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Yang sheng 養⽣生 -­‐ textes 1
ENTRETIEN DE LA VIE -­ YANG SHENG 養生
CHUNQIU ZUOZHUAN - 1ère année du Duc Zhao
Le sage respecte les Quatre moments du temps : le matin, il tient audience; le jour, il s’informe; le soir, il rédige les décrets; la nuit, il se repose. Il peut ainsi régler la propagation de ses souf<les (jie xuan qi qi 節宣其氣, faisant en sorte qu’ils ne soient nulle part en obstruction ou stagnation, ce qui provoquerait une épuisement physique, un manque de clarté dans son cœur (mental) et la confusion dans toutes ses pensées. […………]
Le Ciel possède Six souf<les (liu qi 六氣 ) qui, descendant (sur Terre) génèrent les Cinq saveurs (wu wei 五味 ); leur déploiement est les Cinq couleurs (wu si 五色 ), leur manifestation les Cinq sons (wu sheng 五聲 ); en excès (yin 淫 ), ils génèrent les Six sortes de maux (liu ji 六疾 ).
Les Six souf<les sont le froid (qui règne à l’ombre, yin 陰 ) et la chaleur (qui règne au soleil, yang 陽 ), le vent et la pluie (feng yu 風雨 ), l’obscurité et la lumière (hui ming 晦明 ). Leur division (fen 分 ) donne les Quatre saisons et leur succession les Cinq rythmes (wu jie 五節 ), mais leurs débordements (yin 淫 ) sont les calamités. Un yin déréglé (yin yin 陰淫 ) donne des maladies de froid et un yang déréglé des maladies de chaleur; un vent déréglé donne des maladies des extrémités et des pluies déréglées des maladies de l’abdomen; une obscurité déréglée donne des maladies de désarroi et une lumière dérégle des maladies du cœur.”
CHUNQIU ZUOZHUAN - 20ème année du Duc Zhao
Un exemple d’harmonie (he 和), c’est le bouillon [……]
Le chef de cuisine combine les différents ingrédients, les met dans la proportion voulue d’après leur saveur, ajoute ce qui manque aux uns en les mêlant avec d’autres, fait disparaître ce que ceux-­‐ci ont de trop en les tempérant avec ceux-­‐là. Un prince sage, en mangeant ce bouillon, met ses passions en équilibre (ping qi xin 平其心). (Trad. S. Couvreur)
CHUNQIU ZUOZHUAN - 25ème année du Duc Zhao
«En l’homme, amour et haine, allégresse et colère, af<liction et joie, sont produits par les Six souf<les ( liu qi 六氣 ). C’est pourquoi les connaître à fond permet de régler convenablement les Six vouloirs (tendances, liu zhi 六志 ) par analogie.» MENCIUS II, A, 8
(Interrogé sur «l’énergie ébordante» 浩然之氣, Mencius répond :)
C’est un qi immense et vigoureux (hao ran zhi qi 浩然之氣). S’il est nourri de droiture (zhi yang 直養) sans subir de dommage, il emplit tout l’espace entre Ciel et Terre. C’est le qi par lequel sont mis en adéquation le sens moral (yi 義) et le Dao, faute de quoi il dépérit. Il naît de la pratique cumulative du sens moral et non d’actes ponctuels. Pour peu que le comportement ne soit pas en accord avec le cœur, il dépérit. (Trad. A. Cheng Histoire de la pensée chinoise)
Yang sheng 養⽣生 -­‐ textes 2
GUANZI - NEIYE
Quand, par la présence des essences, la vie se développe naturellement,
L’extérieur (wai 外 ) montre une tranquille splendeur (an rong 安榮) Et à l’intime (nei 內 ) est précieusement gardé (cang 藏) Ce qui procure une fontaine jaillissante (quan yuan 泉原), Alors qu’un débordement (hao 浩) harmonisé et équilibré (he ping 和平) Procure une source abyssale de souf<les (qi yuan 氣淵). Source abyssale qui ne tarit pas (bu gu 不凅) Et qui donne leur fermeté (gu 固) aux Quatre membres (si ti 四體). Fontaine qui ne s’assèche pas Et qui donne aux Neuf ori<ices leurs communications convenables (sui tong 遂通), Rendant capable d’aller au bout de ce nous présente le Ciel/Terre,
De s’étendre aux Quatre mers.
Au centre (zhong 中), aucun désarroi (huo 惑) dans le propos (yi 意), A l’extérieur (wai 外), aucun pervers (xie 邪) portant nuisance.
Un cœur intègre (xin quan 心全) occupant le Centre, La forme est dans son intégrité (xing quan 形全) à l’extérieur. Il n’est accablé ni par les calamités naturelles (venant du Ciel), Ni par les malheurs venant des hommes.
On l’appelle un Sage (sheng ren 聖人). […]
Concentrez les souf<les pour devenir comme des Esprits (tuan qi ru shen 摶氣如神) e
Et les Dix mille êtres seront tous présents en votre cœur, bei cun 備存).
Pouvez-­‐vous concentrer (neng tuan 能摶) ? Pouvez-­‐vous être dans l’Unité (neng yi 能一 ) ?
Pouvez-­‐vous, sans la divination, connaître ( zhi 知 ) le faste et le néfaste ?
Pouvez-­‐vous (vous) arrêtez (zhi 止) ? Pouvez-­‐vous renoncer (yi 已) ?
Pouvez-­‐vous ne pas chercher dans les autres, mais trouver ( de 得 ) en vous-­‐même ?
Pensez y ! Pensez y ! et repensez y encore !
Si vous y pensez, mais sans le comprendre,
Les esprits de la Terre et du Ciel (gui shen 鬼神) vous le feront comprendre;
Cependant, ce n’est pas du ressort des esprits de la Terre et du Ciel,
C’est question d’arriver à l’ultime (réalisation) des essences et des souf<les ( jing qi ji 精氣極 ).
Alors les quatre parties de votre corps (si ti 四體) seront parfaitement bien zheng 正)
L’ensemble sang-­‐et-­‐souf<les (xue qi 血氣) sera paisible (jing 靜)
Ayant uni<ié le propos (yi yi 一意) et concentré le cœur (tuan xin 摶心),
Oreille et oeil ne seront pas pervertis (yin 淫). Même ce qui semble lointain sera tout proche.
Pensée et recherche (si suo 思索) génèrent la connaissance ( zhi 知);
Relâchement et négligence (man yi 慢易) génèrent les soucis accablants (you 憂);
Violence et insolence (bao ao 暴傲) génèrent le ressentiment (yuan 怨);
Soucis accablants et mélancolie af<ligée (you yu 憂鬱 ) génèrent les maladies (ji 疾),
Des maladies qui épuisent et mènent à la mort (ji kun nai si 疾困乃死).
Yang sheng 養⽣生 -­‐ textes Si vous pensez (si 思) sans relâche,
À l’interne (nei 內) vous serez exténué ( kun 困) À l’exterieur (wai 外) vous serez faible ( bo 薄, débile);
Si vous n’êtes pas assez prévoyant en ces matières,
Votre vie (sheng 生) se retirera de sa demeure (she 舍).
Quand vous mangez, mieux vaut ne pas se goinfrer;
Quand vous pensez, mieux vaut ne pas y dépenser toutes ses forces ( zhi 致).
L’équilibre dans la modération et l’adaptation ( jie shi zhi qi 節適致氣)
Est ce qui mène naturellement à la perfection.
Il en va ainsi de toute vie humaine :
Du Ciel procèdent les essences ( jing 精 ), de la Terre procèdent les formes ( xing 形);
Leur conjonction ( he 合 ) fait un homme.
L’harmonieuse composition fait vivre (he nai sheng 和乃生 ), Mais sans elle, pas de vie (bu he bu sheng 不和不生).
Qui scrute la Voie de l’Harmonie (he zhi dao 和之道 )
Ne peut pas voir ses essences (jing 精 ou dispositions, qing 情)
Ne peut pas apprécier ses manifestations (zheng 徵).
Cependant, quand paix et rectitude (ping zheng 平正) occupent en maître la poitrine et règnent dans le cœur, c’est la longévité (chang shou 長壽).
Si l’emportement et la colère font perdre toute mesure, alors il faut plani<ier une action : Modérez (jie 節) vos Cinq désirs (wu yu 五欲), chassez vos deux meurtriers,
N’ayez ni allégresse ni colère, paix et rectitude règneront en maître dans votre poitrine.
Il en va ainsi de toute vie humaine : Elle repose sur la paix et la rectitude (ping zheng 平正).
Leur perte est toujours due à l’allégresse et la colère, aux soucis accablants et aux malheurs.
C’est pourquoi pour stopper la colère (zhi nu 止怒) rien en vaut la poésie (shi 詩),
Pour chasser les soucis (qu you 去憂), rien ne vaut la musique (yue 樂),
Pour réguler la musique (jie yue 節樂), rien ne vaut les rites ( li 禮),
Pour garder les rites (shou li 守禮), rien ne vaut l’attitude respectueuse (jing 敬).
Pour garder le respect (shou jing 守敬), rien ne vaut la sérénité (jing 靜).
Serein au dedans (nei jing 內靜) et plein de respect au dehors (wai jing 外敬),
Vous pourrez faire retour (fan 反) à votre nature propre (xing 性),
Et votre propre nature (xing 性) vous donnera une parfaite stabilité (da ding 大定).
