Attaque du Thalys : « Sans eux, nous serions tous morts

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Attaque du Thalys : « Sans eux, nous serions tous morts
Attaque du Thalys : « Sans eux, nous
serions tous morts »
François Hollande recevra lundi à Élysée « les citoyens
américains, français et britannique » ayant permis
d’éviter un carnage à bord du train Thalys.
Ce sont trois jeunes américains, amis d’enfance, en vacances en Europe et qui
rentreront aux États-Unis en « héros ». Aleksander Skarlatos, Spencer Stone
et Anthony Sadler, qui ont été salués par leur président Barack Obama pour
avoir empêché un carnage vendredi dans le Thalys Amsterdam-Paris, seront
également reçus par François Hollande lundi à l’Elysée. Epaulés par un
sexagénaire britannique, Chris Norman, et un Français de 28 ans, ils ont
désarmé et maîtrisé un suspect lourdement armé qui avait commencé à faire feu
dans le wagon.
Touché lui aussi dans la mêlée par des coups de cutter, Spencer Stone est
sorti samedi après-midi de la clinique de Lille-Sud, à Lesquin, le bras
gauche en écharpe. Ses deux amis, Alek Skarlatos et Anthony Sadler, avaient
pu raconter les événements dès vendredi soir dans une brasserie d’Arras. Tous
trois ont été entendus samedi par la police. Les trois jeunes Américains se
connaissent depuis leur enfance passée en Californie. Le « First Class »
Stone, 23 ans, de l’armée de l’air, basé aux Açores, et le soldat Skarlatos,
22 ans, de la Garde nationale dans l’Oregon, sont des militaires, Sadler, 23
ans, un étudiant.
« Alek a dit à Spencer ’Vas-y, occupe-toi de lui’ »
Tous trois se trouvaient dans le Thalys 9364 circulant entre Amsterdam et
Paris pour une nouvelle étape de leurs vacances en Europe. Il semble que ce
soit Stone, gaillard de 1 m 90 et adepte des arts martiaux, qui ait pris le
plus de risque. « Il a été le premier à sauter sur le type, c’est lui qui a
été entaillé », a confié Sadler à Reuters. « C’est notre ami, alors lorsque
nous l’avons vu se lever, nous devions le suivre et l’aider […] C’était une
situation de folie », a poursuivi l’étudiant, inscrit à la Sacramento State
University.
Sadler ajoute que tout s’est passé très vite après un premier coup de feu,
celui qui a blessé le passager français, alors que la Kalachnikov AK-47 du
tireur semblait enrayée. « J’ai vu que tout le monde baissait la tête et
lorsque je me suis retourné, le tireur venait juste d’entrer dans la voiture
avec son AK. » Tard vendredi soir, le Britannique Chris Norman, 62 ans,
avait expliqué devant la presse: « Alek a dit à Spencer ’Vas-y, occupe-toi de
lui’. Spencer s’est précipité et l’a plaqué au sol. Ils ont commencé à
maîtriser le terroriste. » « Sans Spencer, nous serions tous morts », a-t-il
précisé samedi. Les trois Américains ont roué Ayoub El-khazzani de coups
jusqu’à ce qu’il perde connaissance. Aidé du passager britannique, ils l’ont
ligoté puis ont porté assistance au passager français.
« Il rentre d’Afghanistan et doit livrer bataille
en vacances en France… »
Barack Obama, qui avait salué dès vendredi soir leur « acte héroïque », les a
appelés samedi soir au téléphone pour leur dire « combien l’ensemble des
Américains étaient fiers de leur courage extraordinaire », a rapporté la
Maison blanche. « Ces hommes sont des héros », a déclaré le général Philip
Breedlove, commandant suprême des forces de l’Otan en Europe. François
Hollande, qui s’est entretenu samedi matin au téléphone avec eux, les recevra
lundi matin à Élysée afin de leur « témoigner la gratitude de la France », a
annoncé la présidence française. La SNCF va quant à elle aider leurs familles
à venir en France si elles le souhaitent.
Joint par téléphone chez lui, à San Jose, en Californie, Tim Eskel, l’oncle
du « First Class » Stone a dit combien toute sa famille était fière de lui.
« Spencer est quelqu’un de très courageux, il a un cœur énorme », a-t-il
ajouté. Emanuel Skarlatos, le père d’Alek, se réjouissait lui que les choses
aient bien tourné. Son fils rentrait d’une affectation en Afghanistan. « Un
gars rentre d’Afghanistan et doit livrer bataille en vacances dans un train
en France… », dit-il, interdit. Quant à Anthony Sadler Sr, le père du
troisième de la bande, il dit éprouver toujours des difficultés à réaliser ce
qui s’est passé vendredi à bord du Thalys. « Mais nous sommes fiers de lui et
nous sommes très reconnaissants envers Dieu qu’il n’ait été ni touché, ni
tué », dit ce pasteur de 57 ans qui officie à l’église baptiste de Shiloh, à
Sacramento.
© Le Monde.fr
Source : Attaque du Thalys : « Sans eux, nous serions tous morts »