BEB notes de l`éditeur et Préface de Lionel Galand

Transcription

BEB notes de l`éditeur et Préface de Lionel Galand
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Groupe d’Etudes Berbères
Université Paris VIII – Vincennes
Bulletin d’Etudes Berbères
Numéros 1 à 12
1973 à 1977
Préface de Lionel Galand
Editions Achab
3
Remerciements
Toute notre gratitude à M. Boussad Ben Belkacem, pour sa
disponibilité et le soutien déterminant qu’il a apporté à la préparation
de cette réédition.
***
Cette publication est dédiée à la mémoire de
- Abdellah Mohia, dit Muḥend-u-Yeḥya
- Mustapha Aouchiche
- Salem Ould Slimane, dit Mmi-s n Sliman
- Ali Mécili
- Hocine Aït-Ahmed
- El Hafid Yaha, dit Si Lhafidh
***
 Editions Achab, Tizi-Ouzou, 2016
ISBN : 978-9947-972-40-3
Dépôt légal : 5831-2015
[email protected]
Infographie : M. Khaled Zirem
4
Table des matières1
Notes de l’éditeur
6
***
Préface de Lionel Galand
11
***
Numéros 1 et 2, 1973
Numéro 3, 1974
Numéro 4, 1974
Numéro 5, 1975
Numéro 6, 1975
Numéro 7, 1976
Numéro 8, 1976
Numéros 9 et 10, 1976
Numéro 11, 1977
Numéro 12, 1977
(13)
(67)
(99)
(141)
(187)
(213)
(245)
(295)
(409)
(511)
***
1
Les numéros de pages indiqués entre parenthèses dans cette Table des matières sont ceux de la
numérotation en continu du présent volume. Ils diffèrent bien évidemment des numéros de pages
propres à chacune des livraisons du Bulletin.
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Notes de l’éditeur
Ce volume réunit les douze numéros du Bulletin d’Etudes Berbères publiés par le
Groupe d’Etudes Berbères de l’Université Paris VIII-Vincennes, de 1973 à 1977. Afin
d’en améliorer la lisibilité, cent cinquante pages environ ont fait l’objet d’une nouvelle
saisie, sur ordinateur au lieu de la machine à écrire d’origine, sans modification aucune de
contenu. En particulier, l’orthographe des textes berbères a été fidèlement rapportée.
L’objectif des notes qui suivent est de mettre des noms sur les auteurs des
publications, et d’identifier les principaux acteurs qui ont assuré les activités du Groupe
d’Etudes Berbères, qu’il s’agisse des activités au sein de l’Université Paris VIII ou de leur
prolongement à l’extérieur.
Pseudonymes et identités des auteurs
Les articles publiés dans le Bulletin d’Etudes Berbères (BEB) ne sont pas tous
signés, certains le sont avec des pseudonymes ou seulement des initiales 1.
