Le Guise : French Dream se présente comme un - Kroundave

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Le Guise : French Dream se présente comme un - Kroundave
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Interview
Manu Markou et Odile Closset
Cela doit provenir d’un vieux rituel de sorcellerie. Un
truc de marabout pour conjurer le sort, chasser le malin.
Odile et Manu s’évertuent à composer des albums où
les couples se déchirent, pour mieux montrer la solidité
du leur, se dire que ce n’est pas de cela qu’ils veulent.
Démantibulés sonnait comme une destruction
chirurgicale. Un univers poétique, violent et glauque.
Notre duo renouvelle l’opération avec un French Dream
surprenant, pétillant et drôle mais au destin tragique et
funeste. Il se présente comme un album concept qui
raconte la vie d’un homme au travers de styles
musicaux qui ont marqué sa vie.
Thérapie de coup(le)
A Bachant, rien n’a véritablement bougé ou changé. Cela fait partie de ces bleds au destin invariable et immuable
qui ressemble déjà à la veille avant même que le soleil se soit couché. Odile m’offre un café. Manu recrache la fumée
de sa clope en balançant sa tête en arrière. Nous sommes contents de nous revoir depuis leur concert trop intimiste
du Trait d’union. Je sors mon dictaphone, c’est parti dans la joie et la bonne humeur.
Le Guise : Comment est né ce projet ?
Manu : Au départ, nous avions l’idée de raconter une vie à la façon de Démantibulés mais en
essayant d’écrire un album plus accessible avec une histoire assez triste. En travaillant sur les
arrangements du premier morceau « French Dream » qui au début s’intitulait « La mélodie du
bonheur », j’entendais des Do-wap-wap. Au final, ce morceau sonnait très sixties, très yéyé ! Il
paraissait bizarre, pas franchement à sa place sur un album au style uniforme. C’est à ce moment
que nous nous sommes dit « Pourquoi ne pas jouer un style de musique différent pour chaque
chanson ».
Le Guise : Comment les avez-vous choisi ?
Odile : Plutôt au hasard ! Les dix chansons étaient déjà composées et écrites ; il fallait les
arranger. Nous avons essayé d’adapter les styles par rapport à ceux que l’homme, dont nous
racontons la vie, aurait pu écouter. French Dream ne respecte aucune chronologie musicale !
Manu : Nous avons surtout choisi ces styles en fonction des chansons. Par exemple, pour « Let
me tell you my life », au début j’avais essayé de l’arranger à la U2, mais ça ne collait pas du tout. Et
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c’est en écoutant Bob Marley à la radio que j’ai eu le déclic. Cela fait encore un petit clin d’œil à
Gainsbourg.
Le Guise : Pourquoi French Dream ?
Odile : Nous sommes partis de l’idée de l’American Dream. C’est le rêve d’une vie.
Manu : Un American Dream à la française, c’est-à-dire, que ça ne se passe pas très bien pour le
personnage principal de l’histoire.
Le Guise : Un symbolisme particulier se dissimule derrière la photographie de la
pochette ?
Manu : Au début, nous voulions une photo de
face en rajoutant un bandeau noir sur les yeux
pour symboliser l’anonymat. Dire que ce qui
arrive au personnage, peut arriver à Monsieur-toutle-monde. Et puis, durant une séance photo j’ai
posé ma main sur ma tête comme sur le cliché.
Et c’est exactement les symboles que nous
voulions présenter. La main ouverte et les doigts
tendus comme des barreaux symbolisent
l’enfermement et l’alliance dorée le mariage. Le
personnage est prisonnier de sa propre existence,
où son mariage s’avère être une prison dorée.
Le Guise : J’ai été agréablement surpris par le chant d’Odile sur « Partir », qui sort du
registre très Birkin !
Odile : Nous avons beaucoup travaillé les voix sur ce nouvel album. Nous voulions un chant
plus Rock avec une voix plus franche.
Le Guise : French Dream est lui aussi un album complètement Home-made. Comment
s’est déroulé le mixage ?
Manu : Aujourd’hui l’informatique nous offre énormément de possibilités pour le mixage. Des
équaliseurs te permettent de couper les fréquences très facilement. Comme nous partions vers un
album au son plus oldies, nous avons volontairement conservé pour le mixage la même console en
nous limitant à un ou deux racks d’effet maxi ce qui nous a conduit à être plus créatif. Pour avoir
plus de punch nous avons doublé voire triplé les voix. C’est une vieille technique de studio qui est
utilisée depuis des lustres, même par les plus grands groupes comme Pink Floyd ! Nous sommes
partis sur un concept plus à l’ancienne en réenregistrant vraiment les chants plutôt que d’utiliser
un simple copier/coller. Cela donne un résultat plus authentique.
