20 700 projEts dE rEcrutEMEnt En BElgiquE frontalièrE

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20 700 projEts dE rEcrutEMEnt En BElgiquE frontalièrE
ÉCLAIRAGES
ET SYNTHÈSES
JUIN 2014
n°01
SOMMAIRE
P.1 un établissement sur cinq envisage
de recruter en 2014
P.2 Sept projets de recrutement sur dix
se situent en Flandre frontalière
P.2 Plus de besoins dans le Tertiaire en
Wallonie frontalière
P.4 Les familles professionnelles du
Tertiaire sont les plus recherchées en
Belgique frontalière
P.4 Les difficultés d’embauche
diminuent fortement, pour l’ensemble
des établissements
P.6 18% des projets sont liés à une
activité saisonnière en Belgique
frontalière
Enquête Besoins en Main-d’Oeuvre 2014
20 700 projets de recrutement
en Belgique frontalière
JEAN-MICHEl landas, service étudeS, veille et prospective de Pôle emploi nord - pas de calais
En 2013, avec 26 000 nordistes travaillant en Belgique, et 10 000
résidents belges faisant le chemin inverse, la frontière entre le
Nord - Pas de Calais et la Belgique est l’une des plus perméables
du pays en termes de flux domicile-travail .
1
Un établissement
sur cinq envisage
de recruter
En 2014, 7 400 établissements de la Belgique
frontalière envisagent de recruter. Bien que
pour des raisons méthodologiques, il faut
être prudent lors de la comparaison de
l’enquête belge et française, il est néanmoins
intéressant d’en comparer les principaux
résultats et d’en faire quelques constats.
Ainsi, sur ce territoire belge, plus de deux
établissements sur dix envisagent de recruter
cette année. Les établissements y sont plus
recruteurs en 2014 qu’en 2013. Cette année,
le territoire d’Ath se place au premier rang
des pôles les plus recruteurs avec plus du
quart des établissements qui sont recruteurs
et le pôle de Tournai prend alors la deuxième
position malgré une légère augmentation
du nombre d’établissements recruteurs. Les
quatre pôles de la Flandre belge frontalière
occupent les dernières places en matière de
proportion d’établissements recruteurs. Ainsi,
les employeurs de la Wallonie picarde sont
25% à envisager de recruter contre 21% en
Flandre.
1
Globalement, la volonté de recrutement est
corrélée à la taille et au secteur d’activité
d’un établissement. Ainsi, à tous niveaux
géographiques, belges comme français, plus
la taille des établissements augmente, plus
ceux-ci sont fréquemment recruteurs (cf.
graphique 1, page 2). Seules exceptions : en
Nord - Pas de Calais, les établissements de
1 à 4 salariés sont moins souvent recruteurs
que ceux sans salarié, et dans le pôle de
Mouscron, ceux de 100 à 199 salariés le sont
moins que ceux de 50 à 99.
Les établissements de l’Industrie
manufacturière plus souvent
recruteurs
Concernant les différences par secteur
d’activité (Naf A05), en Belgique frontalière
tout comme en région Nord - Pas de Calais, les
établissements de l’Industrie manufacturière
projettent plus fréquemment de recruter, tout
comme en 2013. En France, ils sont suivis
par ceux des Industries agroalimentaires et
agriculture, tandis qu’en Belgique frontalière,
ceux des Services arrivent en deuxième place.
Cette différence s’explique par le fait qu’en
Belgique, les établissements sans salarié ne
sont pas interrogés, or ils sont nombreux
INSEE/POLE EMPLOI/EURESCHANNEL Pages de profil N° 149 Février 2014
La « Belgique frontalière » est la zone belge frontalière de la région Nord - Pas de Calais regroupant les 68 communes
belges du territoire de l’Eurométropole Lille-Courtrai-Tournai. Ces communes ont été regroupées par grand pôle
géographique, selon un découpage aussi proche que possible de celui des arrondissements utilisé en Belgique (cf. encadré 1,
page 8).
