lettre Lecho No04 - Institut des Actuaires

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L’
numéro
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Echo
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Édito
d e s
A c t u a i r e s
Chers collègues,
Avec ce 4e numéro de l’Echo des Actuaires et 2e de l’année, nous vous proposons de poursuivre notre tour d’horizon sur
Solvabilité II, sujet phare de notre profession, au travers d’un entretien avec Denis Duverne, directeur financier d’AXA.
À quelques jours de notre Assemblée annuelle du 21 juin 2007, force est de constater que les chantiers que nous avons
engagés il y a quelques mois commencent à porter leurs fruits, avec par exemple :
– L’augmentation croissante de nos conférences scientifiques et techniques,
– La communication de normes et avis exprimés par l’Institut des Actuaires,
– Le déploiement de notre présence à l’International et son organisation plus structurée,
– Les actions internes et externes menées sur la gestion des carrières,
– L’optimisation de notre organisation interne : processus de qualification,
mise en œuvre de la formation continue, administration de l’Institut, …
– L’intérêt croissant de la presse et des médias pour notre profession.
De nouveaux chantiers, notamment dédiés à l’augmentation de nos moyens, vont prochainement
nous permettre d’étendre notre capacité d’action professionnelle.
Le Conseil d’administration de l’Institut s’est réuni lors d’un séminaire le 5 mai dernier. Cette journée consacrée à des réflexions
de fond et des travaux d’équipes, nous a permis de prendre conscience du chemin important parcouru depuis la création de
l’Institut des Actuaires dans la professionnalisation de notre métier, mais aussi du parcours encore long restant à mener
pour nous hisser au niveau des associations actuarielles professionnelles étrangères les plus actives.
Avec le développement des moyens financiers, la reconnaissance des entreprises et des organismes publics, la qualité de nos
formations et l’implication personnelle et professionnelle de nos membres, sans laquelle nous ne pourrions mener à bien nos
projets, nous sommes définitivement sur la bonne voie.
Nous avons choisi de renouer cette année avec l’événement phare de notre association : le Congrès des Actuaires.
Le 21 juin prochain aura lieu au PLM Saint-Jacques notre Congrès Annuel des Actuaires, avec une journée de conférences
sur la thématique de la Valeur, clôturée par notre Assemblée Générale 2007 : venez nombreux, profitez de cette manifestation
exceptionnelle, et employons-nous à démontrer notre capacité de rassemblement professionnel et associatif.
Christophe Eberlé
Secrétaire général
Sommaire
Interview de Denis Duverne sur Solvabilité II
...
2
Les Arcs – Journées d'études de l'Institut des
Actuaires et du SACEI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
Les représentants de l’Institut des Actuaires
à l’international . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Les conférences :
Conséquences de Solvabilité II sur la Retraite –
Avis auprès de l’AFPEN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
–
–
–
–
Mexico et Reykjavik, les 2 rendez-vous
actuariels internationaux du printemps
..........
5
Best practices – Les modèles internes . . . . . . . . . . . . . . . 6
Les nouvelles tables de mortalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Assurance IARD, interprétation des chiffres . . . . . . . 7
Calculs actuariels sous Access . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Qu’est-ce qu’un actuaire membre de l’Institut
des Actuaires ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
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Interview
• Denis Duverne,
Directeur financier d’AXA
répond à Thomas Béhar et Christophe Eberlé sur le projet de directive européenne Solvabilité II
À deux mois de l’arrivée de la
directive, quels sont, selon
vous, les points qui demeurent
en suspens ?
Nous nous réjouissons de l’arrivée en temps et en heure de la
directive. Nous avons le sentiment que, dans l’ensemble, la
Commission a écouté assez largement la profession. Une des
difficultés aujourd’hui tant pour
les industriels que pour les États
membres, est de savoir ce qui
relève du domaine de la directive
et ce qui relève du domaine du
collège des superviseurs ; et ensuite de ce qui est
laissé à l’appréciation des superviseurs locaux. Les
assureurs français sont plutôt d’avis que la directive
aille le plus loin possible, et qu’un minimum de marge
soit laissé à l’initiative des superviseurs locaux dans
le « goldplating », à savoir les exigences supplémentaires qui peuvent être demandées en admissibilité
d’actifs ou encore la demande de surveillance de
bases sous-consolidées. Ce qui reste également à
régler, c’est jusqu’où doit aller la notion de « groupe ».
