[CONCARNEAU - 11] TB/SUD/PAGES 07/01/12
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11. Cornouaille. Le dossier du jour Samedi 7 janvier 2012 Le Télégramme Soins de suite. Meilleure régulation en vue Comment mieux réguler les soins de suite et de réadaptation en Cornouaille ? L’Union hospitalière de Cornouaille envisage une cellule unique, et s’appuie déjà sur un logiciel très réactif. L’Assurancemaladie, elle, veille aux bonnes pratiques. Sylvie Lamot, cadre de santé au Centre Jean-Tanguy (Saint-Yvi) consulte, grâce à un logiciel spécifique, l’état et la qualité des demandes de soins de suite, en temps quasi réel. Il faut que l’on ait le bon malade, dans le bon lit, pour la bonne durée ». André Pochet Repères 343. Le nombre de lits (319) et places (24) publiques de SSR en Cornouaille, contre 296 lits (256) et places (40) dans le privé. 1.666. Le nombre de demandes de places de soins de suite accordées via le logiciel de régulation, entre janvier et novembre 2011, depuis 18 services de court séjour du Chic vers cinq structures SSR. 21. Le nombre d’établissements publics et privés de soins de suite dans le Finistère, dont six en Cornouaille. 582.926. Le nombre de journées d’hospitalisation complète en SSR dans le Finistère en 2010. 34.613. Le nombre de journées d’hospitalisation de jour en SSR dans le Finistère en 2010. 17.985. Le nombre de patients pris en charge en SSR dans le département en 2010, dont 6.813 dans le Sud-Finistère. 26 M¤. Le montant des dépenses de soins de kinésithérapie réalisés en Ville (chez des libéraux) en 2010 dans le Finistère. En progression de 4,62 % en octobre 2011. Ces données concernent les patients du régime général. 9,8. Le nombre de kinés pour 10.000 habitants dans le Finistère, 8,9 en Bretagne. Avec une concentration en ville et sur la frange littorale. Centre Jean-Tanguy (Saint-Yvi). La cadre de santé Sylvie Lamot consulte, sur son ordinateur, la liste des demandes d’inscription en soins de suite et de réadaptation (SSR). Une dizaine de nouvelles requêtes s’affichent. Elles proviennent toutes de services de médecine et chirurgie du centre hospitalier de Cornouaille (Chic). Quelques clics lui permettent de découvrir, en temps réel, une sorte de photographie précise de l’état de santé, des prescriptions, du degré d’autonomie, de l’environnement social des patients concernés… Elle visualise également la liste des centres sollicités ainsi que leurs réponses favorables, défavorables ou en attente et les motivations qui ont dicté les choix. Immédiateté et transparence ? « Oui, on gagne en qualité d’information, en réactivité, en anticipation, à condition que tout le monde joue le jeu », répond-elle. Jusqu’à 15 à 20 patients par jour Sylvie Lamot s’est en fait connectée à « Alfa Lima Orientation », un logiciel récent spécialement dédié à la régulation des flux de patients entre les structures de court séjour du centre hospitalier de Cornouaille et les unités de SSR environnantes. « En gros, il faut que l’on ait le bon malade, dans le bon lit, pour la bonne durée, en rendant le service de proximité au patient », résume André Pochet, directeur du centre Jean-Tanguy, géré par l’organisme privé à but non lucratif Ugecam, et référent du projet SSR à l’Union hospitalière de Cornouaille. « Cet outil, qui est vraiment l’expression des besoins de terrain des professionnels, s’inscrit dans la volonté de mieux réguler. Pour le moment, il permet une orientation plutôt polyvalente, il nous faut affiner vers une orientation par filières », éclaire-t-il. « Chaque jour, sur le territoire, jusqu’à 15 à 20 patients doivent être admis vers un SSR polyvalent, neurologique ou gériatrique, hors rééducation. Ces patients doivent être aiguillés vers Quimper, Douarnenez, Pont-l’Abbé, Saint-Yvi et Bénodet. On constatait qu’on perdait beaucoup de temps dans le choix et dans le tri », rapporte André Pochet. « Pourquoi perdre du temps dans le choix quand on sait qu’à partir d’un moment il n’y aura plus de choix, particulièrement en phase de suroccupation chronique du Chic », interroge-t-il ? D’autant que ce temps perdu se doublait d’« une défiance inexacte à l’analyse : le voisin prenait toujours le meilleur malade », assure-t-il. Cellule territoriale et filières « L’idée, c’est donc de mettre en place une cellule territoriale de régulation. Au lieu d’avoir cinq ou sept cellules d’admission dans chaque établissement public et privé, on en aurait une commune, avec un médecin et une infirmière coordinateurs, une assistante sociale, un secrétariat… Ça devrait coûter moins cher », expose-t-il. Comment se concrétisera l’orientation par filières ? « La priorité, c’est le respect du choix du patient, la proximité, étant donné qu’on s’adresse souvent à un public âgé, avec toute l’émotion suscitée par une hospitalisation. Et on