Bamako - Valeria Kolbe
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Bamako - Valeria Kolbe
INALCO – Histoire du cinéma d'afrique subsaharienne – Dossier de Valeria KOLBE – 16/05/13 Ceci est un travail universitaire qui a été validé dans le cadre des cours à l'INALCO. Je vous prie de bien vouloir être indulgent si vous voyez des irrégularités. Le cas échéant je serai sincèrement désolée et vous remercierai de vos remarques à [email protected]. Bamako « Je suis un témoin. » Établissement : INALCO Cours : Histoire du cinéma d’Afrique subsaharienne Un dossier de Valeria KOLBE À rendre le 16/05/13 1/7 INALCO – Histoire du cinéma d'afrique subsaharienne – Dossier de Valeria KOLBE – 16/05/13 Table de matières Introduction..........................................................................................................................................2 1 Le réalisateur et la réalisation............................................................................................................2 2 Résumé du film..................................................................................................................................2 3 Analyse .............................................................................................................................................3 3.1 Melé...........................................................................................................................................3 3.2 Le journaliste.............................................................................................................................3 3.3 Chaka.........................................................................................................................................3 3.4 Les enfants.................................................................................................................................3 5 Choix cinématographiques/esthétiques (manière de filmer).............................................................3 6 Pourquoi ai-je choisi ce film ?...........................................................................................................4 Conclusion............................................................................................................................................4 Bibliographie........................................................................................................................................4 Introduction « Je suis un témoin.1 » C'est avec ces mots qu'un jeune homme essaye d'entrer dans un tribunal qui se tient dans une cour à ciel ouvert à Bamako. Le gardien le refuse car il ne figure pas sur la liste. Néanmoins, le lendemain, on retrouve ce « témoin » devant le juge en train de raconter son histoire, car ici, dans cette cours, on écoute ceux qu'on écoute presque jamais, ceux qui subissent l'injustice de la mondialisation. « Bamako » est un film fictif qui se caractérise par quelques aspects quasiment documentaires 2. Il s'agit d'un tissage complexe entre le procès et les actions qui l'entourent. C'est ce que nous allons analyser dans ce travail. 1 2 Extrait du film à 0h28 Revue.org 2/7 INALCO – Histoire du cinéma d'afrique subsaharienne – Dossier de Valeria KOLBE – 16/05/13 1 Le réalisateur et la réalisation Abderrahmane Sissako est né en 1961 en Mauritanie mais passe son enfance au Mali. A partir de 1983, il suit les cours de l'Institut fédéral d'Etat du cinéma à Moscou (VGIK). 3 Abderrahmane Sissako vit en Europe et a l'impression de faire du « cinéma d'étranger4 ». Avec Bamako, il voulait faire un film pour les Africains et retourner à ses sources : Le tribunal a lieu dans la cour où il a passé son enfance. « Il a laissé les audiences de ce "tribunal improbable" aux bons soins des intervenants, avocats français, magistrats africains, qui ont improvisé plaidoiries et interrogatoires. Mais il a aussi écrit et mis en scène la trame fictive très serrée qui entoure le cérémonial judiciaire, les histoires quotidiennes, les envolées imaginaires, qui s'entrecroisent autour des audiences et nourrissent les débats.5 » Bamako a été tourné en 2006 et présenté la même année hors compétition au Festival de Cannes. De plus, il a reçu le Grand Prix du Public des Rencontres du Festival Paris Cinéma 2006. 