Perceptions psychosociales des TIC dans l`enseignement

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Perceptions psychosociales des TIC dans l`enseignement
Perceptions psychosociales des TIC dans l’enseignement supérieur public du
Cameroun et leurs usages: Analyse d’un exemple de déficit (quantitatif et
qualitatif) d’appropriation et d’intégration des TIC dans l’enseignement
supérieur en Afrique Subsaharienne.
Parrain du projet :
Dr FONKENG EPAH George (Ph D.)
Chargé de cours
Chercheurs :
¾
¾
¾
¾
¾
BOMDA Joseph
CHAFFI Cyrille Ivan
Cécilia JAN NTEM
MBOE Gustave Georges
MANTO JONTE Justine Juliette
Pays :
Cameroun
Recherche financée par le
Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Education (ROCARE)
avec du soutien du projet Centre d’Excellence Régionale UEMOA
et du Ministère des Affaires Etrangères des Pays Bas
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS .................................................................................................................. 3
LISTE DES ACRONYMES ...................................................................................................... 4
RESUME ANALYTIQUE........................................................................................................ 5
1. INTRODUCTION ET BUT DE L’ETUDE..................................................................... 7
1.1 Introduction ................................................................................................................. 7
1.2 But de l’étude. ............................................................................................................ 8
1.2.1 Questions spécifiques de l’étude .......................................................................... 8
1.2.2 Objectifs de l’étude ............................................................................................. 9
2. DESCRIPTION DU SITE DE L’ETUDE .................................................................... 10
2.1 Généralités sur le Cameroun et ses universités publiques........................................ 10
2.1.1 Généralités sur le Cameroun ............................................................................. 10
2.1.1.1 Aspects géographique et historique............................................................ 10
2.1.2 Universités camerounaises : histoires et missions........................................... 11
2.1.2.1 Histoires des universités camerounaises ................................................... 11
2.1.2.2 Les missions des universités publiques camerounaises ............................ 11
2.2 Critères de sélection des sites................................................................................. 12
2.2.1 Orientation du ROCARE ................................................................................. 12
2.2.2 Souci de considération de l’hétérogénéité et de représentation des différentes
aires géographiques du Cameroun. .............................................................................. 12
2.3 Informations générales sur la population de l’étude .............................................. 12
3. DESCRIPTION METHODOLOGIQUE DE L’ETUDE ............................................. 14
3.1 Choix des répondants. ............................................................................................. 14
3.2 Outils utilisés.......................................................................................................... 14
3.3 Analyse des données ............................................................................................... 15
4. PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES .................................................. 17
4.1 Population d’étude................................................................................................... 17
4.1.1 Analyse des perceptions psychosociales des TIC/TICE chez les répondants. .. 18
4.1.1.1 Niveau de connaissance des TIC/TICE..................................................... 18
4.1.1.2 Motivations et attentes à l’endroit des TIC/TICE ..................................... 19
4.1.1.3 Normes d’usage des TIC ........................................................................... 22
4.2 Inférence de la connaissance sur les usages des TIC. ............................................ 23
4.2.1 Usages des TIC.................................................................................................. 23
4.2.2 Usages des TICE ............................................................................................... 24
4.3 Stratégies d’appropriation et d’intégration effective des TIC/TICE dans
l’enseignement supérieur.................................................................................................. 25
4.3.1 Au niveau de l’Etat........................................................................................... 25
4.3.2 Au niveau des Universités............................................................................... 26
4.3.3 Au niveau des Etablissements Facultaires et Grandes Ecoles Universitaires .. 27
4.3.4 Au niveau des Enseignants :.............................................................................. 27
4.3.5 Au niveau des Etudiants :................................................................................ 28
4.4 Considérations générales......................................................................................... 28
5. DISCUSSIONS DETAILLEES DES CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
.............................................................................................................................................. 29
5.1 Discussions détaillées des conclusions ................................................................... 30
5.2 Discussions détaillées des recommandations .......................................................... 32
Conclusion................................................................................................................................ 34
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................... 35
ANNEXES ............................................................................................................................... 38
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A l’avenir du ROCARE et à la continuité de son œuvre
d’amélioration des capacités des jeunes Chercheurs.
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REMERCIEMENTS
L’équipe de recherche tient à manifester sa profonde gratitude à l’endroit du :
-
Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Education (ROCARE) pour son
soutien financier à la réalisation de ce travail. Le projet Centre d’Excellence
Régionale UEMOA et du Ministère des Affaires Etrangères des Pays Bas devrait
ici retrouver aussi notre reconnaissance pour son soutien.
-
Pr. FONKOUA, Coordonnateur national du ROCARE Cameroun et du Dr.
FONKENG EPAH George, Parrain de l’équipe pour leur apport méthodologique
et les constants conseils qu’ils n’ont cessés de nous apporter ;
-
Des Recteurs des six universités d’Etat du Cameroun ainsi qu’aux Vice-recteurs,
Doyens des Etablissements Facultaires, Directeurs des Grandes Ecoles
Universitaires, Chefs de département/filière, Enseignants, Gestionnaires des
Centres Multimédia et Etudiants sans qui, nous n’aurions jamais eu accès aux
résultats ici recoupés ;
-
Des personnes ayant contribué de près de loin ou de près à la parution du présent
rapport. Sans tous les citer, nous voulons remercier en priorité :
ƒ
Les membres du forum électronique TIC mis sur pied par le ROCARE et à
travers lequel nous avons à tout instant eu des réponses à nos inquiétudes et
partagé nos avis ;
ƒ
Monsieur Célestin MOFFO, Ingénieur Statisticien qui, en plus de sa
participation à notre formation a gracieusement accepté de nous assister
dans l’analyse des données
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LISTE DES ACRONYMES
TIC : Technologie de l’information et de la communication.
TICE : Technologie de l’information et de la communication appliquées à l’éducation.
UPC : Union des Populations du Cameroun.
ROCARE : Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Education.
MINESUP : Ministère de l’Enseignement Supérieur.
MINRESI: Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation.
MINDIC: Ministère du développement industriel et commercial.
CIRD:Centre Interuniversitaire de Recherche Documentaire.
DEA: Diplôme d’études approfondies.
CODESRIA: conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique.
I.U.T : Institut Universitaire de Technologie.
MINPOSTEL : Ministère des Postes et Télécommunications
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RESUME ANALYTIQUE
L’étude dont nous faisons ici état des conclusions a eu pour objectif : l’identification et la
présentation des perceptions psychosociales de la population universitaire en matière des TIC,
l’évaluation de leurs effets sur leurs attitudes à propos en terme des usages et, la proposition des
stratégies devant servir à leur appropriation effective. Pour cela, 381 individus ont été enquêtés
dans les six universités d’Etat du Cameroun, soit : 12 Doyens des Etablissements Facultaires ; 04
Directeurs des Grandes Ecoles universitaires ; 03 Vice-recteurs chargés de la coopération et de la
recherche ; 222 Etudiants ; 87 Enseignants ; 42 Chefs de département/filière et 11 Gestionnaires
des Centres Multimédia.
Organisé en cinq points, le présent rapport introduit et présente le but de l’étude (1) ;
décrit le site de l’étude (2) et la méthodologie (3); présente les résultats (4) et une discussion
détaillée des conclusions et des recommandations formulées (5).
Avant de nous appesantir sur chacun de ces points, il faut noter qu’au terme des
investigations, indépendamment de la catégorie des répondants, outre un micro-ordinateur et une
boite « E-mail » dont dispose la plupart, le reste des composantes des TIC et des TICE est
quasiment absent dans leur l’environnement. Et, en dehors des Gestionnaires des Centres
Multimédia, ils les ignorent dans une grande majorité faute de formation. Pourtant, à les entendre
tous, les TIC et dans une moindre mesure les TICE sont relativement importantes au niveau du
système universitaire Camerounais et permettent (beaucoup plus les TIC) de collecter, traiter,
stocker et transférer les informations. Cependant, le hic se retrouve au niveau de la composante
des TIC ou des TICE qui le fait. Sans le dire, leurs réponses trahies une sélection perceptive
réductrice des TIC et des TICE à l’Internet et à l’ordinateur. Malheureusement, l’accès reste
relativement limité à cause du coût élevé du matériel, de son insuffisance et du défaut de
formation des utilisateurs et bénéficiaires.
L’analyse multidimensionnelle (des correspondances multiples) a relevé quelques
variables liées. La plus importante à ce niveau est le lien entre la pratique du métier de doyen,
directeur, vice-recteur, chef de département/filière, d’enseignant ou de gestionnaire des Centres
Multimédia et l’usage des TIC. Au-delà des facilités qu’elles accordent, elles facilitent la
planification et l’évaluation des objectifs fixés et leur révision à temps. Cependant, si les
statistiques au niveau de l’utilisation de l’outil Internet paraissent convaincantes chez ces
personnes et beaucoup plus chez les Gestionnaires des Centres Multimédia, on peut déplorer le
fait que les Etudiants du premier cycle soient encore absents de ce monde qui devrait aussi
faciliter leur réussite. Seuls ceux du second cycle dans une moindre mesure et beaucoup plus les
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Doctorants ont souvent un accès gratuit et limité faute d’ordinateurs suffisants aux laboratoires
informatiques pour certains départements et aux Centres Multimédia universitaires.
L’analyse des recommandations faites requiert au niveau de l’Etat une exonération des
taxes sur le matériel et consommables informatiques et, propose de créer une direction spéciale au
MINESUP chargée des questions de TIC/TICE. Celle-ci devra disposer d’un budget pour élaborer
son plan d’action, le suivre et l’évaluer et, d’une extension décentralisée dans les universités. Au
sein de celles-ci, il faudra multiplier des Centres Multimédia et l’ouvrir à tous les Etudiants;
accélérer après avoir revu ses failles, la politique « un enseignant un ordinateur » et négocier des
contrats avec des grandes firmes de fabrication des TIC/TICE. Les Recteurs devraient être les
meneurs de cette politique et dans le même temps, se charger de la suivre et de l’évaluer.
Au niveau des Etablissements Facultaires et Grandes Ecoles, les répondants proposent de
rechercher des partenariats ; d’instituer les primes d’usage et de numérisation des cours pour les
Enseignants ; de procéder à une formation des Enseignants en TIC/TICE et ceci sous la
responsabilité des Doyens des Etablissements Facultaires et des Directeurs de Grandes Ecoles
universitaires. Pour que les Enseignants ne demeurent pas attentistes, outre les primes d’usage et
de numérisation des cours que leurs syndicats devront se charger de réclamer, il leur reviendra de
suivre et d’évaluer la politique « un enseignant un ordinateur ».
