ECO121_21-2_Mise en page 1
Transcription
ECO121_21-2_Mise en page 1
sommaire Éco121 Mai 2012 • 5-11 éditorial Tendances • Electricité : conso en baisse • Caucourt : mini Agenda 21 • Portrait : Freddy Decima sort ses munitions 12-26 Grand Angle • N° SPÉCIAL : ARRAS JOUE SES ATOUTS • Philippe Rapeneau, président de la communauté urbaine d'Arras : « Small is beautiful » • Photoreportage : les coulisses des Cartonneries de Gondardennes 28-35 Territoires • Doublet hisse son drapeau sur le teuton BOFA • KTM adoube Valenciennes comme capitale du serious game • Mediama crée une filiale dédiée à l'hôtellerie 37-43 Entreprendre • Cocorette met de la matière grise dans l'œuf 3 Micro-climat Après le Valenciennois en décembre dernier, Eco121 porte son regard ce mois-ci sur un autre territoire de notre région, l'Arrageois. Que faire quand on n'a pas la puissance économique ou démographique d'une métropole européenne, qu'un musée de stature internationale se construit à 20 km, et qu'aucune star française de la politique ne peut incarner à l'échelon national son territoire ou ses projets ? Pas complexée pour deux sous, Arras joue crânement ses atouts. En évitant, d'abord, de courir plusieurs lièvres à la fois. Pas de dispersion, les moyens sont limités. Et en jouant collectif pour plus d'efficacité à l'exemple du partenariat de 10 ans noué avec le château de Versailles, grâce à l'engagement du Conseil régional. Et ça marche ! Pas seulement pour les Carrosses royaux qui, en quelques semaines, avaient déjà attiré 25 000 visiteurs. Logistique, transports, mais surtout agroalimentaire et tourisme, les fondamentaux de l'Arrageois demeurent dynamiques. Des entreprises aux noms certes souvent peu connus investissent, créent de l'emploi, tandis que les collectivités ou la CCI portent quelques dossiers stratégiques : Centre de congrès, Val de Scarpe, et surtout renaissance du quartier de la Citadelle. Et, en mode défensif, la survie de l'industriel Meryl Fiber, à Saint-Laurent-Blangy, spécialiste européen du fil en gros titre. Eco121 vous emmène à la rencontre du grand Arras et de ses trois nouvelles figures qui incarnent désormais le territoire et que nous avons choisi de réunir à la Une. A l'heure du grand rendez-vous quinquennal présidentiel et des gros nuages économiques qui surplombent la France, pleins feux sur le micro-climat arrageois. • Keycoopt veut révolutionner le recrutement OLIVIER DUCUING Directeur de la rédaction • Nowiew ouvre une fenêtre sur le design • Transmission : Vincent Bailly, le matériel médical pour viatique • Guide pratique : comment motiver vos équipes ? Détente 46-50 • Manche romantique • Raetz au MUba • Cassel à l'Anvers • Damien Douchet : Comme un poisson dans l'eau américaine Éco121 est édité par Ecopresse, SAS au capital de 450 K€ Siret 528 819 485 00012 Siège social : 200 rue de Roubaix 59200 Tourcoing Tél. : 03 55 33 21 05 e-mail : [email protected] www.eco121.fr Directeur de la publication : Olivier Verley Directeur de la rédaction : Olivier Ducuing Journaliste, secrétaire de rédaction : Sophie Pecquet Directeur du développement : Christian Colard Tél. : 06 47 78 43 72 [email protected] Secrétariat général : Hélène Delobel Tél. : 03 55 33 21 08 Directeur artistique : Grégory Leduc Ont participé à ce numéro : Sonia Legris, François Prilleux, Armelle Roussel, Alain Simoneau Photographies : Sébastien Jarry Imprimeur : SIB, ZI de la Liane, 62200 Boulogne sur-Mer ISSN : 2109-3792 Dépôt légal : à parution N°CPPAP : 0912B08331 www.eco121.fr Éco121 Mai 2012 4 TENDANCES > Morceaux choisis « Les administrations commencent à introduire de nouveaux critères d’achats durables et les entreprises ne le savent pas! » Jean-François Dispaux, « La croissance verte est perdue d'avance si elle se fait à technologie constante » Antoine Frérot, Pdg de Veolia Environnement, lors de l'inauguration du campus de Lomme coordinateur du projet IODDE*, lors d’une journée transfrontalière sur l’évolution des critères d’achat. *Innovation et opportunités de développement durable en entreprises. « Le gain est de 8 M€ sur ce que nous pourrions obtenir sur les marchés financiers aux conditions actuelles » Martine Aubry, présidente de LMCU, lors de la signature d'une convention avec la BEI pour financer la station d'épuration de Marquette. Ce sera un changement de fond sur la forme » Philippe Vasseur, annonçant la mutation du Comité Grand Lille qu'il préside vers une plate-forme collaborative et des communautés de projets. AGENDA « Il y a quatre ans, j'avais l'impression comme saint Jean-Baptiste de prêcher dans le désert, mais ça se concrétise aujourd'hui » Francis Aldebert, président de la CCI Grand-Hainaut, lors de l'annonce d'implantation de KTM Advance avec 100 emplois à Valenciennes, consacrant la priorité locale donnée au serious game (voir p.30). 9 mai « Panorama des médicaments innovants », une conférence organisée par des étudiants de 5e année de la faculté de pharmacie à Lille, filière industrie. www.pharmalilleindus.org n 10 mai Le pôle n MAUD organise un atelier autour du prochain appel à projets européens Coopération NMP (Nanotechnologies, Matériaux, nouveaux procédés de Production), au Parc scientifique de la Haute Borne (03 61 76 02 45). n 11 mai ROUMICS « Ren- contres OUvertes du Multimédia et de l’Internet Citoyen et Solidaire » sur le thème : Innovation sociale et numérique, à la Condition Publique, Roubaix. www.roumics.com. n 11-13 mai Start up Week-end Lille, concours de création de startups, CCI Grand Lille ; lille.startupweekend.org n 24 mai Financial'IT Day 2012 : porteurs de projet et dirigeants d'entreprises en recherche de financement rencontrent les investisseurs www.financial-itdays.com n 30 mai-1er juin, Assises nationales de l’ingénierie territoriale à Lille Grand Palais. www.assises-ingenierie.fr n 12-14 juin Environord, à Lille Grand Palais. www.salon-environord.com n 27 juin Futurallia Lille Region 2012, convention d'affaires internationale à Lille Grand Palais. Retrouvez l’agenda du jour sur www.eco121.fr Éco121 Mai 2012 TENDANCES 5 > Indiscrétions © ElisaValode & Pistre architectes Un prof dans les étoiles Il se remplit ! Alors que les rumeurs laissaient entendre une commercialisation difficile compte tenu des tarifs élevés, plus de 50 loges du Grand Stade de Lille sont déjà vendues. Par ailleurs, le cap des 22 000 abonnés aux matchs du LOSC est franchi. David Delbarre, prof de physique à l'école Sainte-Marie de Beaucamps-Ligny, vient de décrocher un contrat de distribution auprès de Nature & Découverte pour un jeu scientifique qu'il a mis au point, Astronomis. Il n'en est pas à son coup d'essai puisqu'il a déjà inventé plusieurs jeux, mais qui n'avaient pas été référencés jusqu'alors. > Logistique dédiée VOTRE TOP 5 Les actus les plus lues sur notre site eco121.fr [1] Les miroiteries Dubrulle changent de mains [2] Call Expert apporte 200 emplois à Roubaix [3] 5 entreprises fondent un pôle de déconstruction ferroviaire [4] Hiolle affiche une perte nette de 1,5 M en 2011 [5] Lancement du club des entreprises centenaires Truite de luxe Truite Service, qui transforme et commercialise 800 tonnes de truites par an (40 salariés), devrait se doter dans l’année d’un atelier de fumaison. Créé il y a 18 ans à Loosen-Gohelle par trois pisciculteurs, elle souhaite dépasser le stade artisanal du fumage, externalisé, grâce à l’appui de Nouvelles Vagues. L’objectif est selon son président, Philippe Renou, de transformer 100 à 200 tonnes par an sur un créneau haut de gamme. Eiffage porte avec la Sogaris (à 50/50) un projet de grande envergure sur le port Ouest de Dunkerque. Il s'agit de créer 100 000 m2 de bâtiments logistiques dévolus au secteur des parfums et des produits à base de solvants. Ce type d'installation n'existe pas en France en zone portuaire et pourrait répondre à la saturation des sites existants d'Anvers et Zeebrugge. Le permis de construire devrait être déposé en fin d'année. Facebook ami d'Adictiz Adictiz Studio, plus connue sous le nom de son jeu Paf le chien, vient de recevoir le label très convoité de Preferred Marketing Developer par Facebook. Seules 140 agences ont décroché cette reconnaissance dans le monde, dont 10 seulement en France. La société basée à Euratech recueille les fruits de son know how dans la création d'applis et jeux pour Facebook, incluant une double dimension sociale et mobile. T-shirts présidentiels Après une première commande de T-shirts « made in France » par l'UMP pour la campagne du premier tour, la société de vêtements de confort Lemahieu, à SaintAndré, a engrangé une deuxième commande de 15 000 unités pour le deuxième tour. De quoi nourrir des espoirs pour les législatives ? Cet espace publicitaire peut être le vôtre, réservez-le ! Éco121 & 03 55 33 21 07 TENDANCES > Écolonews Détroits d'Europe Le conseil général du Pas-de-Calais devient chef de file d'un programme Interreg IV qu'il a suscité avec le comté du Kent, Nostra (Network Of STRAits). L’initiative réunit 15 autorités bordant huit détroits européens, en vue de reconnaître leur spécificité et développer des projets de coopération. Le détroit du pas de Calais affiche l'un des plus gros trafics maritimes au monde. Nostra, lancé officiellement début avril, est financé à 75% par le fonds Feder. Banque verte Mini Agenda 21 Avec ses 350 habitants, Caucourt est la plus petite commune de la région à se doter d'un Agenda 21. Elle a décroché le label Agenda 21 Local France avec l'appui du conseil général du Pas-de-Calais. La démarche, engagée en 2008, a débouché sur la définition de 13 actions prioritaires parmi lesquelles la participation au nettoyage de la rivière, la valorisation touristique du patrimoine local, la promotion des savoir-faire locaux ou l'incitation à réaliser des travaux d'isolation thermique, ou encore « le développement de la convivialité villageoise ». © Sébastien Jarry Le Crédit Agricole Nord de France publie pour la première fois un rapport RSE. La banque devance ainsi la réglementation qui imposera à partir de 2013 aux entreprises cotées de plus de 500 personnes de diffuser ce type de document. Le CANF y affiche son ambition de « devenir un référent régional pour la RSE ». On y apprend entre autres que la banque a prêté 50 M€ aux agriculteurs en deux ans pour des installations photovoltaïques ou qu'elle a planté 12 050 arbres pour reboiser la forêt de Boulogne/Mer. © EDF - Johann Rousselot Electricité : conso en baisse La consommation électrique a décru de 2,9% en 2011 dans notre région. Le bilan de RTE Nord/Est affiche une très forte réduction chez les consommateurs raccordés en basse tension (-7,3%), du fait de températures beaucoup plus élevées en hiver (+ 5° environ !). L'industrie a quant à elle consommé 1,2% de moins tandis que les Pme sont restées stables. La production électrique régionale s'est pour sa part réduite de 1,6%, mais avec un affaissement de l'électricité d'origine fossile (-21,7%) tandis que l'électricité d'origine renouvelable progresse de 29,6%, avec une envolée de l'olien (+ 41%). Top qualité pour Geoxia Reconnaissance nationale pour Geoxia Nord-Ouest. La société basée à Lezennes reçoit le trophée de l'excellence premium par Cequami, organisme de référence pour la certification en maisons individuelles, parmi 14 lauréats français. Geoxia Nord-Ouest est titulaire de la certification NF Maison individuelle depuis mars 2002 et de son option Démarche HQE depuis 2006. Elle emploie 300 salariés et construit 1 300 maisons par an. Éco121 Mai 2012 Marchés publics La commande publique promet de verdir. Une nouvelle directive est proposée au Parlement et au Conseil européens pour utiliser les marchés publics comme levier stratégique face aux enjeux de développement durable. Soit l’introduction du calcul du coût du cycle de vie, la référence au process de production, à un label ou l’intégration de l’innovation. Visé aussi : un meilleur accès des Pme grâce à la division obligatoire en lots, à la simplification des obligations d’information ou au paiement direct des sous-traitants. © Sébastien Jarry 6 TENDANCES 7 > Des hauts et des bas ↘Auto : de gros ratés La filière automobile régionale enregistre des signes inquiétants. Après que PSA a annoncé la suspension de son projet d’investissement majeur dans son usine de boîtes de vitesses de Valenciennes, c’est le carrossier familial Durisotti qui connaît les affres du redressement judiciaire, avec période d’observation de six mois. Une première pour ce fleuron du bassin minier, spécialiste de la transformation des véhicules, notamment pour la gendarmerie, les douanes ou la police. Un plan de réduction des effectifs (354 personnes) est d'ores et déjà à l'étude. ↗Le numérique recrute Le syndicat professionnel Syntec numérique tenait séance à l'Ecole centrale courant avril, en présence de son président national Guy MamouMani. « Le numérique peine à être visible. Les étudiants ne connaissent pas nos métiers », déplore-t-il alors que le secteur, en croissance attendue de 1,2%, devrait proposer 35 000 emplois cette année après 40 000 l'an dernier. Or les trois quarts des recruteurs dans la filière ↗I-Trans accélère Le seul pôle de compétitivité à vocation mondiale de la région vient de labelliser 7 nouveaux projets, dont 2 projets structurants et 5 projets de recherche, pour un total de 34,6 M€. Depuis sa création, le pôle nordiste des transports terrestres innovants aura labellisé pas moins de 81 projets d'innovation et 48 projets de recherche pour un montant de 290 millions d'euros, 13 projets structurants pour 630 millions et 17 projets de formation supérieure. © CRNPDC Thierry Page ↘Collectivités à sec Etiage au plus bas pour les collectivités, en région comme ailleurs en France. Les nouvelles contraintes de Bâle 3 pesant sur les banques rendent le recours à l'emprunt par les collectivités extrêmement tendu. Exemple récent : la région, bénéficiant pourtant d'une notation financière satisfaisante, a lancé deux consultations pour lever 100 M€ en trésorerie et 200 M€ en long terme, auprès de 11 banques. Une seule banque (italienne) a répondu à la première pour 25 M€ et à la deuxième pour le même montant, et une seule banque française (la Société Générale) a répondu pour 5 M€ pour l'emprunt de long terme. La situation est encore plus critique pour les autres collectivités, à commencer par les deux conseils généraux dont les présidents ont publié un communiqué commun pour dénoncer la situation. 68 collectivités françaises se sont réunies (dont la Région et la Ville de Lille) pour lancer une émission obligataire commune, d'un montant d'un milliard d'euros. indiquent rencontrer des difficultés de recrutement, alors même que l'informatique compte 26 000 chômeurs au niveau national. Dans le Nord-Pas-de-Calais, région parmi le plus performantes du Syntec selon son président, celui-ci compte 50 adhérents, dont 10 nouveaux membres entrés en 2011, parmi lesquels Opentojob, Netasq, AFG, Idées-3Com. ↗Atout verre Surface triplée avec 1 000 m2 (sur 3 000) dédiés aux expos, atelier de création intégré, jardin de sculptures, espaces d’activités culturelles… Le Département ne lésine pas pour permettre au musée du Verre de SarsPoteries d’exprimer son potentiel international. Première collection en France dédiée à la création contemporaine, seuls 20% des 550 œuvres de quelque 150 artistes sont actuellement visibles. En 2015, un nouveau musée aux lignes ciselées paré de pierre bleue (13 M€ d’investissement), conçu par les toulousains W-Architectures, visera les 50 000 visiteurs par an, contre 15 000 actuellement. Il est envisagé comme un levier de développement pour la Sambre-Avesnois, avec Mons 2015 aussi en ligne de mire. Dès septembre un club d’entreprises mécènes soutiendra la dynamique. Éco121 Mai 2012 8 TENDANCES > Carnet Mouvements PORTRAITSexpress SGAR Laurent Hottiaux Un commis de l'Etat ouvert à l'entreprise Le tout nouveau secrétaire général pour les affaires régionales, autrement dit le Monsieur économie et aménagement du territoire de la préfecture de région, est un surdiplômé. Cet homme jovial de 39 ans cumule Sciences Po Paris, l'ENA et l'Essec. Une ouverture à l'entreprise qu'il doit sans doute à son milieu familial d’entrepreneurs. Ce père de trois enfants, boulimique de lecture et cinéphile quand il trouve le temps, affiche déjà un parcours riche entre la Corse, Bruxelles, le Haut-Rhin, l'Yonne ou Paris depuis plusieurs années. Ce bientôt quadra, qui se définit comme volontaire et engagé, s'est notamment occupé du Grand Paris, où il a contribué à débloquer ce dossier sensible à force de concertation. CENFE Géraldine Benjamin Une boulonnaise à la com de l'Ecureuil Cette Boulonnaise d'origine, diplômée en langues et en management de la distribution (Lille 2), quitte une banque mutualiste pour une autre. L'ex-dir com du Crédit Mutuel Nord Europe rejoint au même poste le siège de la Caisse d'Epargne à Euralille. La quadra, mère de trois enfants, remplace Pierre Gorin, parti à Marseille. Après deux ans à La Redoute sur des fonctions d'animation des catalogues, elle a eu une première expérience chez l'Ecureuil à travers sa filiale de l'époque dans le marketing direct, la Sorefi, avant d'intégrer le Crédit Mutuel à Arras puis Lille. Cette rotarienne très active (club Lille Vauban) est aussi membre de l'Arrep et d'Entreprises et Communication. EPARECA Thierry Febvay Un pro de la rénovation urbaine A 40 ans, cet ingénieur en chef des Ponts, des Eaux et Forêts prend la succession de François Mius à la tête de l’Epareca, que ce dernier dirigeait depuis 2006. Cet établissement public national, basé à Lille, est dévolu à l’aménagement et la restructuration d’espaces