N°41GUIDOLINE

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N°41GUIDOLINE
GUIDOLINE
N°41
Octobre 2012
Edito :
Un numéro de Guidoline particulier, fortement inspiré de
l’événement du mois de Septembre : « Toutes à Paris ». 200 « Rhône-alpines »,
parmi lesquelles 30 « Rhôdaniennes » parties de Bourgoin- Jallieu ont rallié en
vélo Paris en sept jours. Bravo, mesdames. Guidoline s’est mis non pas en
quatre, mais en sept pages (et en changeant un peu le look…) pour marquer ce
succès. Le fil rouge sera bien évidemment les femmes, Paris et le vélo : Le
Voyage Itinérant de Bourgoin aux Champ de Mars, mais aussi La Parisienne,
la cohabitation cycliste avec les autres usagers des voies parisiennes, quelques
chansons et poèmes où les femmes et Paris sont à l’honneur. J’espère que vous
prendrez plaisir à le parcourir.
Gilbert
Vélosophie :
Avec des si, on mettrait Paris en bouteille.
Proverbe
Compte tenu du nombre de bouchons, Paris a
bel et bien été mis en bouteille.
Régis Hauser (Les murs se marrent)
Le projet Toutes à Paris.
La genèse de ce projet remonte au printemps 2011. Après un long travail le
projet se finalise fin Juin 2012 : Organisation d’un voyage Itinérant de 200
féminines pour Rhône Alpes dont 30 pour le Rhône, reliant Bourgoin à Paris
Ce projet, comme on peut s’en douter, fut lourd à gérer, mais la logistique fut
btillemment assurée, l’organisation bien rodée et le succès fut éclatant
Félicitations à toutes les participantes
Félicitations à tous ceux et toutes celles qui ont contribué à la réussite de ce
projet, avec mention particulière pour Sylvie, responsable de ce projet.
Jean Jacques à rédigé unebien belle chronique
accessiblesur :www.codep69.com/TAP.pdf
Bonne lecture
Cyclotin
Défilé Chalon
Petit Casse croute
Canal du Nivernais
Montargis
Arrivée
Au Champ de Mars
Défilé dans Paris
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N°41
Octobre 2012
Pourquoi la Parisienne est éternelle...
Quand La Parisienne m'a désigné avocat commis d'office pour défendre la Parisienne, j'ai cru qu'ils bégayaient. Ou alors qu'ils
préparaient un numéro d'autopromotion. Rien de tout ça: il s'agit de défendre l'une des figures de femme les plus honnies en ce bas
monde: la Parisienne. J'ai aussitôt accepté la mission: toujours présent pour défendre les minorités visibles. Car Dieu sait que la
Parisienne est visible! Même en tenue camouflage, on ne voit qu'elle. Dessous, tout est «simple et sans façon»: chemise blanche
échancrée, soutien-gorge apparent (la chemise est malencontreusement trop petite, ou alors le bouton a malencontreusement sauté,
car lui aussi est trop petit), jean moulant ou jupe noire, baskets défraîchies ou escarpins rouges flambant neufs qui broient les orteils.
Euh non, finalement, noire la chemise (je fais comme elle avant de sortir: je change au tout dernier moment). Elle effraie autant
qu'elle séduit. Je me souviens d'un film que j'ai vu en Ubaye, avec mon pépé, quand j'étais petit. Le jeune Fernandel quittait sa
Provence natale pour monter dans la capitale. Son père le mettait en garde: «À Paris, mon fils, méfie-toi des femmes… —
Pourquoi? — Eh, pardi: c'est des Parisiennes!» « La Parisienne serait snob ? Ce n'est rien en regard de la Versaillaise, qui pousse le
vice jusqu'à "choisir d'habiter loin de Paris" » Voyons les accusations: la Parisienne est une emmerdeuse snob et futile, inconstante,
inculte mais donneuse de leçons, et, comble du vice, elle se gare en double file pour acheter compulsivement – et trop cher! – une
paire de cuissardes qu'elle ne mettra jamais. Ceci est exagéré. Elle les a mises une fois, ces cuissardes: pour rendre jalouse sa
meilleure copine qui venait de se ruiner dans des porte-jarretelles (qu'elle n'osera jamais mettre). Mais prenons les accusations une
par une. La Parisienne serait snob? Ce n'est rien en regard de la Versaillaise, qui pousse le vice jusqu'à «choisir d'habiter loin de
Paris». Elle serait inculte? À d'autres! Paris est la ville de France où l'on lit le plus, et 80% des lecteurs sont en réalité des lectrices.
