case no:i - The Rwanda Documents Project

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case no:i - The Rwanda Documents Project
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AFRICATIME.COM
/ RWANDA
André Guichaoua ¯ "L’assassinatdu président Habyarimanaa été programmé dès 1993"
(Le Monde 06/05/2004)
Entretien
aveccet expert-témoin
du Tribunal
pénalnternational
pourle Rwanda.
Pourquoi
le président
rwandais
PaulKagaméa-t-ilsi vivement
réagiaux accusations
du jugeBruguière
qui
luiimputela responsabilité
de l’attentat
du 6 avril1994contreson prédécesseur,
Juvénal
Habyarimana
?
La réaction
de Paul Kagaméest l’expression
publiqued’unetensionqui prévautdepuisplusieurs
annéesà
causedesfuitessurcet attentat.
Cesfuites,quisontnotamment
le faitde dissidents
du Frontpatriotique
rwandais-FPR,le mouvementde Paul Kagamé,au pouvoirà Kigalidepuis1994-,formentun faisceaude
"moignages
concordants
depuisfévrier1997.Plusieursdossiersont alorsété remisà l’ambassade
des
.....~~~Lcats-Unis
à Kigaliet au bureau
du procureur
du Tribunal
pénalinternational
pourle Rwanda
-TPIR-.
Sont
ensuite
venueslesdénonciations
de la hiérarchie
militaire
parun officier
dissident,
le 9 septembre
1999,et
un mémorandum
sur l’attentat
par un autredissident,
le 21 avril2000.Maisce n’estqu’enaoût2002que
les accusations
ont prisuneconsistance
définitive,
grâceà uneenquêteréalisée
au Rwandapar un groupe
d’officiers.
Ilsont fournilesnomsde plusieurs
desexécutants
de l’attentat
et localisé
lessurvivants
du
commando.CarlaDel Ponte,alorsprocureure
du TPIR,a refuséde réceptionner
ce dossierqui lui était
destiné.
L’assassinat
du président
Habyarimana
était-il
uneopération
extrêmedansune situation
qui ne l’étaitpas
moins,faceà la menaced’ungénocide?
L’attaque
du FPR depuisl’Ouganda,
le 1er octobre1990,attestait
clairement
le choixd’unestratégie
de
conquêtedu pouvoirpar les armes.La ripostedu régime Habyarimanaa été, elle aussi, dépourvue
d’ambiguïtés
¯ les arrestations
arbitraires
de milliers
d’opposants
se sontimmédiatement
prolongées
par
desmassacres
téléguidés
parlesautorités
contredesTutsisà l’intérieur
du pays.
Pourquoi
le FPR n’a-t-il
pasjouéle jeu d’unealliance
avecles partisd’opposition
au Rwandapourdéfaire,
avecleurappui,le régimeHabyarimana
dansles urnes?
........
!s avaient
le mêmeobjectif"
mettrefin au régimedu président
Habyarimana.
Maislesdirigeants
de la
rébellion,
contrairement
auxpartis
de l’opposition
intérieure,
ne voulaient
paslierleursortà l’organisatio
d’élections
libres.
En faisant
alterner
desactions
militaires
et descyclesde négociations,
le FPRa réussià
exacerber
les divisions
au seindu gouvernement
élargià l’opposition,
quiavaitété misen placeà Kigali
aprèsl’ouverture
au multipartisme
concédée
par le président
Habyarimana.
Au boutdu compte,
c’estle FPR quia été le principal
bénéficiaire
desaccordsd’Arusha
d’août1993.Après
cettevictoirenégociéeau niveaudes appareils
politiques,
le présidentHabyarimana
devaitêtre mis à
l’écart.
Car,le résultat
des futuresélections
ne pouvaitêtreque défavorable
au FPR.Une preuvede sa
faibleassisepopulaireavaitété fournielors du renouvellement,
en septembre1993, des exécutifs
communauxdans la zone démilitarisée
au nord du Rwanda.Le FPR y avait été partoutdéfait par les
partisans
du MRND,l’ex-parti
uniqued’Habyarimana.
La réaction
du FPRa étébrutale¯ dansla nuitdu 17
au 18 novembre1993,55 personnes,
dont des élus du MRND et leursfamilles,ont été assassinées
dans
cettemême zone.
Sur quelle base affirmez-vous
que le FPR s’est alors engagé dans une campagnede terreurpar des
attentats
aux minesanti-char
et anti-personnel
?
Entrejuillet1991 et septembre
1992,45 attentatsrecensésont fait l’objetd’unedocumentation
assez
complète
de la partde la gendarmerie
rwandaise.
