ÿþA u M é d e c i n N ° 5 ( a ) p a g e 1
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Au Médecin Cher(e) ami(e), Comment prendre en charge, en 2013, la maladie thrombo-embolique veineuse (M.T.E.V.) ? dans nos deux précédentes lettres nous avons abordé cette question sous l’angle du diagnostic, dans la présente nous en étudierons le versant thérapeutique. Passé la phase aiguë, traitée en règle par une Héparine, non fractionnée ou de bas poids moléculaire, se pose la question du traitement d’entretien et de sa durée. Si les anti-vitamine K ont fait, depuis bien longtemps, la preuve de leur efficacité, qu’en est-il des Nouveaux Anti-Coagulants Oraux (NACO) ? quelle est la place de l’Aspirine ? au bout de combien de temps peut-on raisonnablement arrêter ce traitement ? la réponse à cette dernière question dépend, bien sûr, de la cause de l’accident (on ne traitera pas de la même manière une thrombose occasionnelle survenue, par exemple, dans les suites d’une intervention de chirurgie orthopédique et une thrombose compliquant une pathologie de l’hémostase) et de son degré de gravité (on ne traitera pas avec la même intensité une simple phlébite surale non compliquée et une thrombose compliquée d’une embolie pulmonaire sévère). Nous passerons en revue les moyens thérapeutiques à notre disposition avant d’aborder la durée du traitement. Les moyens thérapeutiques : Les anti-vitamine K : c’est le traitement de base dont l’efficacité est démontrée mais qui est difficile à manier en raison : - d’une fenêtre thérapeutique étroite : il faut en effet diminuer de 30 % les facteurs de coagulation pour obtenir un effet anti-thrombotique mais c’est aussi à partir de ce déficit de 30 % qu’apparaît le risque hémorragique… - d’une grande variabilité intra et inter-individuelle : dues aux sources de vitamine K (apportée par l’alimentation mais aussi synthétisée par le flore intestinale) et aux voies de son métabolisme (prédispositions génétiques) - des interactions médicamenteuses Le risque de complication hémorragique est donc important et favorisé par : - les caractéristiques du patient : o son âge (1,7 % de risque de saignement avant 75 ans, 4,2 % après) o les antécédents de saignements intestinaux o les co-morbidités (HTA, AVC, insuffisance rénale chronique, cancer) o les maladies intercurrentes (diarrhée, fiévre - - Auteurs British Thorac Soc (1992) Levine (1995) Schuman (1995) Kearon (1999) Agnelli (2001) Pinède (2001) les interactions médicamenteuses : o certains produits inhibent l’action des aVK : la coléstyramine (diminue leur absorption), le phénobarbital, la carbamazépine, la griséofuline, l’azathioprine, la rifanpicine (qui sont des inhibiteurs enzymatiques hépatiques) o d’autres, beaucoup plus nombreux, potentialisent les avK : l’Amiodarone : elle diminue la clairance de la Warfarine ; cette potentialisation se produit au cours des deux premières semaines de traitement et peut nécessiter une réduction de la dose d’aVK de 25 à 50 % l’Aspirine : à faible dose la potentialisation est modérée les A.I.N.S. le Paracétamol : à forte dose (plus de 2 g par jour) les hypolipidémiants : surtout les fibrates ; beaucoup moins les statines les antibiotiques les antifungiques de la classe des Azolés la Cimétidine et l’Oméprazole et d’autres encore…(Phénytoïne, Fluorouracil, Fluvoxamine et même Thyroxine) la durée du traitement : o plus elle est courte moins il y a de complications hémorragiques mais plus il y a de risque de récidive de thrombose o voici les conclusions de 6 études randomisées ayant comparé un traitement (Ttt) anticoagulant oral long et un traitement court (d’après Laurent PINEDE) Ttt long Ttt long Ttt court Ttt court Ttt court Suivi en mois hémorragies récidives Hémorragies récidives 12 sem 4 sem 12 1,1 % 4% 1,4 % 7,8 % 214 12 sem 4 sem 12 0,9 % 6,8 % 0% 11,5 % 