Rapport Vacances des jeunes 1992
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Rapport Vacances des jeunes 1992
REGION DES PAYS DE LA LOIRE CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL SESSION du 10 AVRIL 1992 AVIS relatif au rapport sur "LES VACANCES COLLECTIVES DES JEUNES" présenté par M. Claude PIERRE, au nom de la Commission n°2 "Vie Culturelle et Sociale". Entendues les interventions de MM. PALVADEAU, BERNIER-DUPREELLE, KNAUF, POMMIER, ROUCHY, DENIS, BERTHO, BOUSSEAU, PILET, GUIMARD, BESSON, TOURNISSA, TEXIER et GRILLIAT. L'école fonctionne environ 155 jours par an, laissant aux jeunes près de 210 jours de temps libre. Cette conception bipolaire du temps apparue à la fin du XIXème siècle, et la nécessité d'occuper les jeunes hors de l'école ont permis aux centres de vacances de se développer. Seconde région française en ce domaine, les Pays de la Loire ont accueilli en 1990 environ 75 000 colons dans près de 500 centres de vacances agréés, soit 8% de l'ensemble des établissements recensés en France. Grâce à sa façade littorale, la région est un pôle très attractif pour de nombreux organisateurs de séjours de jeunes. Outre leurs retombées économiques estivales non négligeables, les centres de vacances sont devenus des lieux privilégiés de socialisation pour l'enfant et d'apprentissage de l'autonomie. De plus en plus considérés comme "une seconde école", ils contribuent à la découverte de nouvelles activités pour les jeunes et assurent une certaine forme de dépaysement, source d'équilibre et moyen d'éviter le rejet du cadre quotidien surtout lorsqu'il accuse des carences. Les chiffres nationaux de fréquentation depuis 30 ans révèlent une demande sociale d'un volume quasiment constant : un enfant sur dix est inscrit dans les différentes formes d'accueil collectif avec hébergement. Cependant, l'intérêt accordé aux Centres est beaucoup plus important que la demande recensée, du fait de l'augmentation du travail féminin, du nombre de plus en plus important des familles éclatées, du nouveau calendrier scolaire et du nombre trop important de "ceux qui ne partent 1 pas", le plus souvent pour des raisons financières. Les besoins sociaux et éducatifs non satisfaits sont encore énormes. Les nouveaux besoins d'équipement et l'indemnisation de l'encadrement, composé de plus en plus de professionnels de l'animation, sont l'un et l'autre nécessaires pour répondre à l'attente de nouveaux publics en direction d'activités plus spécialisées et plus variées, accessibles aussi en dehors des mois d'été. Ils provoquent une augmentation des tarifs de séjour. Dans le même temps, le patrimoine immobilier est de plus en plus inadapté aux normes de vie et aux activités qu'il accueille, alors qu'il constitue un capital exceptionnel qui mérite d'être préservé et adapté. Le risque de le voir disparaître en grande partie résulte de l'incapacité de ses propriétaires composés pour moitié d'associations, d'entreprendre les grosses réparations, faute de moyens financiers suffisants. Il convient de souligner également le rôle essentiel des associations locales organisatrices et des bénévoles qui les animent. Les vacances collectives des jeunes sont à la croisée des compétences de nombreux acteurs publics, dont le soutien à l'investissement immobilier, le financement de la formation des animateurs et l'aide directe aux familles sont très disparates, éparpillés, voire insuffisants. Or, elles sont confrontées au triple défi d'un remodelage du patrimoine, d'une adaptation de l'encadrement et d'une ouverture aux demandes sociales non satisfaites. Pour atteindre cet objectif, l'ensemble des partenaires, acteurs et financeurs, doivent coordonner leur action autour d'un schéma régional "loisir des jeunes" défini en commun . La dimension régionale est en effet la plus adaptée pour concilier les préoccupations humaines, culturelles et d'aménagement du territoire et disposer d'outils d'appréciation fiables. I / REMODELER LE PATRIMOINE L'obligation faite aux centres de définir un projet de développement en fonction de la qualité du site, des installations existantes, des capacités financières et de la compétence technique de leur gestionnaire, permettrait de sélectionner et de spécialiser les établissements les plus aptes à répondre aux différents besoins contemporains et potentiels. 2 Sur cette base, un partenariat entre les différents financeurs possibles pourrait s'instaurer afin que chacun, en fonction de ses priorités, contribue à l'oeuvre commune. Sous réserve d'un tel partenariat, en octroyant une enveloppe de 10 Millions de Francs par an pendant trois ans, sur la base d'un taux de subventionnement de 20 à 30 % des travaux, la Région permettrait de relancer la majorité des centres associatifs, municipaux, ou des comités d'entreprises, au meilleur potentiel. II / GARANTIR UN ENCADREMENT DE QUALITE La formation de l'encadrement tant occasionnel que permanent est un enjeu majeur pour répondre aux évolutions de la demande. Le système en place est peu homogène : il ne garantit pas toujours la qualité nécessaire et un nombre suffisant d'animateurs, il provoque des disparités importantes de prise en charge en fonction de l'origine des candidats. Un schéma régional "loisirs des jeunes" pourrait intégrer un volet consacré à la formation de l'encadrement. Son objectif serait de mieux coordonner les aides par la garantie au minimum d'un taux plancher de prise en charge et mieux encore par la définition de barèmes tenant compte de tous les financements quelque soit leur origine. III / FACILITER L'ACCES A CEUX QUI EN ONT LE PLUS BESOIN Outre la réponse aux nouvelles attentes des publics déjà touchés, les vacances collectives des jeunes ne rempliront pleinement leur rôle social et éducatif que si elles bénéficient aux jeunes qui en ont le plus besoin, exclus la plupart du temps pour des raisons financières. Le schéma régional "loisirs des jeunes" doit permettre d'harmoniser et de moduler les aides aux familles. 3 * * * o on A l'heure de la décentralisation, le partage des compétences entre les nombreux intervenants doit s'accompagner de la définition d'une stratégie commune pour garantir la complémentarité de l'action de chacun. Cette démarche de mobilisation pédagogique, technique et financière est urgente sur ce sujet qui intéresse la plus grande partie des familles. La prise en compte de ce Schéma régional "Loisirs des jeunes" dans le futur Contrat de Plan EtatRégion permettrait la concrétisation rapide de ce vaste chantier. Nombre de votants : 67 Adopté par : 51 voix pour 8 voix contre 8 abstentions Gilles BOUYER 4 TABLE DES MATIERES INTRODUCTION 2 PREMIER PARTIE : HISTOIRE ET BILAN 3 CHAPITRE I : LES ORIGINES 3 I / La montée en puissance 3 II / Le sommet et le versant 4 CHAPITRE II : LES VACANCES COLLECTIVES DES JEUNES AUJOURD'HUI 5 I / Les publics accueillis 5 II / Des activités variées pour répondre a l'attente des familles 6 III / Un patrimoine bien situé mais menacé 8 IV / Des besoins d'encadrement qui évoluent 15 DEUXIEME PARTIE : LES ENJEUX 20 CHAPITRE I : UNE NECESSITE SOCIALE 21 I / L'évolution des comportements 21 II / Le calendrier scolaire 23 III / Ceux qui ne partent pas 23 CHAPITRE II : UNE MISSION EDUCATIVE 24 I / L'autre école 24 II / La prévention des risques 24 TROISIEME PARTIE : PROPOSITIONS POUR UNE ACTION REGIONALE 26 PREMIERE PROPOSITION : REMODELER LE PATRIMOINE 28 I / Choisir des priorités 28 II / Fixer des repères 30 III / Définir un projet de développement 31 IV / Assurer la compétence 31 V / Instaurer un partenariat financier 32 DEUXIEME PROPOSITION : GARANTIR UN ENCADREMENT DE QUALITE 32 TROISIEME PROPOSITION : FACILITER L'ACCES A CEUX QUI EN ONT LE PLUS BESOIN 33 CONCLUSION GENERALE 34 BIBLIOGRAPHIE 35 Les Organisations Régionales d'Education Populaire (CRAGEP), les Services de l'Etat (Jeunesse et Sport), Les Caisses d'Allocations Familiales, les Organismes HLM, de Tourisme ont contribué à la rédaction et à l'élaboration de ce rapport. Qu'ils en soient remerciés et que de ce premier travail débute un vaste chantier. Claude PIERRE 2 INTRODUCTION L'été 1991 aura marqué une attention particulière du gouvernement pour les vacances des jeunes. Des moyens ont été dégagés pour réaliser dans les quartiers de ville les plus sensibles des équipements sportifs de proximité et pour organiser des animations. Cette "politique de la Ville" admet donc implicitement que l'environnement urbain n'a pas encore les ressources suffisantes pour satisfaire la demande des jeunes pendant leurs congés scolaires et que beaucoup d'enfants et d'adolescents ne partent pas et ne peuvent pas partir en vacances. Derrière cette action gouvernementale qui fait suite à des interventions du même ordre dans les années 80 (opérations anti été-chaud) se trouve posé le problème de l'occupation du temps libre des jeunes - plus de deux cents jours par an - et de leur droit à connaître autre chose que le "pied des tours" car il n'y a pas de fatalité au non-départ en vacances alors que se multiplient les facilités de transport et les biens d'équipement et qu'existent de nombreux hébergements de vacances quelquefois sous-employés. La région des Pays de la Loire qui a accueilli en 1990 75 000 "colons", a sur ce plan un rôle à jouer. Comptant près de 500 lieux de vacances agréés, elle est un pôle d'attraction pour de nombreux organisateurs de séjours de jeunes et bénéficie pour cette raison de retombées touristiques. Malheureusement, ce patrimoine constitué surtout dans les années 50 vieillit et ne suit pas l'évolution de l'attente des jeunes. D'autre part le bénévolat qui a tant contribué à l'avance prise par notre pays dans l'organisation des vacances collectives s'est dispersé et affaibli, éprouvant aujourd'hui de grandes difficultés à gérer seul des équipements. Les Villes propriétaires de lieu d'hébergement ont vu leurs disponibilités financières sollicitées par d'autres interventions sociales. Des comités d'entreprises ont du renoncer à leurs centres, faute de perspective claire en ce qui concerne la demande des familles. Ce constat intervient au moment où dans les régions de forte concentration urbaine, on s'interroge sur la manière d'intéresser "ceux qui ne partent pas". Il y a là une forme de paradoxe consécutive à une absence de réflexion globale sur les vacances des jeunes. Le présent rapport tente d'esquisser quelques solutions dans les Pays de la Loire. PREMIER PARTIE : HISTOIRE ET BILAN CHAPITRE I : LES ORIGINES I / LA MONTEE EN PUISSANCE Peu d'écrits existent sur le temps libre des jeunes. On reste interrogatif devant ce qui est peut-être une indifférence lorsque l'on sait toute l'importance que revêt pour l'enfant et l'adolescent la façon dont ils vivent leurs vacances. Comme s'il s'agissait de réparer une erreur, les réflexions se multiplient aujourd'hui sur les loisirs des jeunes, cette "face cachée de l'éducation". Historiquement il est difficile de remonter au-delà du moment ou précisément les vacances sont nées en contre-point du temps de l'instruction, celui de l'école obligatoire. C'était en 1882. Tout au plus, peut-on supposer la part grandissante des activités physiques dans l'emploi du temps des écoliers et des étudiants en cette seconde moitié du XIXème siècle où la