Un candidat de Mars One répond aux questions d`Ingénieurs

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Un candidat de Mars One répond aux questions d`Ingénieurs
Un candidat de Mars One répond aux questions d’Ingénieurs Canada
L’ingénieur stagiaire de Calgary Zac Trolley fait partie des 43 Canadiens et Canadiennes sur la liste
restreinte de Mars One, organisme à but non lucratif qui planifie la création du premier établissement
humain permanent sur mars dès 2025. L’appel initial de candidatures a suscité des réponses de
200 000 personnes remplies d’espoir dans 140 pays. Le nombre de candidatures a été ramené à 1 058
au mois de décembre 2013 au terme de la première phase. Les prochaines phases de sélection auront
lieu cette année et en 2015.
Mars One prévoit le lancement dans l’espace d’équipes de quatre personnes tous les deux ans, à partir
de 2024. Celui de la première mission non habitée est prévu en 2018. Nous avons posé quelques
questions à Zac à propos de son désir d’aller sur Mars.
[Photo gracieusement fournie par Rebekah Jarvis.]
NOM : Zac Trolley, Twitter: @ZacTrolley
ÂGE : 31 ans
LIEU DE RÉSIDENCE ACTUEL : Calgary, en Alberta
EMPLOI ACTUEL : Ingénieur de projet, AMEC
ASSOCIATION : ingénieur stagiaire membre de l’APEGA
DIPLÔME : B. ing. en génie électrique, Université Lakehead, 2011
Zac sera le conférencier principal à l’assemblée annuelle d’Ingénieurs et Géoscientifiques NouveauBrunswick qui se tiendra le 21 février à Moncton, au Nouveau-Brunswick. Michael Meyer, de la NASA,
présentera une séance de perfectionnement professionnel intitulée « The Potential for Life on Mars:
Past, Present or Future ».
1. Qu’est-ce qui a suscité votre intérêt pour les voyages dans l’espace et Mars One?
Je m’intéresse à Mars depuis mon plus jeune âge, alors que j’étais fasciné par le ciel étoilé. Nous
possédions un chalet quand j’étais jeune et, sans la pollution lumineuse de la ville, l’éclat des étoiles
avait tout ce qu’il faut pour stimuler l’imagination d’un petit garçon. J’adore la science-fiction et les jeux
vidéo dans l’espace. J’ai toujours voulu avoir mon propre vaisseau spatial.
Amener des gens sur Mars est la première étape de ce rêve qu’on les humains de coloniser une autre
planète. Tout comme c’est grâce à l’esprit innovateur des frères Wright que tout le monde peut
aujourd’hui se déplacer en avion autour du monde, les voyageurs à destination de Mars établiront un
camp de base qui préparera la voie aux personnes souhaitant voyager dans le système solaire. À mes
yeux, Mars est l’élément catalyseur qui inaugurera une ère de progrès débouchant sur des merveilles
difficiles à imaginer.
2. En dehors du génie, qu’est-ce qui, dans vos antécédents et votre personnalité, vous fait croire que
cette mission est faite pour vous?
Mon plus grand atout est mon désir de voir cette mission se réaliser. Tout le talent du monde demeure
inutile si on ne le met pas à profit. Je suis porté vers la technique et j’apprends vite, mais je ne suis
absolument pas un génie. Je n’ai nullement l’intention de renoncer à mon rêve, ce qui me donne de
l’avance sur tous les génies peu intéressés à se consacrer à un objectif. J’ai emprunté plusieurs voies
déjà et me suis retrouvé dans des culs-de-sac, mais j’en reviens toujours à mon rêve à propos de Mars.
Ce n’est rien de concret, comme un diplôme ou un titre, mais le sentiment de marcher dans la bonne
direction.
3. Parlez-nous de la façon dont s’est déroulé le processus de sélection pour Mars One jusqu’à présent.
Le processus de sélection s’est révélé être un véritable tourbillon. La présentation de ma candidature se
résumait à une vidéo d’une minute et la réponse à des questions expliquant pourquoi j’étais le candidat
idéal pour cette mission. Après avoir appuyé sur le bouton d’envoi, je n’y ai plus vraiment pensé. Il y a
eu des milliers de candidatures, juste en provenance du Canada; je n’étais qu’un homme parmi tant
d’autres. Jamais je ne m’attendais à être choisi et je ne le réalise pas encore tout à fait. Une chose que
l’expérience m’a apprise, c’est de toujours mettre son nom dans le chapeau; on ne sait jamais quelle
occasion peut s’offrir à nous.