Autrement dit: il n'y a pas plus lettré qu'une Parisienne, sauf peut-être le vieil académicien de province, si l'on me passe ce triple
pléonasme. Futile? Quoi de plus jouissif? Pensez à tous ces fonctionnaires de la vie qui s'emmerdent au logis avec une épouse
acariâtre quoique diplômée, sérieuse du 1er janvier au 31 décembre. Que donneraient-ils pour troquer cette austérité contre la futilité
parisienne? Combien pour la légèreté plutôt que la lourdeur? Venons-en au sujet qui agace le plus: la Parisienne et la mode, son
péché capital. Il y a bien longtemps, un auteur étranger s'était étonné de la frénésie des filles d'ici pour les vêtements. Dans ses
mémoires, il explicitait le concept de mode, inconnu dans son pays: «Les femmes de cette ville sont incompréhensibles: quand vient
le printemps ou l'automne, elles refusent de porter un habit qui est pourtant encore neuf, sous prétexte qu'elles le portaient déjà
l'année précédente, au printemps ou à l'automne.» Qui est-ce? Hemingway? Kafka? Soljenitsyne? Je vous laisse deviner…
L'emmerdeuse se dévoile au resto: elle enquiquine le serveur en réclamant «la sauce à part». Ou alors elle commande «un tartare
mais sans câpres»… Pourquoi pas une salade niçoise mais sans thon ni olives ni oeufs ni tomates? Ne riez pas. Le fameux Café de
Flore sert un club sandwich sans pain ni mayo. Et comme par hasard, ses tables sont prises d'assaut! Puis, au dessert, la Parisienne
se tape trois macarons, mais exige «du faux sucre» pour son café. Il n'y a pas de petites économies caloriques. Le vieux loufiat
sourit, il en a vu d'autres. Dans les bars lounge, la serveuse, ex-mannequin ex-comédienne ex-fiancée- du-patron, tire la tronche.
Plus une cliente lui semble belle, plus elle serre les maxillaires. Serveuse de resto branché est la seule profession – avec celle de
croque- mort – où le personnel se croit obligé d'arborer une mine d'enterrement. La Parisienne ne tient pas ses promesses ? À la
bonne heure ! Cette inconstante fait la joie des salles de fitness de la capitale. Car seulement un tiers des abonnées des clubs de sport
s'y rend effectivement. Les deux autres tiers paient l'abonnement mais restent chez elles. Double avantage : toutes ont bonne
conscience, et cela fait baisser le coût et libère de la place pour celles qui aiment vraiment le sport ! Ah, j'oubliais : l'auteur étranger
ébahi par la frénésie des Parisiennes pour la mode, c'était… Jules César ! Il y a plus de deux mille ans. Son constat n'a pas pris une
ride : « Les femmes de Lutèce ne veulent plus des pagnes qu'elles portaient l'année d'avant, alors qu'ils sont parfaitement neufs. »
C'est dans La Guerre des Gaules. Non seulement Dior et Chanel n'existaient pas, mais Jésus-Christ n'était pas encore né. On voit par
là que la Parisienne est éternelle.
Philippe Vandel
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Octobre 2012
Paris en vélo…..
Paris est une ville cyclable, je dirais même éminemment cyclable, c’est d’ailleurs l’un de ses mystères, son relief, en effet, est rien
moins qu’encourageant, si l’on excepte deux étroites bandes de chaque coté de la Seine dont l’une rive droite s’élargit de dimension
du Marais et l’autre rive gauche s’évase au champ de Mars et se rétrécit au fur et à mesure qu’elle suit le Boulevard Saint Germain.
Paris a les artères en pente, le cycliste s’en rend compte à ses dépens. La plaine Montceau se mérite à partir de Saint Augustin.
L’Etoile se conquière de quelque point qu’on l’aborde. De l’ile de la Cité à la place d’Italie, il faut appuyer ferme sur les pédales.