Au niveau des Etudiants, les majors devraient bénéficier des ordinateurs. Dans le même
temps, leur Mutuelle devra créer un partenariat avec les décanats pour l’octroi du matériel
informatique à leurs Enseignants et à eux mêmes et si possible, mener une politique de lobbying
forte pour inciter à l’Etat à leur fournir de quoi se former conformément à la donne qu’impose la
mondialisation.
Bien que ces résultats paraissent dire en général les perceptions que ces personnes
entretiennent autour des TIC/TICE, la question portant sur la normalisation de leurs usages fait
transparaître une sélection perceptive qui limite ces outils à l’Internet et dans une moindre mesure
à la bureautique. Il y a donc lieu de craindre que le combat que pourrait impulser ou mener les
répondants de cette étude pour l’appropriation et l’intégration effectives des TIC dans les
Curricula à l’Université ne soit orienté exclusivement par l’accès à l’Internet et à la bureautique
pour des publications scientifiques. Une impérieuse nécessité de faire connaître les composantes
des TIC et des TICE et leurs avantages spécifiques en plus de leurs avantages holistiques
s’impose donc.
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1. INTRODUCTION ET BUT DE L’ETUDE
1.1 Introduction
Alors que de nombreuses études (Karsenti 2006 ; Onguené Essono et Onguené Essono
2006 ; ROCARE 2004 ; Ossama 2001 ; Sturtevan 1990; Cuban 1998 & Bedard-Hô 1995) sont
désormais menées dans le sens de la diffusion des TIC/TICE dans les milieux scolaire et
universitaire en vue d’imposer la prise de conscience de leur importance dans le
développement de la qualité des apprentissages et des enseignements, nous avons voulu dans
cette étude nous démarquer d’une telle logique. Ainsi, nous considérons
la logique
diffusionniste des TIC/TICE (Millerand 1998) comme behavioriste car, même si on peut y
lire un aspect de motivation à l’usage (aspect psychologique), celui-ci se limite dans le sens
d’un conditionnement opérant (ou skinnerien) où l’on appâte l’apprenant (Bénéficiaire ou
Utilisateur) par les possibilités de gratifications (ouverture de l’esprit, développement
autonome des potentialités…) et la peur du châtiment (retard dans le développement…) à se
l’approprier. Voilà pourquoi, le plus important dans ces recherches est d’identifier les
éléments facilitateurs d’utilisation des TIC/TICE et de présenter les conséquences de leur
considération sur l’apprenant et l’enseignant (Tchombe 2006).
Une critique psychosociologique des recommandations nées de pareilles études nous
montre que l’Utilisateur et le Bénéficiaire humain sont envisagés comme des Etres
uniquement rationnels qui se limiteraient à utiliser l’information à eux fournie comme le ferait
des automates. Mieux, les choses sont faites dans le sens de les voir agir pour concrétiser ce
que les Chercheurs pensent ou ont trouvé bien pour eux. Conséquence, tels que les résultats se
présentent, la tendance est marquée par une évolution vers des sortes de « terminaux branchés
sur des réseaux et qui délivrent des services » (Chambat 1994 : 253).
Une telle logique, conformément à la théorie des champs de Lewin (1951) qui admet
que ce qui détermine le comportement humain c’est la façon dont l’individu se représente et
perçoit le monde qui l’entoure, nous semble limiter. Car, « la diffusion des TIC n'opère pas
dans le vide social; elle ne procède pas davantage par novations ou substitutions radicales.
Elle interfère avec des pratiques existantes, qu'elle prend en charge et réaménage » (Chambat
1994 :253). Aussi, il est indiqué que du moment où notre comportement en face d’une réalité
est fonction de la perception et des représentations que nous nous en faisons, de les considérer
car, l’Homme n’est aucunement une machine à répondre aux injonctions comme la logique
diffusionniste voudrait nous faire croire, mais à inférer (Moscovici 1972). Son attitude peut ne
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pas aller dans le sens souhaité même quand le stimulus auquel il est soumis l’aurait laissé
penser. Tacticien motivé (Askevis-Leherpeux, Leyens & Drozda-Senkowska 2000), il existe
chez lui des biais cognitifs [i] (Guimelli 1999) qu’il faut identifier pour mieux le comprendre.
Cette recommandation situe le problème de notre investigation et l’oriente.
1.2 But de l’étude.
A la suite de Scardigli (1994) nous avons donc voulu dans cette étude mettre l’accent
sur le sens que chaque micro-acteur social en milieu universitaire camerounais entend donner
à sa vie dans sa relation avec les nouvelles technologies de l’information et de la
communication. Celui-ci (ce sens) étant fonction de son niveau de connaissance de cette
réalité, de ses motivations et attentes et, des normes qu’il entend voir régir ses interactions ou
celles des autres avec cet objet, il vaut mieux l’identifier. Une telle orientation nous situe de
plein pied dans l’approche cognitiviste et nous impose d’analyser les perceptions des TIC
pour comprendre les comportements de refus, de détournements et de contournements des
usages imposés par la publicité. Aussi, nous voulons dépasser l’explication matérialiste et
politique du déficit d’appropriation et d’intégration des TIC dans l’enseignement supérieur
camerounais pour une approche qui vise à décrire et à expliquer les processus internes en
l’Homme sur ses attitudes face à ces nouvelles technologies.
Par ailleurs, il a été question pour nous de dépasser le questionnement centré sur les
TIC et penser en terme de déterminisme pur pour un questionnement
centré sur la
compréhension du déficit (quantitatif et qualitatif) de leur usage effectif par les bénéficiaires
et utilisateurs supposés.
1.2.1 Questions spécifiques de l’étude
Dès lors, les questions qui se sont posées et autour desquelles nous avons bâti notre
étude auront été les suivantes : du moment où notre perception de la réalité est une « une
conduite adaptative » (Françès 1988 : 6) fait des globalisations ou même des distorsions au
service de nos besoins de l’heure et dépend de notre niveau de connaissance en ce qui la
concerne, de nos motivations, attentes et normes, quels sont ceux de la population
universitaire camerounaise ? Mieux, quel est le niveau de connaissance des TIC/TICE au sein
de la population universitaire camerounaise ? Quelles sont leurs motivations, attentes et
normes quant à leur usage ? Et, en quoi ces variables influenceraient leurs usages des
TIC/TICE ? D’un autre côté, en partant de leurs discours, que faire pour qu’ils retrouvent dans
la nécessité de vulgarisation, d’appropriation et d’intégration des TIC/TICE, l’expression de
leurs aspirations profondes et non des idées imposées par la publicité ?
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1.2.2 Objectifs de l’étude
Voilà pourquoi, nos objectifs tout au long de l’étude auront été :
-
identifier les perceptions psychosociales des TIC au sein de la population
universitaire publique du Cameroun par la prise en compte des niveaux de
connaissance, des motivations, attentes et normes d’usages
-
tester le poids des niveaux de connaissance, des motivations, attentes et
normes d’usages en matière des TIC sur les usages ;
-
proposer sur la base des recommandations formulées par les répondants, des
stratégies psychosociales d’appropriation et d’intégration effectives des TIC
en milieu universitaire public du Cameroun.
Avant de présenter l’ensemble des réponses apportées à ces interrogations, informonsnous du site de l’étude. Plus précisément, prenons connaissance des critères de sélection des
sites ainsi que les informations générales sur la population de l’étude.
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2.
DESCRIPTION DU SITE DE L’ETUDE
Comme déjà annoncé plus haut, l’étude a eu lieu dans les six (06) Universités d’Etat
du Cameroun. Quelques aspects de son histoire nous situerons sur les missions de ces
institutions et participeront certainement à comprendre en partie le pourquoi de leur choix.
2.1 Généralités sur le Cameroun et ses universités publiques
2.1.1 Généralités sur le Cameroun
2.1.1.1 Aspects géographique et historique
Ancienne colonie allemande depuis Juillet 1884, le Cameroun est un Etat de l’Afrique
Centrale qui aura été à la fin de la première guerre mondiale et à la faveur du traité de
Versailles de 1919, partitionné en deux entités confiées à la France et au Royaume-Uni sous
le mandat de la Société des Nations (1922), puis sous celui des Nations Unies après la
seconde guerre mondiale (1947) (Ngoh 1990).
Sous la pression d'un mouvement indépendantiste armé, UPC et d'autres formations
politiques issues des élections organisées en application de la loi-cadre en 1956, le Conseil de
Tutelle de l'ONU fixa au 1er Janvier 1960 l'indépendance du Cameroun sous tutelle Française
(Ngoh 1990).
La même année, des réformes administratives sont entreprises au Cameroun sous
tutelle britannique. Il s'en suivit que l'accession à l'indépendance de ce Cameroun fut prévue
en 1961. Le référendum organisé à cet effet en Février 1961 sous l'égide du Conseil de Tutelle
de l'ONU vit la partie septentrionale du « Cameroun britannique » opter pour l'intégration au
Nigeria, tandis que la partie méridionale choisit la Réunification. Indépendant et réunifié, le
Cameroun devint ainsi le 1 Octobre 1961 une République Fédérale. Seulement, le référendum
du 20 Mai 1972 abolit la fédération et institua un Etat unitaire qui, lui-même sera dépassé en
1984 pour devenir République du Cameroun (Ngoh 1990).
Ouvert sur l’océan Atlantique et limité à l’ouest par le Nigeria, au nord-est par le
Tchad, à l’est par la République centrafricaine, au sud par le Congo, le Gabon et la Guinée
équatoriale, le Cameroun, depuis le golfe de Guinée (golfe du Biafra), s’étire vers le nord
jusqu’au lac Tchad, formant un triangle de 475 442 km² de superficie qui relie l’Afrique
équatoriale et l’Afrique occidentale. Sa capitale est Yaoundé. Afrique en miniature, en 2004,
sa population était estimée à 16,1 millions d'habitants pour plus de 200 ethnies réparties dans
les zones équatoriale (le Sud et le long des côtes avec un climat tropical) et sahélienne (en
direction du Nord). En 1995, 50,3 % des enfants entre 12 et 17 ans étaient scolarisés, mais
seulement 3,4 % avaient accès au troisième degré (Microsoft Encarta 2006).