Il est bien prévu une surveillance consolidée des
groupes : le ratio de solvabilité standard, le SCR, ne
sera exigé qu’au niveau de la société mère et non au
niveau de toutes les filiales. La société mère apportera aux filiales son support explicite, lesquelles n’auront qu’à fournir le ratio de solvabilité minimum.
Cette appréciation est-elle partagée au niveau
européen ?
Le CFO forum [Chief Financial Officer] s’est peu
occupé de cette question. C’est plutôt le CRO forum
[Chief Risk Officer] qui s’est occupé de répondre aux
« calls for advice » du CEIOPS et à un certain nombre
de documents intermédiaires. Les points qui restent
en discussion sont plus liés à des sujets de calibration
du modèle standard, aussi bien pour la calibration des
risques d’assurance, car on considère que les besoins
en marge de solvabilité en assurance dommage sont
calculés de façon excessive, que pour la calibration
des risques d’actifs : entre QIS2 et QIS3, des progrès
importants ont été faits, la préoccupation importante
du marché français étant la pondération excessive des
actions, inquiétude qui semble avoir été entendue. Le
risque aujourd’hui, c’est que cette nouvelle calibration
définie par le QIS3 ne tienne pas et que le CEIOPS
revienne en arrière. Sur un plan purement politique, il
ne faudrait pas que la France demande plus que ce
qui a été obtenu car celle-ci risque d’être trop isolée
dans sa demande.
Comment voyez-vous l’équilibre entre les fonds de
pension et l’assurance ? Y a-t-il un risque de décalage à un moment ou un autre ?
Je pense que le mieux est l’ennemi du bien. À l’origine,
le sujet des fonds de pension était exclu de
Solvabilité II. Je pense qu’il est raisonnable de continuer
à l’exclure pour le reprendre plus tard, à défaut, on
risque de perdre 5 années supplémentaires pour compléter le projet. Ce ne serait pas réaliste. Il est important
que Solvabilité II progresse et que la date de 2011 soit
respectée car n’oublions pas que c’est un standard qui
comporte nombre d’avantages : comme les 3 piliers de
Bâle II, Solvabilité II définit un standard sur des bases
aussi économiques que possibles, met en place des
règles en matière de gestion des risques, et des mesures d’information financière pour les marchés. On peut
s’attendre à ce que la titrisation soit traitée de façon
économique, ce qu’AXA attend depuis quelques
années. Il y a par ailleurs différentes anomalies à corriger comme par exemple le fait que les entités non
européennes ne soient pas considérées dans le calcul
du SCR, que le risque immobilier reste trop coûteux
ainsi que le coût de détention des obligations autres
que souveraines qui reste trop élevé.
En matière d’investissements en action, les autres
pays européens ne souffrent pas de la même
manière que la France des standards envisagés.
Pour quelles raisons ? À terme, pourrait-on assister
à une fuite des capitaux ?
Solvabilité II va s’appliquer à toute l’Europe et tous les
pays seront traités de la même manière. Je pense que
l’industrie française a été très réactive. Certains pays,
comme l’Allemagne par exemple ne se sont pas organisés pour se mobiliser politiquement dans cet objectif.
Cela peut s’expliquer par le fait que les acteurs sont de
taille très différente et que les grands acteurs pensent
qu’ils ne seraient pas gênés par des coefficients élevés,
lesquels mettraient sur la touche les petits acteurs. De
plus, les temps de réponse des consultations étaient
très courts et certains régulateurs ont fait des interprétations locales différentes des demandes du CEIOPS.
Florence Lustman, secrétaire général de l’ACAM, a
estimé qu’il y aurait 9 faillites par an en France si l’on
se tient mécaniquement à la calibration de 0,5 % au
regard du nombre d’organismes présents en France,
quelle est votre vision sur ce point ?
