des bières - Gaspésie Gourmande
Transcription
des bières - Gaspésie Gourmande
Philippe Gauthier remonte une dizaine d’années en arrière quand, dans la Baie-des-Chaleurs, en boulangeant de nuit avec Louis-Franck et Sébastien Valade, on parlait bière. Le calme de la nuit aidant, dans les odeurs de levain, levures, ferments, un projet de microbrasserie refaisait surface. Enfin, avec une quatrième actionnaire, Christelle Latrasse, ils arrivaient au but. Avec le recul, l’analogie « pain-bière » semble si logique : « On a longtemps appelé la bière le pain liquide ! » précise Philippe. Philippe Gauthier casts his mind back a dozen years when in a village bordering Chaleur Bay, while making bread at night with Louis-Franck and Sébastien Valade, the three men would talk about beer. Encouraged by the serenity of the night, immersed in the smells of yeast, sourdough and other ferments, the idea of a microbrewery came up again and again. Finally, together with a fourth partner, Christelle Latrasse, they made their dream come true. Looking back, the bread/beer analogy seems a logical one; “beer was long known as liquid bread”, points out Philippe. Le sous-sol de la boulangerie sert à élaborer les premiers brassins. À coup de 20 litres, on expérimente les recettes des quatre premières bières (il est amusant de noter qu’elles n’ont quasiment pas changé depuis). En 2008, Le Naufrageur ouvre ses portes. Presque en même temps, à 200 km de Carleton, Benoît Couillard et Francis Joncas, de Pit Caribou à L’Anse-à-Beaufils, commencent très modestement eux aussi : « On brassait amateur, on avait 27 ans, aucune mise de fonds, on travaillait avec des équipements de ferme transformés, des barils récupérés mais, dès le démarrage en 2007, les gens de L’Anse-à-Beaufils et des environs se sont accaparé la bière locale. » Les moyens financiers manquent, les connaissances aussi. On part donc à la cueillette de conseils que l’on trouvera auprès d’autres microbrasseurs. L’expérience et l’expertise deviennent des sources d’inspiration. Aujourd’hui, les deux brasseurs gaspésiens ne semblent pas en concurrence l’un avec l’autre ou avec leurs équivalents établis ailleurs au Québec. Bien sûr ils veulent vendre, ils visent des marchés semblables, mais ils affirment miser sur la camaraderie et l’amitié. Grâce à l’Association des microbrasseries du Québec, ils gardent contact; les congrès et rencontres stimulent leur créativité et facilitent la formation. « On a tout avantage à progresser ensemble pour gagner de plus grandes parts de marché », explique Benoît. « Et il y a encore une place à prendre; la seule part de marché qui augmente chaque année dans le monde des bières, c’est celle des bières de microbrasseries », complète Philippe. The first brews were fine-tuned in the basement of the bakery. Making 20 litres at a time, they tweaked recipes until they came up with their first four beers (it’s quite amusing to see that they’ve changed very little since then). In 2008, Le Naufrageur opened its doors. At almost the same time, Benoît Couillard and Francis Joncas laid down a modest foundation for Pit Caribou in L’Anse-à-Beaufils, 200 km east of Carleton. “We were making beer almost as a hobby, were 27 years old, had no capital to invest, and were working with modified farm equipment and recycled barrels but, from the moment we started up in 2007, the people in and around L’Anse-à-Beaufils adopted our local beer.” They lacked not only funds but also knowledge. So they set off to gather advice from other microbrewers. Experience and expertise became sources of inspiration. Today, it seems the two Gaspé Peninsula microbreweries do not compete with one another or with their counterparts established elsewhere in Québec. Of course, they want to sell their product and they target the same market, but they say they focus on camaraderie and friendship. They maintain contact via the Association des microbrasseries du Québec; its annual conference and meetings spur their creativity and