Politique- fiction Energie et alcool r
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www.lejeudi.lu L'EDITORIAL 3 JACQUES HILLION C'est l'une des conséquences de la crise ukrainienne et du bras de fer sanglant qui se joue entre la Russie et l'Europe. On sait que Poutine divise les Européens. Manipulateur peu démocrate, le président russe est critiqué pour sa volonté de redessiner la carte de l'Europe. Cette nouvelle cartographie, alors que le Vieux Continent a apaisé ses frontières grâce à la construction européenne, inquiète particulièrement les anciens membres du pacte de Varsovie et les Etats qui, il n'y a pas si longtemps, faisaient partie de l'Union soviétique. Pour autant, Poutine ne soulève pas qu'inquiétude et indignation. Il est assuré du soutien des anti-atlantistes, des souverainistes, des nationalistes et aussi de tous ceux qui, du Kosovo à la Syrie, pensent qu'on ne peut faire avaler continuellement des couleuvres à ce géant qu'est la Russie. Paradoxalement, l'attention se porte beaucoup moins sur la faculté du président russe à faire avancer la cause de la construction européenne. Si Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, vient d'énoncer haut et fort l'idée d'une armée commune aux pays de l'Union européenne, il appuie sa proposition sur le fait que celle-ci serait une manière d'apporter une réponse «plus crédible aux menaces pesant sur la paix dans un Etat membre ou dans un Etat voisin». Et d'ajouter qu'il y aurait eu là un moyen d'envoyer un message clair à Moscou. Sans parler de l'effet de rationalisation budgétaire, une armée commune permettrait de doter la diplomatie européenne d'une capacité de persuasion et de peser davantage sur la scène internationale. Une nouvelle fois, la crise ukrainienne s'impose à l'Europe, dans la mesure où elle peine à y faire entendre sa voix. Et que dire de la situation au Proche-Orient où certains pays européens sont directement en guerre? Si le débat est lancé, l'idée n'est pas nouvelle. Elle n'en a pas moins suscité des réactions qui vont du scepticisme luxembourgeois, évoqué par Jean Asselborn, à l'approbation allemande, en passant par une préférence allant dans le sens d'un renforcement de l'Otan. Quoi qu'il en soit, s'il n'y a pas d'unanimité autour de cette armée, les moyens de faire face aux menaces – russes mais pas uniquement – constituent une préoccupation fortement partagée à en croire certains titres de la presse européenne. Poutine ne s'invite pas seulement sur cette question dans le débat européen. Il serait même, à en croire des analystes, l'artisan d'un nouveau rapprochement franco-allemand. Les négociations de Minsk, à défaut d'avoir été un véritable succès, auraient permis à Angela Merkel et à François Hollande de mieux se comprendre et donc de travailler plus efficacement ensemble. C'est ainsi que la France aurait obtenu son délai supplémentaire de deux ans pour se conformer à un déficit budgétaire en deçà du seuil des 3% de son Produit intérieur brut. Ce n'est bien sûr qu'une partie de l'explication. D'une part, provoquer une crise avec la deuxième puissance économique de la zone euro aurait été improductif. D'autre part, la rigueur budgétaire cède quand même du terrain face à la nécessité de relancer les investissements pour éviter les risques de déflation. Toujours est-il que, s'il semble difficile de qualifier Poutine d'Européen, il y a dans la politique menée par Moscou des répercussions sur la façon que l'Union européenne a de se penser. L'effet Poutine Politique Les mots voyageurs Politique Nettoyage culturel Bourbier Politiquefiction on contents d'éliminer N les hommes, désormais, les voyous de l'Etat islamique veulent effacer leur histoire, leur culture. Un peu comme dans la pire des émissions de télévision après les décapitations, les crucifixions, les exécutions de masse ou les prisonniers brûlés vifs, les fous de l'EI nous proposent de nouvelles images, peut-être moins choquantes que les macabres productions précédentes mais pour le moins révoltantes. Ils n'en sont toutefois pas à leur coup d'essai. En juillet dernier, ils avaient déjà réduit en miettes la mosquée du prophète Jonas à Mossoul, en Irak. Plus récemment, ils s'en sont pris au musée, toujours à Mossoul, ainsi qu'aux sites historiques de Nimrud et Hatra. Ce faisant, ils s'attaquent non seulement au patrimoine irakien mais aussi à celui de l'Humanité. La directrice de l'Unesco parle de nettoyage culturel. Tout cela tient bien évidemment de la propagande politique et pseudo-religieuse. Mais cette politique de terre brûlée ne traduit-elle pas non plus un essoufflement de l'EI qui, avant sa chute, tente de causer le plus de dégâts possible? C'est notamment une thèse avancée par l'historien Alexandre Adler dans son ouvrage Le califat du sang. Certes, il y a le déplaisant sionisme de l'historien, ce qui ne doit pas empêcher de s'intéresser au parallèle dressé entre les combattants de l'EI et les nazis. Il se situe en 1943. Pour Hitler, la défaite semble déjà inéluctable, raison pour laquelle il met les bouchées doubles afin de massacrer le plus de juifs possible. Aujourd'hui, l'EI vivrait sont année 1943, et ses affidés tuent frénétiquement parce qu'ils sentent que la fin est proche. Un avis que ne partage visiblement pas un autre groupe extrémiste. Au Nigéria, Boko Haram a annoncé son allégeance à celui qui se fait appeler le calife Ibrahim, plus connu sous le nom de al-Baghdadi, l'actuel chef de l'EI. Là aussi, le sentiment général est celui d'une fuite en avant puisque, selon les plus optimistes, Boko Haram serait exsangue, et son