commerciaux et artisanaux en déshérence. Une mission qui ne va pas dépayser Thierry Febvay dont le parcours l’a aguerri aux thématiques de la rénovation urbaine. Il a notamment dirigé le service habitat et rénovation urbaine à la DDE de Seine-Saint-Denis, comme délégué territorial adjoint de l’Anru. En 2010, il a rejoint la direction régionale de l’hébergement et du logement avant d’être appelé par Maurice Leroy, ministre de la Ville. Éco121 Mai 2012 >FINANCIÈRE FAIDHERBE Nicolas Bonnel rejoint Florent Charlet, Pdg du cabinet de fusionsacquisitions lillois, membre du réseau MBA Capital Finance. Il s'agit d'une création de poste (de directeur de mission associé), compte tenu du développement de la société. A 43 ans, cet ESC Tours connaît bien notre région depuis ses études en sciences éco à la Catho puis au sein du géant de la brasserie AB-Inbev (ex-Interbrew), pendant 16 ans. Il y aura mené, comme directeur financier, pas moins de 50 acquisitions en France. >PMU Philippe Pétrieux, 53 ans, prend la direction de l'agence de Lens du PMU. Une entité qui gère les départements du Pas-deCalais et de la Somme, soit 439 points de vente, 18 collaborateurs et un chiffre d'affaires de 264 M€. Originaire de Roubaix, il a mené une partie de sa carrière chez Stella Artois avant de devenir directeur commercial de Soldib à Lens. Entré au PMU il y a 13 ans, il a d'abord dirigé l'agence de Lorraine avant de piloter celle de Vélizy, son dernier poste. >GRDF NPDCPICARDIE Stéphane Grit prend la direction de l'unité réseau gaz Nord-Pasde-Calais Picardie de GrDF. Il est chargé de la construction, de l'exploitation et de la maintenance des réseaux de gaz naturel. Une mission majeure alors que de gros projets se préparent autour du terminal méthanier de Dunkerque. Ce polytechnicien de 44 ans est entré en 2004 chez GDF après plusieurs postes au ministère de la Défense et à Bercy. Il était jusqu'à présent président du directoire de la filiale de distribution slovaque SPP. >ARC INTERNATIONAL Le géant des arts de la table se dote d'un nouveau directeur juridique, Cyrille Demigneux, rattaché au DAF du groupe. Avocat pendant 8 ans au barreau de Paris, il est entré comme juriste corporate chez Arc en 2007. Le groupe nomme par ailleurs Sandrine Lambec à la tête du département communication institutionnelle, sous la houlette du DRH et de la communication José Maria Aulotte. Déjà dans l'entreprise depuis 1990, elle remplace Delphine Depledt. >ALKERN NORD Stéphane Vigier est le nouveau président d’Alkern Nord, filiale du groupe Alkern (750 salariés). Il occupait la direction générale de Recall France avant de rejoindre le fabriquant des produits préfabriqués béton. Cet ESC Paris a d’abord passé 13 ans chez Sagem, où il a notamment été responsable du développement international. Le leader mondial de la fabrication de verre plat NSG Pilkington le retient ensuite 9 ans ; il y a dirigé l’unité France Building Product. TENDANCES 9 > Portrait Freddy A 63 ans, il promet de mettre le feu aux poudres : son projet de data center et de pépinière numérique est un de ceux qui vont ranimer la citadelle d’Arras. Portrait d’un ancien mécano de l’aviation qui carbure au service technologique. Décima sort ses munitions L’ancienne poudrière de la citadelle accueillera le nouveau data center de l’entreprise. électriques lui paraissent alors bien terre à terre, mais son destin est scellé. Née dans le câble électrique, Décima a toujours suivi les évolutions technologiques. Aujourd’hui, avec 130 salariés pour un chiffre d’affaires de plus de 15 M€, implantée sur la zone industrielle Est de Saint-LaurentBlangy, elle optimise les échanges d’information et l’organisation de la mobilité en déployant les infrastructures ad hoc. Son champ d’action s’étend de la Normandie à la Champagne, en passant par l’Ile-deFrance. Premier client : la SNCF. « Je manie un joy stick » Dès son arrivée, Freddy Décima instaure un management basé sur des centres de profit indépendants les uns des autres, où « chacun est responsable de ce qu’il fait, décide et gagne ». Une quinzaine de chefs de projet sont chacun à la tête d’« une « Avec un pin’s comme ça dans une banque, c’est open bar » « aturellement mais par obligation ». C’est ainsi que Freddy Décima est entré dans l’entreprise créée par son père, électricien, en 1956. Le parcours n’était pas tout tracé pour ce passionné d’aviation qui a roulé sa bosse dans le monde comme mécano chez Dassault ou Snecma. Il était chef du département de détection incendie d’ABG-Semca quand son oncle Marius, qui avait repris les rênes de la Pme arrageoise, lui demande de le rejoindre. Il prend une année sabbatique et intègre l’effectif en mars 1982. Les réseaux ferrés et N Tpe qui paie ce qu’elle consomme ». Une mécanique bien huilée grâce à laquelle le gérant est en pilotage automatique : « je ne sers à rien, s’amuse-t-il. Pas besoin de coups de volant, je manie un joy stick. » 23 projets sont en cours, dont un sur la numérisation de documents. La préoccupation de Freddy Décima : offrir du service. Alors il pratique assidûment la veille technologique, animé d’une farouche volonté d’indépendance. « Quand on est moyen comme nous, notre menace au quotidien, c’est de nous faire bouffer. » Pour son développement, celui dont l’entreprise est classée F3++ à la Banque de France est autonome : « quand on se présente avec un pin’s comme ça dans une banque, c’est open bar ! » « Les pouces plus longs que les doigts » Si l’entrée de Décima rassemble les antiques appareils qui ont émaillé l’histoire des télécoms, changement d’ère à l’étage avec la « Décima Valley ». Mur d’écrans personnalisable, corners de visioconférence, écran tactile... Dans le bâtiment voisin, un centre d’affaires orienté e-commerce flambant neuf : « L’Entrepôt numérique ». Data center hyper sécurisé, 14 bureaux ultra raccordés, espaces de stockage, le tout sans engagement de durée ni frais de dossier. Cet investissement (3 M€ dont 2 pour le data center) était un coup d’essai, qui se révèle fumant – « OVH est venu nous voir, par curiosité. » Son coup de maître est un data center de repli (indispensable en cas de pépin sur le premier) au cœur même de la citadelle d’Arras, dans une poudrière XVIIe où toutes les installations devront être réversibles, associé à un hôtel d’entreprises dans l’ancien foyer des militaires, pour « les jeunes qui ont des pouces plus longs que les doigts ». Soit 25 bureaux sur deux étages et deux grands openspaces au dernier, où se créera « le business de demain », la qualité de vie en plus. Originalité et condition de l’installation de Décima : un snack ouvert au public. Freddy Décima, élu de la CCI et toujours à l’affût, s’est mis très vite sur les rangs de ce qui promet de devenir « un deuxième Arras dans un cadre exceptionnel » et investit là un peu plus de 2 M€. En vigie attentive, il espère le début des travaux en fin d’année pour une livraison à l’été 2013. Les geeks pourront alors se mettre au vert. Sophie Pecquet Éco121 Mai 2012 10 TENDANCES > Etude Le Nord-Pas-de-Calais région logistique : une ambition, des contraintes Déjà 4e région logistique de France en nombre d’emplois, le Nord-Pas-de-Calais s’affirme progressivement comme un hub « marchandises » de l’Europe du Nord-Ouest. ’ambition de devenir le hub logistique nord-européen apparaît légitime au regard de l’exceptionnel positionnement géographique du territoire. A proximité de cinq pôles économiques et décisionnels mondiaux (Londres, Bruxelles, Paris, la randstat néerlandaise, la Ruhr) et de 100 millions de résidents à moins de 300 kilomètres, cette région peut en effet se targuer d’être au cœur de l’une des plus importantes concentrations de richesses et de population au monde. L 42 000 emplois Fort de cet atout, le secteur logistique regroupe actuellement près de 42 000 emplois en région, soit 6,8% des emplois nationaux du domaine, plus que le poids démographique (6,1%) et économique (5,2%) du territoire. Les évolutions récentes montrent cependant que l’affirmation de cette situation (être un hub marchandises de l’Europe du Nord-Ouest) n’est en rien inéluctable. En effet, après une année 2009 catastrophique et un léger regain d’activité en 2010, l’année 2011 était attendue comme celle d’un retour du niveau d’activité d’avant crise, ce qui ne fut pas le cas. Malgré une croissance de l’emploi de l’ordre de 2% dans la logistique et une hausse des trafics sur les ports de Dunkerque et de Calais de respectivement de 12% et 2% en 2011, ces différents indicateurs ne sont pas revenus à leurs niveaux d’avant crise. Par ailleurs, les inquiétudes liées aux coûts du pétrole et à la crise de la dette, les incertitudes sur la consommation des ménages et sur les activités économiques en général, incitent les professionnels du secteur à la prudence pour l’année 2012. Éco121 Mai 2012 Saturation des axes autoroutiers A moyen-long terme, différents projets d’infrastructures de transports de marchandises laissent cependant augurer un renouveau du développement de ces activités en région : le canal Seine Nord, Calais 2015, les autoroutes ferroviaires, etc. Les simples mises en activité de ces équipements ne suffiront cependant pas à assurer une croissance de la filière logistique en région. Afin de s’affirmer comme un hub d’importance européenne, le Nord-Pas-de-Calais devra relever de nombreux défis incombant à l’absence depuis plusieurs décennies de politiques de transport ambitieuses : en premier lieu, la saturation des axes autoroutiers en grande partie congestionnée par des flux de véhicules individuels à l’entrée des différentes agglomérations de la région. > Etude réalisée par Marie-France Demonchy, Direction régionale information et analyses économiques et territoriales, CCI de région Nord de France. Réduction des disponibilités foncières Par ailleurs, au regard des ambitions du Grenelle de diviser par trois l’artificialisation des sols, la réduction des disponibilités foncières et plus précisément de celles répondant aux besoins des entreprises de ces domaines (larges parcelles, accessibilités multimodales, etc.) pourrait à l’avenir apparaître comme une nouvelle contrainte. Le positionnement géographique exceptionnel du Nord-Pasde-Calais offre d’immenses opportunités « logistiques » qu’il convient de valoriser. Cependant, la mise en place de politiques volontaristes en matière de transport de marchandises et de passagers, associée à de nouveaux développements fonciers seront nécessaires pour répondre à l’ambition réaliste de devenir le hub logistique nord-européen. TENDANCES 11 Têtes d'affiche Eco121 s'est associé à la deuxième édition du Com'en Or Trophy, à Lille Grand Palais, le 5 avril. Un concours porté par IAEvent et destiné à mettre en valeur les projets les plus originaux et créatifs des acteurs régionaux du marketing, de la communication et de l'événementiel. Le prix spécial du jury est attribué à l'agence Opal Event représentée par Franck Viandier et son épouse, à qui Eco121 a le plaisir d'offrir un quart de page de publicité, d'une valeur de 950 . Un jury présidé par Pascal Caillé, dirigeant de Caillé associés et président de l'association régionale des communicants (Arrep) a désigné les lauréats. NéoMarketing, dirigé par Gaëlle Duvet a décroché l'or dans la catégorie Market TROPHY, pour sa campagne pour Phildar. En argent, la société Balumpa et en bronze Céline Delannoy, pour le cabinet JBL. Le Com'TROPHY revient à JBL pour le projet Kbane, devant le Labo des marques (Sebastien Savary) et Adverto (Jérôme Vanpoperingue). « On a marché sur la lune »remporte la catégorie Event'TROPHY (sur le podium : Romain Tomiak), devant Vivacom Events (Amélie Dumont) et Opal Event (Franck Viandier). Éco121 Mai 2012 12 GRAND ANGLE > Enquête ARRAS joue PATRIMOINE, AGROALIMENTAIRE, LOGISTIQUE Après Valenciennes en décembre, Eco121 braque cette fois son regard sur l’Arrageois. Un territoire symbolisé par la beauté sereine de ses grand- places et par son cadre verdoyant. Mais derrière le cliché de la ville à la campagne façon Alphonse Allais, la terre natale de Robespierre affiche volontarisme et ambition autour de ses grands atouts : agroalimentaire, logistique et tourisme. Plongée en économie atrébate. TEXTE Sophie Pecquet /PHOTOS Sebastien Jarry Éco121 Mai 2012 ses atouts GRAND ANGLE 13 > Enquête A « rras joue dans la cour des grands. » Frédéric Leturque, nouveau maire de la cité atrébate, observe le chemin parcouru. Versailles rayonne depuis l’abbaye SaintVaast, la citadelle démilitarisée promet à la ville un nouveau quartier doublé d’un poumon économique, les places rénovées et leurs terrasses attirent des visiteurs toujours plus nombreux. Jean-Marie Vanlerenberghe, se délestant de ses mandats locaux, a passé le témoin en novembre dernier à son poulain Frédéric Leturque. Et Philippe Rapeneau s’est installé en octobre dans son fauteuil de président de la Communauté urbaine. Avec Edouard Magnaval, président de la CCI élargie d’Artois depuis un an, ils forment le nouveau trio de tête du développement de l’Arrageois. Agroalimentaire et logistique Nouvelles têtes pour un nouveau souffle ? Arras n’en est pas à sa première mue. Le réveil de « la belle endormie » s’est amorcé dans les années 90, porté par une situation géographique stratégique au sud de Lille, à moins d’une heure de Paris en TGV, au carrefour des grands flux nord-sud avec l’A1 et du Royaume-Uni vers l’Allemagne avec l’A26, et par l’éligibilité aux primes d’aménagement du territoire. Arras n’est pas que cette cité doucement bourgeoise et foncièrement agraire que son nom évoque à ceux qui ne la connaissent pas. L’industrie y réunit 5 000 emplois ; si les déboires de Meryl Fiber (lire ci-dessous) l’ont âprement rappelé, l’agroalimentaire tire avec brio son épingle du jeu. Avec le transport L’industrie qui pleure... et qui rit Du fil à retordre pour Meryl Fiber ARRAS EN CHIFFRES > Arras : 43 000 habitants > Communauté urbaine : 95 000 habitants > Évolution démographique 200010 : + 4% > 4 500 étudiants, sur les 11 000 inscrits à l’université d’Artois e chômage partiel n’avait pas suffi pour affronter la baisse d’activité. Dans un contexte de hausse des matières premières et de rupture d’approvisionnement de son fournisseur exclusif Rhodia, le fabricant de fils synthétiques innovants de Saint-Laurent Blangy a vu son chiffre d’affaires tomber de 85 M€ en 2010 à 70 M€ en 2011. Placée en liquidation judiciaire depuis janvier, avec poursuite de l’activité, l’entreprise relancée par deux de ses cadres en 2008, n°2 européen dans son domaine, pourrait être rachetée à l’issue d’une nouvelle prolongation d’activité de trois mois. Le Suisse Nexis Fiber, spécialiste des fils techniques, est sur les rangs. Il conserverait 210 emplois sur près de 350. Parmi les conditions posées : des soutiens financiers publics. La Communauté d’agglo et le Conseil régional étudient de près ce dossier. L Ça roule pour Roll Gom vec 95 salariés et 15 M€ de CA (60% à l’export), l’entreprise de Tilloy-les-Mofflaines est un fleuron du recyclage du caoutchouc notamment en roues de poubelles. Après des pertes importantes en 2009 et un retour à la croissance en 2011, son directeur Richard Lett entame un virage décisif. Avec la diversification d’abord : la Pmi démarre la production, en exclusivité, d’un absorbeur de choc très innovant destiné aux logisticiens, mis au point par Ecolog ; le marché est européen. Elle s’équipe aussi d’une déchiqueteuse qui lui permet d’accéder directement à la matière première, qui passera de 6 000 t (chips de pneus) à 30 000 t (pneus entiers) – pour un effectif constant – et de bénéficier de l’écotaxe. A trois ans, le CA pourrait être porté à « 18 à 20 M€ ». A Éco121 Mai 2012 14 GRAND ANGLE > Enquête ACTIPARC EN BREF > créée en 2004 sur 270 ha au nord-est d’Arras > 28% du site commercialisé, 16 entreprises, 570 emplois > 65 M€ d’investissements privés, 72 000 m2 de constructions neuves pus logistique de Delta 3, mais il est quatre dossiers auxquels il tient pour Arras : le pôle d’excellence agroalimentaire partagé avec Cambrai – « la CCI est partenaire mais il faut participer beaucoup plus » ; la création de clubs d’entreprises pluridisciplinaires – « pour développer les flux d’information et d’affaires » ; celle d’une charte commerciale qui régisse et fluidifie les relations entre les 850 commerces, la chambre et la ville ; et Artois Expo, équipement consulaire appelé à muter courant 2013 en véritable palais des congrès (voir p.17) propre à doper le tourisme d’affaires et à accueillir des événements comme l’Arras Film Festival (ci-dessous), qui a réuni plus de 30 000 spectateurs sur 10 jours en 2011. et la logistique, elle est une des activités les plus porteuses du territoire, soutenue par les deux zones Artoipole et Actiparc. La première poursuit un développement dynamique avec cinq projets en cours (voir ci-dessous et page suivante). Et Actiparc, bâti de l’immense Magna Park du promoteur immobilier logistique britannique Gazeley, accueille deux nouvelles entreprises agroalimentaires, IDS et Fishcut, pour 5 000 m2 de bâtiments réfrigérés à eux deux. Tourisme d’affaires Arras est aussi depuis un an et demi le siège de la CCI d’Artois, chambre unifiée des arrondissements d’Arras, Béthune et Lens. Edouard Magnaval, son nouveau président, est moins à l’aise à évoquer Meryl Fyber que le nouveau cam- Logistique : la bonne voie Coquidé au cœur du système ’entreprise familiale concessionnaire de la marque Renault Trucks (486 salariés, 240 M€ de CA) vend, loue et répare des camions sur 13 sites, dont 8 dans la région et une implantation stratégique à Anvers depuis 5 ans. Son siège est à Artoipole. Le transport