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région morges 4 région morges 5 Des vins du district en vitrine à Rio Pour la chaise longue L’association qui fait vivre le Québec en Suisse Marathon en tongs Il y a des livres qu’on lit l’été et il y a des livres d’été. Le Spiridon Superstar de Philippe Jaenada appartient assurément à la seconde catégorie, mais il demande un équipement très sérieux avant de se lancer: une chaise longue, quelque chose à siroter et une bonne dose d’humour. Il faut dire que le «raconteur» des grands criminels et autres scènes de vie qu’est Jaenada n’en manque pas, lui qui s’excuse d’ailleurs – et à juste titre – toutes les cinq pages d’en faire un peu trop au niveau des digressions. Pour poser le décor, la collection Incipit a proposé à des auteurs (re)connus d’évoquer les «premières fois», comme l’arrivée du… bikini ou du Festival de Cannes et Jaenada, connu pour son amour des zincs, a donc écopé du sport. On croit donc un peu à la farce au départ, quand il évoque le destin du premier vainqueur de l’épreuve mythique des JO de 1896 – Spiridon, don! – mais hormis quelques libertés sur l’épopée elle-même, tous les faits historiques sont respectés avec de nombreuses anecdotes, quand il s’agissait par exemple de rallier la Grèce… à pied depuis l’Italie pour participer! On apprend ainsi des choses très intéressantes sur les Jeux – en plus, c’est de saison! – sur un ton très enlevé. Jaenada tacle le baron de Coubertin, la vie de l’époque mais rend un bel hommage à ce brave Spiridon, premier héros des Jeux dont personne n’a retenu le nom. Un joli moment de lecture en moins de temps qu’il n’en faut (180 pages) pour avaler 42,195 km et un livre qui devrait finir dans les mains des élèves à la rentrée. Succès garanti! C. Jot. Le tube de l’été Dragostea din tei (2004) Contrôle qualité Vendredi 12 août 2016 «Lorsqu’on se retrouve, on parle évidemment du Québec, c’est souvent le point de départ de la discussion, mais ensuite, c’est notre vie, ici, en Suisse, qui prend le dessus, reprend Adeline Jaquet expatriée depuis six ans et mariée à un Suisse rencontré à Montréal. Globalement, j’ai le sentiment qu’on est tous unanimes sur le fait que l’on a une meilleure qualité Au début où j’étais de vie ici.» Un constat que partage Karine en Suisse, les Copparoni qui, si elle a montagnes épousé un Fribourgeois, avait déjà la nam’étouffaient un tionalité suisse: «J’aime peu, je cherchais retourner au Québec, l’horizon à perte de mais je ne me verrais vue du Québec pas quitter la Suisse.» Toutes deux soulignent la qualité du système de santé, la proximité de tout ou encore un niveau de vie qui permet de voyager. «Je crois qu’il y a plus de choses qui me manqueraient de la Suisse que l’inverse», ajoute Adeline Jaquet. RÉGION ❘ QUÉBÉCOIS EN SUISSE Philippe Jaenada n’est pas un romancier comme les autres. Auteur d’une dizaine de livres, couronné de plusieurs prix, celui qui rédige des brèves et des potins pour le magazine… Voici durant la semaine, est récemment entré dans la pleine lumière en revenant sur le parcours du cambrioleur Sulak, que les médias comparaient parfois à Arsène Lupin, et de Pauline Dubuisson (La petite femelle, accusée d’avoir assassiné son amant), deux livres qui ont connu un grand succès. La recette est souvent la même: des faits parfaitement exacts, une tonne d’humour et des commentaires personnels pour souvent réhabiliter ou donner un visage humain à ces drôles de héros du bitume pourtant réels. JM5 Journal de Morges Vendredi 12 août 2016 Par Donatella Romeo ■ L’auteur Les années 2000 ont réservé leurs lots de tubes bons et moins bons. Alors que la montée en puissance des télécrochets comme la Star Academy offre chaque année son album de reprise, le tube de la décennie n’est pas francophone, ni même anglophone puisque le groupe O-Zone est moldave et chante en roumain. Le titre Dragostea din tei, appelé par la plupart «Nu ma, nu ma iei», a été le single le plus vendu de l’année 2004 en France. Sorti le 24 avril, le single est resté 15 semaines au sommet du Top-50, raflant au passage un disque de diamant (750 000 ventes), et s’imposant comme l’incontestable tube de l’été 2004. Tout le monde l’a fredonné au moins une fois, sans trop savoir quelle était la prononciation exacte ni ce que signi- Journal de Morges fiaient ces paroles. Il est désormais temps de combler ce vide. | Traduction Dragostea din tei signifie en roumain «L’amour sous un