4e dimanche de carême – 18 mars 2007 Le monde nouveau est
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4e dimanche de carême – 18 mars 2007 Le monde nouveau est
4e dimanche de carême – 18 mars 2007 Le monde nouveau est déjà là Une proposition pour nous aujourd’hui « Si quelqu’un est en Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né. » Cette proposition nous semble-t-elle réelle, possible, réaliste en qui nous concerne ? Ou pas du tout ? Nous contentonsnous de l’entendre comme quelque chose d’inaccessible, d’utopique, d’idéal, tout juste bon pour quelques êtres exceptionnels ou consacrés ? « Si quelqu’un est en Christ, il est une créature nouvelle. » Cette proposition est pour nous. Elle est pour chacun d’entre nous, aujourd’hui. Elle prend une saveur toute particulière en ce temps de Carême qui nous prépare justement à vivre dans et par la liturgie ce passage vers une naissance nouvelle. Être dans le Christ Si nous sommes en Christ, nous sommes des êtres neufs, qu’est-ce que cela veut dire ? Que peut signifier : être en Christ ? Est-il possible d’être en Christ, de demeurer en Lui ? Nous savons que le Christ demeure en nous, plus encore peut-être, que nous sommes capacité de Dieu, capax Dei. Depuis le baptême et dans les sacrements, le Christ se donne à nous. Lors de l’Eucharistie en mangeant le corps et en buvant le sang du Seigneur, le Christ vient bien demeurer en nous, au plus intime de notre corporéité. Mais comment pouvons-nous à notre tour demeurer en lui ? Être en Christ, c’est être greffé sur lui, comme le sarment sur le cep. C’est faire l’expérience de sa vie, de sa force de salut, qui agit en nous comme la sève de l’arbre qui vient déployer par elle ses branches au soleil. Si cette sève ne monte pas en nous, si notre vie n’est pas renouvelée par notre foi, si nous ne nous voyons pas devenir progressivement une créature nouvelle, nous devons nous poser la question de ce que nous vivons sur le plan de la foi. Sommes-nous restés dans une adhésion à des idées, des dogmes, des croyances ou des valeurs, c'est-à-dire à des pensées, ou sommes-nous entrés dans une relation personnelle avec quelqu’un, à qui nous nous adressons, avec qui nous dialoguons, quelqu’un que nous avons décidé de suivre ? Vivre une relation personnelle avec le Christ En d’autres termes, notre foi est-elle de croire à quelque chose ou de faire confiance à quelqu’un ? Dans le Credo, nous ne disons pas que nous croyons que Dieu est créateur et sauveur, nous disons que nous croyons en Dieu sauveur. En d’autres termes, croire en Lui, c’est lui faire confiance dans notre vie quotidienne, c’est marcher avec lui, comme une femme fait confiance à son mari, des enfants à leurs parents, des frères entre eux. Être en Christ, c’est dialoguer avec lui, l’écouter et lui parler, sans se lasser, c’est agir avec lui, c’est aimer avec lui. Si nous vivons cela, nous sommes une créature nouvelle. Frères et sœurs, vivez-vous une relation personnelle avec le Christ ? Cela doit être votre question en ce temps de carême. Est-ce que je vis une relation personnelle, dialogale, quotidienne, vitale, avec Celui que je viens recevoir dans l’eucharistie ? Si vous répondez OUI, alors vous n’êtes pas seulement une créature nouvelle, mais pour vous le monde est nouveau. Une réalité nouvelle est née Qu’est-ce à dire ? Cela veut-il dire que le monde s’est transformé comme sous le coup d’une baguette magique, que tous les soucis et les questions ont disparu comme par enchantement ? Bien sur que non. Mais c’est tout simplement que celui qui vit en Christ ne voit plus le monde de la même façon. La créature nouvelle voit peu à peu le monde comme le Christ le voit. Elle le voit de façon nouvelle, et donc elle vit dans un monde nouveau. Le monde n’apparaît plus comme un monde dangereux qui mettrait en danger sa vie et ses biens. Le monde devient un lieu où l’amour qui vient de Dieu peut se déployer. La créature ancienne, celle qui ne vivait pas en Christ, s’enfermait dans le monde ancien. Elle ne voyait pas que le Christ désigne le sens du monde, qu’il l’oriente par sa vie, qu’il est la manifestation à notre humanité