routier a subi les effets du ralentissement industriel ; Eric Coquidé, responsable administratif et financier, s’efforce de maintenir la rentabilité. Les incertitudes ne l’empêchent pas d’être optimiste. L’activité autocar-bus (un tiers du CA, sur 4 sites) se porte « très bien » grâce au Grenelle. Et l’attente est forte du côté du canal Seine-Nord et des débouchés routiers. « Nous serons au cœur du système. » Les autres grandes marques sont au taquet : « ils sont tous dans l’Arrageois ! » Un signe qui ne trompe pas sur l’intérêt stratégique porté au territoire. L Comata se recentre e transporteur de liquides alimentaires en citerne (CA 16 M€), a choisi de transférer son siège social du Val d’Oise à Artoipole. « L’industrie agroalimentaire a déserté la région parisienne, nous étions excentrés », indique Bruno Bertrand, son directeur. L’entreprise emménagera début 2013 sur un pôle d’exploitation de 10 000 m2 en construction avec 90 chauffeurs, un effectif recruté dans le Pas-de-Calais à proximité des clients – pour l’essentiel dans le Nord et le Benelux. L ARTOIPOLE EN BREF > créée en 1992 sur Sofrigam s’étend e spécialiste des emballages isothermes et réfrigérants pour le transport de produits pharmaceutiques (siège à Nanterre) crée une filiale logistique. Installée à Artoipole depuis 2008 sur 7 000 m2, la Pme de 34 salariés termine la construction d’un entrepôt de 3 000 m2 pour 1,6 M€ d’investissement ; 10 recrutements sont attendus sur 3 ans. L Éco121 Mai 2012 175 ha à Feuchy, Monchy-le-Preux et Wancourt > 57 entreprises (16 dans la logistique, 13 dans l’agroalimentaire) > 2 330 emplois, près de 200 000 m2 de bâtiments ARRAS Spécial GRAND ANGLE 15 > Enquête L’agroalimentaire redouble d’appétit Soup'Idéale cartonne achetée en grande difficulté en 2004 par Jean-François Loué et Eric Delcroix, le fabricant de soupes fraîches change de braquet. Non seulement il vient de reprendre la Légumerie de la Côte d'Opale (12 salariés, 1 M€ de CA), mais il réalise aussi une levée de fonds de 2 M€ (dont 1,2 M€ auprès de Finorpa et Arkeon) et investit un total de 7 M€ pour son développement. Principale opération : l'implantation de lignes de conditionnement en briques aseptiques, un segment du marché en plein essor qui doit lui assurer de gros volumes. Emblématique de la dynamique agroalimentaire de l'Arrageois, Soup'Idéale vise un doublement à moyen terme, pour atteindre les 25 M€ avant de tripler par la suite. Et son effectif doit passer de 40 à 60 salariés en trois ans. R Ingredia, crac des produits laitiers ’outil est unique en France. En plus de transformer 500 Ml de lait par an dans son usine de Saint-Pol (photo), Ingredia pratique le cracking du lait : son labo de recherche (30 personnes à Arras) décortique les composants du lait (plus de 2 000) pour en extraire des ingrédients aux propriétés dites fonctionnelles, pour la « nutrition santé longévité »*. L’ETI de 400 salariés est une filiale de la coopérative laitière Prospérité fermière qui réunit 1 200 producteurs de lait de la région. Elle a suivi l’internationalisation des grands groupes agroalimentaires et ouvert des filiales en propre aux USA, à Singapour et à Dubaï. Elle réalise plus de la moitié de son CA (400 M€) à l’export dans 120 pays. En prévision de la fin des quotas laitiers en 2015, Ingredia va investir 30 M€ dans l’extension du site saint-polois, saturé, pour y fabriquer les produits de demain. L *Ingredia est investie dans le pôle de compétitivité NSL et participe à la plate-forme Purifunction à Eurasanté. Coup double pour l’Adrianor e centre de ressources technologiques pour les industries agroalimentaires a accompagné 450 Pme depuis sa création en 1989 par le Conseil régional et le district d’Arras. Il double son outil pour 4,5 M€ d’investissement. Enjeu : disposer en 2014 d’un équipement de pré-industrialisation pour tester sur le marché les produits mis au point pour le compte des entreprises, avant leur déploiement à grande échelle, et évaluer au plus près leur coût de revient. Cette extension se double d’un partenariat amplifié avec l’université d’Artois à partir de la rentrée 2013, pour l’accueil des étudiants en agroalimentaire sur les deux années de master (au lieu d’une) et de deux enseignants chercheurs pour adjoindre à la recherche appliquée la recherche fondamentale qui lui fait défaut. L’Adrianor* (8 salariés) embauchera 3 ingénieurs EN CHIFFRES ou chercheurs supplémentaires. > agroalimentaire L ARRAS *700 K€ de budget annuel, dont 400 viennent des prestations techniques et de formation. 25% du CA 2011 a été généré par des entreprises de l’Artois. (2000-2010) : + 30% (-8% en région) à 3 500 emplois Rénovation urbaine Quand l’Artois crée e fonds de « micro-capitalinvestissement » Artois Expansion (groupe IRD) vient de fêter sa 10e participation depuis 2010. Créé avec la CCI d’Arras, il est doté de 1,5 M€. Ni fonds d’amorçage ni outil de retournement, son objectif est d’accompagner les Tpe et Pme de l’Artois avec une intervention en capital et en compte courant sur L des tickets de 20 à 100 K€ en création-reprise, capital-développement ou croissance externe. Arras Initiative a pour sa part accordé 110 prêts d’honneur en 2011 pour près de 600 K€ et plus de 5 M€ d’investissements générés. Depuis 1999, l’asso aura soutenu 657 entreprises pour 4,3 M€ de prêts. création d’entreprises à Arras en 2010 : 556 dont 325 autoentrepreneurs Mais Arras est aussi une ville qui affiche 37% de logements sociaux et une des premières en France à avoir signé une convention de rénovation urbaine Anru. Face à la dégradation de ses quartiers ouest, « un traitement de choc » a été appliqué, relate Frédéric Leturque, ex-adjoint à la politique de la ville puis au renouvellement urbain. Près de 45 M€ ont été investis depuis 2005 sur le quartier Saint-Pol pour « favoriser la mixité sociale dans un environnement apaisé ». Même Auchan a apporté sa pierre en acquérant 5 ha en déshérence pour transformer son magasin déclinant en centre commercial dernier cri grâce à 41 M€ d'investissements et 200 embauches dans l'hyper et la galerie marchande. Au cœur du quartier, une opération est à l’étude avec l’Epareca et le maire se dit « dans les starting blocks » pour poursuivre sur les quartiers Saint-Michel, aux portes de la Grand’Place, JeanJaurès et Beaudimont. Des programmes de « plusieurs dizaines de millions d’euros » pour les 10 à 20 ans qui viennent selon la réponse des partenaires financiers. Éco121 Mai 2012 16 GRAND ANGLE > Enquête Le Main Square Festival a attiré 100 000 personnes en 2011. Tout l’enjeu : capter les courts séjours. Ci dessus à droite, l’expo «Roulez carrosses !» réalisée avec le Château de Versailles. La citadelle investie La citadelle concentre toute l’attention des investisseurs privés. Il y a un an, un forum les réunissait dans son enceinte pour titiller l’envie. Côté habitat, c’est la société parisienne Histoire et Patrimoine et le groupe Magellan qui ont remporté les suffrages. La première est spécialisée dans la rénovation de bâtiments historiques en logements et en proposera 60 en accession à la propriété. Le deuxième prévoit de réhabiliter la caserne Shramm avec 140 logements et une centaine de studios. Les entreprises y sont aussi attendues (voir en p.9). Le bâti XVIIe réhabilité et 50 ha de bois arrivent à point nommé pour « élargir le périmètre urbain touristique » : cap sur la gastronomie – un grand chef est pressenti – et les loisirs avec un accrobranche, porté par une filiale commune de Chlorophylle et Taho & Lina, qui permettrait de découvrir le système des fortifications. Le pari Louvre-Versailles Le plus important aujourd’hui ? « Réussir le pari LouvreVersailles et qu’Arras soit un élément fort de cette réussite », lance le maire. Oubliée la déconvenue du choix lensois pour accueillir l’équipement qu’elle convoitait. La convention de Éco121 Mai 2012 10 ans avec Versailles lui offre de rivaliser à moindre coût en attractivité avec une offre hôtelière et de restauration qui fait toujours défaut à sa voisine. Tout l’enjeu est d’étoffer l’offre touristique pour capter les courts séjours. Outre la citadelle, la Scarpe tire le fil des loisirs, du golf d’Anzin Saint-Aubin au centre nautique de Saint-Laurent-Blangy. En entrée de ville, le pôle ludique Val de Scarpe accueille le tout nouveau centre balnéo-ludique (16 M€ d’investissements). Avec Cité Nature (voir en p.49), le parc, les berges, la location de vélos ou de canoës pour relier le marais de Fampoux... il s’agit de structurer l’offre. Un système simplifié de tarification façon Val Joly est en réflexion. Sur le volet patrimoine, le pôle culturel Saint-Vaast est un projet à tiroirs jusqu’en 2023 pour 40 M€ d’investissement. La rénovation des salles du 1er étage permet déjà d’accueillir Versailles, avec 25 000 visiteurs le premier mois et 200 000 attendus par an. « La ville commence à reconquérir son public, se félicite Frédéric Leturque. Lille est étouffée, Arras respire ! » Un atout de poids qui conforte la place de la capitale artésienne dans la dynamique économique régionale. Sophie Pecquet ARRAS Spécial Culture-tourisme les cartes maîtresses Artois Expo sur son 31 L’homme orchestre du tourisme D hristophe Sérieys a été « dircom » de la Ville pendant plus de 6 ans avant de prendre, à 34 ans, la direction de l’office de tourisme en mars 2011. Autant dire qu’il maîtrise les dossiers porteurs, et le tourisme en est un à Arras. Il a débuté comme journaliste à la Voix du Nord et aurait pu, à 27 ans, diriger l’agence de Douai, mais il se rêvait reporter. Il décline, et c’est Arras qui le happe. « J’ai saisi la balle au bond quand la porte de la mairie s’est ouverte. » Profondément attaché à sa ville, il veut servir son « potentiel extraordinaire ». Versailles, la citadelle, le futur centenaire de la Grande Guerre... son arrivée à l’OT coïncide avec des projets éminemment fertiles. Il dirige un établissement public de 20 temps plein et 2 M€ de budget, dont 55 à 60% de recettes propres, grâce aux trois sites gérés – le beffroi, les boves et la carrière Wellington (40 000 visiteurs chacun en 2011) – , aux visites de groupes de la ville et nombreux produits dérivés. Une manne qui lui donne les coudées franches pour explorer d’autres pistes. C Arras : 2500 places en terrasse, 250 monuments classés, 2 sites au patrimoine mondial de l’Unesco. GRAND ANGLE 17 > Enquête oper le tourisme d’affaires. C’est l’ambition d’Artois Expo grâce à un investissement de 3 M€ porté par la CCI (1 M€), la CUA (1 M€), la Région et l’Etat. Le projet porte sur le réaménagement du hall de 1 500 m2 en une salle de congrès de 1 000 places, dont 650 en gradins rétractables, équipée de praticables de scène et grill technique et de séparateurs d’espaces motorisés. Arras pourra dès 2013 accueillir dans des conditions optimales congrès, conventions, colloques et séminaires. Le Robin des bois de la culture abien Cousin dirige le Pharos depuis un an. Au pied des tours, l’ancienne maison pour tous et salle de spectacles, en reconstruction, est le point d’orgue de la revalorisation du quartier Saint-Pol. Il est appelé à devenir un pôle culturel d’envergure, « le pendant de Saint-Vaast pour des publics éloignés de la culture à qui on souhaite offrir une proximité et des codes d’accès », illustre l’attaché. A 32 ans, cet historien pétri de gestion de patrimoine et de coordination culturelle est une figure montante de l’équipe culture de la Ville. Musique, spectacle, lecture publique (avec la médiathèque voisine) et offre numérique sont les cordes qu’il veut faire vibrer au cœur du quartier. En janvier 2013, un équipement entièrement repensé, pour 3,5 M€ d’investissement, offrira entre autres une salle de concert de 400 places (ou 180 assises) et un studio d’enregistrement. L’ambition dépasse les frontières du quartier, à l’image de l’Arras des musikos ou du Tremplin Main Square Festival qu’il organise. F Le site de Vimy sera un des épicentres des festivités du centenaire de la Première Guerre mondiale en 2014. Éco121 Mai 2012 18 GRAND ANGLE > Interview Le nouveau président (UMP) de la communauté urbaine d'Arras évoque le développement et l'avenir de son territoire. Pragmatique, il s'appuie sur le Louvre-Lens, le partenariat avec le château de Versailles, le nouveau centre de congrès... et le centenaire de la Première Guerre mondiale pour miser sur la carte touristique. Sans oublier l'agroalimentaire dont le pôle d'excellence semble enfin normalisé. Entretien. RECUEILLI PAR OlivierDucuing et Sophie Pecquet PHOTOS Sébastien Jarry “SMALL IS BEAUTIFUL” PHILIPPE RAPENEAU Éco121 Mai 2012 ARRAS Spécial GRAND ANGLE 19 > Interview Éco Votre communauté urbaine est l'une des plus petites de France. Avez-vous la taille critique face aux enjeux de l'époque ? 121 Qu'on soit une petite communauté urbaine, oui. Alençon, Cherbourg sont un peu en dessous de nous, nous sommes à égalité avec Le Creusot. Comme disent nos amis anglais, « Small is beautiful ». Le principe d'une communauté urbaine, c'est d'abord un critère administratif, la forme la plus aboutie de coopération intercommunale puisque les élus sont allés jusqu'à transférer l'urbanisme, fonction régalienne des communes. La réforme intercommunale va-telle changer la donne ? Calais compte 77 000 habitants mais a une agglo de la même taille que la nôtre. La réforme territoriale bouge un peu les lignes. Nous allons devenir la communauté urbaine la plus rurale de France. En population, on accueille 15 communes de plus pour moins de 10 000 habitants, une intercommunalité de 7 communes et quelques communes du sud-arrageois. On n'a forcé personne. Mais vous passez le seuil des 100 000 habitants... Oui et c'est important. Sur le plan symbolique mais surtout financier : c'est un seuil. En fiscalité, cela donne quelques leviers. Mais ce sont aussi des dépenses : passer de 24 à 39 communes va entraîner des nouvelles organisations de transport, même si on ne va pas amener chaque commune au même niveau de fonctionnement que celles qui sont entrées à l'origine, il y a quarante ans. Pour peser davantage, vous êtes aussi engagés dans une démarche de pôle métropolitain. Quelle en est la logique ? La réalité de la région, c'est une métropole qui joue son rôle pleinement et qui irradie sur le territoire. Personne ne conteste ce rôle. Mais à l'intérieur de ce territoire régional, il y a une organisation multipolaire avec des effets de conurbation, des endroits plus ruraux, d'autres plus tournés vers les ports, d'autres plus liés à la Belgique, et un ensemble intérieur avec l'Artois et l'arc minier, de Béthune-Bruay à Douai, avec Arras. Dès lors que la loi nous autorise à réfléchir et travailler ensemble, pourÉco121 Mai 2012 20 GRAND ANGLE > Interview Retrouvez l'interview intégrale sur www.eco121.fr ! Le partenariat avec le château de Versailles est certes moins important mais ambitieux. Vous en attendez beaucoup ? quoi ne pas créer un pôle métropolitain ? L'Arrageois avec sa dynamique offre 145 emplois disponibles pour 100 actifs. N'avons-nous pas intérêt à être ensemble non pour concurrencer Lille mais pour nous adosser à la métropole ? Cela permettra aussi de peser davantage face à nos interlocuteurs. Si on va voir RFF et la SNCF tous ensemble en représentant 1 million d'habitants, qu'on explique qu'il faut organiser les liens entre bassin minier, Arrageois, Douaisis et connexion avec la métropole, là ça fait du monde à déplacer et c'est intéressant. Versailles, c'est du rayonnement pour la ville, tout le territoire et même audelà. C'est de l'activité, des gens qui vont venir sur notre territoire, dormir, consommer... Ce sont des centaines d'emplois induits. L'effet boule de neige en termes de développement économique est difficile à mesurer. Il y a encore d'autres opportunités. Le pôle Saint-Vaast qui regroupera dans un même site cet espace muséal, l'ecole de musique, une médiathèque, l'école de danse, l'office de la culture, en cohérence avec nos équipements comme l'hôtel de Guînes, le théâtre à l'italienne rénové... Tout cela a un Sur le plan formel, où en êtesvous ? L'idée première est de constituer une association de préfiguration, Hénin-Carvin, Lens-Liévin, ArtoisBruaysis et Douai, et nous-mêmes. On a rédigé des statuts, identifié les sujets sur lesquels on veut travailler ensemble. On a failli finaliser en début d'année, mais on a décalé à après les élections. On travaillera sur les transports, la formation universitaire, l'eau. Le développement économique est également concerné par le biais de deux thématiques, la culture et le tourisme. On ne peut pas occulter ce sujet alors qu'en décembre on inaugure le nouveau Louvre à Lens. L'impact sera important, il faudra nourrir, loger ces visiteurs. Je préfère les garder une nuit à Arras plutôt qu'ils n'aillent à Lille ou qu'ils repartent par le premier TGV à Paris. Pensez-vous possible de faire fonctionner un ensemble de collectivités très pauvres où souvent les élus de même bord ne s'entendent déjà pas entre eux ? Je vais donc rentrer chez moi, me mettre sous la couette et dire que tout est foutu ? Ce n'est pas le tempérament ! C'est au contraire parce que nous sommes des territoires de ce type, avec une population jeune, dynamique, certes pas suffisamment formée mais avec un vrai potentiel qu’on veut faire la démonstration que ce territoire a des richesses et peut avoir des ambitions. Aujourd'hui quand on fait le Louvre Lens, on donne une nouvelle image. Éco121 Mai 2012 « à 50 minutes de Paris, avec deux places au Patrimoine mondial, vous devenez intéressant » BIO EXPRESS 1958 Naît à Calais Ecole normale Arras 1984-87 Enseignant 1988-97 Assistant parlementaire puis conseiller