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2.1.2
Universités camerounaises : histoires et missions
2.1.2.1
Histoires des universités camerounaises
Ironie de l’histoire ou pas, toujours est-il que l’université au Cameroun à suivi presque
la même évolution celle du pays. En fait, en 1961 fut créé le premier établissement
d’enseignement supérieur nommé : Institut d’Etudes Universitaires. Le 22 Juillet 1962, par
Décret N° 62-DF-289, l’Université du Cameroun Fédérale vit le jour. En 1973, cette
Université devint l’Université de Yaoundé. Puis, elle alla s’agrandir en 1977 par la création
des Centres Universitaires de Buéa, Douala, Dschang et Ngaoundéré qui, à la faveur du
Décret N° 93/026 du 19 Janvier 1993 portant reforme universitaire, devinrent des universités
à part entière en plus de l’Université de Yaoundé II.
2.1.2.2
Les missions des universités publiques camerounaises
Toutes ces universités sont bilingues, couvrent les différentes aires géographiques du
Cameroun bien que les Etudiants aient le pouvoir de s’inscrire partout et sont régies par le
Décret N°93/027 du 19 Janvier 1993 portant dispositions communes aux universités. A
l’article 3 de ce Décret, elles ont pour mission :
-
la formation et le perfectionnement des cadres ;
-
la recherche scientifique et technique ;
-
l’appui aux activités de développement ;
-
la promotion sociale ;
-
la promotion de la science, de la culture et de la conscience nationale
Service d’intérêt public et bien collectif, les universités publiques camerounaises ont
l’obligation de :
-
élaborer et de transmettre les connaissances ;
-
développer la recherche et la formation des Hommes ;
-
porter au plus haut niveau, au meilleur des rythmes, de progrès, les formes
supérieures de la culture et de la recherche ;
-
procurer l’accès à la formation supérieure à tout ceux qui ont la vocation et la
capacité ;
-
développer la pratique du bilinguisme ;
-
concourir à l’appui au développement et à la promotion des activités sportives,
artistiques, sociales et culturelles
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C’est donc dire combien de fois, il est capitale pour elles de s’approprier les
TIC/TICE. Car, conformément à l’article 1, alinéa 1 du décret N°2005/142 du 23 avril 2005
portant organisation du Ministère de l’Enseignement Supérieur, il leur est prescrit : l’étude et
la proposition au Gouvernement, des voies et solutions visant à l’adaptation en permanence
du système d’enseignement supérieur aux réalités économiques et sociales nationales,
particulièrement en ce qui concerne l’adéquation de l’enseignement supérieur aux besoins de
l’économie nationale.
2.2
Critères de sélection des sites
Deux critères nous ont orientés : ceux du ROCARE et le Souci de considération de
l’hétérogénéité et de représentation des différentes aires géographiques du Cameroun.
2.2.1 Orientation du ROCARE
Conformément aux attentes du ROCARE dans son appel d’offre pour les petites
subventions, édition 2006, notre choix nous imposait de travailler dans les universités du
moment où, notre thème de recherche s’inscrivait dans le champ de la proposition quatre
portant: « contribution des TIC au développement et à la qualité de l’enseignement
supérieur. ».
Seulement au sein de celles-ci, la situation quant à l’usage des TIC/TICE était
beaucoup plus accessible dans les universités publiques. L’annuaire statistique la plus récente
(2002) en faisait état.
2.2.2
Souci de considération de l’hétérogénéité et de représentation des
différentes aires géographiques du Cameroun.
Les universités d’Etat du Cameroun étant au nombre de 06, en référence à
l’hétérogénéité de la population et du souci de représentativité des différentes aires
géographiques, prendre une seule aurait fait passer l’étude pour un travail parcellaire.
Chacune d’elles ayant ses particularités quant à l’appropriation et l’intégration des TIC/TICE.
Par ailleurs, leur taille n’étant pas énorme, nous avons préféré travailler partout. Seulement,
avec qui allait-on travailler ?
2.3
Informations générales sur la population de l’étude
L’analyse des Décrets présidentiels : N°93/026 du 19 Janvier 1993 portant réforme
universitaire au Cameroun, N°93/027 du 1993 portant dispositions communes aux universités
d’état et N°98/231 du 28 septembre 1999 portant gestion de l’enseignement supérieur au
Cameroun nous a conduit au constat suivant lequel, cet ordre d’enseignement est géré par une
structure centrale qui déconcentre et/ou décentralise certaines de ses fonctions dans les
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Universités et Grandes Ecoles publiques réparties sur le territoire national. Les universités
constituant ces services, il était indiqué d’y travailler. C’est ainsi que, conformément aux
objectifs poursuivis, nous avons dans l’ensemble de la population des Universités publiques,
retenu uniquement ceux qui pouvaient nous être d’une utilité.
Il s’agit des Vice-recteurs chargés de la coopération et de la recherche ; des Doyens
(ou Vice doyens chargés de la recherche) des Etablissements Facultaires et Directeurs des
Grandes Ecoles universitaires ; des Chefs de département/filière ; des Enseignants ; des
Etudiants et des Gestionnaires des Centres Multimédia.
Chacune de ces personnes, qu’elle soit bénéficiaire ou utilisateur des TIC est obligée
par son activité en milieu universitaire à en faire usage. Par conséquent, ils étaient des
personnes ressources pour l’évaluation des perceptions relatives à ces outils, de l’évaluation
de leurs incidences sur leurs usages et de la proposition des stratégies qui prennent en compte
leurs aspirations. Il y a donc ici non pas une représentativité de l’échantillon au sens
probaliste du terme, mais raisonnée du moment où, selon Morse (1991), un échantillon non
probaliste au sens statistique, dans une étude qui fait appel au qualitatif, peut produire des
résultats appropriés si l’on a tenu compte du savoir et de l’expérience des personnes
sélectionnées. Et c’est ce que nous avons fait.
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3.
DESCRIPTION METHODOLOGIQUE DE L’ETUDE
3.1
Choix des répondants.
Telle que les informations générales sur la sur la population de l’étude nous donnent à
percevoir, nous avons associé à la probabilité dans le choix des répondants, la raison. Mieux,
nous avons fonctionné, compte tenu du temps et du budget avec des réaménagements qui,
d’une part, ont tenu compte du nombre des catégories des répondants et d’autre part, des
mauvaises indications contenues dans les livres de références [ii] de la définition des
population ; de l’indisponibilité des répondants à cause de déplacement et/ou du cumul de
poste [iii] ; de la durée trop courte de l’investigation à cause de la faiblesse des fonds, de
l’évitement des dépenses supplémentaires non prises en compte par le commanditaire de
l’étude et enfin, de la saturation des données.
Un tirage aléatoire organisé sur la base d’un pas de sondage calculé suivant la
disponibilité des répondants et de leur catégorie d’appartenance a été utilisé. Les Chercheurs,
tous membres de l’équipe ayant été formés pour cela, il leur revenait d’appliquer cette
technique dans leur site de recherche respectif. Le tableau suivant récapitule le nombre des
répondants par université au terme des investigations.
Tableau 1:Tableau récapitulatif des répondants
Vicerecteurs
Total
04
01
57
01
00
00
45
03
03
04
00
59
16
04
03
00
00
59
40
20
18
01
03
02
84
Buéa
40
20
10
02
05
00
77
Total
222
87
42
11
16
03
381
Etudiants
Enseignants
Chefs de
département/fil
ière
Gestionnaires
des centres
multimédia
Doyens/Dir
ecteurs
Ngaoundéré
33
11
07
01
Yaoundé II
33
11
0
Douala
40
09
Yaoundé I
36
Dschang
Universités
3.2
Outils utilisés
Dans l’ensemble cependant, nous avons utilisé des grilles d’évaluation des
perceptions [iv] montées sous forme de questionnaires administrés (pour les Chefs de
département/filière, les Enseignants, les Etudiants et les Gestionnaires des Centres
Multimédia) et des entretiens ouverts standardisés [v] (pour les Vice-recteurs chargés de la
coopération et de la recherche ; des Doyens des Etablissements Facultaires et Directeurs des
Grandes Ecoles).
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3.3
Analyse des données
Une fois les données collectées, nous avons associé à l’analyse de contenu pour ce qui
était des entretiens individuels standardisés, les analyses descriptives et inférentielles
statistiques. Cette forme d’analyse s’est aussi appliquée par la suite au dépouillement des
grilles d’évaluation des perceptions.
Concrètement, pour les données découlant des entretiens individuels standardisés, nous
avons procédé en deux étapes associées : une analyse statistique du contenu des interviews et
une analyse plus approfondie des extraits de discours à l’aide du logiciel QSR In Vivo.
L’analyse statistique de contenu nous a permis de dégager des classes d’énoncés se
référant aux mêmes mondes lexicaux suivant les thèmes ayant organisé les entretiens. Ceci a
été le fruit d’un premier travail d’analyse automatique de l’ensemble du corpus qui a été par la
suite divisé en sous-corpus, eux-mêmes soumis à de nouvelles analyses. Nous avons ainsi
identifié les différentes modalités de réponse propres à chaque thème. En outre, les liens
existant entre ces classes d’énoncés et nos sujets ont été étudiés, mettant ainsi en évidence des
variations de réponses.
Dans l’analyse de contenu, le logiciel QSR In Vivo a en plus joué le rôle de guide en
dégageant les lignes de force, les faits bruts sur lesquels nous avons fondé notre démarche
interprétative. Le choix des extraits de discours analysés n’est donc pas arbitraire. Et, même
si elle ne garantit pas l’objectivité de l’interprétation, elle nous assure de la fréquence des
mots dont sont constitués ses extraits et qui, d’une part, apparaissent dans le corpus textuel
analysé et souvent en ensemble dans les mêmes énoncés.
Dans la présentation des résultats ci-dessous effectuée, nous ne présenterons pas
l’ensemble des résultats abondants issus des ces analyses automatiques. Plutôt, nous porterons
notre attention sur les éléments qui font sens par rapport à nos interrogations de départ. Aussi,
nous ne manquons pas de relever que les réponses à une question ouverte comportent souvent
un certain nombre de digressions ou de propos non directement pertinents par rapport aux
objectifs de la recherche. Par souci clarté de compréhension de l’extrait, bien que ceci
amenuise l’objectivité attendue, ces parties de discours ont été écartées au préalable. Nous ne
décrirons donc ici que les classes lexicales dont le contenu concerne les thèmes abordés.
Page 15 sur 39
Pour ce qui est de l’analyse des données découlant des grilles d’évaluation des
perceptions, une maquette de saisie a été créée dans EPI INFO Version 06. Les données y ont
été saisies et exportées dans SPSS 12.0 pour épurement et analyse.
Conformément aux différents axes de nos objectifs, nous faisons ci-dessous état des
différents résultats obtenus.