France est d'abord rurale et où la jeunesse grandit dans une organisation sociale déjà ancienne, àl'ombre des villages et parfois des manufactures. Mais déjà dans quelques grandes cités ouvrières se réunissent les conditions d'une prise de conscience de la détresse éducative des enfants défavorisés. Quelques initiatives généreuses (Pasteur Lorriaux, Mme de Préssensé) donnent le coup d'envoi d'une forme organisée des loisirs dans les années 1880. Les "colonies scolaires" de E. Cottinet prennent rapidement le relais dans la région parisienne. Çà et là apparaissent des maisons de campagne pour enfants malades ou convalescents sous l'impulsion de médecins et d'hygiénistes. Le premier congrès international des colonies de vacances se tient à Zurich en 1888, signe qu'un pas décisif a été franchi. La volonté de pallier les insuffisances sociales, spirituelles, morales et physiques conduit déjà en 1906, à la mobilisation de 200 oeuvres accueillant plus de 20.000 colons. Le phénomène s'amplifie : entre 110.000 et 120.000 enfants sont concernés en 1913. Le premier congrès national français des colonies de vacances se tient à Bordeaux en 1906 et un premier centre de vacances apparaît en Vendée en 1909. Après la Grande Guerre, les effectifs reprennent leur ascension : 130.000 enfants en 1921, 200.000 en 1929, 300.000 en 1931, 420.000 enfants en 1936. La colonie de vacances est devenue avant la Seconde Guerre Mondiale un phénomène de société et l'expression institutionnelle du temps non-scolaire. Dans le même temps, les associations sportives et culturelles se multiplient et s'organisent. La tendance est très nettement encouragée par la loi de 1901. Les pratiques des Français durant leurs congés annuels deviennent identifiables. La réflexion sur les loisirs est amorcée. La Jeunesse au Plein Air est fondée en 1937, année qui marque la première manifestation de l'Etat en tant que légiférant dans le domaine des centres de vacances. L'occupation marque une pause sans interrompre totalement les départs en vacances. Après la Libération, les oeuvres reprennent leur place et les colonies de vacances entament une nouvelle 3 étape de leur histoire, portées par le souci de restaurer aussi bien physiquement que psychologiquement la jeunesse. II / LE SOMMET ET LE VERSANT L'évolution des effectifs est extrêmement forte pendant quelques années. 1955 et 1956 marquent un fléchissement passager puis la courbe reprend pour ne s'arrêter qu'en 1964 qui correspond au chiffre de fréquentation le plus élevé de l'histoire des centres de vacances : près de 1.400.000 jeunes sont alors déclarés à l'accueil tous types de centres confondus. Plus de 70% d'entre eux sont des enfants âgés de 6 à 12 ans. Les années 60 resteront sans doute longtemps la période privilégiée des colonies de vacances. La parution du Décret de 1960 relatif à la protection des mineurs hors du domicile parental symbolise l'engagement des pouvoirs publics dans l'organisation et le développement des vacances collectives. Les aides financières tant publiques que privées sont alors à leur niveau le plus élevé. Une autre forme d'accueil des mineurs commence à se développer démontrant la vitalité des oeuvres et de leurs responsables : les centres aérés appelés dans les vingt années suivantes à atteindre puis dépasser les effectifs des centres de vacances. La diversification des pratiques en matière de congés intervient de manière sensible. A peu près toutes les formes de vacances des jeunes sont en oeuvre ou en germe : des échanges internationaux aux séjours linguistiques, du centre de loisirs au camp de courte durée, du centre de vacances au stage sportif. Cependant, seule une minorité de jeunes bénéficie des vacances collectives. Le rapport de 1 à 12 puis bientôt de 1 à 10 fixe pour longtemps l'assise des colonies de vacances. A partir de 1966, un renversement de tendance apparaît dans les rangs du scoutisme et des colonies 6-12 ans. En revanche, les centres d'adolescents continuent de progresser. Le changement est radical : les effectifs 6-12 ans chutent de 900.000 enfants en 1966 à 650.000 en 1984. La barre de l'effectif total accueilli revient progressivement vers le million d'enfants. Les raisons ne sont pas totalement éclaircies mais incontestablement il y a une baisse d'intérêt pour la formule : la fonction compensatoire du centre de vacances par rapport aux besoins de dépaysement des enfants apparaît moins patente au moment où se multiplient les départs en famille et les commodités du campingcaravaning comme des villages de vacances. D'autres facteurs agissent : la baisse démographique et le coût de plus en plus élevé des séjours pour les parents non aidés. Cette dernière cause continue d'agir aujourd'hui. En 1982 et 1983, la courbe des effectifs semble littéralement "décrocher" : baisse de 12 % puis ressaisissement ensuite. S'ouvre àpartir de 1984 une période d'accalmie : un léger mieux est même décelé. En tout état de cause le déclin paraît réellement enrayé. Au cours de l'été 1984, 957.000 enfants ont été accueillis, auxquels s'ajoutent 345.000 inscriptions pour les petites vacances. C'est d'ailleurs grâce à ces dernières que le nombre de jeunes accueillis en vacances collectives présente cette relative stabilité. Précisément, parce que les chiffres semblent 4 aujourd'hui réserver moins de surprise, les organisateurs ont adapté convenablement l'offre à la demande. Le secteur est donc économiquement équilibré. CHAPITRE II : LES VACANCES COLLECTIVES DES JEUNES AUJOURD'HUI I / LES PUBLICS ACCUEILLIS La région des Pays de la Loire est la deuxième région d'accueil française (annexes 8 et 11). Elle compte en particulier deux départements très fréquentés ; la Vendée au 2ème rang national et la Loire-Atlantique au 10ème. La Sarthe, le Maine-et-Loire et la Mayenne se classent respectivement à la 62ème, 68ème et 87ème position. Pourtant, en 20 ans, les effectifs des enfants accueillis en centres de vacances dans la région ont baissé de près de 6.000. Cette tendance semble s'être infléchie depuis 1985. On note une stabilisation d'ailleurs confirmée au plan national. Une analyse plus fine permet cependant de révéler des évolutions plus contrastées selon les catégories d'âge (annexes 5, 6, 7). L'accueil des enfants de 6 à 12 ans a fortement diminué de 1970 à 1989. Cette baisse peut s'expliquer par : - l'apparition d'un nouveau type d'accueil : les centres de loisirs sans hébergement. Ainsi les effectifs accueillis en Loire-Atlantique en Centre de Loisirs Sans Hébergement (CLSH) durant l'été sont passés de 13.417 enfants en 1980 à 22.181 enfants en 1989, - le développement des animations sportives d'été (opérations anti-étés-chauds, loisirs quotidiens des jeunes, prévention été, sport vacances...) qui offrent ainsi une alternative au départ vers d'autres lieux de vacances, - le développement des vacances familiales, - la cherté relative du coût des séjours dans un contexte économique difficile, - un certain désintérêt des enfants ou des parents pour des activités jugées trop traditionnelles. Par contre l'effectif des adolescents accueillis en centre de vacances a sensiblement augmenté passant de 7.279 en 1970 à 19.692 en 1990 soit respectivement 9 % à 26 % du total des enfants. L'expansion de ces effectifs semble s'expliquer par : - une pédagogie qui fait plus de place à la liberté et répond mieux aux nouvelles attentes des jeunes, - une variété croissante des activités proposées, - une organisation fondée sur des groupes plus restreints, 5 - le développement des formules itinérantes et des activités sportives. Le nombre des enfants fréquentant les centres maternels, les camps de scoutisme ou de ceux placés en famille enregistre sur la période une légère augmentation. II / DES ACTIVITES VARIEES POUR REPONDRE A L'ATTENTE DES FAMILLES Le déroulement de la journée des enfants dépend des préoccupations qui sous-tendent celles du séjour lui-même. La motivation sanitaire des toutes premières années entraînait une vie au grand air et de nombreuses promenades. Le souci d'éducation provoqua ensuite l'instauration d'une discipline qui contrastait d'ailleurs par rapport à la liberté laissée durant les heures de jeux : une sorte de non directivité caractérisait le rôle assigné aux animateurs, en dehors du lever, du coucher et des repas. Activités manuelles le matin, jeux, plage ou excursions l'après-midi selon la région, veillée le soir ont constitué longtemps le programme quotidien des colons. Ce schéma n'a pas complètement disparu. Il s'est simplement enrichi des facilités offertes par les transports, et de l'apparition de nouvelles pratiques ludiques. La diversification s'est donc imposée après les années 60 dessinant une nouvelle allure des centres de vacances : le nautisme a pénétré les programmes, les sports de neige ont ancré définitivement de nombreuses colonies dans les régions de montagne, les voyages à l'étranger se sont multipliés. Le centre de vacances apparemment figé dans ses murs se risque à quelques excursions de plusieurs jours sous la forme de bivouacs ou de "mini-camps". La tendance s'affirme au point que les séjours "traditionnels" font un peu dépassé et accusent une certaine désaffection. Les publicités des organisateurs abondent d'images de soleil et de vie à partir d'activités de plus en plus séduisantes, les échanges internationaux s'étirent bien au-delà de l'Europe. Dans les années 1980, la différence au niveau de l'affichage commence à s'atténuer entre les séjours de vacances de jeunes et les séjours d'adultes. Un début de perte d'identité ou de spécificité brouille le renom des "colonies" dont la vocation éducative est moins mise en avant. En réaction, semble naître aujourd'hui un regain d'intérêt pour leurs potentialités pédagogiques et le "projet" devient la clé de voûte des séjours. Les activités sont à nouveau situées comme un moyen d'atteindre des objectifs d'éducation ou de formation du jeune. Afin d'assurer le plein emploi des installations, de plus en plus d'associations offrent de nouveaux produits (stages sportifs, circuits culturels...). L'objectif est d'attirer d'autres publics en dehors des périodes de congés scolaires (classes de découverte, familles, 3ème âge, groupes sportifs, comités d'entreprise, étrangers). L'ouverture aux étrangers et notamment aux jeunes européens, dont les périodes de congés scolaires diffèrent des périodes françaises, est une hypothèse sérieuse. Il est donc possible d'affirmer qu'une partie croissante des besoins de rénovation des locaux concernera à l'avenir l'accueil de nouveaux publics en plus de la vocation traditionnelle des centres de vacances. Enfin, il convient de mettre l'accent sur des tendances nouvelles : 6 - le raccourcissement des séjours (actuellement d'une durée moyenne de 3 semaines). Le développement des mini-séjours (moins de 5 nuits) est notable depuis 5 ans. Ce type de centres constitue une nouvelle catégorie de séjours à mi-chemin entre le centre de vacances et le centre de loisirs sans hébergement. Leur apparition s'explique par leur coût moins élevé et par le désir des parents de ne voir partir les enfants que pour une durée limitée. - l'étalement dans le temps des séjours . Autrefois négligeable, l'accueil des enfants à Noël, Février et Pâques est