ralliement à l'EI une conséquence de déroutes militaires successives. Le nom du groupe nigérian se traduirait par «l'éducation occidentale est un péché» et dit bien ce qu'il pense de la culture... On assiste ici à la création de la coalition des ignares. Qui, selon les plus optimistes, serait mort-née. Et ensuite? Libre à nous de miser sur la culture et l'éducation, au lieu de continuer à leur fournir des armes et d'alimenter leur folie. O LIVIER T ASCH oilà un mot qui a eu des dérivés V étonnants, se faufilant même à l'intérieur de notre famille grand-ducale. A l'origine du bourbier, il y a la bourbe qui se disait, en 1223, «borbe». D'où sort cette dernière? Toutes les pistes vont vers le gaulois. Les langues celtes accréditent une telle hypothèse: l'ancien irlandais «berbain», l'ancien gallois «bervi», le breton «birvi». Tous ces mots ont à voir avec l'action de bouillir. On croit que les Gaulois disaient «borvo». Une thèse plausible, puisque, un des dieux gaulois s'appelle ainsi. Le dieu des… sources thermales. Au début, il y a donc du bouillonnement dans le bourbier. Et s'il fallait une autre preuve, certains noms de lieux l'apportent. Bourbonne-les-Bains, par exemple, qui s'appelait jadis Borbona. Tous ces toponymes, en effet, sont des lieux où se trouvaient des sources d'eau chaude. Or, aujourd'hui, le bourbier ne renvoie absolument pas à l'eau bouillante, mais plutôt à la boue épaisse qui se dépose au fond des eaux stagnantes. Qu'est-ce qui s'est donc passé? C'est le mot «boue», provenant lui aussi du gaulois – «bawâ», renvoyant à la crasse et à la saleté – qui est à l'origine de la mue orthographique de «borbe» en «bourbe». Plausible. N'existe-t-il pas des bains de boue thermale? A partir de là, le chemin du bourbier est limpide, si j'ose dire. Le thermal a disparu, la boue est restée. Et notre famille grand-ducale dans tout cela? N'y a-t-il pas eu des Bourbons dans notre palais? Félix de BourbonParme, par exemple, notre Prince Félix, époux de la Grande-Duchesse Charlotte. Et bien, le patronyme Bourbon vient de toponymes tels que notre Bourbonneles-Bains. D'une période où la bourbe était encore du bouillonnement… Une ville pour tous L'administration communale de Luxembourg vient d'annoncer qu'elle souhaite lancer un programme pluriannuel pour adapter l'espace public aux personnes à besoins spécifiques. Actuellement, elle travaille sur un bon nombre de projets pilotes concrets qui devraient nourrir le plan. Au mois de mai (du 2 au 17) aura également lieu une action de sensibilisation dont le but est de faciliter les rencontres entre les personnes concernées et le grand public. J EAN P ORTANTE aisons un peu de politiquefiction: le 7 juin, les élecF teurs luxembourgeois répon- dent trois fois «oui» aux questions du référendum. Oui au vote facultatif dès 16 ans, oui à la limitation de la durée des mandats ministériels et oui au vote des étrangers au bout de dix ans de résidence et après avoir participé aux élections communales et européennes. C'est le résultat d'une campagne menée tambour battant par la coalition gouvernementale, après une (longue) période d'hésitation. Les ministres DP, LSAP, et Déi Gréng ont arpenté le pays et multiplié les meetings, relayés par les élus locaux et les députés. Tout le monde était sur le pont, conscient du risque que représenterait une défaite à ce moment-clé de la législature, alors que la politique de cette coalition inédite prend forme. Les trois partis ont donc réussi in extremis à inverser la tendance: entre les élections législatives d'octobre 2013 et les européennes de mai 2014, les Luxembourgeois s'étaient progressivement détournés du vote des étrangers, et les opinions favorables étaient tombées à 54% (lire sur www.jeudi.lu l'interview de Philippe Poirier à propos de l'étude consacrée aux élections). Le CSV, partisan du «trois fois non» a campé sur ses positions et continué à prôner une facilitation de l'accès à la nationalité, notamment via un droit du sol. Mais il se trouvait dans la position inconfortable de déplaire à la fois à son électorat traditionnel, qui voulait protéger l'accès à la nationalité, et d'être repoussé dans le camp des réactionnaires. Le peuple a donc dit «oui». Pour le plus grand soulagement du DP qui, non seulement, renforce son Premier ministre, mais sait aussi qu'une partie du nouveau réservoir d'électeurs lui est acquise. L'autre partie pencherait naturellement vers... le CSV. Les chrétiens-sociaux commencent à réfléchir. Le plus grand parti populaire peut-il continuer à s'opposer à la vox populi en refusant de voter la modification constitutionnelle? Et se priver de voix qui pourraient faire la différence lors des législatives de la revanche? (Rappelons que pour modifier la Constitution, il faut plus de 40 voix à la Chambre et donc au moins une partie du camp CSV). Pour voir si la réalité rejoint la fiction, il faudra attendre un peu. La campagne officielle pour le référendum commence le 11 mai. Le débat sur le vote des étrangers, lui, dure au moins depuis quarante ans. L AURENCE H ARF Energie et alcool Une étude menée par l'autorité européenne de la sécurité alimentaire dans 16 Etats membres de l'UE montre que 12% des adultes (18 à 65 ans) et 12% des adolescents (10 à 18 ans) consomment chroniquement des boissons énergisantes (4 à 5 litres par mois en moyenne). Ces boissons sont souvent ingurgitées avec l'alcool dont les effets sont contrebalancés par la boisson énergisante, ce qui peut induire les consommateurs à prendre plus de risques. Persönlich erstellt für: asbl asti L'ACTUALITE L'éditorial du 12.3 au 18.3.2015