De l’Opéra au canal Saint Martin, il est vain d’espérer avancer souvent en roue libre et gravir la rue des Martyrs peut s’apparenter à
un calvaire. Atteindre le cimetière de Belleville depuis le cimetière de Charonne ressemble assez à un exercice de pénitence, en
toute saison, on en sort en nage. Pour gagner Montparnasse on souffle. Pour gagner Montmartre on peine. De la République à la
Nationla pente est longue mais régulière, elle a même l’air douce. N’en croyez rien, c’est une sournoise.Quant à escalader la butte,
on fera bien de ne s’y risquer qu’après une copieuse ration de sucres lents.
Le cycliste du dimanche se moque des délais et se fiche de n’atteindre son but qu’en sueur, mais celui qui a adopté la bicyclette
comme véhicule de tous les jours, celui la doit supporter le désagrément de se sentir humide de transpiration où qu’il aille, et
quelquefois la chemise boutonnée et la cravate rendue nécessaire par son métier ou par la nature du rendez vous ou il se rend lui
donne une apparence de dignité à rebours de celle qu’il ressent intimement.
S’il atteint l’objectif qu’il s’était fixé, et s’il en revient sain et sauf, le cycliste conséquent se doit de consacrer quelques minutes
d’actions de grâce à son saint protecteur. Les associations défendant le vélo ont calculé que toutes les 500 heures l’Homo
Vélocipédis est victime, à Paris, d’un accident sérieux. Pour quiconque qui a utilisé une bicyclette, ne serait-ce qu’une fois, ce
chiffre parait extrêmement faible, car c’est peu dire que dans la capitale le cycliste est entouré d’ennemis.
Il vit et circule sous la menace perpétuelle de prédateurs.
Ne parlons pas des voleurs de bicyclettes, le risque de figurer parmi leur proies est en moyenne une fois par an. Au moins leur geste
a-t-il pour conséquence de mettre leur victime provisoirement des dangers du trafic sinon de la honte du retour en métro et de la
fureur de constater qu’il habite une ville où rien n’est à l’abri de personne.
En plus des voleurs à Paris, voleurs dont l’ingéniosité, l’industrie et le culot viennent à bout des meilleures précautions, le cycliste
doit se garder de tous et d’abord des 2 roues à moteurs : motos, scooters, cyclomoteurs. La cylindrée compte peu, sauf peut être au
moment du choc. Tous ces engins roulent à peu près à la même vitesse, il n’y a que les pointes qui les distinguent et tous ont pour
spécialité d’aborder la bicyclette par l’arrière, par n’importe quel coté et d’une manière telle que celui qui pédale ressent avec
vivacité, non seulement le risque qu’il vient d’encourir mais encore l’humiliation de quelqu’un qui ne compte pas, n’existe pas ou
alors comme une gêne dont la persistance agace à l’instar de celle d’un insecte.
Tout dans leur conduite laisse supposer que les livreurs de pizza et les coursiers sont, à Paris, exclusivement recrutés à la sortie des
cours d’assise de mineurs et qu’ils suivent un entrainement élaboré jusqu’à ce qu’ils atteignent le stade de projectile humain. Aucun
obstacle ne les arrête, aucun ne les freine, les feux de circulation ne retiennent pas leur attention, ils peuvent surgir d’un trottoir ou
couper soudainement la rue pour se réfugier sur l’un d’entre eux. L’interdiction qui leur est faite d’utiliser les pistes dessinées pour
les vélos agit sur eux comme un puissant excitant et sa transgression leur est tout à fait habituelle. Ils connaissent par cœur les sens
interdits qu’ils empruntent à chaque fois que cela peut leur faire gagner du temps. Rouler à l’envers d’un sens giratoire leur est une
friandise. Ils sont imprévisibles, car même ce qui les met en position de courir un danger grave n’a pas d’incidence sur leur
comportement. Pendant la prochaine guerre on constituera avec eux des régiments de kamikazes. Si les coursiers ou autres livreurs
ne craignent pas ce qui peut leur nuire, on imagine que les bicyclettes ne leur font même pas lever un sourcil. Ils ont adopté un point
de vue ne varietur : « les vélos n’ont qu’à faire gaffe ». Les vélos font gaffe et ils ne font même que ça. Mais pour échapper à un
livreur de « pizza speed », il se place bien malgré eux sur la trajectoire d’une mobylette « presto deliver » à laquelle il n’échappe
qu’en frôlant la courbe d’un scooter de chez « Eole plus » peint aux couleurs de l’enfer ou en tutoyant le parcours d’un scooter noir
borniol dont le coffre indique qu’il est chevauché par un cosaque de chez « Chronoplus ».