897 24 sem 6 sem 24 1,1 % 10,8 % 0,2 % 20,3 % 153 2 ans 12 sem 10 3,8 % 1,9 % 0% 27,4 % 267 1 an 12 sem 12 3% 1,2 % 0,8 % 8,3 % 197 TVP distales 12 sem 6 sem 15 3,3 % Nombre de patients Ttt long 712 1% 7,4 % 539 TVP proximales 24 sem - 12 sem 15 2,6 % 6,4 % 1,9 % rappelons par ailleurs le score HAS-BLED, proposé récemment pour mieux évaluer le risque hémorragique sous anticoagulant chez un patient donné : o Hypertension artérielle : 1 point o Anomalie de la fonction rénale : 1 point o Anomalie de la fonction hépatique : 1 point 2 o o o o o o AVC : Hémorragie : INR instable : Age > 65 ans : Drogue : Alcool : o Risque hémorragique selon le score : Score entre 0 et 2 : Score ≥ 3 : 1 point 1 point 1 point 1 point 1 point 1 point risque faible risque significatif L’intensité du traitement aVK : - l’INR cible, dans cette indication, est entre 2 et 3 ; rappelons que le risque hémorragique augmente dès qu’on dépasse 3 et qu’il augmente de manière beaucoup plus importante dès qu’on dépasse 4 - peut-on descendre plus bas ? si le traitement doit être poursuivi bien au delà du traitement habituel (par exemple dans les thrombophilies) il semble possible d’accepter un INR entre 1,5 et 2 ; en effet une étude en double aveugle (PREVENT) montre que les patients équilibrés à ce niveau d’INR (dans cette indication très spécifique de prévention secondaire de la M.T.E.V.) avaient 2,6 % de risque annuel de récidive de thrombose contre 7,3 % pour les patients sous placebo - quoiqu’il en soit une éducation du patient est absolument indispensable ++ mais peut être un jour pourra-t-on sécuriser ce traitement en mettant à la disposition des patients un appareillage d’automesure de l’INR ? Ce type d’appareil est commercialisé en France (CoaguChek XS* de Roche Diagnostic) mais son prix est élevé (790 € non remboursé sauf pour les enfants) et le prix des consommables est lui même important (120 € les 24 bandelettes) ce qui limite sa diffusion - la solution, pour limiter le risque de complications hémorragiques , pourrait aussi venir du remplacement des avK par les N.A.C..O., ces produits étant d’un maniement plus aisé (dose fixe, pas de contrôle de l’INR…) mais certains problèmes se posent encore (pas de véritable antidote, comment s’assurer de l’efficacité et de la stabilité d’action du produit ?) Les Nouveaux Anti-Coagulants oraux : - - - - on distingue les inhibiteurs directs de la thrombine et les inhibiteurs directs sélectifs du facteur Xa dans la première catégorie on ne trouve, pour le moment, que le Dabigatran (PRADAXA*) ; dans la seconde deux produits sont commercialisés : le Rivaroxaban (XARELTO*) et l’Apixaban (ELIQUIS*) le Dabigatran a été commercialisé début 2008 et le Rivaroxaban début 2009 dans une indication très limitée : « le traitement préventif des accidents thrombo-emboliques veineux en chirurgie orthopédique programmée ». Suite à l’étude « RE-LY » le Dabigatran a obtenu en 2012 une extension d’AMM pour le « traitement préventif des AVC et des complications emboliques en cas de fibrillation atriale non valvulaire associés à un facteur de risque (score CHA2DS2VASc) » ; il en a été de même pour le Rivaroxaban suite à l’étude « ROCKET AF » l’Apixaban devrait être commercialisé fin 2013 (AMM fin 2012) dans ces deux mêmes indications (l’étude « ARISTOTLE » ayant confirmé l’efficacité de ce produit pour prévenir les complications de la F.A.) 3 - en ce qui concerne le sujet qui nous occupe dans cette lettre seul le Rivaroxaban a obtenu (fin 2012) une A.M.M. pour le « traitement curatif de la thrombophlébite profonde, le traitement préventif des complications emboliques de la thrombophlébite profonde et le traitement de l’embolie pulmonaire ». Le Dabigatran avait pourtant montré (étude « RECOVER ») sa non infériorité par rapport aux avK en termes de récidives d’événements thrombo-emboliques