Page 16 sur 39
4.
PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES
Conformément aux objectifs de l’étude ci haut précisés, la présentation et l’analyse des
résultats sont structurées en trois parties. La première partie se propose d’analyser les
perceptions psychosociales des TIC chez les enquêtés. Quant à la deuxième, elle essaye de
déterminer s’il y a un lien entre la perception psychosociale des TIC et leurs usages. Ici, il est
question de passer du stade descriptif des perceptions des TIC pour comprendre leur déficit au
niveau des usages quotidiens des uns et des autres. Enfin, la troisième et la dernière partie se
contente de présenter les stratégies psychosociales d’appropriation et d’intégration effective
des TIC dans l’enseignement supérieur public en partant des propos des répondants.
Pour ce qui est des tableaux illustratifs, nous les présentons en annexe. Les renvois
dans le texte serviront d’indication. Mais avant, il convient d’abord de décrire la population
d’étude, aspect qui nous semble fondamental avant toute analyse des données.
4.1
Population d’étude
Comme déjà relevé, l’enquête a été menée dans toutes les universités d’Etat du
Cameroun. Elle visait :
¾ Les Chefs de département dont 75% étaient de sexe masculin, constitué presque tous
des Chargés de cours, de deux Professeurs et de trois Maîtres de conférence ayant pour
la plupart un âge compris entre 35 et 45 ans.
¾ Des Enseignants constitués presque tous des hommes ayant un âge compris entre 25 et
45 ans.
¾ Des Gestionnaires des Centres Multimédias tous hommes et âgés entre 36 et 45 ans
pour la plupart.
¾ Des Etudiants constitués de 60% de sexe masculin, et donc 40% de sexe féminin, âgés
pour la plupart entre 15 et 25 ans, et 75% qui font le premier cycle universitaire.
¾ Des Doyens des Etablissements facultaires et Directeurs des Grandes Ecoles
Universitaires, constitués à 100% des hommes.
¾ Des Vice-recteurs chargés de la coopération et de la recherche, tous des hommes.
Page 17 sur 39
4.1.1 Analyse des perceptions psychosociales des TIC/TICE chez les répondants.
4.1.1.1
Niveau de connaissance des TIC/TICE
Le premier constat est que les Chefs de département/filière ne disposent pas des TIC
en dehors d’un micro-ordinateur (68%), d’une boite électronique (E-mail) (90%) et d’un
téléphone portable (voir tableau 1). Il y a un manque d’appropriation d’autres outils car, le
rétroprojecteur ; le vidéo projecteur ; les web site individuel et collectif et la caméra pour ne
citer que ceux-ci sont presque absents. On note pour confirmer cela que seulement 54%
d’Enseignants ont un ordinateur (tableau 2) contre 17% des Etudiants (tableau 3). Seul le
rôle de gestionnaires des Centres Multimédia fait en sorte qu’ils se soient mieux appropriés
les TIC que les autres (tableau 4).
Si la quasi-totalité des personnes interrogées ont donné une définition presque exacte
du cigle TIC (presque 100% des Chefs de départements, 95% des Enseignants, 84% des
Etudiants et 93% de Gestionnaires des centres multimédia), force est de constater que la
plupart d’entre eux ne perçoive pas encore très bien ses composantes. En effet, presque la
moitié des Chefs de départements, Enseignants et Etudiants n’intègre pas encore la caméra, le
vidéo projecteur, le rétroprojecteur, les web site individuel et collectif comme faisant partir
des TIC (voir tableau 5, tableau 6, tableau 7). La situation est similaire chez les Doyens,
Directeurs et Vice-recteurs. Dans l’ensemble, beaucoup connaissent ce que sont les TIC sur le
plan définitionnel du cigle (100%) mais ignorent les autres composantes en dehors de
l’ordinateur et de l’Internet.
Pour ce qui est des TICE, seuls les Gestionnaires des Centres Multimédia semblent
mieux les connaître (tableau 8). Leurs réponses quant à l’identification de leurs composantes
se situent au-dessus de 55%. Il en ont entendu parler lors des stages (environ la moitié) et ils
semblent effectivement les connaître (voir tableau 9). Même s’ils n’ont pas certes reçu de
formation proprement dite en TICE, elles restent selon eux importantes et surtout pour la
formation permanente et le développement de la recherche. Mais le coût élevé reste un
blocage pour s’en approprier.
Pour les Chefs de département/filière, 22% ont déjà entendu parler des TICE. Ceci
nous semble déjà suffisant pour parler de la non connaissance des TICE dans l’ensemble.
Parmi eux, seulement deux personnes ont pu citer au moins trois composantes sur les 10
possibles proposées ; deux, une réponse approximative et le reste des réponses inexactes.
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Quand bien même près de 70% d’Enseignants et 30% des Etudiants prétendent avoir
entendu parler des TICE, très peu en donne une définition plus ou moins exacte et connaisse
ses composantes. C’est le cas par exemple avec les Enseignants dont seulement 34% donnent
une définition tout au moins approximative. Donc ils les connaissent mal. Ce qui ne peut
qu’influencer leurs perceptions à propos. Les Doyens, Directeurs et Vice-recteurs ne font pas
la différence. Très peu parmi eux (30%) donne au vif, sans hésitation ou après un long
moment de réflexion, une définition littérale juste. Pour le reste des 70% qui donne soit une
réponse approximative ou une réponse fausse, le Doyen D… est allé jusqu’à dire qu’on peut
les assimiler aux « Technologies de l’information et de la Communication pour l’action de
développement ». Si à travers cette expression, la méconnaissance des TICE semble patente,
les répondants ont toutefois dans l’ensemble dit plus ou moins les mêmes choses en ce qui
concerne leurs motivations et attentes quant à l’usage des TIC/TICE.
4.1.1.2
Motivations et attentes à l’endroit des TIC/TICE
A les entendre, les TIC sont relativement importantes au niveau du système
universitaire Camerounais notamment pour :
¾ la gestion des Etudiants/Enseignants, le développement de la recherche au niveau des
Chefs de départements (affirme la quasi-totalité des répondants de cette catégorie) ;
¾ la préparation des cours pour les Enseignants (déclare près de 70% parmi eux) ;
¾ l’approfondissement des acquis au niveau des Etudiants (60% parmi l’affirment);
¾ l’accueil, l’information et la formation des usagers au niveau des Gestionnaires des
centres multimédia (93% l’attestent).
Pour ce qui est des Doyens, Directeurs et Vice-recteurs, la classe réunissant le plus
grand nombre d’énoncés décrivant leurs motivations et attentes regroupent les suivants
termes :
améliorer la façon d’enseigner ou d’apprendre (100%) ; acquérir de multiples
connaissances (90%) ; télécharger et photocopier (100%) ; résoudre les problèmes
de qualité et de quantité d’informations (100%) ; vivre l’aire de la mondialisation
ou l’aire du temps (100%) ; constituer et gérer des bases de données (90%) ; se
former et/ou se recycler à distance (75%) ; réduction du temps et du coût du
matériel de formation/formation à distance (100%) ; réduction du temps de travail
et des voyages (100%) ; rationalisation et organisation des activités (75%) ; poser
des questions spécifiques (60%) ; permettre que les amphis soient moins remplis
(50%)
Page 19 sur 39
Indépendamment du poste occupé dans l’administration, ces derniers répondants
expriment dans cette classe d’énoncés redondants dans leurs discours, les facilités qui
motivent leurs usages des TIC et des TICE pour les 30% l’ayant définies avec justesse. Leurs
attentes s’y retrouvent également et témoignent aussi de la densité des expressions ci-dessus
reprises. Il y a donc ici une forte implication émotionnelle qui traduit la surprise et la
fascination devant les prouesses de ces outils venus d’ailleurs.
D’autre part, le défaut de formation dont ils sont victimes pour la plupart les oblige à
travers l’autodidaxie à réaliser les attentes pour lesquelles leur promotion est associée. Voilà
pourquoi, dans le fait que les TIC « présentent des opportunités en termes d’éducation,
d’enseignement et de recherche » pense le Doyen M…, il faudrait y lire au-delà d’une
question de « vivre l’aire de la mondialisation », un engagement impulsé de l’intérieur de la
personne utilisatrice et/ou bénéficiaire. En fait, habitués au travers des séminaires, colloques
et médias des avantages associés au TIC, les Doyens/Directeurs et Vice-recteurs expriment ici
la profondeur de leur conviction et permettent ainsi d’espérer qu’en les y plaçant en première
ligne, parce qu’informés, ils pourront conduire la révolution attendus des TIC dans le monde
universitaire camerounais.
Mais ces TIC restent relativement limitées à cause :
¾ du coût élevé du matériel informatique. La quasi-totalité des Etudiants, 58% des
Gestionnaires, 57% des Chefs de département/filière et 100% des Doyens, Directeurs
et Vice-recteur partagent cet argument ;
¾ de l’insuffisance des postes. 66% d’Enseignants, 57% de Chefs de département/filière
et de Gestionnaires des Centres Multimédia et 100% des Doyens, Directeurs et Vicerecteur sont de cet avis.
¾ de la lenteur du débit. Si la quasi-totalité des répondants partage cette opinion, les
Gestionnaires des Centres Multimédia se démarquent en ajoutant le problème de
maintenance. Dans le rang des Doyens, Directeurs et Vice-recteurs, si ceci semble
fonder comme raison, le Directeurs Z… pointe les problèmes humains et affirme qu’il
« peut arriver que des projets bien nourris, bien mûris n’arrivent pas à terme tout
simplement parce que quelqu’un a mal fonctionné voulant plus privilégier l’intérêt
personnel que l’intérêt collectif »
¾ du défaut de formation. Indépendamment du statut à l’université, cet avis est partagé.
Les propos du Doyen T… témoignent à souhait. Dit-il,
« pendant les grandes
vacances, dans le cadre du projet COMEC, on a entrepris de vouloir mettre en place
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un programme de formation à distance en informatique au niveau du centre
professionnel et les collègues ont donc été sollicités pour que chacun numérise son
cours et que ce cours-ci soit écrit dans une plate-forme. Nous avons vraiment observé
que les collègues ne maîtrisent pas encore très bien les enjeux». C’est que, renchérit le
Doyen Z…, « la plupart des collègues n’ont pas fait l’informatique dans leur cursus.»
