Les Bourses mondiales lancées dans une course à

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Les Bourses mondiales lancées dans une course à
16
0123
économie
Vendredi 27 avril 2012
LeRoyaume-Unitombe
denouveauen récession
Les statistiques nationales, jugées peu fiables,
contrastent avec l’optimisme des industriels
Londres
Correspondant
L
e Royaume-Uniest confronté
à ce que les économistes
appellent un scénario en
« W », le « double dip » (double
plongeon) qui voit une seconde
récession succéder au rebond de
l’activité qui avait mis un terme à
une première récession. Selon les
données publiées mercredi
25avrilpar l’Officepour les statistiques nationales (ONS), le produit
intérieur brut (PIB) britannique a
en effet diminué de 0,2 % au premier trimestre 2012 après s’être
contracté de 0,3 % au dernier trimestre 2011.
Fin 2009, le royaume était sorti de la récession provoquée par la
crise financière. La retombée en
récession est le résultat de la chute – plus forte que prévu – de la
construction et du léger déclin de
la production industrielle. Les services financiers, poumons de
l’économie, qui représentent
29 % de la richesse nationale, ont
également reculé de 0,1 %.
Pour le gouvernement de coalition entre les conservateurs et les
libéraux démocrates, à la traîne
des sondages, c’est une mauvaise
nouvelle. Une série de déboires, en
particulier la déconfiture du
dernierbudget,perçucommefavorisant les riches, ou la détérioration en mars de la situation budgétaire malgré des coupes drastiques dans les dépenses publiques
ont alimenté la chute de popu-
larité de l’équipe Cameron.
Malgré les appels à relancer une
croissance atone, le ministre des
finances, George Osborne, veut
poursuivre sa cure d’austérité,
seul moyen à ses yeux de conserver le triple A dont bénéficie le
Royaume-Uni.
La baisse des salaires en termes
réels, la diminution du pouvoir
d’achat des ménages, la hausse des
prix des produits alimentaires et
de l’énergie sont autant d’obstacles à une relance par la consommation ou par l’immobilier. Il
s’agit des deux pôles traditionnels
de reprise outre-Manche.
Faiblesse de la livre
Cette contre-performance ne
semble guère ébranler la City pour
qui ces statistiques contrastent
avec les prévisions plus optimistes des industriels dont les carnets
de commande ont apparemment
résisté au ressac. Qui plus est, la
Banque d’Angleterre pourrait procéder à une nouvelle injonction de
liquidités malgré la légère hausse
de l’inflation en mars. Quant aux
exportations,dopéespar la faiblessedela livreetla percéesur lesmarchés émergents, elles se portent
bien malgré la crise de la zone
euro, premier client du royaume.
Nombre d’économistes parient
que l’ONS, dont les statistiques
sont sujettes à caution, révisera
ses estimationspour faire apparaître une croissance très modeste du
PIB au premier trimestre. p
Marc Roche
Les Bourses mondiales lancées
dans une course à la microseconde
Zurich et Madrid augmentent la fréquence à laquelle les traders peuvent passer des ordres
T
oujours plus vite. Depuis
mercredi 25 avril, acheter ou
vendre une action à la Bourse de Madrid (BME) ne prend
qu’une milliseconde (un millième
de seconde), dix fois moins
qu’auparavant. Mais c’est toujours plus long qu’en Suisse où
SIX Swiss Exchange, l’opérateur de
la place de Zürich, permet depuis
lundi23 avril d’effectuerdes opérations en… 37 microsecondes -soit
37 millièmes de milliseconde!
« Nous disposons désormais de
la plate-forme la plus rapide au
monde », se félicite-t-on chez
SIXSwiss Exchange. Evidemment,
ce type d’opérationn’est pas accessible au tout-venant. En accroissant la vitesse des transactions, les
Bourses mondiales comptent attirer les plus sophistiqués des professionnels de la finance, dits « traders haute fréquence ».
Ilstirentpartid’infimesdifférences – de prix, de volumes… – entre
les marchés, pour acheter ou vendredes actions,devises ou produits
dérivés en un temps record. Nécessitant de « super-calculateurs »
informatiques qui scrutent en permanence l’état des places mondiales, le trading haute fréquence est
réservé à un petit nombre d’investisseurs, courtiers (Getco) ou fonds
spéculatifs (Citadel…), prêts à
dépenser des dizaines de millions
d’euros pour créer les serveurs et
concevoir les algorithmes qui leur
permettront de mieux cerner les
mouvements des marchés.
