La gestion de la distribution chez Sico inc.
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La gestion de la distribution chez Sico inc.
Centre de cas 9 50 1997 003 La gestion de la distribution chez Sico inc. Cas rédigé par Martin BEAULIEU sous la direction du professeur Sylvain LANDRY. Voilà un an que Claude Gloutnay travaille chez Sico inc. à titre de superviseur de la planification. Depuis son arrivée, il voit à la mise en place d'un système efficace de planification : «J'ai l'habitude de dire qu'un bon plan directeur de production règle bien des problèmes.» Après avoir effectué des améliorations au système de planification (formalisation du processus de prévision, contrôle plus serré des stocks), il s'interroge sur les modifications à apporter pour perfectionner la gestion des stocks à l'intérieur du réseau de distribution. Un contexte difficile pour l'industrie canadienne de la peinture1 L'industrie de la peinture se scinde en deux secteurs : la peinture architecturale et la peinture industrielle. La première représente un bien de consommation destiné au grand public alors que la seconde est offerte à des sociétés comme Bombardier ou General Motors pour recouvrir leurs propres produits2. Au cours des dernières années, le secteur de la peinture architecturale (ci-après peinture) a connu de multiples mutations. 1 Les informations contenues dans cette section proviennent principalement de RAYNAULD, J.; KFOURY, M.; PAUL, A.; MANDRON, A. Sico inc.,l'entreprise et ses marchés, Montréal, École des HEC, 1996, 26 p. 2 Étant donné que la peinture architecturale est le principal secteur d'activité de Sico, notre description de l'industrie traitera exclusivement de cet aspect. Copyright © 1997. École des Hautes Études Commerciales (HEC), Montréal. Tous droits réservés pour tous pays. Toute traduction ou toute reproduction sous quelque forme que ce soit est interdite. Ce cas est destiné à servir de canevas de discussion à caractère pédagogique et ne comporte aucun jugement sur la situation administrative dont il traite. Déposé au Centre de cas de l'École des HEC, 3000, chemin de la Côte-Sainte-Catherine, Montréal (Québec) Canada H3T 2A7. La gestion de la distribution chez Sico inc. Un marché à maturité «Le marché est arrivé à maturité, on remarque même une légère baisse dans la consommation», admet Yves Gosselin, vice-président de la direction exploitation chez Sico. L'industrie de la peinture est dépendante des dépenses en matière de construction et de rénovation. À cet égard, les années 1990 marquent un tournant. La récession et la faible reprise économique qui a suivi se sont traduites par une réduction des dépenses en matière de rénovation et de construction. Par un effet d'entraînement, il y a une stagnation des achats de peinture. Un accroissement des forces concurrentielles Au début des années 1990, le secteur canadien de la distribution subit des transformations majeures. D'abord, les chaînes de magasins entrepôts apparaissent (Rona l'Entrepôt, Réno Dépôt). Ces dernières, en raison de leur capacité d'achat et de leur politique de vente provoquent une baisse des prix de la peinture. Ensuite, les magasins à grande surface (Sears, Zellers) offrent leurs propres marques de peinture (marques privées). Inévitablement, ces produits concurrencent ceux qui sont offerts par les fabricants de peinture. De plus, l'Accord de libre-échange ratifié par le Canada et les États-Unis comporte un volet visant l'élimination des tarifs douaniers sur la peinture et les autres revêtements. Depuis 1993, ces produits sont exemptés de taxes : ils peuvent circuler librement des deux côtés de la frontière. Des contraintes physiques devraient tempérer cette capacité de circulation. La peinture est un produit au poids élevé, ce qui rend onéreux son déplacement sur de longues distances. «Pourtant, constate Yves Gosselin, un fabricant californien de peinture qui possède un entrepôt à Boston offre ses produits sur le marché montréalais.» L'augmentation du coût des matières premières Le coût des matières premières représente environ 85 % du coût total de fabrication. Par conséquent, une accroissement même minime du prix de ces intrants se traduit par une augmentation appréciable des frais d'exploitation. Depuis 1991, une hausse importante du coût des matières premières est observée. Compte tenu du contexte commercial, cette augmentation ne peut donner lieu à une hausse proportionnelle du prix de vente. Les producteurs de peinture en absorbent donc une partie. Le Groupe Sico En 1995, Sico réalise des ventes de 183 millions de dollars. Elle offre les produits de marques Sico, Crown Diamond et Château, en plus de produire des marques privées. Elle