désormais habituel. Il se développe depuis 10 ans. On constate même l'organisation de séjours à la Toussaint. Cette tendance favorise les établissements de vacances ouverts à l'année, en permettant un meilleur emploi des structures. L'évolution de la fréquentation des centres de vacances sur 20 ans ainsi que les nouvelles perspectives ne sont pas sans incidences sur le patrimoine des centres. La stabilité des effectifs laisse présager un maintien dans la clientèle traditionnelle des centres de vacances dans les années à venir. Le développement des nouveaux publics peut avoir pour conséquences un certain désintérêt envers les établissements classiques et un succès grandissant des établissements qui offrent des conditions d'accueil de qualité, une politique innovante en matière de loisirs sportifs et culturels, un accès aisé pour les usagers et une ouverture vers les produits touristiques locaux. De même on peut considérer que la vogue de certaines activités sportives et de pleine nature incitera les centres de vacances à mieux s'intégrer à la vie associative et au milieu local. Certains Conseils Généraux apportent une aide au fonctionnement : - Mayenne : dotation globale de 107.600 F en 1991, répartie en fonction de critères qualitatifs. - Maine-et-Loire : dotation globale de 6,6 MF pour les C.V.L. et les C.L.S.H. comprenant 4,8 MF pour l'aide à la journée (6 F par enfant), 1,5 MF pour l'aide aux familles et 250.000 F pour l'aide à la formation. - Vendée : dotation de 950.000 F. Les Caisses d'Allocations Familiales apportent une aide directe aux familles sous la forme de bons vacances qui viennent en déduction du prix des séjours. Leur montant est très variable d'un département à un autre : - Loire-Atlantique : forfait de 340 à 430 F par séjour (pour un seul séjour limité à 21 jours) + 17 F à 21,50 F par jour selon le quotient familial. Ces montants sont majorés de 30 % pour les enfants qui bénéficient de l'Allocation d'Education Spéciale et de 20 % à partir du troisième enfant, lorsque plusieurs enfants d'une même famille vont en colonie ou en camp. - Mayenne : 48 à 67 F par jour et par enfant pour les colonies et camps. 7 - Maine-et-Loire : 39 à 55 F par jour et par enfant. - Vendée : 56 à 64 F par jour et par enfant. III / UN PATRIMOINE BIEN SITUE MAIS MENACE Pendant une longue période, le monopole de l'organisation des séjours de mineurs a été tenu par les associations. Les comités d'entreprise vinrent dans un second temps, accompagnés de quelques municipalités. Ces trois catégories constituèrent le patrimoine des centres au gré des opportunités qui furent nombreuses après la guerre 1939-1945 et des disponibilités financières qui furent réelles à partir de 1955. Aujourd'hui, semble apparaître une nouvelle prédominance des associations mais il ne s'agit plus des mêmes : nombre de petites associations locales ont cédé la place à des associations départementales ou régionales qui n'ont pas hésité à se rendre à leur tour propriétaires de centres, avec toutefois des fortunes diverses. D'autre part, des associations nationales proches du Tourisme social se sont spécialisées dans l'exploitation d'équipements de vacances, au point dans quelques cas de se substituer à des comités d'entreprise lassés de consacrer une trop grande partie de leurs moyens au fonctionnement de leurs centres. Il est nécessaire de distinguer trois modalités différentes d'accueil : - Les Centre de Vacances : "Librement organisé par des personnes morales ou physiques, le centre de vacances assure l'hébergement de mineurs hors de leur domicile familial à l'occasion de leurs vacances scolaires, de leurs congés professionnels ou de leurs loisirs" (arrêté du 19 Mai 1975). Cette définition recouvre des établissements très variés tels que les colonies de vacances, les auberges de jeunesse, les relais, les centres sportifs, les camps de scoutisme. - Les Placements de vacances : "Est considérée comme assurant un placement de vacances toute personne morale ou physique qui, moyennant une contribution pécuniaire ou après placement par l'intermédiaire de tiers, procure leur hébergement à des mineurs isolés âgés de plus de 4 ans, à l'occasion de leurs vacances scolaires, de leurs congés professionnels ou de leurs loisirs". (arrêté du 19 Mai 1975). - Les Centres de loisirs sans hébergement : "Entité éducative visant à accueillir de manière habituelle et collective des mineurs à l'occasion des loisirs, à l'exclusion des cours et apprentissages". (arrêté du 24 Mars 1984). Il n'existe pas d'études statistiques sur la constitution et l'évolution du patrimoine des centres de vacances. Les chiffres livrés à ce sujet par les services de la Jeunesse et des Sports ne sont qu'une photographie de l'instant. Néanmoins, il est courant de situer la période de l'essor immobilier des centres aux lendemains de la Libération. La poussée des effectifs d'enfants concernés par les 8 vacances collectives conduit alors les oeuvres associatives puis les comités d'entreprise et les villes à rechercher des emplacement favorables ou à acheter des propriétés bâties du secteur de l'Hôtellerie dont les priorités se sont déplacées. Des châteaux sont aussi à prendre. Sur le littoral des Pays de la Loire c'est l'époque des acquisitions et des investissements. Le patrimoine qui se constitue est un patrimoine lourd. Pour les surfaces, il est plus souvent question d'hectares que de mètres carrés. Les bâtiments existants ont été souvent utilisés comme tels ou après quelques aménagements sommaires jusqu'à ce que les réglementations relatives à l'hygiène, à la sécurité et au confort déclenchent des améliorations sensibles et également coûteuses. Il en a été de même pour les colonies construites de toutes pièces pour la saison d'été : les équipements sont simples. Depuis il a fallu les étoffer. Souvent, le vieillissement a rejoint et dépassé les améliorations et donné à beaucoup d'installations cet aspect un peu terne et suranné, signature d'une atonie ambiante et d'un appauvrissement. Sous l'effet conjugué d'une baisse des effectifs accueillis après 1975 et d'une augmentation sensible du coût des travaux, des oeuvres ont dû se dessaisir de leurs biens. Quelques centres très bien situés ont ainsi été perdus et le risque d'en perdre d'autres existe, car c'est la loi du marché qui prévaut. Aucune mesure législative ne protège ce patrimoine dont une partie est convoitée pour son implantation exceptionnelle. Les centres de vacances constituent un véritable patrimoine régional. En effet, 483 centres de vacances sont répertoriés dans la région des Pays de la Loire, soit près de 8 % de l'ensemble des établissements recensés au niveau national. La France est particulièrement dotée dans ce domaine comparativement aux autres pays européens. Ce patrimoine est varié : constructions en dur, (anciens hôtels, châteaux, fermes, bâtiments scolaires), hébergement sous toile. Aujourd'hui, deux catégories de locaux peuvent être distingués : - les locaux spécifiques : centres de vacances traditionnels utilisés uniquement pour l'accueil d'enfants, - les locaux non spécifiques : maisons familiales, établissements scolaires, centres de formation... L'ensemble assure un hébergement total dans la région des Pays de la Loire de 48.012 lits répartis ainsi : - Vendée - Loire-Atlantique - Maine-et-Loire - Sarthe - Mayenne 20.904 43,54 % 14.529 30,26 % 9.490 19,76 % 2.096 4,37 % 993 2,07 % Total 48.012 100 % Le centre moyen possède une capacité d'hébergement se situant entre 50 et 100 lits. 9 Capacité d'hébergement des centres de vacances en Région des Pays de la Loire Capacité d'hébergement (nombre d'établissements) Départements de 0 à 50 lits 32 18 9 49 8 116 Loire-Atlantique Maine-et-Loire Sarthe Vendée Mayenne TOTAL de 50 à 100 lits 64 26 12 104 8 214 plus de 100 lits 51 8 9 83 2 153 TOTAL 147 52 30 236 18 483 Source INSEE 1989. L'implantation des centres dans la région est relativement concentrée en bord de mer (annexes 1, 2, 2 bis et 3). Cette localisation est logique dans la mesure où le plein air et les bains de mer ont été au départ un élément de choix dans l'acquisition des terrains. On remarque cependant une relative homogénéité de la répartition sur le territoire de la région. Ainsi, les zones rurales sont-elles également des zones d'accueil. Les propriétaires des centres de vacances sont en majorité des associations. Viennent ensuite les municipalités, les comités d'entreprise, les établissements scolaires, des particuliers... L'identité des propriétaires de centres de vacances dans la Région des Pays de la Loire Départements Adminis trations Par ticu liers Co mit és d'en tre pris es Collecti vités locales Associa tions TOT AL Loire-Atlantique Maine-et-Loire Sarthe Vendée Mayenne TOTAL 10 1 9 6 3 3 2 15 3 26 20 2 4 15 1 42 34 7 7 67 2 117 80 39 8 133 12 272 147 52 30 236 18 483 26 Source INSEE 1989. Environ 80 % des centres ouvrent l'été. Peu ouvrent à l'année. La période creuse se situe aux mois de novembre, décembre et janvier. L'entretien courant consiste en une multitude d'interventions faites au coup par coup. Dans beaucoup de cas, il est assuré par le personnel du centre lui-même. Pour les grosses réparations, les grandes associations disposant d'une gestion centralisée déterminent une programmation à moyen terme tandis que les petites associations, faute de 10 constituer des provisions pour grosses réparations, sont obligées de définir au cas par cas leurs projets en tablant sur d'hypothétiques subventions. Plusieurs raisons poussent désormais les directeurs de centres à moderniser leurs moyens de gestion : - l'évolution des aspirations du public vers plus de confort, - la concurrence avec le secteur commercial, - la nécessité d'améliorer leur notoriété. Aussi des efforts significatifs ont été effectués ces dernières années à travers : - une meilleure étude du marché, - une diversification des activités proposées (journées gastronomie, randonnées pédestres...), - une amélioration de la publicité (marketing, publicité au minitel, catalogues attractifs), - une prospection à l'étranger. Ces efforts sont le fruit d'une prise de conscience et d'une réflexion collective : en quelque sorte le prix à payer pour une nécessaire adaptation à la demande. Beaucoup de centres de vacances situés dans la région nécessitent d'importants travaux de rénovation. A partir d'une enquête régionale réalisée en Juin 1990 auprès de 468 établissements (253 réponses ont été reçues), les besoins concernent par ordre décroissant : 1) 2) 3) 4) 5) 6) 7) 8) 9) 10) 11) 12) 13) 14) 15) 16) 17) 18) la construction ou l'extension de bâtiments la réfection des toiture (couverture, isolation, charpente) l'amélioration des salles d'activités et bureaux l'amélioration de l'hébergement (chambres et dortoirs) le ravalement et les huisseries extérieures l'acquisition de mobilier (tables, literie) l'acquisition de matériel (machines, cuisinières). l'amélioration des sanitaires (douches, WC, lavabos) l'amélioration de la restauration (cuisines, dépendances, salles à manger) l'électricité la réalisation d'espaces de jeux extérieurs le chauffage des travaux de sécurité - issues de secours l'amélioration des voies d'accès et abords l'aménagement de l'infirmerie des travaux d'assainissement