2
Statistiques, étudeS et évaluations
Près des trois quarts des frontaliers
français travaillant en Belgique sont des
résidents du Nord - Pas de Calais. C’est
dire l’importance des échanges dans cette
partie de la zone frontalière belge avec la
France. L’accessibilité géographique et la
densité du tissu économique, ainsi qu’un
chômage nettement plus faible qu’en
France font de ce territoire, un territoire
attractif sur le plan de l’emploi. Dès lors,
la connaissance du marché du travail
transfrontalier constitue pour les services
publics de l’emploi belges et français
un outil partagé permettant d’aider les
demandeurs d’emploi à élargir leur champ
de recherche géographique.
L’enquête Besoins en Main-d’Oeuvre (cf.
encadré 1, page 8), réalisée par Pôle emploi
dans le cadre d’Eureschannel, permet, en
interrogeant les entreprises de chaque
côté de la frontière sur leurs projets de
recrutement en 2014, de favoriser la
mobilité géographique en améliorant la
lisibilité sur les opportunités. Ainsi, en
janvier 2014, les employeurs de la Belgique
frontalière2 prévoyaient 20 700 projets
de recrutement pour l’année en cours. Les
besoins des entreprises de cette zone belge
frontalière sont parfois différents, voire
complémentaires à ceux des établissements
implantés en région Nord - Pas de Calais.
2
dans l’agriculture, et recrutent souvent des
saisonniers à certaines périodes de l’année.
De même qu’en Nord - Pas de Calais, en
Belgique frontalière, les établissements de
la Construction arrivent en 5e position. En
Flandre, les établissements des Services sont
plus souvent recruteurs, tandis qu’en Wallonie
ce sont ceux de l’Industrie manufacturière.
Cependant, un taux d’établissements
recruteurs élevé n’induit pas nécessairement
un nombre élevé de projets de recrutement.
Sept projets de
recrutement sur
dix se situent en
Flandre frontalière
En 2014, 20 700 recrutements sont envisagés
par les établissements de la zone frontalière
belge. 70% de ces projets se situent en
Flandre frontalière, avec 14 500 projets
contre 6 200 pour la Wallonie picarde (les
établissements flamands interrogés sont
plus nombreux que les wallons). En 2013, la
Flandre en cumulait les deux tiers. Le nombre
de projets augmente de 4 450 projets en
un an en Flandre frontalière et de 460 en
Wallonie picarde frontalière. Le nombre
d’intentions d’embauche baisse dans un seul
territoire (Furnes) par rapport à 2013.
Courtrai et Roulers sont les gros
pôles de recrutement
Plus de la moitié des projets émis par les
établissements de la zone belge frontalière se
situent dans les pôles de Courtrai et Roulers.
Cette année, le nombre de projets augmente
fortement en Belgique frontalière (+27%).
C’est dans celui de Roulers qu’il augmente le
plus (cf. carte 1, page 3).
Les établissements de la région Nord - Pas de Calais
envisagent quant à eux 80 500 projets
de recrutement soit 2 800 projets de plus
qu’en 2013. Les deux tiers de ces prévisions
d’embauche se concentrent dans les bassins
frontaliers avec la Belgique (Dunkerque,
Flandre Lys, Lille, Versant Nord-Est RoubaixTourcoing, Douai, Valenciennes et SambreAvesnois).
Comme en 2013, dans la zone belge
frontalière, un tiers des projets de
recrutement émanent des petits
établissements (1 à 9 salariés).
En Nord - Pas de Calais, un tiers des projets
de recrutement proviennent aussi des
plus petits établissements (moins de 10
salariés), mais en incluant les projets des
établissements sans salarié.
En un an, en Belgique frontalière, tiré
par la Flandre, le nombre de projets de
recrutement augmente dans toutes les tailles
d’établissements. La tendance est différente
dans les établissements wallons où les
projets de recrutement diminuent dans les
établissements de 20 à 99 salariés et dans
ceux de plus de 200.