Le Guise : Si le duo Closset/Markou était un cocktail, quelle en serait la recette ?
Manu : Un gin tonic ! Car c’est simple, costaud et amer à la fois. En plus, j’aime bien le gin tonic
(rires)
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Puisque French Dream se compose de dix styles musicaux différents, j’ai préparé pour Odile et Manu une petite
compilation dans le pur esprit des Music Quizz. Elle se compose de neuf chansons qui ont marqué (ou pas)
l’existence de ceux qui sont nés dans les années septante. Voyons et écoutons ce que ces morceaux leur évoquent.
Un autre regard sur ces artistes.
Alain Bashung • Vertige de l’amour
Manu – Ca c’est Bashung ! J’aime bien, je suis bon client. Je préfère de loin ses albums plus
torturés musicalement comme Play blessures.
Odile – Je suis complètement passée à côté de Bashung. Je connais juste ses grands succès comme
« Osez Joséphine ».
Pink Floyd • Comfortably numb
Manu – (immédiatement) Alors là Pink Floyd, « Comfortably Numb ». C’est magique, on adore !
Odile – J’ai usé mon vinyl de The Wall sur ma platine quand j’étais jeune
Manu – C’est un groupe super créatif que nous écoutons souvent avec beaucoup de plaisir.
XTC • Making plans for Nigel
Manu – Ca ne me dit rien du tout ! Qu’est ce que c’est ?
Le Guise – « Making Plans for Nigel » de XTC. Un tube new-wave du début des années 80. Si tu ne
connais pas le groupe d’Andy Partridge, je te conseille English Settlement. Un excellent album Pop.
Manu – Les années 80, ce n’est pas évident car lorsque j’étais gamin j’écoutais beaucoup de
daube ! (rires) Avec mon pote Franck nous élisions notre hit parade de daube. Ce qui explique que
je suis passé à côté de plein de choses dont XTC !
Dire Strait • Money for Nothing
Manu – « Money for Nothing » ! Je l’ai beaucoup écouté quand j’étais jeune. Cela me rappelle le clip
avec les déménageurs qui critiquaient ces mecs payés à rien faire. C’était les années Top 50, des
heures passées devant la télé à mater Canal +.
Serge Gainsbourg • Harley David son of a bitch
Manu – Gainsbourg, bien ! C’est cool que tu passes justement cette chanson de l’album Love on the
Beat. Un de mes albums préférés. Je ne suis pas trop
Gainsbourg première époque avec les premiers 25
cm, je trouve çà un peu chiant en fait ! C’est
vraiment avec cet album que j’ai découvert
Gainsbourg, ensuite je suis passé à L’histoire de
Melody Nelson, L’homme à la tête de chou, les albums
Reggae, puis You’re Under Arrest. Il a toujours
évolué. Les derniers albums sont les meilleurs.
Odile – Nous sommes tous les deux fans de
Gainsbourg. Il a inventé une écriture formidable
avec des calembours mélangeant la langue française
et anglaise.
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Talk Talk • Life is what you want to make it
Manu – (A partir du chant) Ah oui, évidemment, Talk Talk.
L’album solo de Mark Hollis est vraiment sublime. Un musicien
génial qui joue avec le silence, malheureusement peu prolifique.
Les Négresses Vertes • Zobi la mouche
Manu – C’est « Zobi la mouche » çà ! Les Négresses Vertes. En fait,
j’aime moins. Disons, que c’était bien au début, toute cette clique
de groupes alternatifs et festifs. Après, il n’y a plus eu que ça et
forcement ça gonfle. J’aime bien quelques morceaux des Négresses Vertes mais celui-là, non !
Nirvana • Polly
Manu – Nirvana ! A l’époque, je suis passé un peu à côté. Début 90, quand il s’est suicidé,
j’effectuai mon service militaire. Finalement, nous l’avons pas mal écouté après. J’écoute toujours
l’album Unplugged avec plaisir. Les chansons sont jolies.
Noir Désir • Tostaky
Manu – Noir Désir a une originalité c’est indéniable. J’écoute les gros tubes mais leurs chansons
me paraissent trop revendicatrices Franchement, je ne suis fan ni de Noir Désir, ni de Rock
français. Je préfère un groupe comme les Rita Mitsouko qui ne sont pas franchement Rock mais
qui ont ce truc en plus.
Vincent GILOT aka Le Guise
Interview accordée le 28 mai 2010
http://www.manumarkou.com
http://www.myspace.com/manumarkou
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