après la phase aiguë (en relais du traitement héparinique) avec un net bénéfice sur le plan de la sécurité (moins de complications hémorragiques) Cette nouvelle A.M.M. pour le XARELTO* « EINSTEIN » qui comporte trois volets : s’appuie sur l’étude - « EINSTEIN DVT » : a étudié la non infériorité du Rivaroxaban prescrit versus un traitement classique par HBPM + avK dès la phase aiguë d’une thrombose veineuse profonde : o 3400 patients ont été inclus porteurs d’une thrombose veineuse profonde symptomatique (sans complication embolique pulmonaire) o ils ont reçu pour la moitié d’entre eux 15 mg deux fois par jour de XARELTO* pendant 3 semaines puis 20 mg par jour en une prise, l’autre moitié étant traitée par une association Enoxaparine + Warfarine pendant au moins 5 jours (l’HBPM n’étant arrêtée après ce délai seulement si l’INR était stable ≥ 2 o ces patients ont été évalués à 3, 6 et 12 mois o le critère primaire d’efficacité était constitué par les événements thrombo-emboliques (E.T.E.) symptomatiques (aggravation ou récidive de T.V.P. ou apparition d’E.P.) et le critère principal de sécurité par les complications hémorragiques o résultats d’efficacité : E.T.E. symptomatiques : 2,1% sous Rivaroxaban contre 3% sous Enocaparine + avK Récidives de T.V.P. : 0,8% sous Ri. contre 1,6% sous Enox. + aVK E .P. non fatales : 1,2% sous Ri. contre 1% sous Enox. + avK E.P. fatales ou décès avec E.P. possible : 0,2% contre 0,3% o Complications hémorragiques : Hémorragies majeures et hémorragies cliniquement significatives : 8,1% avec les deux traitements Hémorragies majeures : 0,8% sous Ri. contre 1,2 % sous Enox. + avK Hémorragies cliniquement significatives : 7,5% sous Ri. contre 7,1% sous Enox + avK o En conclusion : la non infériorité du XARELTO* versus traitement classique est démontrée dans cette indication - « EINSTEIN Extension » : o cette étude visait, selon son rapporteur, le Pr. Büller, à « répondre à une question de pratique clinique, à savoir : que faire après 6 à 12 mois d’avK chez les patients chez lesquels on n’a ni bonne raison de les stopper ni bonne raison de les continuer, soit près de 50 à 60 % des patients ? » 4 o o o o o o o o - 1200 patients ont été randomisés ayant tous fait, dans les 6 à 12 mois précédant l’étude, une thrombose veineuse profonde documentée (thrombose distale isolée dans 60 % des cas, embolie pulmonaire dans 40 % des cas), tous traités par Héparine non fractionnée ou HBPM puis par anticoagulant oral (avK dans 75 % des cas, Rivaroxaban dans 25 % des cas) durant 6 à 12 mois. La majorité (60 %) de ces patients avait une thrombose « idiopathique » (pas de cause décelable de la thrombose traitée, pas de facteur de risque de M.T.E.V.) Ils ont été randomisés et traités en double aveugle par placebo ou Rivaroxaban durant 6 à 12 mois supplémentaires ; ont été exclus les patients ayant une indication formelle à poursuivre les avK, les patients ayant une clairance de la créatinine < 30 ml/mn, souffrant d’une hépatopathie ou ayant des atcd de saignements sévères et les patientes susceptibles de débuter une grossesse Le critère primaire de l’étude était la récidive de thrombose symptomatique et les décès inexpliqués possiblement dus à une embolie pulmonaire Les critères de sécurité étaient les suivants : Principal : événements hémorragiques majeurs c.a.d. associés à une chute de l’Hb ≥ 2 g/dl ou ayant néc essité une transfusion de ≥ 2 culots ou à un site critique (intracrânien, intramédullaire, intraoculaire, intramusculaire, intraarticulaire, péricardique, rétropéritonéal) ou ayant conduit au décès Secondaire : hémorragies mineures, événements cardiovasculaires, altération de la fonction hépatique, décès non hémorragiques Résultats : Récidives de thrombose veineuse profonde symptomatique : 7,1 % des patients sous placebo, 1,3 % des patients