Un phénomène croissant
PART DU TRADING À HAUTE FRÉQUENCE
DANS LES TRANSACTIONS SUR ACTIONS, en %
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SOURCES : CELENT, TABB GROUP, VERNIMMEN.NET
Mais ces pratiques sont loin
d’être anodines. En croissance
exponentielle depuis le milieu des
années 2000, le trading haute fréquence représente aujourd’hui
environ40 %des volumes enEurope et 60 à 70 % aux Etats-Unis. Il a
peu à peu cannibalisé les échanges
traditionnels, contribuant à l’image d’opacité des places financières.
Et est montré du doigt à chaque
soupçon de manipulation de
cours ou autres « flash krach », ces
affolements de marché qui voient
les indices dévisser en quelques
secondes, hors de tout contrôle
humain, comme en mai 2010 à
New York.
« Les pratiques de manipulations de cours ou d’abus de marché
ne sont pas nouvelles, mais le tra-
ding haute fréquence permet de les
appliquer rapidement et à grande
échelle », explique Benoît Lallemand, analyste recherche chez
Finance Watch, une association à
but non lucratif consacrée à la
« défense de l’intérêt public dans
les négociations financières » à
Bruxelles.
Encadrer ces pratiques
Pourses adeptes,le trading haute fréquence contribue à la liquidité des marchés. Il « joue aussi un
rôle sans équivoque dans le baisse
des coûts de transaction » réaffirme la FIA, principale association
européenne de traders.
« Nous ne nous adressons pas
qu’aux traders haute fréquence,
qui représentent moins de 20 % des
volumes en Suisse, marché très
conservateur», jure-t-on chez SIX
Swiss Exchange, où l’on est
conscient de la polémique
La Commission européenne,
elle, souhaite encadrer ces pratiques. Dans le cadre de la révision
de la directive marchés d’instruments financiers (MIF), elle tente
d’imposer des garde-fous :
contraintes de capitaux propres,
gestion des risques… En France,
l’Autorité des marchés financiers
plaide pour une surveillance croisée entre places. Mais elle ne s’attend pas à une mise en œuvre de
ces réformes avant fin 2013. Finance Watch évoque même 2014…
En attendant, les initiatives de
Zurich et de Madrid montrent que
la course à la microseconde ne se
limite plus aux leaders du secteur
– le London Stock Exchange, N yseEuronext ou la plate-forme alternative CHI-X Europe/BATS.
Car attirer les investisseurs les
plus rapides s’avère très rentable.
Pour ces clients, les Bourses ont
développé de nouveaux services,
de la « colocation» (installation de
serveurs dans les murs ou à proximité des Bourses) à la vente de flux
de données pour les algorithmes.
Et elles ne sont pas les seules à en
tirer profit. «Pour une grande banque d’investissement, le trading
haute fréquence peut représenter
plus d’un milliard d’euros de bénéfices par an », indique M. Lallemand. p
Audrey Tonnelier
L’irrésistibleascensionde Wal-Martau Mexiqueentachéepar des pots-de-vinen série
Une actionnaire du champion de la distribution a porté plainte contre le groupe dont les patrons auraient «gravement compromis» ses intérêts
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Au printemps, l’espace Topper vous fait une !eur !
exceptionnel propre à servir de
phare pour la prochaine grande
conquête: le marché chinois. Mercredi, Wal-Mart a indiqué « enquêter » depuis six mois sur les révélations du New York Times et avoir
créé récemment un poste de « responsable mondial du respect du
FCPA ». M. Castro-Wright, qui doit
quitter ses fonctions en juillet, a
dit être au regret de ne plus pouvoir d’ici là « remplir [ses] obligations » au conseil d’administration de l’entreprise dont il est le
vice-président depuis 2008. p
Sylvain Cypel
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« Absence de preuve »
Pour « débriefer » M. Cicero,
Mme Munich envoie au Mexique
un spécialiste, Juan Francisco Torres-Landa – lequel n’a bientôt plus
beaucoup de doutes sur la véracité
de ces allégations. La nouvelle
« affaire Cicero » commence en
décembre2005,lorsquele directoire de Wal-Mart est informé. La première enquête interne conclut à
des « suspicions fondées de violation des lois » par la filiale, incluant
la loi américaine contre les pratiques de corruption à l’étranger
(Foreign Corrupt Practices Act, ou
FCPA).