2 Résumé du film Jour 1 : C'est une matinée quotidienne. Melé, une belle jeune femme, part de sa maison. Dans sa cour, un tribunal commence le procès des représentants de la société civile africaine contre la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). On voit Melé au travail : Elle chante dans un bar. Quand elle rentre chez elle, elle s'inquiète pour sa fille car elle a de la fièvre, mais son mari, Chaka, reste indifférent. Jour 2 : Le lendemain matin, Melé se prépare pour partir au travail pendant que le procès reprend. On écoute la témoin Aminata Traoré, écrivaine et ex-ministre. Plus tard, le jeune témoin qui avait d'abord du mal à entrer, raconte comment il a essayer d'émigrer en l'Espagne. Le soir, un petit western passe à la télé. Jour 3 : Un ancien instituteur témoigne ensuite. Puis, Chaka va à l'église. Jour 4 : Un témoin se présente mais il reste muet. Une femme témoigne d'un complot. Melé danse avec un homme dans le bar. Chaka révise l'hébreu à la maison. Jour 5 : C'est le discours de l'avocat Roland Rappaport qui défend la Banque mondiale et le FMI. Un griot interrompt le procès avec son chant. Ensuite, William Bourdon, qui représente les parties civiles, donc la population africaine, lance ses propos. Le soir, Chaka couche sa fille. Melé chante au bar en pleurant. Chaka se suicide avec un revolver. Tous ceux, qui assistent au procès, participe à la cérémonie funèbre. 3 4 5 Africultures.com Lemonde.fr Lemonde.fr 3/7 INALCO – Histoire du cinéma d'afrique subsaharienne – Dossier de Valeria KOLBE – 16/05/13 3 Analyse Dans le film se mélangent les histoires de nombreux personnages. Nous allons en distinguer quelques uns et en établir les liens. 3.1 Melé Le seul lien apparent avec le procès est le fait que Melé habite avec sa famille dans la cour ou le procès a lieu. Mais, on remarque des liens sous-jacents : L'histoire de Melé semble être une métaphore pour ce dont parle le procès. La pratique s'oppose à la théorie. En « snobant6 » le tribunal et en partant au travail elle gagne de l'argent pour nourrir sa famille tandis que les autres « perdent » leur temps à discuter voire à se disputer comme des enfants. Elle prévoit même de partir travailler à Dakar, ce qui est un autre lien avec le procès, où la migration est entre autre exposée. Effectivement, un témoin raconte son échec en ayant voulu partir en Espagne. 3.2 Le journaliste Le journaliste représente la capitalisme et la consommation. Il dit qu'il préfère filmer la mort. Apparemment, un événement si tragique se vend mieux. Un problème, qui pourrait être une raison des difficultés du continent africain, est donc que l'humain est toujours plus sentimental que rationnel. En revanche, le suicide de Chaka est une métaphore sentimentale pour les paroles rationnelles des avocats et de voir la vidéo de la cérémonie funèbre pourrait secouer les gens positivement. 3.3 Chaka Chaka, le mari de Melé, parcourt un évolution importante le long du film. Nous le voyons silencieux et sans travail. Il est à la recherche d'un sens à sa vie. Il apprend l'hébreu et écoute les paroles des témoins, magistrats et avocats. Il va aussi dans une église en espérant y trouver du secours et essaye de se rejouir de son rôle de père. Son suicide montre à quel point une amélioration des conditions de vie est urgente. Les bonnes paroles n'ont pas pu l'en empêcher. 6 Cineclubdecaen.com 4/7 INALCO – Histoire du cinéma d'afrique subsaharienne – Dossier de Valeria KOLBE – 16/05/13 3.4 Les enfants Le comportement des enfants, sérieux et adulte, décrit bien ce dont parlent les témoins. La fille de Melé et Chaka semble ne pas vouloir ajouter de soucis à ses parents et reste donc sage. Une autre fille un peu plus âgée prends soin d'une petite fille et aide une vieille dame à filer du coton. Plusieurs enfants aident tous les matins à préparer le tribunal et on se demande si ce n'est pas du travail qui devrait être réservé aux adultes. Jamais on ne voit un enfant parler de l'école ou faire des devoirs. Peut-être qu'ils y vont, mais cela ne joue pas de rôle. 5 Choix cinématographiques Bamako présente des choix cinématographiques nouveaux et courageux. 