La calibration à 0,5 % est statistiquement correcte. Je
ne m’attends pas à ce que les marges de solvabilité,
avec Solvabilité II, soient inférieures à ce qu’elles
étaient dans Solvabilité I. Les calculs seront faits de
manière plus économique et les acteurs du marché
sont très au-dessus des minimums requis. La préoc-
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cupation de l’industrie est plutôt d’éviter, comme le
souhaitent les superviseurs, que les exigences soient
augmentées. Les défaillances sont plus liées à des
problèmes de gouvernance, ou à des problèmes de
surveillance, les autorités de tutelle réagissant trop
tard comme ça a été le cas au Royaume-Uni récemment. Solvabilité II sera une norme plus économique
donc plus calibrée. L’industrie d’assurance ne se
retrouvera pas avec moins de capital qu’auparavant,
et il n’y aura pas plus de faillites. Les règles de gestion
des risques et la diffusion d’informations financières
introduiront une plus grande rigueur.
AXA avait évoqué les difficultés liées aux risques de
diversification, qui étaient insuffisamment pris en
compte. Sommes-nous arrivés à une solution plus
satisfaisante aujourd’hui ?
On s’achemine vers une solution plus satisfaisante au
sujet des groupes. En ce qui concerne la diversification
entre branches d’activité, nous ne sommes pas encore
arrivés à une solution complètement satisfaisante.
On s’achemine progressivement vers l’Exit Value
comme concept à retenir, y compris dans la directive. Cette évolution vous convient-elle ?
Le CFO Forum a exprimé une position qui consiste à
dire « pas de profit au moment de l’émission de la
prime ». Le résultat n'est réellement réalisé et distribuable qu'avec l’expiration du risque. Une nouvelle mesure
est donc effectuée à chaque clôture, une current value,
et non une current exit value.
Solvabilité II repose de son côté sur des provisions qui
seraient déterminées à partir d’une current exit value,
qui serait égale à la meilleure estimation de l’engagement à l’égard des assurés, augmentée d'une marge
pour risque correspondant au coût du capital.
L’industrie considère que les deux positions ne sont pas
incompatibles dans la mesure où le profit futur correspondant à la différence entre l’entry value et l’exit
value devrait être classé dans les fonds propres et être
dégagé sur la durée et non l’origine.
Une autre question se pose avec l’exit value. Il s’agit de
savoir si les paramètres que nous utilisons pour déterminer cette valeur sont ceux de l’entreprise ou ceux d’un
hypothétique market participant. Autant on peut comprendre que pour des variables telles que le taux d’intérêt, on doive prendre des variables du marché, autant
pour les autres variables telles que les niveaux de dépenses, les taux de rachat, la mortalité, ce sont les données
propres à chaque entreprise qui sont pertinentes.
La directive prévoit l’utilisation de modèles internes.
Où en êtes-vous chez AXA dans ce domaine ?
Nous avons démarré nos modèles économiques en
2000 et avons maintenant 7 ans d’expérience. Nous
avons choisi de faire une modélisation sur le long
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terme. Le consensus s’étant récemment fait sur une
modélisation à un an, nous nous sommes lancés en
2007 sur un nouvel exercice de modélisation sur cet
horizon de un an, tout en continuant les modélisations sur le long terme, importantes pour le travail sur
la Valeur, afin de pouvoir montrer des résultats sur
plusieurs années et valider ainsi nos modèles internes. Chaque pays utilise un modèle local qui est
ensuite consolidé et agrégé au niveau global. Les
outils utilisés sont communs car il y a un seul générateur de scénarios économiques, un nombre limité
de modèles en assurance vie, un seul modèle principal en assurance dommages.
Est-ce que vous pensez qu’il y aura une phase
transitoire entre les calculs actuels et la mise en
place de la norme ?
On peut s’attendre à ce que le modèle standard
comporte des exigences plus fortes s’il ne prend
pas en compte correctement la diversification. Entre
Solvabilité I et Solvabilité II, il y aura un processus
transitoire pour les petites entreprises et non pour la
majorité d’entre elles. Dans la mesure où il y a eu
comme dans Bâle II des études d’impact suffisamment soignées, je pense qu’on peut se dispenser
d’une phase transitoire. Je ne sais pas si les modèles
seront admis tout de suite ou après une phase d’observation et de validation. Les modèles internes doivent obéir à certaines conditions : être robustes et
être utilisés par les entreprises pour la réassurance,
les risques ALM et le pilotage de la Valeur.
Comment envisagez-vous la piste d’audit de ces
modèles internes ?