fait le lien avec la spécialisation. Par exemple, pour les suites d’accidents vasculaires cérébraux, on oriente déjà vers la clinique des Glénan à Bénodet (20 lits dédiés). C’est la meilleure chance de récupération pour le patient. À Jean-Tanguy, c’est plutôt les soins de suite polyvalents et la gériatrie. Chacun a un peu ses spécialités, même si Douarnenez fonctionne seul », illustre André Pochet. Cette approche va dans le sens de la création envisagée de véritables filières de soins à l’échelle de l’Union hospitalière de Cornouaille. Elle recèle un autre intérêt pour le directeur de Jean-Tanguy: « Si on trouve rapidement des solutions pour les patients dont les conditions sont réunies, on peut se concentrer sur des cas plus difficiles : des patients socialement défavorisés, aux pathologies lourdes ». Quarante lits de Quimper à Saint-Yvi Le schéma, qui reste à discuter avec l’ensemble des acteurs privés, devrait aussi s’accompagner d’un glissement des 40 lits quimpérois de soins de suite, du centre hospitalier de Cornouaille vers le centre de convalescence de Saint-Yvi, à mi-chemin entre Quimper et Concarneau. « Nous envisageons de passer de 90 à 130 lits en 2015. Ça se traduira par une extension neuve et une remise à niveau totale de l’établissement (9 M¤) », résume le directeur de Jean-Tanguy. « On en profitera pour anticiper les dix ans à venir, dans la perspective entamée du vieillissement de la population. Ici, la moyenne d’âge des patients est passée de 70 à 78 ans », signifie-t-il. Le dossier va être prochainement transmis à l’Agence régionale de santé. Parallèlement, le Chic projette de réorienter la rééducation neurologique et traumatologique vers son site de Concarneau. En attendant, une autre cadre de santé, Catherine Naviner, du service dermatologie de l’hôpital quimpérois, confirme que le logiciel constitue « un excellent outil d’aide à la prise en charge, car en rendant plus lisible la situation des patients, il contribue à favoriser les conditions d’une meilleure récupération, puis d’un retour à domicile, où ils seront bien mieux ». Bruno Salaün La Sécu veille aux coûts de prise en charge « La politique de régulation des soins de suite et de réadaptation poursuit un double objectif : le premier, c’est de respecter les référentiels de la Haute autorité de santé (HAS), avec la nécessité de recours au mode de prise en charge le plus adapté et au meilleur coût », insiste Sébastien Seuron. « Le second vise à libérer les places occupées par les patients pouvant recourir à des soins en ville, afin de privilégier l’inscription en SSR de patients devant en bénéficier en priorité », complète le directeur adjoint à la gestion du risque à la Caisse primaire d’assurance-maladie du Finistère. Illustration avec l’instauration, fin 2011, du principe de mise sous accord préalable pour les soins de suite consécutifs à quatre actes chirurgicaux retenus par la HAS. « Il s’agit de l’arthroplastie de genou par prothèse totale ou partielle du genou ; de la chirurgie de la rupture de la coiffe des rotateurs de l’épaule ; de la ligamentoplastie du liga- ment croisé antérieur du genou ; de l’arthroplastie de hanche par pose d’une prothèse totale de hanche en première intention », détaille Sébastien Seuron. « Autrement dit des actes pour lesquels la HAS considère qu’ils peuvent être suivis, sans aucun danger, dans le cadre de la médecine ambulatoire plutôt qu’en établissement », souligne-t-il. « Écart minimal de 1.500 ¤ » « Cette mise sous accord préalable concerne, à titre expérimental, et pour six mois, cinq établissements bretons qui assurent des SSR », précise Claudine Quéric, directrice de la CPAM du Finistère. « Les médecins du service local de l’Assurance-maladie se prononceront dans un délai de 24 heures, excepté le week-end. La mise sous accord préalable ne signifie pas qu’il y aura un avis défavorable à chaque fois. Car il s’agit de prendre en compte la santé et l’environnement social du patient, afin d’éviter toute réhospitalisation et favoriser un bon retour à domicile », assure-t-elle. « Deux exemples : pour une ligamentoplastie, on peut très bien avoir un refus pour un patient de 35 ans, sans pathologie associée et on aura un accord pour une prothèse totale de hanche chez une personne de 78 ans avec des pathologies associées et isolée socialement », illustre Sébastien Seuron. Sa directrice insiste tout de même sur les économies entrevues. « L’écart minimal dans le suivi du ligament croisé antérieur s’élève à 1.500 ¤ entre une hospitalisation complète (4.680 ¤ pour trois semaines en moyenne) et un kiné libéral (entre 1.378 ¤ et 3.175 ¤), en ayant tout pris en compte : les frais de transports, soins. Ce n’est pas neutre », fait-elle valoir. Cette incitation à modifier les pratiques viserait aussi à les harmoniser sur le territoire.