Bien
que
ces
problèmes
soient
partagés,
une
opinion
reste
cependant
vraisemblablement partagée par les Dirigeants des Universités (Doyens, Directeurs et Vicerecteur). Pour eux, malgré tout, il y a des évolutions certes lentes mais qui vont dans le sens
de palier à l’insuffisance des postes car, il y a chaque année achat des ordinateurs
supplémentaires. Si ceci peut être vrai sur un certain plan, leur qualité pose souvent problème.
En fait, « ces trucs de 4ème ou 5ème main que l’on ramasse en Europe et qui a déjà dépassé
l’époque » affirme le Doyen L…, « ne cessent de tomber en panne ou de planter au moment
où l’on s’attend le moins ». Si ce jugement parait cru, nous devons y lire une franchise qui
devrait interpeller. Qu’est ce qui serait utile ? Le nombre ? La qualité ? Ou les deux à la fois ?
Quelque soit la réponse, le défaut de formation dont il est ci-dessus fait mention est patent et
participe aussi à la compréhension des différences dans la motivation et les attentes des uns et
des autres.
En dehors des Gestionnaires des Centres Multimédia dont presque tous ont reçu une
formation en TIC dans des Ecoles de formation (Ecole Polytechnique pour la plupart) avec
des contenus spéciaux (logiciels spécialisés : SPSS, ORACLE, VSNET, WEBDV, MYSQL ;
le développement des sites…), le reste n’a presque pas reçu de formation. Pour ceux qui l’ont,
cette formation se limite à la bureautique et ils se l’ont offerte eux-mêmes. C’est le cas par
exemple avec les Chefs de département ici schématisé.
formation offerte
par une
réunion/association
0,00%
autres ( école de
formation)
5,26%
formation offerte
par l'AUF
5,26%
formation reçu d'euxmême
63,16%
formation offerte
par l'Université
26,32%
Page 21 sur 39
Le cas des étudiants, en complément de celui des Chefs de département/filière
corrobore cette malheureuse situation. Seuls 40% parmi eux ont reçu une formation et ceci à
leur propre frais.
Pour ce qui est des 55% des Gestionnaires des Centres Multimédia, 22% des Chefs de
département/filière, 70% des Enseignants, 30% des Etudiants et 30% des Doyens, directeurs
et Vice-recteurs ayant connaissance des TICE, les motivations et attentes relatives aux TIC se
retrouvent en même temps dans les TICE. Il est de même des problèmes qu’ils rencontrent.
L’autodidaxie justifie encore et une fois de plus leur connaissance dans le domaine.
4.1.1.3
Normes d’usage des TIC
Si dans l’ensemble des répondants (80%) soumis à des grilles d’évaluation des
perceptions, les sites à caractères pornographiques ou à caractère immoral devraient être
codés ou cryptés, l’attitude à tenir semble se résumer dans le discours des Doyens, Directeurs
et Vice-recteurs, décideurs des politiques au sein de l’université. Il faudrait de leur avis :
Coder (100%) ; filtrer (100%) ; crypter (100%) ; surveiller les sites (75%) ;
orienter les usagers (100%), restreindre la liberté des usagers des TIC/TICE
(90%), verrouiller (80 %), envisager un système qui bloquerait des sites (50%) ;
éviter les dérapages (60%)
Même si à priori, tous semblent unanimes pour les motivations et attentes relatives à
l’usage des TIC et dans une moindre mesure des TICE, la majorité (90%) émet des réserves.
Pour cette catégorie, « il ne faut pas simplement que l’informatique au lieu de servir à la
formation servent plutôt à la désinformation ou alors à la destruction des esprits » pense le
Doyen M…. Mieux, comme « c’est un langage, il faut qu’il y ait une codification, qu’il y ait
une classification, une norme pour que tout le monde sache que l’on parle le même langage et
de la même façon. Les résultats scientifiques devraient être protégés pour ne pas être utilisés
n’importe comment (le cas de la fabrication de la bombe ou des médicaments). Même si tout
devrait se retrouver sur le net, on doit savoir filtrer au risque d’en souffrir ». Encore plus, « si
certains sites ne sont pas verrouillés, cela peut contribuer grandement à dérégler le
comportement de nos enfants. Donc il est urgent de veiller à un arbitrage serein, au
verrouillage de certains sites nocifs pour garantir la continuité dans les comportements
désirés et le maintien des traditions que nos ancêtres nous ont léguées »
A lire ces extraits, on peut bien se demander avec raison de quoi ils parlent à travers
l’utilisation des concepts et expressions que nous reprenons ci-dessus ? Certainement de
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l’Internet. Donc, sans le dire clairement, ils résument les TIC/TICE à l’Internet. Cette attitude
traduit une fois de plus la méconnaissance que ces répondants ont des composantes des
TIC/TICE.
Toutefois, ceux (les 10%) qui n’admettent pas des restrictions quant à l’usage des
TIC/TICE sont donc les seuls à ne pas limiter ces outils à l’Internet. On pourrait dire qu’ils
sont les seuls qui connaissent réellement de quoi ils parlent. Car, comment limiter l’usage des
vidéoprojecteurs par exemple ? A en croire le Doyen Y…, « a priori, il ne devrait pas avoir
de restrictions jusqu’à ce que l’on voit qu’une activité est nuisible pour le système ». Dans
cette position, la sélection perceptive qui réduit les TIC/TICE chez la majorité des répondants
à l’Internet s’agrandit et donne de croire qu’elle peut s’appliquer à d’autres composantes des
ces outils.
Le niveau de connaissance des TIC/TICE, de mêmes que les motivations, attentes et
normes y relatives identifiées, la question qui peut se poser maintenant est celle de savoir
comment ceci agit sur leurs attitudes quant à l’usage de ces outils.
4.2
Inférence de la connaissance sur les usages des TIC.
4.2.1 Usages des TIC
Il ressort de l’analyse qu’il y a un lien entre la pratique du métier de chef de
département, d’enseignant ou de gestionnaires des centres multimédia et l’usage des TIC et
ceci pour :
¾ L’évaluation des compétences, la publication des notes et le traitement des requêtes au
niveau des chefs de département ;
¾ Le renforcement des cours, l’élargissement des horizon et l’actualisation des cours au
niveau des enseignants ;
¾ La fourniture des statistiques et des informations sur les étudiants
En effet près de 85% des Chefs département jugent important les TIC au niveau du
système universitaire camerounais. Ils estiment que c’est beaucoup plus important pour la
gestion des Etudiants/Enseignants (47,5%), pour l’orientation des enseignements et
l’identification des lacunes (45,2%), pour l’amélioration de leur expertise (52,4%), pour le
positionnement des cours en ligne (40,5%), pour la recherche, la participation au forum et le
traitement des notes. Par contre, d’autres pensent que ce n’est pas important à cause de
l’absence du matériel.
Page 23 sur 39
Si 30% des Chefs de département vont à l’Internet chaque jour (7 jours sur 7), il est
important de remarquer que la quasi-totalité y va au moins 2 fois par semaine et y mette au
moins une heure. Ce qui aurait une influence grâce à l’accélération de la production des
attestations, de la publication des notes, à l’amélioration des cours et au recyclage.
Presque tous les Enseignants pensent que les TIC ont une incidence sur leurs
enseignements et sur leur rapport avec les étudiants (100%)
pour accélération de la
publication des notes (75 %), et qu’il n’y a plus de super enseignant à cause des recherches
des étudiants. Cela peut peut être se comprendre car, près d’un tiers des Enseignants va à
l’Internet chaque jour, plus de la moitié 6 jours sur 7 et près de 95% au moins trois fois par
semaine. Le temps moyenne mis lors de chacune de ces passages est au moins une heure.
En revanche, « la réussite d’un Etudiant n’est pas toujours liée à l’usage des TIC, il
s’agit encore d’un effort intellectuel et les interrogations ne sont pas liées au TIC » trouve le
Directeur de l’E… Ceci s’explique aussi par la non fréquentation de l’Internet par ces
étudiants. En effet, 16% ne partent pas du tout au net, et presque 50% y va une fois par
semaine. Bref, 84% parte au trop 2 fois par semaine. Et pour ceux qui y vont, ils mettent 30
minutes.
S’agissant des Gestionnaires des Centres Multimédia, ils vont en moyenne 6/7 à
l’Internet et y mettent au moins une heure. 93% affirment que les TIC ont une incidence sur
leurs usagers car ils y résolvent leur problème de formation continue par la recherche de
l’information et l’achat des logiciels.
Enfin, les Doyens ; Directeurs et Vice-recteurs, dans l’expression de leurs attentes et
motivations quant à l’usage des TIC, font état d’une inférence mitigée quant à leurs usages.
Leur discours est plein des concepts et expressions du type :
Surfer (100%) ; télécharger les documents (100 %), se former (FOAD) et
informer par mail (100 %) ; acheter (75%), publier ou réagir à des publications
(75%) fouiller et compléter les informations (100%) ; rechercher et se recycler
(100%) ; enseigner ailleurs sans se déplacer (25%).
4.2.2 Usages des TICE
Les usages des TICE semblent se résumer pour la majorité (90%) de ceux qui en
donnent une définition du cigle au vif, à l’Internet. Par ailleurs, c’est seulement dans le
discours de 10% parmi eux que l’on voit des expressions se rapportant à la bureautique, à la
maintenance et à l’analyse des données. De ce fait, les TICE leur servent à :
Rédiger sans peine des textes et correspondances (100%) ; stocker, gérer et
divulguer (100%) ; utiliser des logiciels (SPSS, SAS, EPI INFO…) (50%),
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scanner (75%), multiplier la quantité et la qualité des publications (en
cartographie) (50 %).
L’identification du niveau de connaissance, des motivations, attentes et normes à
l’endroit des TIC/TICE induit donc au niveau de l’inférence une découverte qui conforte
celle née de la question de normalisation de ces outils. Tous n’entrevoient en premier lieu
qu’Internet et dans une moindre mesure, la bureautique, la maintenance et à l’usage des
logiciels pour analyse des données sociales ou pour formation personnelle ou collective
(allusion au CD Rom). Ce qui une fois de plus laisse transparaître le défaut de formation et
de connaissance des composantes. Ce qui, conséquemment à à craindre c’est que
l’informatisation du système universitaire ne soit dans la tête des Doyens/Directeurs et Vicerecteurs, une question de convexion sur Internet et d’achat des ordinateurs pour le secrétariat.
Que faudrait-il alors faire ?
4.3
Stratégies d’appropriation et d’intégration effective des TIC/TICE dans
l’enseignement supérieur.