l'aménagement de la lingerie - buanderie l'alimentation en eau et en gaz L'ancienneté du matériel, le mauvais état général des sanitaires expliquent que ces postes figurent en bonne place sur la liste. On peut d'ailleurs noter que ce constat n'est pas propre aux centres de 11 vacances puisque les maisons familiales, les villages vacances familles affichent les mêmes priorités. Le ravalement constitue également un besoin, bon nombre des centres se situant en bord de mer. Le coût global des travaux pour les trois prochaines années était estimé en 1990 à 217 MF (62 MF pour l'année 1990, 80 MF pour l'année 1991 et 74 MF pour l'année 1992). Coût global de la rénovation souhaitée de s centres de vacances par département Loire-Atlantique Maine-et-Loire Sarthe Vendée Mayenne TOTAL 1990 17.362.378 6.350.628 2.740.000 35.839.332 398.600 62.690.938 1991 33.523.936 7.854.676 3.610.000 34.919.923 150.000 80.058.535 1992 40.838.167 4.403.349 4.080.000 25.629.255 0 74.950.771 TOTAL 91.724.481 18.608.653 10.430.000 96.388.510 548.600 217.700.244 Source INSEE 1989. La majorité des associations ne fait pas figurer dans ses comptes le poste "provisions pour grosses réparations". L'autofinancement est donc réduit voire inexistant. L'association qui désire rénover ses bâtiments a trois possibilités : augmenter son prix de journée, recourir à l'aide publique ou s'endetter. La première solution est le plus souvent écartée, l'association désirant attirer la plus large clientèle. La deuxième solution se heurte à l'insuffisance des aides publiques. C'est donc àl'endettement que sont contraints les gestionnaires. Ainsi, les emprunts ont connu un fort accroissement depuis 1973. L'importance des travaux dépendant des disponibilités financières, la rénovation est souvent repoussée ou très étalée dans le temps. Outre son aide à la formation des cadres et à la mise en oeuvre de projets innovants de modes de vacances, le Secrétariat d'Etat à la Jeunesse et aux Sports apporte une aide aux investissements dans les Centres de Vacances. A titre d'exemple, 638.280 F ont été attribués en 1989 au centre de vacances de la Plinguetière (Loire-Atlantique) pour la rénovation de son établissement et 500.000 F attribués en 1990 au Centre du Porteau de Talmont Saint-Hilaire (Vendée) pour l'extension de sa capacité d'hébergement. Dans le cadre du développement du Tourisme Vert en espace rural, le Conseil Régional finance la rénovation d'équipements présentant un intérêt touristique manifeste et adaptée àune clientèle visée par le Plan Marketing régional. Les centres de vacances sont concernés, mais aussi tous les établissements de tourisme social (maisons familiales, VVF...). L'aide financière du Conseil Régional est assurée de la façon suivante : 12 Dotation globale : 4 Millions de Francs, Bénéficiaires : Communes, associations, propriétaires privés, Conditions : Cofinancements, intérêt touristique de l'établissement, Taux de subvention : 35 % maximum sur le montant HT de la dépense subventionnable. Les Conseils Généraux apportent aussi leur contribution par une aide à l'investissement dans des conditions variables d'un département à un autre : - Loire-Atlantique : aide à l'accueil familial (auberges de jeunesse, maisons familiales, villages vacances) et à l'accueil de jeunes. Bénéficiaires : Collectivités territoriales et associations non littorales, Travaux subventionnés : tous travaux de modernisation, Taux de subvention : 15 % du montant total des travaux (HT). - Vendée : - Aide aux centres à vocation sociale : ce sont généralement des centres n'accueillant que des enfants et ayant des difficultés à financer les nécessaires travaux de mise aux normes des installations. L'aide du Département n'est attribuée qu'à des centres dont les propriétaires, associations ou communes, sont vendéens. Elle est complétée par d'éventuelles aides de la Jeunesse et des Sports et de la Caisse d'Allocations Familiales (CAF) et calculée sur la base d'un taux de 25 % du montant hors taxes des dépenses subventionnables. - Aide à vocation touristique complémentaire : ce sont généralement des centres de vacances ayant mis ou mettant en place un plan de restructuration des infrastructures d'accueil en vue d'une diversification de la clientèle et d'un allongement des périodes d'ouverture. L'aide du Département est modulée de la façon suivante : . centres dont les propriétaires sont vendéens : taux de 25 % du montant hors taxes des travaux en rapport avec les objectifs touristiques du Département ; . centres dont les propriétaires ne sont pas vendéens : taux de 20 % du montant hors taxes des travaux dans les mêmes conditions. Dans les deux cas, la dépense subventionnable est plafonnée à 500.000 F hors taxes par année de programmation. L'aide à l'investissement des Caisses d'Allocations Familiales, autrefois prise en charge par la Caisse Nationale, est assurée désormais par les Caisses de chaque département. D'un Conseil d'Administration à un autre, la politique engagée varie : - Maine-et-Loire : une subvention de 200.000 F a été accordée en 1990 à l'association PEP de Maine-et-Loire. - Loire-Atlantique : prise en charge de 10 à 17 % selon le montant total des travaux et de 3 à 10 % du montant des prêts. - Vendée : 40 % du montant des travaux (TTC pour les associations, HT pour les communes) et de plus en plus de recours au prêt sans intérêt. 13 L'élaboration d'une carte sociale des équipements d'accueil des enfants (comprenant les Centres de vacances) est en cours. Elle permettra une meilleure vision du patrimoine et une répartition plus juste des financements. La valeur de ce patrimoine reste cependant mésestimée. D'autre part l'ensemble de ces aides publiques (Etat, Conseil Régional, Conseils Généraux, CAF) demeure insuffisant et intervient sans programmation, ni véritable partenariat. 14 IV / DES BESOINS D'ENCADREMENT QUI EVOLUENT Durant les trente dernières années, l'encadrement bénévole s'est dispersé. L'engagement massif de bénévoles provenant aussi bien des rangs cléricaux que laïcs a caractérisé l'entre-deux-guerres puis les années 50. Vivant le plus souvent au pair dans les centres, ces responsables, parfois militants dans l'oeuvre elle-même, ont porté à bouts de bras l'essentiel des colonies de vacances pendant un demi-siècle. La dispersion de ce bénévolat à partir de 1960 a marqué le début de la rémunération - ou plus justement de "l'indemnisation" de l'encadrement de substitution composé majoritairement d'enseignants, mais aussi de plus en plus de professionnels de l'animation. Quant aux animateurs, l'habitude s'est répandue de leur octroyer une prime et bientôt une indemnité. Les fédérations affiliées à la Jeunesse au Plein Air n'ont pas tardé d'ailleurs à arrêter annuellement un barème de référence. L'apparition de ces "salaires" entraîne tout naturellement l'intervention des régimes de cotisations qui augmentent la charge des employeurs mais sans accélérer le processus contrairement à une idée reçue. Il n'en reste pas moins que l'époque des vacances peu chères est révolue depuis les années 70. Tout a désormais un coût ; on y voit plus clair mais la facture pèse sur les budgets des oeuvres. Les années passant, elles épargnent de moins en moins pour l'entretien et l'adaptation de leur patrimoine dont le coût augmente sensiblement. Depuis 1990, une convention collective régit les responsabilités des employeurs et en particulier définit les modes de rémunérations des animateurs. La dispersion du bénévolat traditionnel des centres de vacances éloigne pour longtemps les familles des organisateurs dans la phase préparatoire des séjours comme dans leur évaluation. Une césure se glisse entre les grandes vacances et le reste de l'année en même temps que se recompose à partir des années 80 le paysage des organisateurs. Les sessions de formation d'animateurs et de directeurs se font l'écho de ces changements qu'elles consolident. Bientôt la diversification ouvre la voie à la spécialisation. Les organisateurs comprennent que l'attrait de certaines activités justifie des séjours à thème. Le sport de plein air se taille la plus belle part dans cette évolution. La réforme des Brevets d'Aptitude à l'encadrement des centres atteste la nouvelle orientation en créant des "sessions de spécialisation" donnant lieu à un approfondissement technique. Deux grands secteurs se partagent les métiers d'animateurs : le socioculturel et le sportif. Chacun d'eux a ses formations spécifiques. a/ les diplômes professionnels : Dans le secteur socioculturel, on distingue trois types d'animateurs : - les animateurs généralistes qui occupent des fonctions d'administration ou de direction, - les animateurs spécialistes d'un public : enfance, jeunesse, personnes âgées, femmes, touristes, migrants, - les animateurs spécialistes d'une technique : théâtre, arts plastiques, musique, artisanat. 15 Un animateur peut être à la fois spécialiste d'une technique et d'un public. En réponse aux nouvelles demandes du public, de nouvelles qualifications voient le jour : spécialiste de l'environnement (visites d'écomusées, de parcs naturels), animateurs de sites industriels (énergie solaire, énergie nucléaire, centres de lagunage). Il faut alors posséder une culture scientifique. Les principaux diplômes ouvrant accès aux carrières d'animation socioculturelle sont : - le Brevet d'Etat d'animateur technicien de l'éducation populaire et de la jeunesse (BEATEP). Créé en 1986, ce diplôme de niveau bac comporte trois unités capitalisables et un stage pratique de quatre à huit mois. Il faut obtenir le tout dans un délai de trois ans suivant l'entrée en formation. - le Diplôme d'Etat relatif aux fonctions d'animation (DEFA). Créé en 1979, ce diplôme de niveau bac+2 comporte cinq unités capitalisables, un stage pratique de douze mois et un mémoire. Il se prépare dans un délai de trois à six ans après l'inscription en formation. Certains DEFA sont orientés vers une spécialité : développement social des quartiers, délinquance, direction et gestion d'équipements sportifs par exemple. Considéré comme difficile, cet examen ne compte que peu de lauréats. - le Diplôme universitaire de technologie (DUT) "carrières sociales", "option animation sociale et socio-culturelle". De niveau bac+2, il se prépare en IUT et donne droit à l'équivalence du DEFA, mais il ne dispense ni stage, ni mémoire. - il existe par ailleurs des licences et maîtrises d'animation, des Diplômes d'études universitaires scientifiques et techniques (DEUST) axés sur des publics spécifiques, des diplômes de troisième cycle et des diplômes d'université mis en place en fonction du marché du travail. - un Diplôme supérieur de travail social (DSTS) de niveau bac+4, fut créé en 1978 et réellement mis en place et 1983. Il n'a pas rempli son objectif car il n'est pas reconnu par les conventions collectives. Sa réforme est à l'étude pour le scinder en deux niveaux : une formation aux fonctions d'encadrement et une spécialité plus pointue destinée aux futurs chefs de projet, responsables de formation, chargés d'études, etc, et qui serait de niveau bac+5. Dans le domaine sportif, on peut distinguer : - le Brevet d'Etat d'éducateur sportif, obligatoire pour exercer le métier d'animateur sportif. Il en existe un par