Plus de besoins
dans le Tertiaire
en Wallonie
frontalière
En moyenne sur la Belgique frontalière, 42%
des projets se situent dans le secteur des
Services (contre les deux tiers dans la région
française). Le secteur des Services est plus
porteur en Wallonie frontalière qu’en Flandre.
Ainsi, en 2014, dans la zone wallonne, la
moitié des projets d’embauche se situent
dans celui-ci contre quatre sur dix dans
l’autre région belge. Comme en 2013, un seul
secteur des Services creuse particulièrement
cet écart : la santé humaine et action sociale.
En Wallonie, il regroupe 19% des projets de
recrutement contre 13% en Flandre.
Qu’ils soient implantés en zone flamande ou
wallonne, les établissements de l’Industrie
manufacturière sont ceux qui envisagent le
plus d’intentions d’embauche après ceux des
Services. Sur chacun des territoires, l’Industrie
manufacturière concentre un projet de
En 2014, 20 700
recrutements
sont envisagés par les
établissements de la
zone frontalière belge
graphique 1
part des établissements recruteurs par taille (en %)
100 95
90 88
80 72
70 66
60
40 20 38
26
10 27
17
14
15
12
30
34
48
40
49
20 à 49
salariés
50 à 99
salariés
46
41
36
67
1à4
salariés
25
18
5à9
salariés
10 à 19
salariés
100 à 199
salariés
Flandre
Wallonie
0 0 salarié
Nord Pas de Calais
Belgique
77
54
53
50 30 67
79
72
89
200 salariés
et +
3
carte 1
Répartition et évolution des besoins en main-d’œuvre par pôle
Flandre frontalière
(Furnes, Ypres, Roulers, Courtrai)
14 487 projets de recrutement
Var : +3,6%
Furnes
1 563 projets
de recrutement
Var : -3,6%
Roulers
4 977 projets de recrutement
Var : +58,8%
Ypres
1 796 projets de recrutement
Var : +17,2%
Nord - Pas de Calais
80 511 projets de recrutement
Var : +3,6%
Courtrai
6 207 projets de recrutement
Var : +45,3%
Mouscron
1 754 projets de recrutement
Var : +3,0%
Wallonie frontalière
(Mouscron, Tournai, Ath)
6 231 projets de recrutement
Var : +8%
guide de lecture
projets difficiles > 33%
projets saisonniers > 18%
Belgique frontalière
20 718 projets de recrutement
Var : +27%
Ath
1 532 projets de recrutement
Var : +7,3%
Tournai
2 945 projets de recrutement
Var : +11,7%
Nombre de projets de recrutement
2 000
3 000
4 000
recrutement sur cinq. La Construction
est le secteur qui envisage le moins de
recrutements, quel que soit le niveau
géographique étudié.
Cette année, à eux trois, l’Industrie
manufacturière, la Construction et l’Industrie
agroalimentaire & agriculture représentent
43% des besoins en Flandre contre seulement
38% dans l’autre région belge. Quant au
Tertiaire (Services et Commerce ensemble),
il occupe une place plus importante en
Wallonie picarde qu’en Flandre frontalière.
En 2013, la tendance était un peu différente :
le Commerce occupait la 4 e place en Flandre
frontalière, et passe à la 3e en doublant le
nombre de ses projets de recrutement ; en
Wallonie, c’est l’Industrie manufacturière qui
passe de la 3e à la 2e place (cf. graphique 2,
page 4).
Cinq secteurs d’activité détaillés cumulent
le plus de projets de recrutement en zone
belge frontalière : la santé humaine et
action sociale, l’industrie agroalimentaire,
l’hébergement et restauration, le commerce
de détail et les services scientifiques,
techniques et administratifs (sécurité,
nettoyage de locaux, contrôle technique
automobile, cabinets juridiques ou
comptables, etc.). Ils représentent la moitié
des projets d’embauche de la zone frontalière.