Mais bientôt, les enquêteurs
internes voient leurs prérogatives
rognées. Lee Scott, alors PDG de
Wal-Mart, leur reproche de « n’enquêter qu’à charge (…) trop agressivement ». Le directeur juridique,
Thomas Mars, confie en
février 2006 le traitement de l’affaire à son subordonné au Mexi-
que, José Luis Rodriguez Macedo,
un homme fortement soupçonné
par les enquêteurs précédents
d’être lui-même impliqué dans le
système local de pots-de-vin. En
mai, M. Rodriguez Macedo conclut
à l’« absence de preuve ». La directionde la filialepuis celle de la maison mère valident cette conclusion. A aucun moment, Wal-Mart
n’a fait appel à des enquêteurs
indépendants ou informé la police, ni aux Etats-Unis ni au Mexique. Aujourd’hui, la quasi-totalité
des protagonistes du plus haut
niveau ont pris leur retraite ou
quitté l’entreprise.
Il a fallu plus de six ans pour
que ces informations soient divulguées. Le 22 avril, le journaliste
David Barstow signait à la « une »
du New York Times une enquête
très fouillée détaillant le système
de corruption installé au Mexique
par Wal-Mart et la manière dont
ses dirigeants ont systématiquement entravé sa mise au jour.
M. Cicero, qui s’est longuement
confié à lui, y explique leur logique. Le PDG, M. Castro-Wright,
avait pour obsession d’augmenter
les recettes de la filiale et sa marge
« par tous les moyens ». Sa stratégie
consistait à multiplier les enseignes à un rythme étourdissant
pour « assécher » une concurrence
incapable de suivre. Pour cela, des
permisde construire qui prennent
des mois, voire des années, à être
délivrés étaient miraculeusement
accordés en une semaine.
Sous son égide, Wal-Mart a distribué 24 millions de dollars de
pots-de-vin, le tout dûment enregistré de façon codée. Une vétille,
comparéeau bénéfice qu’ena obtenu la filiale mexicaine: elle représente aujourd’hui 20 % du marché
de la firme et, avec 208 000 salariés répartis entre 2 138 grandes
surfaces et 1 250 petites enseignes,
elle est devenue le premier
employeur du Mexique.
Jusqu’ici, cette filiale était présentéepar Wal-Martcommele précurseur d’une expansion réussie à
l’international, offrant un profit
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La vraie nature du confort progressif
ment compromis » ses intérêts en
menant au Mexique des opérations illicites à grande échelle.
Au départ, M. Cicero, à la tête
d’une cellule secrète qui ne rend
compte qu’aux dirigeants de la
filiale, est chargé d’« acheter »
quiconque au Mexique peut aider
Wal-Mart à obtenir des permis de
construire dans les plus brefs
délais, si besoin au mépris des
normes sanitaires ou environnementales.
S’acquittant sans faille de sa
tâche, il se voit pourtant refuser en
2004 un poste qu’il ambitionnait.
« Moi, je pensaisque je méritais une
médaille », dit-il aujourd’hui. En
septembre, il démissionne. Un an
plus tard, il envoie un courriel à
Maritza Munich, la directrice juridique de Wal-Mart International.
Ily évoquedes « irrégularités» promues de tout temps « au plus haut
niveau» mais qu’Eduardo CastroWright, PDG de Wal-Mart de
Mexico depuis 2002, a poussé à un
degréde sophisticationetde frénésie inégalé. Il sait tout, c’est lui qui
délivrait les « enveloppes ».
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sans rechigner à toute
requête,ycompris lamoins recommandable. Si les dirigeants de WalMart de Mexico, filiale du numéro
un mondial de la grande distribution, avaient respecté cette règle
de base de la « gouvernance d’en-
treprise », il est probable que Sergio Cicero Zapata n’aurait pas vendu la mèche. Et peut-être la direction générale de Wal-Mart ne risquerait-elle pas, aujourd’hui,
d’être submergée par un énorme
scandale de corruption.
Mercredi 25 avril, Henrietta
Klein a été la première à porter
plainteaux Etats-Uniscontre la firme dont elle est actionnaire. Elle
accuse ses patrons d’avoir « grave-
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