discipline sportive. Le niveau requis est généralement élevé. - le Brevet d'Etat d'animateur d'activités physiques pour tous (BEAAPPT) qui permet d'animer des activités physiques pour le plus grand nombre en les adaptant à chaque public : enfants, adultes, troisième âge. Ce diplôme ouvert au niveau bac sur une sélection écrite, orale et physique, comporte 530 heures de formation. Dans la région des Pays de la Loire on recense une seule unité de préparation au DEFA àNantes. Les DUT les plus proches se situent à Tours, Rennes et Bordeaux. b/ les diplômes non professionnels : 16 Le Brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur (BAFA) et le Brevet d'aptitude aux fonctions de directeur (BAFD) sont exigés pour exercer des fonctions dans les centres de vacances et de loisirs : 50% de l'équipe au moins doit être titulaire du BAFA ou être en cours de formation. La direction doit être assurée par une personne titulaire du BAFD ou ayant la qualité de stagiaire. Le BAFA accessible aux personnes d'au moins 17 ans, comprend trois séquences : - une session de formation de 8 jours, - un stage pratique variant de 15 à 25 jours suivant le type de centre et les modalités de la formation (continue ou non), - une session d'approfondissement de 6 jours minimum ou de qualification de 8 jours au moins. La durée totale de la formation est inférieure à trois mois. La formation générale coûte 2 390 F. La session pratique est rémunérée. La session d'approfondissement coûte 1 830 F. Le coût total de la formation (4 220 F) est souvent supérieur à la rémunération perçue lors de la session pratique. Le diplôme n'est délivré que si le cursus est totalement réalisé. Le BAFD s'adresse aux personnes âgées de 21 ans au moins et titulaires d'un BAFA ou d'une expérience reconnue. Cette formation comprend quatre séquences : - une session de formation générale de 9 jours, - un stage pratique donnant lieu à un compte-rendu, - une session de perfectionnement de 6 jours, - une seconde expérience en stage pratique dont le compte-rendu doit établir un bilan de l'ensemble de la formation. La formation générale coûte 2 920 F. Les deux sessions pratiques sont rémunérées. Le stage de perfectionnement coûte 1 870 F, soit un total de 4 790 F. Les titulaires de BAFD obtiennent l'autorisation d'exercer les fonctions de directeur pour une durée de cinq ans. Cette autorisation est renouvelée à la suite d'une nouvelle session de perfectionnement d'un coût de 1 870 F et à condition que les fonctions aient été exercées au moins deux fois au cours des cinq ans. L'Etat assure la gestion, le contrôle et la délivrance de ces diplômes dont la formation est dispensée par une association nationale habilitée. L'Etat participe financièrement à ces formations sous la forme de journée stagiaire dont le taux varie en fonction du type de session organisée. Pour 1990, le barème était le suivant : BAFA : - formation générale : 25 F par jour et par stagiaire - session de qualification : 34 F " - session d'approfondissement : 30 F " " BAFD : - formation générale : 37 F par jour et par stagiaire - session de perfectionnement : 35 F " " 17 " Pour permettre l'accès à la formation des jeunes, l'Etat verse par ailleurs des bourses d'un montant de 700 F. Cependant, leur nombre est très limité : en 1990, seulement 2 000 bourses ont été octroyées en total national. Par ailleurs, des stages peuvent être organisés sous l'égide du Centre National de Formation des Personnels Territoriaux. Le Ministère de la Justice intervient pour sa part au bénéfice des jeunes relevant de l'éducation surveillée. L'aide principale provient des oeuvres locales et tout particulièrement des oeuvres importantes. Elle représente en moyenne le tiers du coût pour les animateurs, et presque la totalité pour les directeurs. On peut noter une nette croissance des paiements des stages par le biais du Fonds d'Assurance Formation auquel cotisent les employeurs. Cela a pour conséquence un fort différé de paiement et la présence de charges administratives. Outre ces aides principales de l'Etat et des oeuvres, de nombreux organismes interviennent en faveur d'un public ciblé, ce qui engendre de fortes disparités de prises en charge d'un candidat à un autre. Certains Conseils Généraux apportent une aide à la formation des cadres : - Maine-et-Loire : dotation globale : 250.000 F (1990) 190 F par session de formation ou de perfectionnement des directeurs, 120 F par session de formation ou de perfectionnement des animateurs. - Mayenne : l'aide à la formation des cadres attribuée sous forme de bourses est en cours de révision. Certains Départements apportent par ailleurs une aide spécifique aux jeunes en foyers ou retirés des familles. Les ASSEDIC interviennent en faveur des candidats sans emploi, de 1 000 F jusqu'à 100 % du coût du stage. Les Aides à la Formation et au Reclassement (AFR) peuvent intervenir pour financer les BAFD jusqu'à 100 % du coût. Le RMI peut être sollicité par les services d'insertion des villes pour financer jusqu'à 100 % du coût. Les Contrats Emploi Solidarité apportent une aide de 22 F par heure de formation, parfois complétée par l'employeur. Enfin, de façon très variable, les Comités d'Entreprise peuvent intervenir. 18 Pour répondre aux besoins de coordination de cet ensemble, le Secrétariat d'Etat à la Jeunesse et aux Sports a mis en chantier un Schéma Directeur des Formations qui vise un triple objectif : - construire un système global et cohérent articulant la formation, la qualification et l'emploi, - faciliter l'insertion socio-professionnelle des formés, - contribuer à la constitution d'une branche professionnelle capable d'évoluer et en prise avec les réalités du terrain. Pour y parvenir, il est prévu de définir cinq filières professionnelles (loisirs, techniques, promotionvente, maintenance-sécurité et expertise-conception-recherche-formation). Connectées entre elles par des passerelles et la mise en place de formations modulaires, capitalisables, elles devraient permettre des carrières personnalisées et évolutives. Ce Schéma devrait s'accompagner d'un dispositif de valorisation des qualifications pour le bénévolat afin d'éviter la césure entre le niveau des permanents et celui des occasionnels. Les centres de vacances sont une idée centenaire. Au fil du temps et sous l'effet des demandes des parents et des jeunes ils ont évolué, mais simultanément le patrimoine immobilier a été délaissé. Aujourd'hui, les locaux ne sont plus adaptés aux normes de vie et aux activités qu'ils accueillent. Or notre région présente un "parc de centres de vacances côtiers" exemplaire. Il est urgent de préserver et d'adapter ce capital au service des enfants et des jeunes. 19 DEUXIEME PARTIE : LES ENJEUX L'amélioration du patrimoine ou sa mise aux normes de l'hygiène et de la sécurité occasionnent des dépenses d'investissements régulières, appréciables pour l'activité économique locale. Les dépenses de consommation, dont les retombées sont directes dans l'économie de la région représentent un volume de plus de cent millions de francs sans compter les rémunérations de l'encadrement dont une partie sera dépensée sur place. Les centres de vacances participent à leur façon à l'aménagement du territoire. Il est courant que les vacances collectives de mineurs soient un argument privilégié pour justifier la sauvegarde d'un hébergement existant ou l'exploitation d'une opportunité immobilière locale. Beaucoup de centres d'activités sportives, voire culturelles, existent ou se sont développées parce que des organisateurs de centres de vacances ont fait appel fidèlement à leurs services. En matière d'emploi, le secteur est loin d'être inactif. Le personnel technique (services, restauration, gardiennage et entretien) est fréquemment recruté sur place. Plusieurs milliers d'emplois saisonniers sont ainsi offerts dans la région. La présence répétitive des séjours conforte des emplois périphériques, dans le domaine de l'animation locale. Ceci a été particulièrement visible lorsque les centres ont étendu leur fonctionnement à l'accueil de classes transplantées. L'économie sociale trouve dans ce contexte, l'une de ses expressions les plus vivantes. Ainsi, par exemple, les différentes fédérations départementales de centres de vacances ont évalué en 1990, en LoireAtlantique, à 220 emplois permanents et 4.570 mois de travail saisonnier l'activité générée par les centres de loisir et les centres de vacances. Mais au delà de son poids économique, l'accueil collectif des jeunes est une nécessité sociale et un enjeu éducatif qui justifient à eux seuls sa prise en compte comme facteur d'expansion régionale. 20 CHAPITRE I : UNE NECESSITE SOCIALE I / L'EVOLUTION DES COMPORTEMENTS L'analyse des chiffres nationaux depuis pratiquement trente années montre de manière frappante qu'il existe une demande sociale d'un volume quasiment constant en direction des centres de vacances et même des centres de loisirs sans hébergement. Celle-ci résume schématiquement la proportion de un enfant sur dix inscrit dans les différentes formes d'accueil collectif avec hébergement (proposition un peu plus forte pour les centres de loisirs). On ne connaît pas la composition sociologique exacte de ce socle de clientèle, à partir duquel se compose l'offre des centres de vacances. Mais s'y retrouvent en priorité les familles, qui n'ont pas d'autres solutions d'accueil (travail des deux parents, ou absence de l'un des deux), celles qui bénéficient d'aides substantielles des organismes sociaux (bons vacances des Caisses d'Allocations Familiales, participations de Comités d'entreprise et des Collectivités locales). Il faut mentionner qu'un pourcentage de foyers fait par ailleurs spontanément le choix des centres de vacances pour l'intérêt que l'enfant y trouve. La proportion d'un enfant sur dix a sans doute coûté, par sa modestie, un déficit d'attention de la part des instances publiques et des médias mais elle a pour elle l'avantage de la pérennité et de la fiabilité. L'organisation des centres de vacances a été dans certains cas un recours très apprécié pour des situations de crise qu'elles soient de caractère familial ou collectif (quartiers en difficultés). Dès lors, toute politique en leur faveur peut se concevoir dans le long terme et avoir l'assurance de l'utilité. Une enquête approfondie réalisée en 1985 par la Confédération de la Jeunesse au Plein Air révèle que 27 % des parents placeraient les "colonies ou camps de vacances" en tête des vacances idéales pour leurs enfants. Cette information corroborée par les résultats d'une enquête du Secrétariat d'Etat à la Jeunesse et aux Sports concluant à la bonne image des vacances collectives permet de penser que la demande potentielle en direction des séjours d'enfants est au moins le double de celle exprimée à ce jour. Un sondage réalisé auprès d'un échantillon d'élèves en Vendée en 1990 montre que 20 % des enfants de CM1 et de quatrième souhaiteraient fréquenter un centre de vacances au cours de leurs prochains congés scolaires (annexe 13). Il s'agit là d'un intérêt manifesté spontanément, en dehors de tout contexte de remobilisation sur le sujet. On peut penser qu'une campagne de promotion activement menée auprès des familles et des enfants eux-mêmes, notamment les préadolescents et les adolescents, augmenterait encore cette demande potentielle. D'autres facteurs peuvent concourir à la dynamisation du secteur. En l'absence de mesures sociales nouvelles ou de politiques locales ou nationales complémentaires permettant une meilleure accessibilité aux vacances, les organisateurs de séjours limitent leurs projets au niveau de la demande exprimée, renforçant par là-même son maintien dans la limite actuelle. 