offre également des produits industriels. En fait, 85 % de son chiffre d'affaires provient du secteur des produits de consommation et 15 % de celui des produits Copyright © École des HEC 2 La gestion de la distribution chez Sico inc. industriels. Dans le secteur de la peinture architecturale, Sico accapare 55 % du marché québécois. À l'échelle canadienne, Sico et ICI se partagent la première place en ayant chacune environ 20 % du marché. Un renouvellement stratégique Les bouleversements de l'environnement ont amené Sico à réagir. D'abord, l'entreprise a éliminé des divisions et des activités non rentables ou non stratégiques1. De plus, on a rationalisé la structure organisationnelle afin de réduire le nombre de paliers hiérarchiques. L'arrivée en 1993 de Pierre Dupuis à la présidence de l'entreprise ne fait que confirmer cette tendance pour une gestion plus serrée des dépenses. «On fait face à une concurrence féroce dans le marché nord-américain. La solidification de notre position concurrentielle passe par une réduction de nos coûts et une augmentation de notre productivité», explique-t-il2. À cette fin, une direction exploitation est créée et confiée à Yves Gosselin qui entre chez Sico à l'automne 1994. «Cette restructuration visait l'amélioration de la performance de l'appareil de production», confirme Christian Simard, conseiller en ressources humaines affecté à cette direction. Il ajoute même : «Auparavant, les ventes menaient la production, elles énonçaient leurs besoins et les usines devaient se débrouiller pour les satisfaire.» Pour mener à bien cette tâche, Yves Gosselin s'entoure de toute une nouvelle équipe. Le poste de superviseur de la planification est confié, à l'automne 1995, à Claude Gloutnay. «Il s'agit d'un poste clé car il doit intervenir entre les activités de production et les activités commerciales», soutient le vice-président exploitation. La structure organisationnelle de la direction exploitation En fait la direction exploitation se compose de trois groupes d'acteurs. Le groupe opérationnel est composé des directeurs d'usine et du directeur de la distribution physique. «Eux, ils jouent la partie, ils sont sur la ligne de front», mentionne Yves Gosselin. Le directeur des achats, le directeur de l'ingénierie et de l'environnement, le directeur de la recherche et du développement sont les acteurs du groupe fonctionnel. «Ceux qui offrent les services et l'encadrement nécessaires à la réussite des objectifs du groupe opérationnel.» Enfin, il y a le groupe central, sous la direction du superviseur de la planification, Claude Gloutnay. «Son rôle est d'élaborer le plan de match, commente le vice-président exploitation, il fait le pont entre les exigences du marketing et les ressources de notre direction.» 1 MOONEY, B., «Sico se lance dans la troisième phase de son plan de redressement : la croissance», Les Affaires, samedi 25 avril 1992, p. 21. 2 DesROBERTS, G., «Sico se restructure et investit 6,5 M$», Les Affaires, samedi 13 novembre 1993 p. 8. Copyright © École des HEC 3 La gestion de la distribution chez Sico inc. Le système de planification de la production Globalement tout le processus de planification de la production a pour objectif de déterminer où les efforts de production et de commercialisation doivent être mis. Une fois l'an, à l'automne, au moment de l'établissement des budgets, le personnel du groupe commercial et de la direction exploitation élabore le plan de production. Ce plan, qui couvre la prochaine année d'activité, est basé sur le niveau des stocks et les prévisions de ventes. Ces prévisions sont établies à l'aide des données historiques des ventes. Ces données sont corrigées de façon qualitative par les directeurs des ventes et les chefs de marques selon leur compréhension des tendances du marché et les activités de promotion. Le plan de production est révisé mensuellement selon une procédure comportant trois étapes. Premièrement, à la fin de chaque mois, un bilan de la situation est produit et envoyé aux différents acteurs associés au processus de prévisions. Il faut une semaine au système informatique pour traiter l'ensemble des renseignements découlant de la performance du mois qui vient de se terminer1. Ayant en main toutes les données pertinentes, à chaque deuxième jeudi du mois, le comité de prévision se réunit. Outre des intervenants du groupe commercial, le comité de prévisions inclut du personnel de la direction exploitation, dont le superviseur de la planification qui a la responsabilité de gérer le processus. Depuis environ deux ans, c'est la direction exploitation qui gère le processus de prévision. Auparavant les intervenants du groupe ventes et par la suite ceux