tilleul». Et c’est effectivement une chanson d’amour, plutôt triste, malgré le rythme enjoué de la chanson. Cette dernière est en fait un message laissé sur un répondeur téléphonique. Le refrain signifie: «Tu veux t’en aller mais tu ne m’emmènes pas. Ton visage et l’amour sous un tilleul me rappellent tes yeux.» Dans les couplets, on comprend que l’homme est un hors-la-loi et qu’il encourage sa petite amie à le quitter en lui disant «Je t’appelle pour te dire ce que je ressens, je t’en prie sois heureuse.» Un tube qui n’aurait peut-être pas eu le même succès en français… S.R. Sur les routes du Québec A l’heure de terminer notre série estivale sur le Québec, il est temps de donner la parole à l’association qui réunit les Québécois qui vivent en Suisse. V oilà tout l’été que l’on vous parle de ces Morgiens et des coutumes helvétiques qui sont partis s’installer dans la Belle Province. Mais si le voyage se fait dans un sens, il se réalise également dans l’autre. Et s’il existe la Société Suisse Romande au Québec – présentée dans ces colonnes voilà trois semaines –, on trouve en Suisse son pendant québécois. Aussi, nous sommes allés à la rencontre de l’Association des Québécois en Suisse (AQS) pour leur demander qui ils étaient et ce qu’ils pensaient de notre pays. «Depuis plus de 20 ans, notre association réunit les Québécois – mais aussi les amoureux du Québec – autour d’activités typiques de notre culture, explique Adeline Jaquet, | Beurre d’arachides Le comité de l’Association des Québécois en Suisse lors de la Fête de la Saint-Jean, dont Karine Copparoni et Adeline Jaquet à droite. DR responsable de la communication de l’AQS. Le but est de favoriser un réseau d’entraide et d’amitié.» Et à l’image du Mont Sutton qui recevait la Fête fédérale suisse le 30 juillet (édition du 22 août), Pailly, pas loin d’Yverdon, accueillait le 25 juin la Fête de la Saint-Jean. «Il s’agit de la fête nationale du Québec, explique la présidente de l’AQS Karine Copparoni. Chaque année, c’est l’occasion de réunir amis et familles autour de certaines traditions québécoises. On mange du smoked meat (ndlr: viande fumée) et de la poutine, on boit de la bière québécoise, on invite des chanteurs québécois, on grille des marshmallows autour d’un feu ou encore on organise un tournoi de balle-molle (ndlr: softball). Avec 220 personnes alors que le temps était mitigé, on est très content de cette édition.» | Qualité de vie «Six à huit» organisés tous les troisièmes jeudis du mois dès septembre, «party» d’Halloween, «party» de Noël ou encore repas de type cabane à sucre, les événements con- tinueront de se succéder durant l’année et un peu partout en Suisse romande, là où se trouvent la majorité des membres de l’association. «Même s’ils viennent de partout en Suisse, précise Adeline Jaquet qui travaille à Morges. Nous sommes un nouveau comité et notre but est d’accroître notre visibilité afin d’augmenter le nombre de membres. Actuellement, nous sommes 170 membres, sachant qu’un adhérent peut être en réalité tout une famille et puis certains sont actifs sans être membres.» ■ Le Québec à la fête Plus que de réunir les Québécois et les amoureux du Québec, l’AQS œuvre également pour la promotion de la province dans notre pays. «Nous avons des contacts réguliers avec l’ambassade canadienne et nous sommes présents lorsque le Canada est l’invité d’honneur d’une manifestation, comme ce sera le cas le 24 septembre lors de la Fête du Raisin à Féchy ou en 2017 avec Paléo et le Salon du Livre de Genève, explique Adeline Jaquet. Nous mettons les gens en contact et nous promouvons l’association pendant les manifestations.» Et à Morges aussi, le Canada est présent. Dans le cadre du Festival international du film d’animation de Genève qui met cette année le Canada à l’honneur, la galerie Soleil de M’inuit à Morges projette tous les samedis (fermé ce samedi pour vacances) sept courts-métrages d’animation canadiens. Présentés dans des galeries d’art et musées de plusieurs villes suisses du 21 juin au 15 octobre 2016, ces films soulignent différents aspects de la vie et des traditions des autochtones du Canada. ➤ www.soleildeminuit.ch Et justement, que leur manque-t-il de la Belle Province? La famille et les amis, évidemment, mais ce n’est pas tout. «J’aime particulièrement le dynamisme culturel et festif de Montréal, reconnaît la présidente de l’AQS qui habite vers Glâne. J’ai également eu de la peine à me faire à l’idée