21 Le contexte évolue cependant. Incontestablement, les centres de vacances et de loisirs satisfont aujourd'hui des demandes sociales spécifiques dont on ne pouvait prédire la nature il y a seulement trente ans. Figure en premier lieu la demande liée à une forte augmentation du travail féminin, conséquence de la refonte en profondeur des schémas sociaux et culturels traditionnels. Ce travail féminin, cause et effet à la fois d'une certaine baisse de la natalité, crée durablement une demande en matière de garde et d'accueil. Rien, bien au contraire, ne donne à penser que ceci évoluera. Viennent ensuite les modifications de la structure familiale. L'amplification du nombre des séparations associée à la précarité de certaines situations familiales a fait sortir le foyer monoparental de l'exception et a vivement accentué la nécessité d'un accueil hors famille pour de multiples enfants qui ensemble constituent un recrutement nouveau, porteur d'attentes et de réponses particulières. Actuellement, près du tiers d'une classe d'âge est touchée par cette évolution. Au sein de la famille, les rapports adultes-jeunes, sans que l'on sache exactement s'ils ont généré à proprement parler une nouvelle clientèle, ont à coup sûr déplacé l'intérêt pour telle forme de séjour : la désaffection des "colonies" traditionnelles trouve une part de son explication dans la capacité des préadolescents et des adolescents à faire admettre d'autres choix par leurs parents. La demande parentale évolue. Longtemps, les oeuvres organisatrices semblent avoir été les dépositaires des justifications et des valeurs des vacances collectives, les familles acceptant en bloc le service qui leur était offert. La situation paraît s'être un peu inversée, ou pour le moins partagée. Les attentes des parents, réelles ou supposées, déterminent pour une part le contenu des séjours et induisent probablement la trame des projets éducatifs. Les premiers soucis des parents, tel que les enquêtes le montrent, sont ceux de la sécurité et de l'éducation qui passent par le sérieux et l'expérience de l'encadrement. Les activités vécues sont également considérées comme très importantes. Globalement, les vacances collectives doivent s'avérer désormais utiles. C'est l'évolution la plus sensible des dernières années, encouragée par le fait que les séjours pèsent sur les budgets familiaux (coût moyen d'un enfant pour une semaine : 1.000 F environ) et qu'ils sont donc une sorte d'investissement. Des parents plus exigeants et des enfants qui ont aussi des attentes précises créent un climat original où se mêlent la défense jalouse des droits du consommateur et le sentiment diffus d'être malgré tout les obligés d'un système essentiellement non lucratif. La clientèle est moins fidèle et ses commandes ont bousculé l'harmonie d'antan, en poussant des organisateurs àrépondre à chaud par des produits très spécifiques et d'autres à maintenir leurs offres mais en prospectant plus largement. 22 II / LE CALENDRIER SCOLAIRE Annoncé dans la loi d'orientation de l'Education Nationale de Juillet 1989, le redécoupage de l'année scolaire est entré dans les faits. Il augmente la durée des petites vacances. La succession de séquences de 15 jours de vacances en dehors de l'été engendre de nouvelles attentes. La réponse nécessitera de nouvelles initiatives en matière d'accueil, pour satisfaire en particulier la tranche d'âge 11-16 ans. Il est probable que le transfert déjà remarqué des grandes vers les petites vacances s'accentuera mais les contenus des séjours, voire même les structures auxquelles ceux-ci feront appel, auront leur spécificité : très vraisemblablement les équipements des régions d'accueil seront un peu plus utilisés par les populations résidentes qui y trouveront les avantages de la commodité sans les inconvénients de l'éloignement. Les hébergements et lieux d'activités dits de proximité devraient connaître une plus grande faveur. Il n'est pas exclu d'autre part que l'apprentissage des vacances organisées vécu à travers les petites vacances par de nouveaux enfants ne poussent ces derniers et leurs parents às'intéresser aux formules de l'été. III / CEUX QUI NE PARTENT PAS Selon l'enquête réalisée par la Jeunesse au plein air, 20 % des 4-18 ans déclarent ne pas partir du tout en vacances. Le pourcentage est loin d'être négligeable. Pour ceux là mais aussi pour les autres, les pouvoirs publics ont lancé à partir de 1982 des opérations favorisant les départs ou bien l'organisation d'activités de vacances sur les lieux de vie. "Campagne anti-été chaud", "Prévention été", "Vacances pour ceux qui ne partent pas", ont ponctué ces dernières années les politiques en matière de jeunesse. Ces opérations continuent, relayées par les villes où la conviction s'impose peu à peu qu'une organisation des loisirs doit être prête au début des principales périodes de congés et donner aux jeunes quelques repères. L'habitude de jeter les bases de projets individuels ou semicollectifs de vacances à partir d'activités de proximité n'est pas sans incidence sur la demande de loisirs plus éloignés de la part des mêmes enfants ou adolescents. Subrepticement, de vraies vacances se préparent dans cette forme d'apprentissage que sont les premiers contacts avec les loisirs à la carte. Poussées par des sollicitations venues des jeunes euxmêmes, des maisons de quartier organisent aujourd'hui plus de séjours itinérants ou à thèmes. En dépit d'une mobilisation certaine autour des plus défavorisés, l'impression demeure que trop de 10-18 ans cherchent à combler à tâtons la tranche de vacances qu'ils ne partagent pas avec leurs parents et durant laquelle ils deviennent à leur tour "ceux qui ne partent pas". Cette clientèle n'a pas encore été l'objet d'une sollicitation parfaitement adaptée. 23 CHAPITRE II : UNE MISSION EDUCATIVE Les grandes fédérations de jeunesse insistent à juste titre sur les apports éducatifs des séjours collectifs. Le développement de la personnalité, l'apprentissage de l'autonomie et de la responsabilité, la "socialisation" et l'enrichissement culturel sont souvent mis en avant. Il est vrai que tout ceci progresse d'autant mieux que l'enfant est psychologiquement plus disponible et c'est le cas pendant les vacances. I / L'AUTRE ECOLE Les centres de vacances et de loisirs forment à leur manière une institution d'éducation dont ne sont absentes ni la recherche, ni la formation des cadres, ni l'évaluation. En ce sens, leur développement représente déjà un enjeu. Ce capital original de savoir et d'expérience ne peut que s'entretenir dans un environnement stimulant. La conviction des militants ne suffit pas. Il faut aussi que l'opinion renvoie l'image d'un service reçu comme une contribution éminente à la formation de la Jeunesse et que la collectivité accompagne matériellement les efforts déployés. La rénovation pédagogique conduite par les principaux organismes nationaux de centres de vacances a imposé l'analyse que l'acte éducatif proprement dit ne s'arrête pas aux frontières de l'école et que la formation de l'enfant se prolonge et se complète durant ses temps libres. Des passerelles ont été posées ces dernières années entre le temps scolaire et le temps extra-scolaire. Des collaborations sont nées entre les enseignants et les professionnels de l'animation. A côté de l'école, une autre école a grandi, qui cherche à estomper la rupture entre le temps contraint et les loisirs. Elle a besoin de lieux pour agir et d'espaces qui lui soient propres. II / LA PREVENTION DES RISQUES Les vacances collectives, organisées et animées comme elles doivent l'être, sont une réponse satisfaisante à quelques inquiétudes légitimes. Les villes peuvent-elles offrir le cadre de vraies vacances durant l'été ? Les jeunes ont-ils la possibilité de vivre ensemble en dehors d'un cadre obligatoire ? Le temps des vacances est-il l'occasion de nouvelles injustices ? La vocation des centres de vacances est aussi d'assurer une forme de dépaysement. Le déplacement des enfants hors de leur lieu de vie aux moments les plus propices de l'année est source d'équilibre et le moyen de ne pas rejeter le cadre quotidien surtout lorsqu'il accuse quelques carences. Apprendre à mieux situer la fonction de son quartier en sachant que celui-ci n'est pas le pôle permanent de la vie quotidienne, est une façon de prévenir les rejets. L'une des principales forces des séjours collectifs est d'offrir aux participants une convivialité exemplaire, dépouillée des conventions et des artifices. Vivre quinze jours, trois semaines, voire un peu plus dans l'intimité de ses camarades et de ses animateurs éveille l'enfant à des obligations ou mieux à des acceptations qui sont les premiers signes de la tolérance. Cette communication si particulière des temps de vacances prévient activement la défiance que l'environnement social et culturel peut nourrir par ailleurs envers certaines catégories d'enfants. 24 Les loisirs reflètent en général les clivages de la population. Et l'on sait que les jeunes identifient très rapidement leur appartenance sociale à travers les modes de vacances de leur entourage. Le sentiment d'être relégué est plus vif au moment du temps libre. Or, les possibilités de découvertes présentes dans la quasi-totalité des séjours collectifs ont sur ce plan un rôle de compensation évident. Des milliers de jeunes s'initient, dans leurs centres, àla mer ou à la montagne, à des activités auxquelles leur milieu social n'accède pas. Cette initiation qui pourra déboucher plus tard sur une pratique adulte est une forme importante d'intégration. Les parents sont de plus en plus conscients qu'ils ne peuvent répondre à toutes les attentes de leurs enfants en ce domaine. Ainsi, partir vivre avec les autres, apprendre autre chose, deviennent pour beaucoup de mineurs des viatiques de l'été sur lesquels les adultes (parents et responsables) fondent de plus en plus d'espoirs. L'émergence d'un nouvel espace éducatif et culturel est aujourd'hui observé. Les activités proposées permettent aux enfants et aux jeunes de découvrir très tôt et de manière expérimentale des pratiques éducatives, culturelles, des sports, des modes de vie, des cultures étrangères que leur milieu familial ne leur permet pas de découvrir et de pratiquer. Les besoins sociaux et éducatifs non satisfaits sont encore énormes. Les difficultés économiques actuelles ne font que les accentuer. 