Mbarek Redjala a signé de son vrai nom les articles suivants : Ecriture et
communication en Algérie (BEB n°2) ; Si Muḥend et sa famille dans la tourmente de 1871
(BEB n°3) ; Un toponyme berbère : tisira (BEB n°4) ; Un texte inédit de l’Histoire des
Berbères (BEB n°6) ; Déclaration universelle des droits des peuples (BEB n°9-10). Il a
utilisé le pseudonyme de Mbarek Awaḍi pour les articles suivants : Ger yiḍelli d wassa
(BEB n°5) ; La poésie kabyle en 1974 (BEB n°5) ; Tentative d’explication étymologique
du terme Bazina (BEB n°5) ; Tadyant imaziγen (BEB n°5) ; Aujourd’hui ou jamais (BEB
n°6) ; Retour à Ben Mohammed (signé M.A.) (BEB n°6) ; Suite à « La poésie kabyle en
1974 » (signé M.A.) (BEB n°6) ; Un écrivain d’expression kabyle : Si Amr u Sseyd dit
Boulifa (BEB n°6) ; Awal atrar (signé M.A.) (BEB n°6). Enfin, de nombreuses autres
contributions de M. Redjala ne sont signées ni de son vrai nom ni d’un quelconque
pseudonyme, notamment : Une expérience pédagogique à Vincennes : le Groupe d’Etudes
Berbères (BEB n°1) ; Nous les Berbères (BEB n°2) ; Où en est le Groupe d’Etudes
Berbères (BEB n°2) ; Leqbayel zzwayel (BEB n°2) ; Aγilas d sin yiḍan (BEB n°2) ; Les
Berbères et leur langue (BEB n°3) ; Un précurseur de Si Muḥend : Lḥaǧ Rabeḥ (BEB
n°4) ; Diversité culturelle et unité nationale (BEB n°4) ; A propos de la tenue du VIIIème
congrès de la pensée islamique (BEB n°4) ; Textes sur les Banû Hilâl et les Banû Sulaym
(BEB n°4) ; Bilan de l’année universitaire 1973-1974 (BEB n°4) ; Introduction aux
contes kabyles recueillis par Auguste Mouliéras (BEB n°9,10) ; Notes de lecture :
Tajeṛṛumt n tmaziγt (BEB n°9,10).
Signalons également les trois articles suivants de Mbarek Redjala publiés en
dehors du Bulletin d’Etudes Berbères :
1) Remarques sur les problèmes linguistiques en Algérie, revue L’homme et la société,
n°28, Linguistique, structuralisme et marxisme, 1973, pp. 161-177.
2) Spécificité culturelle et unité politique, revue Les Temps Modernes n°323, juillet 1973,
pp. 2242-2252.
3) Mohia Abdellah. Un prosateur et poète kabyle contemporain. Etudes et documents
berbères, n°24, 2006.
1
Plusieurs personnes ont contribué à l’identification des auteurs, notamment : Boussad Ben Belkacem,
Hend Sadi, Mohand Ouamer Oussalem, Ben Mohammed et Saïd Sadi. La liste des membres de la
troupe de théâtre d’Alger nous a été communiquée par Mohand Loukad.
6
Abdellah Mohia utilisait tout au plus ses initiales M.A. (à ne pas confondre avec le
M.A. de Mbarek Awaḍi / Mbarek Redjala) pour signer ses contributions. L’article Taluft
yiwet, iberdan aṭas (BEB n°1) et le poème Ayen bγiγ (BEB n°2) sont de lui mais ne sont
pas signés. Il en est de même pour le texte Γef wemγar ikerrec weqjun (BEB n°1) et la
traduction en kabyle de Morts sans sépulture de Jean-Paul Sartre (BEB n°2 et BEB n°3
dans lequel les ajouts manuscrits sont de sa propre main) ; Sin d atmaten (BEB n°4) ; Une
réalisation en cours (BEB n°4) ; Extrait d’un recueil de proverbes (BEB n°4) ; Ay arrac
nneγ (signé M.A.) (BEB n°5) ; Slimane Azem : préparation d’un recueil (BEB n°5) ;
Projet (BEB n°5) ; Llem ik ddu d uḍar ik (B. Brecht) (BEB n°7) ; Tiqdimin (BEB n°7) ;
Slimane Chabi : un chanteur à suivre (BEB n°7) ; Uccen yufa tayaziṭ (BEB n°7) ;
Tiqdimin (signé M.A.) (BEB n°8) ; Anwi i d imawlan is. Une version kabyle de
l’Internationale (BEB n°8) ; Aneggaru ad yerr tabburt : adaptation kabyle de « La
décision » de B. Brecht (BEB n°9,10) ; Tiqdimin (signé M.A.) (BEB n°9,10) ; Aneggaru
ad yerr tabburt (suite) (BEB n°11) ; Tiqdimin (signé M.A./Yidir) (BEB n°11) ; Tiqdimin
(signé M.A.) (BEB n°12).