J’airecoupéces éléments
auprèsde multiples
sources¯
rapports
divers,documents
des officiers
de la policejudiciaire,
témoignages
d’officiers
rwandais
desdeux
camps,ainsique de personnalités
rwandaises
et burundaises.
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La première
vagued’attentats,
aprèsl’installation
du gouvernement
élargià l’opposition,
a duréjusqu’à
la
fin 1992.Puis,les attentats
ont cesséau début1993,au momentde l’offensive
militaire
du FPR dansle
nord.Une secondecampagnes’estdérouléeentremars et mai 1993.Les lieuxvisés - des marchés,la
postecentrale
et la gareroutière
de Kigali,
desminibus,
taxis,hôtelset bars- démontraient
l’intention
de
fairele maximum
de victimes
civiles.
Ces attentats
n’ontpris fin qu’aprèsde nombreuses
arrestations
de passeursde minesaux frontières
et
l’identification
des matériels
quiétablissaient
formellement
l’implication
du FPR.Ilsont déstabilisé
les
partispolitiques
et diabolisé
la mouvance
présidentielle,
qui a été systématiquement
accuséed’en être
responsable.
Ilsont faitbasculer
dansla peurlespréfectures
du centreet du sudquin’étaient
pas encore
touchéespar la guerre.Ils n’enlèvent
évidemment
rien aux violencesorganisées
par les milicesde la
mouvanceprésidentielle
ou aux exactionscommisespar l’arméegouvernementale.
Seulement,
commeses
adversaires,
le FPR a eu recoursaux actionsterroristes
selonun programmecoordonnéavec ses autres
formesd’action
militaire
ou politique.
D’aprèsmessources,
le coordonnateur
desattentats
du FPR étaitle
capitaine
MartinNzaramba,
alorscommandant
de l’unitédu génie.Il a été nommégénéralde brigade,en
février
2004.
Vous avezégalement
enquêtésur les assassinats
de plusieurs
figuresde l’opposition
démocratique
hutue
qui,jusqu’àprésent,
étaientimputésaux extrémistes
du camp Habyarimana.
Pourquoi
le FPR les aurait-il
tués?
Nesinformations
proviennent
d’enquêtes
effectuées,
dès 1993et 1994,parles autorités
judiciaires
et les
servicesdu premierministrerwandais-issude l’opposition-,
avec l’appuide plusieursambassades
occidentales.
J’étais
associéà cesenquêtes,
dontl’aiensuite
recoupélesinformations
quifontpartiedes
dépositions
recueillies
parle TPIRet,aussi,
du dossier
d’instruction
de la justice
française.
Enmai
1993,
juste
avant
lasignature
des
accords
depaix
d’Arusha,
Emmanuel
Gapyisi,
l’un
des
dirigea
du principal
partid’opposition,
le MDR-Mouvement
démocratique
républicain-,
briguait
le postede premier
ministre
qui,auxtermes
desaccords,
devait
revenir
à sonparti.
Il avaitrefusé
l’alliance
privilégiée
avecle
FPR.Dixjoursplustard,il a étéassassiné.
FélicienGatabazi,leaderdu Partisocial-démocrate,
a égalementété assassinéaprèsavoirpris ses
distances
vis-à-vis
du FPR.Dèsl’annonce
de sa mort,les chefsde l’opposition
ont dénoncéles"escadrons
de la mort"de la présidence.
Ces assassinats
ont déclenché
des affrontements
meurtriers
entreles milices
despartis
à Kigali.
L’attentat
contrele président
Habyarimana
constituerait
ainsile pointd’orgue
d’unestratégie
de la tension
pourprovoquer
l’échecdes accordsde paixet la reprisede la guerre.Naispourquoi
l’élimination
du chef
’~-l’Etat,
porteuse
de
si
graves
risques
pour
les
Tut.sis
de
l’intérieur,
~tait-elle
nécessaire
,
¯
_enjeus’estfocalisésur la désignation
des représentants
des partisau sein du gouvernement
et de
l’assemblée
de transition.
La bipolarisation
voulueparlesprotagonistes
- le campprésidentiel
et le FPRs’esteffectuée
au détriment
despartisde l’opposition.
Conséquence
des attentats,
assassinats,
massacres,
menaceset intimidations
¯ ces partisontéclatéen tendances
alignées
surl’unou l’autredes deuxcamps,
identifiés
à l’uneou l’autredes ethnies.