En ce qui concerne la Voie (principe) de l’alimentation (shi zhi dao 食之道),
Une trop grande abondance nuit (shang 傷) et le corps ne peut rien garder pro<itablement;
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Yang sheng 養⽣生 -­‐ textes Une trop grande abstinence déssèche les os (gu ku 骨枯) et <ige le sang (xue hu 血沍);
Entre trop et pas assez, c’est ‘la perfection de l’harmonie’ (he cheng 和成);
Par elle les essences demeurent (she 舍) et la connaissance apparaît (et se développe).
Si l’on mange trop ou pas assez, alors il faut plani<ier une action :
Celui qui mange trop, qu’il se mette rapidement en mouvement,
Celui qui ne mange pas assez, qu’il se dégage l’esprit (guang si 廣思)
Celui qui est âgé, qu’il éloigne les soucis (lü 慮);
Si celui qui mange trop ne se met pas rapidement en mouvement,
Les souf<les ne circuleront pas (bu tong 不通) jusqu’aux quatre extrémités (membres);
Si celui qui ne mange pas assez ne se dégage pas l’esprit, sa faim ne le lâchera jamais;
Si celui qui est âgé n’éloigne pas les soucis,
Il épuisera ses ressources et sera vite à bout de force.
En agrandissant votre cœur (da xin 大心) vous serez plein d’assurance (gan 敢),
En élargissant vos souf<les (kuan qi 寬氣), vous vous dégagerez (l’esprit, guang 廣);
Votre corps sera dispos (an 安), sans altération (bu yi 不移);
Vous serez capable de garder l’unité (shou yi 守 一) et d’éviter les dix mille maux.
DAODEJING 7
le Ciel dure et la Terre demeure” Oui le Ciel Terre dure et demeure
Mais c’est parce qu’il ne vit pas pour lui-­‐même qu’il peut jouir d’une vie qui ne <init pas.
Le Saint lui En se mettant à la dernière place se retrouve au premier rang
Insoucieux de sa vie il se maintient vivant
N’est-­‐ce pas le désintéressement qui réalise en lui son accomplissement
DAODEJING 46
Il n’y a pire malheur que l’insatiabilité (bu ke zu 不知足) pire malédiction que le désir de posséder (yu de 欲得)
Mais il y aura toujours suf<isance (zu 足) pour qui se suf<it de ce qui suf<it (zhi zhi zu 知之足).
DAODEJING 50
On sort c’est la vie on rentre c’est la mort
Compagnons de la vie ils sont Treize
Compagnons de la mort ils sont Treize
Mouvant les vivants aux sites de mort Treize encore
Et pourquoi sinon qu’on est mené par l’avidité de vivre (sheng sheng 生生)
On dit que ceux qui connurent l’art de vivre
Quand ils voyageaient par les routes ne rencontraient ni le rhinocéros ni le tigre
Quand ils étaient à l’armée ne portaient ni armes ni cuirasse 4
Yang sheng 養⽣生 -­‐ textes 5
Le rhinocéros n’aurait pas eu où planter sa corne
Le tigre n’aurait pas eu où jeter sa griffe, l’arme où placer sa lame.
Et pourquoi sinon qu’ils n’offraient pas de prise à la mort.
DAODEJING 55
Car qui contient en soi la Vertu plénière se compare à un nouveau-­‐né
L’insecte et le reptile ne le piquent pas Les fauves prédateurs ne l’emportent pas
Les oiseaux rapaces ne l’enlèvent pas
Malgré la faiblesse des os et des muscles sans force sa main serre avec puissance
Ignorant l’union du mâle et de la femelle son énergie sexuelle excitée se contient
Ses essences sont à leur comble
Criant tout le jour sans s’enrouer son Harmonie des souf<les est à son comble
Ainsi connaître l’harmonie des souf<les C’est le Constant
Atteindre au Constant C’est l’Illumination
Si la vitalité déborde C’est le malheur
Quand le coeur active les souf<les C’est la violence
La puissance fait vieillir Cela s’est s’opposer à la Voie S’opposer à la Voie c’est bientôt périr.
DAODEJING 76
L’homme vivant est tendre et souple (rou ruo 柔弱) Mort le voici dur et rigide (jian jiang 堅強)
Les plantes sont tendres et délicates (rou cui 柔脆) Mortes les voici <létries et sèches
Dureté et rigidité sont compagnes de la mort Tendreté souplesse compagnes de la vie
La force des armes ne donne pas la victoire Un bel arbre attire la cognée Puissance et grandeur se tiennent en bas Faible et souple (rou ruo 柔弱) se maintiennent en haut
ZHUANGZI 3 - yang sheng zhu 養⽣生主.
Notre vie a des limites mais connaître n'en a pas. Avec des moyens limités poursuivre ce qui est sans limites est une chose très dangeureuse. Les choses étant ainsi, qui s'applique à connaître se met simplement en grand péril.
Faire bien sans courir après la renommée; faire mal sans encourir de châtiment; faire sa règle de suivre la ligne médiane. Ainsi se protège-­‐t-­‐on soi-­‐même, vit-­‐on pleinement sa vie, entretient-­‐on ses parents et l’on atteint au terme de son âge.
Boucher à la cuisine au service du Prince Wen Hui, Ding dépeçait un boeuf; frappant de la main, pressant de l'épaule, maintenant du pied, poussant du genou, et l’on n’entendait que huo ! xiang ! le bruissement du couteau découpant les chairs en cadence; les accords mêmes de la danse de Sanglin, les harmonies des mesures du Jingshou.
-­‐ Oh ! Ha ! S'exclame le Prince. Excellent ! Quel art ! Ding le boucher, posant son coutelas, répondit : Votre serviteur est un passionné du Tao, très supérieur à tous les arts. Quand je commençai à découper les boeufs,
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Je voyais le boeuf, et rien d'autre. Après Trois années, je ne voyais plus le boeuf comme un bloc. Maintenant, mon approche est spirituelle. Et je ne vois plus avec les yeux; la perception sensible et la connaissance mentale le cèdent à l'impulsion de l'esprit. Partant de l'organisation naturelle, j'attaque par les grandes <issures, et je me glisse à travers les grands creux, j'épouse la réalité comme elle se présente; œuvrant ainsi, jamais je ne tombe sur un tendon, a fortiori un grand os.
Un bon boucher change de couteau tous les ans parce qu'il taille. Les autres bouchers, parce qu'ils brisent, en changent chaque mois. Moi j'ai ce couteau depuis dix-­‐neuf ans; j'ai dépecé des milliers de bœufs,et son tranchant est neuf, comme au sortir de l'af<iloir.
Chaque articulation a un espace vide, le tranchant du couteau est sans épaisseur.
Si l'on insère ce qui n'a pas d'épaisseu là où il y a un vide, le tranchant a toute la place pour se mouvoir à l'aise. C'est ainsi qu'après dix-­‐neuf ans, le tranchant de mon couteauest neuf comme au sortir de l'af<iloir.
Seulement, chaque fois que j'arrive sur un noeud, je considère la dif<iculté. Plein de retenue, je me tiens sur mes gardes, j'y <ixe mon regard, j'y vais comme au ralenti, je meus le couteau avec la plus grande délicatesse, et, d'un coup, ça se désarticule, comme une motte soulevée retombe à terre. Je lève mon couteau, je me redresse, je porte mon regard dans les Quatre directions, je me mets au repos, satisfait. Je nettoie le couteau, je le replace en sa gaine. -­‐ Excellent ! s'exclame le Prince Wen Hui. J'apprends du boucher de cuisine Ding comment entretenir la vie. ZHUANGZI 11 - Trad. de Jean Levi
L'homme affecté d'une grande excitation joyeuse (se) pervertit par le yang. L'homme affecté d'un grande excitation colèrique (se) pervertit pas le yin. Le rapport erratique du yin/yang fait obstacle au fonctionnement parfait des Quatre saisons; froid et chaud, désaccordés, ne trouvent plus leur accomplissement; ce qui se répercute en atteinte sur le corps de l'homme, ce qui provoque la destabilisation par joie et colère, l'inconstance, aussi bien dans le repos que dans l'activité; la pensée et la ré<lexion ne se tenant plus s'arrêtent en chemin sans rien achever de tangible. Alors sous le Ciel se développent l'arrogance des propos et la superbe des attitudes. [...............]
Qui se livre aux plaisirs de la vue se débauche par les couleurs; qui se livre aux plaisirs de l'ouïe se débauche par les sons; qui trop aime la bonté bouleverse sa vertu; qui trop aime la justice guerroye contre la raison; qui se passionne pour les rites pêche par minutie; qui se passionne pour la musique tombe dans la débauche; qui se passionne pour la sainteté développpe les habiletés; qui veut tout savoir cherche la petite bête. Qui se tient paisiblement dans les limites de sa nature et de ses dispositions originelles, à ces huit genres d'activités, il peut se livrer ou pas. Mais quand on sort de sa nature et de ses dispositions propres, elles bouleversent tout ce qui est sous le Ciel.
Une allégresse excessive pervertit et abîme le yang; une colère excessive pervertit et abîme le yin. Yin et yang étant tous deux abimés, les Quatre saisons n’arrivent plus, l’harmonie du froid et de la chaleur ne s’accomplit plus, mais au contraire ils portent atteinte au corps de l’homme. Ce qui fait qu’en l’homme allégresse et colère perdent leur place, que le repos et les activités ne se font plus normalement, que les pensées et projets ne se possèdent plus; à mi-­‐chemin (on s’arrête) sans rien accomplir. C’est ainsi que commencent fourberie et rapacité dans le monde sous le Ciel et qu’on récolte des gens tels que le Brigand Zhe ou Zeng et She.