Les recommandations des enquêtés ont été organisées de telle manière qu’on y
retrouve une segmentation hiérarchisée partant de l’Etat à l’Etudiant en passant par les
Universités, les Facultés et Grandes Ecoles et les Enseignants. Voici ce qui en ressort :
4.3.1
Au niveau de l’Etat
Ils recommandent d’exonérer les taxes sur le matériel informatique et consommables
informatiques. Pour cette suggestion, les statistiques sont les suivantes : 85% de Chefs de
département, 93% des Gestionnaires des Centres Multimédia, 56% d’Enseignants et 70% des
Etudiants. Il faudrait en plus créer une Direction chargée uniquement des TIC/TICE (71% de
Chef de département partage cet avis) et accélérer après l’avoir révisée, la politique « un
enseignant un ordinateur » (62% des Enseignants). Le Doyen M…, allant dans le même sens
ajoute que « celui-ci devrait en fait être classé comme matériel didactique. Pour éviter que les
Commerçant ne s’y sucrent [vi], les commandes des structures éducatives devraient en être les
seuls bénéficiaires ». Ceci permettra d’éviter les situations comme celle de cet autre Doyen,
Pr Y… qui, « récemment par exemple, a eu du matériel et il n’a pas pu le faire parvenir ici à
l’université parce que le coût de dédouanement était prohibitif. » « Si donc l’Etat ne peut s’y
faire, il pourrait créer des zones franches dans le secteur industriel et permettre au
Cameroun de devenir une autre Malaisie ou un Inde en Afrique. Ces pays montent des
ordinateurs de plusieurs firmes occidentales sans en être concepteurs. Là-bas, ça coûte moins
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cher. Mais, même en mission dans ces pays, on ne peut rentrer chez soit avec. Paradoxal
non !! » Continue-t-il.
Pour que ceci devienne réalité, « La volonté politique doit se traduire en actions
concrètes et pour cela, les universités devraient être équipées en infrastructures
informatiques » propose le Doyen T…. Seulement, « il est important que les informaticiens
soient formés à différents niveaux et motivés à rester en milieu universitaire. Sinon personne
d’eux ne restera du moment où, à l’extérieur, il leur est proposé le double voir le triple de ce
que nous gagnons en tant qu’enseignant d’universités» poursuit-il. « Peut être en ce moment
là, les actions réelles des Décideurs qui auront été ainsi convaincus de l’importance des TIC
pourront vraiment accompagner le processus d’informatisation » renchérit le Doyen
M…. Aussi, « on ne doit pas toujours rester dans les expectatives et dire que c’est déjà
beaucoup » conclut le Directeur E...
Si pour la plupart, les recommandations qui précèdent sont partagées, une personne
parmi les 10% qui refusaient la normalisation de l’usage des TIC/TICE et donc ne les
limitaient pas à l’Internet, le Directeur E…, dit ne pas partager « toujours le point de vue qui
consiste à tout rejeter sur l’Etat. Ça c’est un négativisme de l’Etat que je ne concède pas. La
vérité est que l’état a créé des structures et a responsabilisé les gens et je pense que lorsque
ces structures existent, il faut qu’elles fonctionnent. Elles doivent se donner les moyens de
leur politique. » Voilà pourquoi, même si le MINESUP, le MINRESI et le MINDIC devraient
être des responsables (80% des avis) quant à la mise en application de ces suggestions, la
politique gouvernementale quant à l’appropriation et l’intégration des TIC/TICE par les
universités du Cameroun, ne devrait « pas seulement être synonyme d’avoir le poste
ordinateur. Il faut encore avoir des outils qui permettent d’exploiter au maximum ces
ordinateurs. On peut disposer d’un ordinateur mais ne pas avoir accès à Internet et l’utiliser
à bon escient » ajoute-t-il.
4.3.2
Au niveau des Universités
Il faudrait : multiplier les Centres Multimédia (proposent 85% de Chefs de
département et de Gestionnaires, 64% d’Enseignant et presque tous les Etudiants) ; créer un
service chargé d’usage des TIC/TICE (80% de la moyenne de toutes les réponses); proposer
des partenariats à l’Etat (75% de la moyenne de toutes les réponses) ; assumer les frais de
transport au cas où il y aurait des donations [vii]; accélérer après l’avoir révisée, la politique
« un enseignant un ordinateur » (50% de la moyenne de toutes les réponses) et, prendre des
initiatives et solliciter auprès des institutions sœurs du Nord le matériel qui ne leur sert plus et
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qui, bien que fonctionnant a été parqué. En fait, « s’il est vrai que l’Afrique ne doit pas être
un dépotoir, nous devons avec humilité savoir demander à l’autre ce qui ne lui sert plus et qui
peut nous aider » pense le Doyen M…
Par ailleurs, il faudrait penser à étendre dans toutes les universités et les minis cités des
étudiants environnants, l’Internet. Pour cela, « ceux parmi eux qui disposent des cartes
WARLESS pourraient avoir accès aux cours numérisés des Enseignants contre une clé à
retirer contre des frais supplémentaires pas trop onéreux lors de leur inscription » propose le
Doyen F... Il faut dire que même si tout ceci arrivait, l’utilisation efficiente des TIC/TICE
« suppose un minimum d’enseignement et de formation en informatique» affirme le Directeur
de l’E…
Le responsable de ces initiatives visant à intégrer et faire approprier les TIC/TICE par
les universités d’Etat du Cameroun devrait être les Recteurs (75% de la moyenne de toutes les
réponses), les services chargés des TIC/TICE en milieu universitaire et la direction des
TIC/TICE du MINESUP (75% de la moyenne de toutes les réponses).
4.3.3
Au niveau des Etablissements Facultaires et Grandes Ecoles Universitaires
A ce niveau, il faudrait rechercher des partenaires (72% de chefs de département) ;
instituer les primes d’usage (70%) et procéder à une formation des Enseignants en TIC. Et
tout ceci sous la responsabilité des Doyens et Directeurs qui pourront disposer d’un service
s’occupant des questions des TIC. Le Doyen D…propose en plus, la solidarité entre les
collègues. Voilà pourquoi il dit : « je voudrais convoquer une solidarité entre les collègues.
Que ceux qui connaissent aident ceux qui ne connaissent pas ».
4.3.4 Au niveau des Enseignants :
Quant aux Enseignants, leurs syndicats devraient mettre dans leurs doléances :
l’institutionnalisation des primes d’usage des TIC/TICE et/ou de numérisation des cours.
Même si les Enseignants n’adhèrent pas tous à cette visions (seulement 75% pour), les
Doyens, Directeurs et Vice-recteurs interviewés croient savoir que cette prime pourra motiver
et faire changer des mentalités. Car, « comment voulez-vous que j’utilise mon salaire pour
payer une tranche d’heure et répondre à un étudiant qui que je dirige et qui ne me paie
pas ? » [viii ] affirme le Directeur E... Par ailleurs, des propositions de partenariat au décanat
pour l’octroi ou la négociation des matériels informatiques devraient être faites par leurs
syndicats.
En plus de ces éléments, un changement d’attitude serait indiqué. Car, pense le
Directeur Y…, « la différence d’appropriation est due à la différence d’école. Certaines de
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nos collègues sont de la vieille école et on ne peut pas redresser un arbre qui est tordu »
« quand je parle de la vieille » poursuit-il, « ce n’est pas une question d’âge. Ça peut être
une question d’environnement ou de méthode. Puisqu’il faut dire qu’il y en a qui aime encore
les vieilles méthodes qui assimilent l’enseignant au tout puissant connaisseur de son
domaine. »
4.3.5
Au niveau des Etudiants :
Leurs Représentants ou leurs Délégués devraient : solliciter des décanats avec des
suggestions, des orientations et stratégies pour l’accès au matériel informatique (60% de la
moyenne des avis donnés) ; mettre sur pied un Lobby susceptible d’impulser la considération
des orientations proposées à leurs décanats respectifs ; organiser des Séminaires et Tables
rondes pour sensibiliser leurs camarades des avantages quant à l’utilisation des TIC pour leur
réussite scolaire (75% de la moyenne des avis donnés) et offrir des ordinateurs au major des
différents niveaux, question de susciter l’émulation et de l’utiliser pour galvaniser
l’engouement pour l’utilisation des TIC (50% de la moyenne des avis donnés)
4.4
Considérations générales
Appelés au terme des entretiens à se prononcer sur le niveau et la qualité de
l’utilisation des TIC par les Etudiants, tous les répondants eux-mêmes compris pensent que
l’accès est plutôt difficile ou très restrictif à cause du fait que la salle de machines est souvent
beaucoup plus réservée aux Etudiants du troisième cycle (DEA et Doctorants). Par ailleurs, il
y aurait moins d’ordinateurs par rapport à la demande. Avis qui corrobore ce que pense le
Doyen G….pour qui, « « à l’U.I.T on a environ 400 étudiants pour une salle d’ordinateurs
qui n’a même pas trente postes ». En plus de cela, les répondants ajoutent le problème
financier, le manque de formation et celui de maintenance. Pour ce cas très précis, le Doyen
L… est assez dur puisque, dit-il, « C’est peut être ces trucs de 4ème ou 5ème main que l’on
ramasse en Europe et qui a déjà dépassé l’époque que l’on apporte ici. Il faudrait alors tout
le temps les suivre ». « Le CIRD de l’Université de I en a été victime », renchérit-il.
Pour le Directeur E…, « le problème de la vulgarisation de l’Internet, de l’accès à
l’Internet peut, […] paraît subalterne, […] secondaire ». Cet avis contradictoire serait dû au
fait que, « vous n’allez pas demander aux gens de sacrifiés les choses essentielles pour
s’acheter un ordinateur si déjà, ils ont du mal à avoir pour les Etudiants ou les Enseignants
les manuels de base » pense le Doyen M…
Page 28 sur 39
5. DISCUSSIONS DETAILLEES DES CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
Nous venons de présenter les résultats d’une analyse d’un exemple de déficit
quantitatif et qualitatif d’appropriation et d’intégration des TIC/TICE dans les universités
subsahariennes, en l’occurrence, celles d’Etat du Cameroun. Nous situant sur un plan
psychosocial du moment où nous fondions nos analyses sur la théorie psychosociale des
perceptions, cette analyse aura été pour être précis, cognitiviste. Dans ce point, nous allons
non seulement discuter ces résultats, mais aussi les conclusions et les recommandations
formulées par les enquêtés. Aussi, nous ferons appel à la littérature relative à l’explication de
la sélection perceptive d’une réalité sur les attitudes et comportements humains. En plus, nous
ne manquerons pas de compléter nos analyses par nos leçons du terrain.