La validation comportera une nécessaire piste d’audit pour rapprocher les chiffres comptables et les
chiffres obtenus par les modèles. Les travaux pourront être audités, en plus de l’intervention des régulateurs, par un cabinet d’actuaire indépendant de
façon ponctuelle ou pour faire les études de sensibilité qui sont prescrites par la norme IFRS7.
Quelle est selon vous la place des actuaires dans
l’ensemble de ces travaux et au niveau européen ?
Il est très important puisque l’on passe de travaux
forfaitaires et très grossiers à des calculs plus
sophistiqués qui reflètent la nature économique du
risque. La publication d’embebded value, l’analyse
de la sensibilité dans l’assurance, les modèles internes sur le long terme nécessitent de manière massive
l’intervention des actuaires. Au-delà du domaine des
risques, on touche à la comptabilité. Nous sommes
dans un monde où règne la pluridisciplinarité. Le
diplôme d’actuaire va devenir utile à l’exercice de
plusieurs fonctions, les fonctions de comptable, de
financier, de spécialiste ALM.
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Interview (suite)
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Combien d’actuaires ou de personnes sont mobilisés sur le projet Solvabilité II chez AXA ?
Plusieurs centaines, car entre IFRS et Solvabilité II,
nous nous sommes mobilisés afin de faire des simulations à usage interne mais également pour les superviseurs, ceci dans le but d’avoir un impact sur la
législation. Il y a des spécialistes au siège qui interviennent auprès de la commission européenne, des
institutions professionnelles et de nos homologues
étrangers. On a, de plus, souhaité mobiliser nos filiales dans l’effort de lobbying vis-à-vis des superviseurs. Nous sommes parvenus à mobiliser des
journalistes et des politiques dans différents pays et
nous nous sommes aperçus, à cette occasion, que
les politiques européens avaient un niveau d’information plus faible que celui des français.
Qu’attendez-vous de l’Institut des Actuaires et des
actuaires en général ?
Il est très important de pouvoir augmenter la représentation française dans les instances internationales, car
avec les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, et
l’Australie, la domination anglo-saxonne y est très
forte. La recherche est également importante et de ce
point de vue là, la France est bien lotie. La représentation, la publication ainsi que la formation continue sont
des axes prioritaires.
Les représentants de l’Institut
des Actuaires à l’international
Groupe consultatif actuarial européen
COMMISSIONS
NOMS
GROUPES DE TRAVAIL SOLVENCY II
NOMS
Formation
Freedom and
general purposes
Assurance
Investissements
et risques financiers
Retraites
Jean BERTHON
Pilier I : Vie
Jean BERTHON
Thierry POINCELIN
Pilier II : Non Vie
Alkis TSIMARATOS
Stéphane KUYPERS
Benoit COURMONT
Sandra RATOVONARO
Richard DEVILLE
Alain MARTINI
Pilier III : supervisory review
Pilier IV : disclosure accounting
Conglomerates and cross sectoral issues
Membres honoraires et Présidents honoraires
Représentants titulaires
Max LACROIX
Jean BERTHON
Édouard LEVAY
Jean BERTHON
Représentants de l’Institut des Actuaires à l’AAI
COMMISSIONS
Agrément
Conseil et assistance
Vérification et finances
Risques financiers
Comptabilité
- Normes actuarielles
- Marges du risque
Réglementation
- Réassurance
- Marge du risque
- Solvabilité
Éducation
Programme international d'éducation de l'AAI
Services aux membres
Pensions et avantages sociaux
Professionnalisme
Sécurité sociale
Relations supranationales
Représentant titulaire
Représentant suppléant
GROUPES DE TRAVAIL
NOMS
Sous-comité sur la Chine
Sous-comité sur le fonds de l’AAI
Sous-comité sur l’Amérique Latine
Groupe de travail sur l’économie financière
Charles VINCENSINI
Thierry POINCELIN
Groupe de travail sur la réassurance
Groupe de travail sur la solvabilité
Alkis TSIMARATOS
Jean BERTHON
Jean BERTHON
Thierry POINCELIN
Le président de l’Institut –
règle appliquée
Jean BERTHON
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Conséquences de Solvabilité II
sur la Retraite – Avis auprès de l’AFPEN
Dans le cadre de la Commission consultative de
l’épargne retraite organisée par l’AFPEN début février,
le sénateur Philippe Marini a sollicité l’Institut des
Actuaires pour apporter un éclairage sur les
conséquences spécifiques de Solvabilité II sur
l’investissement en action et en immobilier pour les
contrats de retraite.
