ENSEIGNEMENT L`école du futur a ouvert ses portes à
Transcription
ENSEIGNEMENT L`école du futur a ouvert ses portes à
26 NAMUR MAGAZINE • DÉC . 2001 / ENSEIGNEMENT L’école du futur a ouvert ses portes à Jambes Les ne toute nouvelle école communale dans l’entité ? De mémoire de Namurois, on n’avait plus connu cela depuis… la fusion des communes, il y a 25 ans. Et s’il a fallu attendre longtemps avant qu’elle ne voie le jour, à Jambes, désormais elle est là, accueillante, spacieuse, baignée de lumière et parfaitement adaptée aux enfants. Inaugurée le 9 novembre dernier, la nouvelle école communale de Basse-Enhaive, située rue Michiels en bordure de Meuse, est un modèle du genre. Conçue de a à z par les bureaux d’études de la Ville, de l’architecture jusqu’au choix de mobilier de classe, elle s’inscrit dans le cadre d’une pédagogie moderne. L’école abrite six classes de primaire et trois de maternelle qui toutes convergent vers un noyau central, le patio, lui même relié à un centre de documentation. Pour favoriser les contacts entre les élèves au sein d’un même cycle, certaines classes sont également U reliées entre elles, les « 3ème maternelle » avec les « première primaire » par exemple. Les bambins ont particulièrement été chouchoutés : mobilier coloré adapté à leur taille, coin plasticine, module de psychomotricité, petit dortoir, cours de récré rien que pour eux… Le directeur de l’école, Philippe Moriamé, ne cache pas sa joie. « Ce que cette nouvelle infrastructure va changer pour nous ? J’ai envie de dire : tout. L’accueil - les locaux sont spacieux et lumineux - , le confort, la qualité des repas et la pédagogie ellemême. Nous disposons désormais d’une belle salle d’informatique, nos enfants vont donc se familiariser avec les technologies du futur ». Parmi ses priorités, le directeur insiste sur l’intégration de l’école dans le quartier. Première étape, la grande fête de SaintNicolas organisée le 5 décembre avec la Maison des Jeunes et la comité de Quartier. Toujours dans le quartier, les élèves bénéficient d’une infrastructure sportive moderne, le hall omnisports de Basse-Enhaive, juste à côté de l’école. Des contacts ont déjà été pris avec les clubs sportifs locaux en vue de créer des partenariats. En ce qui concerne le nombre d’élèves, le directeur a déjà pu constater une augmentation de 10% dès la rentrée de septembre, soit 77 élèves en primaire et 55 en maternelle. Il s’attend à un nouvel afflux de petits écoliers à la rentrée 2002, voire déjà dans les prochains mois. ■ langues étrangères dès l’âge tendre Bonjour les enfants… Goede dag Pippo… Good morning Bob ! Les langues étrangères,ce n’est pas en se coltinant des règles de grammaire et des listes à rallonge de vocabulaire que, petit, on apprend à les aimer. Mais en jouant : on bricole un hibou en néerlandais, on prépare un gâteau en anglais,on éclate de rire dans la langue de Shakespeare et on chante des ritournelles avec l’accent de Vondel. Cette méthode basée sur le jeu est celle prônée par Yvonne Burnonville dans le cadre des ateliers organisés dans l’entité de Namur par la Ligue de l’Enseignement et de l’Education permanente. Gratifiée d’un label européen de langues, l’enseignante tient des ateliers le mercredi après-midi et le samedi,à l’attention des enfants de 3 à 9 ans. En classe,Yvonne Burnonville est épaulée par deux marionnettes, Pippo et Bob qui accueillent les gosses et les mettent en confiance.« Elles apparaissent au gré des activités,miment des situations que les enfants doivent commenter. Ensemble, on joue aux dominos ou au Loto,on apprend des poèmes. Toujours en anglais ou en néerlandais pour que les petits s’imprègnent de la langue». Cette méthode d’apprentissage ludique remporte de plus en plus de succès. Aussi, la régionale namuroise de la Ligue de l’Enseignement lance de nouveaux ateliers. En plus des cours organisés le samedi matin à Jambes et Heuvy et le mercredi après-midi à Namur,Temploux et Malonne, elle a créé un nouvel atelier à Namur le samedi après-midi.Tous ne bénéficient pas de la compagnie de Pippo et de Bob… mais tous se déroulent dans le même esprit de jeu et la bonne humeur insufflée par les différents professeurs. ■ > Infos : 081 22 87 17 ou 0495 32 97 97 ENSEIGNEMENT / NAMUR MAGAZINE • DÉC . 