Les sociétés de courses parisiennes portent rarement des noms qui incitent à leur prêter une conception pacifique de leur
activité. »Les messagers », « Mr le coursier » « les mousquetaires ou « les goélands » font figure d’exception. « Icare » ou
« Pégase », « Météore » ou « Mistral » peuvent encore prétendre au bénéfice du doute. « Extrême », « Défi », « Vitesse maximum »,
« Drakkar », « cible express » ou « boomerang » ne laissent subsister que deux hypothèses : Ou bien le dessein de ces entreprises de
courses est de faire figurer la livraison et la messagerie au nombre des disciplines olympiques, section sports de combat ou bien il
s’agit d’officines vouées à la préparation de la guerre civile urbaine que certains films d’anticipation nous présentent comme
l’inéluctable aboutissement de notre civilisation. Dans cette seconde hypothèse, je n’exclus pas que les sociétés de courses envoient
leur personnel s’entraîner secrètement à Bogota, ville dans les rues de laquelle, on se savate pour un oui et on révolvérise pour un
non.
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Paris en vélo…..
Bien qu’ils soient moins à craindre que les autres canons dont je viens d’esquisser leurs performances, les motards, j’entends les
chevaucheurs de cylindrées confortables, les motards n’en constituent pas moins une menace constante pour le cycliste. Le motard
parisien est un frustré permanent, sauf entre 10 heures du soir et 6 heures du matin et mis à part les voies sur berge et le
périphérique, il ne parvient que rarement à passer la 3ème et à conserver une allure qui justifie ce passage. Placé, en raison de
l’abondance des carrefours et de la densité des encombrements, dans l’impossibilité de faire usage, et accessoirement de faire
montre, de la puissance qui vrombit entre ses cuisses il a tendance à compenser en surestimant la maniabilité de son engin et en
exagérant sa capacité à se faufiler dans la moindre anfractuosité du trafic. Hors, c’est précisément là, dans ces poches de vide entre
deux files de voiture, dans ces sillons étroits entre un autobus et un trottoir, dans ces dépressions inexplicables et imprévisibles que
laisse se former le maelström de tôles, que le cycliste, après s’être délicatement glissé, poursuit sans bruit la modeste affaire de son
déplacement. Sa seule présence suffit à briser la manœuvre sinueuse du motard et souvent forcer ce mamelouk des temps modernes
à connaitre la dernière des humiliations : mettre un pied à terre.
Le motard montre les dents.
Sire, dit le vélo, que votre majesté ne se mette pas en colère mais plutôt qu’elle considère que je m’en vais me déplaçant infiniment
moins vite qu’elle et que par conséquent, je ne puis en aucune façon en troubler la locomotion.
Tu la troubles, répond le motard plein de rage et d’un huitième de tour de sa poignée d’accélération, il se place devant la bicyclette
et lâche au nez de son conducteur une épaisse bouffée de gaz carbonique.
Encore est ce là le cas de figure le plus civil. Ca n’est pas fréquent, d’ordinaire le motard qui découvre un vélo dans un espace dont
il visait la conquête ou qu’il entendait traverser en vainqueur adopte le pari de foncer ostensiblement sur lui en faisant bien voir
qu’il considère, souvent à juste titre, que dans la jungle des villes, les petites bêtes n’ont pas de meilleure sagesse que de se tenir à
l’écart des grosses.
A l’exception des deux catégories de deux roues à moteur que je viens de décrire, le cycliste n’a guère à craindre, à redouter serait
un verbe plus approprié, le cycliste n’a rien à redouter que les voitures, les camions, les camionnettes, les fourgons postaux toutes
catégories qui déboitent à l’aveuglette, s’arrêtent à leur gré et ouvrent les portières au petit bonheur, les autobus de la Régie
Autonome des Transports Parisiens qui puent et n’aiment rien tant que doubler un vélo et puis se rabattre serré pour stopper à l’arrêt
qu’ils savent proche, les cars de police, les voitures de police, les motos de police et quelquefois les chevaux de police, ceux de la
Garde Républicaine, les véhicules en livraison, les taxis en circulation, les taxis à l’arrêt, les taxis hélés depuis un trottoir incertain
par un passant invisible, les taxis caractériels qui considère que la tolérance accordée aux bicyclettes de circuler dans les couloirs
qui leur sont réservés constitue, premièrement une offense personnelle, deuxièmement le signe le moins discutable de la fin de
notre civilisation chrétienne occidentale, de l’avènement du règne du je-m’en-foutisme et de la perte irréparable que notre pays a
connu avec la mort du Général De Gaulle.