du groupe marketing avaient la responsabilité de cette activité. Le schéma 1 présente les intervenants du groupe commercial. Tous participent à la formulation des prévisions. Une attention particulière doit être accordée aux prévisions fournies par le directeur des groupements majeurs pour éviter la redondance des chiffres établis. En effet, de par la nature de ses fonctions, celui-ci vend différentes marques à un même client. Une particularité du processus de prévisions réside dans la structure bicéphale du groupe commercial (voir le schéma 1). Le vice-président ventes et marketing a la responsabilité des ventes réalisées hors Québec, des ventes de produits de marques privées (pour tout le territoire couvert par Sico) et des orientations marketing de l'entreprise. Selon Claude Gloutnay, «le vice-président ventes et marketing a davantage un rôle stratégique, il voit au développement de la société». Pour sa part, le vice-président ventes a la responsabilité des ventes réalisées sur le territoire québécois. «Ce vice-président a une orientation plus tactique», indique Claude Gloutnay. Précisons qu'en ce qui concerne la marque Sico, le territoire est divisé entre deux intervenants, un pour l'est et l'autre pour l'ouest du Québec. Claude Gloutnay concède que la structure actuelle du groupe commercial n'est pas idéale, mais elle est l'héritage des acquisitions et des réaménagements de l'entreprise. 1 Claude Gloutnay travaille actuellement à l'implantation d'un système informatique plus performant qui ramènerait la période de traitement à 24 heures. Copyright © École des HEC 4 La gestion de la distribution chez Sico inc. Les prévisions portent sur les unités de stock (stock keeping units, SKU) à partir des ventes historiques. Par la suite, ces données sont agrégées par sous-marques (familles de produits : Sico Classique, Sico Suprême, Château, etc.) (voir le schéma 2). Ces données agrégées permettent aux directeurs des ventes de faire des corrections au besoin. Quant aux chefs de marques, ils indiquent les mesures ponctuelles qui peuvent agir sur les quantités à produire. Chacun des niveaux de la nomenclature de planification peut faire l'objet d'une campagne de promotion, par exemple, un rabais consenti sur les alkydes ou sur la peinture extérieure. À cause de ses limites, le système informatique actuel ne peut présenter les modifications ou intégrer l'information de chacun des niveaux. Les zones ombragées du schéma 2 indiquent les niveaux de la nomenclature traités actuellement par le système informatique. Une précision doit être apportée concernant le niveau «usage» (intérieur, extérieur, intérieur/extérieur); celui-ci est traité par le système informatique mais cette information est rarement retenue par les différents intervenants lors du processus de prévisions. Ce processus intègre également des informations concernant les surplus de stocks, l'arrivée ou la perte de clients, les produits rationalisés (produits dont Sico cesse la production), les nouveaux produits et les commandes non livrées. Finalement, les prévisions sont ensuite transposées à l'échelle nationale (en litres) pour être approuvées par les vice-présidents ventes et marketing. La seconde étape du processus de planification est la mise sur pied du plan de production révisé. Le responsable du plan directeur de production (PDP)(master scheduler) offre deux ou trois versions du plan de production. Ces versions reposent sur les données provenant du PDP et tiennent compte de la capacité des installations, de la disponibilité de la main-d'oeuvre et des matières premières. Le plan de production révisé est réalisé par le comité de planification qui regroupe les cadres de la direction exploitation (vice-président, superviseur de la planification, les responsables du PDP, les directeurs d'usine et le directeur de la distribution physique). Le plan de production révisé s'articule autour d'une nouvelle classification de familles, basée sur les procédés de fabrication (produits alkydes, produits latex, colorants). Cela signifie que le plan de production de l'usine d'Etobicoke est établi pour trois familles alors que celui de Beauport traite d'une seule famille. À l'occasion, la famille de production tient compte du format du produit; par exemple à Beauport, une chaîne de production est consacré aux formats 18,9 litres. Une fois que le plan de production révisé est approuvé, il est retransmis aux responsables du PDP qui apportent les modifications nécessaires au plan directeur de production en vue du calcul des besoins matières (PBM) et de l'ordonnancement. L'ordonnancement, qui est réalisé en usine, tient compte de la séquence des couleurs et des temps de lavage. À