Nous entendons par sélection perceptive, le fait que dans un amas de stimuli qui
excitent nos sens comme c’est le cas avec les TIC, inconsciemment ou consciemment nous
nous laissons subjuguer par quelques éléments aux détriments d’autres. En d’autres termes,
c’est « le processus par lequel les personnes filtrent la plupart des stimuli afin de pouvoir
traiter les plus importants » (Hellriegel Woodman & Slocum 1992 : 80). Son étude « montre
que les personnes perçoivent les objets qui représentent pour eux un aspect réconfortant et
satisfaisant et tendent à ignorer ce qui les embarrasse » (Hellriegel & Al 1992 :80). La
psychologie de l’individu le rendrait donc sourd à une éventualité qui le trouble ou le mettrait
mal à l’aise. Cette cécité volontaire (Roussel, 2002) ou involontaire est pleine de leçons.
A la question de savoir comment elle procède et surtout en quoi elle aurait un rapport
avec les résultats trouvés, trois réponses peuvent être rapportées :
- les expériences antérieures des répondants avec les TIC/TICE. Dans ce cas, les
théories implicites de leur personnalité sont devenues des grilles de lecture conçues
de manière cumulative sur la base des expériences et des échanges sociaux. Tous
les répondants n’ont donc dit que ce que leurs expériences avec les TIC/TICE les
avaient enseigné ;
- les motivations et attentes des répondants. Ici, elles ont conditionné la
perception des répondants de la réalité TIC/TICE dans la mesure où, leurs réponses
visaient le renforcement des informations qu’ils y recherchent (Fischer 1996) :
s’informer et se former, individualiser l’apprentissage tout en l’industrialisant
(Fonkoua 2006)
- le contexte de l’étude, donc le milieu universitaire. Il a traduit et orienté la
propension à ignorer les informations qui ne confirmaient pas les attentes et les
motivations des répondants évoluant dans ce cadre. Françès (1988 : 113) l’explique
Page 29 sur 39
en admettant que, « la perception est en rapport avec des secteurs concernant des
catégories d’objets. Elle est facilitée selon que le stimulus peut ou non entrer dans
ces catégories. Or celles-ci sont évidemment limitées par le contenu de
l’environnement d’un groupe, d’une civilisation ».
5.1
Discussions détaillées des conclusions
La première des questions à se poser ici serait celle de savoir ce que cette étude
apporte comme conclusions. En réponse et de manière ramassée, les voici :
¾ 1
-
Nous avons eu en face des nous des personnes qui ont des informations plus ou
moins nettes sur les TIC et, dans le même tant grandement ignorantes des TICE.
Leur ignorance n’est pas liée à la définition des sigles pour ce qui est des TIC,
mais à l’identification de leurs composantes bien qu’elles aient dans la majorité dit
l’essentiel quant à leurs avantages. Pour ce qui est des TICE, la méconnaissance de
leur sens définitionnel exact traduit une regrettable ignorance d’un élément de
poids pour le processus enseignement-apprentissage-recherche en milieu
universitaire.
¾ 2
-
Une sélection perceptive inconsciente a amené les répondants à réduire les TIC de
même que les TICE à l’Internet et aux ordinateurs. De ce fait, les problèmes
soulevés et qui pourraient constituer une raison du déficit d’intégration et
d’appropriation des TIC dans le milieu universitaire public du Cameroun ont été
pour l’ensemble, ramené à ces outils et beaucoup plus aux moyens devant leur
permettre de se faire valoir, notamment l’exonération des taxes sur le matériel et
consommable informatiques et, la réduction du coût d’accès et l’augmentation du
débit.
¾ 3
-
L’appropriation et l’intégration des TIC/TICE à l’université est une préoccupation
partagée qui engage autant les Administrateurs (MINESUP, Recteurs, Doyens,
Directeurs et Chef de département) que les Enseignants, les Etudiants et les
Gestionnaires des Centres Multimédia. Les répondants semblent donc faire valoir
l’idée d’une participation commune dans la réduction de la fracture numérique
entre le Nord et le Sud.
Page 30 sur 39
Que comprendre à travers ces conclusions ?
Simplement les limites de cette logique de promotion qui vise à faire découvrir les
avantages ou les retombées des TIC et dans une moindre mesure des TICE sans toujours
mettre l’accent sur ce que leurs composantes peuvent apporter en dehors du contexte groupal
qui les définit. La communication redondante autour de ces outils présente régulièrement
l’Internet comme le carrefour de tout et le point d’ancrage de leur fondement et valeur. Même
si ceci est peut être vrai, nous ne devons pas perdre de vue qu’en plus, il faut faire connaître
les autres composantes et leur utilité dans le sens de faciliter leur appropriation.
Il est évident que les TIC et les TICE, de par leur constitution se présentent comme
complexes et que l’Utilisateur ou le Bénéficiaire n’a forcément pas besoin de savoir comment
elles se construisent. Seulement comprenons que leur degré de connaissance des TIC/TICE de
même que leurs motivations, attentes et normes ci-dessus énoncés sont des formes de théories
implicites en leur personnalité. Moscovici (1972: 59) parlerait plutôt de la « petite théorie
intérieure » que chacun d’eux se fait de leurs nouvelles expériences avec les TIC. Vu sous cet
angle, ce langage intérieur qui les a animé face à nos différentes questions a pour fonction la
maîtrise de la réalité TIC/TICE par une réduction de sa complexité et des différences qui la
composent. Pour Fischer (1996: 104) ceci fournit des repères et des mécanismes capables
d’organiser et d’orienter l’action dans un sens qui rend possible la prévision de certaines
réactions et donc leur contrôle.
Voilà pourquoi, le sens qu’accordent les Administrateurs, Enseignants, Etudiants et
Gestionnaires des Centres Multimédia des universités camerounaises et qui se retrouve dans
leurs propos devrait induire chez eux une appropriation effective de la chose perçue, dont de
l’Internet et de l’ordinateur, s’ils sont placés au centre. En fait, parce qu’ils y trouveront leur
compte, leurs perceptions, ses longues vues (Covey 1996) à travers lesquelles nous voyons la
réalité, serviront de point d’ancrage de la formulation des politiques de promotion de
l’appropriation des TIC/TICE dans leur quotidien. Des sacrifices pourront donc être faits par
eux pour s’en procurer si jamais les pouvoirs publics revoient les conditions d’accès (le Côut).
Par ailleurs, dans le sens de Abric (1987), on pourrait dire que les résultats obtenus au
cours de cette étude sont des formes de représentations sociales entendues comme ensemble
organisé d’informations, d’attitudes et de croyances qu’un individu ou un groupe élabore à
propos d’un objet, d’une situation, d’un concept, d’autres individus ou d’autres groupes
d’individus et qui « fait intervenir dans son élaboration des idées, valeurs et modèles qu’il
tient de son entourage d’appartenance ou idéologies véhiculées dans sa société » (Jodelet
Page 31 sur 39
1989 : 365-366). Elles influencent autant les stimuli que les réponses dans le sens où, « plus
exactement, elles orientent celui-ci dans la mesure où elles modèlent celle-là » (Herzlich,
1972). C’est pourquoi, en tant que système de valeurs, d’idées et de pratiques, elles vont
participer à « établir un ordre qui permettra aux individus de s’orienter et de maîtriser leur
environnement, ensuite faciliter les communications entre les membres de la communauté »
(Moscovici 1961 cité par Gosling 1996 : 114).
« Filtre interprétatif » (Abric, 1989 : 195), le degré de connaissance, les motivations,
attentes et normes des répondants devraient donc être vus comme une grille de lecture, « un
cadre de référence et un vecteur de l’action […] ayant un pouvoir d’anticiper et de prescrire
le comportement des individus, de le programmer » (Moscovici 1989 : 64). Une telle
argumentation justifie pourquoi, nous sommes pour une politique de vulgarisation des
TIC/TICE qui se fonde sur l’identification des besoins cognitifs en la matière chez ceux qui
en bénéficieront. L’évidence est que la perception sociale est une projection du sujet dans
l’objet, le produit déterminé par son univers intime ou inconscient et une signification directe
ou masquée de la relation de l’individu à l’environnement et résultant d’une importante
activité subjective liée à ses besoins, ses motivations, ses attitudes, ses sentiments.
Quant à l’inférence du niveau de connaissance, des motivations, attentes et normes sur
les usages, on devrait y lire des formes d’attributions qui consistent « à émettre un jugement,
à inférer “quelque chose”, une intuition, une qualité, un sentiment » (Moscovici, 1972 : 60)
et qui, d’une manière ou d’une autre conditionne les attitudes et les comportements. Dans le
cas de cette étude, ces attributions constituent des espoirs sur lesquels des politiques de
vulgarisation devraient continuer à se fonder. Seulement et encore, le bénéficiaire ou
l’utilisateur de ce qui est vanté auprès de lui ne devrait pas avoir le sentiment de subir les
idées de l’autre. Savoir qu’il est pris en compte peut induire chez lui des sacrifices dans le
sens de s’approprier ce qui lui est présenté comme bien et productif. Nous pensons que c’est
ce qui aura fondé chez nos répondants, la hiérarchisation des recommandations. Voyons ce
qui devrait se donner à comprendre dans l’ensemble de ce qu’ils ont proposé comme
suggestions.
5.2
Discussions détaillées des recommandations
Au début de l’entretien avec le Doyen B…, il se demandait : « bon alors, l’intégration
donc on parle, c’est quoi ? C’est enseigner l’informatique aux étudiants, aux élèves ou alors
c’est utiliser l’informatique comme outil pédagogique ? ». Ces questions nous semblent
Page 32 sur 39
fondamentales et posent un tout petit peu le problème de recommandations formulées en dépit
de leur pertinence. Comme on a pu le constater dans le point portant sur la formulation des
recommandations, l’Etat se doit de faire quelque chose, de même que les Universités, les
Enseignants et les Etudiants. Même s’il est évident que les répondants ont dit ce qui devrait
être fait et qui devrait en être le responsable, constatons que personne ne répond aux questions
du Doyen B…, pourtant capitales pour une politique d’appropriation et d’intégration des TIC.