L’ensemble de ces considérations conduit le taxi susnommé à coincer le vélo contre le trottoir, tout en lui jetant régulièrement un
regard destiné à lui signifier que cette manœuvre n’est nullement due à une faute d’attention mais qu’elle est délibérée et qu’elle ne
prendra fin qu’avec la certitude que le cycliste est tom-bé. Ce résultat atteint, le taxi caractériel se carapate au diable vauvert
raconter à ses copains de CB qu’il vient d’enrichir son tableau.
Vous voudrez bien croire que tout ce que je viens de vous dire est le fruit d’une expérience et d’une observation en direct enrichi
des confidences qu’on bien voulu me faire d’autres rescapés.
En saison de Mai à Novembre, il est prudent de compter avec les sautes d’humeur des conducteurs de cars de tourisme. Je
n’entrerai pas dans le détail des différences entre ceux de ces véhicules qui sont affrétés et conduit par des français et ceux qui
viennent des pays des individus qu’ils transportent, Pologne, Tchécoslovaquie, Roumanie, si vous avez tiré le gros lot.
Disons que les principaux inconvénients des premiers sont d’écraser les cyclistes, de stationner là où ils trouvent habituellement
refuge et de lâcher inopinément, comme une bique ses crottes, une quantité d’êtres humains désorientés, qui encombrent soudain la
chaussée et y entreprennent des déplacements brusques et contradictoires.
Ce qu’on peut reprocher aux autobus de la seconde catégorie est exactement de la même nature. Il convient d’y ajouter de
fréquentes hésitations sur l’itinéraire le plus approprié et donc des caracoles qui exigent du cycliste une vigilance de pilote de
chasse. Elle lui est d’autant plus difficile que les gaz qui s’échappent de ces mastodontes sont toxiques dès la 1ère inhalation et qu’il
se dégage de ces véhicules une impression de vétusté et donc de fragilité si forte qu’elle engendre la crainte de les voir se détacher
en pièces tranchantes et rouillées dont ce serait bien le diable s’il n’y en avait pas une pour tomber sur la margoulette du
vélocipédiste. Et enfin et c’est bien là le plus sympathique des inconvénients que présente ce second type d’engin ils sont occupés
par des gens pour qui la pauvreté est un souvenir proche et le voyage un privilège récent.
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Paris en vélo…..
Paris, pour eux, est un mot magique. N’étant pas encore blasés, ils manifestent volontiers leurs joies d’être enfin dans notre capitale
et leur bonne disposition à l’égard des parisiens auxquels ils adressent des saluts dont ils espèrent légitimement qu’ils leur seront
retournés. Pour une raison que j’ignore, peut être que chez eux le vélo a un statut différent de celui qu’il a dans notre capitale, le
cycliste attire particulièrement l’attention des touristes de ce 2ème type qui leur envoient volontiers leurs saluts en priorité.
Lâcher son guidon, même d’une seule main, constitue ce qu’on appelle volontiers aujourd’hui une prise de risque. Personnellement
la perspective de voir surgir un livreur de « Pizzaspeed » ou un coursier de « ChronoPlus » au moment où j(adopterai cette attitude
m’a toujours conduit à observer une certaine réserve avec les étrangers voyageant en car dans Paris. Je me déculpabilise en ne
manquant jamais de leur faire les signaux les plus affectueux lorsque du haut d’un pont, ou au bord du quai, je les vois passer en
bateau-mouche. Malheureusement, j’ai l’impression que ce ne sont jamais les mêmes.