L’Institut s’est appuyé sur les contributions d’un groupe
de travail diversifié pour rédiger une brève synthèse
dont l’objectif était de faire ressortir quelques points
clés, les plus importants aux yeux du groupe de travail.
La note souligne ainsi les progrès apportés par
Solvabilité II dont la formule standard d’exigence de
capital est un bien meilleur reflet du profil de risque des
assureurs que la norme actuelle. En revanche, le
calibrage envisagé par les autorités dans les tests
d’impacts demandés au marché en 2006 s’est montré
très pénalisant pour certaines activités. Ainsi, pour un
produit retraite classique (en supposant par exemple
une durée d’engagement moyen de 20 ans et une
allocation d’actifs de 30 % en actions) le niveau
d’exigence en capital atteint 16 % des provisions
mathématiques – contre 4 % actuellement –, principalement à cause du niveau de capital exigé pour
couvrir les risques actions (et immobiliers).
Cette pénalisation excessive tient notamment à la
logique court terme de la formule qui demande aux
assureurs d’immobiliser en capital l’impact d’un choc
extrême de marché sur leur actifs investis. Ainsi, les
actions perdent 40 % de leur valeur, soit approximativement le choc de 2001-2002. Cette logique, qui
peut être pertinente par ailleurs, n’est pas adaptée aux
engagements de retraite dont la durée permet d’amortir
les risques de volatilité court terme et pour lesquels la
prise de risques mesurés en actions et immobiliers est
au contraire le moyen d’obtenir un meilleur rendement
long terme et de se protéger contre l’inflation.
Dans ces conditions, le risque est de voir le projet
Solvabilité II décourager l'investissement en actions
et en immobilier au détriment de la protection des
retraites des assurés. Par ailleurs, l'économie européenne, et son financement, seraient plus dépendants
des épargnes américaines et asiatiques et les régimes
de retraite français plus exposés à la concurrence des
fonds de pension (notamment au Royaume-Uni et
aux Pays-Bas) qui ne font pas partie du périmètre
d’application de la directive Solvabilité II.
Article rédigé avant publication du QIS3
AFPEN, Association Française Professionnelle de l’Épargne
Retraite. Créée en 1996, l’AFPEN a pour ambition
d’accompagner avec professionnalisme et rigueur la
croissance des fonds de pension, régimes de retraite ayant
à leur actif les fonds correspondant à leurs engagements,
venant en complément des régimes par répartition.
Mexico et Reykjavik, les 2 rendez-vous
actuariels internationaux du printemps
• Hillevi Mannonen,
Président de l’Association
Actuarielle Internationale avec
3 représentants de l’Institut.
La réunion semestrielle de l’AAI
a eu lieu du 15 au 19 avril à
Mexico. L’Institut comptait 4
représentants Alkis Tsimaratos,
Thierry Poincelin, Thomas Béhar (voir photo) et Charles
Vincensini parmi les 170 représentants des associations
actuarielles nationales. La manifestation comportait à la
fois la réunion du Conseil de l’AAI, du Forum des
présidents, 37 réunions semestrielles de chacun des
Comités de l’AAI et des Sections internationales.
La réunion semestrielle des comités du Groupe
consultatif européen a eu lieu les 2 et 3 mai à Reykjavik.
L’Institut était représenté par Thierry Poincelin.
Au menu des instances, on peut relever les points
suivants :
• le souhait manifesté de renforcer la place de l’exécutif dans ces deux organisations actuellement marquées
par le travail de bénévoles dans les groupes de travail
intitulés « Comités » de part et d’autre. Le passage à
l’acte pourrait avoir lieu au cours d’une prochaine
réunion semestrielle ;
• l’évolution des normes comptables et prudentielles :
comment décomposer les provisions entre Best
Estimate et margin for risk pour donner une Current
Value ? Exit ou entry ? Comment mettre en place un
modèle interne ? Quel réponse apportée aux questions
de l’IASB et de l’IAIS ?
