Foulard et mini-jupe - Filme für eine Welt

Transcription

Foulard et mini-jupe - Filme für eine Welt
Anna, Amal & Anousheh
Foulard et mini-jupe
Jeunes Turques entre Coran et carrière professionnelle
Documentaire, dès 12 ans
Réalisation : Jana Matthes et Andrea Schramm
Production : TI:ME CO:DE, Berlin, sur mandat du ZDF, RFA 1998
Langues : allemand, français
Sous-titres : français
Durée : 30 minutes
Contenu Les jeunes Turques qui grandissent au cœur de l’Europe se trouvent tiraillées entre deux cultures.
Les réalisatrices ont suivi pendant six mois les deux sœurs Gülsen et Gülcin ainsi que leur amie
Meryem. Gülcin, l’aînée, a entrepris des études de médecine et aimerait prouver qu’une femme
voilée peut aussi exercer cette profession. Quant à la cadette, Gülsen, elle prépare son baccalauréat et souhaite devenir ingénieur en bâtiment. Les deux filles partagent un appartement dans
la même maison que leur mère et leur frère. Leur père et leurs autres frères et sœurs vivent en
Turquie au bord de la Mer Noire. Pour les deux sœurs, les objectifs d’ordre professionnel revêtent
une extrême importance. Elles portent le foulard et cultivent la tradition islamique par conviction.
Le pays auquel elles se sentent appartenir est la Turquie avec la religion islamique. Durant leurs
vacances en Turquie, elles ont plaisir à être avec leur famille mais vivent des situations très
conflictuelles face aux règles en vigueur sur place pour les jeunes femmes. Meryem, l’amie de
Gülsen, est, elle aussi, la fille de travailleurs immigrés turcs ; c’est elle qui élève ses frères et
sœurs cadets. Elle est plus proche du monde occidental et s’habille comme ses copines allemandes. Elle garde néanmoins des liens étroits avec la tradition turque. Pour sa famille, un petit
ami allemand ou des rapports sexuels avant le mariage seraient exclus. Prenant l’exemple de
trois filles très affirmées, ce film dépeint des formes de vie et des attitudes différentes ainsi que
des manières très inventives de gérer les nombreux conflits culturels.
Les réalisatrices Les deux réalisatrices, Jana Matthes et Andrea Schramm ont suivi les trois Berlinoises turques
pendant six mois. Elles les ont accompagnées avec la caméra à l’école et à l’uni, à la maison, au
café et à la mosquée ainsi que pendant leurs vacances en Turquie. Ce film ménage de l’espace
pour de longues séquences d’interview, si bien que les propos des jeunes Turques n’en restent
pas aux clichés. Les réalisatrices du film ont questionné les trois amies sur des thèmes tels que
leur avenir/leur profession, leur biographie/leur identité, leur foi/leur religion, le pays auquel
elles se sentent appartenir, la culture allemande/la culture turque, le fait d’être différentes,
l’acceptation d’autrui.
Anna, Amal & Anousheh
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Foulard et mini-jupe
Le film C’est un film dans lequel on rit beaucoup. La gaîté et le dynamisme de Gülsen, Gülcin et Meryem
sont contagieux et confèrent au documentaire un caractère particulier. Faire la connaissance de
ces trois jeunes femmes « tout à fait normales », mais hors du commun, est un véritable plaisir.
Elles parlent d’elles-mêmes de manière très ouverte. Ce film ménage de l’espace pour de longues
séquences d’interview, si bien que les propos des jeunes Turques n’en restent pas aux clichés.
Il en ressort une image nuancée de ces trois personnalités différentes - on comprend leur évolution et les contrastes de leurs biographies. (Georgia Hauber, Arbeitshilfe Matthias-Film)
Informations générales
Turquie
Superficie (km2)
780 580 km2 ; (D : 357 030/A : 83 870/CH : 41 290)
Population (2006, en milliers)
73 700 hab. = 94 hab./km2 ; (D : 82 400/A : 8 300/
CH : 7 500)
CapitaleAnkara
Langues nationalesturc (langue officielle), kurde
Religion
99 % musulmans, dont 70 % sunnites, 15–25 % alévites
Revenu par habitant (2005)
4 710 $ (revenu national brut par tête)
Alphabétisationhommes : 96 %; femmes : 81 %
Espérance de vie69 ans
Anna, Amal & Anousheh
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Foulard et mini-jupe
Informations générales Allemagne
Superficie (km2)357 030 km2 (D : 357 030/A : 83 870/CH : 41 290)
Population (2006, en milliers)
82 400 hab. = 231 hab./km2 ; (D : 82 400/A : 8 300/
CH : 7 500)
CapitaleBerlin
Langue officielleallemand
Revenu par habitant (2005)
34 580 $ (revenu national brut par tête)
Alphabétisation
hommes : 99 %; femmes : 99 %
Espérance de vie
79 ans
Axe prioritaire de l’étude L’accent est mis d’une part sur la diversité des significations données au port du foulard
et des attitudes à son égard. Il s’agit par ailleurs de la quête d’identité des jeunes filles au croisement de la culture allemande et de la culture turque.