Que reste-t-il d’autre à redouter aux vélocipédistes, pas grand-chose. Les patineurs à roulettes, peut-être, dont les engins portent
aujourd’hui des noms anglais, sans doute en hommage à l’amélioration spectaculaire de leur performance, si spectaculaires qu’elle
leur a fait changer de nature. Les patins à roulettes étaient un instrument de promenade ou de jeu. Les rollers ou skates sont des
engins balistiques qu’il convient de ranger dans même catégorie que le bobsleigh. Il est rare toutefois qu’une bicyclette emprunte
une piste de bob, tandis qu’il est fréquent qu’un roller dispute à un vélocipédiste son couloir de circulation. Or si le roller vise à
atteindre la vitesse du springbok ou antilope australe soit à peu près 95 km/h. il se déplace plutôt à la manière du crabe tirant des
bords de droite, puis de gauche. L’aire de sa course atteint donc alors une largeur telle qu’elle démultiplie sa capacité de faucher
ceux qui la contrarie. Les progrès techniques mentionnés plus haut ayant rendu les rollers presque silencieux et celui qui les chausse
n’étant équipé d’aucun avertisseur sonore, ni de grelots, ce n’est qu’à un effort d’attention épuisant que le cycliste doit de ne pas
expérimenter ce que le produit de la masse par le carré de la vitesse peut représenter comme énergie.
Sa vigilance, le conducteur de bicyclette doit aussi l’exercer à l’égard du piéton. Le piéton appartient à une espèce urbaine dont
Paris exacerbe la dangerosité. Il semble qu’il considère le cycliste comme un relaps, voire un Judas. Dans le meilleur des cas, il le
punit par le mépris, en l’ignorant. Le piéton s’installe donc, en attendant que le feu rougisse, sur la portion de chaussée
qu’empruntent ordinairement les vélos. Pas plus que le motard parisien n’accepte de mettre pied à terre, le piéton de Paris
n’envisage de regagner le trottoir en marche arrière. Il préfère adopter à l’égard du vélo un comportement glacial et téméraire
comparable à celui qui enflamme les aficionados du matador de taureaux, Jesulin de Urique fameux dès l’époque où il n’était
encore que noviniéro, par le flegme avec lequel il a toujours reçu la charge de son adversaire, droit, immobile, attirant la bête au
plus près de son corps et ne semblant se soucier de rien sinon de conserver impeccable son habit de lumière malgré la poussière
soulevée par les attaques de l’animal. Face à un adversaire de cette classe, le cycliste se sent une bête, presque une brute. Le
tintement de sa sonnette aigrelet, ridicule, n’a sur le piéton aucun effet positif, au contraire, il ne fait qu’exciter son dédain, le
conduit à raidir sa pose, à affirmer sa position. C’est pourquoi le vélocipédiste à quelquefois équiper son engin d’une corne à poire,
pensant que son gros « Pouêt » qui évoque la farce des clowns, sera de nature à détendre l’atmosphère et à envoyer au bipède,
bipède piétonnier, un message subliminal contenant tout à la fois des excuses pour la gêne occasionnée, une supplique pour obtenir
le passage et un clin d’œil signifiant « quand même, il y a plus de proximité entre toi et moi, qu’entre nous et un automobiliste ». Il
est rare que ce message atteigne son destinataire, même s’il est accompagné d’un sourire faux ou forcé, tendant à souligner la bonne
volonté du cycliste.
Enfin un autre danger menace le vélo : les autres vélos. Quoi qu’il en coûte, il faut reconnaître que le bicycliste parisien brule les
feux rouges chaque fois qu’il le peut, pour s’épargner la fatigue de trop nombreux départs arrêtés et continuer à profiter de la
vitesse acquise. Il remonte les sens interdits, bondit sur les trottoirs, zigzague entre les voitures, déboule de derrière un camion,
tourne sans avertir, s’offre une soudaine pointe de vitesse qui oblige ses congénères à se jeter de coté ou au contraire adopte un
pédaler majestueux et un train de sénateur qui force, pour le dépasser, à prendre le risque d’empiéter sur la trajectoire des « à
moteurs ».
Bref l’imprévisibilité et l’irresponsabilité sont aussi les deux mamelles de la circulation à bicyclette et les deux piliers de la
précarité de la condition du cycliste, dont il faut rappeler qu’il connaît rarement d’autres accidents
Philippe Meyer
Journaliste Chroniqueur
Entendu sur France Culture
Emission « un autre jour est possible »
du 13/9/2012 podcastable
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N°41
Saint Germain des Prés
Léo Ferré (1950)
J'habite à Saint-Germain-des-Prés
Et chaque soir j'ai rendez-vous
Avec Verlaine
Ce vieux Pierrot n'a pas changé
Et pour courir le guilledou
Près de la Seine
Souvent on est flanqué
D'Apollinaire
Qui s'en vient musarder
Chez nos misères
C'est bête,
On voulait s'amuser,
Mais c'est raté
On était trop fauchés.