d’être entourée de montagnes. Au début où j’étais en Suisse, cela m’étouffait, je cherchais l’horizon à perte de vue du Québec… Ah et la nourriture bien sûr! On trouve de plus en plus de produits qui viennent du continent américain, mais quand je suis arrivée il y a 10 ans, on ne trouvait pas de bagels, ni de beurre d’arachides et encore moins du fromage en grain pour faire la poutine!» Toutes deux soulignent aussi la réserve – tout helvétique – qui complique parfois la création de liens d’amitié. Et c’est aussi pour cela que l’AQS a sa raison d’être: faire de nouvelles rencontres, passer de bons moments et faire du réseautage sur la base d’un point commun, l’amour du Québec. | ➤ www.facebook.com/toileaqs Alain Bettems pose avec la bouteille qu’il a envoyé aux Jeux Olympiques de Rio. Bovy FÉCHY Alain Bettems et 4 autres vignerons ont envoyé des bouteilles aux Jeux olympiques. Le Canton de Vaud est à l’honneur à la Maison Suisse de Rio, laquelle semble être l’adresse où il faut être vu. Les vins de 5 vignerons de la Côte y sont en effet servis et vendus, dont celui d’Alain Bettems, de la Cave de la Crausaz à Féchy. Au départ, l’objectif n’était pas tant les JO mais bien d’exporter du vin suisse à São Paulo. Sur l’initiative de Lucciana Mota, une Brésilienne qui a étudié à Lausanne et grande amatrice de Chasselas, une association a été fondée dans ce but. Et lorsque la Suisse recherchait des vins à présenter aux JO, le contact a été établi avec Nicolas Bideau, ambassadeur de Présence Suisse. | Prise de risque Ce n’est donc pas São Paulo mais Rio qui se délecte des vins du district. Si l’expérience est intéressante, elle n’est pas sans risque pour Alain Bettems: «On va au Brésil avec un esprit d’entrepreneur. Au total, à cinq, nous avons déjà dû investir PUBLICITÉ Partir à la rencontre de ses racines paternelles Des vins difficiles à se procurer QUÉBEC ❘ ELLE A TRAVERSÉ L’ATLANTIQUE POUR SES ÉTUDES La Tolochinoise Léonie année a été intense, mais c’était plus Léonie Chevalier a d’ailleurs long- | Du Cenovis! Chevalier, 19 ans, est lié au fait que je commençais une temps pratiqué avec l’équipe mor- «Quand je suis partie pour le Caindépendante qu’au dépayse- gienne, les AMIS. «J’avoue que je ne nada, je me suis dit que j’y ferais partie faire ses études vie ment. Ceci est aussi dû au fait que je suis pas certaine d’être à la hauteur toute ma vie. J’ai toujours cette dans la ville de connaissais déjà.» vu que je n’en ai pas fait depuis plus envie, mais j’avoue craindre d’avoir Québec. Dans une ville de plus de 516 000 d’un an et que l’improvisation est à terme deux points d’attache et de QUÉBEC ❘ IMPORTATION DE VIN Le Doral Expression de dans les magasins de la SAQ. Cave de la Côte est le | Sur appel d’offres seul vin du district «C’est en répondant à l’un des apdistribué au Québec. pels d’offres de la SAQ pour un vin A 18 ans, Léonie Chevalier a quitté sa famille et Tolochenaz, pour la ville de Québec où elle a commencé ses études à l’Université de Laval. Un départ porté par sa volonté de découvrir le pays de son père Robert Chevalier, municipal de Tolochenaz. «Depuis petite, j’ai toujours eu beaucoup de plaisir à aller en vacances au Canada, mais j’avais envie d’y vivre vraiment, explique la jeune femme. Mon père vient d’à côté de Québec et ma famille s’y trouve encore, c’était donc logique pour moi de m’installer dans cette ville.» C’est ainsi que le Gymnase de Morges terminé, elle plie bagage pour le Canada. «Cette première habitants et une université de une vraie institution pour les Qué- me retrouver dans la situation où 42 000 étudiants – celle de Lau- bécois, mais je vais tenter d’intégrer quand je suis en Suisse le Québec sanne en compte 10 000 –, elle re- les ligues inférieures.» me manque et inversement.» Pour connaît que ce n’est pas autant, l’étudiante qui a évident de nouer des passé l’été auprès de sa liens d’amitié. «Je me famille à Tolochenaz, se sens bien intégrée, mais réjouit de s’envoler à en année préparatoire, nouveau pour la Belle on change tout le temps Province. de classe, ce qui compliMais, avant de partir que les choses. Je compte et de dire au revoir à ses sur le semestre à venir proches, il reste encore durant lequel je vais quelques achats primorcommencer mon Bachediaux pour Léonie: lor en urbanisme pour «Acheter du fromage et rencontrer plus de gens. du chocolat – on ne Maintenant que j’ai pris trouve que du Lindt hors mes marques, j’aimerais de