Anna, Amal & Anousheh
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Foulard et mini-jupe
Objectifs d’apprentissage Les jeunes spectateurs se font une idée de la vie au croisement de la culture allemande et de
la culture turque et du mode de vie de jeunes musulmanes croyantes. Comme la construction
de son identité signifie notamment que l’on se confronte à d’autres points de vue et que l’on
cherche des modes de vie personnels, ces thèmes revêtent également de l’intérêt pour les jeunes
qui ne sont pas d’origine turque. Analyser les conflits que connaissent d’autres jeunes permet
aussi de clarifier ses opinions personnelles, d’identifier les thèmes conflictuels et d’en discuter.
Approche didactique
Objectifs partiels
Méthode
Durée
Matériel
Mettre en évidence ses
stéréotypes personnels
Regarder la photo sur transparent 
Consigne par groupes de trois : qui sont ces
deux jeunes femmes ? Dans quel cadre cette
discussion pourrait-elle avoir lieu ? Où viventelles, avec qui ?
Inventez un dialogue (1 narrateur-trice, 2 filles).
15
Photo de Gülsen et Meryem en train
de parler lors de la fête de clôture
du baccalauréat
Présenter les résultats
Chaque groupe présente les deux jeunes
­femmes comme il les voit et joue un dialogue
possible.
15
Variante : dialogue à lire à haute
voix.
Comparer les résultats
Avons-nous des représentations très proches
les unes des autres ou très différentes ? Prendre
note des différences constatées.
15
Reporter les diverses idées au
tableau noir ou sur une grande
feuille de papier.
Répartir les consignes
d’observation
Chaque groupe choisit une consigne d’obser­
vation particulière. La consigne numéro 5 est
donnée en plus à tous les groupes.
5
Fiche pratique 2 :
«Consignes d’observation»
Visionner le film
Il est recommandé de regarder le film en entier,
sans interruptions.
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Noter ses impressions
Prendre des notes
10
Discuter des consignes
d’observation
Travailler d’abord individuellement puis en
groupes sur les mêmes consignes. Ensuite, les
différents groupes présentent leurs résultats.
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Confronter les stéréotypes
des spectateurs aux jeunes
Turques, telles qu’elles apparaissent dans le film
Qu’est-ce qui était juste, qu’est-ce qui ne l’était
pas. Pourquoi ? Discussion en plénière ou en
groupes.
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Notes du début
Répertorier les différentes
significations du foulard et
en discuter
Attribue les différentes déclarations aux photos.
Avec quelles déclarations serais-tu assez
d’accord ? Lesquelles rejetterais-tu ?
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Fiche pratique 3 :
«A propos du foulard»
Lire et étudier les informations générales concernant
le foulard
Travailler sur la fiche pratique
30
Fiche pratique 4 :
«Port du voile et foulard chez les
femmes islamiques»
Variante : le couvre-chef des
hommes chez les musulmans
Étudier éventuellement ce sujet parallèlement
au thème du foulard
30
Fiche pratique 5 :
«Le couvre-chef des hommes chez
les musulmans»
Mettre en évidence les
terrains conflictuels
Travailler sur la fiche pratique «Vivre entre deux
cultures».
Variante : travailler en groupes sur une ligne,
sur un domaine particulier. Revoir éventuellement le film.
30 – 60
Fiche pratique 7 :
«Vivre entre deux cultures»
Présenter les différents
domaines. Choisir ceux dont
on discutera
Présenter éventuellement la colonne réservée
aux commentaires personnels concernant les
jeunes filles
(Tenir compte de la situation des groupes)
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Fiche pratique 1
Anna, Amal & Anousheh Foulard et mini-jupe
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Propositions pour poursuivre
le travail :
• Travailler sur les différentes citations (cf. Fiche pratique 6 : « Citations et affirmations »). Il est
possible de retenir des axes thématiques précis (choix du conjoint, égalité, différence culturelles
et pays auquel on se sent appartenir). Ces déclarations peuvent aussi être utilisées pour
travailler sur le sujet « Vivre entre deux cultures » (FP 7). Les questions suivantes qui devront
être adaptées en fonction de la citation peuvent s’avérer judicieuses :
– Que signifie précisément cette citation ?