5.1 L'importance du discours Les discours des témoins, magistrats et avocats sont denses et les photos qui les accompagnent ne soulignent pas forcément leur sens. Leur écoute demande donc de la concentration. « La stérilité de la parole est aussi ce qui fonde son autonomie et permet qu’elle s’émancipe du réel auquel elle s’efforce de rendre justice. Parole de plein air, parole libre comme l’air. 7 » Nous avons donc une parole indépendante de l'image. Pendant que les personnages tiennent leur discours, nous voyons par exemple des femmes au travail, des hommes qui écoutent les paroles grâce à un haut-parleur, distraitement ou de façon concentrée, un petit enfant se baladant dans la cour et les conversations entre Chaka et le journaliste. Le plus souvent les gens parlent peu. On peut donc supposer qu'ils écoutent, même s'ils continuent leurs activités. Les mots survolent le quartier et lui donnent une ambiance réfléchissante. Le petit western qui se joue à Tombouctou, avec des cow-boys, noirs comme blancs, ne semble pas avoir de rapport avec la parole à première vue. En revanche, il y a aussi des images qui créent des liens directs, comme les personnes regardant ce qui se passe pardessus le mur de la cour et la scène dans le désert qui illustre ce que dit un témoin. Le discours semble détaché de la vie des habitants. Il y a un décalage entre le niveau de la parole et le niveau de vie. « Si la parole prodiguée ne croit pas à une efficacité après-coup, elle produit donc là, dans le temps du procès, une neutralisation de l’agressivité du monde, une annulation provisoire des tragédies, une suspension des hostilités au profit de la pacifique joute dialectique.8 » L'indépendance de la parole permet aussi qu'elle développe ses propres forces. Cela s'observe 7 8 Cahiersducinema.net Cahiersducinema.net 5/7 INALCO – Histoire du cinéma d'afrique subsaharienne – Dossier de Valeria KOLBE – 16/05/13 particulièrement chez les deux avocats français. Ainsi, ils baissent et lèvent la voix, ont une argumentation tactique et utilisent des figures de rhétorique. William Bourdon répète par exemple six fois « Elle a mis à genoux l'Afrique9 » en parlant de la dette. Il s'agit ici d'une allitération. Roland Rappaport utilise une métaphore en disant « L'Afrique est l'orphelin qui réclame le sein de sa mère10 ». 5.2 Images contrastées « L’activité ininterrompue alentour garantit à l’image les compositions contrastées (robe d’avocat et chèvre)11 ». Nous voyons aussi un tissu rouge fraîchement teinté, puis le désert mortel. Dans cette combinaison, le tissu reçoit une connotation tragique à cause de sa couleur. La musique crée également un contraste en étant joyeuse comme s'il s'agissait d'une simple balade pour les hommes marchant dans le désert. 6 Pourquoi ai-je choisi ce film ? Quand j'ai entendu parler d'un film qui reconstitue un procès fictif entre la population africaine et la Banque mondiale et le FMI, j'ai tout de suite été intéressée, car je trouve que cette thématique est très importante. De plus, je m'intéresse à la politique et je suis d'avis qu'il faut bouger les choses. Conclusion Nous avons étudié le film Bamako d'Abderrahmane Sissako. Le réalisateur a réussi de manière originale à nous faire connaître la problématique oppressante de la dette. Il s'est servi de moyens très divers, comme les petites histoires des habitants, la force de la parole et l'indépendance de l'image. Personnellement, je considère ce film comme étant une dénonciation unique qui est nécessaire et très marquante. Bibliographie Le Monde : http://www.lemonde.fr/cinema/article/2006/10/20/abderrahmane-sissako-pour-en-finiravec-le-cinema-du-nord_825800_3476.html, consulté le 15/05/13. 9 Extrait du film à 1h32 10 Extrait du film à 1h39 11 Cahiersducinema.net 6/7 INALCO – Histoire du cinéma d'afrique subsaharienne – Dossier de Valeria KOLBE – 16/05/13 Cahiers du Cinéma : http://www.cahiersducinema.net/Critique-Bamako-La-Cour-est-dans.html, consulté le 15/05/13. Bamako : un film réalisé par Abderrahmane SISSAKO et publié en 2006. CinéClub de Caen : http://www.cineclubdecaen.com/realisat/sissako/bamako.htm, consulté le 15/05/13. Les Cahiers d'Outre-Mer : http://com.revues.org/2577, consulté le 15/05/13. Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bamako_%28film%29, consulté le 15/05/13. Africultures : http://www.africultures.com/php/?nav=personne&no=3307, consulté le 15/05/13. Télérama : http://www.telerama.fr/cinema/films/bamako,268408.php, consulté le 15/05/13. 7/7