sous Rivaroxaban Thrombose veineuse proximale : 5,2 % sous placebo contre 0,8 % sous Rivaroxaban Embolie pulmonaire non fatale : 2,2 % sous placebo contre 0,3 % sous Rivaroxaban Embolie pulmonaire fatale : 0,2 % sous placebo contre 0 % sous Rivaroxaban Décès inexpliqués : 0 % sous placebo contre 0,2 % sous Rivaroxaban Complications hémorragiques : Majeures : 0 % sous placebo, 0,7 % sous Rivaro Mimeures : 1,2 % sous placebo, 5,4 % sous Rivaro Au total : 80 % de réduction du risque de récidiv e de T.V.P. après 6 mois de traitement par le Rivaroxaban au prix d’un risque mineur de complications hémorragiques. Au delà de l’intérêt de la molécule cette étude confirme bien (cela avait déjà été démontré dès la fin des années 90) qu’il est souhaitable de traiter de manière prolongée les thromboses veineuses profondes idiopathiques, compliquées ou non d’embolie pulmonaire « EISNTEIN PE » : o le but de cette étude était de vérifier la non infériorité du Rivaroxaban prescrit dès la phase aiguë d’une embolie pulmonaire par rapport au traitement classique associant HBPM et avK 5 o o o o o o o plus de 4800 patients victimes d’embolie pulmonaire ont été randomisés en deux groupes : le premier (2419 patients) recevant du Rivaroxaban (15 mg deux fois par jour pendant 3 semaines puis 20 mg en une seule prise) et le second (2414 patients) recevant un traitement classique (Enoxaparine en deux injections par jour à raison de 100 u anti-Xa / kg par injection avec un relais par avK à dose suffisante pour un INR entre 2 et 3) ce traitement a été poursuivi pendant 3, 6 ou 12 mois selon les cas et l’évolution clinique et l’évaluation a été faite 30 jours après son arrêt le critère principal d’efficacité était la première récidive d’événement thrombo-embolique et le critère de sécurité était la survenue d’un saignement cliniquement significatif ou majeur résultats (efficacité) : Thromboses veineuses périphériques : 0,7 % sous Rivaro et 0,7 % sous Enox + avK T.V.P. + E.P : 0 % sous Rivaro contre moins de 0,1 % sous Enox + avK E.P. non fatale : 0,9 % sous Rivaro contre 0,8 % sous Enox + avK E.P. fatale ou décès possiblement en rapport avec une E.P. : 0,4 % sous Rivaro contre 0,2 % sous Enox + avK Complications hémorragiques : Saignements majeurs : 1,1 % sous Rivaro contre 2,2 % sous Enox + avK Saignements cliniquement significatifs : 10,3 % sous Rivaro contre 11,4 % sous Enox + avK Au total : le Rivaroxaban apparaît aussi efficace que le traitement classique dans cette indication et expose le patient à un moindre risque de complications hémorragiques Remarque : il semble toutefois souhaitable de préférer, pour le moment encore, et dans l’attente d’une expérience plus vaste, le traitement classique en cas d’embolie pulmonaire sévère et de réserver l’usage du XARELTO, à la phase aigue de l’embolie pulmonaire, aux formes peu sévères Quelle place pour l’Aspirine ? - - - si l’efficacité de l’Aspirine est parfaitement démontrée à l’étage artériel où les plaquettes jouent le rôle principal dans l’apparition de la thrombose lors de la rupture des plaques d’athérome, l’utilisation de cette moléc ule à l’étage veineux ne semble pas logique. De fait le rôle des plaquettes est modeste à ce niveau mais il n’est pas négligeable comme le montre l’augmentation significative du taux des marqueurs d’activation des plaquettes chez les patients atteints de thrombose veineuse ce constat a conduit à la réalisation d’études comparant Aspirine et placebo en prévention de la récidive de thrombose chez des patients souffrant d’une M.T.E.V. l’étude « WARFASA » : o 402 patients ayant eu une thrombose veineuse idiopathique inaugurale, traitée par anticoagulant oral pendant 6 à 18 mois, ont été randomisés en deux groupes : le premier (205 patients) a reçu, après arrêt de ce traitement, 100 mg d’Aspirine et le second (197 