– Que dit-elle à propos de ce sujet ?
– Qu’en penses-tu ?
– Ecris une phrase qui exprime ta position.
– Quel serait ton comportement ?
– Est-ce un sujet de dispute dans ta famille aussi ?
– Connais-tu des conflits du même type ou des conflits différents ?
Il est possible, le cas échéant, de choisir une situation comme point de départ d’un jeu de rôle.
Quel serait ton comportement dans cette situation ?
• Les deux sœurs Gülsen et Gülcin : quelle est, à ton avis l’importance de leurs liens ? Quelles sont
les possibilités qui s’offrent à elles, en étant deux sœurs ?
Associations possibles :
Les domaines tels qu’ils apparaissent sur la fiche pratique « Vivre entre deux cultures » peuvent
aussi être appliqués au film « Ne demande pas pourquoi ». L’attitude et le point de vue des jeunes
Turques peuvent être comparés à ceux d’Anousheh. Il est possible de comparer aussi le port du
foulard, le fait de se voiler. Dans ce sens, une comparaison est possible aussi avec la situation
d’Anna au Bénin.
Anna, Amal & Anousheh Foulard et mini-jupe
Fiche pratique 1, page 1
Anna, Amal & Anousheh Foulard et mini-jupe
Fiche pratique 1, page 2, Information générales
Informations générales Les deux sœurs Gülsen et Gülcin, sont, comme Meryem, filles de travailleurs immigrés turcs.
Elles ont grandi et suivi leur scolarité en Allemagne. Ces jeunes femmes vivent donc avec deux
cultures et au croisement de ces deux cultures. Cet exercice d’équilibre est marquant pour leur
identité. Leur mère et un de leurs frères vivent en Allemagne tandis que leur père et leur frère
aîné vivent avec leurs familles sur la côte de la Mer Noire.
Les sœurs sont des musulmanes pratiquantes. Les rituels religieux comme les cinq prières quotidiennes et les jours fériés islamiques font partie de leur vie. Les sœurs célèbrent avec leur mère
et leur frère à Berlin la fête islamique la plus importante, la fête du sacrifice.
L’année islamique
Comme l’année islamique est une année lunaire (354 jours) et compte dix jours de moins que
l’année solaire, les dates des jours de fête varient. Le mois du jeûne appelé Ramadan parcourt
donc à reculons l’année chrétienne solaire et débute chaque année 10 à 11 jours plus tôt que
l’année précédente.
Le Ramadan
Ramadan est le nom du neuvième mois du calendrier islamique et désigne le mois du jeûne. Le
jeûne commence durant le mois du Ramadan au lever du jour et s’achève à la tombée de la nuit.
Durant cette période, les musulman(e)s pratiquants s’abstiennent, du lever au coucher du soleil,
de manger, de boire, de fumer et d’avoir des rapports sexuels. Les personnes qui jeûnent sont
donc fatiguées durant la journée. Les enfants ont le droit de jeûner à partir de 9 ans et ils ont
l’obligation de le faire dès 15 ans environ.
Ce mois de jeûne s’achève par la « fête de la rupture du jeûne » qui s’étend généralement sur
deux à trois jours. A cette occasion, les enfants reçoivent des cadeaux et des sucreries. C’est de
là que vient l’appellation turque « fête du sucre ». Les familles et les amis se rendent visite selon
un ordre bien établi et échangent leurs bons vœux.
La fête du sacrifice
L’autre fête importante du monde islamique est « la fête du sacrifice » ; elle s’inscrit dans le cadre
d’une obligation imposée aux croyants musulmans : le pèlerinage (hadj). Tout croyant qui se
trouve dans un état physique et financier qui le lui permet devrait, une fois dans sa vie, se rendre
à la ville sainte de l’islam, la Mecque et aux environs. Le moment du pèlerinage est défini très
précisément. Il a lieu durant le mois Dou al Hidjia, le dernier mois de l’année islamique. En vertu
du calendrier lunaire islamique, cette fête est célébrée 70 jours après le Ramadan.