Yang sheng 養⽣生 -­‐ textes 7
ZHUANGZI 15 - Trad. de Jean Levi
Il y a ceux qui pratiquent la respiration du fœtus; ceux-­‐là expirent le souf<le vieux pour libérer le nouveau. Ils se dandinent comme les ours et étirent le cou comme l’oiseau; seules les intéressent les techniques d’immortalité. Tels sont les gymnosophistes et les hygiénistes, qui s’adonnent à ce type d’exercices dans l’espoir d’ateindre à la longévité des P’eng-­‐tsou. ………
Les calamités naturelles ne l’atteignent pas, les soucis matériels ne le touchent pas; il n’est pas plus en butte à l’opprobe des hommes qu’aux persécutions des morts; sa vie est le colchique d’automne dont les semences germent après l’hiver. Il ne remue pas de pensées , il n’ourdit pas de projets. Il est lumineux sans éclat, il est cru (xin 信) sans engagement. Son sommeil est sans rêve, son réveil sans souci, ses esprits (shen 神) sont purs et incisifs, ses âmes sensitives (hun 魂) ne connaissent pas la lassitude. Vide (xu wu 虛無), serein, il fait corps avec la création (he tian de 合天德) ardente, bouillonnante et radieuse, c’est pourquoi il est dit : «Les mouvements d’humeur sont la corruption de la vertu, les passions les aberrations du Tao, les sentiments les manquements de la raison.» Qui ne connaît ni joie ni tristesse atteint la vertu suprême; qui vit dans l’égalité d’humeur atteint la sérénité suprême. Qui ne heurte personne atteint le vide suprême, qui ne se frotte pas aux choses atteint l’impavidité suprême, qui ne s’oppose à rien atteint la pureté suprême. C’est pourquoi il est dit : «Qui fait travailler son corps sans relâche l’use, qui utilise son esprit sans lui donner de repos le fatigue, la fatigue conduit à l’épuisement. L’eau est naturellement limpide, comme elle est plane quand rien ne l’agite. Mais, stagnante, elle perd sa transpa-­‐rence.» Elle fournit le symbole de la vertu du Ciel. C’est pourquoi il est dit : «Être pur et sans mélange, être impavide et garder son égalité d’humeur, être serein et inactif, et ne bouger que pour adopter le mouve-­‐ment même du Ciel, tel est le véritable art de nourrir son principe vital (yang shen 養神).
ZHUANGZI 19 - Trad de Jean Levi
Celui qui a compris la nature (qing 情 ) de la vie (sheng 生 ) ne se préoccupe pas de ce qui dépasser les possibilités de sa constitution innée; de même, qui a compris la nature de la destinée (ming 命 ) ne s’efforce pas de connaître (zhi 知 ) ce qui excède les limites de l’intelligence. On pense que, pour nourrir son corps (yang xing 養形), il faut au préalable avoir de quoi l’alimenter; mais il peut arriver que l’on dispose d’une pléthore de biens, sans parvenir pourtant à forti<ier l’organisme. Pour qu’il y ait vie (you sheng 有生 ), il faut que le corps ne soit pas négligé; mais il arrive cependant que la vie s’éteigne sans que le corps soit négligé. La vie, personne ne peut empêcher sa venue, personne ne peut interdire son départ. Mais hélas, le commun des hommes s’imagine qu’il suf<it de nourrir son corps pour préserver sa vie (cun sheng 存生), alors que bien sûr il n’en est rien. Car comment les soins auxquels s’applique le vulgaire y suf<iraient ? Pourtant, bien qu’ils soient insuf<isants, ils n’en sont pas moins indispensables, c’est pourquoi on ne peut éviter de les assurer (bu mian 不免). Mais qui veut se dispenser (yu mian 欲免) d’être esclave de son corps (wei xing 為形) doit se retirer du siècle (qi shi 棄世). En abandonnant le monde on se délie de tout lien (wu lei 無累); sans attaches, on se trouve d’humeur égale et réglée (zheng ping 正平). Qui est d’humeur égale et réglée ressuscite à chaque instant (geng sheng 更生) dans le monde qui l’environne. Qui ressuscite à chaque instant atteint presque au Tao. Pourquoi, me direz-­‐vous, les tâches quotidiennes méritent-­‐elles d’être abandonnées et le soin de sa vie délaissé ? Qui abandonne les affaires ne connaîtra pas la fatigue (xing bu lao 形不勞); qui se désintéresse de la vie n’usera pas son esprit (jing bu kui 精不虧). Lorsque le corps préserve son intégrité et que Yang sheng 養⽣生 -­‐ textes 8
l‘esprit a recouvré toutes ses potentialités, alors on fait un avec le Ciel (yu tian wei yi 與天為
一). Le Ciel et la Terre sont les père et mère de toutes les créatures. Leur union (he 合) donne naissance aux êtres (cheng ti 成體), leur séparation (san 散) amorce un nouveau commencement (cheng shi 成始). Celui dont le corps et l’esprit (xing jing 形精) ne connaissent pas la décrépitude (bu kui 不虧), celui-­‐là sait épouser tous les changements; af<inant ses esprits subtils jusqu’à les rendre encore plus subtils (jing er you jing 精而又精), il <init par devenir le ministre du Ciel (xiang tian 相天).
Lie Tseu demanda à Kouan-­‐yin, le Gardien de la Passe :
On dit que l’homme parfait (zhi ren 至人) est capable d’avancer sous les eaux sans se noyer, de marcher sur les braises sans se brûler, de planer au-­‐dessus des dix mille êtres sans trembler. Comment peut-­‐il parvenir à de pareils exploits ?
Cela tient à ce qu’il sait garder son souf<le pur (chun qi 純氣), et absolument pas à sa raison, à son habileté, à son endurance ou à son audace. Reste, je vais t’expliquer. Tout ce qui a forme, couleur, aspet, contour et émet des sons appartient au monde des choses (wu 物). Comment les choses pourraient-­‐elles être très différentes les unes des autres ? Et notamment comment l’une d’elles pourrait-­‐elle receler une quelconque transcendance ? Elles font partie du monde sensible et c’est tout. Créées (zao 造) par le sans-­‐forme (wu xing 不形), elles aboutissent à l’immuable. Celui qui y a accédé pleinement ne saurait être arrêté par la matière. Il se tient dans la norme inaltérable qui lui commande, il réside dans le principe qui n’a pas de commencement, il s’ébat là où toutes choses commencent et <inissent. Il concentre sa nature (yi qi xing 壹其性), nourrit son souf<le (yang qi qi 養其氣), retient sa puissance (he qi de 合其
德). Qui connaît cet art sait conserver intacte (shou quan 守全) sa nature céleste (qi tian 其天) et son esprit (qi shen 其神) est sans faille; comment les choses pourraient-­‐elles l’entamer ?
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-­‐ Le maître disait que le sage nourrit son principe vital comme le berger conduit son troupeau : il fouette les traînards.
-­‐ Qu’est-­‐ce à dire ?
-­‐ Il y avait au Lou, répondit Ouvre-­‐l’esprit, un anachorète du nom de Chan le Léopard qui vivait réfugié dans une grotte à <lanc de falaise, se sustentait d’eau claire et n’avait aucun commerce avec le hommes. À l’âge de soixante-­‐dix ans ils conservait le teint d’un nouveau-­‐né. Malheureusement, il trouva sur son chemin un tigre affamé qui le tua et le dévora. Il y avait aussi un certain Tchang Yi, homme plein de componction et de réserve, qui chaque fois qu’il passait devant une noble demeure pressait le pas en marque de déférence. Arrivé à l’âge de quarante ans, il contracta une <ièvre et mourut. Léopard, obnubilé par l’hygiène interne, subit l’attaque extérieure d’un tigre tandis que Tchang Yi qui accordait tant de soin au maintien extérieur fut miné de l’intérieur par la maladie. Aucun de ces deux hommes ne sut «fouetter les traînards». LÜSHI CHUNQIU I,3
Shui était particulièrement habile. Pourant, aux doigts de Shui, les gens préfèrent les leurs propres. La raison en est leur propre intérêt. Ce qui pousse les gens à préférer leur propre disque de jade ou leur propre petite perle irrégulière au jade des Monts Kunlun ou aux perles du Yangzi Jiang et de la Han. C’est que [leur propre bien sert] leur propre intérêt. Ma propre vie me sert à moi-­‐même et m’est de ce fait du plus grand intérêt. Du point de vue de la valeur, même la dignité de Fils du Ciel ne peut lui être comparée; du point de vue de l’importance, je Yang sheng 養⽣生 -­‐ textes 9
ne l’échangerai pas contre la possession même du monde; du point de vue de la sûreté, si je la perds une fois, je ne la retrouverai jamais plus. Ceux qui suivent la Voie demeurent attentifs à ces trois points.