Octobre 2012
Le Paris
Par de
Jacques Prévert
Paris est tout petit,
C’est là sa vraie grandeur.
Tout le monde s’y rencontre,
Les montagnes aussi
Même un beau jour, l’une d’elles
Accoucha d’une souris
Alors en son honneur,
Les jardiniers tracèrent
Le Parc Montsouris.
C’est là sa vraie grandeur.
Le monde est femme femme
Jusqu'au bout de l'âme
Même les droits de l'homme le
proclament
On ne pourra jamais changer le
programme
Le monde est
st femme sur toute la gamme
Le monde est
st femme sur toute la gamme
Paris est tout petit.
A Paris dans chaque
Faubourg
G. Brassens
Regardez-les tous ces voyous
Tous ces poètes de deux sous
Et les teints blêmes
Regardez-les tous ces fauchés
Qui font semblant de ne jamais
Finir la semaine
Ils sont riches à crever,
D'ailleurs ils crèvent
Tous ces rimeurs fauchés
Font bien des rêves
Quand même,
Ils parlent le latin
Et n'ont plus faim
A Saint-Germain-des-Prés.
À Paris dans chaque faubourg
Le soleil de chaque journée
Fait en quelques destinées
Eclore un rêve d'amour.
Vous qui passez rue de l'Abbaye,
Rue Saint-Benoît, rue Visconti,
Près de la Seine
Regardez le monsieur qui sourit
C'est Jean Racine ou Valéry
Peut-être Verlaine
Alors vous comprendrez
Gens de passage
Pourquoi ces grands fauchés
Font du tapage.
C'est bête,
Il fallait y penser,
Saluons-les
A Saint-Germain-des-Prés.
À Paris dans chaque faubourg
Quand la nuit rêveuse est venue
À toute heure une âme émue
Évoque un rêve d'amour.
Parmi la foule un amour se pose
Sur une âme de vingt ans.
Pour elle tout se métamorphose
Tous est couleur de printemps.
Le monde est femme femme
Jusqu'au bout de l'âme
Napoléon César ou Abraham
Pourraient vous en parler
Vous en faire un drame
Le monde est femme sur toute la gamme
Le monde est femme sur toute la gamme
Salomé, Cléopâtre et Messaline
Sans parler de la reine de Saba
Frénégonde et Clotilde et la grande
Catherine
Elles ont régné sur les rois
Le monde est femme femme
Jusqu'au bout de l'âme
Dans le palais ou sur le macadam
Que ce soit sous les armes ou bien dans
le charme
Le monde est femme sur toute la gamme
Le monde est femme sur toute la gamme
À Paris quand le jour se lève
À Paris dans chaque faubourg
À vingt ans
a on fait des rêves
Tout est couleur d'amour
Des jours heureux il ne reste trace
Tout est couleur de la nuit.
Mais a vingt ans l'avenir efface
effac
Le passé quand l'espoir luit
À Paris dès la nuit venue
À Paris dans chaque faubourg
À toute heure une âme émue
Rêve encore à l'amour.
Le monde est femme
femme
Serge Régianni
C'est la seule dictature contre laquelle
Aucun homme n'a jamais rien pu faire
Elle est
st parfois cruelle, oui mais éternelle
Pas la peine de partir en guerre
Le monde est femme femme
Jusqu'au bout de l'âme
Même les droits de l'homme le
proclament
Ce monde il est aux ordres des grandes
dames
Et même des filles du port d'Amsterdam
Paris at night
J. Prévert
Trois allumettes une à une allumées dans la nuit
La première pour voir ton visage tout entier
La seconde pour voir tes yeux
La dernière pour voir ta bouche
Et l’obscurité tout entière pour me rappeler tout cela
En te serrant dans mes bras.
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Femmes... Je Vous
Aime
julien clerc
Quelquefois
Si douces
Quand la vie me touche
Comme nous tous
Alors si douces...
Quelquefois
Si dures
Que chaque blessure
Longtemps me dure
Longtemps me dure...