Ce rituel fait référence au récit d’Ibrahim (Abraham) qui, en témoignage de sa foi en Dieu, devait
sacrifier son fils Ismaël. Selon la tradition religieuse, Dieu a envoyé au dernier moment à Ibrahim
l’archange Cebrail (Gabriel) avec un bélier. Les musulmans croyants pensent qu’ils doivent suivre
ce rituel religieux et obéir aux commandements de Mahomet.
Quand les moyens financiers sont suffisants, on tue un mouton. La majeure partie de la viande
est offerte aux pauvres. On célèbre une fête de famille et rend visite à ses proches.
Anna, Amal & Anousheh Foulard et mini-jupe
Fiche pratique 2
Consignes d’observation
1. Note, qui attribue au foulard telle ou telle signification ?
2. Quelles différences observes-tu dans la façon de vivre de Gülsen et de Meryem ?
3. Qu’apprends-tu à propos de l’islam ?
4. Quelles sont les personnes que ces jeunes filles jugent particulièrement importantes
pour elles ?
5. Qu’est-ce qui t’étonne ?
Anna, Amal & Anousheh Foulard et mini-jupe
Fiche pratique 3
A propos du foulard
Classe les affirmations en fonction des images (deux citations n’ont pas de photos)
Si elles veulent vivre ici, il faut
qu’elles s’adaptent à nos coutumes ; elles ne doivent pas introduire leurs traditions et nous
obliger à nous en accommoder.
Quand Meryem se voile, ce n’est
qu’un jeu.
Les conventions islamiques
concernant les vêtements n’ont
aucun sens pour moi. Je suis
musulmane, mais je vis pas
selon le Coran. Peut-être en serat-il ainsi dans dix ans. Je n’y suis
pas encore. Pour moi, le foulard
serait un masque.
Gülsen veut prouver qu’une
femme voilée peut elle aussi
devenir médecin.
Elles me disent: ici tu n’as pas
besoin d’observer le jeûne. Ici,
personne ne te voit. Elles ne
comprennent pas les motifs
religieux qui m’animent.
La femme doit cacher ses charmes, c’est ce que dit le Coran.
Celles qui portent le foulard ont
des avantages. Elles ne se font
pas embêter. Pour celles qui
porte une mini-jupe, c’est tout
différent.
Elle s’est habituée au fait que les
patients la prennent pour la
nouvelle femme de ménage et lui
parlent par gestes.
Je souhaite que les femmes portant le foulard soient beaucoup
plus nombreuses à avoir un but,
à obtenir une maturité ou à
apprendre une bonne profession.
Les parents, les frères et les
Turcs en général devraient en
être bien plus fiers.
Les femmes qui exercent leur
profession en portant le foulard
ne sont les bienvenues ni en
Turquie ni au cœur de l’Europe.
Avec leurs habits élégants et leur
façon hésitante de parler le turc,
chacun voit en Gülsen et Gülcin
des touristes. Leurs frères les
surveillent pour que personne
ne les harcèle.
Anna, Amal & Anousheh Foulard et mini-jupe
Fiche pratique 4, page 1
Du voile au foulard
Les participant(e)s complètent par des explications les
images tirées de différents films sur lesquelles on voit des
femmes voilées ou portant le foulard. Faire deux colonnes
•Note la signification attribuée au port du foulard.
•Compare les explications aux justifications données dans
le film.
Il n’y a guère de pièce d’habillement qui soit associée aussi étroitement que le foulard à un mode
de vie marqué par l’islam. Selon la tradition, il est porté par les femmes et les jeunes filles dès
la maturité sexuelle.
La discussion soulevée par le port du foulard est, initialement, celle qui concerne le port du voile.
Le foulard peut être considéré comme une forme atténuée du voile.
Attaché de manière diverse, il doit couvrir toute la chevelure de celle qui le porte jusqu’à la racine
des cheveux. Mais il ne devrait en aucun cas entraver la capacité d’orientation et de mouvement
de l’intéressée. On distingue cinq types de voile : tissu recouvrant tout le corps avec une grille
tissée à hauteur des yeux, tissu (noir) recouvrant tout le corps sauf le visage et les mains, voile
de visage cachant tout sauf les yeux, foulard couvrant les cheveux, la nuque et les épaules et
simple fichu. Quant aux matières qui servent à la fabrication des voiles, ce sont en général des
textiles légers. Les tissus sont souvent de couleur unie. Dans certaines régions, on donne la
préférence aux teintes sombres. Mais on trouve aussi des variantes très colorées. Les motifs
raffinés des voiles indiquent la position sociale de celles qui les portent. Les voiles qui masquent
le visage comme on les porte avant tout dans les pays du Golfe couvrent une partie du front, la
base du nez et la lèvre supérieure.