Mais y prêter attention tout en se conduisant de façon nuisible, c’est ne pas satisfaire aux conditions naturelles de notre destinée. Or, quel est l’intérêt de se montrer attentif si l’on ne remplit pas sa destinée ? Tel Maître [de musique] aime son <ils mais ne l’empêche pas de dormir sur un oreiller de paille; tel sourd prend soin de son jeune enfant mais l’emmène courir dans la grande salle par temps de tonnerre. À cause de leur in<irmité, ils ne savent pas en quoi consiste le fait d’être attentif. Or celui qui ignore ce qu’est l’attention ne fera jamais la différence entre ce qui peut et ne peut pas se faire, entre l’existence et la disparition, et [<inalement] entre la vie et la mort. N’ayant jamais pu faire cette différence, il tient pour vrai ce qui n’a jamais été vrai, et pour faux ce qui n’a jamais été faux. Or, prendre le vrai pour le faux et le faux pour le vrai est la pire des erreurs. L’homme qui se conduit ainsi attirera sur lui des catastrophes naturelles (tian). Conduire ainsi sa vie, c’est s’exposer à l’infortune et à la mort certaines. Gouverner de la sorte un pays, c’est le mener à coup sûr au désastre et à la ruine. Or l’infortune, la mort, le désastre, la ruine ne surviennent pas de leur propre chef, c’est l’erreur qui les appelle. Et de même on fait venir la longévité et la pérennité. Ainsi l’homme qui suit la Voie n’est point tant attentif à ce qui se présente qu’aux causes qui l’ont fait se présenter, car ce qui arrive alors, nul ne peut l’empecher. C’est là une idée dont i faut se pénétrer.
Si un Wuhuo tire de toutes ses forces un buf<le par la queue, la queue se rompra, les forces de l’homme seront à bout et le buf<le n’aura toujorus pas fait un pas. C’est agir à contresens. Mais qu’un enfant de cinq ans le tire par l ‘anneau [nasal], et il mènera le buf<le poù il voidra. C’est aller dans le sens des choses. Les Princes et les nobles d’aujorud’hui, qu’ils soient indigne ou avisés,; veulent tous vivre longtemps et voir s’écouler les années. Mais ils agissent toujours à contesens de leurs intérêts vitaux. À quoi sert leur souhait ? Ce qui permet à la vie de durer, c’est d’aller dans le sens des choses et ce qui l’empêche de suivre le sens de choses, ce sont les désirs. Le Sage doit donc commencer par maîtriser ses désirs.
Si une pièce est trop grande, elle a trop d’ombre, si une terrasse est trop élevée, elle reçoit un excès de soleil. Or, trop de yin abat et trop de yang paralyse, ce sont là les défauts d’une mauvaise répartition du yin et du yang. C’est pourquoi les Anciens Rois ne se tenaient pas dans des salles trop vastes ni ne faisaient édi<ier de trop hautes terrasses. Ils ne cherchaient pas à rassembler les mets les plus exquis, ils ne revêtaient pas les étoffes les plus chaudes et les plus épaisses. [Les vêtements] trop chauds ou trop épais gênent la circulation (li sai 理塞) et si la circulation est empêchée, les souf<le vitaux ne passent plus. Des nourritures trop riches encombrent l’estomac et un estomac encombré cause les pires ennuis. Or les embarras gastriques empêchent eux aussi les souf<les vitaux (qi 氣) de circuler. Comment, dans de telles conditions, vivrait-­‐on longtemps (chang sheng 長生) ?
Les Sages-­‐Souverains d’autrefois faisaient aménager des enclos, des parcs peuplés d’animaux, des jardins et des pièces d’eau d’une taille suf<isante pour plaire à l’œil et se donner de l’exercice, rien de plus. Les palais, salles, terrasses et pavillons qu’ils faisaient construire étaient assez grands pour tempérer les effets de la chaleur et de l’humidité, rien de plus. Ils avaient assez de voitures, de chevaux, de vêtements et de fourrure pour reposer et réchauffer leur corps, rien de plus.. Ils consommaient des nourritures et des boissons légères, propres à <latter le goût et à calmer l’appétit, rien de plus. Quant à la musique et aux spectacles, ils suf<isaient à l’agrément des plaisirs naturels, rien de plus. Voilà les cinq façons dont les Sages-­‐
Rois nourrisaient en eux la nature. Ce n’est pas qu’ils eussent été pingres ou eussent répugné à la dépense, c’est qu’ils étaient de nature mesurée (jie 節). (Trad. I. Kamenarovic, Le Cerf)
Yang sheng 養⽣生 -­‐ textes 10
LÜSHI CHUNQIU III,2
Le Ciel (tian天) génère (sheng 生) le yin et le yang, le froid et le chaud, l'humide et le sec, les transformations (hua 化) des Quatre saisons et les changements (bian 變 ) des Dix mille êtres. Il n'est rien qui n'ai son avantage (li 利) et il n'est rien qui n’ai sa nuisance (hai 害 ). Le Sage observe ce qui convient selon (yi 宜 ) le yin et le yang et il discerne les avantages des Dix mille êtres pour mener sa vie (bian sheng 便生 ). C'est pourquoi son esprit vital (jing shen 精神) reste en paix (an 安 ) dans son propre corps (xing 形) et il vit très longtemps (nian shou de chang 年壽得長). Vivre longtemps (chang 長), ce n'est pas réussir à allonger (xu 續) une existence naturellement brève (duan 短), c'est simplement parvenir au terme de ses jours (ses nombres, qi shu 其數). L'effort de parvenir au terme de ses jours consiste en l'art d'éviter les nuisances (qu hai 去害). Qu'est-­‐ce qu'éviter les nuisances ? Trop (da 大) de doux, trop d'acide, trop d'amer, trop d'âcre, trop de salé : ces cinq (saveurs) en pléthore dans le corps (chong xing 充 形 ) nuisent à la vie même (hai sheng 害生). Trop (da 大) d'allègresse (xi 喜), trop de colère (nu 怒), trop de souci (you 憂), trop de peur (kong kon), trop de tristesse (ai 哀) : ces cinq (sentiments) acceptés par l'esprit vital (jing shen 精神 ) nuisent à la vie. Trop (da 大) de froid, de chaleur, de sécheresse, d'umidité, de vent, de pluie, de brouillard : ces sept mettant l'agitation (dong 動) dans les essences (jing 精 ) nuisent à la vie. Ainsi donc pour nourrir sa vie (yang sheng 養生), rien ne vaut d'en connaître les fondements (zhi ben 知 本 ). C'est en effet une telle connaissance qui permet d'éviter la venue des maladies (ji wu you zhi 疾無由至).
L'accumulation (ji 集) des essences et des souf<le (jing qi 精氣) pénètre nécessairement (bi you ru 必有入). Accumulés pour des ailes (ji yu yu niao 集於羽鳥), et les oiseaux volent et s'élèvent dans les airs; accumulés pour la mobilité (ji yu zou 集於走) et les quadrupèdes marchent et courent; accumulés dans les perles et le jade, c'est l'éclat (de la vitalité, jing 精) et le brillant; accumulés dans les arbres et les végétaux, c'est la luxuriance et la croissance; accumulés dans le sage, c'est la hauteur de vue et la clairvoyance (ming 明). Et en effet, lorsque les essences et les souf<les (jing qi 精氣) arrivent (lai 來), ce qui possède la légèreté (qing 輕) s'élève, ce qui possède la mobilité (zou 走) se met en marche, ce qui possède la beauté resplendit, ce qui possède la faculté de croître (chang 長) se nourrit (yang 養), ce qui possède l'intelligence (zhi 智) comprend (ming 明).
Si l'eau courante (liu shui 流水) ne croupit pas (bu fu 不腐), si l'axe d'une porte n'est pas attaqué par les insectes, c'est en raison de leur mouvement (dong動). Il en va de même pour les souf<les du corps (xing qi 形氣) : si le corps ne bouge pas, les essences (jing 精 ) ne s'écoulent pas (bu liu 不流) et quand les essences ne s'écoulent pas, les souf<les (qi) sont oppressés (yu 鬱 ). Si cette oppression (yu 鬱 ) se loge dans la tête, cela provoque des en<lures (zhong腫) et des vents (feng 風 = céphalées); si elle se loge dans l'oreille, cela provoque des obturations et la surdité; si elle se loge dans l'oeil, elle est cause de chassis et de cécité; si c'est dans le nez, elle cause rhinorrhée et obstruction nasale; dans le ventre, elle entraîne gon<lements (zhang 脹 ) et occlusions (fu 府 ); dans les pieds en<in, elle sera l'occasion de paralysies (wei 痿) et de claudication (jue 蹶 ).
Là où l'eau est trop légère, il y a beaucoup de chauves et de goitreux; là où l'eau est trop lourde, beaucoup de gens ont les pieds gon<lés et marchent dif<icilement; là où l'eau est très douce, il y a beaucoup de gens beaux et sains; là où l'eau est trop âcre, beaucoup ont des anthrax et des furoncles; là où l'eau est trop amère, il y a beaucoup de gens tors et bossus.
Yang sheng 養⽣生 -­‐ textes 11
Il ne faut pas manger de mets trop riches ou trop épais et il faut éviter les saveurs trop fortes et les vins trop capiteux, car ce sont là des facteurs de maladies (ji shou 疾首). Manger ce qu'il faut au bon moment (shi neng yi shi 食能以時) permet d'éviter les maux du corps. La voie à suivre en matière de nutrition (shi zhi dao 食之道 ) consiste à ne manger ni trop (bao 飽) ni trop peu (ji 飢). Voilà comment garder les cinq viscères (wu zang 五藏) en bon état. En donnant à la bouche des saveurs douces, en harmonisant les essences (he jing 和精) et en observant un comportement équilibré, on prend pour guide son souf<le spirituel (jiang zhi yi shen qi 將之以神氣). Les cent articulations (bai jie 百節) sont alors apaisées et satisfaites et chacune reçoit le souf<le qui lui convient. Il faut aussi boire à petites gorgées, de façon équilibrée et appropriée, pour éviter de s'étouffer.