25 TROISIEME PARTIE : PROPOSITIONS POUR UNE ACTION REGIONALE Depuis 1983, l'éducation relève suivant les cas de l'Etat, des Régions, des Départements ou des Communes. La protection de l'enfance est de la compétence des Départements. La formation permanente et continue est de la compétence de la Région. Cette diversification des responsabilités, après les hésitations du début, valorise les expériences multiples. Mais il est indispensable que les loisirs des jeunes, qui ne sont pas d'une compétence particulière, trouvent une dynamique nouvelle en s'appuyant sur les complémentarités des différents niveaux de responsabilité. Nous avons vu que le temps libre de la jeunesse est un temps d'éducation voire de formation qui concourt à son intégration dans son milieu de vie. C'est un enjeu qui intéresse toutes les composantes de la collectivité régionale dans son identité humaine et culturelle. Le sentiment d'appartenance à une région, appelé à s'affirmer dans les prochaines années, sera entretenu par la prise en compte, à ce niveau territorial, de besoins sociaux qui n'obtiennent pas de réponse complète ailleurs. Les vacances des jeunes sont au nombre de ceux-ci même si à première vue l'effort déjà consenti par les communes, notamment, paraît important. On ne peut en effet considérer à ce jour que la jeunesse des Pays de la Loire profite à plein des loisirs touristiques si présents par exemple dans le domaine du nautisme, de l'équitation et des sports de plein air en général. Remettre en selle, perfectionner des centres d'activités récréatives de jeunes sur le littoral ou en milieu rural est une manière probante de répondre à un besoin de la population réel bien que peu révélé. Le patrimoine n'est pas seul disparate. L'histoire des centres de vacances a aussi produit une grande variété des formes d'exploitation des centres faisant qu'aujourd'hui ces derniers peuvent être concernés par des politiques d'aides différentes sans s'y trouver pour autant en position de force (programme touristique, culturel, sportif, voire scolaire...). Pour que les gestionnaires aient davantage la conviction de faire fonctionner une catégorie originale d'équipements et soient par là plus incités à adapter leurs prestations à l'attente des jeunes, il faut un pôle de référence dépositaire de l'objectif général et d'une partie des moyens de l'atteindre. Un programme régional d'aide à l'investissement dans les centres de vacances aurait certainement cet effet, plus important qu'il n'y paraît, si l'on tient compte de la nécessité de donner un second souffle aux équipes bénévoles parfois lassées par la course d'obstacles que représente la recherche de subventions. Cet effet d'entraînement jouera aussi opportunément sur l'analyse que peuvent conduire actuellement à ce sujet les assemblées départementales ou municipales ainsi que les conseils d'administration des Caisses d'Allocations Familiales, leurs politiques respectives pouvant s'articuler avec celle de la Région. C'est ce que résume la réflexion suivante de la confédération de la Jeunesse au Plein Air (revue JPA février 1989) : 26 "L'avenir du patrimoine des centres de vacances et des centres de loisirs dépend de la qualité des réflexions qui seront menées au plan local, départemental, national. Il sera mieux assuré par la recherche de toutes les collaborations utiles, toutes les complémentarités, afin que tous les partenaires se mobilisent. Il faut que tous se rassemblent, que se rencontrent sur des objectifs nouveaux, les énergies et les enthousiasmes semblables à ceux qui ont permis, à la Libération, d'accueillir en grand nombre des enfants et des jeunes" . Cet effet d'entraînement sera d'autant plus fort et efficace si l'ensemble des partenaires, acteurs et financeurs, coordonnent leur action autour d'un schéma régional "loisirs des jeunes" défini en commun avec le triple objectif de remodeler le patrimoine, de garantir un encadrement adapté et de répondre à l'évolution de la demande actuelle et potentielle. 27 PREMIERE PROPOSITION : REMODELER LE PATRIMOINE L'utilité sociale et économique des centres de vacances a été démontrée. Seule leur vétusté constitue un frein à leur développement. Si aucune initiative n'est prise dans un avenir proche, ce sont plusieurs dizaines de centres qui seront à terme supprimés ou gérés au minimum. Les conséquences seraient dommageables : - sur les associations gestionnaires et leurs employés : risques de pertes d'emplois, de pertes de patrimoine, - sur les collectivités propriétaires : la vente d'un centre de vacances signifie pour les enfants d'une commune la suppression d'une possibilité de vacances, - sur les collectivités d'accueil : perte d'animation, manques à gagner pour le commerce local, pertes touristiques indirectes, - sur le public : obligation de se tourner vers des formes de loisirs souvent plus onéreuses, - sur les enfants : la suppression des séjours en bords de mer au bénéfice des promoteurs immobiliers. I / CHOISIR DES PRIORITES Au niveau national, il est possible de classer les centres en plusieurs catégories : * * les centres sans problèmes ou bon site (accès facile, "acceptables" environnement, attractif...) - bon site, - marges d'exploitation correctes - travaux d'adaptation ou de remise - adaptation à la demande20 % aux normes.25 % * * les centres "restructurables" aucune marge financière, - pas de marge financière suffisante, - commercialisation difficile, - inadaptation à la demande bâtiments inexploitables30 % 25 % Le plan national de rénovation des centres de vacances de 1978 définissait ainsi le but àatteindre : "L'objectif essentiel de cette rénovation est d'améliorer les possibilités d'activités existantes et de favoriser la création d'activités nouvelles propres à renforcer aux yeux du public et singulièrement des jeunes, l'attrait exercé par les centres de vacances. Il est en outre d'accroître la période d'utilisation de ces installations par la réalisation d'aménagements techniques chaque fois que cela est nécessaire". Globalement, cet objectif s'impose encore aujourd'hui. Il s'agit bien d'accueillir davantage de jeunes hors de leur lieu habituel de vie, plus souvent et mieux. Il faut en conséquence préserver l'espace, remodeler l'existant et créer au besoin lorsque le contexte est particulièrement riche. 28 Préserver l'espace, à défaut de conserver tous les centres : en effet, plusieurs bâtisses d'avant guerre sont dans un état de trop grande vétusté pour être soumises à une réhabilitation mais il faut conserver leur foncier souvent remarquablement situé. Trop d'emplacements privilégiés ont déjà disparu dans des opérations immobilières, faute d'une loi de protection du patrimoine de la jeunesse dont on esquissa pourtant l'idée il y a quatorze ans. Une formule est à trouver permettant à des propriétaires de différer la cession de leurs biens tant que ne seront pas épuisées toutes les chances de redémarrage de l'équipement sur de nouvelles bases : une propriété de front de mer ne se trouve pas facilement et certainement pas à un prix accessible aux associations, voire même à la plupart des communes. Remodeler : de nombreux centres, malgré leur caractère désuet et leur vieillissement, conservent cependant structurellement des qualités. Ce sont, entre autres, ces ensembles pavillonnaires de Vendée et de Loire-Atlantique construits sur un même schéma sinon une même idée et qui décomposent sur un périmètre assez large les fonctions de restauration, d'animation et de sommeil. Il est possible d'y entreprendre des adaptations intéressantes et efficaces car il n'y a guère d'avenir que pour l'hébergement "différencié" sans que soit recherchée à l'excès une polyvalence "tous publics" qui s'avère parfois illusoire. Cela veut dire que chaque opération de rénovation devra être pensée en fonction du contexte local, de la densité et de la nature des hébergements et être positionnée clairement au regard de la classification suivante : - Centre de haute saison, - Centre de moyenne et haute saison (avril-octobre), - Centre permanent. A chacune de ces catégories répond un ensemble de prestations minimales qu'il s'agit de réunir et si possible d'optimiser, sans vouloir emprunter des fonctions dont elles n'ont pas la vocation, ce qui n'interdit pas un minimum d'évolutivité dans la conception du bâti et dans les agencements intérieurs. Ainsi les équipements sanitaires participent-ils grandement à l'image des centres de haute saison au même titre que l'hébergement pour les centres de haute et moyenne saison ou les conditions générales de l'accueil pour les centres permanents. Il est important que l'aide s'oriente vers ce qui caractérise bien l'identité de ces centres sans qu'elle se disperse sur des dépenses d'entretien des bâtiments ou de mises aux normes. Créer quand l'opportunité se présente : le patrimoine ne doit pas être considéré comme figé dans sa composition actuelle. Il doit pouvoir continuer à évoluer. Des sites d'activités méritent d'être dotés d'un hébergement. Des communes ont aussi besoin d'une structure d'accueil pour les groupes de jeunes. Les nouvelles pratiques scolaires (projet d'action éducative, stages, séjours courts) ont également ouvert une demande qui est loin d'être satisfaite à ce jour. Dans des secteurs ruraux, la réalisation d'un centre d'accueil -cette fois de caractère polyvalent- peut concourir au réveil de la vie associative locale, au-delà de l'animation touristique immédiate. 29 Ces trois axes d'investissement impliquent que la connaissance de l'état du patrimoine soit véritablement entretenue par les services compétents. Il s'agit aussi simultanément de déterminer les catégories de propriétaires bénéficiaires de l'action régionale, sachant que leurs situations financières sont très inégales. Parer au plus urgent s'avère indispensable. Ce sont les oeuvres qui méritent la plus grande attention. Leurs trésoreries sont basses et elles ont peu de personnel pour suivre leurs investissements. Elle ne recouvrent pas la T.V.A. pour leurs travaux. Or ce sont elles qui constituent le levier principal des vacances des jeunes. Il faut par conséquent les garder présentes dans la gestion du patrimoine. Les communes doivent aussi être soutenues car derrière les dépenses d'équipement auxquelles elles peuvent décider de faire face par le recours à l'emprunt, se présentent de lourdes dépenses de fonctionnement en personnel quand ce ne sont pas des aides versées directement aux familles. Elles sont également un pilier des centres de vacances (et des centres de loisirs) appelé à prendre une grande importance. Pour leur part, les comités d'entreprises sont habitués depuis longtemps à gérer seuls leur patrimoine. Leur trésorerie est aussi très inégale mais quoi qu'il en soit, les pratiques sont telles qu'il est rare qu'une collectivité territoriale intervienne financièrement en leur faveur. Il faut enfin décider si les centres appartenant à des collectivités ou institutions extérieures aux Pays de la Loire, proportionnellement beaucoup plus nombreux, seront éligibles aux aides financières des collectivités régionales. Le choix est en fait indiqué dans les priorités énoncées ci-dessus : il est délicat en effet, de faire un distinguo entre les propriétaires selon leur origine géographique puisque leurs installations relèvent de la même problématique et peuvent à un moment ou à un autre de leur exploitation, servir à la population locale. D'autre part, elles participent toutes aux retombées économiques des séjours collectifs. Cependant une modulation de l'aide est possible. II / FIXER DES REPERES La disparité qui caractérise le patrimoine bâti des centres de vacances