La forme du voile ne fournit pas seulement des indications sur l’attitude de l’intéressée et de sa
famille par rapport à l’islam mais également sur sa position sociale. Le voile est avant tout une
pièce vestimentaire urbaine. A la campagne où les femmes sont appelées à exécuter des travaux
agricoles, certaines variantes de voile strictes seraient, pour celles qui les portent, un obstacle
à l’exécution des travaux physiques. Dans ce cas, on porte un fichu ou un chapeau. Dans les
villes, en revanche, où les femmes accomplissent uniquement des travaux domestiques dans le
cadre familial, le port d’un voile strict en public signale une situation économique aisée ou une
famille importante. Les domestiques ou les femmes issues d’anciennes familles d’esclaves n’apparaissent généralement pas
voilées en public. Si elles s’élèvent dans l’échelle sociale grâce
au mariage ou à leur réussite
économique, ces femmes adoptent alors elles aussi des formes
de voile appropriées.
Anna, Amal & Anousheh
Foulard et mini-jupe
Fiche pratique 4, page 2
Les raisons du port du voile
Les raisons de se voiler pour les femmes du monde islamique sont complexes. Durant l’époque
pré-islamique déjà, les femmes et les jeunes filles de la péninsule arabique portaient le voile. Il
semble qu’il s’agissait alors surtout d’une pièce de vêtement de la classe supérieure. On émet
l’hypothèse que cette tradition s’inspirait de modèles iraniens et byzantins et qu’elle n’avait pas
alors de signification religieuse.
Les divers représentants de l’islam sont divisés quant à savoir si le Coran impose effectivement le
port d’un voile. Les arguments s’appuient généralement sur la sourate 33, verset 59 du Coran :
« Ô Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles
leurs grands voiles (djilbab) : elles en seront plus vite reconnues et éviteront d’être offensées.
Dieu est bon et miséricordieux. » Dans les transcriptions et les commentaires du Coran, la signification du terme « djilbab » est incertaine. Il pouvait s’agir d’un long manteau que l’on utilisait
également pour se couvrir le visage. Mais d’autres interprétations sont également possibles.
Une chose est sûre, c’est que ce verset a pour but de donner aux musulmanes libres un signe qui
les distingue clairement des esclaves à l’extérieur. Au cours de l’histoire de cette pièce de vêtement dans l’islam, un nombre de variantes de plus en plus nombreuses se sont répandues et on
peut difficilement admettre qu’elles étaient déjà courantes à l’époque pré-islamique. Au vu du
peu d’indications détaillées contenues dans le Coran, on peut s’étonner que la pratique du voile
intégral ou partiel se soit répandue dans des sociétés islamiques aussi nombreuses et aussi
différentes l’une de l’autre. D’autres significations doivent également avoir leur importance. Le
fait de se voiler peut aussi signifier protection. Les femmes dissimulent en public l’intimité de
leur corps et se protègent du regard des hommes. A l’opposé, on formule aussi l’hypothèse que
le voile exciterait les fantasmes érotiques des hommes. Les raisons d’ordre climatique sont
plutôt écartées.
Une autre interprétation évoque la protection contre le « mauvais œil ». Les jeunes femmes – en
âge de procréer – sont particulièrement menacées par le « mauvais œil ». Celui-ci est associé
tout particulièrement à la jalousie. Ainsi, une pièce d’habillement qui cache les motifs de jalousie – par exemple, la beauté, la jeunesse ou la grossesse – et contribue à l’anonymat peut devenir un moyen de défense contre ce type de danger.
L’abolition du voile
C’est à la suite de l’abolition du voile dans de nombreux pays islamiques que l’on a soulevé pour
la première fois la question du couvre-chef féminin. Comme de nombreuses sociétés islamiques
estiment que la chevelure des femmes est une partie qui doit être couverte, il fallait trouver des
solutions ; ces dernières varient beaucoup d’une région à l’autre. La forme du couvre-chef féminin est devenue du même coup une caractéristique de l’appartenance sociale. Les chapeaux de
dames occidentaux sont devenus les signes extérieurs d’une orientation européenne et de
l’émancipation féminine. Le foulard en revanche traduit une attitude plutôt traditionaliste, marquée par les représentations islamiques.