technique de Philippe Vasseur, ministre de l’Agriculture Mandats actuels Président de la CUA (oct 2011) et du groupe UMP au Conseil régional, adjoint au maire d’Arras impact économique, et donc aussi de recettes fiscales. Cela va contribuer à l'attractivité de notre territoire, au même titre que le projet de la citadelle. Vous misez donc tout particulièrement la carte du tourisme ? Le tourisme existe déjà à Arras mais il peut largement se développer. On a le tourisme de mémoire : 2014 arrive (centenaire de la Première Guerre mondiale, ndlr), on sera au cœur du dispositif. Les gens viennent à Londres en première destination d'Australie, de Nouvelle-Zélande, ARRAS Spécial GRAND ANGLE 21 > Interview « On ne fait pas Häagen Dazs tous les ans ! » niers d'agriculture de proximité, etc. On a encore à trouver quelque chose d'emblématique dans la citadelle. Le lien sera la force Vauban. Cette citadelle est le plus grand site dans le réseau Vauban labellisé Patrimoine mondial de l'humanité. Ça peut être des plans reliefs, Louis XIV, Vauban, tout ça se connecte. Ça peut être aussi aller plus loin dans l'exploration de Versailles. Le pôle d'excellence agroalimentaire Agroe a plutôt mal démarré. Où en est-on aujourd'hui ? mais ils viennent aussi voir ici où l'arrière-grand-père est tombé, dans des sites comme Vimy ou Souchez. Le tourisme de bien-être et de loisirs se développe aussi avec la ZAC Val de Scarpe, le centre de balnéo qui va ouvrir, le bassin d'eaux plates, qui sera un lieu d'entrainement mais aussi de bien-être, et le bassin d'eaux vives, les jardins du Val de Scarpe. Ce linéaire du val de Scarpe démarre d'AnzinSaint-Aubin avec l'un des plus beaux golfs de France, très attractif, jusqu'aux marais de Fampoux, en plein cœur de zone humide, avec une biodiversité que vous ne trouvez pas ailleurs. certain ralentissement, mais reste encore dynamique. On ne fait pas Häagen Dazs tous les ans ! Mais on va faire Fishcut, c'est une centaine d'emplois, 3 000 m2 de bâtiment supplémentaire. Nos zones d'activité tournent, et celles qui ont des possibilités de développement le font progressivement. Nous restons attractifs, grâce à notre situation, à la croisée de deux autoroutes, une ligne grande vitesse, des potentialités autour du projet Seine Nord Europe. Et le choix de se doter d'une boucle numérique, qui a certes coûté un peu d'argent, est un atout important. Et le tourisme d'affaires ? Vous cherchez à attirer de nouveaux secteurs à plus forte valeur ajoutée ? Bien sûr. On est avec Dunkerque, Lille et Le Touquet l'une des quatre villes reconnues, validées, labellisées par la région. Cela va nous donner une dynamique avec la CCI puisque nous avons requalifié Artois Expo pour en faire un centre de congrès de l'ordre de 600 à 700 places pour de l'activité salon mais aussi une véritable activité congrès. A 50 minutes de TGV de Paris, connectés au réseau ferroviaire LGV européen, avec deux places au Patrimoine mondial de l'humanité, vous devenez intéressant ! Nous en avons déjà. Les sociétés sont peut-être un peu plus discrètes car moins importantes que les grosses entreprises dans le transport et la logistique qu'on a pu avoir, ou par rapport à des entrepsies emblématiques comme Soup'Idéale ou les crèpes Dessaint. Mais il existe des sociétés de taille plus modeste en informatique qui se développent sur notre territoire comme Décima, NCS, qui nous achètent pour l'un des bâtiments dans la citadelle, pour l'autre des terrains aux Bonnettes. Votre territoire a connu une forte dynamique économique dans les années 90. Est-ce toujours vrai? La citadelle a vocation à être le 17e quartier d'Arras ? On reste dans une phase positive. Le territoire a eu une forte attractivité et une décennie 90-2000 formidable grâce à la prime d'aménagement du territoire. La période 2000-2010 était encore très bonne ; la décennie dans laquelle on est entré marque un Oui mais au-delà d'un nouveau quartier de 155 000 m2 de shon – où la CUA s'installe elle-même –, elle s'inscrit dans une démarche de « slow city » : le quartier de la tranquilité, du bien-être, de démarches nouvelles en termes de consommation, de pa- La CUA, c’est depuis 1998 24 communes. Après la réforme intercommunale elle passera le seuil des 100 000 habitants Tout va bien ! Quand l'Etat décide des pôles de compétitivité, la région dit fort justement que des territoires vont passer à côté et qu'il faut essayer de faire quelque chose pour eux. Le premier territoire agroalimentaire régional, c'est Lille ! On n'allait pas y positionner le pôle qui est donc venu à Arras-Cambrai. Avec au départ une gouvernance alternant chaque année une présidence des présidents d'agglo de Cambrai et d'Arras. Résultat : trois mois avant, on ne fait rien, trois mois après on ne fait plus rien, soit six mois seulement efficaces... On a ronronné. On a un président qui a fait du boulot. Les assises à l'abbaye de Vaucelles ont été un succès. Il reste à jalonner les choses. Nous avons ici avec Adrianor un des outils les plus efficaces en recherche appliquée sur le territoire. Avec la région et le département, on commence les travaux d'extension et de rénovation dans quelques semaines. La présidence du pôle alimentaire ne doit pas être d'un an seulement, le président a plus vocation à être un chef d'entreprise qu'un élu. Maintenant, Michel Lienard (maire de Rumilly, ndlr) est président jusqu'en 2014, il n'y a aucun problème. Avec l'Adrianor, le pôle Arras-Cambrai est basé à Arras. C'est cohérent. Après, qu'on laisse les formations agrolimentaires à Cambrai, c'est normal. Après la R & D, il faut passer à l'application et aux pilotes semi-industriels pour les entreprises. On ne va pas les faire à 50 km d'Adrianor, mais ici. J'ai un accord de principe. Je souhaite aussi que Cité Nature, propriété de la communauté urbaine, parti dans une structure muséale, se recentre sur ses priorités, à savoir se consacrer à l'agroalimentaire et être un des outils à la disposition de la filière. Éco121 Mai 2012 22 GRAND ANGLE >Photoreportage Les balles de papiers sont acheminées dans le pulpeur, qui élimine tous les contaminants, plastiques, agrafes, sables et qui va produire une nouvelle pâte à papier. Les Cartonneries de Gondardennes sont d'abord une papèterie. L'usine est un acteur majeur de la filière des papiers recyclés puisqu'elle accueille chaque jour 30 camions. Ils apportent chaque année 180 000 tonnes de papier recyclé provenant de la moitié nord de la France, de la Belgique et des Pays-Bas. Dans les coulisses Cartonneries Gondardennes des de PHOTOS Sebastien Jarry / TEXTES OlivierDucuing E co121 ouvre une nouvelle rubrique avec ce photoreportage consacré aux Cartonneries de Gondardennes, une très belle entreprise 100% familiale implantée à Wardrecques, dans la vallée du papier. Notre ambition : montrer à travers quelques clichés la richesse des savoir-faire de nos entreprises. Nous avons retenu celle-ci pour plusieurs raisons : c'est une industrie lourde, un secteur que nous aimons bien chez Eco121 ; c'est une entreprise familiale dont la stratégie de long terme et de réinvestissement des profits lui a permis d'affronter la crise, c'est une des 80 entreprises de taille intermédiaire de la région et, née en 1897, elle appartient au cercle fermé des centenaires qui viennent de se doter de leur club sous l'égide de Lille Place Tertiaire. Éco121 Mai 2012 GRAND ANGLE 23 >Photoreportage Éco121 Mai 2012 24 GRAND ANGLE >Photoreportage Bienvenue dans la cathédrale industrielle : deux machines à papier gigantesques, de 150 mètres de long et 20 mètres de haut, vont fabriquer des feuilles de papier, grâce à l'adjonction d'amidon en « size press » pour donner des propriétés de résistance et d'imperméabilité. Les feuilles passent sur des cylindres chauffés à la vapeur pour évacuer l'eau. Le processus automatisé, continu 24h/24 h et 358 jours par an (hors maintenance entre Noël et jour de l'an), est contrôlé par trois opérateurs seulement. Éco121 Mai 2012 GRAND ANGLE 25 >Photoreportage Les feuilles sont enroulées en bobines de 12 tonnes, manipulées par pont roulant. L'usine compte quatre onduleuses comme celle-ci, qui produit le carton. Des bobines sont utilisées pour réaliser les cannelures, qui sont ensuite pré-assemblées avec une à trois phases de collage. La société réalise de nombreux produits mais s'est fait une spécialité des nanocannelures de 0,8 mm, utilisées notamment pour l'impression offset directe. Éco121 Mai 2012 26 GRAND ANGLE >Photoreportage Les plaques sont produites directement aux formats demandés par les clients. L'usine, qui fonctionne en flux tendus, traite ainsi 800 commandes par jour, et ne produit que pour les commandes. Aux Cartonneries de Gondardennes, c'est zéro stock. Ce magasin entrepose les produits finis, voués à l'expédition rapide. L'entreprise livre dans un rayon de 500 km ses produits standard, et sur toute l'Europe pour ses produits spéciaux, dans un délai compris entre 24 et 36 heures. LES CARTONNERIES DE GONDARDENNES CRÉATION : 1897 SIÈGE : Wardrecques (62) ACTIONNARIAT : 100% familial (160 actionnaires) PRÉSIDENT : Max Lamiot, héritier des deux familles fondatrices, Leroux et Masson DG : Bertrand Helle CAPACITÉ : 180 000 tonnes CA 2011 : 118 M€ EFFECTIF : 420 (dont 15 embauches en février) RANG : numéro six français du carton ondulé, numéro un en plaques Éco121 Mai 2012 L'entreprise, qui possède aussi une unité près de SaintEtienne, la Cartonnerie de l'Ondaine, a investi 30 M€ en 2008 dans une nouvelle onduleuse – la seule en France en 3,300 m de laize. Elle a choisi d'augmenter sa production récemment, à travers l'élargissement du temps d'ouverture de ses outils « 28 TERRITOIRES > Développement local EN BREF GRAND EMPRUNT L’ETAT SE RATTRAPE Critiqué pour avoir maltraité la région dans les débuts du plan d’investissement d’avenir (PIA), l’Etat rattrape son retard. Avec les dernières annonces d’Idefi (Initiative d’excellence en formation innovante) ou sur les énergies décarbonées (Ifmas), l’Etat soutient au final 24 projets qui totalisent un financement d’Etat de 386,5 M€. Au total, la région a obtenu : 1 institut de recherche technologique sur les infrastructures ferroviaires (80 M€), 7 labos d’excellence (72 M€), 1 société d’accélération de transfert de technologie (63 M€), 11 équipements d’excellence (50,3 M€), 2 infrastructures nationales en biologie-santé (35 M€), 1 institut d’excellence sur les énergies décarbonées (30,8 M€), 1 initiative d’excellence en formations innovantes (5 M€). 1,2 M€ POUR LA CRÉATION VISUELLE Le pôle images Nord-Pas-de-Calais porte la dotation de son fonds annuel à 1,2 M€ (contre 500 K€ depuis 2009) pour soutenir les projets de création. Baptisé « Experiences Interactives 2012 », ce fonds se double d’un renforcement de l’équipe d’accompagnement, avec de nouveaux conseillers (animation cross-media, web documentaire et serious game) et les services d’un cabinet spécialisé en stratégie financière. Il s’ouvre aussi aux équipes universitaires de recherche et favorisera les coproductions transfrontalières avec l’arrivée de Wallimage et Creative Wallonia. REVITALISATION ÉCONOMIQUE Le Crédit Agricole Nord de France et Finorpa Conseils lancent la revitalisation industrielle de trois bassins d’emplois touchés par des restructurations : Jeumont, Neuville-en-Ferrain/Tourcoing et Cambrai Epinoy. Il s’agit de susciter la création de 265 emplois en deux ans, pour compenser les 250 postes supprimés par les fermetures ou restructurations des sociétés Cognet Escanor et Seyfert Transwell pour le premier site, Callens Lesage, Luxaflex, Sadas et XMF pour le deuxième et le site de défense de Cambrai. Le fonds d’intervention atteint 3 M€, le CANF apportant 1,9 M€ de prêts bonifiés. Éco121 Avril 2012 Région très haut débit, cap sur 2025 La Région et les deux départements s’engagent dans un plan de couverture exhaustive du territoire pour un demi milliard d’euros. e réseau ADSL atteint ses limites. Pour affronter l’explosion des usages numériques, la fibre optique est le médium obligé, le très haut débit, l’objectif pour tous, entreprises et particuliers. L’Europe a fixé l’agenda et l’Etat, un plan national. Orange et SFR ont répondu à l’appel à manifestation d’intérêt lancé aux opérateurs privés début 2011 et signé un accord de répartition (voir ci-contre). Mais les zones concernées par ces initiatives se limitent aux agglos urbaines, dont la densité permet de rentabiliser l’investissement – 2 Mds d’€ jusqu’en 2015 pour Orange. Quid des zones rurales et périurbaines ? L La Région, le département du Nord et celui du Pasde-Calais répondent en lançant, comme en Bretagne et en Auvergne, un schéma directeur régional du très haut débit, « Nord-Pas-de-Calais numérique ». L’investissement ? 500 M€ bruts, soit 260 M€ déduction faite des redevances des fournisseurs d’accès qui utiliseront le réseau. La Région contribuera pour moitié – « Par rapport aux enjeux des 20 prochaines années, ça ne coûte rien ! » dixit Daniel Percheron – et les deux départements pour l’autre moitié – « nous contribuons à l’équilibre des territoires », a plaidé Dominique Dupilet. Appel est aussi lancé aux collectivités locales candidates. Pragmatique, le territoire se conforme ainsi aux 100% de couverture requis en 2025, mais pas seulement. « Si nous ne faisons pas ça, dans les 10 prochaines années notre attractivité passe à la trappe ! » prévient Patrick Kanner. Réunis en « G3 » à Arras pour annoncer ce plan à la presse, les présidents des trois collectivités ont parlé d’une seule voix. « L’Etat n’a plus aucune marge de manœu- vre, c’est aux collectivités de s’y coller », a lancé Daniel Percheron. Un syndicat mixte doit être créé et une délégation de service public lancée pour démarrer « dans les deux ans », indique Marc Taillez, DGA du Conseil régional en charge du projet. S.P. « UNE COMPLÉMENTARITÉ INTELLIGENTE » Laurent Vitoux, directeur régional Orange « Ce Schéma, c’est une décision raisonnable et ambitieuse ; on est dans une complémentarité intelligente. Orange tient le leadership du déploiement privé, avec les agglos de Valenciennes, Cambrai, Douai, Arras, HéninCarvin, Lens-Liévin et Dunkerque, et les villes de Saint-Omer et Berck ; et SFR tirera la fibre sur les intercos de Boulogne, Béthune, Nœux et Environs, Calais, Maubeuge et Hautmont. L’agglomération lilloise est partagée entre les deux opérateurs. Dès qu’on commence une ville, on s’engage à une couverture à 100% du périmètre dans les cinq ans. La dernière ville de tête sera commencée en 2014 et la dernière commune périphérique, en 2015 pour un achèvement en 2020. » Hénin-Beaumont. Première phase d’aménagement sous l’égide des architectes Saison-Menu et Demathieu & Bard Immobilier. Sainte-Henriette renaît en écoquartier oup d’envoi pour l’aménagement de la friche Sainte-Henriette ! Musée des arts forains, piste de ski, cité lacustre, école de cascade... il en aura vu des projets abracadabrantesques, ce triangle de 125 hectares. Sa situation stratégique au sud de Lille, dans le périmètre d’Euralens, en plein carrefour autoroutier et futur pôle d’échanges où se croiseront (peut-être) tramway, RER, voire halte TGV vers Paris, aura finalement eu raison des coûteux atermoiements. La communauté d’agglo d’Hénin-Carvin a confié aux bureaux d’études Une fabrique de la ville (Jean-Louis Subileau) et AREP Ville l’assistance à maîtrise d’ouvrage : au sud des deux terrils de l’ancien carreau de mine, 140 000 m2 de programme immobilier découpés en cinq lots sont prévus sur 15 ans, qui mêleront logement, tertiaire, commerce et loisirs. Le cabinet roubaisien d’architectes SaisonMenu en supervisera l’aménagement. Et le premier lot sera lancé en septembre pour 22 000 m2 de SHON sur la commune d’HéninBeaumont, avec le promoteur-constructeur Demathieu & Bard, implanté à Marcq-en-Barœul. C Au programme : 14 000 m2 de logements, dont la moitié sociaux, 3 500 m2 de bureaux, 1 500 m2 de commerces et 150 chambres d’hôtel. Le projet est formé de trois îlots aux noms évocateurs : Béguinage contemporain pour un ensemble de 39 logements individuels avec jardin privatif, la Plazza pour un aménagement plus minéral de logements collectifs, parking silo, bureaux et commerces autour d’une place, et la Canopée, sur un site arboré, avec trois pôles de logements collectifs et un hôtel avec le Parisien Wagih Khoury (ARE/KH Management). Le tout traversé de mails piétonniers avec la RN43 en frontière sud, le futur tram au nord et le pôle d’échanges multimodal à l’ouest. Les partenaires sont la Caisse des dépôts, la Caisse d’épargne et Soginorpa. S.P. Éco121 Mai 2012 30 TERRITOIRES > Entreprises EN BREF ACTU TOUS AZIMUTS CHEZ HIOLLE Le groupe familial valenciennois Hiolle Industries vient d'officialiser avec quatre partenaires (Alstom Transport, LME, Ramery Environnement et Vitamine T) la création d'un pôle régional de déconstruction ferroviaire. Sa division ferroviaire a aussi décroché un contrat de 4,7 M€ avec Bombardier pour la fourniture de 300 armoires électriques pour des rames RER. Hiolle a par ailleurs publié ses résultats 2011, marqués par une perte nette de 1,5M €, liée à des provisions pour litige. Mais son Ebitda est en net progrès (+349%) comme son résultat opérationnel (+200%). KTM adoube Valenciennes comme capitale du serious game SAINT-AMAND CHEZ ROXANE Le groupe des Eaux minérales de Saint-Amand (EMSA) va passer sous la houlette du groupe Alma, propriétaire des marques Cristaline, Roxane ou Saint-Yorre. L'ancien groupe de la famille Chantraine a manqué en 2010 le rachat des minoritaires familiaux par Francis Chantraine, le Crédit Agricole entrant alors au capital avec d'autres structures associées. Le