Boussad Ben Belkacem signait ses contributions de son nom traditionnel : Said U
Blaid : Le discours historique dans le mouvement national (BEB n°8) ; Documents :
Voyageurs européens en Algérie dans la seconde moitié du XXème siècle (BEB n°11) ;
Traduction d’un poème de la résistance rifaine (BEB n°11) ; Etudes : La Kabylie au
XIXème siècle (BEB n°12) ; Présentation d’un article d’Etudes Vietnamiennes : Préservez
la pureté et la clarté de la langue vietnamienne (BEB n°12). L’Intervention du Groupe
d’Etudes Berbères au Colloque sur « structures et cultures précapitalistes » (BEB n°11)
est également de lui.
Hend Sadi utilisait le pseudonyme H. Čučan : Enquêtes : Γef Yusef U Qasi (BEB
n°11) ; Timeγriwin (BEB n°11) et la présentation des poèmes de B. Amezyan
(pseudonyme de Saïd Boudaoui/Boudaoud) : (BEB n°12). Deux autres contributions de
Hend Sadi ne sont pas signées : Anda tewweḍ tmaziγt et Taneffust b-bwemγar azemni
(BEB n°1). Signalons également la contribution suivante publiée dans Etudes et
documents berbères, n°24, 2006 : Muḥend u Yeḥya dramaturge de langue kabyle.
Itinéraire d’un créateur en milieu militant.
Saïd Boudaoui/Boudaoud a utilisé le pseudonyme B. Amezyan pour signer Une
expérience de théâtre populaire (BEB n°8) et Isefra (BEB n°12). Sous différents
pseudonymes, Saïd Boudaoui/Boudaoud est par ailleurs l’auteur de la préface du premier
33 tours de Idir, ainsi que de quelques articles parus dans les années 1970 dans la presse
française, Libération notamment, sur la question identitaire berbère. Ramdane Achab
prend le pseudonyme R. Hemmu pour signer Choix de développement et politique
linguistique (BEB n°8) ; c’est également lui qui a écrit la présentation non signée de
« Ddem abaliz ik a Mu » de Kateb Yacine (BEB n°5), et qui a recueilli la version de
Taqsiṭ n Sidna Musa publiée dans (BEB n°9,10). Mohand Ouamer Oussalem est
l’auteur de Imenγi n Yugurten, traduction non signée des premières pages de La guerre de
Jugurtha de Salluste (BEB n°12). Saïd Yacine est l’auteur du poème non signé « Aux
voleurs de terre noire… » publié dans (BEB n°12). Enfin, S. Mounira et Georges
Lapassade ont signé leurs contributions de leurs vrais noms : Hammou ou Namir et son
complexe (BEB n°7) et Recherche sur les Gnaoua et les religions populaires extatiques en
Afrique du Nord (BEB n°11), respectivement.
7
La traduction en kabyle de Mohammed, prends ta valise, de Kateb Yacine
Publiée en trois parties dans les numéros 5, 8 et 9-10 du Bulletin d’Etudes Berbères,
la traduction en kabyle de Mohammed, prends ta valise, de Kateb Yacine, a été faite en
Algérie dans les années 1970. Voici le témoignage du poète Ben Mohammed sur les
auteurs de la traduction1 : Pour "Mohammed prends ta valise", si mes souvenirs sont bons,
j'avais travaillé essentiellement avec Arezki Si Mohammed et accessoirement, il y avait
Saïd Sadi qui participait et suivait surtout l'évolution du travail. Par la suite, il ramènera
son neveu Mohand Aït Ahmed qui, en tant qu'élève de l'école d'art dramatique de BordjEl-Kiffan, assurera la mise en scène. Parmi les étudiants qui allaient jouer dans la pièce,
Mumuh Loukad se joignait parfois à nos séances de travail. On se retrouvait dans un café
situé au début de la rue Hassiba Ben Bouali (côté Maurétania, face à l'armurerie du père
de Omar Oulamara) et appartenant à un parent d'Arezki Si Mohammed. C'est ce dernier
qui s'était intéressé, avant nous tous, à l'expression théâtrale en kabyle. D’ailleurs c'est
lui qui avait déjà innové dans la tradition artistique de son village, Achallam, en
introduisant des sketchs en intermède dans les célébrations de mariages, naissances ou
autres.