facilitate training. “It makes sense to move forward together to gain a larger share of the market”, explains Benoît. “And there’s still room for growth; the only market share that’s still expanding in the beer sector is the one occupied by microbrewery beer”, adds Philippe. DES BIÈRES QUI RACONTENT DES HISTOIRES Ces microbrasseries savent nous mettre en bouche des mots et des saveurs nouvelles. Au Québec, la bière est devenue plus que de la bière : elle fait des clins d’œil à l’histoire, célèbre les héros de la place et salue les saisons. Aux bières d’hiver succèdent celles qui apaisent la soif des jours chauds de l’été, et de plus en plus d’amateurs consomment beaucoup plus qu’une sorte de bière. Ils choisissent en fonction du moment, de l’événement, comme l’écrit Philippe Wouters. À l’initiative de la microbrasserie de Rimouski Le Bien, le Malt, les artisans brasseurs du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine proposent la Route des bières de l’est du Québec : huit arrêts pour qui part à la découverte du pays. De la Tête d’Allumette, magnifiquement campée à Saint-André-de-Kamouraska, jusqu’À l’abri de la tempête, à L’Étang-du-Nord, il y aurait plus de 60 bières à découvrir; suffisamment pour convaincre de plus en plus de touristes de faire de la découverte de ces établissements un itinéraire de vacances. 20 Gaspésie Gourmande En 2012, selon Philippe Wouters3, sommelier en bière, on comptait 61 microbrasseries et 31 brasseurs artisans au Québec, ces derniers ne pouvant vendre leur bière hors établissement (c’est le cas de La Captive4 à Amqui). Les deux brasseurs de la péninsule détiennent pour leur part les permis qui leur permettent une distribution à l’extérieur de la Gaspésie. « Ma fierté, c’est d’abord de vendre au dépanneur du rang, d’avoir percé ce marché régional et de trouver nos bières partout en Gaspésie », affirme Benoît Couillard, pour qui choyer ses clients de proximité est gage de pérennité. Jamais deux sans trois ? Le projet de microbrasserie Le Malbord5 en Haute-Gaspésie les réjouit. Félix Labrecque, au moment de publier cet article, envisage un démarrage à Sainte-Anne-des-Monts en commençant, à l’été 2014, par un pub qui devrait se transformer le plus rapidement possible en microbrasserie, pour ajouter encore plus de variété à l’offre locale. © Jacques Morin OF BEER AND BREAD Francis Joncas et Benoît Couillard, de Pit Caribou In 2012, according to Philippe Wouters3, beer sommelier, there were 61 microbreweries and 31 artisan brewers in Québec – the latter cannot sell their beer outside their own establishments (one example is La Captive4 in Amqui). As for the two Gaspé Peninsula breweries, their permits allow them to distribute their product outside the Gaspé. “It’s a matter of pride for me that my beers were available at local convenience stores first, before making it to the regional market. They are now available throughout the Gaspé Peninsula”, says Benoît Couillard, who believes the road to longterm success begins with pampering his nearby clients. Do good things come in threes? Well, they’re delighted with the proposed Le Malbord5 microbrewery in the Upper Gaspé. As this article goes to press, Félix Labrecque, is thinking about starting up a third microbrewery, in Sainte-Anne-des-Monts; in summer 2014, he will open a pub that he expects will as quickly as possible become a microbrewery to add yet more variety to what’s available locally. © Gaspa DES BIÈRES BONNES COMME LE PAIN 3. Philippe WOUTERS, Guide d’achat des bières au Québec, Broquet, 2013. 4. lacaptive.ca 5. lemalbord.com Philippe Gauthier, Louis-Franck Valade, Sébastien Valade et Christelle Latrasse, du Naufrageur ROUTE DES BIÈRES DE L’EST DU QUÉBEC 1. Tête d’Allumette 2. Aux fous brassants 3. Le Bien et le Malt 4. La Fabrique 5. Pit Caribou 6. Le Naufrageur 7. La Captive 8. À l’Abri de la tempête MATANE 4 RIMOUSKI 3 1 2 SAINT-ANDRÉ 7 AMQUI L’ANSE-À-BEAUFILS 5 RIVIÈRE-DU-LOUP CARLETON-SUR-MER 6 ÎLES-DE-LA-MADELEINE Venez faire votre Tour ! 8 21