recul d'activité (80 M€ de CA en 2010 contre 100 M€ en 2009) a sans doute précipité le rachat par le n°3 français, qui doit encore être agréé par les autorités de la concurrence. VEOLIA OUVRE SON CAMPUS NORDISTE 34 M€ auront été mobilisés pour réaliser le campus Nord Europe de Veolia Environnement, à Lomme. Un montant élevé pour un enjeu important puisque le site, sur 2,5 ha, va permettre la formation en conditions réelles d'exploitation de pas moins de 400 alternants par an à terme, sans compter 15 000 stagiaires sur des durées courtes. Le site – 6e campus du groupe – a été inauguré par Antoine Frérot, Pdg du groupe, en présence de Daniel Percheron. DUBRULLE FRANCHIT LE KAP VERRE Les miroiteries Dubrulle, leader de leur secteur sur la métropole lilloise, entrent dans le giron de Cevino Glass. Cette dernière n'est autre que la holding de reprise créée par Thierry Gautier pour reprendre le Kap Verre avec ses 90 salariés et 7 sites (Eco121 n°20). L’achat des Miroiteries Dubrulle (CA de 5 M€ pour 45 salariés) fait du nouvel ensemble le leader régional du secteur. Éco121 Mai 2012 Valenciennes. KTM Advance lève 4 M€ auprès de Finorpa et du FSN et crée 100 emplois dans le Nord. « a première envie était de mettre en place ce projet à Strasbourg, ma ville natale. » Yves Dambach, Pdg de KTM Advance, n'est pas du genre langue de bois. Le patron du leader français du serious game avoue aussi avoir regardé Albi avant de choisir d'implanter à Valenciennes sa nouvelle filiale Edit'Up et les 100 emplois qu'elle doit générer, avec en ligne de mire l'objectif de prendre le leadership mondial du secteur. « Mais il n'y a pas photo en termes d'accompagnement, qu'il s'agisse des financiers, de l'Agglomération ou du Conseil régional. On a l'impression que tout le monde est là pour nous accompagner alors qu'il faut ramer ailleurs ». Ce lyrisme est certes un peu appuyé pour remercier des différents soutiens sonnants et trébuchants, dont une subvention de 300 K€ de Valenciennes Métropole, mais aussi les 4 M€ apportés par le Fonds pour la société numérique (FSN) et Finorpa, dont c'est le plus gros dossier de l'année. « On a décidé de jouer collectif car on a considéré que des porteurs de projets aussi ambitieux méritaient qu'on soit à leurs côtés », résume Valérie Létard, présidente de Valenciennes Métropole. M « On est dans une course de vitesse » Mais Yves Dambach se retrouve aussi en phase avec la stratégie territoriale du Valenciennois. La « serre numérique », portée par la CCI Grand Hainaut, accueillera les trois écoles du groupe Supinfocom, au sein de la future ZAC des rives de l'Escaut, entièrement dédiées au numérique. Dans cette filière, Valenciennes veut précisément jouer sa carte sur le serious game, cette tech- Yves Dambach, Pdg, entre Valérie Létard et Francis Aldebert, président de la CCI Grand Hainaut. nique de formation adossée à des jeux numériques. Le champ économique est très prometteur. « Le marché de la formation professionnelle continue en France, c'est 16,5 milliards d'euros, dont 1% seulement en e-learning contre 20% en Allemagne, et 50% aux Etats-Unis. La demande est là, on est dans une course de vitesse », plaide Yves Dambach. Lui ambitionne de développer des produits en série à Valenciennes, une cinquantaine en 18 mois. Le siège parisien conservera les activités sur mesure. Les postes recherchés dans le Nord, dont 30 immédiatement, sont des concepteurs pédagogiques, des game designers, directeurs artistiques, graphistes, développeurs informatiques, intégrateurs, chefs de projet... Le chiffre d'affaires attendu de KTM Advance pourrait atteindre rapidement 25 à 30 millions d'euros. Olivier Ducuing TERRITOIRES 31 > Entreprises Avelin. Après un rachat aux Etats-Unis il y a deux ans, le major du drapeau reprend un gros concurrent allemand. Doublet hisse son drapeau sur le teuton BOFA auts les cœurs ! En pleine période de crise et d'attentisme généralisé, notamment dans le domaine de la communication, Doublet parie sur l'avenir. Le groupe vient d'acquérir l'allemand BOFA, basé à Bonn, à la barre du tribunal de commerce. Ce fabricant de drapeaux et bannières est rien moins que le numéro trois allemand, avec un chiffre d'affaires Jean-Bernard, fils de Luc Doublet, tombé à 7 millions l'an dirige la nouvelle filiale. dernier et un redressement judiciaire à la clef, mais un potentiel nettement supérieur. Doublet reprend 55 salariés sur les 80, et c'est JeanBernard, l'un des trois enfants de Luc Doublet, président du conseil de surveillance, qui part sur place diriger la nouvelle filiale, signe de l'enjeu stratégique de cette opération, dans un des rares secteurs en bonne santé de l'Union européenne. H est désormais à Denver (Colorado) où il a d'abord racheté la société EPS avant de finaliser il y a deux ans l'acquisition d'Architectural Owning (accueil événementiel). Doublet compte désormais 54 salariés outre-Atlantique. Le nouvel ensemble amène le groupe Doublet à dépasser la barre des 300 salariés (305, précisément) pour un chiffre d'affaires qui représente 42 M€ (35 M€ hors BOFA). L'entreprise porte aussi un projet d'atelier numérique qui pourrait s'implanter en marge du futur musée Louvre-Lens, et constituer une des bases du nouveau pôle numérique culturel espéré par les collectivités et appuyé par Raouti Chehih, directeur d'Euratechnologies. Olivier Ducuing Cette acquisition s'est réalisée dans des conditions financières « intéressantes », indique Gaëlle Colaert-Doublet, qui prend la direction du groupe en tandem avec sa sœur Agathe. Elle positionne désormais Doublet en leader européen de ses marchés de référence, avec en outre de belles synergies en perspective : BOFA ne dispose que d'une gamme de produits (drapeaux et bannières), ce qui a précipité sa chute. L'entreprise va donc élargir son offre aux autres gammes de Doublet, auprès d'un très beau portefeuille de clients. Celui-ci a vocation à s'élargir vers la Suisse et l'Autriche. La culture familiale de BOFA, entreprise plus que centenaire comme Doublet, devrait faciliter son intégration, espère-ton sous la pyramide de verre du siège d'Avelin. Atelier numérique Cette croissance externe, la plus importante de l'histoire de Doublet, succède à une acquisition importante menée il y a deux ans aux Etats-Unis où Doublet est présent de longue date. D'abord à New York puis à San Francisco, où le séisme a ravagé son installation, il Avec l’acquisition de l’entreprise centenaire Doublet devient leader européen Éco121 Mai 2012 32 TERRITOIRES > Entreprises EN BREF ALTÉAD CROQUE TLW LECLERC Le spécialiste en transports exceptionnels et levage TLW Leclerc (Bas-Lieu, près d'Avesnes, 13 M€ de CA, 107 salariés) est racheté à la barre du tribunal de commerce par le groupe nantais AltéAd. Ce dernier est un poids lourd du transport (70 sites, 235 M€ de CA), mais ne disposait pas d'unité spécialisée dans le secteur. L'acquisition des actifs de TLW, ex-numéro 4 français du transport exceptionnel, qui a dû déposer le bilan le 30 janvier dernier, fait d'AltéAd le leader national. L'unité sera transformée en agence AltéAd-Augizeau. MARTIN SELLIER FAIT LE BEAU La société d'articles pour chiens et chats affiche ses (hautes) ambitions. L'entreprise de Maubeuge doit ouvrir ces jours-ci un pôle logistique européen à Prouvy-Rouvignies, près de Valenciennes. Un investissement de 9 M€ pour un ensemble de près de 14 000 m2 qui lui donne les moyens de ses grosses ambitions. L'entreprise, qui compte 85 salariés, vise le leadership européen du secteur. ALTIMA S'ADJUGE EMILE INTERACTIVE L'agence digitale roubaisienne Altima (190 salariés, 16 M€ de CA) acquiert la petite agence Emile Interactive, spécialiste de l'e-mail marketing. La société ne compte que 3 salariés pour un CA de 0,3 M€, mais apporte à Altima une compétence qui renforce son département CRM. SURCOUF PLIE TROIS BOUTIQUES L'enseigne du high-tech, en très grande difficulté, va vendre trois de ses six magasins, et non plus seulement les deux prévus à la suite de son redressement judiciaire le 29 février dernier (période d'observation jusqu'en août). Sont concernés les magasins de Paris 9, Bordeaux Mérignac et Lille. Ne resteront en activité que ceux de l'avenue Daumesnil à Paris, CarréSénart et Villeneuved'Ascq. Le groupe dirigé par Hugues Mulliez espère se redéployer, notamment sous forme multicanal. Éco121 Avril 2012 Burie dopée par son affichage d’éco-conception Pérenchies. La société centenaire a pris le tournant du développement très durable. Son CA a doublé en 2011. roissance fulgurante pour Burie. Racheté il y a un an par le groupe lyonnais MGD, le spécialiste nordiste de l’agencement hôtelier repris en 1996 par Luc de Saint-Louvent (photo) a quasi doublé son chiffre d’affaires en 2011, passé de 5 M€ à plus de 9 M€, et embauché sept personnes, pour un effectif de 46 salariés. Sa croissance en 2012 dépasse déjà les 30% et deux nouveaux recrutements sont annoncés. MGD a apporté à Burie la puissance de ses services transverses et une assise financière qui lui manquait. « Nous étions trop petits face à de gros clients, avec un taux de dépendance important qui nous a fait perdre des marchés. » Mais la tendance était à la hausse avant le rachat, indique le dirigeant, désormais membre du comité de direction du groupe (160 salariés) et actionnaire. C’est le concept de chambre d’hôtel écoconçue (recyclable à 80%) développée par le bureau d’études Optilia, autre entité du groupe créée par Luc de Saint-Louvent en 2006 (8 salariés), qui a lancé la C dynamique. En test jusqu’à cet été au Comfort Hôtel de Bondues (voir Eco121 n°15), elle n’est pas encore commercialisée mais crée le « buzz » autour de Burie qui l’a mise en œuvre. Présentée sur deux salons, elle est devenue une vitrine des capacités du tandem Optilia-Burie, et attire à lui des donneurs d’ordres parisiens. Ou encore le cluster Eurasanté grâce auquel Burie participe au projet collaboratif « chambre d’hôpital du futur ». Sur un marché de l’hôtellerie très fluctuant, la santé et les seniors suscitent les plus belles opportunités de développement, avec un souhait de construction d’offres groupées. Après l’absorption de la société d’ébénisterie Hilmoine début 2011, qui dotait Burie d’une corde luxe qui manquait à son arc, la Pme étudie une nouvelle opération de croissance externe. S.P. Mediama crée une filiale dédiée à l'hôtellerie Neuville-en-Ferrain. L'imprimeur numérique sur textile se diversifie pour croître. érard Tierny (photo) veut passer la surmultipliée. Le fondateur de Médiama a déjà un beau parcours à son actif puisque sa société d’impression numérique sur textile, créée en 1997, réalise depuis une croissance moyenne de près de 25%, même avec le trou d'air de la crise de 2009. Mediama conçoit des produits déclinables du kakémono au drapeau en passant par le tapis mural, le mobilier, les rideaux… L’entreprise de « décoration communicante ou de communication décorative » est passée de 6 personnes en 2003 à 33 aujourd'hui, pour un CA de 6,3 M€, et son dirigeant ne compte pas s'arrêter là. Son savoir-faire pointu et son parc de 14 machines lui permettent de personnaliser tous types de textiles tout en allant de plus en plus vite, en utilisant la quantité exacte de matière, ce qui compense le surcoût de la technologie numérique. La capacité de G l'entreprise neuvilloise atteint 4 000 m2/jour. Mediama appuie sur l'accélérateur. En se dotant d'abord d'un tout nouveau système de gestion, réalisé par l'éditeur informatique Sylob. Ce dispositif très modulable apporte une souplesse nouvelle à la Pmi et lui facilite la voie de la diversification. Elle vient de constituer une filiale, Ambiose, avec deux partenaires non dévoilés, un fournisseur d'accessoires à l'hôtellerie et un confectionneur. Ambiose va créer une offre dédiée au marché hôtelier. « C'est la branche qui doit se développer », prédit Gérard Tierny. La société, qui a toujours réinvesti ses profits, a les moyens de ses ambitions. D'autres filiales sont d'ailleurs dans les tuyaux. De quoi afficher des perspectives prudentes de croissance de 12 à 15% l'an ces prochaines années. Et de justifier des recrutements, dont quatre en cours. O.D. TERRITOIRES 33 > Entreprises La Banque Populaire du Nord élargit encore son périmètre a Banque Populaire du Nord, qui est l'une des dernières banques à afficher ses résultats 2011, arbore un large sourire. Malgré la morosité ambiante, la banque mutualiste affiche une santé insolente. « C'est un ciel bleu sans aucun nuage », lance même son directeur général Gils Berrous (photo). Quelques exemples : le volume global de crédits distribués (1,3 Md €), progresse de 13% ; celui des prêts immobiliers de 9,7%, et les prêts d'investissement de 23,8%. La collecte grimpe de 9,2% pour atteindre 3,05 Mds € et même l'assurance vie, plutôt déprimée ailleurs, progresse à la BPN de 4,9%. Le résultat net s'élève à 22 M€ (+31,4%), pour un produit net bancaire en progrès de 5,2%, à 172,3 M€. Cette dynamique est aussi le fruit d'un volontarisme fort pour élargir le réseau de la banque, stratégie engagée dès 2006. En 2011, la BPN a ouvert 3 agences et elle prévoit d'en ouvrir 13 en 2012 puis encore 10 l'année suivante. Un choix coûteux car une L nouvelle agence représente un investissement de 400 à 600 K€, et ne trouve son équilibre qu'au bout de plusieurs années. Mais la banque entend jouer la carte de la proximité. Marquée du double sceau de la crise et de l'attentisme lié aux élections nationales, 2012 devrait en revanche être moins facile : si le nombre de dossiers est à peu près stable, les gros dossiers sont en stand-by. Les prêts immobiliers reculent déjà de 30% et les prêts pour l'équipement, de 20%. O.D. EN BREF COURRIER DES LECTEURS Notre interview de Xavier Lucas, qui va réhabiliter l'ex-hôpital de Valenciennes, fait réagir Damien Ducourant. « En qualité de client de M. Lucas (…), il existe un décalage notoire entre les propos qu'il tient et la réalité de ses réalisations. Nous avons constaté avec grande déception que pour M. Lucas l'amour de l'argent était en réalité bien supérieur à l'amour des vieilles bâtisses (…). Le bâtiment de la Filature (Tourcoing), qui devait être un immeuble de standing, est aujourd'hui une usine approximativement réhabilitée, réalisée avec des matériaux de piètre qualité, à l'économie. Nous sommes d'ailleurs contraints aujourd'hui d'ester en justice pour obtenir de (sa part) la réalisation conforme des prestations vendues. (courrier intégral sur www.eco121.fr) Éco121 Mai 2012 34 TERRITOIRES > Entreprises Technifrance pousse ses feux sur l’énergie Technifrance prend deux virages nécessaires et simultanés : l’énergie et le clé-en-main. Téteghem. Ce bureau d’études industriel émerge de la crise et revendique sa capacité à mener des projets clés en mains. « es deux ou trois dernières années, nous commençons à nous faire connaître dans de nouveaux domaines, comme l’offshore pétrolier, le nucléaire, l’éolien, la filière gaz naturel liquide, d’une manière générale l’énergie. Nous démontrons aussi notre capacité à mener des projets de taille moyenne de bout en bout ». Fabrice Van Inghelandt, Pdg de Technifrance, affiche un optimisme raisonnable. Le bureau d’études dunkerquois de 76 salariés boucle un exercice 2011 bénéficiaire, avec un chiffre d’affaires de 4,6 M€. Passé par une phase de redressement judiciaire en 2005 suite à un gros contrat porteur de problèmes, l’entreprise mène sans accroc le plan d’apurement de dix ans, validé début 2006. Détenue par ses salariés, cette Pme s’en est sortie seule, mais garde la mémoire de la difficulté. Une bonne raison pour gouverner avec vigilance sur ses deux nouveaux caps, l’un pouvant recouper l’autre. En s’en tenant à ses compétences de C base : la construction métallique, la tuyauterie, la chaudronnerie, mais aussi des matières transversales comme la sécurité et l’environnement. Monter en gamme Ces deux virages sont nécessaires. L’énergie, pour trouver des relais de croissance. Avec EDF en direct ou en sous-traitance, sur des projets d’études de maintenance, périphériques au nucléaire, ventilation, tuyauterie, ensembles mécano-soudés. Le Pdg cite ce chariot de transfert d’un composant lourd d’échangeur, à utiliser dans un espace très limité. Technifrance est référencée chez le parapétrolier Saipem, et frappe à la porte de Technip. Le ferroviaire est toujours là, notamment à l’agence de Valenciennes (20 salariés), mais aussi l’industrie locale, qui demeure un marché important. Le domaine naval, lié au client historique, aujourd’hui STX Europe, est lui en perte de vitesse. Le clé-en-main, est tout aussi néces- LES GÈNES DE LA « NAVALE » ET LES GREFFES Dans les derniers jours de 1986, une poignée d’ingénieurs et techniciens licenciés du constructeur naval Normed créent le bureau d’études Technifrance, associés à 51 % avec Technitas, filiale de Bureau Veritas. En 1997, leur partenaire descend à 32 %, puis sort avec la crise de 2005. Ce sont des hommes du métal. Technifrance débute comme sous-traitant et dessinateur de sous-ensembles pour Alstom Atlantique, embraye vite sur la clientèle industrielle régionale : papèterie, sidérurgie, chimie… Se greffe à ce fonds de commerce une activité ferroviaire dans les années 90. Puis, pour répondre aux exigences de la CRAM, Technifrance développe le conseil en sécurité, puis en environnement, en particulier à l’adresse des Tpe et Pme. Enfin, une équipe d’experts fluviaux effectue des missions de contrôle réglementaire du matériel fluvial et de conception et maîtrise d’œuvre pour la construction ou la transformation de barges. saire, « pour monter en gamme », commente Fabrice Van Inghelandt. C’est un risque mesuré. Il