La troupe de théâtre qui en 1972-1973 a joué Mohammed prends ta valise en kabyle
en Algérie était composée de2 : Mohand Loukad, Amar Mezdad, Ali Ouabadi, Muhend
Aït Ahmed, Sakina Slimani, Salah Oudahar, Saïd Yacine, Saïd Doumane, Moussa Zénia,
Slimane Krouchi, Ahmed (Amzabi, originaire du Mzab), Ali Attab, Hacène Hirèche,
Houari Mohammed dit Si Muḥ, Nadira, Nassira, une autre étudiante. Les représentations
ont eu lieu à : CUBA (Cité universitaire de Ben Aknoun), Lycée Amara Rachid (mitoyen
de CUBA), Lycée Amirouche Tizi-Ouzou, Tigzirt-sur-Mer (dans la cour d’une école),
Iwaḍiyen-centre (sur la place publique), Buγni (salle de cinéma), Tunis (théâtre municipal
le 22 mars 1973).
Dans un témoignage recueilli par Loukad, Amar Mezdad écrit : (…) Notre troupe a
participé au Festival International du Théâtre Universitaire de Tunis avec la pièce
Mohammed, prends ta valise de Kateb Yacine en 1973 (en kabyle : Ddem tabalizt-ik, a
Muḥ). Nous avons représenté l’Algérie, pour ainsi dire par défaut puisque nous étions la
seule troupe universitaire en Algérie ! A Tunis, nous avons décroché le 1er prix. A notre
retour, le Ministre de l’Enseignement Supérieur de l’époque nous a reçus mais il nous a
tancés d’avoir joué dans notre « dialecte » (…).
Saïd Sadi écrit de son côté 3 : (…) Je raconte dans mon livre " l'échec recommencé ?"
comment Ali Attab, étudiant en économie, retenu par un examen à Alger n'a pas pu faire
le déplacement avec la troupe sur Tigzirt où devait se donner une représentation. Il est
arrivé le lendemain à Tizi-Ouzou et a fait le trajet Tizi-Ouzou - Tigzirt à pied pour
pouvoir tenir son rôle dans la soirée. Ce genre de témoignages formels a l'avantage de
parler aux nouvelles générations sur la ferveur et les conditions qui ont présidé à l'éveil
politique d'une génération (…).
1
Message privé, 10 novembre 2015.
Mohand Loukad dans un message privé du 28/11/2015 dans lequel il indique : Je t'envoie une
première liste où il y a probablement un ou deux oublis. Je te transmets en outre la réponse à ma
demande de Amar Mezdad.
3
Message privé du 27 novembre 2015.
2
8
« Le texte d’Alger » (1976)
Signalons aussi le document publié dans le numéro double 9-10 du Bulletin sous le
titre : Contribution au débat socio-culturel en Algérie : un texte d’Alger. Le texte en
question a été élaboré en 1976 à Alger, à l’occasion du débat sur la charte nationale. Ben
Mohammed écrit dans le même message : S'agissant de la contribution au débat sur la
charte nationale, je me rappelle de Saïd Sadi, Rachid Tigziri, Salem Djebara, Mokhtar
Larbi (un économiste marxiste), le défunt Ameur Soltane. Saïd Sadi jouait le rôle de
coordinateur et, à ce titre, il avait sollicité un certain nombre d'autres personnes. Pour la
partie économie, c'étaient Mokhtar, Rachid et Salem qui en étaient chargés. Alors que
pour la partie médecine c'étaient Saïd et Ameur. Enfin, pour la partie culture c'était un
devoir que j'avais fait au Centre de Formation Administratif que Saïd avait repris
intégralement avec juste quelques retouches pour l'adapter à cette publication. J'espère
que ma mémoire ne m'a pas trop trahi.
