obtenir des informations et de monter leurs projets. » L E S C A H I E R S D E L’ É TAT R E G A R D S U R L E S F O N D S E U R O P É E N S / 17/