s’agit de projets de taille moyenne qui intéressent des noms comme Ponticelli, Valdunes, Cochez. En France pour le moment. Technifrance est d’abord une affaire régionale, mais est capable de vendre au-delà pour ces projets clés en main, qui peuvent être exécutés à domicile. Les études s’exécutent intra-muros, et un réseau de Pme métallurgiques peut construire dans la région, pourvu que la logistique ne soit pas pénalisante. Cela nécessite « une très forte cohérence, une vraie compétitivité de ce réseau, à tous points de vue », insiste Fabrice Van Inghelandt. Pour mener à bien ces projets, l’effectif grandira, prudemment. Aucun contrat n’a encore atteint le million d’euros, mais le premier pourrait venir cette année. Alain Simoneau Éco121 Mai 2012 TERRITOIRES 35 > Entreprises Marcq-en-Barœul. La direction régionale veut implanter une boutique test dans l'hypercentre lillois. Le PMU poursuit le maillage de la région uphorie pour le PMU en 2011 au plan national : les enjeux ont grimpé de 7,3% à hauteur de 10,2 milliards d'euros, passant pour la première fois ce seuil symbolique. Une évolution portée notamment par la réussite de la diversification du PMU vers les paris en ligne, hippiques, sportifs et le poker. Le résultat net atteint quant à lui le montant record de 876 M€ (+10,8%). Un résultat entièrement redistribué à la filière équine via les sociétés hippiques, souligne Crystel Arnould, directrice régionale. « C'est un modèle totalement vertueux qui n'existe qu'en France. » E La direction régionale ne va pas au même rythme. En croissance de 3,3% avec un chiffre d'affaires de 587 M€, le Nord-Pas-de-Calais est en forme, mais moitié moins que le rythme national. Ici comme ailleurs, les paris en ligne (+16,4%) dopent l'activité quand le réseau clas- sique monte de 2%. Une hausse alimentée notamment par son extension en 2011 de 32 points de vente (18 dans le Nord, 14 dans le Pas-de-Calais). Originalité notable de la région : près de 10% des 842 points de vente ont changé de main en 2011. La capitale régionale devrait accueillir courant 2012 un nouveau type de boutique, le PMU City, déjà testé depuis quelques mois à Lyon et Marseille. « Il s'agit de combler un déficit de points de vente sur l'hypercentre avec un objectif de compléter le réseau existant », note la directrice régionale. L'importante agence de Lens voit quant à elle arriver à sa tête un nouveau directeur, Philippe Pétrieux (lire p.8) Pour 2012, les perspectives semblent moins favorables avec des craintes liées à l'érosion du pouvoir d'achat, alors que le panier moyen (11 €) est déjà inférieur à la moyenne française (11,5 €). Même avec la venue dans la région du tour de France – dont le PMU est partenaire historique – avec l'étape Orchies-Boulogne. F.P. Éco121 Avril 2012 Spécial ARRAS ENTREPRENDRE > Innovation Cocorette met de la matière grise dans l’œuf hierry et Jérôme Gluszak ne mettent pas tous leurs œufs dans le même panier. L’entreprise qu’ils dirigent se lance dans l’innovation. Déjà précurseurs il y a bientôt 30 ans en misant sur les œufs fermiers pondus sur de la paille par des poules élevées en plein air, leurs parents ont transformé une pratique traditionnelle à l’échelle locale en modèle économique d’élevage et de distribution très porteur. Cocorette se lance aujourd’hui dans le snacking et la restauration hors foyer. Le produit commercialisé dès ce mois de mai : un pack de deux œufs durs avec leur coquille accompagné de mayonnaise. « L’idée était de revaloriser l’œuf dur, expose Thierry Gluszak. Nous sommes partis du constat d’un marché qui a un peu disparu, avec des œufs devenus insipides et caoutchouteux. » Outre le côté « comme à la maison » et le clin d’œil au zinc du bistrot, la coquille permet une date limite de consommation de 25 jours. Surtout, le goût et l’onctuosité sont préservés grâce à une cuisson vapeur, selon un procédé développé avec Adrianor. Le centre de ressources technologiques pour l’agroalimentaire a également aidé à la définition du produit par rapport aux attentes en mettant l’entreprise en contact avec le groupe de restauration Elior. Le procédé de cuisson est exploité par un sous-traitant, Cocorette s’est équipée d’une operculeuse et conditionne les œufs durs avec une mayonnaise produite à Cambrai par Daniel-Dessaint et un astucieux couvert. Le tout T 37 En plein essor, la Pme familiale s’attaque au marché du snacking. pour un investissement de quelque 60 K€, avec l’appui d’Oséo. « On souhaite développer l’activité traiteur mais en sortant de ce qui se fait déjà », indique l’ancien pharmacien. Croissance de 35% sur le bio Alors que ça caquette fort dans les poulaillers industriels depuis l’entrée en vigueur de la directive européenne qui les oblige à mieux traiter leurs pensionnaires, et que l’agroalimentaire crie à la pénurie, l’entreprise créée à Arras en 1983 et installée à Sainte-Catherine depuis 2004 ne s’est jamais aussi bien portée. En croissance annuelle de 10 à 12% sur le conventionnel (label Rouge) et de 35% sur le bio, le groupe Cocorette (40 M€ de CA) récolte ce qu’il a semé : un réseau de 5 Pme indépendantes, à Nancy, Valence, Montauban et Laval, en plus d’Arras, qui collectent les œufs auprès de 350 fermes. Des fermes qui respectent un strict cahier des charges et sont accompagnées par le centre de gestion de l’entreprise. Une présence dans le centre de la France est espérée d’ici un an ou deux. Avec 43 salariés et 150 producteurs, Arras totalise 1,7 million d’œufs ramassés, conditionnés et expédiés chaque année, à 90% dans la grande distribution. L’entreprise n’attend plus qu’un signe du marché pour sortir ses œufs de leurs boîtes : à quand les biscuits aux œufs Cocorette ? Sophie Pecquet Thierry et Jérôme Gluszak. Le premier est responsable du réseau Cocorette, le second dirige l’entreprise arrageoise. EN BREF V-CULT SIGNE EN MUSIQUE Créée par Tom Gauthier à Euratech en septembre 2009, V-Cult développe une plate-forme web 3D en temps réel, Beloola.com. Ce réseau social nouvelle génération doit permettre de partager ses morceaux musicaux préférés. La start-up de 7 salariés boucle un partenariat décisif avec deux majors du disque. SIEMENS LILLE ATTAQUE LES MARCHÉS Siemens renforce la voilure de son site lillois, centre mondial de compétences pour les métros automatiques dirigé par Juan Sanchez. Avec le site de Châtillon (92), il assurera désormais la responsabilité du business des Val et Neoval dans le monde. Lui incombent le développement de l’offre, la commercialisation, le pilotage des projets, la mise en service et la maintenance des systèmes. Parmi les marchés suivis de très près : la Chine où existent de belles opportunités pour le City Val selon la direction. LDA DOUBLE LA MISE SUR CALAIS Lille Métropole Initiative a présenté sa première moisson de lauréats sous le signe de l’innovation. En 2011, LMI a soutenu 24 créateurs et un repreneur, dont 3 hors métropole. 942 600 € de prêts ont été accordés, un montant supérieur aux années précédentes compte tenu des besoins plus importants des projets innovants. 31% de ceux financés concernent les TIC et 23% l’énergie et le développement durable. L’asso créée en 1983 par la CCI Grand Lille a accompagné 510 entreprises, pérennes à plus de 80%, pour 5 900 emplois créés. > A VOS PROJETS DD ! Iodde, programme transfrontalier pour innover avec le développement durable, accompagne les Tpe et Pme dans leurs projets. Séminaires et groupes de travail les aident à répondre aux évolutions des marchés et des réglementations, pour gagner en compétitivité. 39 entreprises nordistes et wallonnes sont actuellement engagées dans ce programme et 23 accompagnées individuellement ; il reste des places puisque 56 pourront être coachées d’ici fin 2014. www.iodde.net J’innove en Nord-Pas-de-Calais, un réseau à vos côtés pour innover www.jinnove.com Éco121 Mai 2012 38 ENTREPRENDRE > Créateurs Keycoopt veut révolutionner Perruchot, Nicolas Crestel. le recrutement Antoine La cooptation en XXL. business angels et d’Oséo, formé une équipe de 6 personnes pour lancer le projet, et constitué une plate-forme numérique puissante. Dans l’univers très prolifique et souvent innovant du métier du recrutement, Keycoopt se veut pourtant très novateur. « C’est réellement révolutionnaire », revendique même Antoine Perruchot, fort de son expérience parallèle chez Keyman et Team’Select. 15 jours de chasse l y a créateurs et créateurs. Antoine Perruchot et Nicolas Crestel affichent d’emblée de hautes ambitions nationales, voire internationales pour leur nouvelle entreprise, Keycoopt, créée en février dernier à Roubaix. Accompagnés par Septentrion Finance, ils ont déjà levé 1,5 million d’euros auprès de 6 I Le concept est séduisant, fondé sur la cooptation, un principe vieux comme Hérode en lui-même, mais « industrialisé » ici grâce à une plate-forme collaborative. Un outil pour lequel son associé Nicolas Crestel, ex-rédacteur en chef d’Hospimedia (portail en ligne de l’info médicale), apporte son expertise du web et des réseaux sociaux. La clé du modèle de Keycoopt repose sur un réseau de 3 000 « coopteurs » anonymes identifiés dans les différentes régions et dans différents secteurs professionnels, rétribués par une prime (ou un don à une association) à chaque recrutement de candidat. Résultat : une vitesse de recrutement inédite, de l’ordre de 15 jours quand la « chasse » habituelle est plus sur des délais de 8 ou 9 semaines, et un prix de la prestation très abaissé : un recrutement est facturé 10% de la rémunération annuelle brute, au lieu de 25 à 33% dans le circuit classique. « Nous sommes partis pour être nationaux voire internationaux, le concept est très adapté pour les expatriés », lance Antoine Perruchot, qui indique avoir déjà travaillé sur des recrutements dans les BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine). Le dirigeant se donne un an pour réussir. L’ensemble formé par Keyman, Selec’Team et Keycoopt (sans liens capitalistiques) s’apprête par ailleurs à déménager dans les deux mois dans un nouveau bâtiment BBC de 900 m2 à Marcq-en-Barœul. O.D. Olivier Lemaître. Depuis Aire-sur-la-Lys, il accompagne les entreprises dans leur développement en plaçant le design au cœur de leur stratégie. Nowiew ouvre une fenêtre sur le design ortir le design de la dimension artistique où il est cantonné. C’est la mission que poursuit Olivier Lemaître. Ce diplômé de Saint-Luc aurait pu prospérer dans le mobilier sur-mesure pour les particuliers. C’est la voie qu’il a emprunté à 22 ans à Lille puis Béthune. Mais la plupart de ses clients étaient parisiens et les allers-retours, une contrainte forte. Une commande en résine amène ce natif d’Arques à frapper à la porte d’Arc International. En 1991, il rejoint le verrier comme maquettiste. Il finira designer manager sur la plus grosse marque du groupe, Luminarc. Le plan de sauvegarde ravive son désir d’indépendance. Il saisit l’occasion en 2009 et crée Nowiew à la pépinière d’entreprises d’Isbergues. Se lancer seul dans le design en pleine crise dans une région qui en est culturellement très éloignée ? Il contacte l’Aditec et découvre 3Pod, programme européen de promotion du design en entreprise. Il bénéficie de la mise en réseau, des échanges de méthodes et procédés. La S Éco121 Mai 2012 première année est difficile, mais son projet est une profession de foi : défendre la valeur stratégique du design. Avec Nowiew, aujourd’hui à Aire-sur-la-Lys, il fournit conseils et accompagnement aux entreprises et espère doubler son CA de 100 K€ cette année. Approche marketing Son expérience de près de 20 ans dans un groupe international lui a inculqué la notion de marché ; « il faut avant tout une approche marketing, après seulement on peut rentrer dans les gammes de produits. » Les entreprises sont peu habituées à cette démarche, « mais ça vient tout doucement », constate-t-il. Il vient aussi de lancer sa marque propre et a présenté au salon Tendance Habitat deux lampes et une tasse (photo), fabriquées à Desvres, qui disent plus de son activité que n’importe quelle plaquette. Il en démarre la commercialisation mais se heurte à la difficulté de trouver des distributeurs indépendants à Lille, « il n’y a plus que des boutiques franchisées ! » S.P. ENTREPRENDRE 39 > Transmission Le matériel médical pour viatique Vincent Bailly a repris Médical Pévèle à Orchies et Mat’Médical à Aniche, à un an d’intervalle. Huit salariés, mais un beau potentiel de développement. incent Bailly croit aux cycles de sept ans. 1996, 2003, 2010. Trois étapes marquantes de son parcours. Issu de la grande distribution, il entre en 1996 dans le matériel médical. Les sept premières années, il évolue auprès de prestataires de services. Puis devient chef des ventes de Cap Vital Santé, un groupement d’achat auquel adhèrent 240 enseignes de vente et location de matériel médical en France. Il visite les adhérents d’un secteur allant de Rouen à Besançon, les conseille dans leur développement et en recrute de nouveaux. En 2009, les deux gérants de Médical Pévèle à Orchies, qu’il a accompagnés pour intégrer le réseau deux ans plus tôt, lui confient leur souhait de vendre, après 17 ans d’activité. Le Lensois voit là l’occasion d’assouvir son envie d’entreprendre, de se sédentariser, lui qui parcourt 80 000 km par an, et de constituer un patrimoine. La réforme du remboursement des produits médicalisés en maison de retraite en 2008 a fortement impacté l’activité de l’entreprise. En dépit des pertes, l’absence de concurrents sur la Pévèle et une équipe de salariés « très compétente et fidèle » lui permettent de tabler sur une redynamisation. Il visite les banques, en vain malgré un apport perso de 35% et « un très beau busi- V Vincent Bailly > dans son magasin d’Orchies. Particuliers et Ehpad forment 70 % de sa clientèle. ness plan ». Le soutien de Douaisis Intitiative, l’appui du cabinet d’expertise comptable In Extenso (devenu Reliance Gestion) à Douai et la mise en place d’un crédit-vendeur emportent finalement l’accord de la Banque Populaire du Nord. Il signe en février 2010. La 1re année le chiffre d’affaires croît de 12% ; de 17% la 2e, à 700 K€. Médical Pévèle est depuis janvier certifié Iso9001 version 2008, démarche qualité des prestataires de services. Un argument de poids pour répondre aux appels d’offres des établissements de soin, soumis à l’accréditation. « Un potentiel énorme » Le matériel médical est un secteur porteur. « Sa croissance est de 7 à 8 points chaque année », confirme le gérant, qui énumère les raisons : vieillissement de la population, sortie plus rapide des patients hospitalisés pour cause de tarification à l’activité, maintien à domicile favorisé. La région, outre sa forte densité, présente les plus mauvais indicateurs EN CHIFFRES Médical Pévèle à Orchies : 4 salariés, CA 700 K€ Mat’Médical à Aniche : 4 salariés, CA 600 K€ Pour la reprise de Mat’Médical, Vincent Bailly a créé la holding LVB Finances pour racheter Mat’Médical et filialiser Médical Pévèle. Il a reçu le soutien de : - Douaisis Initiative : 15K€ - Douaisis Expansion (IRD) : 50 K€ en fonds propres - Nord Financement (IRD) : garantie de 50% sur le prêt de 175 K€ à la BPN Sophie Pecquet sanitaires : « j’y vois un potentiel énorme et sous-exploité », assène l’entrepreneur. Le lendemain même du rachat de Médical Pévèle, il apprend que Mat’Médical à Aniche est à vendre. « Une affaire saine, très rentable, que je connaissais parfaitement ; on se dépannait. » Son inquiétude : voir arriver un concurrent moins bienveillant qui pourrait fragiliser son entreprise. Et puis les ressources humaines et la clientèle lui sont complémentaires, la proximité géographique permettrait d’optimiser la logistique. Mais il doute que les banques le suivent, si près de la première reprise. Sa relation privilégiée avec la cédante la convainc de temporiser. Début 2011, Vincent Bailly ficelle un nouveau BP, reçoit de nouveau le soutien de Douaisis Initiative et surtout, celui de l’IRD (voir plus bas). Il signe le 30 juin 2011. Ses clients sont les particuliers, les médecins – qui sont aussi prescripteurs –, infirmières ou kinés, les établissements d’hébergement de personnes âgées dépendantes (Ehpad) et les centres de rééducation. Particuliers et Ehpad constituent 70% de la clientèle et recèlent le plus fort potentiel de croissance. Son objectif est d’abord de pérenniser les deux entreprises. Il aimerait déménager Médical Pévèle en centre commercial, à Somain par exemple. Et il attendra la fin d’un cycle pour entreprendre une nouvelle reprise, dans la région : en 2017 ? « Dans cinq ans il se passera quelque chose. » Éco121 Mai 2012 40 ENTREPRENDRE > Campus EN BREF CHANGEMENT DE TÊTE À L'ECOLE DES MINES Daniel Boulnois, 60 ans, succède à JeanClaude Duriez à la direction de l’Ecole des mines de Douai. Ce diplômé 75 en a été directeur adjoint de 93 à 97. Il a commencé sa carrière auprès de la DRIRE Nord-Pas-de-Calais où il a évolué pendant 16 ans, avant de diriger la DIREN Poitou-Charentes, puis l’agence de l’eau Rhin-Meuse. Il était depuis 2008 adjoint au DG de l’Aménagement au ministère de l’Ecologie. ET DE L’IAE Pascal Philippart prend la direction de l’IAE de Lille, à la suite de Pierre Louart. Ce professeur des universités spécialisé en gestion juridique a assuré de nombreuses responsabilités au sein de l’école de management (2 500 étudiants). Il développe ses recherches au sein du laboratoire lillois d’économie et de management (LEM). ET À L’ISEG GROUP Colette Lesens succède à Arnaud Kastner à la direction du campus de Lille de l’Institut supérieur européen de gestion, présent dans 6 autres villes. Diplômée de l’ESCP Europe et d’un Executive MBA d’HEC, elle a évolué pendant 16 ans auprès de grands groupes comme directrice commerciale et marketing, puis 11 ans dans le secteur de la formation. Beaucamps-Ligny la petite prépa qui monte Avec ses 18 élèves pour sa toute première promo, la prépa scientifique de SainteMarie a encore tout à prouver. Sa référence ? Ginette, sur laquelle elle s’est calquée. l aura fallu 18 ans pour que le lycée SainteMarie de Beaucamps-Ligny obtienne sa classe prépa. L’école, implantée dans la périphérie rurale de Lille, tenait à une prépa agro (BCPST pour les initiés), mais le ministère s’y opposait avec constance. Le véto s’est muté en feu vert quand l’école a transformé son dossier pour une classe PCSI (physique chimie sciences de l’ingénieur). Une sorte de cadeau de départ en retraite pour l’ancien directeur Michel Dhalluin, qui aura passé 33 ans dans l’établissement privé. 