• l’appréhension de l’ERM, entreprise risk management, au sein du mouvement actuariel ;
• la mise en place de formations professionnelles
continues obligatoires ou facultatives en fonction des
associations ;
• la réforme du cadre normatif international avec désormais uniquement deux niveaux de normes facultatives ;
• les suites du rapport Morris pour les Associations
anglo-saxonnes nécessitant une revue externe des
travaux de ces associations ;
• la révision du « Core syllabus » et la rédaction d’un
code de déontologie plus détaillé.
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Les Arcs – journées d’études de
l’Institut des Actuaires et du SACEI
Nos journées d’études se sont déroulées le 29 et le 30
mars à la station des Arcs. L’heure était fort studieuse
et consacrée à un sujet aussi brûlant d’actualité que la
neige était fraîche : Solvabilité 2.
Nous eûmes d’ailleurs le plaisir de compter parmi les
participants des actuaires suisses ou lyonnais qui
trouvèrent ce lieu de réunion agréable et commode.
Après le discours d’ouverture du président de l’Institut
des Actuaires, Thomas Béhar, la première demi-journée
fut consacrée à la présentation du projet de directive.
Alexandre Guchet et David Fitouchi du cabinet Mazars
firent le point sur l’avancement des projets réglementaires
et comptables avec clarté et précision.
Christiaan Weijling, actuaire indépendant et responsable de la Commission Solvabilité de l’Institut des
Actuaires, nous a exposé avec son franc-parler
habituel l’activité de sa commission ainsi que les
difficultés rencontrées dans l’élaboration des réponses
de l’Institut des Actuaires aux multiples et parfois
volumineuses consultations en cours.
L’après-midi de la première journée fut consacrée aux
problèmes d’évaluation des provisions techniques, tels
qu’ils ressortent des questionnaires d’impact du CEIOPS
traduits et analysés par Marc Raymond et Emmanuel
Tassin du cabinet Fixage. Emmanuel nous a également
présenté les conséquences possibles du projet de
directive au plan de la gestion des actifs financiers.
Le lendemain matin, Philippe Berquin, président du
SACEI, nous a donné en ouverture la raison d’être du
syndicat des actuaires conseil et experts indépendants.
Eric Bramoulle de CNP Assurances est ensuite entré
dans le détail du calcul du SCR et du MCR (QIS2 et
pré-QIS3), et s’est inquiété à juste titre de la pénalisation
en capital très élevée associée à certains risques.
Frédéric Planchet du cabinet Winter & Associés (et
professeur à l’ISFA) nous a présenté des équations
issues de la théorie des valeurs extrêmes et destinées
à construire de meilleurs estimateurs de VaR.
Après le repas, il fut question du risque de modèle et
des critères possibles d’homologation des modèles
internes présentés par Patrice Palsky de la société
Fractales.
Enfin Philippe Berquin s’est interrogé sur les
conséquences de l’application de Solvabilité 2 aux
régimes de retraite et de prévoyance collectifs. L’offre
d’assurance va-t-elle se diversifier, ou au contraire se
réduire à quelques acteurs importants du marché ?
Ceux qui sont restés le week-end ont pu profiter des
pistes et du soleil, mais tous les participants auront
bénéficié de la bonne tenue des débats et de
l’atmosphère sympathique du lieu.
N’hésitez pas à nous rejoindre l’année prochaine…
Les conférences organisées par
l’Institut des Actuaires
Best Practices-Modèles Internes
La Sous-Commission Solvabilité (SSC) de l’Association
Actuarielle Internationale (AAI) a publié à titre consultatif
en mars dernier le premier draft de best practice sur les
« Modèles Internes pour le Risk Management et la
Solvabilité » des Sociétés d’Assurance.
Initiative conjointe avec l’IAIS (International Association
of Insurance Supervisors), ce document établit un cadre
de référence pour l’utilisation de modèles internes ainsi
que pour leur éligibilité dans le calcul des besoins
de Solvabilité, par exemple le SCR dans le cadre de
Solvabilité II. Alkis Tsimaratos a tenu une conférence à
ce sujet le 13 mars dernier.
Les retours reçus des organisations actuarielles nationales ont été discutés lors des réunions de l’AAI de
Mexico. Un constat sur le fait que le document actuel
semble trop détaillé a été unanimement partagé.