Si en Flandre frontalière, le palmarès est
le même, il diffère un peu en Wallonie où
l’industrie pharmaceutique et chimique prend
la 5e place au détriment de l’hébergement et
restauration.
Les industries manufacturière
et agroalimentaire mieux
représentées en Belgique
Le Nord - Pas de Calais est un territoire où le
secteur Tertiaire, et en particulier celui des
Services, occupe une place plus importante
dans les intentions d’embauche qu’en zone
belge frontalière. A l’inverse, l’Industrie
manufacturière ainsi que l’Industrie
agroalimentaire et agriculture offrent plus
d’opportunités en Belgique frontalière que
dans la région française.
Les cinq secteurs détaillés regroupant le plus
d’intentions d’embauche en concentrent
davantage en région Nord - Pas de Calais qu’en
zone belge frontalière (une concentration plus
importante de 8 points). La santé humaine
et action sociale et les services scientifiques,
techniques et administratifs sont les plus
recruteurs du côté français. Ils sont suivis
par l’administration publique/enseignement,
les autres services et le commerce de détail.
De l’autre côté de la frontière, ce sont
au contraire la santé et action sociale et
42%
des projets se situent
dans les services
4
En 2014, dans les quinze familles
professionnelles les plus recherchées
en région belge frontalière, douze sont
communes aux territoires flamands
et wallons. Parmi les familles les plus
recherchées en Flandre, trois ne font pas
partie des plus recherchées en Wallonie
picarde : les employés de maison, les
maraîchers/jardiniers/viticulteurs et les
agriculteurs/éleveurs/sylviculteurs/bûcherons.
Trois familles parmi les plus recherchées
en Wallonie, ne le sont pas en Flandre :
les professionnels de l’action sociale et de
l’orientation, les aides à domiciles et aides
ménagères et les attachés commerciaux.
l’industrie agroalimentaire. Viennent ensuite
le commerce de détail, l’hébergement et
restauration et les services scientifiques,
techniques et administratifs.
Les familles
professionnelles du
Tertiaire sont les
plus recherchées
en Belgique
frontalière
En Belgique frontalière, six projets de
recrutement sur dix se concentrent dans
les quinze familles professionnelles les plus
recherchées en 2014. La majorité de celles-ci
sont plus présentes dans le secteur Tertiaire,
comme celles de la vente, du tourisme et
des services (vendeurs, cuisiniers, agents
d’entretien, conducteurs de véhicules, etc.) et
du social et médico-social (infirmiers, sagesfemmes et aides-soignants). Deux familles
professionnelles de l’Industrie sont aussi très
recherchées : ouvriers qualifiés ou non des
industries de process (industries chimiques
et plastiques, industries agroalimentaires,
métallurgie, etc.). Onze des quinze familles
professionnelles les plus recherchées en
2014 sont les mêmes qu’en 2013, quatre
nouvelles familles faisant leur entrée dans ce
« top 15 » : les conducteurs de véhicules, les
employés de maison, les ouvriers qualifiés de
la manutention et les attachés commerciaux.
administratifs d’entreprise et les ingénieurs
de l’informatique le sont plus souvent
du côté français. Si c’est le cas aussi des
professionnels de l’action culturelle, sportive
et surveillants, cela tient au champ de
l’enquête, car cette famille est recrutée en
majorité par les administrations locales qui ne
sont pas interrogées en Belgique.
Des deux côtés de la frontière, les quinze
familles les plus recherchées représentent,
à elles seules, 60% du total des projets de
recrutement. Trois familles recherchées en
région Nord - Pas de Calais ne le sont pas du
tout en zone frontalière belge : techniciens
de la banque et des assurances, assistantes
maternelles et marins/pêcheurs/aquaculteurs.
Ces familles professionnelles sont en
lien avec les spécificités sectorielles de
ces deux territoires. Les quinze familles
professionnelles les plus recherchées en
Wallonie concentrent davantage d’intentions
de recrutement qu’en Flandre (64% contre
60%). Ainsi la diversité de familles de métiers
recherchées est moins importante en
Wallonie qu’en Flandre (70 contre 76, sur 82
au total) (cf. tableau 1, page 5).