Cet éclatement,
en privantle FPR d’unemajorité
qualifiée
au
Parlement,
a écartéla possibilité,
prévuepar lesaccords
d’Arusha,
de destituer
le président
Habyarimana.
La mouvance
présidentielle
s’està sontourdivisée
¯ les uns,les"modérés",
attendaient
l’issue
de futures
élections
; lesautres,
les"extrémistes",
ontstructuré
leurprojet
génocidaire.
De son côté,le FPR a activementpréparéle dénouementmilitaire.D’aprèsdes sourcesinternes,le
scénariode l’assassinat
du présidentHabyarimana
a été programmédès la fin de l’année93, comme
préambule
à la reprisede la guerre.En février1994,le FPR estimaitne pluspouvoirrester"les bras
croisés".
Dans le campprésidentiel,
tous les ressorts
d’un génocide
étaientalorsen placesur le plan
politique,
idéologique
et logistique
¯ de la coordination
entremilitaires
et miliciens
armésà la propagande,
en passantpardes cachesd’armeset la confection
deslistesdes victimes.
Les dirigeants
du FPRsavaient
quel’élimination
du président
libérerait
lesforces
lesplusfanatiques
chezl’ennemi.
Ilssavaient
aussique,
suiteà leurmiseen gardesolennelle
du 4 avril,lesNations
uniesenvisageaient
le retrait
de leurscasques
bleus.Sansle vouloir,
lesambassades
et organismes
de coopération
internationale
ontalorsarrêtéla date
de l’attentat.
En effet,
ilsontfixéuneultime
datebutoir,
le 8 avril,
auxparties
en conflit,
pourla miseen
placedes institutions
de transition.
Ce faisant,
ilsont engagéle compteà reboursde l’attentat,
de la
reprise
de la guerreet du génocide.
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Proposrecueillis
parStephenSmith
EmmanuelGapyisitué par un commando
Ce fut le premiergrand attentatpolitique.Au moment des faits, en mai 1993, l’enquêteétablit
qu’Emmanuel
Gapyisi,figuremontantede l’opposition
au régimedu présidentHabyarimana,
avaitété tué
par un commandode quatrepersonnes
sur deux motos,"couvertes"
par deux autrespersonnesen voiture.
Lesprincipaux
indices
furent6 culots
de douilles
et 2 balles
trouvées
surleslieuxde l’attentat,
en plusde
la balleretirée
du corpsde la victime.
Lesculotsportaient
la mention
IsraelMilitary
Industries,
calibre
9mm, fabrication
1964.Ils provenaient
de livraisons
anciennesà l’arméeougandaise,
pourvoyeuse
du
Frontpatriotique
nNandais(FPR)de PaulKagamé.
Sur la foi de témoignages
recueillis
au sein même du FPR, AndréGuichaouaaffirmeavoiridentifiéles
auteursde l’attentat.
Les deuxtireursà l’arrière
des motosseraient
le caporalMahoroAmani,un souslieutenant
actuellement
en prisonpourd’autres
faits,et le sergentDanNdaruhutse,
aujourd’hui
lieutenant
ilaGarderépublicaine.
Le meurtrede Félicien
Gatabazi
Ministre
destravaux
publics
et de l’énergie
dansle gouvernement
dirigéparl’opposition,
Félicien
Gatabazi,
fondateur
et chefdu Partisocial-démocrate
(PDS),avaitprissesdistances,
dèsla fin1993,tantà l’égard
du présidentHabyarimanaque par rapportau FPR, le mouvementrebellede Paul Kagamé.Son parti
n’entendait
être"levalet"ni de l’unni de l’autre,
expliqua-t-il
lorsd’unmeeting,
en février
1994.Quelques
joursplustard,le lundi21 février,
sortantd’uneréunionde l’opposition
à l’hôtelMéridien
de Kigali,
l’opposant
fut tué dans sa voituresur l’échangeur
qui montaità son domicile,
vers 22 h 45. Selondes
témoignages
recueillis
parle Tribunal
pénalinternational
pourle Rwanda(TPIR)et le jugeBruguière,
confirmésà AndréGuichaoua,
deux militaires
du FPR seraientles auteursde ce crime¯ le lieutenant
GodffreyKiyagoNtukayajemo,
qui purgeune peineà perpétuité
pour d’autresfaits,et le sergentEric
MakwandiHabumugisha,qui aurait déjà assuré la "couverture"du meurtred’un autre dirigeantde
~~ 9position,
Emmanuel
Gapyisi,en mai 1993.
¯ ARTICLE PARU DANS L’EDITIONDU 07.05.04
© CopyrightLe Monde
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le sitede’LeMonde
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