Le bon Lieu
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Le bon Lieu
Fiche pratique Le bon Lieu Un projet de création se matérialise souvent dans un magasin, un bureau ou un centre de production. Le choix de l’emplacement peut se révéler crucial pour le succès ou l’échec de l’entreprise. Olivier Nimis, directeur de Remicom Immobilier SA à Genève, partage son expérience. L’hypercentre «L’emplacement, particulièrement pour la vente de détail, est primordial. Mais il est déterminé avant tout par le type d’activité exercé. Le produit fait la situation géographique. Si l’on veut vendre cher, on ne va évidemment pas se mettre dans des quartiers populaires. Dans le cas de service, le fournisseur doit se mettre à proximité de ses clients. Si ces réflexions paraissent évidentes, elles ne sont pourtant pas toujours bien comprises. Lorsqu’un commerçant veut s’installer, il va toujours rechercher l’hypercentre, à savoir les deux ou trois rues marchandes aux loyers et au fonds de commerce les plus exorbitants. Il pense que le passage va forcément générer du chiffre d’affaires. C’est vrai pour des produits bon marché. Dans le cas de produit de luxe, la fréquentation n’est pas essentielle puisque seuls quelques clients par jour suffisent. Le panier moyen Il faut s’intéresser au panier moyen, c’est-à-dire à l’achat courant que le client va faire. Celui-ci détermine le «niveau» d’une rue et permet donc de choisir au plus juste le bon emplacement. A Genève, par exemple, tout le monde recherche la rue de la Croix-d’Or et son prolongement, la rue de Rive. Pourtant, le panier moyen y est faible. Cette rue ne désemplit pas car elle se compose principalement d’enseignes bas de gamme. Beaucoup de commerçants rêvent de s’y implanter malgré le prix. Il faut savoir qu’une arcade de 40 m2 située à Rive vaut entre CHF 200 000 et 250 000, 50 m plus loin, elle coûte 4 fois plus alors qu’aux abords de la place du Molard, la même surface se négocie CHF 1 500 000. Le repreneur, conscient de ce coût, est contraint de réfléchir à l’image qu’il souhaite donner à son projet commercial. Son intention doit s’accorder à ses moyens financiers même si l’achat d’un fonds de commerce représente toujours un bon investissement. La valeur qui lui est associée n’est jamais bien comprise, ni par les organismes qui prêtent de l’argent ni par l’acquéreur. 22 Créateurs No 3 Un investissement fluctuant Le terme fonds de commerce cache sa véritable signification. En France, on l’appelle droit au bail, ça veut dire que le vendeur cède son bail donc son emplacement. Pour s’installer, on est obligé d’entrer dans le système qui semble ne profiter qu’à celui qui vend. Pourtant, il vaudrait mieux le voir comme un investissement, qui fluctue selon la conjoncture: inexistant quand elle va mal, indécent quand elle va bien. L’emplacement n°1, l’hypercentre, n’est pas forcément adapté à tout type de commerce. L’environnement commercial est également à prendre en compte. Il vaut mieux être entouré par des boutiques qui ont une offre complémentaire à celle qui est exercée plutôt que d’être cerné par des grandes enseignes de vêtements complètement étrangères à l’activité escomptée. Il faut étudier la zone de chalandise Il s’agit d’étudier non seulement les commerces environnants mais encore la zone de chalandise, l’aire sur laquelle se trouvent les clients virtuels, dans son ensemble. Les caractéristiques de la population revêtent une importance particulière. Il est indispensable de comprendre certains aspects du secteur souhaité notamment le profil de ses habitants, leur catégorie socioprofessionnelle, la densité et les tendances de croissances (créations d’une zone piétonne, construction d’habitations). Cela permettra de s’assurer que le produit ou le service vendu corresponde au besoin de la population locale. Un emplacement ne se choisit donc pas sur un coup de tête, il demande réflexion et l’aide d’un professionnel averti.» Olivier Nimis