Les difficultés
d’embauche
diminuent
fortement, pour
l’ensemble des
établissements
Les ouvriers qualifiés ou non des industries
de process, les ouvriers non qualifiés de la
manutention, les employés et agents de
maîtrise de l’hôtellerie et de la restauration
sont plus fréquemment recherchés en
Belgique frontalière que dans la région
Nord - Pas de Calais.
A l’inverse, les agents d’entretien, les
caissiers et employés de libre service,
les aides à domiciles, les employés
La proportion de recrutements jugés difficiles
par les employeurs est de 33%, comme dans
le Nord - Pas de Calais, en recul de 11 points
par rapport à 2013. Cette baisse concerne
autant les établissements employant
des travailleurs français que ceux n’en
n’employant pas. Elle touche l’ensemble des
tranches de taille et également l’ensemble
des secteurs d’activité (d’autant plus
fortement dans le commerce, à -16 points).
graphique 2
Poids des grands secteurs dans les projets
de recrutement selon la zone géographique (en %)
100 Nord - Pas de Calais
90 80 Belgique
67
70 Flandre
60
50
42
40
30 21 21 22
20 10 14
5
6
7
4
15
12
8
8
12 17
18
49
40
14
0 Construction
IAA et agriculture
Industrie manufacturière
Commerce
Services
Wallonie
5
TABLEAU 1
Les quinze familles de métiers rassemblant le plus grand nombre de projets
de recrutement en zone belge frontalière
Ouvriers non qualifiés des industries de process
Nombre de projets
de recrutement
% de projets
signalés difficiles
% de projets signalés
saisonniers
1 683
15%
25%
Vendeurs
1 392
16%
17%
Ouvriers non qualifiés de la manutention
1 299
11%
28%
Employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie et de la restauration
1 023
32%
34%
Cuisiniers
939
44%
33%
Caissiers, employés de libre service
687
7%
16%
Ouvriers qualifiés des industries de process
660
52%
30%
Agents d’entretien
652
22%
10%
Conducteurs de véhicules
645
35%
8%
Maraîchers, jardiniers, viticulteurs
609
29%
62%
Infirmiers, sages-femmes
609
45%
11%
Employés de maison
607
49%
10%
Aides-soignants
521
5%
7%
Ouvriers qualifiés de la manutention
438
25%
13%
Attachés commerciaux et représentants
438
36%
1%
20 718
33%
18%
Ensemble des 82 familles de métiers
Proportion de cas difficiles supérieure à la moyenne
Les établissements flamands jugent plus du
tiers (35%) de leurs intentions d’embauche
difficiles, ce qui est bien plus important
que pour les établissements wallons où
cela ne concerne que 28% des projets
d’embauche. Comme en 2013, les difficultés
de recrutement ont tendance à être plus
prononcées dans les territoires où le chômage
est plus faible.
Parmi les sept pôles belges, quatre ont un
taux de difficulté supérieur à la moyenne :
Courtrai, Ath, Ypres et Roulers. Du côté
français, parmi les bassins frontaliers, cinq
ont un taux de difficulté supérieur à la
moyenne régionale (33%), seuls ceux de
Flandre Lys et Dunkerque n’étant pas dans ce
cas, tout comme leur voisin de Furnes.
Des secteurs d’activité diversement
touchés par les difficultés de
recrutement
En Belgique frontalière comme dans la
région du Nord de la France, les difficultés
d’embauche ne touchent pas tous les
secteurs d’activité avec la même intensité.
Ainsi, sur ces deux zones géographiques, la
Construction et l’Industrie manufacturière
sont les secteurs rencontrant le plus de
Proportion de projets saisonniers supérieure à la moyenne
difficultés avec des taux supérieurs à la
moyenne. Le Commerce est quant à lui moins
confronté aux problèmes de recrutement.