Femmes...Je vous aime
Femmes...Je vous aime
Je n'en connais pas de faciles
Je n'en connais que de fragiles
Et difficiles
Oui...difficiles
Quelquefois
Si drôles
Sur un coin d'épaule
Oh oui...Si drôles
Regard qui frôle...
Quelquefois
Si seules
Parfois ell's le veulent
Oui mais...Si seules
Oui mais si seules...
Femmes...Je vous aime
Femmes...Je vous aime
Vous êt's ma mère, je vous
ressemble
Et tout ensemble mon enfant
Mon impatience
Et ma souffrance...
Femmes...Je vous aime
Femmes...Je vous aime
Si parfois ces mots se
déchirent
C'est que je n'ose pas vous dire
Je vous désire
Ou même pire
O...Femmes...
A vingt ans, la Parisienne est
adorable ; à trente ans,
irrésistible ;à quarante,
charmante.
Après quarante ans ?
Jamais une parisienne ne
dépasse quarante ans.
André Maurois
Octobre 2012
Après tant de temps.
Frédéric Mey
{Refrain:}
Après tant de temps, je t´aime aujourd´hui
A la fois lucide et tout ébloui.
Et un jour sans toi reste un jour perdu
Comme un jour où je n´aurais pas vécu
Après tant de temps, ton nom m´est toujours
Le seul synonyme pour dire amour
Et si quelque chose a changé vraiment
Je t´aime encore plus après tant de temps.
J´ai si souvent essayé de t´apprendre
Comme on apprend un schéma, comme on
apprend des leçons
Et chaque fois que j´ai cru tout comprendre
Un mot a suffi pour tout remettre en question
J´ai si souvent essayé de prédire
tes réactions, tes réponses, tes rires, tes émois
Mais lorsque j´ai cru savoir te décrire
je te voyais encore pour la première fois.
{au Refrain}
J´ai bien des souvenirs ineffaçables
Depuis ce temps qui s´en va dans des bottes de
sept lieues
et parmi mes souvenirs agréables
Ceux que nous partageons me sont les plus
précieux
il n´est pas une heure que je regrette
Seulement je regrette qu´aucune ne reviendra
Mais il est des lendemains qui promettent
que la grande aventure recommencera.
{au Refrain}
Mignonne, allons voir si la rose
P. de Ronsard
A cassandre
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoitdesclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
Toutes Les Femmes Sont
Belles
Henri Tachan
Toutes les femmes sont belles,
Toutes les femmes sont tièdes,
Toutes les femmes sont pacifiques,
Toutes les femmes sont douces,
Toutes les femmes sont mousse,
Toutes les femmes sont magnifiques...
Grand'mères-parchemins,
Les veines sur vos mains
Coul'ent en canaux, en rivières,
Grand'mamans-bateaux,
Vos yeux gris sur l'eau
Voguent encore vers hier...
Ell'es sont toutes neuves,
Mêm'e quand ell'es n'en peuvent
Plus de se donner, se vendre.
Ell'es sont toujours les
Filles aux dents de lait
De mes rentrées de septembre,
Toujours écolières,
Déjà millénaires,
Toujours sur nous en avance.
Brebis ou bergères,
Ell'esfleur'ent la litière,
La luzerne, la semence...
Toutes les femmes sont belles,
Toutes les femmes sont tièdes,
Tout's les femmes sont pacifiques,
Toutes les femmes sont calmes,
Toutes les femmes sont palmes,
Toutes les femmes sont d'Afrique,
Mal épanouies par
Des amants ringards
Qui s'affolent et qui se pressent,
Trop tôt engrossées
De petits poucets
Aux cailloux blancs de tendresse...
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vraymentmarastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Benoîte, ma sœur,
Lorsqu'une femme meurt
Après longtemps de patience,
Ça fait plus de bruit
Que toute sa vie
D'humilité, de silence.
Pauvres Don Juan,
Pauvr'es princes charmants
Qui disiez : «Dors et sois belle!»
Voilà qu'aujourd'hui,
L'oiseau part du nid,
Qu'elle s'envole, l'hirondelle...
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.
Toutes les femmes sont belles,
Toutes les femmes sont tièdes,
Toutes les femmes sont pacifiques,
Toutes les femmes sont douces,
Toutes les femmes sont mousse,
Toutes les femmes sont magnifiques!
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Mail :
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