patients) un placebo. Ce traitement a duré deux ans o critère primaire d’efficacité : récidive thrombo-embolique 6 critère primaire de tolérance : saignements majeurs résultats : récidive chez 28 des 205 patients sous Aspirine contre 43 des 197 patients sous placebo soit une réduction du risque relatif de 42 % pour un suivi médian de 24,6 mois taux de saignement identique dans les deux groupes (0,3 % par an) o Au total : l’Aspirine réduit le risque de récidive de thrombose de 40 à 50 % (contre 60 à 90 % avec les avK et le Rivaroxaban) mais avec un risque hémorragique 10 fois moins importante que sous avK L’étude « ASPIRE » : o 822 patients ayant eu une thrombose veineuse idiopathique inaugurale (comme dans WARFASA les patients ayant une TVP secondaire à un cancer étaient exclus) il y a moins de 2 ans et dont le traitement anti-coagulant oral était terminé ont été randomisés en deux groupes : le premier (411 patients) a reçu 100 mg d’Aspirine et le second (411 patients) un placebo o critère primaire d’efficacité : récidive de T.V.P. ou d’E.P. o critère secondaire d’efficacité : événements cardio-vasculaires majeurs (T.V.P ., I.D.M., A.V.C., décès C-V) o critère primaire de tolérance : complications hémorragiques majeures ou cliniquement significatifs o résultats : récidive chez 57 des 411 patients sous Aspirine (4,8 %) versus 73 des 411 patients sous placebo (6,5 %) soit une réduction du risque relatif de 26 % pour un suivi médian de 37 mois (en fait efficacité sous estimée en raison d’un nombre relativement important d’arrêts de traitement sous Aspirine non liés à des complications entrant dans le critère de tolérance de l’étude) réduction du critère secondaire d’efficacité de 34 % (on retrouve l’impact de l’Aspirine à l’étage artériel…) complications hémorragiques : 1,1 % sous Aspirine, 0,6 % sous placebo o Au total : si on combine WARFASA et ASPIRE on peut considérer, comme le Pr. Brighton, rapporteur de l’étude ASPIRE que l’Aspirine peut être « une option chez les patients incapables de prendre un traitement anti-coagulant ou ne voulant pas le prendre au long cours » o o - Que reste-t-il du filtre cave ? - - il y a très peu de publications à ce sujet ! et les complications de ce traitement « agressif » sont loin d’être exceptionnelles : o des embolies pulmonaires (si si…) : 2,6 à 6,2 % des cas selon les études o des occlusions caves symptomatiques : près de 2 % à 26 mois dans une étude réalisée avec le filtre de Greenfield (mais 34 % des patients ont été perdus de vue), 30 % à 5 ans dans une étude réalisée avec le filtre LGM une seule étude sérieuse et contrôlée : l’étude « PREPIC » : o 400 malades inclus dont 200 sous avK seul (après traitement par Héparine) et 200 sous av K + filtre cav e (posé à l’inclusion). 14 % 7 - souffrait d’un cancer et 40 % avait une thrombose iliaque ou cave ; le suivi a duré 8 ans o résultats : embolie pulmonaire : 6,2 % sous Filtre + avK contre 15,1 % sous avK seul thrombose veineuse : 37,5 % sous Filtre + avK contre 27,5 % sous avK seul mortalité : 48,1 + sous F + avK contre 51 % sous avK seul o le filtre cave semble donc épargner un certain nombre d’embolies pulmonaires mais ce bénéfice initial paraît annulé par les complications veineuses ultérieures. Même dans cette population à haut risque le filtre ne réduit pas les récidives thrombo-emboliques observées sous simple traitement avK certaines indications, toutefois, demeurent indiscutables : o la thrombose veineuse proximale chez les patients ayant une contre-indication aux anticoagulants : en effet dans cette situation le risque d’embolie pulmonaire est de 20 % et si le patient a déjà fait une E.P. le risque de récidive est de 25 % noter que la thrombose veineuse distale non compliquée n’est pas une indication à la pose d’un filtre cave car le risque d’extension est inférieur à 