A un niveau plus détaillé, quatre secteurs
ont une majorité de projets jugés difficiles :
commerce et réparation automobile,
industrie du textile/habillement/cuir/
chaussure, métallurgie et construction.
Dans la région française, plus la taille
de l’établissement augmente, moins les
difficultés sont présentes. Ainsi, les petits
établissements de 0 à 9 salariés éprouvent les
plus fortes difficultés à recruter, ceux de 100
salariés et plus, les plus faibles. Le constat est
le même en zone belge frontalière. En effet, le
taux de difficulté de recrutement s’y élève à
38% dans les établissements de moins de 50
salariés, contre 26% dans ceux de 50 salariés
et plus.
Recherche ouvriers
désespérément !
Les prévisions d’embauche jugées difficiles
par les employeurs ne concernent pas
les mêmes familles professionnelles de
chaque côté de la frontière et permettent
ainsi d’envisager ces diverses difficultés
comme autant d’opportunités d’emploi
pour toute personne acceptant une mobilité
transfrontalière. En Nord - Pas de Calais,
treize familles professionnelles connaissent
un taux de difficulté supérieur à la moyenne,
quatorze en Belgique frontalière. Parmi les
dix familles professionnelles avec les taux
de difficulté les plus importants, figurent
cinq familles professionnelles d’ouvriers (du
bâtiment ou de l’industrie) en Belgique, deux
seulement côté français.
A l’inverse, deux familles de métiers de
33%
des projets
de recrutement
sont signalés
difficiles en zone belge
frontalière
6
6 790
projets de recrutement
sont signalés
difficiles
en zone Belge
frontalière
28%
des Projets
de recrutement
en nord - pas de calais,
sont des recrutements
saisonniers contre
18%
en zone Belge
frontalière
l’informatique y figurent en Nord - Pas de
Calais, aucune en Belgique. Seulement deux
sont communes aux deux pays : les employés
de maison et les bouchers/charcutiers/
boulangers (cf. tableau 2).
En Flandre, région rencontrant de fortes
difficultés de recrutement, pas moins de
seize familles professionnelles connaissent
un taux de difficulté supérieur à la moyenne
en Belgique frontalière, contre seulement
sept en Wallonie picarde. Parmi les familles
professionnelles les plus en difficulté, cinq se
retrouvent dans les deux zones frontalières
belges : les ouvriers qualifiés travaillant par
formage de métal, les ouvriers qualifiés du
gros œuvre, les enseignants, les ouvriers
qualifiés des industries de process et les
infirmiers/sages-femmes.
18% des projets
sont liés à une
activité saisonnière
en Belgique
frontalière
Dans la zone belge frontalière, où la
proportion d’embauches saisonnières3
diminue en 2014, les projets de recrutement
font moins souvent l’objet de recrutements
saisonniers que dans le Nord - Pas de Calais
(18% contre 28%). Les établissements
flamands ont plus souvent recours à ce genre
de recrutement que les wallons : un sur cinq
contre moins d’un sur dix en Wallonie.
Une saisonnalité inégalement
répartie sur le territoire
Même si la saisonnalité baisse par rapport
à 2013 dans le pôle de Furnes, elle reste
élevée. Son activité touristique liée à son
littoral maritime n’y est pas étrangère.
Deuxième territoire saisonnier de la Belgique
frontalière, celui d’Ypres avec un quart de
projets saisonniers, comme en 2014. Cette
fois, c’est plus l’agriculture et l’industrie
agroalimentaire qui en sont l’explication.
A l’inverse, dans le pôle de Tournai où
les prévisions d’embauche sont le moins
fréquemment liées à une activité saisonnière,
seules sept familles professionnelles sont
concernées par la saisonnalité : les ouvriers
qualifiés ou non des industries de process, les
cuisiniers, les ouvriers qualifiés travaillant par
formage de métal, les agriculteurs / éleveurs /
sylviculteurs / bûcherons, les vendeurs et les
conducteurs de véhicules.