Concernant ce même texte, Saïd Sadi écrit1 : (…) nous avons été plusieurs à le
fabriquer. Il est composé de deux sources. Des papiers existants, c'est-à-dire antérieurs à
l'annonce de la " Charte" - nous avons ainsi extrait quelques parties d'un travail de Ben
Mohammed à l'époque où il étudiait au centre de formation administrative de Hydra - et
des contributions plus circonstanciées. L'introduction a été rédigée par Mokhtar Larbi,
étudiant en économie, qui a été très actif dans notre groupe (…). Je sais qu'il a associé
Rachid Tigziri et Salem Djebara dans l'élaboration de cet écrit mais il me sera difficile de
te dire précisément quel a été l'apport de l'un et de l'autre. Arezki Benchabane était aussi
du lot (…). J'ai cependant le souvenir que Mokhtar était l'animateur principal du groupe
de sciences économiques. Outre la coordination et l'avant-propos, j'ai aussi rédigé la
conclusion. (…)
Des tracts, un numéro de journal et du théâtre en kabyle
Parallèlement aux activités d’enseignement et de publication, des membres du Groupe
d’Etudes Berbères (GEB) lancent des actions en direction de la communauté immigrée,
notamment :
- des représentations théâtrales (troupe de théâtre Imesdurar2 mise sur pied par Mohia
pour jouer la pièce Llem ik ddu d uḍar ik). Voir, notamment, l’article Une expérience de
théâtre populaire (BEB n°8) de B. Amezyan (Saïd Boudaoui / Boudaoud) ;
- quelques tracts en kabyle qui connaîtront un prolongement sous la forme d’une double
feuille de grand format Afud Ixeddamen3 (un seul numéro paru en juin 1977).
La revue Tisuraf
La revue Tisuraf prendra la suite du Bulletin d’Etudes Berbères dont le dernier
numéro, le 12, est publié en 1977. Le titre de la revue et le sous-titre (Seddaw webrid,
sennig webrid, leqrar is d abrid) sont de Mohia. Tisuraf publiera 7 numéros dans sa série
ordinaire, dont un numéro double (4-5) Femmes berbères élaboré par Ali Sayad et Hanifa
Cherifi. Des numéros spéciaux paraissent : Mazal lxir ar zdat, signé Muḥend-u-Yeḥya
1
Message privé, 18 novembre 2015.
Abdellah Mohia, Mustapha Bounab, Boussad Ben Belkacem, Rabah Maamar, Mohamed-Ameziane
Saïb, Mohand-Oulhadj Laceb, Saïd Boudaoui / Boudaoud, Ramdane Achab.
3
Le numéro grand format de juin 1977 a été fait en groupe : Abdellah Mohia, Aumer U Lamara,
Mohand Oulhadj Laceb, Ramdane Achab, et deux ou trois autres personnes.
2
9
(nom d’auteur de Mohia) qui réunit une partie de sa production poétique ; Akken qqaren
medden (Muḥend-u-Yeḥya / Mohia), recueil de proverbes qui reprend le même titre que le
recueil publié par le Fichier de documentation berbère1 ; un recueil de poèmes signé
Amar Wakli (pseudonyme d’Amar Mezdad) publié sous le titre Tafunast igujilen, avec
une préface de Mohia ; un recueil de poèmes signé Lwennas Iflis (pseudonyme de Saïd
Boudaoui / Boudaoud) publié sous le titre Isefra, avec une préface de Mohia ; un recueil
de poèmes de Idir Ahmed-Zaïd publié sous le titre Isefra umeḥbus. La revue Tisuraf a eu
trois responsables de publication (dans l’ordre chronologique : Boussad Ben Belkacem,
Dominique Casajus et Mohand Khellil) ainsi que des collaborateurs honorifiques.
