Le Camino Interior
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Le Camino Interior
Le Camino Interior Curieux paradoxe que ce chemin ancestral qui permet aux pèlerins venant du Nord de gagner l'Espagne sans devoir franchir les Pyrénées, ni à Roncevaux, ni au Somport. Cela intéresse surtout ceux qui empruntent la voie de Tours (Via Turonensis) et peut constituer un avantage appréciable pour tous ceux qui marchent depuis des semaines et qui veulent éviter les ascensions trop fatigantes, voire dangereuses. Pourtant, actuellement, on voit très peu de monde sur cet itinéraire qui relie Irun à Burgos. En moyenne, il ne passe que deux pèlerins par jour, ce qui est peu pour une voie très ancienne et directe. En effet, son tracé a été repris par la R.N.1, puis par le chemin de fer et enfin par l'autoroute. Ces trois moyens de communication relient, en ligne droite, Bayonne à Burgos. Si la première étape, entre Irun et Hernani, peut paraître fatigante parce qu'elle n'arrête pas de monter et de descendre, elle est cependant très agréable car elle traverse de très beaux paysages et laisse souvent entrevoir la mer au loin. Mis à part les étapes deux et trois qui nous font traverser beaucoup de zones industrielles, la nature traversée présente toutes ses facettes et les décors changent constamment. S'il y a encore quelques montées ardues, elles ne sont jamais longues, sauf celle qui vous permet de passer le col de San Adrian en traversant la montagne par un ancien tunnel creusé dans le rocher sur une distance de soixante-dix mètres. Moment inoubliable et sûrement le sommet (si je puis dire !) des curiosités de ce chemin. Le parcours, comme le Camino Frances, est très bien balisé, avec ses flèches jaunes et ses poteaux jaunes et blancs ornés de la coquille et de la flèche jaune et bleu. Le trajet prend onze ou douze jours et l'on traverse des petits villages silencieux (sauf lorsque quelques chiens faméliques tentent de goûter vos mollets !) ainsi que deux ou trois petites villes dont Vitoria avec sa cathédrale et son patrimoine architectural extraordinaire. Les amateurs d'art roman sont gâtés puisqu'ils ont l'occasion de photographier quantité d'ermitages et de chapelles romanes. Il est d'ailleurs curieux de constater que ces ermitages, sensés se trouver isolés, se retrouvent le long d'un chemin de passage fort fréquenté à l'époque de leur construction. Quelques églises Saint Martin de Tours jalonnent le parcours et l'on rejoint sur la fin le Camino de los Romanos (un moyen efficace de se rapprocher de Dieu d'après l'épître de saint Paul). Les points d'eau, également, jalonnent le parcours. Il est inutile de partir avec ses jerricans, une petite bouteille suffit puisqu'il y a possibilité de se ravitailler en eau fraîche partout. Quant aux logements, si l'on suit les recommandations de Gérard du Camino dans son excellent guide : « le chemin Intérieur », vous n'échapperez pas à l'hôtel lors des deux premières étapes, où vous devrez débourser trente puis vingt euros. Mais si vous jonglez un peu avec le kilométrage, il y a moyen de trouver des hébergements moins chers. Qui plus est, les étapes ne dépassent jamais les vingt-neuf kilomètres par jour, ce qui est agréable et permet beaucoup de poses ou de visites en cours de route et à l'arrivée. Par la suite, les prix deviennent beaucoup plus raisonnables et souvent dans des chambres modernes et très confortables. Je pense, par exemple à Segura, Salvatierra, Vitoria et Miranda. Avec le Wifi en prime ! Après le calme et la solitude du chemin pendant onze jours, vous débarquez à Burgos où l'on se sent un peu agressé par le bruit et la foule. Mais la joie d'être arrivé à destination et de retrouver quantité de pèlerins qui poursuivent le même but que vous, supplante votre première impression. Louis Dal