D’ailleurs, certains secteurs ont plus souvent
recours à la main-d’œuvre saisonnière. C’est
le cas par exemple de l’agriculture et de
l’Industrie agroalimentaire, dont l’activité
est souvent rythmée également par celle de
TABLEAU 2
Les dix familles de métiers où sont signalées les plus fortes difficultés de
recrutement en zone Belge frontalière*
Projets
difficiles
Projets
totaux
Taux
de difficulté
Ouvriers qualifiés travaillant par formage de métal
274
375
73%
Ouvriers qualifiés du second oeuvre du bâtiment
209
304
69%
Ouvriers qualifiés du gros oeuvre du bâtiment
180
277
65%
Ouvriers qualifiés de la maintenance
133
233
57%
Enseignants
197
359
55%
Ouvriers qualifiés des industries de process
341
660
52%
Bouchers, charcutiers, boulangers
142
278
51%
Employés de maison
300
607
49%
Agriculteurs, éleveurs, sylviculteurs, bûcherons
168
360
47%
Infirmiers, sages-femmes
276
609
45%
6 788
20 718
33%
Ensemble des 82 familles de métiers
* familles de métiers représentant au moins 1% du total des recrutements
3
Le taux de saisonnalité est calculé en rapportant le nombre de recrutements liés à une activité saisonnière au nombre total de projets de recrutement annoncés. Un besoins saisonnier est
une embauche correspondant à un surcroit d’activité revenant chaque année à la même période. Ainsi, un remplacement de salarié en congé n’est pas saisonnier car ne répondant pas à un
surcroît d’activité.
7
TABLEAU 3
Les dix familles de métiers où sont signalés les projets de recrutement
les plus saisonniers en zone Belge frontalière*
Projets
saisonniers
Projets
totaux
Taux
de saisonnalité
Agriculteurs, éleveurs, sylviculteurs, bûcherons
245
360
68%
Maraîchers, jardiniers, viticulteurs
381
609
62%
Employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie et de la restauration
343
1 023
34%
Cuisiniers
307
939
33%
Ouvriers qualifiés des industries de process
197
660
30%
Ouvriers non qualifiés de la manutention
360
1 299
28%
Bouchers, charcutiers, boulangers
75
278
27%
Ouvriers non qualifiés des industries de process
427
1 683
25%
Employés administratifs d’entreprise
56
301
19%
Vendeurs
233
1 392
17%
3 704
20 718
18%
Ensemble des 82 familles de métiers
* familles de métiers représentant au moins 1% du total des recrutements
l’agriculture, l’hébergement et restauration
(saison estivale sur le littoral), mais aussi
des autres activités de services (dont parcs
d’attraction). Cinq secteurs n’annoncent
aucun recrutement saisonnier : les autres
industries manufacturières, l’industrie
du matériel de transport, le commerce &
réparation automobile, l’information &
communication et l’immobilier.
Agriculture, commerce et
restauration sont les métiers les
plus saisonniers
Les établissements de petite taille (1 à 9
salariés) sont les plus utilisateurs de maind’oeuvre saisonnière. En effet, c’est souvent
dans cette tranche d’effectif que l’on trouve
les établissements de l’agriculture ou de la
restauration. De la même façon, viennent
ensuite les plus gros établissements (100
salariés et plus), où l’on trouve plutôt ceux
de l’industrie agroalimentaire, mais aussi des
établissements tels que les parcs d’attraction.
En Belgique frontalière, parmi les dix
familles professionnelles aux plus forts
taux de saisonnalité, se retrouvent celles
de l’agriculture, de la restauration et de
l’industrie agroalimentaire. La présence
de la famille des employés administratifs
d’entreprise dans ce palmarès s’explique par
le fait qu’elle comprend les agents d’accueil
(lieux d’attractions et de loisirs) (cf. tableau
tableau 3).