n'a pas favorisé l'instauration d'une politique d'accompagnement solide de la part des pouvoirs publics. Bien au contraire, on a assisté ces vingt dernières années à une sorte d'effilochage des soutiens financiers. La tentative du VIIème plan, en 1978, avec l'aide de la CNAF, de pallier l'inadaptation de nombreux centres a rapidement été interrompue faute d'un arrimage suffisant à la réalité des besoins. Sans une connaissance poussée de ce secteur si contrasté, il est certain que toute amorce de politique de rénovation trouve rapidement ses limites. L'évolution ne pourra être renversée que lorsque sera reconnu le niveau de responsabilité et de prise de décision où se rejoignent le mieux l'évaluation fine des carences du terrain et la possibilité d'agir à la fois avec le recul et l'impulsion nécessaires. Ce niveau est la région où se régulent déjà les phénomènes de développement touristique et culturel et où agissent des tendances de consommation qui autorisent des choix d'action relativement sûrs. C'est aussi à la hauteur de la région qu'il est le plus facile d'appréhender l'effet de la fréquentation extérieure (non autochtone) et son évolution prévisible dans les prochaines années. Enfin, l'aménagement du territoire auquel participe la problématique des centres de vacances commence vraiment là. 30 III / DEFINIR UN PROJET DE DEVELOPPEMENT Il serait insuffisant que l'aide publique soit donnée aux propriétaires sur la seule base de la nécessité ou de l'opportunité de leurs travaux. Des conditions sont indispensables. La rénovation d'un centre de vacances doit correspondre à un objectif précis dans la perspective d'un meilleur accueil éducatif des jeunes. La contrepartie de l'obtention de subventions devrait être, pour les responsables des centres, leur engagement sur un projet de développement concernant l'utilisation de l'équipement. Ce projet de développement devrait présenter des garanties sur : - la capacité des propriétaires à conduire l'opération sous ses divers aspects. Cela signifie pour les associations la vérification de leur équilibre interne en ressources humaines. Cela veut dire pour les communes l'assurance d'une continuité dans la politique municipale. - la solidité du dossier. Un "plan de patrimoine" explicite (cf annexe 14) devrait être fourni. Il permettrait à l'organisme propriétaire de prévoir à moyen terme l'exploitation de ses installations. Ce plan comporterait : - un diagnostic préalable (étude de la clientèle, de la concurrence, analyse des potentialités du site et des possibilités de partenariat local), - une prise en compte des évolutions (état de la demande de l'usager, améliorations de fonctionnement et de gestion), - une projection du meilleur emploi de l'équipement dans les années à venir. De plus en plus, en particulier en milieu rural, les centres de vacances sont amenés à répondre à des sollicitations locales (hébergements temporaires, accueil de groupes). Il ne serait donc pas concevable que des rénovations ou des créations soient entreprises en dehors de toute considération de leur contexte dont les besoins et les attentes devront être soigneusement évalués. L'aménagement des rythmes de vie des enfants, occasion d'une autre organisation de l'année scolaire et de nouveaux transferts de classes, ne peut pas, par exemple, échapper à la réflexion de l'investisseur. IV / ASSURER LA COMPETENCE Dans le passé, des organismes propriétaires ont parfois manqué de vigilance dans l'exploitation de leurs centres et se sont abstenus de prévoir les amortissements nécessaires. Par ailleurs, l'effort de commercialisation a souvent été faible. Une autre manière de gérer doit s'imposer. Elle passe par la recherche d'une vraie compétence dans la direction bénévole ou professionnelle des équipements, sachant qu'elle détermine, autant que la qualité du bâti, la réputation du centre. La formation du personnel appelé à faire vivre les équipements rénovés ou créés sera par conséquent une préoccupation des initiateurs des projets comme des financeurs publics qui sont fondés à formuler des exigences sur ce plan. 31 Les fédérations de jeunesse et d'éducation populaire ont des compétences dans ce domaine. La formation précitée pourrait leur être confiée. V / INSTAURER UN PARTENARIAT FINANCIER Il est établi que les associations propriétaires de locaux ne peuvent entreprendre des extensions de leurs installations ou des rénovations lourdes sans un taux de subventionnement avoisinant les 65 %. En deçà, une réhabilitation peut devenir rapidement une opération de fragilisation pour l'avenir du centre. Un partenariat financier est donc nécessaire d'autant qu'il s'agit de sommes relativement importantes (le prix d'un "lit" est aujourd'hui de 110.000 F en neuf et de 40.000 F en grosse rénovation). Diverses instances et organismes sont concernés : la Commune d'implantation, les Départements, la Région, la Caisse d'Allocations Familiales, l'Etat. Une politique contractuelle est donc à définir dans laquelle chaque partie reconnaîtra son intérêt et le manifestera en fonction de ses priorités et de ses moyens. A un titre ou à un autre, ces financeurs sont intéressés à la réussite économique et sociale d'une opération de rénovation : - la Région par l'incidence sur l'aménagement du territoire et la qualité de la vie, - les Départements par les retombées économiques, - la Commune par le développement de la vie locale, - la CAF par l'amélioration d'un hébergement social, - l'Etat par l'innovation technique des équipements pour la jeunesse. Partant de là, en termes de participation financière, plusieurs schémas sont envisageables : - participation selon un pourcentage donné et sous un plafond de dépense subventionnable, - participation forfaitaire de chaque partenaire, . selon le coût de l'opération, selon les m2, selon le nombre de lits, etc... . selon l'origine du propriétaire, . selon la catégorie de l'équipement (cf supra durées d'utilisation). - participation variable selon l'intérêt global du projet apprécié par chaque financeur sous l'angle particulier de ses priorités. DEUXIEME PROPOSITION : GARANTIR UN ENCADREMENT DE QUALITE La formation de l'encadrement tant occasionnel que permanent est un enjeu majeur pour répondre aux évolutions de la demande et accompagner la rénovation des centres. Or le système en place est extrêmement atomisé. Il ne garantit pas suffisamment la qualité de la formation en particulier au niveau des bénévoles. 32 Ce double défi d'homogénéité et de qualité ne peut être relevé que par une meilleure coordination entre les acteurs et une redéfinition de la prise en charge des formations. La prise en charge personnelle d'une partie du coût de la formation par les candidats est loin d'être négligeable. Par ailleurs elle est très variable suivant la situation de chacun. Pour éviter une ségrégation entre les candidats et assurer un financement minimum au delà de l'aide de l'Etat qui reste trop faible, les partenaires devraient s'entendre pour au moins garantir un taux plancher de prise en charge et mieux encore, définir des barèmes prenant en compte les différents financements possibles. Pour sa part, la Région pourrait intervenir de façon plus importante au titre de la formation professionnelle. La mise en place d'un tel système ne peut se concevoir que dans le cadre d'une concertation entre les différents financeurs d'une part et les gestionnaires des centres de vacances et de loisirs d'autre part. TROISIEME PROPOSITION : FACILITER L'ACCES A CEUX QUI EN ONT LE PLUS BESOIN La clientèle potentielle des centres de vacances peut être estimée en volume au double de la demande constatée aujourd'hui. Outre leur adaptation aux attentes du public déjà touché, les vacances collectives des jeunes ne rempliront pleinement leur rôle social et éducatif que si elles bénéficient aux jeunes qui en ont le plus besoin, la plupart du temps exclus pour des raisons financières. Une fois encore, à la croisée des compétences des différents intervenants, une harmonisation et une modulation des aides aux familles est nécessaire. Autant pour rentabiliser la rénovation des équipements que pour réduire certaines inégalités, ce troisième chantier mérite d'être ouvert en même temps que les deux premiers dans le cadre de l'élaboration d'un schéma régional "loisirs des jeunes" garantissant au mieux l'adaptation de l'offre à la demande actuelle et potentielle. 33 CONCLUSION GENERALE La France bénéficie d'une expérience très intéressante des vacances collectives de jeunes. Elle dispose d'une ressource humaine rompue à l'organisation de séjours et à la formation de l'encadrement (bénévoles, cadres associatifs, fonctionnaires). Ceci lui vaut d'être imitée par plusieurs pays du bassin méditerranéen et observée avec intérêt par les autres pays de la Communauté Européenne. Ce savoir faire doit être entretenu et exploité au mieux, car la jeunesse accède encore trop peu aux loisirs, pour des raisons de prix, de pratiques culturelles et tout simplement d'information. Les vacances collectives des enfants et des adolescents ne sont pas un épiphénomène familial et domestique mais un fait de société où se mêlent des attentes mal exprimées, des enjeux insoupçonnés, et des réponses parfois lassées et dépassées. La collectivité régionale ne peut rester étrangère à l'héritage patrimonial qui s'est constitué sur son territoire, à sa vocation d'accueil et à la nécessité d'anticiper sur les besoins non scolaires des jeunes générations et le devenir des échanges internationaux. Les volumes financiers engagés seront décisifs. L'analyse de l'enquête menée dans les cinq départements permet d'avancer qu'un programme de rénovation doté annuellement par la Région de 10 Millions de Francs pendant trois ans, permettrait, sous réserve d'un partenariat actif, la consolidation et la relance de la majorité des centres associatifs ou municipaux, tant "régionaux" qu'"extérieurs", sur la base des besoins qu'ils expriment à ce jour et celle d'un subventionnement moyen TTC, par la Région, situé entre 20 et 30 %. La Région a la possibilité, singulièrement maintenant, de créer un mouvement de mobilisation pédagogique, technique et financière sur un sujet qui intéresse la plus grande partie des familles. 34 BIBLIOGRAPHIE Etude réalisée sur les retombées économiques des centres de vacances en Finistère Nezet et le Bras (1983) Etude du groupe de travail du Secrétariat d'Etat à la Jeunesse et aux Sports "Prospective et Centres de Vacances et de Loisirs" (1988) Etude réalisée par CODATERL (Coopération pour le développement et les Aménagements du Tourisme et des Loisirs) sur l'évolution du patrimoine du Tourisme associatif (1988) Etude réalisée par le SESEN (Services Entreprises Sciences Economiques Nantes) sur les centres de vacances en Loire-Atlantique durant l'été 1989 (1990) Statistiques du Secrétariat d'Etat à la Jeunesse et aux Sports et des cinq Directions Départementales Jeunesse et Sports de la Région des Pays de la Loire Enquête-sondage sur les pratiques des jeunes vendéens en matière de vacances Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports de la Vendée (1990) "Fréquentation des centres de vacances en France" Etude réalisée par la Confédération de la Jeunesse au Plein Air Décembre 1990 35