Depuis le début du 20e siècle, la lutte contre le port du voile de la femme a un caractère particulièrement symbolique. Le voile était le signe d’une attitude réactionnaire et sous-développée.
L’abandon de cette pièce d’habillement signifiait au contraire progrès, ouverture et modernité.
Mustafa Kemal Atatürk (Turquie), Schah Reza (Iran) ou le roi Amanullah (Afghanistan) ont tenté
avec un succès variable d’interdire le port du voile. Aujourd’hui encore, la lutte contre le port du
voile est considérée comme un signe d’émancipation des femmes dans les sociétés islamiques.
Anna, Amal & Anousheh
Foulard et mini-jupe
Fiche pratique 5, page 1
Le couvre-chef des hommes chez les musulmans
Source : Khoury, Adel Theodor ; Hagemann, Ludwig ; Heine, Peter : Islam-Lexikon. Geschichte Ideen – Gestalten. Elektronische Fassung 2003
•Lis le texte et note les différentes significations.
•Compare-les à la discussion suscitée par le port du foulard
et du voile chez les musulmanes.
•Où trouves-tu des raisons semblables, ou en trouves-tu de
toutes différentes ?
L’islam connaît aussi le proverbe « On juge les gens sur leur mine ». Les couvre-chefs sont, comme
l’habillement dans son ensemble, des facteurs de différenciation sociale. Le fait d’avoir la tête
au chaud ou de se protéger du soleil – autrement dit le couvre-chef comme moyen de s’adapter
aux conditions climatiques - est considéré comme un argument de faible valeur.
Les érudits islamiques et les intellectuels se sont souvent disputés – davantage que sur d’autres
pièces d’habillement - quant à la signification religieuse du couvre-chef. Le couvre-chef islamique
typique pour les hommes est le turban, comme le portait, dit-on, le prophète Mahomet. Le turban
consiste à enrouler une bande de tissu autour d’un bonnet. Les juges islamiques et les érudits
du Moyen Âge portaient des formes particulières de couvre-chefs qui permettaient de reconnaître leur rang et leur fonction au sein de la hiérarchie. Aujourd’hui encore, les érudits sunnites et
chiites sont reconnaissables non seulement à leurs vêtements mais aussi à leur turban. La forme,
la couleur et la taille du turban fournissaient souvent des indications quant à la position sociale,
politique ou religieuse de celui que le portait. On ne sait pas exactement pourquoi la question
du couvre-chef musulman a suscité, à l’époque moderne surtout, des discussions aussi virulentes. Dans de nombreuses régions du monde islamique, il est certes courant d’avoir la tête couverte au moment de la prière mais ceci n’est pas une obligation absolue. Le fait que l’on ait mis
sur les tombes des turbans en pierre dans l’empire ottoman semble indiquer que le couvre-chef
avait un caractère religieux. A de rares exceptions près, il s’agissait de tombes d’hommes. Durant
le Moyen Âge islamique, on ne s’est guère interrogé sur la forme du couvre-chef. Celle-ci servait
surtout à faire la distinction entre les musulmans et les non-musulmans, entre les membres de
divers ordres ou entre différentes catégories professionnelles. C’est au 19e siècle seulement que
l’on a commencé à débattre activement de la forme du couvre-chef. Durant la première moitié
du 19e siècle par exemple, la casquette à visière n’a pas pu être imposée en Turquie dans l’armée
ottomane, parce que la visière aurait été une entrave au moment de la prière, car il fallait toucher
le sol de son front. En 1835, on a introduit à la place le fez qui n’a pas de bordure. Il est devenu
Anna, Amal & Anousheh Foulard et mini-jupe
Fiche pratique 5, page 2
rapidement le symbole des orientaux traditionalistes et réactionnaires. De nombreux réformateurs turcs en ont fait la cible de leurs railleries. Ainsi, le réformateur turc Mustafa Kemal Atatürk
l’a interdit en 1925 et a introduit en remplacement des chapeaux européens avec un bord ou des
casquettes à visière.
Les hommes de certains groupes nomades comme les Touaregs du Sahara se voilent eux aussi
le visage.
Mais dans ce cas, cette coutume ne s’explique pas par des raisons religieuses ou pseudo-religieuses ; ses origines sont exclusivement d’ordre pratique et social.