Au terme de cette étude, nous pensons que le problème de l’intégration des TIC
soulève deux problématiques inter reliées : enseigner l’informatique et utiliser l’informatique
comme outil pédagogique. Dans ce cas, la leçon que nous tirons des recommandations est
qu’il est improductif de vouloir, « Tenter de modifier extérieurement un point de vue ou un
comportement » (Covey, 1996 :29). Car, il restera toujours « d’une efficacité limitée »
(Covey, 1996 :29). Même s’il est certes vrai que l’Etat semble placer au centre des actions
primaires à poser (exonération des taxes…), ce qui semble prioritaire c’est la formation et
ensuite la considération des TIC comme outils pédagogique. Cette valeur sociale accordera à
cet objet marchand l’attention qui imposera son exonération. Ce qu’il faudrait alors faire en
général serait donc de :
-
De former pour pérenniser question convaincre à travers la prise de conscience de la
nécessité des TIC/TICE.
-
Donner aux Bénéficiaires et Utilisateurs des TIC/TICE en milieu universitaire de
continuer à en utiliser à l’extérieur par la mise sur pied des facilités telles
l’exonération de la taxe sur tout matériel à caractère pédagogique relevant des TIC, les
dons, réduction des coût d’accès, les primes de numérisation des cours et les tableurs
numériques pour correction des devoirs et projets directement sur l’écran
d’ordinateurs sans nécessairement les imprimer.
-
Convaincre à l’usage par la diversification informationnelle des retombées des
composantes des TIC/TICE et non seulement de l’Internet. Il faut donc faire connaître
les autres aspects des TIC/TICE et leurs avantages pour le processus enseignementapprentissage-recherche. Encore, ceci ne suffira pas tant que l’utilisateur ou le
bénéficiaire ne pourra y avoir accès faute de moyen et d’engouement.
-
Faire prendre conscience de l’importance de la réalité TIC/TICE par une
communication de proximité car, quand bien même l’Etat, l’Université, ses Facultés et
Grandes écoles feront quelque chose pour l’appropriation des TIC/TICE, les Etudiants
et les Enseignants devraient être les premiers à se battre pour se les approprier. Pour
Page 33 sur 39
cela, il faut qu’ils « comprennent que l’enseignement ne peut plus se faire sans les
TIC […] montrer preuves à l’appui que les enseignements ne peuvent plus se faire
sans les TIC » pense le Directeur M…
-
Engager les Universités et leurs Gestionnaires dans une logique d’appropriation réelle
par l’augmentation de leur budget et la création d’un service adéquat d’abord au
niveau du MINESUP et ensuite dans les universités. Cette dernière idée rejoint pour
les amplifier les propositions de Fonkoua (2006) et ajoute « que nos Universités
sortent du carcan de l’enseignement pour devenir vraiment les centres de production
du développement » propose le Doyen T…
-
Penser à mieux traiter les Enseignants et les Etudiants désirant servir l’Etat dans ce
domaine. Ceci parce que « le traitement salarial des Enseignants n’est pas
encourageant pour un jeune étudiant en informatique ou dans le domaine de
l’ingénierie informatique ou communicationnelle. Conséquence, ils préfèrent se faire
employer par des structures privées qui payent mieux, s’installer à leur propre
compte, ou s’expatrier » prétend encore le Doyen T…
-
Penser à faire disposer à des Enseignants dans le domaine des primes d’éloignement
des grandes métropoles. Cela les motivera à aller dans les universités éloignées de ces
localités car, « au moins à Yaoundé tu peux être enseignant et avoir des activités dans
les entreprises ce qui n’est pas le cas ici où tu serais appelé à vivre effectivement du
salaire qu’on va te donner et donc il y a des réticences » estime le Doyen M…
Conclusion.
Parti de la nécessité de savoir la place de la perception sociale dans l’explication du
déficit quantitatif et qualitatif d’appropriation et d’intégration des TIC dans le système
universitaire camerounais, nous posions qu’en identifiant les niveaux de connaissances, les
motivations, les attentes et les normes qui devraient les entourer chez les Enseignants,
Etudiants et Administrateurs, il était possible de voir comment ces paramètres influent les
usages. A cet objectif, nous nous proposions au terme des travaux de partir du discours des
répondants pour proposer des politiques d’appropriation qui tiennent compte des aspirations
et lacunes des bénéficiaires/utilisateurs.
Si au terme de cette étude on devrait se féliciter de ce qu’autant les Doyens/Directeurs,
Vice-recteurs, Enseignants, Chefs de départements, Etudiants et Gestionnaires des Centres
Multimédia partagent presque les mêmes motivations, attentes et normes à l’endroit des TIC,
Page 34 sur 39
force est de reconnaître que chez tous, il existe une forme sélection perceptive qui réduit ces
outils aux ordinateurs et à l’Internet. La question de la normalisation des TIC fait ressortir
cette orientation limitative des composantes de ses outils.
Pour ce qui est des TICE, peu en connaisse ses composantes et conséquemment, lui
attribue les mêmes attentes qu’aux TIC. Si ceci peut être vrai sur un plan, on doit regretter le
manque de formation des universitaires dans le domaine.
Les lacunes ci-dessus relevées ont justifié pourquoi, dans l’ensemble, tous entrevoit à
travers les TIC/TICE uniquement les fonctions appliquées à l’Internet et qui pourrait se
résumer comme suit : « toutes les techniques récentes permettant de collecter, traiter,
transférer et diffuser des messages sous forme vocale, de données, vidéo ou multimédia ».
Le défaut de formation fonde les recommandations formulées et il y a une peur : celle
de croire que l’on peut se fonder sur leur autodidaxie pour impulser l’appropriation effective
des TIC/TICE en milieu universitaire camerounais. Si cette lacune n’est pas comblée, on
devrait craindre qu’ils ne se battent plutôt pour que les universités camerounaises se dotent de
l’Internet alors que celui-ci n’est qu’un pan de ce qu’offrent les Nouvelles technologies de
l’informations et de la communication.
Qua faille-t-il donc faire ? Commencer par informer des avantages spécifiques à
chaque composante des TIC/TICE aux côtés de leurs avantages globaux et, ensuite faciliter
leur accès par la mise sur pied d’une Direction chargée des questions de TIC/TICE au
MINESUP avec des services décentralisés au niveau des universités. Cette Direction, en
partenariat avec celle des télécommunications et des nouvelles technologies de l’information
et de la communication du MINPOSTEL aura pour charge de penser les politiques à proposer
au gouvernement, de suivre leur mise en œuvre, de les évaluer et de les recadrer ou rectifier./.
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• www.con.kcu.or.k
• http://www.educause,edu/pub/er/review/review articles/3el.html
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• www.minesup.gov.cm
• http://www.cidif.org
• http://www.aupelf-uref.org/uvf
• http://thot.cursus.edu/rubriques.asp?no=24795
• http://www.epi.asso.fr/revue/articles/a0511a.htm
• http://www.erudit.org/revue/rse/2002/v28/n2/007357ar.html
• www.olt-bta.hrdc-drhc.gc.ca/dowload/professional_f.pdf
Décrets présidentiels/Textes ministériels/Conventions
• Décret présidentiel N°93/026 du 19 Janvier 1993 portant sur la reforme universitaire
au Cameroun
• Décret présidentiel N°93/027 du 1993 portant dispositions communes aux universités
d’état
• Décret présidentiel N°98/231 du 28 septembre 1999 portant gestion de
l’enseignement supérieur au Cameroun
• La convention N°2001-132-2002 du 18 Juin 2002 entre le Gouvernement de la
République Française et la République du Cameroun
• L’arrêté n° 000014/MINESUP/CNESP/DDES/ESUP du 12 janvier 2005 portant
publication de la liste des institutions privées d’enseignement supérieur ayant
bénéficié d’un accord de création ou d’une autorisation d’ouverture
Fait à Kousseri le 17 Mars 2007
Pour l’équipe,
LE CHERCHEUR PRINCIPAL
Digitally signed by Bomda,
Bomda, Conseiller Conseiller d'orientation-Psychologue
DN: CN = Bomda, Conseiller
d'orientationd'orientation-Psychologue, C = US,
O = Psychologie, OU = Bomda
Psychologue
Date: 2007.03.17 18:48:19 +01'00'
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ANNEXES
i
Ensembles des distorsions, des aberrations et autres erreurs de jugements qui semblent caractériser le fonctionnement
cognitif des individus.
ii
Il s’agit des suivants documents.
¾ MINESUP (2001). Guide des études supérieures au Cameroun, Yaoundé : MINESUP
¾ MINESUP (1996a). Guide des admissions, Yaoundé : MINESUP
¾ MINESUP (1996b). Guide pratique de l’étudiant, Yaoundé : MINESUP
¾ Collège Mvogt (2004). Guide de l’orientation et des métiers, Yaoundé : Collège Mvogt
Dans la majeure des cas, certaines filières et départements présentés comme existants étaient jumelés ou en voie de création.
iii
Ceci fut le cas avec les Vice-recteurs et les Chefs de départements
iv
Ces grilles étaient en fait des questionnaires administrés. Le codage des réponses tel que monté aurait nécessité du
répondant une formation à l’avance. Ce qui nous aurait retardé sur le terrain. L’esprit de synthèse du Chercheur lui permettait
au cours de l’entretien avec le Répondant de cocher ou de résumer lui-même ses réponses. Cette approche pourrait être
discutable. Mais, du moment où, celui-ci a la maîtrise du sujet sur lequel il travaille, l’administration questionnaire voulait
rompre avec la mécanicité qui oriente souvent les réponses dans les questionnaires autoadministrés.
v
Suivant le Guide de la recherche qualitative, une production de CODESRIA (ROCARE 2006) proposée aux chercheurs
dans le cadre des études du ROCARE, dans ce genre d’entretiens, la formulation et la séquence exacte des questions sont
formulées à l’avance de sorte que les réponses soient entièrement ouvertes.
vi
Dans le jargon camerounais, se sucrer sur quelqu’un veut dire : se faire des bénéfices sur son dos ou, l’utiliser pour
atteindre un objectif égoïste
vii
Ce qui n’est toujours pas le cas. « J’ai au moins 1500 livres qui sont restés à Bordeaux pourtant, si ils arrivaient, ils
serviraient à nos étudiants et collègues si on les exposait dans une bibliothèque facultaire »
viii
Ceci vient corroborer l’expérience d’un Etudiant qui disait dans le cadre des commentaires après passation du
questionnaire avoir été informé par son Directeur des Travaux avoir vu dans sa boîte sa proposition de recherche. Mais,
« parce que dans son salaire, il n’y avait aucune rubrique pour cela, son salaire lui suffisait pour répondre aux besoins
pressant de sa famille et de sa survie ». Il ne pouvait donc se permettre de l’imprimer pour la lire à tête reposer, ni moins
encore augmenter le temps acheté. Lui conseillait-il, « il faut l’imprimer et venir me remettre une copie ».
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