l'usine, le responsable de cette activité s'assure également de posséder tous les intrants nécessaires. «La fenêtre de planification est de trois à quatre semaines, ce qui laisse amplement le temps au responsable de s'assurer de la disponibilité des matières premières. Cette tâche est facilitée par le fait qu'à l'exception d'un intrant, tous les autres peuvent être livrés dans un délai de cinq jours», précise Claude Gloutnay. Cette «troisième étape» du processus de planification n'en Copyright © École des HEC 5 La gestion de la distribution chez Sico inc. est pas une en soi puisque les activités de PDP, PBM et d'ordonnancement sont réalisées en continu. Le système de distribution L'importance stratégique des stocks «Le service à la clientèle est un facteur clé de succès dans notre industrie», déclare Yves Gosselin. Par exemple, le taux de service (file rates) est de 96 % dans l'industrie de la peinture1. La capacité à livrer à temps devient un facteur critique dans la mesure où les détaillants ne tiennent plus de stocks et désirent offrir en tout temps les produits exigés par les clients. «Nous devons être en mesure de satisfaire rapidement les besoins des détaillants. Cependant, l'appareil de production n'est pas suffisamment flexible pour nous permettre de répondre instantanément à leurs exigences. Le temps de production de la peinture est trop long, c'est pourquoi nous devons tenir des stocks importants. En fait, moins de 10 % de la production est fabriquée pour les ventes (fabrication sur commande), nous produisons pour les stocks», explique Yves Gosselin. En fait, le lot de fabrication égale deux mois de ventes. Quant aux entrepôts, ils ont un stock moyen de neuf à dix semaines. Ce stock moyen comprend quatre semaines de stock de lot auquel il faut ajouter deux semaines de stock de sécurité. Il faut également compter deux à trois semaines supplémentaires attribuables à une certaine distorsion (bruit) entre les produits fabriqués et ceux requis par les entrepôts. Enfin, il faut inclure un délai de livraison d'une semaine pour assurer l'acheminement des produits aux entrepôts. Dans un contexte où la croissance du bénéfice passe par la recherche d'économies internes, les stocks représentent un poste de dépenses à comprimer. «Nous avons entrepris des mesures pour réduire nos stocks, mais il reste des économies à faire», précise Yves Gosselin. En ce qui a trait à la rotation des stocks, le plus haut taux est enregistré par les calfeutrants et il se situe à 6. Les marques privées produites par Sico affichent le taux le plus bas, soit 2.5; quant aux marques nationales, leur taux s'établit à 4 ou 5 tours par an. Cet aspect dépend directement des pratiques commerciales. «Les entreprises les plus performantes dans l'industrie canadienne de la peinture ont des taux de rotation de 6 à 8 tours», souligne Claude Gloutnay. L'autre source d'économies potentielles réside dans le système de distribution physique. De la sortie de l'usine jusqu'aux tablettes des détaillants, c'est 11 millions de 1 Le taux de service est obtenu en divisant le nombre d'unités commandées par le nombre d'unités livrées. Sico évalue le taux de service de l'industrie à la suite d'entretiens avec des représentants des chaînes de magasins à grande surface. Copyright © École des HEC 6 La gestion de la distribution chez Sico inc. dollars que Sico doit dépenser pour effectuer la manutention et la distribution de ses produits. «Il faut comprendre qu'une partie de la croissance de Sico s'est faite par l'acquisition de concurrents, cette situation s'est traduite par un dédoublement des structures organisationnelles et par un nombre élevé d'entrepôts», commente le viceprésident exploitation. Par ailleurs, la capacité d'entreposage est nécessaire pour permettre un nivellement de la production. Traditionnellement, les pointes de production ont lieu du mois de mars au mois de juillet. Pour s'assurer une production minimale pour les mois de décembre, janvier et février, Sico a élaboré une stratégie commerciale de placements différés. En échange de rabais, les clients passent des commandes fermes à l'automne et les produits ne sont livrés qu'au printemps. De plus, pour certains clients, entre autres les maîtres-peintres, Sico conserve un stock minimal de produits car ces clients passent eux-mêmes aux entrepôts et ils n'achètent que les produits disponibles. La description physique du réseau de distribution Il y a actuellement un effort de rationalisation qui s'effectue du côté de l'entreposage. En Alberta, Sico a fermé l'un de ses entrepôts pour conserver celui situé à Calgary. En Ontario, Sico désire réduire le nombre de ses entrepôts. Les entrepôts du Québec serviraient