La coopérative Imedyazen 2
Vers la fin des années 1970, des membres du GEB créent la Coopérative
Imedyazen (Paris, dans le quartier de la Bastille). Le GEB et Les Compagnons Bâtisseurs
organisent début 1978, à la salle de la Mutualité de Paris, un gala avec Aït Menguellet et
Idir qui se produisent bénévolement, ce qui permet à la Coopérative Imedyazen de
financer ses premières activités. Un fait survenu lors de ce gala : impatient de voir et
d’écouter les chanteurs, le public siffle la troupe de théâtre Imesdurar qui jouait en
ouverture du spectacle et la contraint à quitter la scène. De leur côté, Ali Mecili et Hocine
Aït-Ahmed apportent également leur soutien financier à la Coopérative. Celle-ci publie
Langue berbère (kabyle) : initiation à l’écriture (signé : Groupe d’Etudes Berbères /
Auteur : Ramdane Achab), une bande dessinée Briruc (signée Akli Aderbal, pseudonyme
d’Arezki Graïne) et une version du conte Tafunast igujilen (auteure : Malika Chertouk).
La Coopérative Imedyazen édite également les deux premiers 33 tours de Ferhat Imaziγen Imula (l’un d’eux est préfacé par Saïd Boudaoui/Boudaoud qui signe avec un
pseudonyme). Signalons enfin le gala organisé en novembre 1978 par la Coopérative
Imedyazen, à la Mutualité, sous l’animation de Ben Mohammed, avec : Slimane Azem,
Hanifa, Idir, Ferhat, Naït-Issad, un groupe Iḍebbalen et Matoub, invité-surprise, dont ce
fut la première apparition sur scène en France 3.
Enseignement : langue, histoire et civilisation berbères
En matière d’enseignement, le GEB a dès sa création en 1972 fixé les trois axes
suivants : langue, histoire et civilisation berbères. C’est Mbarek Redjala qui assure les
tâches d’enseignement dès 1972. A partir de la rentrée 1974, il est secondé de façon
informelle par Ramdane Achab qui prend en charge les cours de langue. Après la
démission de Redjala en 1976, Achab le remplace et continue d’assurer les cours de
langue, tandis que Boussad Ben Belkacem prend en charge les cours de civilisation et
d’histoire qu’il organise et anime sous forme de conférences-débats. A partir de la rentrée
1979, Hacène Hirèche prend en charge les cours de langue et s’assure la collaboration de
Hamid Salmi, Saïd Boudaoui/Boudaoud et Mhenna Mahfoufi pour les cours de
civilisation. A partir de 1987, c’est Hirèche qui assure seul la quasi-totalité des cours.
L’éditeur
Fort-National, 1955 (1ère édition).
Membres fondateurs (1er conseil d’administration) : Boussad Ben Belkacem, Hend Sadi, Mustapha
Aouchiche, Rabah Aït-Messaoud, Yahia Djafri, Arezki Hamami, Ramdane Achab.
3
Concernant ces deux galas de l’année 1978, les témoignages de Boussad Ben Belkacem, Ben
Mohammed, Hend Sadi, Rabah Aït-Messaoud, Mustafa Bounab, Arezki Hamami et Mohand Oulhadj
Laceb ont été sollicités.
1
2
10
Préface
Les Éditions Achab réalisent aujourd’hui un projet déjà ancien,
celui de réunir en une publication unique les numéros du Bulletin d'études
berbères, périodique fondé en 1973 par le Groupe d'études berbères de
1'Université Paris-VIII avec le concours du Centre de recherche de cette
université. Le volume réunit les douze premiers numéros du Bulletin,
couvrant la période de 1973 à 1977.
Édité avec des moyens modestes, ce périodique n'a pas bénéficié
d'une grande diffusion et il est aujourd'hui pratiquement impossible de se le
procurer, alors qu’il représente une contribution non négligeable aux
études berbères. Il est en effet riche en documents, textes berbères tirés de
la tradition ou écrits pour la circonstance, qui pourraient constituer une
utile documentation en vue d’études diverses, qu'il s'agisse de linguistique,
de dialectologie, ou encore de littérature. On n'a jamais trop de matériaux
dans ces domaines, et ceux-là présentent l'intérêt supplémentaire d'avoir
été mis en forme par des auteurs berbérophones.