25 % et le risque embolique est faible il faut aussi préciser que les contre-indications au traitement anti-coagulant sont très rares chez les patients souffrant d’une T.V.P. compliquée (environ 2 % des patients et ce chiffre pourrait diminuer grâce aux N.A.C.O.) o Autres indications : Les hémorragies graves sous avK qui exigent d’arrêter le traitement (moins de 1,5 % des cas) Les récidives objectivement prouvées et survenant sous un traitement anticoagulant efficace (moins de 1,5 % des cas Noter qu’en fait ces chiffres sont sous-estimés et il semble bien que, même sous HBPM au long cours le risque d’hémorragie grave ou de récidive thrombo-embolique se situe plutôt autour de 7 % Durée du traitement : elle dépend de plusieurs facteurs : - - premier événement ou récidive compliqué ou non d’embolie pulmonaire T.V.P. distale ou proximale Cause transitoire et réversible ou pathologie causale identifiée et non réversible Thrombophilie authentifiée M.T.E.V. idiopathique (aucune caus e décelée) 8 - Evolution des D-Dimères sous traitement anti-coagulant bien conduit : o La non normalisation des D-Dimères sous traitement anticoagulant à dose efficace est un argument en faveur d’une cancer sous jacent o La non normalisation des D-Dimères chez les patients c orrectement anti-coagulés est prédictive du risque de récidive ++ Il ne faut pas arrêter les anti-coagulants chez ces patients (qui sont souvent porteurs d’un cancer) o Une réaugmentation des D-Dimères 3 à 4 semaines après l’arrêt des anti-coagulants est un facteur prédicitf de risque de récidive et justifie une reprise du bilan et du traitement Le schéma thérapeutique suivant peut être proposé : - Premier événement à type de thrombos e veineuse profonde proximale avec ou sans embolie pulmonaire pour lequel une cause transitoire a été identifiée (facteur déclenchant type post-chirurgie ou immobilisation prolongée) : 3 mois d’anticoagulant – 6 mois si embolie pulmonaire s évère - Premier événement idiopathique (T.V.P. proximale avec ou sans E.P.): 6 mois – 12 mois si embolie pulmonaire sévère. Il semble logique, dans ce cas particulier, de prendre ensuite le relais par de l’Aspirine mais en cas de récidive le traitement anticoagulant sera repris de manière définitive - Premier événement sur thrombophilie authentifiée : 12 mois minimum (surtout en cas de forme hétérozygote ; traitement préventif en cas de situation à risque après l’arrêt ; reprise du traitement de manière définitive en cas de récidive) ; en fait le plus souvent au long cours (les antécédents familiaux, l’âge du patient au moment de ce premier événement, le type de thrombophilie, la gravité de l’accident sont, bien sûr, à prendre en compte) notamment en cas de forme sévère de thrombophilie (forme homozygote ; association de deux types de thrombophilie) ; en tout cas plus de 12 mois en cas de syndrome des anti-phospholipides (en fait la durée du traitement dépend, dans ce cas particulier, du caractère primitif ou secondaire du syndrome, du type de complication thrombotique, la part artérielle pouvant être déterminante ; dans la pratique le traitement est le plus souvent donné de manière prolongée) - Si récidive précoce après arrêt du traitement anti-coagulant ou si réascencion des D-Dimères après cet arrêt : durée indéfinie - Si la thrombose veineuse est distale et non compliquée la durée sera de 3 à 6 mois selon qu’il y a ou non une cause déclenchante - Quant à la reprise de la marche elle doit être précoce dans la T.V.P. car elle limite le risque d’extension du caillot et de maladie post-phlébitique. Bien sûr il ne s’agit là que d’un guide thérapeutique le traitement devant être ajusté à chaque cas particulier. Bien amicalement Docteur J.F. HOUEL (Cardiologue) Lettre de l’A.DE.CA.D. N° 5 mai 2013 Association pour le DEveloppement de la CArdiologie à Douarnenez