directeur photo

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Interview
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Interview
directeur photo
texte - Philothée Buttol
Nom : Noirhomme
Prénom : Frédéric
Profession : Chef opérateur
Film : « Fancy-Fair » (Rediffusion : A
ujourd'hui à 15h45 - C2
Mercredi 05 à 15h15 - C5)
Frédéric Noirhomme est chef opérateur sur le court métrage « Fancy-Fair »
de Christophe Hermans, présenté en compétition nationale.
« En tant que directeur de la photographie, comment intervenez vous dans
les différentes étapes de la construction d’un film ? » - « Le directeur photo
est responsable de l’ambiance visuelle d’un film. En préparation, j’essaie de
comprendre l’âme du film, le style que le réalisateur a en tête. J’essaie de
trouver des références (cinéma, mais aussi en photo, en peinture) et des termes précis, pour être sûr que mes images se rapprochent de la vision et des
envies du réalisateur. Sur le tournage, on met tout ça en application, mais il
reste encore une grande part d’adaptation. C’est ce que je trouve intéressant :
pouvoir continuer à chercher sur le tournage, évoluer en fonction de ce qui
se présente à nous, à ce moment-là. Je n’aime pas quand le découpage est
conventionnel, logique, sans laisser de place à de nouvelles possibilités. En
post-production, j’interviens surtout pendant l’étalonnage. C’est à cette étape
que l’on corrige l’image pour lui donner une identité visuelle homogène. »
« Qu’attendez-vous d’une proposition de film ? » - « J’aime découvrir des
projets où tout n’est pas linéaire, évident. J’apprécie, à la lecture d’un scénario, ressentir des univers forts, mais qui laissent place aux zones d’ombres.
J’aime quand ça m’intrigue, quand je dois réfléchir à comment je vais pouvoir
construire l’univers du réalisateur. »
« Est-ce qu’il y a des lieux qui vous inspirent plus que d’autres? Des lieux qui
vous marquent, vous hantent ? » - « La nature, la forêt, la montagne... Mais en
fait, j’aime tous les lieux différents que je peux découvrir en faisant ce métier. Parce
qu’on apprend à dégager de la photogénie de tous les endroits auxquels on est
confrontés, même si à première vue certains peuvent paraître très ingrats. »
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« Vous êtes aussi scénariste et co-réalisateur (Michigan, Eisbär). Est-ce
que ces expériences ont influencé votre travail de chef opérateur ? » « En co-réalisant, je me suis rendu compte du travail laborieux que représente toute la responsabilité d’un film. Tu dois être attentif à tout, tout le
temps. Tu as beaucoup de choix à faire. Depuis, je suis plus pondéré dans
mes rapports avec les réalisateurs. Je leur laisse le temps qu’il faut pour
prendre leurs décisions, j’essaie de ne pas prendre trop de place et de bien
rester à l’écoute. C’est par contre mon rôle en tant que chef opérateur qui
influence mon d’écriture. ça me donne beaucoup d’idées, je visualise des
scènes, des ambiances,... »
« Qu’est-ce qui prime pour vous, dans votre élaboration de l’image ? »
- « Ce qui prime, c’est de comprendre l’ambiance visuelle dans laquelle je
dois travailler. Ce qui se traduit ensuite par le style de cadrage, le type de
découpage, mais aussi la lumière et la photo à proprement parler. Et de
là découle alors le choix du support : 35mm ou le numérique, le choix des
optiques, etc. »
« Quelles sont vos influences ? » - « Pierre Lhomme et Pasqualino De santis,
tous deux chefs opérateurs de Robert Bresson. Robby Müller, qui a travaillé
avec Jim Jarmusch (" Dead Man ", " Paris "," Texas "). Et puis aussi tout le
travail de Sven Mykvist avec Ingmar Bergman. »
« Et dans le cinéma belge ? » - « J’aime beaucoup le travail de Benoit Debie
(" Vinyan " de Fabrice Du Welz), Sébastien Koeppel (" l’iceberg " d’Abel et
Gordon) et Jean-Paul De Zaetijd (" Les Géants " de Bouli Lanners). »
« Vous avez travaillé sur des courts et longs métrages, des documentaires mais aussi des films d’art. Où vous sentez-vous le plus dans votre élément ? » - « Tous sont intéressants selon moi, surtout quand ils
se mélangent dans le même film, comme c’est le cas par exemple chez
Apichatpong Weerasethakul (" Uncle Boonmee ", " Tropical Malady "). J’aime
quand l’expérimental vient influencer le cinéma de fiction. Pour moi, c’est la
seule manière de faire mûrir le cinéma, de le tirer vers le haut, vers d’autres
types de constructions filmiques. Ce genre est très riche en soi car il est en
perpétuel contact avec d’autres médias. Il n’est jamais cloisonné et offre de
nombreux schémas narratifs différents, ce qui est pour moi très riche et peut
faire évoluer le cinéma. »
« Avec l’arrivée des appareils numériques à coûts démocratiques (5D,7D)
qui sont de plus en plus souvent utilisés sur les tournages, comment votre
travail a-t-il évolué ? » - « Je n’ai jamais tourné avec ces appareils, mais je
trouve ça très bien que les caméras se démocratisent. Il y a de plus en plus
de films qui se font avec peu de moyens et c’est bien. Même si ça ne rime
pas forcément non plus avec une explosion de talents. Mais je trouve ça
logique qu’on aille vers le numérique, que les supports se diversifient et que
la technologie s’invite dans la photo. »
« Quelques aspects négatifs de votre profession ? » - « A première vue,
il n’y en a pas. Même les moments difficiles sur les tournages se transforment en bons souvenirs. C’est plutôt au niveau de son implication sur la vie
personnelle. On doit gérer de longues absences et ce n’est pas forcément
évident lorsqu’on est en couple, lorsqu’on a une vie de famille.
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