18 élèves se sont lancés dans cette nouvelle filière d’excellence pour la première année, dont les trois quarts issus du lycée lui-même. Rien de bien étonnant, dès lors que toute la notoriété est à construire, et les résultats à obtenir. « Nous avons 18 étudiants, nous en amènerons 18 aux concours », lance Simon Beaumont, le jeune responsable de la première année. Alors que 80 demandes ont été reçues via le système de pré-inscription des futurs bacheliers pour la rentrée prochaine, le modèle se bâtit chaque jour. Avec une référence constante : Sainte-Geneviève à Versailles, plus connue sous le nom de Ginette. Les dirigeants de Sainte-Marie ont d’ailleurs rencontré ceux de Ginette pour apprendre les bonnes pratiques. Un rapprochement naturel pour ces deux établissements catholiques. Que reste-t-il de la dimension cultuelle ? « Il en reste quelque chose, pas au sens strict de la religion, I mais il reste un esprit d’accompagnement. Sur certains élèves, on prend des risques », défend le jeune responsable de la première promo (jeune mais qui a déjà publié dix ouvrages chez Dunod !). Résultat : l’encadrement est très serré. Non pas tant dans une logique disciplinaire que dans celle d’un esprit de famille. Quand un élève est largué, ne s’en sort pas ou a un coup de blues – cas plutôt habituel en prépa – les enseignants ne comptent pas leurs heures pour épauler et conforter. En contrepartie, on attend des élèves un engagement tout aussi intense. Un bâtiment a été réhabilité pour accueillir la formation qui reflète cet état d’esprit : le bureau de Simon Beaumont, en mezzanine, surplombe l’entrée des salles et permet des liens permanents entre l’équipe et les jeunes. La « mini-prépa » – comme l’appelle un parent d’élève –, doit désormais trouver son rythme et son équilibre économique. Avec peut-être à terme si le succès est au rendez-vous d’autres classes. La scolarité revient aux environs de 1 500 € par an, hors logement, la plupart des jeunes occupant des chambres chez l’habitant (l’internat externé dans l’irremplaçable jargon des prépas). Alors que le modèle des prépas est régulièrement décrié, il attire toujours dans la région puisque de nouvelles classes ont ouvert à Ozanam et à Maubeuge. Un projet de prépa porté par l’ex-directeur de SaintJean Douai était également en réflexion ces derniers mois. O.D > L'IESEG ACCRÉDITÉE EQUIS L'école de commerce de la Catho est la première école post-bac en 5 ans en France à obtenir l'accréditation européenne Equis. Il s'agit d'un label très sélectif, dont l'université Paris-Dauphine est la dernière institution française à avoir bénéficié en 2009 et que possède également dans la région l'Edhec. Éco121 Mai 2012 Adrien Bonnel dirige Sainte-Marie et ses 2 700 élèves, du primaire à la prépa. A sa droite, Dominique Lemaire, directeur des études en charge de la prépa, et Simon Beaumont responsable des 1ere année. JURIDIQUE Bruno Platel AVOCAT Prévoyance-santé, indemnités de rupture : des contentieux URSSAF prévisible à anticiper oute entreprise a vocation à faire l’objet d’un contrôle URSSAF. Pour les entreprises d’au moins 50 salariés, il intervient tous les trois ans. La vigilance est requise sur deux points qui génèrent systématiquement une vérification approfondie de la part de l’inspecteur URSSAF au vu des évolutions récentes intervenues dans ces domaines. C’est particulièrement le cas pour ce qui concerne les indemnités versées à l’occasion de la rupture du contrat de travail d’un salarié. Sont notamment visées les hypothèses de départ dans le cadre d’une rupture conventionnelle, d’un licenciement donnant lieu ou non à la conclusion ultérieure d’une transaction ou encore des sommes versées aux salariés à l’occasion d’un plan de départs volontaires ou d’un plan de sauvegarde de l’emploi. La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2012 a en effet réduit l’enveloppe d’exonération sociale en limitant le montant des sommes exonérées à deux plafonds annuels de Sécurité sociale, soit 72 744 € en lieu et place d’un plafond de 106 056 € représentant trois PASS jusqu’au 31 décembre 2011. De la même façon, une vigilance particulière s’impose s’agissant des régimes de prévoyance et de santé, dont le financement par T 41 l’employeur donne lieu à des contrôles et à des contentieux URSSAF fréquents au vu de l’évolution permanente de la réglementation. Afin de tenter de clarifier celle-ci, un décret du 9 janvier 2012 définit les conditions dans lesquelles les sommes versées à l’organisme assureur, gestionnaire du régime, pourront être exonérées d’un point de vue social. Ce décret définit les conditions requises pour qu’un régime soit considéré comme collectif et obligatoire, seul le régime remplissant cette double condition pouvant donner lieu à exonération sociale. Pour chacun de ces points, un audit des pratiques actuelles au vu de l’évolution de la réglementation s’impose dans l’optique du prochain contrôle URSSAF que l’entreprise aura à connaître, ces deux questions étant considérées comme prioritaires dans le contrôle au vu des enjeux financiers qui y sont associés. Bruno Platel est coauteur de : Le Contrôle URSSAF en questions, écrit avec la commission « Protection sociale » du cabinet lillois Capstan Avocats, paru en 2011 chez Lexis Nexis. Éco121 Mai 2012 42 ENTREPRENDRE > Guide pratique N os équipes sont fières de travailler dans une entreprise qui fabrique un produit de culture régionale qui attire la sympathie ». Mais selon Annick Castelain, la directrice générale de la brasserie éponyme à Bénifontaine (62), rien n'est jamais acquis, et surtout pas la motivation des 20 collaborateurs de l'entreprise. « Nous les informons régulièrement sur les projets et les objectifs, nous les formons et les ac- > « compagnons lors des changements, afin de toujours partager la même vision. » La motivation, clé de la fidélisation, est l'une des préoccupations majeures du manager. Mais un salaire attractif, des primes rondelettes, des avantages en nature... Tout cela ne suffit plus. Les salariés – notamment ceux de la génération Y – attendent plus de leur job : le bien-être au travail, des valeurs partagées, une quête de sens. Comment CONSEILSTIVER POUR MO 51 motiver sion Partager la vi rise ep tr en de votre former Ecouter et in teurs ra o ab ll co s vo 2 3 4 5 ce Faire connfisaan iliser b o sp re et ettre Féliciter et smsuccès le t en avan hésion Soigner la co de l'équipe vos équipes ? Au-delà du salaire et des primes, bien d'autres leviers motivent les collaborateurs. Responsabiliser, communiquer, développer la cohésion des équipes par le « team building »... les initiatives sont multiples. Témoignages d'experts et cas concrets. Éco121 Mai 2012 cteurs Les 150 dire de magasins sont Footlocker se neuve rendus à Ville vre vi d'Ascq pour du jeu l'expérience quest. In re tu d'aven Écoute et confiance Franchisé McDo, Patrick Becquart gère neuf restaurants sur la métropole lilloise soit autant de Pme. Signe particulier : la grande hétérogénéité des 450 salariés, « de bac plus 5 à bac moins 5 », plaisante-t-il, des étudiants aux mères de famille, une population souvent à temps partiel, au turnover important. « Notre volonté est d'être près de nos équipes, à leur écoute, pour réagir rapidement. Nous organisons des réunions régulières. Chacun est évalué deux fois par an avec à la clé le versement d'une prime ». Depuis ENTREPRENDRE 43 > Guide pratique Partager les valeurs « Il ne se passe pas une journée sans que je ne pense à la motivation des équipes. C'est essentiel » . Pour Jean Duforest, le mythique patron d'ID Group, « les collaborateurs, premiers clients de l'entreprise, entreprennent collectivement autour d'un projet dont ils partagent les valeurs. » Leur motivation : « Act for kids », « Entreprendre pour que le monde progresse au service de l'enfant qui grandit ». Cette petite phrase née comme l'entreprise en 1996, placardée dans le hall du siège, incarne le projet commun aux sept marques et aux 5 500 collaborateurs d'ID Group dans 65 pays. Offrir des territoires pour expérimenter, avoir le sens du serJEAN DUFOREST, PDG D'ID vice et de l'autre, entreprendre dans la gratuité à travers des GROUP À ROUBAIX projets comme « Rigolo comme la vie » (crèches d'entreprises). « Dans notre groupe, passé en quinze ans de cent à plusieurs milliers de personnes, et où la moyenne d'âge est de 30 ans, nous sommes constamment en recherche de sources de progrès pour que chacun se sente bien dans son job ». Le groupe figure au Top 10 des entreprises où il fait bon travailler. quelques années, il embauche des seniors qui apportent un peu de « maturité et sagesse » aux équipes à la moyenne d'âge très jeune. L'enseigne a été présente pour la 9e année consécutive au palmarès « great place to work », dans le top 10 des entreprises de plus de 500 salariés en 2011. Parmi les principaux critères de sélection figurent la confiance dans l'encadrement, la fierté de son travail et la convivialité. Exemplarité et bonus Valérie Weynants, concessionnaire Peugeot à Wasquehal, mise aussi sur la confiance et l'exemplarité pour motiver. « Dans notre petite structure de 20 personnes, l'implication des dirigeants est capitale. Nous ouvrons le matin, fermons le soir. Nous sommes toujours présents, disponibles. » De la standardiste aux vendeurs dont les primes représentent les 4/5 de la paie, en passant par l'atelier, tout le monde s'implique dans la recherche de la qualité. Pour les vendeurs, le temps des voyages-récompenses paraît totalement révolu. « Lors de périodes d'économie drastiques, nous préférons motiver notre personnel par des bonus récompensant leur implication dans la qualité. » Une politique qui semble payer puisque le taux d'absentéisme est quasi nul. « Moment intense de cohésion » Pour souder les équipes, transmettre un message ou renforcer le sentiment d'appartenance, certaines entreprises organisent des événements sous la forme de conventions, séminaires, « team building » ou voyages... « Nous sommes des créateurs de liens durables en entreprise en donnant un sens à leurs événements », souligne François-Xavier Morel, créateur à Roubaix d'une agence de communication événementielle. L'un de ses derniers challenges : orchestrer la convention de Brice et relayer par différents moyens certains messages stratégiques sur l'évolution de la marque (vidéo, animation autour des valeurs de l'entreprise...). «Le succès repose dans la participation active des salariés à des moments intenses de cohésion. » Cours de sushi, yoga du rire Pour Finaref, il s'agissait de créer du lien au sein des 250 salariés. Répartis sur trois étages, ils se voyaient peu. Cours de sushi, yoga du rire, écriture d'une chanson... FXM Events est intervenu en mixant les équipes chaque mois. Résultat : le turnover est passé de 11 à 4 % en fin d'année. « Construire ensemble en s’amusant» Antoine Demoussaud, co-créateur de l'agence « On a marché sur la lune » à Lille, observe une recherche d'originalité et de nouveauté chez ses clients. Organisation d'un défilé de mode à partir de k-Ways, d'un rallye dans Lille ou d'une enquête policière sur le style des Experts à Miami, les équipes visent l'aspect ludique. « Plus que l'organisation de conventions, la tendance est au construire ensemble. Et surtout en s'amusant. » La preuve : les entreprises sont bonnes clientes des parcs d'attractions. Chez Inquest à Villeneuve-d'Ascq, elles représentent 35 % du chiffre d'affaires. Le jeu d'aventure renvoie à des valeurs comme l'esprit d'équipe, le dépassement de soi ou encore l'entraide : un excellent moyen pour redynamiser les troupes. Armelle Roussel JEAN-MICHEL LEHEMBRE, PRÉSIDENT DE CVP PACKAGING À LINSELLES « Le premier capital d'une entreprise, c'est l'humain » « Dans les turbulences que nous vivons, il est essentiel d'identifier notre vision de l'entreprise et de la faire partager à tous les collaborateurs », Jean-Michel Lehembre s'identifie volontiers au commandant d'un bateau qui résiste aux vents contraires, réduit parfois la voilure, mais suit son cap. Entretiens d'évaluation « pour dupliquer les réussites », mais aussi entretiens d'évolution tous les deux ans : l'objectif est d'anticiper les besoins et envies des 25 collaborateurs afin d'ajuster le plan de formation. CVP Packaging y investit 6,5 % de sa masse salariale. Autre axe : chaque membre du conseil d'administration possède une voix, quel que soit son poids dans l'actionnariat. Des méthodes de management participatives saluées par Réseau Alliances qui a décerné à CVP Packaging son trophée Or de l'économie responsable. Éco121 Mai 2012 44 TRIBUNES LIBRES LE BILLET DE Bruno Bonduelle L'Europe ? Quelle Europe ? arlons d'Europe car personne n'en a parlé pendant cette campagne présidentielle. Mais quelle Europe ? Il y en a deux : celle des Germains qui boivent de la bière comme dans les tableaux de Breughel ; au lendemain du carnaval, les voilà déjà au travail. Durs à la tâche, ils sont de surcroît économes ; de vraies fourmis, malheureusement guère prêteuses. Celle des Latins qui boivent du chianti et du porto, puis, comme les cigales, chantent et dansent au soleil, inconscients de la bise qui arrive. Ainsi va l'Europe. Au Nord, d'austères luthériens. Au Sud, des papistes insouciants, « Le Club Med », persiflent les Allemands donneurs de leçon... Les PIGS1 brocardent les Anglo-Saxons, pas très gentils. La zone Euro explosera-t-elle ? s'interroge Marc Touati2. Et nous, qui sommes-nous ? La géographie nous situe à l'évidence dans un pays de briques et de bière, au-delà de la frontière indécise qui court dans les betteraves, de part et d'autre de l'Oise et nous sépare de la pierre blonde d'Ile-de-France et de la vigne de Montmartre. Cependant, l'Histoire nous fit latins. A court d'argent, Louis XIV échoua devant le siège de Kortrijk. S'il avait écouté Col- P Sylvie Jean PROFESSEUR DE MARKETING À L’EDHEC, ET STÉPHANE URÉNA, ÉTUDIANT À L’EDHEC 1. Portugal, Italy, Greece, Spain. 2. Marc Touati. Quand la zone Euro explosera. NB : une erreur de typographie a altéré le sens d'une phrase dans le précédent billet de Bruno Bonduelle, « Lille Région, Région de Lille ». Il fallait lire « métrospoliation » et non « métropolisation » à la fin du 1er paragraphe. Développement durable et nouvelles formes de croissance : des perspectives à double voies rigée en remède anti-crise, l’économie verte cherche encore son modèle de croissance. Bien que les débats de la campagne présidentielle aient occulté le sujet, du côté des investisseurs les efforts ne cessent de croître, en particulier dans le domaine des énergies renouvelables. Les grandes multinationales ont très vite compris que la conversion à un développement durable était source de profit et de mise en adéquation avec les mutations de la société. Ainsi, nombreuses sont les marques qui ont tenté d’ajouter à leur gamme conventionnelle des références vertes. Mais ces stratégies d’extension de gammes ont du mal à trouver une légitimité auprès des consommateurs. Elles ne révolutionnent pas le marché et encore moins la société. Pire, elles sèment le trouble dans l’esprit des consommateurs. E Pour autant, sous la pression des normes environnementales de plus en plus draconiennes, les efforts doivent être poursuivis sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Cela montre aussi combien il est urgent de favoriser l’émergence de nouvelles structures innovantes qui portent au cœur même de leur création toutes les composantes du développement durable et qui sont en prise directe avec les consommateurs et leurs usages. Dans cette perspective, la région Nord-Pas-de-Calais fait preuve d’excellence avec des entreprises comme Vitamine T ou encore Sineo. Éco121 Avril 2012 bert et éconduit Louvois, son armée se serait arrêtée à Bapaume où il aurait construit une citadelle. Comme en Flandre belge, nos maisons seraient alors plus coquettes, nos rues plus propres, nos voitures plus rutilantes. Et surtout, nos jeunes seraient à l'usine au lieu de « tenir les « Au Nord, d’austères murs » après les avoir tagués. luthériens. Au Sud, Cependant, si vous ne regrettez pas le traité d'Utrecht, je des papistes vous soupçonne de préférer insouciants » la plage de Palombaggia à celle de Bray-Dunes ! Le développement durable, philosophie prônant un changement sociétal global, ne peut pas être seulement porté par des acteurs recherchant une croissance sans limite et oubliant trop souvent la dimension sociale intrinsèque à ce concept. Les Etats traversant une grave crise existentielle, la solution pourrait se trouver au sein de la société civile. Or, le militantisme tel qu’il existe aujourd’hui, au sein des ONG notamment, ne suffit plus. Le combat doit évoluer vers une nouvelle forme d’entrepreneuriat social consistant à créer des structures productives à but non