2001 27 L’école Sainte-Marie joint le geste à la parole Depuis deux ans, l’institut SainteMarie a ouvert sa section maternelle aux enfants sourds et engagé une institutrice « bilingue » spécialisée dans le langage des signes. Un projet unique en Belgique. © T. D voix, et par un professeur des Facultés Universitaires NotreDame de la Paix, Jean Giot. Pour ce linguiste, ce bilinguisme G illes est un petit garçon de trois ans, tout blond, des yeux pleins de tendresse. Il rentre dans la au sein d’une classe de maternelle est très intéressant. classe avec son papa, lance un discret « bjou » à la ronde et s’assied pour dessiner. Gilles est « A travers le rôle d’accompagnement qui m’est confié, je propose de mettre l’accent sur l’écrit et la lectu- sourd. Il y a deux ans, ses parents qui ne souhaitaient pas l’inscrire dans l’ensei- gnement spécial se sont mis en quête d’une école « ordinaire » susceptible de lui fournir re. C’est par ce biais que l’enfant sourd est un encadrement adapté. L’institut Sainte-Marie de Namur a répondu à l’appel. susceptible de participer aux activités sociales « J’ai parlé de ce projet à l’équipe éducative qui a tout de suite marqué son intérêt, au même titre que les autres enfants de la raconte Benoît Jacquemart, directeur de la section fondamentale. Après quelques mois, classe ». nous avons créé l’asbl « Ecole et surdité » afin d’assurer le suivi du projet et de trouver Initiateur du projet, François Poncelet, le papa des fonds privés pour engager une enseignante spécialisée en langue des signes ». de Gilles, témoigne pour sa part de sa satis- En septembre 2000, Gilles fait son entrée en classe d’accueil à l’institut Sainte-Marie. Un faction devant les progrès accomplis par son fils et l’arrivée cette année de deux autres an plus tard, il est rejoint par Laura et Corentin. Les trois enfants bénéficient de l’encadrement de Magaly Ghesquière, institutrice bilingue français/langue des signes et de sa collègue enfants sourds. Son ambition avec l’asbl « Ecole et surdité » Nathalie Magnette, mais ils participent avec leurs camarades de classe, à toutes les activités menées touche au long terme. au cours de la journée. « Nous travaillons toujours à deux. Ma collègue dispense son cours normale- « Nous souhaitons mener les enfants au terme du cycle pri- ment et moi, je donne mes activités en utilisant la langue des signes ou un code (le LPC) qui soutient maire avec les mêmes attentes que pour leurs camarades le français parlé et permet ainsi de lire sur les lèvres ». entendants. Sans restriction a priori des connaissances ou de Les autres écoliers s’adaptent semble-t-il très facilement à cette façon de communiquer. la pensée, sans renoncement aux rigueurs les plus subtiles de « Au fil des mois, constate Magaly, les enfants ont pris de nouvelles habitudes. Ils savent qu’ils ne sert la rédaction d’un texte, et sans limite à la richesse des rela- à rien de crier mais qu’ils doivent se mettre bien en face de leurs petits amis pour leur parler ». tions ». ■ Les bambins ont également appris à « signer » une poignée de mots, leur prénom et deux trois ritournelles : la chanson d’accueil, Joyeux anniversaire, Au Grand Saint Nicolas … > Asbl École et surdité, 26 rue du Président à Namur – tél : 081 22 92 04 ou 081 44 17 40. Expérience concluante Plus d’un an après le lancement du projet, Benoît Jacquemart se dit très satisfait des premiers résul- Bambin (sourd) bouquine tats. « Les institutrices n’ont pas modifié leur programme, mais se sont adaptées à une nouvelle situation enrichissante tant pour elles que pour les enfants ». L’an dernier, toutes les enseignantes de maternelle ont suivi une formation en langue des signes, étendue depuis lors à certains parents et élèves entendants. Pour le directeur, c’est une ouverture sur le monde et sur la société, au même titre que l’apprentissage de l’anglais ou du néerlandais . Le projet, porté sur le plan pédagogique par un comité composé de professionnels sourds et entendants, est également soutenu par une logopède, qui propose des activités sur le rythme, le corps et la Venez écouter, regarder les histoires racontées, chantées, signées… Le troisième dimanche du mois, le service de la Culture de la Province et la Maison du Conte organisent à la Maison de la Culture des séances de lecture bilingue, racontées en français et en langue des signes. Elle s’adresse à tous les bambins de 0 à 6 ans et aux adultes sensibles aux belles histoires. Info : 081 22 90 14.