Je suis en train de remplir le formulaire médical. Après quoi ce seront les entrevues régionales. Je suis à
la fois très enthousiaste et nerveux. Beaucoup de personnes éminemment qualifiées ont posé leur
candidature et j’ai hâte de les rencontrer. Ce ne sera pas évident d’être en concurrence avec elles, car
nous faisons tous partie de la même équipe et nous avons tous le même but. Il y a beaucoup de place
sur Mars; ceux d’entre nous qui seront éliminés peuvent présenter de nouveau leur candidature pour
Mars Two et Mars Three.
L’attention des médias a surpris tout le monde. Je ne cesse de penser aux voyages dans l’espace et je
rencontre des gens pour qui c’est impensable. Essayer d’expliquer sa passion à un auditoire sceptique
lors d’une interview radiophonique est une chose à laquelle je n’étais pas préparé.
C’est difficile d’exprimer par des mots des idées que vous en êtes venu à considérer comme des réalités.
C’est très difficile d’expliquer nos espoirs et nos rêves à des gens qui ne sont pas d’accord avec nous.
4. Que souhaitez-vous réaliser avec cette mission?
Je veux ouvrir le système solaire à l’exploration humaine. Il y a une abondance de ressources dans notre
ciel – tellement de ressources que c’en est presque infini à l’échelle humaine. Il nous faut accéder à ces
ressources pour prouver notre capacité de vivre dans l’espace et sur des planètes inhospitalières. La
Station spatiale internationale a fait la preuve de notre capacité à vivre dans l’espace. Mars One
apportera la preuve que nous pouvons vivre sur d’autres planètes. Après quoi le système solaire nous
appartiendra. Cette mission viendra combler tous les rêves de voyage dans l’espace des années 1950 et
1960.
5. Comment envisagez-vous de mettre le génie en évidence?
Dans mon bagage d’ingénieur, le plus grand atout que je possède, ce ne sont pas les connaissances
techniques mais bien un mode de réflexion. Le génie exige que l’on décompose un problème pour en
arriver à ses éléments, à les résoudre l’un après l’autre et à reconstituer le tout. Dans une mission de
cette envergure, on ne peut aborder tous les problèmes à la fois. Pour réussir, il faut créer des
méthodes, des technologies et des procédures nouvelles. Être capable d’isoler chacun des problèmes
sans perdre l’ensemble de vue représente une aptitude d’une valeur inestimable.
6. Jusqu’à quel point est-il important de voir des ingénieurs prendre part à Mars One?
La participation d’ingénieurs constitue un élément absolument essentiel. Étant un grand partisan de la
science citoyenne, je suis également convaincu de l’importance du rôle de l’externalisation à grande
échelle et de la population en général dans Mars One. Le rôle des ingénieurs sera de rassembler le
travail de gens partout dans le monde et d’établir un plan viable pour la mission. Pour connaître la
réussite à cette échelle, il faut encadrer les grandes idées par une structure rigoureuse. Pour pouvoir
décoller vers Mars, il nous faut de la discipline, de procédures ayant subi l’épreuve du temps et
l’expertise technique d’un noyau d’ingénieurs bien constitué.
7. Que ressentez-vous à l’idée de partir pour un voyage sans retour?
Ça ne m’inquiète pas. En général, les gens en sont renversés, mais c’est sur Mars que je veux être. Si
quelqu’un vous offrait le travail dont vous avez toujours rêvé sur le terrain en vous disant que plus
jamais vous ne vous retrouveriez dans un bureau, que répondriez-vous? Mars One est un aller simple,
mais j’ai bien l’intention de revenir sur Terre un jour ou l’autre. Ce n’est pas parce que cela ne fait pas
partie du scénario de la mission Mars One que ça ne se produira jamais. Il faudra peut-être attendre
30 ans avant qu’il y ait des vols réguliers entre la Terre et Mars, mais je suis convaincu que cela arrivera.
Nous nous rendons maintenant souvent à la Station spatiale internationale. Mars One est une expansion
de ce réseau de transport consistant à construire un avant-poste et à y laisser des gens pour le tenir.
8. Qu’en pensent vos proches?
Ils me soutiennent énormément. Mes parents, qui voyagent partout dans le monde, nous ont toujours
encouragés, mes frères et moi, à poursuivre nos rêves. La vie, c’est vivre et ils savent que si je ne saisis
pas cette occasion, je ne vivrai pas l’existence à laquelle j’étais destiné. Tous mes amis me soutiennent
beaucoup, de la même façon que je les soutiens dans l’accomplissement de leurs rêves.
Ingénieurs Canada va garder un œil sur Zac et le programme et vous fera part des nouvelles éventuelles.
Si l’occasion d’aller sur Mars s’offrait à vous, la saisiriez-vous? Écrivez-nous ce que vous en pensez à
[email protected] ou sur Twitter @EngineersCanada