lucratif, concurrentes directes des entreprises à but lucratif, de manière à véritablement influencer le comportement des entreprises. Grâce au développement des réseaux sociaux et des nouveaux modes de collaboration entre les individus, la promotion de telles initiatives et leur médiatisation deviennent d’autant plus faciles pour apporter des réponses au fameux « consom’acteur ». Les citoyens, les jeunes en particulier, devraient être plus encouragés à concevoir leur propre espace de travail afin de créer de nouvelles formes de valeurs génératrices de bienfaits sociétaux authentiques. Ils apprécient Éco121… ET VOUS ? « J'attends avec impatience chaque parution, je retrouve dans ce magazine un condensé d'informations “terrain” qui permet d'avoir en un clin d'œil un 360° pour homme pressé » OLIVIER VARLET DIRECTEUR GÉNÉRAL DU PÔLE DE COMPÉTITIVITÉ MAUD « Un média qui accompagne l’économie et favorise la connaissance de son environnement. » AMANDINE BONDONNEAU ASSOCIÉE CAPTALENTS « Eco121, c'est l'actualité régulière de nos Pme qui fait la richesse de notre région.» STÉPHANIE MALYSSE DIRECTRICE DE SIPAREX LILLE © Fotolia.com Donnez-nous votre avis sur [email protected] Éco121 Éco121 Éco121Avril Mai 2012 46 SANS CRAVATE > Interview Blandine Lejeune « J'ai horreur du trash » La ténor du barreau lillois nous a reçu sans cérémonie chez elle pour dévoiler un peu de son jardin secret. Et nous annoncer son prochain polar. Rencontre. Qu'est-ce qui vous fait courir ? J'ai la chance d'avoir un métier que j'aime, qui est passionnant, et d'avoir réussi à m'y réaliser même si c'est difficile parfois. Vous pensiez devenir avocate pénaliste depuis toujours ? Non, mais plusieurs films m'ont marquée comme Sacco et Vanzetti, l’Affaire Rosenberg, le Glaive et la Balance. J'ai toujours eu un sentiment vif de la justice et de l'injustice, j'étais viscéralement opposée à la peine de mort. Ceci étant, je me suis cherchée un peu lors de mes études, j'ai même fait deux ans d'anglais aux Etats-Unis. Par fonction, vous êtes confrontée à des faits divers très durs. Peut-on mener une vie personnelle normale dans ce contexte ? On apprend à séparer vie personnelle et professionnelle. Au début, bien sûr, on n'est pas étanche et on ramène le stress chez soi. Mais avec le temps, on sépare, on cloisonne, on se protège. Je parle très peu boulot, y compris avec mes amis, qui ne sont d'ailleurs pas avocats. Votre travail vous laisse-t-il du temps pour vos loisirs ? Oui bien sûr ! Je sors normalement, et j'écris. Il y a quelques années, j'ai publié un livre, Une femme parmi les hommes*. Aujourd'hui, j'écris un roman policier ; en fait, j'en suis aux corrections. Le roman, c'est agréable, vous laissez aller votre imagination. Quel est votre style ? Et d'où vous vient ce goût pour l'écriture ? Il est plutôt psychologique. Ce n'est pas un thriller, mais une enquête policière. Ce n'est pas trash, j'ai horreur de ça, tout comme la vulgarité et le déballage comme on en voit aujourd'hui. J'aime l'intimisme, les choses suggérées. J'ai toujours écrit et toujours aimé ça. Ça me vient de Éco121 Mai 2012 ma mère, qui écrivait des poèmes et son journal. J'aime la littérature et le bon français. ressens pas l'appel du soleil ou du large, j'aime le voyage intérieur. Vous devez bouillir, quand on voit comment la langue est souvent malmenée ! J'adore la France, qui est un pays magnifique, l'Italie. Je suis curieuse de tout. L'an dernier, je suis allée en camping en Corrèze, c'est là que j'ai écrit mon polar. Vous voyagez un peu ? Ça me consterne... Je veille à ce que mes enfants s'expriment bien. Il y a trois langues qu'il faut savoir parler : le français, une langue étrangère, et le patois de ton pays. Mes enfants parlent patois, et je parle couramment le ch’ti ! « Je parle couramment le ch’ti ! » Qu'est-ce qui peut vous faire sortir de vos gonds ? Je vais vous le chercher, il est au deuxième étage ! C'est mon fils de 12 ans (sourires). Je peux être en colère mais pas au point de sortir de mes gonds. C'est un ton, la colère, il faut qu'elle soit positive. Quel est le dernier film qui vous ait émue ? Elle s'appelait Sarah. J'avais lu le livre puis j'ai vu le film, je ne pensais pas que c'était émouvant à ce point-là. Et j'ai vu récemment l'Affaire Guy Môquet, que j'ai tenu à voir avec mon fils. Je pense que nos enfants doivent être imprégnés de l'Histoire. Il a pleuré, je lui ai expliqué qu'il ne faut jamais oublier que ces gens-là sont morts pour que nous soyons libres. Vous êtes native de Tourcoing, êtes-vous très attachée à notre région ? Sûrement. Ce n'est pas par hasard que j'y suis restée, que j'y ai fait ce métier, alors que presque tous mes frères et sœurs ont quitté la région. Je ne *Ed. Rmasay, épuisé mais disponible à l'étude de Me Lejeune. Vous étiez avocate pendant l'affaire d'Outreau. Pensez-vous que de ce désastre judiciaire soit sorti un bien ? Il y a eu quelques réformes de l'instruction. Je ne demandais pas la suppression du juge d'instruction, mais j'aurais été davantage pour une séparation du parquet et du siège, avec des rôles bien assignés à chacun. Propos recueillis par Olivier Ducuing DÉTENTE 47 > Culture Jean-Louis Petit, Le Phare de Gatteville, musée d’art Thomas-Henry Manche romantique 70 œuvres itinérantes pour évoquer la peinture de paysages romantiques le long de la Manche : c’est l’idée originale partagée par le château-musée de Dieppe, le musée d’Art Thomas-Henry de Cherbourg Octeville et, dans notre région, le musée des Beaux-Arts de Calais. Les œuvres, essentiellement de la première moitié du XIXe, reflètent le regard des romantiques français et britanniques sur ce territoire particulier, conjuguant scènes de pêcheurs à terre, de tempête, immatérialité du ciel et de l’eau et constructions humaines entre ports et phares. Parmi les 30 artistes exposés, Eugène Isabey, Paul Huet, ou encore un certain William Turner. Jusqu’au 1er juillet, musée des Beaux-Arts de Calais. www.musee.calais.fr La fibre du textile Raetz au MUba ©D.R © Raymond Coronel Le textile a profondément marqué de son empreinte l’histoire de la région et demeure très présent : la prochaine inauguration du Centre européen des textiles à Tourcoing incarne cette rémanence. L’association Proscitec, dédiée à la valorisation du patrimoine et des mémoires des métiers, fédère 30 expos et animations programmées jusqu’à mars 2013. Entre autres : « Passé de mode », au musée de la Vie rurale de Steenwerk, « Des fibres, des hommes, du verre » sur la mémoire verrière de Boussois (mairie), ou encore « Images de Marques », au musée de la Rubanerie cominoise où vous pourrez découvrir des pièces exposées pour la première fois. Programme complet sur www.proscitec.asso.fr Le musée des Beaux-Arts de Tourcoing accueille les œuvres de l’artiste suisse multifacette, Markus Raetz. Dessin, sculpture, estampe sont autant de registres d’expérimentation pour intervertir les couples plein-vide, refletréalité, courbe-contre-courbe ou ombre-lumière, et ce avec une grande variété de techniques : cliché-verre, héliogravure, pointe sèche, burin, eau-forte, aquatinte, pochoir ou même impression à la ficelle. Le visiteur est invité à déambuler dans huit espaces successifs et à tourner autour des œuvres pour que celles-ci se dévoilent à lui. Markus Raetz, Estampes/sculptures, MUba de Tourcoing, jusqu’au 11 juin. Éco121 Mai 2012 48 DÉTENTE > Culture Cassel à l’Anvers Cinq artistes et 130 peintures et œuvres sur papier : le Lam offre à la sagacité du public une expo « Déplacer, déplier, découvrir » consacrée à des figures singulières de la peinture française, Martin Barré, Jean Degottex, Marc Devade, Simon Hantaï et Michel Parmentier. Des artistes dont le seul lien est de s’être affranchis des grands courants de l’abstraction contemporaine ou moderne, en demeurant attachés à l’idée de tableau, même s’ils le réinterrogent sans cesse. Lam, Villeneuve d’Ascq, jusqu’au 27 mai. www.musee-lam.fr Photo H. Maertens © Adagp Paris 2012 Lam du papier © Fondation Eugeen Van Mieghen Le musée de Cassel , qui a rouvert ses portes en octobre 2010, joue son rôle de découverte de l’univers flamand avec une expo originale consacrée à Eugeen van Mieghem (1875-1930). Un peintre largement méconnu dans notre pays mais qui a abondamment croqué sa région natale d’Anvers, à commencer par son port à l’heure de son industrialisation. La soixantaine d’œuvres, dessins, pastels et peintures, présentée à Cassel avec l’appui du musée van Mieghem d’Anvers évoque, sans concession, les paysages, la vie et le peuple portuaires. Musée de Flandre, Cassel. Jusqu’au 24 juin. www.museedeflandre.cg59.fr BARBIER DE MALGOIRE L’Atelier lyrique de Tourcoing dirigé par Jean-Claude Malgoire propose à nouveau le chef-d’œuvre de Rossini le Barbier de Séville lors de quatre représentations. La mise en scène de cet opéra qui figure parmi les plus populaires du fait d’airs très fameux (« La Calomnie », « Rosine », « Figaro »...) est signée Christian Schiaretti et Arnaud Décarsin. Théâtre municipal Raymond Devos de Tourcoing, les 9, 11, 15 et 13 mai. www.atelierlyriquedetourcoing.fr -10% AUX LECTEURS D’ECO121 © Danielle Pierre Demandez Karine 03.20.70.66.66 L’orchestre de Douai propose le mariage du saxo de Michel Supera et de l’accordéon d’Eric Comère pour deux représentations – plus deux réservées aux enfants. La première œuvre, Inspiration bulgare, est une création du même Eric Comère, un accordéoniste à la notoriété internationale, compositeur aux confluences du jazz, des musiques traditionnelles et de la musique classique. L’Orchestre jouera ensuite le Concerto des deux mondes d’Omar Yagoubi et des tangos symphoniques d’Astor Piazzolla. 11 mai, salle des fêtes de Carvin et 15 mai Auditorium Henri-Dutilleux de Douai. www.orchestre-douai.fr © W. Klein Klein revisité Éco121 Mai 2012 La maison de la photographie de Lille Fives plonge son regard dans le rétroviseur de l’Italie de la dolce vita et de Cinecita des années 50. Elle consacre une expo à un maître de la photo, William Klein. Ce dernier avait été engagé comme assistant réalisateur par Fellini pour son film Les Nuits de Cabiria, en 1956. Klein a profité de l’occasion pour sillonner Rome dans ses moindres recoins et réaliser une véritable fresque de la ville éternelle d’après-guerre. Maison de la photographie, Lille Fives, jusqu’au 30 mai. www.maisonphoto.com © D.R Voyage musical DÉTENTE 49 > Culture Spécial ARRAS CITE NATURE Éco 3 QUESTIONS À PHILIPPE LEDIEU Pourquoi avoir choisi l’Afrique comme thème d’expo jusqu’en juin 121 2013 ? Il était important de rappeler que c’est en Afrique qu’est née la civilisation. L’Egypte antique, par laquelle j’ai voulu démarrer l’expo, s’est construite grâce au Nil et à ses terres fertilisées par les crues annuelles et le limon ; il n’y avait plus qu’à semer la graine. Cette agriculture fluviale, c’est une piste de développement pour demain. L’Afrique, c’est 60% des réserves de terres agricoles du monde, elle possède d’immenses ressources dont elle ne profite pas ! La deuxième chose importante à exposer, c’est que l’Afrique, ce ne sont pas que des peuples qui s’entretuent. C’est la biodiversité avec la Savane, c’est l’art africain, qui est un art « utile » : se rapprocher des ancêtres, conjurer le sort, amener la pluie… C’est aussi des mégapoles – 11 millions d’habitants au Caire ! –, qui soulignent la nécessité absolue de maintenir l’agriculture vivrière. DIRECTEUR Comment vous et votre équipe travaillezvous ? Nous sommes 5 sur 19 chargés de la conception scientifique et une équipe de sept animateurs reçoit le public. Nous travaillons à cette expo depuis plus d’un an. Et on l’a construite de toute pièce en trois mois. Ce temple égyptien, c’est notre équipe technique qui l’a entièrement bâti à la main, les fresques, le sarcophage, plus loin la termitière, ce mur de masques... Nous ne sommes pas que des scientifiques ! J’ai réalisé la scénographie, supervisé les chromies… Tout le monde met la main à la pâte. La polyvalence est le maître mot ici. Comment ce travail s’intègre-t-il dans votre dimension scientifique ? Cette expo, c’est la rencontre de la science et du rêve. On met en scène la science pour attirer l’attention du grand public. C’est notre mission. Avec l’Afrique, on sent un intérêt très fort. C’est une invitation à s’ouvrir au monde. On ne peut plus être enfermé dans son territoire. C’est une échelle pertinente pour travailler et se nourrir mais il faut savoir ce qu’il se passe ailleurs. Recueilli par S.P. Afrique nature Déjà la 13e édition pour ce festival des Arts de la rue à Béthune. Une manifestation cosignée par la scène nationale « Culture commune », la ville de Béthune, Artois Com et le conseil régional. Trois jours durant, des artistes de tous horizons s’emparent de l’espace public, places et ruelles, jardins et façades, et redessinent la ville de leur imaginaire. Le festival s’égaille aussi dans les communes voisines avec les « Z’Ailleurs ». Les 11, 12 et 13 mai à Béthune et ses alentours. © Sébastien Pouilly Z’Arts Up 2012, now ! Réservoir de biodiversité, mosaïque de peuples et de paysages, patchwork de couleurs et de cultures, un milliard d’habitants et 20% des terres de la planète : Cité Nature porte son regard le continent noir à travers une expo originale du centre arrageois. Au fil d’un parcours didactique, des photos de Laurent Renaud et Dominique Haution. « La traversée de l’Afrique », Cité Nature, Arras. Jusqu’au 30 juin 2013. www.citenature.com Éco121 Mai 2012 50 DÉTENTE > Nordistes d’ailleurs Damien Douchet Comme un poisson dans l'eau américaine Installé à Philadelphie avec femme et enfants depuis 2009, il s'est associé à Guillaume Leymonerie pour créer la filiale US de H2O, un pro de la vente en réunion (Givenchy-les-la-Bassée). « l est évident que beaucoup d'entreprises françaises devraient aller aux Etats-Unis. Il n'y a pas de complexe à avoir ! » Damien Douchet sait de quoi il parle. Depuis 2009, ce quadra, issu d'une famille nordiste mais natif de Lyon, a posé ses valises sur la côte Est pour créer une société, filiale de H2O, spécialiste des produits de nettoyage en microfibre vendus en réunion à domicile. Trois ans plus tard, il pilote depuis Philadelphie une armée de 850 conseillères de vente et réalise un chiffre d'affaires de 2,5 millions de dollars, avec l'ambition de croître de 100% par an ! I > Damien Douchet en famille « « 8 000 à l'heure » Sa carrière aurait pu s'inscrire comme elle avait commencé, dans le sillage de grands groupes. A l'issue de ses études à HEI Lille, il débute comme ingénieur de prod' chez PeaudouceLinselles. Au bout de six mois seulement, il est bombardé chef de projet d'un programme massif d'investissement destiné à réagir par l'automatisation à la concurrence. Le chantier l'emmènera une fois par semaine en Suède, en Norvège voire aux EtatsUnis, révélant chez lui « le goût du business à l'international ». Recruté en 1996 par une entreprise choletaise de non-tissés, Tharreau Industrie, il s'ennuie ferme. Aussi quand des chasseurs de tête l'approchent pour lui proposer, à 30 ans, la direction de l'usine Celatose (groupe Tyco) à Wasquehal, avec ses 400 salariés, il relève sans hésiter le challenge. « J'ai appris Éco121 Mai 2012 J'ai toujours eu le démon des voyages en moi ! » à vivre à 8 000 à l'heure, mais dans l'archétype de la boîte américaine sans foi ni loi où pour décrocher un bonus il faut virer 50 personnes », lance-t-il, caustique. C'est d'ailleurs ce qui lui arrive à lui aussi cinq ans plus tard lors de l'affaissement du groupe. « Convoqué à 17h, j'étais dans ma voiture avec mon carton une demi heure plus tard ! » Avec ses indemnités, il reprend alors avec des associés Création Alpac, un grand nom international de la déco des arts de la table, mais en grande difficulté. L'entreprise se relève peu à peu, mais l'aventure fait long feu sur un désaccord avec ses associés qui lui rachètent ses parts. « On était inoxydables » Joue alors le réseau CPA : pendant ses années chez Tyco, Damien Douchet a suivi ce programme du CEPI, où il s'est lié d'amitié avec Guillaume Plongée internationale Damien Douchet est depuis toujours un plongeur sousmarin invétéré, passion qui l'a conduit avec sa femme à parcourir toutes les mers du monde. Son spot préféré : le récif de Palancar, sur l'île de Cozumel au Mexique, révélé dans les années 60 par le commandant Cousteau. Où il s'est trouvé face à un banc géant de barracudas. Leymonerie, fondateur de H2O, implantée près de La Bassée. Et ce dernier a justement en tête de créer un jour une filiale aux Etats-Unis. Quelques allers-retours sur place plus tard, leur conviction est arrêtée, et Damien s'associe comme minoritaire au projet. « On a vendu notre maison de Roubaix, chargé son contenu sur un conteneur, et quelques jours plus tard, on était dans notre salon à Philadelphie. » Problème : Lehman Brothers vient de faire faillite, la crise sévit, le scepticisme ambiant est au plus fort. « C'était l'hécatombe ! » s'amuse-til a posteriori. Mais il fonce. « On était inoxydables, indestructibles, dans l'énergie du projet ». Très aidé par la chambre de commerce franco-américaine de New York, Ubifrance, mais aussi la fédération de la vente à domicile (DSA), le projet prend vie sur un nouveau modèle. A tel point que les bonnes pratiques développées outre-Atlantique sont importées au siège. La suite ? Le « positivisme » et la simplicité des Américains, mais aussi une vie de famille équilibrée, sa femme l'ayant rejoint dans l'entreprise, ne lui donnent pas l'envie de revenir dans la mère patrie. Et si H2O avait envie d'ouvrir des filiales dans de nouveaux pays, il est prêt à plonger ! Olivier Ducuing