Master LEA logistique : la voie de l`international
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Master LEA logistique : la voie de l`international
LM216_P112-113_FORM 20/03/07 15:23 Page 112 CARRIÈRES ET FORMATIONS Master LEA logistique : la voie de l’international I Le master Langues étrangères appliquées (LEA) à la logistique internationale de l’université de Nantes offre un nouveau débouché aux étudiants littéraires et permet aux entreprises de recruter des logisticiens trilingues. a logistique offre un nouveau débouché professionnel aux étudiants en Langues étrangères appliquées (LEA) jusque-là relégués aux métiers saturés du commerce international ou du secrétariat trilingue. Grâce au master LEA logistique internationale créé en 2005 par Francky Trichet, maître de conférences à l’université de Nantes,une quinzaine d’étudiants linguistes a en effet décroché un poste de logisticien en France ou à l’étranger. “Les entreprises n’ont pas de mal à recruter du personnel formé à la logistique. En revanche, elles ont des difficultés à trouver des collaborateurs à la fois compétents en logistique, bons en langues et dotés d’une solide culture internationale”, constate Francky Trichet. Le taux d’insersion des étudiants du master frôle les 80 %. Sur les 19 étudiants de la première promotion, 15 ont été embauchés en CDD ou en CDI et 8 le sont dans l’entreprise qui les a accueillis en stage. L REPÈRES I Nom : master professionnel "Langues étrangères appliquées à la logistique internationale". I Date de création : 2005. I Niveau : bac +5. I Formation initiale. I Lieu des cours : Centre international des langues (CIL) de l’université de Nantes. I Public : - étudiants ayant terminé avec succès la première année (M1) de master LEA ou de master sciences économiques ; - diplômés d'une école de commerce ou d'une école d’ingénieur et possédant un excellent niveau en anglais et dans une seconde langue étrangère (allemand, arabe, espagnol, italien, portugais ou russe) ; - professionnels dotés d 'une solide expérience professionnelle et d’un excellent niveau en anglais et dans une seconde langue. I Sélection sur dossier et sur entretien. Effectif par promotion : 25 étudiants maximum. Coût de la formation : 367 euros (frais d’inscription universitaire + sécurité sociale). Responsable de la formation : Francky Trichet. Tel : 02 40 14 11 49. Web : www.lea-nantes.com/rli/ 112 80 % d’insertion Preuve que le cursus correspond à un réel besoin des entreprises, le taux d’insersion de ses étudiants frôle déjà les 80 % et ce, moins de deux ans après sa création. Sur les 19 étudiants de la première promotion, 15 ont ainsi été embauchés en CDD ou en CDI et huit le sont dans l’entreprise qui les a accueillis en stage. C’est le cas de Mathilde Chedotal, devenue responsable du développement logistique de la société espagnole Equinse, spécialisée dans les appels d’offres de matériel didactique pour l’éducation et la formation professionnelle. C’est également le cas de Sophie Cottineau qui, après un passage chez Volkswagen en Allemagne, a intégré le service achats du constructeur à Vérone, en Italie, ou encore de Virginie Provost à LOGISTIQUES MAGAZINE • AVRIL 2007 • N°216 qui Airbus, satisfait du travail de sa jeune stagiaire française,a confié un poste d’agent “lean-conduite du changement” sur son site de Chester, à l’ouest de l’Angleterre (voir encadré). Ces trajectoires professionnelles heureuses sont aussi le résultat du dynamisme et de l’implication de l’équipe pédagogique du master qui met tout en œuvre pour offrir aux étudiants et aux entreprises qui les embauchent un programme universitaire bac +5 de qualité. Ceci passe d’abord par une sélection rigoureuse des candidats. Sont par exemple exigés un bon niveau en langues attesté par une expérience d’au moins six mois à l’étranger (échange Erasmus, stage en entreprise, etc.) ainsi qu’un solide projet professionnel en logistique. Ces pré-requis ne perturbent pas outre mesure les jeunes qui, bien souvent, ont réalisé non pas un mais plusieurs séjours à l’étranger et qui n’hésitent pas à se présenter en entretien avec des propositions de stages ou des promesses de préembauche en bonne et due forme. Six couples de langues À la motivation des étudiants, l’équipe enseignante du master – composée d’une vingtaine d’universitaires et de huit intervenants extérieurs – répond par des enseignements de haut niveau mêlant cours de logistique et de langue, théorie et pratique. Les cours de logistique (120 heures au total) sont assurés par Bruno Durand, parrain de la formation et président de la délégation Pays de la Loire de l’Association fran- “Les entreprises n’ont pas de mal à recruter du personnel formé à la logistique. En revanche, elles ont des difficultés à trouver des collaborateurs bons en langues et dotés d’une solide culture internationale”, FRANCKY TRICHET, RESPONSABLE DU MASTER. LM216_P112-113_FORM 20/03/07 15:23 çaise pour la logistique (Aslog). Les étudiants se familiarisent avec les composants de leur future “caisse à outils” : progiciels de gestion (ERP,APS,WMS,SCE...), méthodes de prévision, de planification et de production, etc., et abordent les problématiques plus globales liées à la logistique de distribution, à la reverse logistic, au e-commerce et aux stratégies industrielles, le tout étant illustré par des visites d’observation de sites industriels ou de plates-formes logistiques, organisées avec des entreprises partenaires du programme, comme Carrefour ou le port autonome de Nantes Saint-Nazaire. Avec 120 heures de cours, les langues constituent, on l’a vu, l’autre grand volet du programme. En