Défleurissement de la nature, fleurissement des villes Les ronds

Transcription

Défleurissement de la nature, fleurissement des villes Les ronds
La plante dans le monde urbain au XXI siècle
e
Défleurissement de la nature,
fleurissement des villes
Peut-on encore concevoir une ville dépourvue de fleurs ? Alors que les milieux
sauvages (ou supposés tels) s’appauvrissent partout, nos villes, qui se contentaient autrefois d’un jardin public où l’on allait le dimanche en famille, se transforment en décors fleuris, parfois jusqu’au ridicule.
Forcalquier
Est-ce nostalgie de nature, désir de printemps perpétuel ? L’attitude actuelle
de nos sociétés à l’égard des plantes traduit l’ambiguïté de leur rapport à
l’environnement, la primauté du spectacle sur la réalité.
Qu’en est-il ici de la relation au végétal ? Comment ces réalisations sont-elles
perçues par les usagers de la ville ?
Les ronds-points,
lieux de création paysagère ?
A Apt, sur la N 100, deux ronds-points veulent résumer, l’un le paysage construit par l’homme, l’autre le paysage naturel.
Depuis une vingtaine d’années, en périphérie et à l’intérieur des villes, les
ronds-points, nouveaux espaces de l’invention paysagère, sont de vastes et
coûteuses créations aux propos aussi affirmés que disparates.
Dans notre région, ils proposent un résumé de ce qui est perçu comme
paysage rural : lavandes, oliviers, cyprès, murs de terrasses, bories, etc.
Ces concentrés de paysage s’appuient sur les poncifs paysagers du Midi.
En Provence, les cyprès sont très rarement associés aux oliviers, et encore
moins à la lavande. La référence aux cartes postales l’emporte largement sur
l’évocation du réel. Les allusions aux chênes et pins sont encore trop rares
dans les paysages de giratoires.
Ces créations mettent en scène le végétal de façon plus ou moins décalée,
parfois incongrues : vieilles voitures converties en bacs à fleurs, etc. Il arrive
que l’objet même soit parodié : brosses de plastique vert à la place du gazon,
mini-bories associées à des arbres non méditerranéens comme le bouleau...
Un nouvel intérêt pour la flore
d’ornement indigène
Jusque dans les années 1970-80, les concepteurs des “espaces verts” privilégient quelques arbres standards, diffusés en grand par les jardineries :
“cyprès bleus”, prunier de Pissard à feuillage pourpre, érable négondo à feuilles
panachées, “acacia boule”, laurier-cerise... se diffusent dans toute la France,
sans aucune attention aux particularismes paysagers régionaux. Beaucoup de
jardins privés et de lotissements se calquent sur ces choix réducteurs.
De nos jours, les plantations urbaines et routières se diversifient. On prend en
compte les ressources de la flore méditerranéenne, bien adaptées à la sécheresse : chêne vert, pin parasol, grand genêt d’Espagne, sumac fustet, gattilier,
dorycnie hérissée, santoline, argousier...
Sumac fustet (arbre à perruques), spartier, églantier.
Argousier
Digne-les-Bains
Manosque