prix – ainsi que du aussi me trouver un traCenovis… inutile de prévail et reprendre l’improciser qu’il n’y en a pas au visation.» Un art que Léonie Chevalier a bien vécu l’hiver québécois. DR Québec (Rires)!» DOR Pas évident de trouver des vins suisses lorsque l’on se trouve au Québec et au Canada en général. En cause, une réglementation de la vente et de l’import d’alcool qui est extrêmement stricte. Si en Suisse on peut se procurer de l’alcool dans de nombreuses enseignes, il n’en est pas de même au Québec où le commerce des boissons alcoolisées est géré et réalisé par la Société des alcools du Québec (SAQ), une société d’État. Un système qui, bien qu’il ait considérablement changé, trouve ses racines dans la prohibition. Face à ce monopole, pas facile de se faire une place quand on est un vin suisse. D’ailleurs, seuls 19 vins – 15 valaisans, deux vaudois, un zurichois et un neuchâtelois – sont proposés JM5 Contrôle qualité suisse que notre Doral Expression a été choisi en 2012 pour être exporté au Québec, explique Sylvie Camandona, directrice export de la Cave de La Côte, seul représentant des vins du district au Québec. Le millésime 2010 venait de remporter la médaille d’or aux Vinalies de Paris ce qui nous a certainement apporté un atout prestigieux lorsqu’ils ont fait leur choix. Depuis, nous avons un agent sur place qui se charge de faire l’intermédiaire entre la SAQ et nous.» Au total, ce sont près de 1500 bouteilles par année qui sont envoyées au Québec. «Le souci, c’est que les vins suisses se trouvent dans la catégorie «autres pays» et qu’ils manquent de notoriété. Or, l’an passé, lors du festival Montréal en Lumière dont la Suisse était l’invité d’honneur ainsi qu’à l’occasion d’un salon des vins suisses – toujours à Montréal – en 2012, nous avons eu l’occasion de constater que l’intérêt est vraiment là. Et nous sommes ravis que le Doral Expression y soit distribué.» Pour autant, il existe un moyen de «contourner» la SAQ: passer par un importateur privé. C’est le cas du restaurant Le Léman (édition du 15 juillet) qui sert un vin du Domaine La Colombe à Féchy. «Cela signifie trouver un agent qui démarche, notamment les restaurants, et qui accepte de prendre le risque de se retrouver avec des invendus, reprend Sylvie Camandona. Sans oublier que la SAQ contrôle et taxe également ce type d’importation.» DOR plus de 100 000 francs entre l’envoi des vins, les taxes et l’administratif» explique le vigneron de Féchy. Il précise d’ailleurs que l’aspect financier a refroidi de nombreux vignerons: «A la première rencontre, nous étions une vingtaine d’intéressés, mais dès qu’on a parlé d’argent, nous nous sommes retrouvés à cinq.» | Obstacles nombreux Outre l’investissement, les vignerons ont aussi eu de la peine à trouver un transitaire fiable dans un pays miné par la corruption, et n’ont eu droit à aucun subside: «Tout est fait pour décourager! Il faut vraiment être motivé pour se lancer dans l’exportation», ajoute Alain Bettems. Cela ne l’empêche pourtant pas d’être optimiste pour la réussite de l’opération: «Tous les Brésiliens qui ont goûté notre vin l’adorent. Ils connaissent très peu les vins blancs et la Suisse dispose d’une image de luxe au Brésil.» L’intérêt semble donc bien présent pour le blanc de notre région. A l’avenir, Alain Bettems espère bien réussir à importer à São Paulo, l’objectif initial. Même s’il ne sera pas du voyage aux JO, La vitrine de Rio devrait lui permettre de se faire un nom sur ce marché. Mais il est pour l’instant difficile d’annoncer un volume pour l’exportation. X.P. ■ Dégustation et vente Présentés à la Maison suisse, les vins vaudois seront ouverts à la vente mais évidemment aussi proposés à la dégustation. Durant toute la durée des Jeux olympiques et également paralympiques, environ 5 séances de dégustation seront organisées chaque jour et accueilleront jusqu’à 20 personnes. Alain Bettems a envoyé au Brésil sa cuvée 2015 du Domaine de la Crausaz, arrivée 3e au dernier Mondial du chasselas. Les crus seront aussi servis au restaurant de la Maison suisse. C’est d’ailleurs les vins pour le commercial qui ont posé le plus de problèmes car ils ne sont pas exempts des taxes. Pour 1500 bouteilles, les vignerons de la Côte ont en effet dû débourser 6000 francs pour des taxes allant jusqu’à 100% du prix de la bouteille. Avec les vins vaudois, le couac du Mondial 2014, où le vin n’était arrivé qu’à la fin du tournoi, pourra donc être oublié.