On multiplie aujourd'hui les divinations par la tortue et l'achillée ainsi que les prières et les offrandes. Fièvres et maladies (ji bing 疾 病 ) n'en sont que plus nombreuses. Comme si, dans un concours de tir à l'arc, on se préoccupait davantage d'inscrire les résultats que d'atteindre la cible. Quel intérêt cela aurait-­‐il pour viser juste ? Si l'on veut empêcher la soupe de bouillir en y ajoutant de l'eau chaude, elle ne fera que bouillir davantage. Ce qu'il faut faire, c'est l'éloigner du feu. C'est pourquoi, les sorciers (wu 巫), médecins (yi 醫), potions toxiques (du 毒) et médicaments (yao 藥) destinés à traiter (sui 遂), éviter (chu 除) ou soigner (zhi 治 ) les maladies, les Anciens en faisaient peu de cas, car ce n'est là qu'agir sur l'accessoire (mo 末).
LIJI - yueling
(Au premier mois du printemps) Le <ils du ciel demeure : dans le bâtiment latéral situé à gauche (au nord) du Qingyang. Sa voiture munie de sonnettes est traînée par les chevaux appelés dragons azurés et porte l'étendard azuré ornéde dragons. Ses vêtements sont verts (ou bleu d'azur) ; des pierres de prix de couleur verte ou azurée (pendent à son bonnet et à sa ceinture). Il mange du blé et de la viande de mouton. Les ustensiles dont il se sert sont travaillés au ciseau et ornés de reliefs (qui représentent les jeunes pousses sortantde terre).
TIANXIA ZHIDAO TAN
Le souf<le a Huit accroissements (ba yi 八益) et aussi Sept diminutions (qi sun 七損). SI vous êtes incapable d’utiliser les Huit accroissements et de chasser les Sept diminutions, quand vous atteindrez les 40 ans, le souf<le du yin (yin qi 陰氣) sera réduit de moitié; à 50 ans, votre mobilité et vos activités déclineront (shuai 衰); à 60 ans, votre audition et votre ouïe (er mu 耳
目) ne seront plus claires et <ines (cong ming 聰明); à 70 ans la partie basse (de votre corps) se <létrira (ku 枯) alors que la partie haute s’épuisera (tuo 脫) , le souf<le du yin est hors d’usage, mucus et larmes coulent et sortent. IL y a un moyen de procéder (dao 道) pour restaurer la vigueur (fu zhuang 復壯) : chassez les Sept diminutions pour repousser leurs maladies et utiliser les Huit accroissements pour assister (soutenir, er 貳) leurs souf<les. C’est ainsi que même celui qui est dans sa vieillesse (lao 老) aura un retour de sa vigueur (zhuang 壯) et celui qui est dans la vigueur de son âge ne connaîtra pas de déclin.
L’homme accompli se tient dans la paix et le contentement (an le 安樂); il boit et mange selon son plaisir; sa peau est délicate et ses linéaments sont bien serrés, souf<le et sang (xue qi 血氣) surabondent (chong ying 充贏), son corps est léger et fonctionne parfaitement (qing li 輕利).
Mais s’il est trop prompt à pratiquer les relations sexuelles, il est incapable de procéder Yang sheng 養⽣生 -­‐ textes 12
correctement (dao 道), ce qui génère des maladies, fait sortir la sueur, rend la respiration pantelante; il y a malaise et échauffement à l’intérieur et le désordre se met dans les souf<les (qi luan 氣亂). Si l’on n’y remédie pas (zhi 治), cela génère une chaleur interne (nei re 內熱). Il va alors prendre des potions et avoir recours à la moxibustion pour développer ses souf<les (zhi qi qi 致其氣); il absorbera des aliments choisis pour renforcer son extérieur.
S’il se force à avoir des relations sexuelles, il ne pourra pas procéder correctement (dao 道), ce qui génère des éruptions et un gon<lement du scrotum. Souf<le et sang sont bien abondants, mais les Neuf ori<ices (jiu qiao 九竅) ne procèdent pas correctement (dao 道), haut et bas (du corps) sont hors d’usage, ce qui génère des abcès.
C’est pourquoi exceller à user des huit accroissement et à chasser les Sept diminutions permet d’éviter les Cinq maladies.
YINSHU
Durant l’été, laver ses cheveux (mu 沐) fréquemment et se baigner (yu 浴) moins souvent; manger beaucoup de légumes; se lever tôt; après avoir rejeter l’eau (uriné ?) utiliser de l’eau pour se laver et se rincer la bouche; se curer les dents; laisser ses cheveux dénoués; marcher à larges pas dans la cour ; puis après un moment (ou bien décontracté) boire un verre d’eau. On entre dans la chambre (on a des relations sexuelles) de la tombée de la nuit au milieu de la nuit, mais après on s’arrête; si l’on en fait plus, on blesse le souf<le (shang qi 傷氣).
Durant l’automne, on se baigne et lave les cheveux fréquemment; tantôt on mange et boit très peu et tantôt à satiété, selon ce que le corps désire (les besoins du corps, ce que le corps ressent comme besoin naturel). On entre dans la chambre (on a des relations sexuelles) quand le corps est bien en forme et satisfait (li an 利安). Cela est la voie de la bonne forme (li 利). ……
L’homme noble contracte ses maladies par le manque d’harmonie dans l’allégresse et la colère. En cas d’allégresse, le souf<le yang est en excès et en cas de colère, le souf<le yin est en excès. C’est pourquoi les adeptes de la Voie, quand ils sont dans l’allégresse se pressent d’expirer (un souf<le chaud, xu 呴) et quand ils sont en colère se hâtent de souf<ler légèrement (un souf<le humide, chui 吹) pour les harmoniser. Ils aspirent (ji 吸) les souf<le vitaux (jing qi 精
氣) du Ciel Terre pour renforcer (remplir, shi 實) leur yin. Ils peuvent ainsi éviter les maladies.
L’homme de peu contracte ses maladies par l’épuisement (lao juan 勞倦), la faim et la soif (ji ke 饑渴), parce qu’ils entrent dans l’eau alors que la sueur blanche est profuse (ou a exténué, jue 絕) et se couchent dans un endroit froid; ils ignorent comment bien se couvrir (de vêtements). Voilà pourquoi ils contractent des maladies. Ils ne savent pas comment expirer un souf<le chaud ou émettre doucement un souf<le humide de façon à les éliminer (les éviter ou les chasser). C’est pourquoi ils ont beaucoup de maladies et (en) meurent facilement.
HUAINANZI 1 - trad. Claude LARRE
En l'homme la colère violente (da nu 大怒) fait éclater le Yin; Une joie trop vive (da xi 大喜) fait s'effondrer le Yang; Exténués, les souf<les déclenchent la mutité; Effroi et terreur provoquent la folie (kuang 狂); Accablement et tristesse amassent les rancoeurs. Et pour <inir, combien de maladies ! Attraits et aversions s'emmêlent à qui mieux mieux Et c'est l'enchaînement de malheurs sans <in.
Le coeur exempt d'accablement et de joie connaît la perfection de la Vertu (de 德); Libre et inaltérable, il connaît la perfection de la sérénité (jing 靜); Débarrassé des convoitises et des Yang sheng 養⽣生 -­‐ textes 13
désirs, il connaît la perfection du Vide (xu 虛); Sans attirances et sans aversions, il connaît la paix absolue; Ne se dissipant pas dans les choses, il connaît la Pureté parfaite. Voilà Cinq choses qui donnent à qui en est capable la libre communication avec les intelligences spirituelles (shen ming 神明).
Or la communication avec les intelligences spirituelles donne accès à l'intériorité propre (nei
內); à partir de quoi, le domaine extérieur étant régi (zhi 制) par le centre (zhong中), Les cent affaires prospèrent.
Qui a pu parvenir au centre a le moyen de conduire le domaine extérieur (wai外), Et, parce que le centre (zhong 中) a été obtenu, Les Cinq viscères (wu zang 五藏) sont paisibles, Pensée et ré<lexion (si lü 思慮) sont en repos, La force musculaire (jin 筋) développe sa puissance, Oreilles et yeux perçoivent avec <inesse et acuité (cong ming 聰明), On devient pénétrant et savant, sans aucune confusion. On est ferme et solide (jian qiang 堅強), invulnérable. On ne commet véritablement pas de faute et tout se trouve à portée. [……]
On n'a pas réjoui (le 樂) l'extérieur (wai 外) à partir de l'interne (nei 內), on a cru réjouir l'interne par l'extérieur. La musique (yue 樂) éclate et vous voilà tout joyeux ! Le chant s'achève et vous voilà tout attristé ! Dépression et exaltation (bei xi 悲喜) font une ronde, en naissant l'une de l'autre. L'Esprit vital (jing shen 精神), agité (luan 亂), se trouble; on ne connaît plus un instant de repos.