Anna, Amal & Anousheh Foulard et mini-jupe
Fiche pratique 6, page 1
Citations et affirmations concernant différents sujets –
discussion
Différences culturelles
Gülcin raconte : « Les jeunes Allemands arrivent et te prennent par la main, te mettent le bras
autour des épaules, te donnent une bourrade. Chez nous, ce n’est pas comme ça. »
Achmed, le frère, est le seul des frères et sœurs à avoir passé son enfance en Turquie. Ils n’a pas
suivi de scolarité comme ses sœurs. En revanche, il a fréquenté l’école coranique. L’indépendance
de ses sœurs lui pose problème et il refuse de les laisser sortir seules. « Il ne nous comprend pas
sur de nombreux points et nous ne le comprenons pas non plus. C’est parce qu’il a passé toute
son enfance ici et que nous avons passé la nôtre en Allemagne » explique Gülcin.
Gülcin au moment de déballer ses valises en Turquie : « On en arrive à tirer des conclusions qu’on
ne comprendrait jamais la tête froide. Par exemple qu’on préférerait reprendre tout de suite
l’avion pour Berlin. On a une telle colère. Je suis plutôt portée à exprimer les choses si bien que
je me dispute très vivement avec mes frères ; Gülsen est un peu plus introvertie. »
« C’est triste. Tout cet entourage, ces grands-parents qu’on n’a jamais vus. Normalement, on les
a près de soi, jamais si loin. »
Dans quelques semaines, les deux filles auront retrouvé leurs auditoires en Allemagne et elles
continueront de chercher fortune entre deux cultures différentes.
Egalité
Quelquefois, Meryem envie ses jeunes frères et sœurs. Elle-même a déjà dû commencer de s’occuper
de ses cadets à l’âge de sept ans, tandis que sa mère passait douze heures à travailler dans le magasin de légumes.
Meryem : « J’ai dû m’imposer toute ma vie face à mes trois frères aînés et lutter pour obtenir des
libertés qui allaient de soi pour eux. Aujourd’hui, je n’accepte plus qu’ils m’interdisent quoi que
ce soit. »»
Il y a deux ans encore, ses frères ont piétiné son coffret de maquillage.
Meryem : « Aujourd’hui, ma mère a confiance en moi. » Elle me dit : « Sors comme un homme et
reviens comme un homme. Tu peux t’en aller seule mais tu dois préserver ton honneur. »
Si Meryem se révoltait, ce serait synonyme de rupture avec sa famille.
Anna, Amal & Anousheh
Foulard et mini-jupe
Fiche pratique 6, page 2
Le frère explique : « Dans l’islam, les deux sexes sont égaux. Les femmes accomplissent les
travaux domestiques, mais elles sont sur pied d’égalité avec les hommes. »
Le père en Turquie : « Quand une jeune fille se promène seule dans la rue en Allemagne, cela ne
pose pas de problème. Ici, en Turquie, une jeune fille qui se promène seule dans la rue est traitée
avec mépris. »
Choix du conjoint
Gülsen et Meryem : « Si un mari se présentait, il faudrait qu’il attende. La profession et la carrière
viennent en premier. Un mari ne vient qu’en seconde position. »
Gülcin : « Nous étions fiancés. Quand il m’a dit qu’il voulait une femme au foyer qui s’occupe des
enfants et de la famille, je n’ai pas supporté. J’étais sur le point de passer mon baccalauréat. »
Mère de Gülcin et de Gülsen : « Ce sont mes parents qui ont choisi mon mari. Nous sommes
mariés depuis 42 ans et en fait, je n’ai rien à lui reprocher. »
Meryem : « Si j’avais un petit ami allemand, ma mère me tuerait. »
Le pays auquel on appartient
Gülcin : « Il est inimaginable pour moi de revenir ici sans profession. Mais plus tard, quand j’aurai
terminé mes études, je n’aurai plus rien à faire en Allemagne. Le pays auquel j’appartiens, c’est
la Turquie. Je ne l’échangerais pour rien au monde, même si on y passait seulement un mois par
an. Cette courte période représente plus pour moi que les onze mois en Allemagne. »
Gülcin et Gülsen trouvent dans la religion le sentiment d’appartenance qu’elles n’ont jamais trouvé
en Allemagne.
Meryem : « Le pays où je me sens chez moi, c’est ici en Allemagne. C’est là que je vis et que j’ai
grandi. Je ne vais en Turquie que pour les vacances. »
Les règles concernant l’habillement
« Quand les deux se sont connues, une amitié aurait été exclue. Gülsen, la musulmane, avait
beaucoup de réticences quant aux vêtements que portait Meryem. »
Foulard et mini-jupe
Fiche pratique 7, page 1
Qu’est-ce qui incarne le pays
auquel on appartient ?