fonction de leur formation antérieure, les étudiants peuvent choisir entre six couples de langues. À l’anglais, obligatoire, ils ont ainsi la possibilité d’ajouter l’allemand, l’espagnol, le portugais, l’arabe, l’italien et le russe. Ces cours mettent l’accent sur la civilisation et l’économie des pays où sont pratiquées les langues étudiées.Au travers d’articles de presse, de billets glanés sur Internet ou d’études de cas commerciales, les étudiants passent également en revue le vocabulaire logistique en langue anglaise ainsi que dans la deuxième langue de leur choix. Pour vérifier leurs connaissances, des exercices écrits (thèmes et versions principalement) et des simulations orales de négociations commerciales appliquées à la logistique sont au menu. Esprit positif et recherche de l’excellence À mi-cursus et en parallèle des cours, les jeunes vont découvrir les réalités du terrain au travers d’un projet tuteuré.Les étudiants, regroupés par équipes de quatre ou cinq, ont trois mois pour mener à bien ce travail, lequel fait obligatoirement l’objet de comptes rendus bimensuels, d’un rapport de synthèse et d’une soutenance orale. L’exercice, qui s’apparente en fait à une mission d’audit, nécessite un grand Page 113 P R O F I L Virginie Provost, agent “lean conduite du changement” chez Airbus “Le master nous apprend l’adaptabilité” A l’usine Airbus de Chester, dans l’ouest de l’Angleterre, Virginie Provost est surnommée “Ginnie”. “Les Anglais ne sont pas doués pour les prénoms étrangers !”, s’amuse la jeune diplômée du master LEA logistique internationale de Nantes. Depuis onze mois qu’elle travaille outre-Manche chez l’avionneur européen, la “petite” française a appris à apprécier l’humour de ses collègues à 95 % masculins. Une souplesse de caractère indispensable dans le métier qu’elle exerce. En tant qu’agent de conduite du changement, elle est amenée à dialoguer aussi bien avec les opérateurs de production qu’avec les managers de l’entreprise. “Dernièrement, j’ai négocié avec le responsable financier du groupe un budget de 10 000 euros pour la mise en place d’un stock de secours”, raconte-t-elle. “À 23 ans, j’aurais pu être impressionnée par ce tête-à-tête professionnel. Mais ça n’a pas été le cas car le investissement de la part des étudiants. L’année dernière, dans le cadre d’un projet visant à améliorer la logistique des retours d’un entrepôt du prestataire Heppner à la Roche-sur-Yon (Vendée), le groupe n’a pas hésité à passer trois jours sur place pour mieux observer la situation existante et proposer les solutions les plus adaptées. Certains projets donnent même lieu à des réalisations concrètes, par exemple, le déploiement d’un équipement RFID chez Tabur Électricité, distributeur de matériel électrique. Le stage à l’étranger, d’une durée minimum de trois mois, est le troisième grand moment de la formation. Là encore, esprit positif et recherche de l’excellence sont à l’ordre du CV EXPRESS Age : 23 ans Salaire mensuel net : 1 500 euros master nous a bien préparés à nous adapter à ce genre de situation.” Celle qui était sceptique sur la capacité du master LEA logistique internationale à la conduire vers un emploi de logisticien est aujourd’hui rassurée. “Certes, le master ne nous forme pas à être des opérationnels. En revanche, il nous donne une vision stratégique de la logistique et une capacité d’adaptation très recherchées par les entreprises.” Pour acquérir les jour.“On attache beaucoup d’importance au suivi des étudiants, on vérifie qu’ils ne se retrouvent pas sur des projets qui ne tiennent pas la route. Bref, on les pousse à trouver les meilleures missions possibles”, souligne Francky Trichet. Anglais-chinois en 2008 Même s’il croit dur comme fer à la solidité de sa formation, Francky Trichet sait rester modeste et se donne du temps pour réussir. “On dit qu’il faut quatre ans pour qu’un programme soit au top”, confie-t-il. Quatre longues années que le jeune responsable pédagogique,chercheur en informatique à ses heures perdues, envisage de mettre à profit pour prospecter les universités étran- connaissances terrain qui lui manquent, Virginie Provost compte désormais sur sa vie professionnelle. C’est pourquoi elle aimerait prolonger son expérience chez Airbus et apprendre encore sur la logistique de production, son domaine de prédilection. Toutefois, les réductions d’effectifs en cours chez le constructeur compromettent ses projets. Sans attendre la fin de son stage, la jeune femme a donc commencé à chercher un poste de “responsable du changement” en dehors du groupe EADS, mais toujours dans l’industrie et toujours au Royaume-Uni. Non seulement, le marché de l’emploi y est plus dynamique qu’en France, mais la logistique y a meilleure image. “Ici, la logistique n’est pas automatiquement associée au transport comme en France. Les Anglais ont une vision du métier plus juste que celle des Français.” M.-N. F gères et mettre en place des partenariats.“L’idée est de nouer des liens pédagogiques afin de proposer un cursus composé de trois mois de cours à Nantes, trois mois dans une université étrangère et six mois de stage à l’étranger.” Des contacts ont d’ores et déjà été pris avec l’université française d’Égypte au Caire. Par ailleurs, les Pays d’Europe centrale et orientale (Peco) ainsi que les pays hispaniques (Espagne et Amérique latine) constituent les zones géographiques cibles du master. Enfin, dès la rentrée prochaine, le master LEA logistique ouvrira ses portes aux russophones et aux lusophones.Avant de lancer une section anglais-chinois en septembre 2008 ! Marie-Noëlle Frison N°216 • AVRIL 2007 • LOGISTIQUES MAGAZINE 113