Le SSC ainsi que l’IAIS ont mis en place un Comité de
rédaction commun afin de préparer une version simplifiée du recueil pour les prochaines réunions de l’AAI à
Dublin les 25-27 Octobre 2007.
Le Comité de rédaction se réunira les 30 et 31 juin
2007 à Londres pour rédiger les bases de ce document simplifié. Ce document devra également répondre aux standards publiés par l’IAIS (Draft Guidance
on the Use of Internal Models by Insurers).
L’évolution des systèmes Solvabilité est mondiale.
Pour les actuaires, ces débats se font au sein du
Groupe Consultatif et de l’AAI. Ils sont relayés par la
Commission Solvabilité de l’Institut des Actuaires.
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Les nouvelles tables de mortalité
Guillaume LEROY, Frédéric PLANCHET, Emmanuel
TASSIN et Grégory BOUTIER ont animé le 22 mars 2007
une conférence sur les nouvelles tables de mortalité.
Guillaume LEROY a présenté le contexte de la réforme
et le rôle prépondérant joué par l’Institut des Actuaires
en termes de méthodologie et en tant que partenaire
incontournable des fédérations professionnelles et
des tutelles.
Grégory BOUTIER a terminé la présentation sur
les conséquences comptables (dates d’application,
modalités d’étalement en comptes sociaux, test de
recouvrabilité) de l’application des nouvelles tables
chez les assureurs, mutuelles et institutions de prévoyance, telles que les a explicitées la Commission
Comptable de l’Institut des Actuaires.
Frédéric PLANCHET a poursuivi en décrivant précisément les différentes étapes de la construction des
tables : construites à partir de données extraites de
19 portefeuilles de rentes (16 en provenance de la
FFSA et 3 du CTIP), les tables d’expérience, en raison
de leur représentativité relative, ont été « référencées »
dans l’ensemble des tables de moments INSEE (masculine et féminine) historique et prospective.
En tant qu’actuaire missionné par le Conseil d’administration de l’Institut des Actuaires, Emmanuel TASSIN est intervenu par la suite pour présenter les
travaux qu’il a menés à la fois sur les méthodes et sur
les résultats obtenus. Les tables de mortalité réglementaires ont fait l’objet d’aménagements de la part
des autorités de tutelle et comportent 2 limites techniques : leur dérive à long terme, les écarts hommes
femmes. Elles devront être revues dans 5 ans.
Assurance IARD et Interprétations des chiffres
À l'occasion de la publication de son livre « Assurance
IARD, Interprétation des chiffres » (ECONOMICA, collection « Assurance Audit Actuariat »), Michel LUZI,
membre qualifié de l'Institut des Actuaires, a animé le
4 avril 2007 une conférence sur ce sujet.
Michel LUZI s’est employé à démontrer que toutes les
techniques dont certaines actuarielles qui sont utilisées pour apprécier les provisions, les résultats, les
tarifs, les besoins en couverture ou en fonds propres
sont indispensables mais ne sont pas suffisantes. En
effet, les données, l’environnement de celles-ci, les
choix de certaines hypothèses méritent tout autant
d’attention que l’utilisation des techniques de calcul.
Le rôle de l’actuaire peut à ce titre s’apparenter à celui
du médecin qui, connaissant les traitements et
sachant les utiliser, doit autant s’attacher à bien
connaître son patient et à faire le bon diagnostic.
En dehors des cas les plus réguliers, il est donc
indispensable, a préconisé Michel LUZI, d’adopter une
démarche équilibrée entre les modèles plus ou moins
académiques, des données de qualité variable et les
conditions d’application plus ou moins respectées.
Calculs actuariels sous Access
Lors de présentation de son ouvrage « Calculs actuariels
sous Access » le 20 avril 2007, Jérôme SANDER,
membre qualifié de l'Institut des Actuaires, a tenté de
montrer dans quelle mesure Access était bien plus
adapté aux calculs actuariels que d'autres outils,
notamment Excel. Les nombreux exemples présentés
ont permis d'illustrer comment il était possible de
construire un système totalement automatisé de calcul
de provisions, avec des sources de données liées, une
table de paramétrage des hypothèses, des fonctions
puissantes, et des restitutions sous forme synthétique
et graphique.
