101.2 ko - La France au Portugal
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Presse écrite portugaise : focus hebdomadaire (du 7 au 14 mars 2012) Sélection, sous forme de résumés synthétiques, des deux ou trois sujets majeurs de l’actualité (politique, économique, sociale, culturelle) traités par les principaux titres de la presse écrite portugaise. I –Lusoponte (concessionnaire des ponts du 25 avril et Vasco de Gama) : « Les péages font rouler les têtes » (Expresso du 10 mars). « Lusoponte va rendre 4,4 millions plus des intérêts. » (Publico du 13 mars). L’Expresso du 10 mars, ainsi que de nombreux quotidiens ont développé la polémique qui a éclaté entre le Gouvernement et l’opposition, suite à une question adressée au Premier ministre par un député d’extrême gauche et à laquelle le chef du gouvernement n’a pas su répondre correctement. Pourquoi la société Lusoponte a-t-elle perçu un double paiement de la part de l’Etat (compensations prévues au titre d’un accord en cours de renégociation) alors que le péage du pont du 25 avril demeure traditionnellement gratuit tous les mois d’août ? Un imbroglio entre l’institut national des infrastructures routières, régulateur et indépendant, la société Lusoponte, concessionnaire des deux ponts sur le Tage, la société Estradas de Portugal, gérante des autoroutes, et le secrétariat d’Etat aux travaux publics, ou bien une volonté politique de nuire au gouvernement provoquée par trois membres du conseil d’administration d’Estradas de Portugal, nommés par le précédent gouvernement socialiste ? En 2011, résume le Publico du 13 mars, Lusoponte a maintenu le péage en août sur le pont du 25 avril conformément à une décision du conseil des ministres, après avoir tout de même reçu la somme de 4,4 millions en mars, comme le prévoyait l’accord en cours. Entretemps, après la décision prise en juillet de percevoir la taxe, la négociation pour le neuvième accord de « rééquilibre financier » entre l’Etat et Lusoponte a commencé. Mais en septembre, mois durant lequel le second versement semestriel de compensation est versé, Estradas de Portugal a décidé de ne pas verser les 4,4 millions. Une décision jugée sans « fondements » par Lusoponte au regard de l’accord toujours en vigueur, et qui s’en est plaint. L’institut national des infrastructures routières et le secrétariat d’Etat ont donc décidé de reverser à Lusoponte la somme incriminée. Somme qui sera finalement, selon des sources proches du gouvernement, remboursée à l’Etat avec des intérêts, mettant ainsi en cause la gestion publique de cette « affaire ». II – Des conseillers économiques dans l’ombre. « Antonio Borges, le 12ème ministre. » (Expresso du 10 mars). « Il vient comme consultant, reçoit 25 000 euros et a en mains les grands dossiers de l’Etat. Tels sont les coûts d’un petit gouvernement. » L’Expresso rapporte comment le Premier ministre Pedro Passos Coelho a récemment décidé de confier les principaux sujets économiques du gouvernement à l’économiste réputé, Antonio Borges, ex directeur du FMI pour l’Europe, administrateur de la fondation Champalimaud, et ex collègue de Carlos Moedas (secrétaire d’Etat adjoint auprès du Premier ministre et homme de confiance en charge du suivi du programme d’ajustement économique de la troïka) au sein de Goldman Sachs, en accord avec ce dernier et le ministre des finances. Cette discrète décision, sur fonds de délitement de la gestion des principaux dossiers par le ministère de l’économie, jugé surdimensionné par de nombreux commentateurs, aurait été prise en amont des premiers signes de faiblesse. Le Premier ministre, cité par le journal, estime que le renfort apporté, va « permettre au gouvernement d’acquérir un rythme plus rapide à l’exécution des mesures (…) grâce à une meilleure coordination de l’agenda des transformations structurelles que le gouvernement souhaite concrétiser. » A. Borges coordonne une équipe de cinq économistes depuis la fondation Champalimaud, acceptant à ce titre le règlement de 25 000 euros de la part de Parpublica (contrat annuel signé avec la société publique chargée de la gestion des affaires publiques de l’Etat), somme partagée entre eux, et inférieure au prix du marché. En échange, le pouvoir d’influence accordé par le chef du gouvernement est immense, relève l’hebdomadaire, puisque ce sont les principaux dossiers des ministères des finances et de l’économie qui leur reviennent : études, analyses, recommandations et rapports, propositions de solutions et de contacts internationaux, surtout en matière de privatisations et renégociations des partenariats publics privés avec les banques. Qu’il s’agisse de la restructuration des entreprises de l’Etat, des PPP, ou encore de la recapitalisation des banques, le « ministre de l’ombre » s’occupe de tout. Pour Antonio Costa, directeur du Diario Economico (éditorial du 12 mars), en acceptant cette tâche, Antonio Borges saisit l’occasion historique de pouvoir concrétiser ce qu’il a toujours défendu, affirmant que « les Portugais sont fatigués de payer la présence de l’Etat dans l’économie qui sert surtout à protéger des intérêts et des groupes, et non l’économie et sa compétitivité. » Et de conclure que le Premier ministre aurait dû assumer au grand jour cette nomination, tant elle est cohérente politiquement et économiquement. III – Loi sur le crime d’enrichissement illicite. « Cavaco Silva a voulu sauvegarder la loi » (Correio da Manha du 11 mars). Loi historiquement souhaitée par les socialistes, présentée et votée par le gouvernement actuel, sans tenir compte des réserves constitutionnelles du PS qui a finalement voté contre. Le Président de la République demande une expertise de la loi par la cour constitutionnelle avant de la promulguer. Le Président de la République n’a pas voulu prendre le risque de promulguer une loi qui aura fait l’objet de six mois de débats au Parlement et qui, finalement, n’a pas recueilli le vote favorable des socialistes, pourtant historiquement à l’origine de la volonté de légiférer sur ce sujet. Pour le PS, la loi met en cause la présomption d’innocence, et de ce fait, est inconstitutionnelle. Le PSD, le parti communiste et le bloc de gauche ont voté en faveur des trois projets de loi instituant le crime d’enrichissement illicite, le CDS s’abstenant sur les projets proposés par l’extrême gauche. Un projet présenté par le bloc de gauche, altérant la loi du contrôle public de la richesse des titulaires de fonctions politiques, a également été adopté dans sa généralité, avec le votre contre du PS et l’abstention du CDS. Quant au projet présenté par les socialistes, pénalisant l’absence ou la prestation d’informations erronées sur les revenus et le patrimoine, il a été rejeté par un vote contre l’ensemble des partis, à l’exception de l’abstention des Verts. Durant les débats, le PS a dénoncé la possibilité donnée par la loi d’accuser par le biais d’une non-preuve, une preuve de fait négatif, à savoir que l’augmentation de richesse ne puisse provenir de moyens licites, mettant ainsi en cause le principe constitutionnel de présomption d’innocence. Le Président de la République, relève le journal, a été « réceptif aux risques d’atteinte des droits fondamentaux et de l’inversion de la charge de preuve ». Sa décision ne perturberait cependant pas le PSD, alors que le CDS reconnaîtrait la nécessité d’apporter quelques ajustements. La cour constitutionnelle dispose de 25 jours pour remettre son avis. Si la loi est jugée inconstitutionnelle, elle sera obligatoirement renvoyée au Parlement. Le Correio da Manha rappelle à ses lecteurs que sa pétition publique appelant à la pénalisation de l’enrichissement illicite, envoyée au Parlement en mars 2011, avait réuni plus de 30 000 signatures.