Cherchons pourquoi ce manque d'animation, ce dommage, à longueur de jours, in<ligé à sa vie ? C'est qu'on a perdu la possession de soi-­‐même. C'est que l'interne ne reçoit plus du centre, et tire sa subsistance de l'extérieur, pour se parer d'une belle apparence. Il ne baigne plus les couches de la peau, ne <iltre plus jusqu'aux os et à la moelle, ne s'attarde plus au coeur et au vouloir (xin zhi心志), ne séjourne plus aux Cinq viscères. Ainsi ce qui vient de l'extérieur échappe au centre et n'y reste donc pas. Ce qui sort du centre est sans répondant à l'externe et ne circule pas. HUAINAN ZI 7 - trad. Claude LARRE
Les Cinq couleurs troublent l'œil et obscurcissent son discernement;
Les Cinq notes assourdissent l'oreille et l'empêchent d'entendre distinctement;
Les Cinq saveurs gâtent la bouche et altèrent le goût;
Emballements et dégoûts pervertissent le cœur et rendent la conduite licencieuse.
Voilà quatre manières d'entretenir sa vie, mais selon le monde;
En fait, c'est cela précisément qui entrave l'homme.
Ne dit-­‐on pas : Convoitises et désirs emportent les souf<les,
Tandis qu'attraits et aversions fatiguent son cœur;
Avec pour résultat, si on ne les chasse pas impitoyablement,
Que le vouloir et les souf<les sont progressivement réduits à rien.
Certains n'atteignent pas la Longévité inscrite dans leur destinée
Et meurent prématurément au milieu de leur course, frappés de male mort. Pourquoi ? Parce qu'ils sont menés par l'appétit de vivre.
Seuls ceux qui ne vivent pas pour vivre obtiennent la Longue Vie.
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Yang sheng 養⽣生 -­‐ textes 14
Voilà pourquoi le Saint se plie aux circonstances (yin shi 因時) et jouit paisiblement de sa position,
Prend le siècle comme il est, content de son activité.
Tristesse et joie sont des perversions (xie 邪) de la Vertu,
Allégresse et colère sont des excès (guo 過) contraire au Tao,
Attraits et aversions sont une violence (bao 暴) faite au cœur.
Tandis que l'adage déclare :
Sa naissance est une oeuvre du Ciel (tian xing 天行), sa mort, la transformation d'un être (wu hua 物化);
Quiescent, il se ferme avec le yin, actif, il s'ouvre avec le yang;
Ses esprits vitaux (jing shen 精神) sont in<iniment calmes.
Il ne se laisse pas dissiper par les êtres, et tout ce qui vit sous le Ciel se soumet à lui.
Or le cœur (xin 心) est le souverain du corps (xing zhi zhu 形之主) et l'esprit (shen 神), le joyau du cœur (xin zhi bao 心之寶) :
Le corps qui peine sans s'arrêter (xing lao er bu xiu 形勞而不休), s'effondre; L'essence (jing 精) qui se dépense sans trêve s'épuise (jie 竭).
Le Saint en connaît le prix et les respecte profondément : Il prend soin de ne jamais passer les bornes.
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Quant aux prétendus ébats des Hommes authentiques :
Respirations normales, respirations profondes, rejet des souf<les viciés, inhalation de souf<les frais,
Balancement à la manière des ours, extensions à la manière des oiseaux,
Ablutions à la manioère des canards sauvages, marche <léchie à la manière des gibbons,
Oeil <ixe à la manière des chouettes, regard soutenu à la manière des tigres,
C'est la pratique de ceux qui ne s'occupent que du corps. Il n'y a pas à s'en émouvoir.
Mais que les Esprits, soumis à une agitation violente et désordonnée,
Puissent ne rien perdre de leur plénitude et demeurer indemnes
Dans l'alternance du jour et de la nuit , étant un Printemps pour les êtres du monde.
Alors cela, oui, c'est l'Harmonie
Celle qui, par l'union, produit les différentes Saisons à l'intérieur du coeur.
L'homme peut être atteint dans son corps sans que son coeur soit éprouvé;
Il passe d'une habitation à une autre sans que ses essences soient diminuées.
Tandis qu'un lépreux se déplace d'une manière normale,
Un homme dont le corps est sain mais dont l'esprit ne l'est pas,
Quand ses Esprits se mettent à extravaguer, Qui peut savoir ce qu'il pourra bien entreprendre ? Le corps est sujet à l'usure (xing you mo 形有摩), Yang sheng 養⽣生 -­‐ textes 15
mais les Esprits échappent aux transformations (shen wei chang hua 神未嘗化);
Parce que l'Esprit échappe aux transformations, ainsi peut-­‐il y correspondre (ying 應).
Mille changements et Dix mille détours n'en verront pas la <in.
Ce qui est transformé retourne (fu gui 復歸) au Sans forme (wu xing 無形); ce qui n'est pas transformé vit (sheng 生) avec le Ciel-­‐Terre.
L'arbre meurt quand ce qui le fait verdoyer l'a quitté.
Comment croire alors que ce qui a produit l'arbre c'est l'arbre lui-­‐même ?
De même ce qui emplit le corps (chong xing 充形) n'est pas, lui-­‐même, corporel (fei xing 非形).
Ainsi donc, ce qui fait vivre (sheng sheng 生生) ne mourra jamais, C'est ce qu'il aura produit (suo sheng 所生) qui mourra.
Celui qui transforme les êtres ne sera jamais transformé,
C'est ce qu'il aura transformé qui sera de nouveau transformé.
Méprisons le monde, notre Esprit sera libéré.
Faisons peu de cas des êtres, notre cœur ne sera pas égaré.
Regardons d'un même œil la mort et la vie, notre vouloir ne sera pas ébranlé.
Voyons le Même (tong 同) sous les changements et les transformations (bian hua 變化) et notre Clarté (ming 明) ne sera pas ternie (xuan 眩).
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Le Saint mange assez pour maintenir ses souf<les (jie qi 接氣), S'habille pour couvrir son corps (gai xing 蓋形),
Gouverne au plus près ses émotions (qing 情) et s'interdit tout débordement (excès, yu 餘).
Ne demande pas toujours plus.
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Vous offrez à un homme tout le grenier d'Ao; vous lui donnez toute l'eau du Fleuve;
Il apaisera sa faim, étanchera sa soif;
N'entrera dans son ventre que la valeur d'une corbeille et d'une gourde.
Son corps aura son content (shen bao 身飽) et le grenier d'Ao ne baissera pas,
Son ventre sera rempli sans que s'assèche le Fleuve.
La possession n'ajoute rien ni à la satiété, et le fait de ne pas posséder, rien à la faim. HUAINANZI 14 - trad. Pléiade
D’une manière générale, il faut, pour prendre soin de soi-­‐même et nourrir sa nature profonde, adopter un rythme de veille et de sommeil régulier, manger et boire sans excès, tempérer ses joies et ses colères, être en activité ou au repos avec opportunité, si bien que, ces choses étant acquises, les souf<les pervers ne puissent plus s’y immiscer. Comment pourrait-­‐on préférer vivre dans la crainte continuelle d’attraper des vers intestinaux ou de contracter des furoncles, même en prenant des précautions ? Yang sheng 養⽣生 -­‐ textes 16
YUNJIQIQIAN 57
Les souf<les sont la mère et les esprits sont l'enfant; s'il y a du souf<le il y a des liquides essentiels. Le souf<le est sans forme ni substance, il suit les liquides essentiels pour monter et descendre; mais si l'on établit d'abord la forme, alors c'est selon la forme qu'on se tient; si les souf<le sont la mère et que les enfants ne quittent pas la mère, alors c'est en fonction de la mère qu'on se tient; les esprits et les souf<les se tiennent dans la forme; c'est pourquoi on a la longue vie et la durable vision. C'est pourquoi pour cultiver la vie de l'homme, il faut toujours réunir les esprits et les souf<les, que la mère et le <ils se gardent l'un l'autre, dans le naturel la femelle mystérieuse/originelle respire sans sortie et sans entrée.
Zhaung zi dit : l'homme authentique respire par les talons, pour dire la profondeur de sa respiration.
Laozi dit : racine profonde et tige solide c'est cela le retour à sa destinée.
Cela indique bien que Mingmen et le souf<le originel sont fondement et source.
Se nourrir du souf<le originel dans la mer des souf<les. La mer des souf<les c'est le début qui fait recevoir les souf<les, le commencement qui transmet la forme; elle se situe à 3 pouces sous l'ombilic. ... Quand l'homme désire la longévité, il doit cultiver sa racine; quand l'arbre désire croître et propsérer, il se fonde sur ses racines. ... La mer des souf<les est en lien avec les Reins, dépend de ren gui et de l'Eau; l'Eau retourne à la mer; c'est pourquoi on dit : mer des souf<les. Les souf<les, c'est l'Eau qui est leur mère; l'eau est yin, le yin ne peut pas seul générer et accomplir, il lui faut nécessairement s'accoupler au yang. Le Cœur dépend du Sud, bing ding et le Feu, c'est le maître du yang <lorisant...