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L’Echo
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des Actuaires
Agenda
des prochains mois
21 juin 2007
Congrès de l’Institut
des Actuaires
au PLM Saint-Jacques
19 au 22 juin 2007
Colloque Astin
à Orlando, États-Unis
juin 2007
Qu’est-ce qu’un actuaire membre
de l’Institut des Actuaires ?
Le Département « Carrières » a mené cette
année des travaux visant à identifier et à
qualifier les atouts qui distinguaient les
actuaires membres de l’Institut des
Actuaires de l’ensemble de la profession.
Le tableau ci-après présente une synthèse
des fruits de ces réflexions. Ces résultats,
ainsi que quelques autres points, ont été
présentés lors d’une conférence le 5 juin
dernier, en présence de nombreux actuaires
et directeurs des ressources humaines.
UN TITRE : ACTUAIRE MEMBRE DE L'INSTITUT DES ACTUAIRES
UNE FORMATION SCIENTIFIQUE
APPROUVÉE
DES RÈGLES D’EXERCICE DE LA
PROFESSION
Publication du projet de
directive Solvabilité
– Les programmes de 10 formations
approuvés et audités par la Commission
scientifique délivrant un diplôme de
niveau Master.
– Un code de déontologie qui instaure
un devoir d’intégrité.
5 octobre 2007
– Le respect d’un « Core syllabus »
international.
– Des règles de comportement
destinées à garantir la valeur
scientifique, l’objectivité et la qualité
des conseils et expertises.
UN DIPLÔME VALIDÉ PAR UN
MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDE
– Des règles professionnelles et des
sanctions en cas de manquement
à ces règles.
juillet 2007
Réunion annuelle
du Groupe Consultatif
européen
à Hambourg, Allemagne
25 au 28 octobre 2007
Réunion du Conseil
et des Comités et du
forum et des Présidents
à Dublin, Irlande
– Soutenance du mémoire de fin d’étude
Les actuaires qualifiés ou agrégés des
jurys de soutenance représentant
l’Institut des Actuaires sont approuvés
par l’Assemblée générale sur proposition
de la Commission scientifique.
– La validation du mémoire donne, après
obtention du Master, le titre de membre
ASSOCIÉ de l’Institut des Actuaires.
UN PROCESSUS DE QUALIFICATION
ET D’AGRÉGATION
Une démarche volontaire et personnelle
et une validation par la Commission de
qualification.
Institut des Actuaires
Directeur de la publication :
Christophe Eberlé
Ont participé à la rédaction :
Thomas Béhar, Marie-Christine Brassier, Ariane
Adam-Guillaume, Charles Descure, Patrice Palsky,
Alkis Tsimaratos, Michel Luzi, Jérôme Sander,
Grégory Boutier, Guillaume Leroy, Frédéric
Planchet, Emmanuel Tassin, Claire Audiffret,
Dominique de Saint Priest.
– Titre de membre QUALIFIÉ de l’Institut
des Actuaires : un rapport d’activité
actuarielle, un parrainage en entreprise
et trois années d’expérience
professionnelle.
– Titre de membre AGRÉGÉ de l’Institut
des Actuaires : sur la base de publications et de travaux scientifiques, le titre
est accordé par la Commission scientifique de l’Institut sur proposition de
2 actuaires agrégés.
Contacts
L’Écho des Actuaires est co-édité par le
Centre d’Études Actuarielles et l’Institut
des Actuaires sous la responsabilité
éditoriale de l’Institut des Actuaires.
Institut des Actuaires
Imprimeur : Stipa
Tél. +33 1 44 51 72 72
Fax +33 1 44 51 72 73
Maquette et réalisation : B R I E F
4 rue Chauveau Lagarde - 75008 Paris
Email : [email protected]
Site Internet : www.institutdesactuaires.com
UNE FORMATION CONTINUE
– Un process de suivi de formation
continue en cours d’élaboration
(nombre d’heures et thèmes).
– Des formations structurées (CEA etc.)
ou travaux personnels.
UNE RECONNAISSANCE
INTERNATIONALE
– Au niveau mondial :
reconnaissance par l’AAI, partage
des normes professionnelles,
« Core syllabus », etc., partage de
réflexions (travaux, congrès etc.),
représentation auprès
des organismes internationaux.
– Au niveau Européen :
« Core syllabus » européen et
équivalence des titres, représentation
auprès des autorités européennes.

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