de point d'approvisionnement. Cependant, pour assurer un service à la clientèle constant, avant de fermer un entrepôt, Sico doit être en mesure de livrer ses produits dans un délai de 24 heures de son point d'expédition à son client. Au Québec, le fabricant de peinture ne ferme qu'un entrepôt et en conserve trois. Enfin, Sico possède un entrepôt à Moncton, au Nouveau-Brunswick. Le schéma 3 résume les différents déplacements de produits entre les usines, les entrepôts centraux et les entrepôts régionaux. Au départ, les produits fabriqués ou achetés sont expédiés aux entrepôts de Longueuil et de Ville Saint-Laurent, lesquels ne recueillent que certaines familles de produits. Ainsi, l'entrepôt de Longueuil gère les produits Sico et les marques privées alors que celui de Ville Saint-Laurent s'occupe des produits Crown Diamond et Château. Par la suite, ces produits sont redistribués vers les entrepôts régionaux de Calgary, Toronto, Beauport et Moncton. Une exception toutefois : l'usine d'Etobicoke fabrique les peintures de marques privées qui peuvent être expédiées directement à l'entrepôt de Toronto. De ce point, une partie de ces produits peut être acheminée à l'entrepôt de Calgary. Notons que les produits fabriqués à Beauport transitent par les entrepôts centraux avant de revenir à l'entrepôt de Beauport. Cette situation s'explique par la taille du lot de fabrication (et par conséquent par la fréquence des courses) ainsi que par l'impossibilité d'entreposer de grandes quantités à l'usine de Beauport. Il y aurait rarement de concordance entre les besoins de l'entrepôt et les produits fabriqués par cette usine. Ainsi, pour éviter une procédure différente, les produits transitent tous par les entrepôts centraux. Le tableau 1 fournit des renseignements supplémentaires concernant les ventes annuelles et le taux de rotation des stocks pour chacun des entrepôts. Copyright © École des HEC 7 La gestion de la distribution chez Sico inc. Tableau 1 Portrait des entrepôts de Sico inc. en 19961 Entrepôt Ventes annuelles en litres Taux de rotation Longueuil 15 700 000 5 Moncton 666 000 8 Toronto (marques privées) 7 200 000 2,5 Toronto 2 337 000 8 Saint-Laurent 6 959 000 5 415 000 6 Calgary 1 : Les données se rapportent à la fin de l'année 1995 et au début de 1996. La logistique Si le directeur de la distribution physique supervise toute la gestion des expéditions des produits, c'est au superviseur de la planification que revient la tâche de réapprovisionner les entrepôts. Cette dernière activité est basée principalement sur les données provenant des prévisions de ventes. Il s'agit de gérer la demande de remplacement : «Notre tâche consiste à utiliser les prévisions de ventes et à les répartir efficacement dans les bons entrepôts», explique Claude Gloutnay. L'une des difficultés réside dans le fait que les prévisions sont établies à l'échelle nationale alors que l'on retrouve plus d'un entrepôt dans les deux grandes régions d'activité (région Québec, région hors Québec)1. Cette lacune est en partie atténuée par le fait qu'environ 85 % des ventes actuelles de Sico se font au Québec, soit autour des deux entrepôts centraux. En effet, il est facile de réapprovisionner ce marché à partir des entrepôts de Longueuil et de Ville Saint-Laurent. Cependant, Claude Gloutnay précise que Sico cherche de plus en plus à accroître son volume d'affaires hors du territoire québécois. Ainsi, les prévisions nationales servent d'intrants au programme directeur de production et non les besoins de réapprovisionnement des entrepôts. À cet égard, Claude Gloutnay soutient : «Il peut rester du bruit de fond mais celui-ci est très marginal compte tenu de conditions actuelles de notre marché.» Le réapprovisionnement des entrepôts régionaux (Calgary, Toronto et Moncton) est basé sur un système mini-maxi (min-max system). Le système comporte deux seuils minimum : un pour la haute saison (mars à septembre) et un second pour la basse saison (octobre à février). Ces seuils minimums sont établis à partir des données historiques. Le système comporte également deux seuils maximums. Anciennement, les ordres de réapprovisionnement étaient donnés par les gens des 1 Notez également que les activités de certains entrepôts peuvent empiéter sur celles d'autres territoires. Par exemple, les entrepôts de Longueuil ou de Ville Saint-Laurent peuvent desservir certaines régions de l'Ontario. Copyright © École des HEC 8 La gestion de la distribution chez Sico inc. ventes, du marketing ou des entrepôts selon leurs exigences et leurs intérêts. Une situation qui pouvait se traduire par une cacophonie nuisant à une gestion efficace des stocks. Pour pallier cette situation, Sico a confié