Yang sheng 養⽣生 -­‐ textes 17
SUWEN 1
Les hommes de la Haute antiquité, passaient cent printemps et automnes, sans déclin de leur activité (dong zuo bu shuai 動作不衰). Mais les hommes aujourd'hui, à mi-­‐chemin de cent années, ont tous un déclin de leur activité. Les circonstances auraient-­‐elles changées ? Ou ne serait-­‐ce pas de la faute des hommes ? Qi Bo répondit :Les hommes de la Haute antiquité étaient des observants de la Voie (zhi dao 知
道); ils se réglaient sur le yin/yang et atteignaient l'harmonie par les pratiques et les nombres (shu shu 術數). Ils buvaient et mangeaient avec mesure (jie 節), ils travaillaient et se reposaient avec régularité, ils ne s'exténuaient pas en activités inconsidérées (wang 妄). Pouvant ainsi maintenir l'union du corps (xing 形) et de l’esprit (shen 神), ils allaient au bout de l'âge naturel (tian nian 天年) et, centenaires, s'en allaient (qu 去). Pour les hommes d'aujourd'hui, rien de tel ! De l'alcool, ils font leur potage, de l'inconduite (wang 妄), leur ordinaire; ils entrent, en pleine ivresse, dans la chambre à coucher, ils laissent les passions (yu 欲) assécher leur vitalité (essences, jing 精) et la dissipation dilapider leur authentique (zhen 真); incapables de maintenir leur plénitude ils conduisent leurs esprits à contre-­‐temps; par l'affairement ils excitent leur coeur, allant à l'encontre de la joie de vivre (shen le 生樂); sans modération (jie 節), ils s'activent ou se reposent. Ainsi, à mi-­‐chemin des cent ans, ils déclinent (shuai 衰). Ce qu'enseignaient les saints de la Haute antiquité à leurs sujets revenait à ceci :Evitez le vide qui appelle les pervers (xu xie 虛邪), et les vents voleurs (zei feng 賊風), en tenant compte de la saison (shi 時). Dans le calme tranquille (tian dan 恬惔), le vide et la vacance (xu wu 虛無), les souf<les authentiques (zhen qi 真氣) procèdent heureusement. L'esprit vital (jing shen 精
神) gardé à l'interne, les maladies, comment surviendraient-­‐elles ? De là, un vouloir contenu, qui diminue les désirs, un cœur calme, qui libère de la crainte, un travail physique, qui n'épuise pas; les souf<les suivant le cours naturel (qi cong 氣從), chacun pouvait suivre son désir, dans un contentement général. Alors, on trouvait bon ce que l'on mange, on se satisfaisait de son habit, on se contentait de ce qu'on a, nulle jalousie en haut ou en bas. Un tel peuple était vraiment "Simple (pu 朴)".
Ils n'étaient pas sujets aux convoitises et désirs qui fatiguent l'oeil, non plus qu'aux déborde-­‐
ments et perversités qui égarent le coeur; les ignorants comme les savants, les gens de talent comme les gens de peu n'avaient rien à craindre de rien; ils ne faisaient qu'un avec la Voie.
Voilà comment ils atteignaient cent ans sans que leur activité ne décline, grâce à une vertu intacte (de quan 德全), à l'abri de tout danger. ..........................................................
Je sais par la tradition que dans la Haute antiquité vivaient les hommes authentiques (zhen ren 真人) : ils s'étaient saisi du Ciel et de la Terre, ils tenaient en leurs mains le yin et le yang, ils expiraient et aspiraient les essences et les souf<les (jing qi 精氣); établis en eux-­‐mêmes par la garde des esprits (shou shen 守神), dans leurs chairs ils réalisaient l'unité. Ainsi atteignirent-­‐
ils la longévité (shou 壽) même du Ciel/Terre, sans connaître d'autre terme. Eux, vivaient de la Voie. Au temps de la moyenne antiquité, vivaient les hommes absolus (zhi ren 至人) : Candides dans leur vertu, parfaits dans leur Voie, ils composaient harmonieusement le yin et le yang et se régulaient en fonction des Quatre saisons. Ayant renoncé au monde et abandonné la vie du commun, ils amassaient les essences (vitalité, jing 精) pour l'intégrité de l’esprit (quan shen 全
神), ils vaguaient librement entre Ciel et Terre, percevant par le regard et par l'ouïe ce qui est au-­‐delà des Huit con<ins du monde. Eux, accrûrent et intensi<ièrent leur longévité naturelle (shou ming 壽命) jusqu'à gagner l'état des hommes authentiques. Yang sheng 養⽣生 -­‐ textes 18
Puis, il y eut les saints (sheng ren 聖人) : Ils disposaient de tout selon l'animation harmonisée du Ciel/Terre et se conformaient à l'ordre naturel (li 理) exprimé par les Huit vents. Ils rencontraient les convoitises et passions qui agitent le monde, sans eux-­‐mêmes éprouver irritation ou ressentiment; leur conduite étaient libre de tout désir et détachée du monde; leurs manières suivaient la coutume, et c'est sans éprouver aucun désir qu'ils considéraient le monde. À l'extérieur, ils n'accablaient pas d'affaires leur corps, à l'intérieur, ils ne s'af<ligeaient pas de soucis; le contentement serein était ce qu'ils recherchaient; ils s'occupaient à la pleine possession d'eux-­‐mêmes. Maintenant leur organisme en parfait état et évitant la dissipation de l’esprit vital (jing shen 精神), ils arrivaient à devenir centenaires. En<in viennent les savants (xian ren 賢人) : ils édictent les lois du Ciel Terre, ils <igurent le soleil et la lune, ils distinguent et rangent planètes et constellations, ils suivent les courants alternés (ni cong 逆從) du yin/yang, ils séparent et différencient les Quatre saisons, ils retracent ce qui, depuis la Haute antiquité, unit à la Voie. Ils arrivent ainsi à porter leur longévité (shou 壽) au maximum et aller au bout de leur temps (ji shi 極時). SUWEN 2
Les Trois mois du printemps sont appelés jaillir et déployer; Ciel et Terre ensemble produisent la vie, les Dix mille êtres en resplendissent. A la nuit on se couche, à l'aube on se lève; on arpente la cour à grandes enjambées, Cheveux dénoués, le corps à l'aise. On exerce son vouloir pour la poussée de la vie : faire vivre et ne pas tuer, donner, ne pas ôter, récompenser, ne pas punir. Ainsi se conforme-­‐t-­‐on aux souf<les du printemps, la voie pour l'entretien de la poussée de la vie. Aller à contre-­‐courant porterait atteinte au foie, causant, à l'été, des altérations dues au froid, Par insuf<isance de l'apport à la croissance.
Les Trois mois de l'été sont appelés proliférer et développer la <leur; les souf<les du Ciel et de la Terre s'entrecroisent, les Dix mille êtres <leurissent et fructi<ient. A la nuit on se couche, à l'aube on se lève, se gardant de trop longues expositions au soleil. On exerce le vouloir, mais sans violence : secondant l'éclat de la beauté et de la force, Qui accomplissent alors leur promesses; secondant l'évacuation des souf<les qui aiment alors aller s'extérioriser. Ainsi se conforme-­‐t-­‐on aux souf<les de l'été, la voie pour l'entretien de la croissance de la vie. Aller à contre-­‐courant porterait atteinte au cœur, causant, à l'automne, des <ièvres intermittentes, Par insuf<isance de l'apport à la récolte; au cœur de l'hiver, la maladie s'aggravera.
Les Trois mois de l'automne sont appelés surabonder et équilibrer; les souf<les du Ciel se pressent, les souf<les de la Terre montrent leur muni<icence. On se couche tôt, on se lève tôt, on a les mouvements du coq. On exerce le vouloir dans la paix et la tranquillité, Pour adoucir l'effet repressif de l'automne, récoltant les Esprits et amassant les souf<les, secondant le riche équilibre des souf<les de l'automne, sans laisser le vouloir se répandre au dehors, secondant la pureté propre aux souf<les du poumon. Ainsi se conforme-­‐t-­‐on aux souf<les de l'Automne, la voie pour l'entretien de la récolte de la vie. Aller à contre-­‐courant porterait atteinte au poumon, causant, à l'hiver, des diarrhées lientériques, Par insuf<isance de l'apport à la thésaurisation.
Les Trois mois de l'hiver sont appelés fermer et thésauriser; l'eau gèle, la terre se fendille, nulle excitation ne vient plus du yang. On se couche tôt, on se lève tard, on s'en remet pour tout à la lumière du soleil. On exerce le vouloir comme enfoui, comme caché, comme tourné seulement vers soi, comme occupé à se posséder. On fuit le froid, on recherche la chaleur, ne laissant rien s'échapper par les couches de la peau, de peur d'être dangereusement démuni de ses souf<les. Ainsi se conforme-­‐t-­‐on aux souf<les de l'hiver, la voie pour l'entretien de la thésaurisation de la vie. Aller à contre-­‐courant porterait atteinte aux reins, causant, au printemps, des impotences et <léchissements, par insuf<isance de l'apport à la poussée de la vie. ………
Yang sheng 養⽣生 -­‐ textes 19
Le yin/yang qui s'exprime en Quatre saisons est, pour les Dix mille êtres, tronc et racines. Pour cette raison, les Saints avec le printemps et l'été entretiennent le yang, avec l'automne et l'hiver, entretiennent le yin. Par la <idèlité à cet enracinement, on accompagne les Dix mille êtres, dans l'immersion et l'émersion, à la porte de la génération et de la croissance. Aller à l'encontre de cet enracinement, serait saper sa base, détruire son authentique.