Des opportunités d’emploi
indéniables dans les métiers en
difficulté de recrutement
En conclusion, en Belgique comme en France,
l’enquête Besoins en main-d’œuvre révèle de
nombreuses opportunités d’emploi et permet
de caractériser les types d’emplois à pourvoir
et les métiers concernés. Les opportunités
d’embauche peuvent être accessibles à tous :
de nombreux recrutements ne nécessitent
pas une formation ou une qualification
élevées (ouvriers non qualifiés des industries
de process, ouvriers non qualifiés de la
manutention, agents d’entretien, etc.).
D’autres métiers, accessibles avec une
formation technique ou par la voie de
l’apprentissage, sont en proie à d’importantes
difficultés de recrutement. Ils présentent
donc des opportunités d’embauche
intéressantes de par la faible concurrence
entre les candidats sur le marché du travail.
Ainsi, le marché du travail transfrontalier
s’avère porteur pour les candidats du Nord de
la France et de la Belgique.
En conclusion,
en Belgique
comme en France,
l’enquête Besoins
en main-d’œuvre
révèle de nombreuses
opportunités d’emploi.
8
encadré 1
Méthodologie
L’enquête annuelle « Besoins en Main-d’Oeuvre » (BMO) est depuis plusieurs années, un
élément essentiel de connaissance du marché du travail français et transfrontalier. Elle
permet d’anticiper les difficultés de recrutement, d’améliorer l’orientation des demandeurs
d’emploi vers des formations ou des métiers en adéquation avec les besoins du marché du
travail et d’informer les demandeurs d’emploi sur l’évolution de leur marché du travail et les
métiers porteurs.
En juillet 2007, une enquête d’opinion réalisée et visant à recueillir l’opinion des
demandeurs d’emploi habitant en zone frontalière française, révèle que 17 000 demandeurs
d’emploi français sont prêts à franchir la frontière mais aussi que la moitié des demandeurs
d’emploi n’ayant jamais travaillé en Belgique disent manquer d’informations. L’enquête
Besoins en Main-d’Oeuvre est alors mise en place en janvier 2008 pour apporter des
éléments de réponse aux besoins d’information des demandeurs d’emploi sur les secteurs
porteurs en Belgique.
Réalisée pour la sixième fois sur la Flandre belge frontalière, et pour la troisième fois
cette année en Wallonie picarde frontalière, cette enquête constitue une transposition
du dispositif BMO conduit sur le territoire français, initié en 2002. Toutefois, le champ de
l’enquête transfrontalière n’inclut pas les établissements de 0 salarié, ni les collectivités
territoriales. Les résultats ne sont donc pas directement comparables avec ceux de la vague
BMO 2014 menée dans la région Nord - Pas de Calais.
Elle a été réalisée en janvier-février 2014. La population mère est constituée des
établissements situés dans l’une des 68 communes qui constituent la zone frontalière
de la région Nord - Pas de Calais et employant au moins un salarié (hors secteur public),
soit 33 236 établissements. L’enquête a été effectuée de manière exhaustive sur les
établissements de plus de 5 salariés. Ils ont été interrogés par voie postale, soit 9 864
questionnaires adressés. 1 581 établissements de moins de 5 salariés ont été interrogés par
téléphone.
L’enquête porte sur 3 964 questionnaires retournés et exploitables, soit un taux de retour
de 11,9%. Le taux de retour est largement supérieur à 20% sur les entreprises de 10 salariés
et plus.
en savoir plus
Retrouvez la méthodologie détaillée
de l’enquête en page 50 de la brochure
« Les Besoins en Main-d’Oeuvre de part et
d’autre de la frontière entre le Nord - Pas
de Calais et la Belgique » (parution en
juin 2014).
Colin E., Floquet L. « Enquête Besoins en
Main-d’Oeuvre 2014 : les entreprises de
la région prévoient 80 500 recrutements
», Repères et Analyses, n°15, Pôle emploi
Nord - Pas de Calais, avril 2014.
Directeur de la publication : Karim KHETIB • Directrice de la rédaction : Virginie VETTIVEL • Réalisation : Service communication
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