Quelles sont les règles
en vigueur concernant le
logement ?
Comment se fait le choix du
conjoint ?
Quels sont les objectifs
professionnels poursuivis ?
Quels sont les rêves d’avenir
importants ?
Domaines
Gülcin et Gülsen
Meryem
Camarades d’école de
Gülsen et Meryem
La famille turque sur la côte
de la Mer Noire
Moi
1. Réfléchis à l’importance de tel ou tel facteur dans la vie des différents groupes et personnes. Note les attitudes concrètes que tu as observées dans le film
concernant ces différentes questions.
Dans le film, Gülsen et Meryem disent d’elles-mêmes qu’elles sont à l’opposé l’une de l’autre, comme « le noir et le blanc ». Est-ce bien vrai ? L’exercice suivant
fait apparaître les points communs entre les deux filles et toi.
Vivre entre deux cultures – quels modes de vie choisissent Gülcin, Gülsen et Meryem ? Lesquels choisis-tu ?
Anna, Amal & Anousheh
Quelles sont les attitudes qui
se manifestent à l’égard de
comportements différents ?
Quels sont les endroits où on
peut se rendre seule ?
Quel type de fête organise-t-on
avec les jeunes du même âge ?
Quelles sont les occupations
pratiquées durant les loisirs ?
Quelles sont les règles d’habillement et les habitudes alimentaires importantes ?
Quelles sont les fêtes
religieuses importantes ?
Domaines
Anna, Amal & Anousheh
Gülcin et Gülsen
Foulard et mini-jupe
Meryem
Camarades d’école de
Gülsen et Meryem
La famille turque sur la côte
de la Mer Noire
Moi
Fiche pratique 7, page 2
Foulard et mini-jupe
Fiche pratique 7, page 3
10. Questionne des jeunes – filles et garçons – de familles turques (ou d’autre origine) à propos des domaines cités dans le tableau. Que constates-tu ?
9. Imagine que ces filles soient tes camarades ou tes amies : quelles différences pourrais-tu accepter facilement en les côtoyant – quels seraient les points difficiles ?
8. Décris les points forts des filles. Que savent-elles bien faire ?
Exercice pour poursuivre la réflexion :
7. Leur avenir professionnel est très important pour les trois filles : pourquoi ? Que signifie pour elles « faire carrière » ? Comment leur situation culturelle s’en
trouve-t-elle transformée ?
6. Les filles se trouvent constamment en conflit entre les cultures, par exemple en ce qui concerne le choix du conjoint. Décris la situation des filles. Comment
gèrent-elles ce conflit ? Quels sont les avantages et quelles sont les difficultés qui en découlent ?
5. Vivre entre deux cultures n’est pas simple. Et pourtant : qu’apprennent donc ces filles au quotidien ? Quel jugement portes-tu sur leur façon de vivre ?
4. Compare ta colonne à celle des trois filles. Où relèves-tu des différences entre les trois filles et toi ? Où y a-t-il des points communs ?
3. Y a-t-il des domaines dans lesquels les filles ne se rapprochent d’aucun des groupes cités ? Où observes-tu des points communs et où des différences ? Gülsen et
Meryem sont-elles vraiment à l’opposé l’une de l’autre, comme « noir et blanc » ? Dans quels domaines est-ce le cas, dans lesquels n’est-ce pas le cas ?
2. Note avec une couleur différente les opinions des « camarades d’école allemandes » et de la « famille turque ». Observe maintenant les colonnes qui concernent
les filles. Dans quels domaines suivent-elles la culture allemande et dans lesquels adoptent-elles les représentations de leurs familles ? Choisis la couleur correspondante. (Exemple : les données concernant les « camarades d’école allemandes » sont soulignées en bleu. Quand Gülcin et Gülsen ont des projets d’avenir qui
rejoignent ceux de leurs camarades allemandes, souligne-le aussi en bleu. Les données se rapportant à la « famille turque » sont soulignées en orange. Les projets
d’avenir pour lesquels Gülcin et Gülsen rejoignent les représentations de leur famille sont également soulignés en orange. Souligne ainsi toutes les opinions concernant les différentes questions. Cette manière de procéder donne une image de l’orientation intérieure des filles, de leurs points communs et de leurs différences.
Les domaines qui suscitent des conflits ressortent.
Anna, Amal & Anousheh

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