Les Quatre saisons qui déploient le yin/yang sont <in et commencement des Dix mille êtres, tronc où s'enracinent la mort et la vie. Qui va à leur encontre, provoque la catastrophe qui détruit sa vie. Qui les suit <idèlement, prévient tout mal. C'est ce qui s'appelle posséder la Voie.
La Voie, les Saints la pratiquent, les sots l'admirent. Qui suit le yin/yang vivra; qui va à l'encontre périra. Qui le suit maintient le bon ordre; qui va à l'encontre amène le désordre. S'opposer au courant naturel suscite des contre-­‐courants que l'on appelle : obstruction interne. En raison de quoi les Saints n'attendent pas que le mal soit déclaré pour le traiter, mais s'en occupent avant qu'il ne se déclare; ils n'attendent pas que le désordre se soit mis dans les affaires, mais s'en occupent avant qu'il ne soit installé. C'est ce qu'on a voulu dire.
Attendre que le mal soit déclaré pour y remédier, que le désordre soit installé pour s'en occuper, c'est attendre d'avoir soif pour creuser un puits, attendre le combat pour forger ses armes. N'est-­‐ce pas bien tard ?
SUWEN 3
Les Saints, eux, procèdent selon le yin/yang musculaires et mai composent au sein d'un même souf<le, os et moelle s'affermissent et se renforcent, souf<les et sang vont l'un suivant l'autre d'un mouvement concerté. De cette conduite résulte l'harmonieux équilibre de l'interne avec l'extérieur, et les pervers ne peuvent occasionner aucun mal, l'ouïe est <ine et la vue perçante, les souf<les s'établissent tels qu'en eux-­‐mêmes. SUWEN 5
Qi Bo : Qui a atteint la connaissance des Sept diminutions et Huit accroissements (qi sun ba yi 七損八益) est capable de régulariser (yin et yang) l'un et l'autre.
Mais qui s'y emploierait sans avoir cette connaissance n'arriverait qu'à un déclin prématuré.
À 40 ans, les souf<les yin (yin qi 陰氣) se réduisent de moitié, l'activité décline (shuai 衰);
À 50 ans, le corps est lourd (ti zhong 體重), oreilles et yeux n'ont plus ni <inesse, ni acuité (cong ming 聰明);
À 60 ans, le yin est impuissant (yin wei 陰痿), les souf<les connaissent un très grand déclin (da shuai 大衰), les Neuf ori<ices ont perdu l'aisance de leur fonctionnement, il y a vide en bas et plénitude en haut : Morves et larmes sortent.
Ainsi dit-­‐on : À ceux qui savent, le maintien de leur force (qiang 強); à ceux qui ne savent pas, le vieillissement (lao 老).
Ainsi, "Issus de la même origine (tong chu 同出), on leur donnera pourtant des noms différents".
Là où ceux qui ont la connaissance voient le semblable (tong 同), les ignorants voient les différences. Aux ignorants, il manque toujours quelque chose (bu zu 不足), et ceux qui ont la connaissance ont en abondance (you yu 有餘). Abondance qui se traduit en <inesse et acuité (cong ming 聰明) des oreilles et des yeux, dans un corps alerte et robuste; même âgés (lao 老), ils connaissent un retour de leur vigueur (zhuang 壯); vigueur qui les fait se comporter (zhi 治) d'autant mieux.
Yang sheng 養⽣生 -­‐ textes 20
Pour cette raison, les Saints pratiquaient l'agir de non agir (wei wu wei zhi shi 為無為之事), se complaisaient dans leur capacité à être sereins et sans passions, suivaient leur désir et jouissaient de leur vouloir, se gardant dans la vacance du vide (xu wu 虛無). Sans <in, leur longévité accomplissait leur destin (shou ming 壽命), sans autre terme que le terme du Ciel/
Terre. Voilà comment les Saints conduisaient leur existence (zhi shen 治身). [......]
Ainsi, le Ciel par les essences (jing 精) et la Terre par les formes (xing 形), le Ciel par les Huit régulateurs (ba ji 八紀) et la Terre par les Cinq organisateurs (wu li 五里), peuvent se comporter en père et mère des Dix mille êtres. Le yang clair s'élèvant au Ciel et le yin trouble retournant à la Terre, le Ciel/Terre connaît les effets du mouvement et du repos et l’intelligencespirituelle (shen ming 神明) en compose le <ilet avec sa corde maîtresse et ses mailles (toutes les lois, jing ji 綱紀). Ainsi, par naissance, croissance, récolte, ensevelissement, tout parvient à son terme et recommence.
Seuls les savants, en haut, se font compagnons du Ciel pour entretenir la vie de la tête;
en bas, se font à l'image de la Terre pour entretenir la vie des pieds; comme, dans le milieu, ils s'associent aux affaires humaines pour entretenir la vie des Cinq zang.
SUWEN 39
L'Empereur demanda : Je voudrais savoir par quels souf<les sont produits les Cent maladies.
Quand il y a colère, les souf<les montent.
Quand il y a allégresse, les souf<les se relâchent.
Quand il y a tristesse, les souf<les disparaissent.
Quand il y a peur, les souf<les descendent.
Quand il y a froid, les souf<les sont ramassés.
Quand il y a chaleur, les souf<les s'écoulent à l'extérieur (se dispersent, 泄).
Quand il y a tressaut d'effroi, les souf<les se mettent en désordre.
Quand il y a fatigue, les souf<les sont détèriorés.
Quand il y a pensée obsédante, les souf<les se nouent.
Ces Neuf souf<les sont différents. Comment les maladies sont-­‐elles produites ?
Qi Bo répondit :
Quand il y a colère, les souf<les se mettent en contre-­‐courant. Si c'est intense, il y a des vomissements de sang et même des diarrhées d'aliments non digérés. C'est ainsi que les souf<les montent.
Quand il y a allégresse, les souf<les sont bien harmonisés et le vouloir se déploie bien partout, reconstruction et défense sont en libre communication et fonctionnent bien. C'est ainsi que les souf<les sont relâchés.
Quand il y a tristesse, le système du coeur est serré, le poumon se dilate et ses feuilles se lèvent; le réchauffeur supérieur n'assure plus ses libres communications; reconstruction et défense ne se diffusent pas; les souf<les chauds sont au centre. C'est ainsi que les souf<les disparaissent.
Quand il y a peur, les essences se replient; se repliant, alors le réchauffeur supérieur se ferme; se fermant, alors les souf<les s'en retournent; s'en retournant, alors le réchauffeur supérieur est gon<lé. C'est ainsi que les souf<les ne circulent pas. Yang sheng 養⽣生 -­‐ textes 21
Quand il y a froid, les couli se ferment, les souf<les ne circulent plus et c’est ainsi que les souf<les sont ramassés.
Quand il y a chaleur, les couli s’ouvrent, nutrition et défense circulent aisément, la sueur s’écoule profusément; c’est ainsi que les souf<les s’écoulent à l’extérieur (泄). [....]
Quand il y a pensée obsédante (soucis), le coeur a où demeurer (toujours), les Esprits ont où se reporter (sans cesse); les souf<les corrects restent sur place et ne circulent pas. C'est ainsi que les souf<les sont noués."
LINGSHU 8
Ainsi donc, le savoir-­‐faire c’est l’entretien de la vie (yang sheng 養生).
Ne pas manquer d’observer les quatre saisons et de s’adapter au froid et au chaud,
D’harmoniser allégresse et colère et d’être tranquille au repos comme dans les actions,
De régler le yin/yang et d’équilibrer le dur et le mou.
De cette façon, ayant écarté la venue des pervers
Ce sera la longue vie et la durable vision (jiu shi久視).
SUN SIMIAO - Qianjifang ch.27
Entre le solstice d’été et l’équinoxe d’automne, il faut absolument prendre garder aux nourritures trop grasses et riches …… Ceux qui excellent à prendre soin de leur vie, toujours ont peu de soucis et peu de souvenirs, peu de désirs et peu d’affaires, peu de discours et peu de rire, peu de tristesse et peu de chagrin, peu d’allégresse et peu de colète, peu d’attirance et peu d’aversion. ……
Méthode pour l’entretien de la vie, où rien ne blesse. Une douce chaleur en hiver et de la fraîcheur en été, ne pas perdre l’harmonie des Quatre saisons; c’est par cela que le corps sera à l’aise (en ayant ce qui convient au moment juste, shi 適). Porter des habites doublés et avoir des matelas épais font que le corps ne supporte pas ce qui est pénible, ce qui amène des maladies par le vent et le froid. Des saveurs riches et de la viande séchée, trop boire et trop manger jusqu’à n’en plus pouvoir amènent des maladies d’accumulation et de nœuds (ju jie 聚
結). Débauche et libertinage, luxure et lubricité amènent les malheurs du vide et des dimunitions (xu sun 虛損). Musique lascive et chants de deuil, qui plaisent au cœur et à l’oreille, amènent le désarroi de plaisirs aberrants (qui égarent). S’adonner aux courses de chevaux et se promener sur les terrasses, tirer à l’arc et chasser dans la campagne amènent la perte qui conduit à la folie. Cogiter pour remporter la prochaine bataille, pro<itant de la faiblesse et du désordre, amène la ruine liée à l’arrogance. Pour le sage, c’est une perte de son ordre naturel (li 理). Si l’on met tout cela avec l’entretien de la vie (yang sheng 養生), c’est comme eau et feu. Il ne faut pas perdre ce qui convient (shi 適) sous peine de subir des dommages.