de la vie divine. Cette créature ancienne, c’était celle qui se laissait engloutir par son péché, c'est-à-dire par son rejet de la voie d’amour, par la peur de se réconcilier avec les autres et avec Dieu. Suivre le Christ La créature nouvelle marche à la suite du Christ, elle marche dans la voie d’amour, de l’amour véritable, de l’amour christique, de l’amour qui rend l’homme semblable à Dieu. Elle n’est pas meilleure que les autres, elle n’atteint pas la perfection morale, elle n’est pas un parangon de vertus chrétiennes, mais elle a décidé de mettre ses pas dans les pas du Christ. Cette mise en route est marche vers la réconciliation, la réconciliation totale avec Dieu, avec les autres, avec elle-même. Le ministère de la réconciliation nous est confié « Tout vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation. » Quand Paul continue avec ces mots, il nous dit que c’est bien à chacun d’entre nous qu’est confié le ministère de la réconciliation, c'est-à-dire le service, l’activité de la réconciliation. C’est la mission de tout homme. Ce n’est pas un service qui ne concernerait que le prêtre. Nous sommes tous concernés. Et je continue de le lire : « c’était Dieu qui en Christ réconciliait le monde avec lui-même, ne mettant pas leurs fautes au compte des hommes, et mettant en nous la parole de réconciliation. » La réconciliation renonce à peser les fautes « Ne mettant pas leurs fautes au compte des hommes. » Voilà comment vit celui qui est à la suite du Christ ! Voilà quel est ce monde nouveau ! La réconciliation n’est pas une balance, un règlement de comptes, mais il est un total abandon des plaintes et des accusations par celui qui pardonne. Comparez entre le père du fils perdu et son frère aîné dans l’évangile de Luc ! L’un se précipite, cours et relève celui qui a blessé et qui est blessé parce qu’il a blessé. Il ne lui laisse pas le temps de s’accuser. L’autre jalouse son frère, il compare, s’estime lésé, il pèse et accuse. Il se condamne lui-même à vivre dans l’accusation. La réconciliation part de la reconnaissance que nous avons blessé l’autre ou que nous avons été blessé par lui et que nous ne voulons pas que cette blessure soit le mode de lecture de cette histoire commune. Bien au contraire, la guérison de la blessure, la cicatrice, est le témoin que la vie sort plus forte de l’épreuve, qu’elle en sort renouvelée. C’est ce que nous vivons dans chaque eucharistie. Monde nouveau et créature nouvelle sont inséparables L’homme réconcilié est une créature nouvelle. Son monde ancien était marqué par la rupture, le relent incessant de la blessure, le remord et le regret, le rejet de la reconnaissance de sa capacité à faire ou à éprouver le mal. Ce monde-là s’en est allé, un monde nouveau est déjà né. Un univers ouvert et non plus clos enfermé sur soi-même est déjà là, un univers où l’homme décide d’aimer quoiqu’il arrive. Monde nouveau et créature nouvelle vont ensemble. Si bien que la créature réconciliée devient elle-même porteuse de la parole de réconciliation que Dieu lui-même lui donne, met dans son cœur et dan sa bouche. Puissiez-vous être celle-ci pour vos frères les hommes ! Amen. 4e dimanche de carême 18 mars 2007 Jo 5,10-12, 2 Co 5,17-21, Lc 15, 1-3.11-32 fr. Thierry-Marie Courau, o.p. Tournons nous vers le Père pour lui adresser nos requêtes : Pour que notre monde n’aies pas peur de se laisser séduire par la responsabilité de faire naître des initiatives de réconciliations, prions le S. Pour que nos gouvernants soient des bâtisseurs d’unité et de paix, prions le S. Pour que le pape, les évêques et leurs collaborateurs, manifestent par leur attitude leur confiance dans le Christ et dans l’homme que le Christ sauve et réconcilie tout homme sans faire le compte de ses fautes, prions le S. Pour qu’en nous mettant à la suite du Christ, et en demeurant en lui, nous puissions entrer par Lui dans des démarches de réconciliation dans nos familles, nos cœurs, et nos sociétés, prions le S. C’est toi Seigneur qui, en entendant nos prières sans te lasser, nous conduit à devenir une créature nouvelle, c’est pourquoi nous te rendons grâce par le Christ NS.