au service de la planification la tâche d'établir le moment du réapprovisionnement. Claude Gloutnay a tout de même établi une procédure de contrôle par laquelle les ordres de réapprovisionnement sont vérifiés par les directeurs d'entrepôt. D'autre part, une lacune du système actuel de distribution est liée à la politique d'acquisitions de Sico. Cette dernière s'est retrouvée avec des systèmes informatiques incompatibles et les nouveaux logiciels facilitant cette interface ont une longue période de traitement. Des lacunes sont également à signaler concernant la formation du personnel des entrepôts et les procédures de travail. Enfin, l'aménagement et les dimensions des entrepôts sont dans quelques cas inadéquats. «Nous devons recourir à la location d'entrepôts pour répondre à certains de nos besoins ponctuels», confie Claude Gloutnay. Enfin, le réapprovisionnement des entrepôts régionaux obéit également à une politique interne de maximisation du circuit de transport. Ainsi, compte tenu des coûts, Sico effectue deux livraisons1 par mois à Calgary pendant la haute saison. Lorsque les ventes diminuent, ce n'est plus qu'un camion par mois qui est acheminé. Pour le territoire de l'Est canadien, c'est une livraison qui est effectué à l'entrepôt de Moncton. Pour les entrepôts de Toronto, ce sont deux ou trois livraisons par semaine qui peuvent être faites. Pistes de solutions Claude Gloutnay réfléchit à la possibilité d'implanter un système de planification des ressources de distribution (Distribution Resource Planning, DRP) selon lequel la planification de la production serait établie en fonction des besoins des entrepôts. Cependant, cette option pose certains problèmes. En effet, en 1993, Sico s'engage dans un processus de révision de son patrimoine informatique. À cette époque, il a été établi que le volet prévisions est l'un des principaux aspects à améliorer. D'autre part, les décideurs n'ont pas vu la pertinence du DRP car, selon eux, la réalité de l'entreprise à ce moment (la concentration de ses ventes sur le territoire québécois) permet à Sico de se débrouiller autrement sans conséquences graves. Le système informatique retenu comporte deux logiciels, l'un capable de générer plus rapidement des prévisions, de produire des informations plus nuancées selon les différents niveaux de la nomenclature de planification et le second assurant une planification intégrée de la production. Ce dernier possède un petit module DRP qui permet d'accueillir des prévisions par entrepôt. Cependant, les capacités de ce module sont limitées: le système actuel ne gère pas, par exemple, l'abandon ou l'ajout de produits aux points d'entreposage. De plus, il comporte certaines failles dans sa logique de planification : il ne tient pas compte notamment des quantités en transit. Enfin, le découpage des 1 Une livraison égale un camion. Un plein camion peut contenir une trentaine de palettes. Une palette équivaut à 300 litres de peinture. Copyright © École des HEC 9 La gestion de la distribution chez Sico inc. territoires retenus par Sico aux fins de prévisions ne correspond pas exactement aux échanges effectués par les entrepôts. En fait, pour Claude Gloutnay, la situation se résume à trois grandes options permettant d'assurer une meilleure performance du réseau. La première consiste à poursuivre l'utilisation du système de seuils mini-maxi pour gérer le réapprovisionnement des entrepôts, mais à recourir à des ressources supplémentaires pour effectuer manuellement les corrections nécessaires à la production de données de meilleure qualité en vue de répondre aux exigences du nouvel environnement. La seconde option consiste à modifier le logiciel actuel afin d'en corriger les lacunes. À cette fin, Sico peut décider de recourir à son propre personnel ou aux services du fournisseur. Enfin, une troisième option consiste à faire l'acquisition d'un logiciel DRP plus performant qui pourrait facilement s'intégrer aux logiciels existants de prévision et de planification. Finalement, Claude Gloutnay est conscient que chacune de ces options possèdent ses attraits et ses inconvénients. De plus, l'option retenue doit s'arrimer aux perspectives de croissance de l'entreprise. Claude Gloutnay doit jongler avec toutes ces possibilités. 2000-12-11 Copyright © École des HEC 10 La gestion de la distribution chez Sico inc. Annexe 1 Schéma 1 Structure organisationnelle du service commercial Copyright © École des HEC 11 La gestion de la distribution chez Sico inc. Annexe 2 Schéma 2 Nomenclature partielle de planification Copyright © École des HEC 12 La gestion de la distribution chez Sico inc. Annexe 3 Schéma 3 Chaîne d'approvisionnement Copyright © École des HEC 13