Mais le Bulletin mérite d'être mieux connu pour une autre raison,
plus originale, sur laquelle j'insisterai : créé (non sans peine, on le verra à
la lecture des premiers fascicules) dans une jeune université, il est le témoin
et la preuve d'un tournant décisif dans l'histoire des études berbères et, plus
généralement dans celle du monde berbère. Jusqu'aux années soixante,
époque où les pays du Maghreb obtiennent l'indépendance, les
berbérophones n'avaient guère participé à la recherche sur leur propre
langue. Même si 1'on peut citer quelques noms, comme celui de Boulifa,
la plupart des « berbérisants » étaient des étrangers et souvent, qui plus est,
des militaires ou des religieux venant des nations colonisatrices. Les
études, qu'elles fussent désintéressées ou non, se trouvaient en quelque
sorte entachées de partialité aux yeux des berbérophones. Avec les
indépendances, les choses changèrent. Le besoin d’affirmer 1’identité
berbère s'afficha de plus en plus ouvertement, et avec lui le désir de
promouvoir une langue qui, désormais, subissait non seulement, dans la
vie scolaire et administrative, la concurrence de langues européennes,
mais plus encore celle de 1'arabe. En conquérant une place dans
l'université de Vincennes, le Groupe d'études berbères fut l'une des
premières manifestations, la plus visible sans doute, de cette évolution.
Les fondateurs étaient tous berbères, et presque tous kabyles (les textes
publiés l'attestent), tous militants aussi, et tel passage du Bulletin
11
reconnaît franchement que certains articles sont plus politiques que
scientifiques.
Comme universitaire, je me suis toujours interdit, dans mon activité
professionnelle, de sortir de l'objectivité scientifique qui s'impose dans la
recherche. De plus, j'estime que les décisions qui touchent au statut
politique et social du berbère reviennent aux seuls citoyens des pays
concernés. Aux « Langues'O » (plus tard INALCO), puis à l'École des
hautes études, j'ai eu comme étudiants plusieurs des animateurs du
Groupe de Vincennes et parmi eux celui qui fut choisi pour y assurer le
nouvel enseignement, Mbarek Redjala, dont je connais la fougue et le
courage. À cette époque, je n'ai jamais tenté de m'immiscer dans leur
action. En présentant aujourd’hui la réédition du Bulletin, je ne crois pas
me départir de ma règle habituelle de conduite. Plus de quarante ans ont
passé. Au Niger et au Mali, le touareg est une langue « nationale». Au
Maroc, le roi a créé l’IRCAM, Institut royal de la culture amazighe
(berbère). En Algérie, le berbère a reçu un début de reconnaissance
officielle, même si du chemin reste à faire. En France, où les média
parlent souvent d'eux, l'existence des Berbères est mieux connue, bien
qu'il arrive encore qu'on me demande si un Kabyle ou un Touareg sont
berbères. Les associations qui défendent la langue, l'identité et la culture
des locuteurs berbères se sont multipliées. Des publications de tout ordre se
font dans cette langue, et les Éditions Achab en sont le parfait exemple.
Bref, le Bulletin est entré dans 1'histoire, souvenir des premiers combats,
des premiers essais d'écriture dans une graphie élaborée pour un public
étendu, moins compliquée que celle des phonéticiens, mais respectueuse
des grands traits de la langue. C'est ce témoignage d'une période cruciale
qui risquait de disparaître avec les quelques fascicules du BEB qui
subsistent. Il méritait d’être sauvé.
Lionel Galand
Directeur d'études honoraire de libyque et berbère à l’EPHE
Correspondant de l'Institut (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres)
Membre de l'Académie royale des Pays-Bas et de l’Accademia Ambrosiana
(Milan)
12

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