entretien avec harry rabinowitz à l`alliance française de portland
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entretien avec harry rabinowitz à l`alliance française de portland
ENTRETIEN AVEC HARRY RABINOWITZ À L’ALLIANCE FRANÇAISE DE PORTLAND PRINTEMPS 2011 Harry Rabinowitz est chef d’orchestre. Durant sa carrière, il a dirigé plusieurs ensembles britanniques (ainsi que des orchestres français et allemands), mais principalement le London Symphony Orchestra qu’il a dirigé pendant plus de 30 ans, à l’occasion de concerts, de films, de représentations télévisées et d’enregistrements de CD. Rabinowitz a été le chef d’orchestre officiel de plusieurs musiques de films. On lui doit par exemple la musique des Chariots de feu (Chariots of Fire) de Hugh Hudson ainsi que celle du Patient anglais (The English Patient) pour laquelle ce film a reçu l’Oscar de la musique. Aujourd’hui, il passe la moitié de l’année en Provence, dans le sud de la France. Membres de l’Alliance Française de Portland depuis 2007, Harry et sa femme Mitzi participent tous deux aux cours de conversation thématique de l’Alliance (Edito), dernièrement avec le professeur Nathalie Gerts. Dans cette interview, Harry nous livre ses goûts et ses préférences concernant la culture française. Astrid : Depuis combien de temps parlez-vous français? Rabinowitz : Ma vie est une bataille avec la langue française. Les verbes sont impossibles. Les noms, ça va encore. En tout cas, c’est avec beaucoup de plaisir que je parle français. Astrid : Qu’est-ce qui vous a poussé à apprendre le français ? Rabinowitz : En tant que chef d’orchestre, j’ai beaucoup vécu en Europe. J’ai toujours cru nécessaire, quand on vit quelque part, d’avoir un contact, du moins amical, avec la langue. Par conséquent, j’ai appris un peu d’italien, un peu d’allemand, un peu de tout. Mais ce que je préfère par-dessus tout, c’est « un peu de français ». Astrid : Vous avez une maison en Provence. Pourquoi avoir choisi cette région pour vous y installer ? Rabinowitz : Alors que je travaillais à Londres, j’étais à la recherche d’un endroit pour passer mes vacances. Le climat en Angleterre était trop froid, et l’Afrique du Sud, d’où je suis originaire, était bien trop loin ; la France était entre les deux ! J’ai alors cherché un petit coin ensoleillé, pas trop loin de la mer, où la nourriture était bonne et où les arts avaient une place importante. La Provence était la solution ! Astrid : Racontez-moi les activités artistiques que vous trouvez en Provence. Rabinowitz : Pour la musique, je vais souvent au Grand Théâtre d’Aix-en-Provence qui est de très bonne qualité et parfois au festival d’Avignon selon les concerts. Mais surtout, il y a une saison (juillet, août, septembre) de spectacles de musique de chambre donnés par des quatuors de cordes très renommés comme Takács, Rosamonde Amrati, et Parker. Ils se trouvent dans les églises des petits villages par exemple à Lacoste, Roussillon, Isle-sur-la Sorgue. C’est charmant ! Astrid : Et en peinture ? Rabinowitz : Aussi. Aix-en-Provence, Avignon, Arles étaient les villes de Van Gogh, de Gauguin et de Picasso… A quelques kilomètres de là où je vis, on peut visiter la maison de Cézanne. Mais la France toute entière regorge de trésors. Je me souviens de l’église d’Auvers-sur-Oise, située au Nord de Paris et qui a été peinte par Van Gogh… C’est incroyable d’avoir tout cela si proche de nous. Astrid : Vous êtes un musicien de renom. Quels sont les compositeurs ou musiciens français que vous écoutez ? Rabinowitz : Je citerai en premier lieu Pierre Boulez et Igor Stravinsky. Mais j’apprécie tout particulièrement Claude Debussy et Maurice Ravel pour jouer au piano. J’essaie de répéter le plus souvent possible, malgré les problèmes d’arthrose dont souffrent mes doigts. Astrid : Quel est le dernier film français que vous avez vu ? Rabinowitz : Des hommes et des dieux – un film sans musique orchestrale. Astrid : Et un film français dont vous avez aimé la bande originale ? Rabinowitz : Le film français, « Camille Claudel » m’a fait vibrer (Isabelle Huppert et Gérard Dépardieu). Son histoire d’amour avec Rodin est magnifique. Et j’ai dirigé la musique de Gabriel Yared avec grand plaisir. Il m’a fourni un orchestre de cent instruments à cordes pour l’enregistrement à Londres. Astrid : Votre écrivain favori ? Rabinowitz : Stendhal. Astrid : En un mot, qu’est-ce qui vous plaît en France ? Rabinowitz : La France m’a apporté un vrai bonheur. Maintenant que j’y vis sept mois dans l’année, j’essaie d’offrir un peu d’Amérique à la France et un peu de France à l’Amérique. Mais pour moi, vivre en France, c’est un peu comme vivre déjà dans le ciel. Propos recueillis en français par Astrid de Villaines Traduction en anglais par Flore Pouquet Rédaction par Linda Witt © Alliance Française de Portland 2011