Rapport sur les services liés à la formation et à l`emploi

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Rapport sur les services liés à la formation et à l`emploi
LES SERVICES LIÉS À L’EMPLOI, LA FORMATION ET L’INSERTION
A l’heure où la crise frappe, à l’heure où le chômage ne cesse d’augmenter, des secteurs
d’activités peinent à recruter…
Quelles sont les raisons de ce paradoxe ?
Les raisons sont multiples, et relèvent de plusieurs phénomènes : certaines formations sont
depuis quelques années jugées dévalorisantes ; la pénibilité de certains métiers n’est peut-être
pas toujours suffisamment compensée en terme de rémunération ; la mobilité s’avère, ici et là,
parfois difficile…
A cela s’ajoute le fait que certains métiers demandent des compétences qui n’ont pas toujours été
acquises avant l’entrée dans la vie active ; ce qui peut être pénalisant au moment d’une
éventuelle embauche…
Le territoire du Pays est bien entendu aux prises avec ces situations, lesquelles sont observées
dans un contexte particulier que la présente analyse permet d’appréhender : formations
proposées, services offerts en matière d’accompagnement vers l’emploi, etc.
1
LE CONTEXTE SOCIOPROFESSIONNEL DU TERRITOIRE DU PAYS
Des secteurs d’activités identitaires
Les données existantes sur l’emploi salarié au niveau du Pays en 2007 (source ASSEDIC) montrent une
prédominance de l’agroalimentaire. La charte du Pays souligne qu’il s’agit effectivement d’un secteur
prépondérant sur lequel le territoire doit s’appuyer.
Les industries liées à ce secteur transforment des matières premières issues de l’agriculture, de l’élevage et
de la pêche en produits finis consommables pour l’homme et les animaux. Elles sont présentes au travers
d’un tissu de PME familiales mais aussi de grandes entreprises nationales ou internationales telles que
Danone, Nestlé ou Lactalis sans oublier les industries locales comme Isigny-Ste-Mère à Isigny-sur-Mer
(pour la fabrication de produits laitiers) qui emploie, en 2008, 464 salariés, et Soviba à Villers-Bocage (pour
la production de viande de boucherie) qui rassemble 644 salariés.
L’emploi salarié sur le territoire du Pays du Bessin au Virois en 2007
Sources : DRTEFP Basse-Normandie (données ASSEDIC)
secteurs d’activités
agriculture, sylviculture et pêche
industries agricoles et
alimentaires
Equipement du foyer, Edition,
Imprimerie, Habillement, etc.
industrie automobile
Industries d’équipement +
Construction navale, ferroviaire
Industries de transformation (chimie,
plastique, métaux, composants
électriques et électroniques)
Construction
Commerce et réparation automobile +
Commerce de gros
Commerce de détail, réparations
Transports
Services opérationnels : services
logistiques (sécurité, nettoyage,…),
location de
machines/véhicules/matériels,
sélection et fourniture de personnel,
assainissement/voirie/gestion des
déchets
Hôtels et restaurants
Santé, Action sociale
Activités financières
Services personnels et domestiques
Autres
Tous secteurs
effectifs fin 2007
76
3 050
387
412
1 501
1 454
2 368
2 179
2 848
1 660
2 092
1 248
3 005
713
419
2 083
25 495
Ainsi qu’il est énoncé dans la charte du Pays, l’emploi se concentre essentiellement sur les deux pôles de
Bayeux et Vire, où le tissu industriel est important. Un troisième pôle se distingue sur Villers-Bocage.
Le tourisme crée également de l’activité et a fortiori des emplois, en particulier dans l’hôtellerie et la
restauration, sur Bayeux et sur le littoral.
Par ailleurs, le contexte démographique induit inéluctablement, sur le territoire du Pays, une montée en
puissance des services à la personne et des métiers qui y sont liés. En effet, le phénomène de semidépendance que connaissent les personnes vieillissantes de plus en plus nombreuses suscite un besoin
significatif d’aidants et, qui plus est, qualifiés pour assumer des taches qui réclament un certain savoir-faire.
Des secteurs d’activités pourvoyeurs d’emplois… mais qui peinent à recruter
2
Sur le territoire du Pays comme ailleurs sur
le territoire national, des secteurs d’activités
se maintiennent tout en se modernisant et
en s’adaptant aux nouveaux besoins ;
d’autres se créent. Quoi qu’il en soit, la
plupart des secteurs d’activités réclament
aujourd’hui du personnel qualifié.
Qui dit « qualification » dit « formation » ;
d’où la question : qu’en est-il sur le territoire
du Pays ?
Si l’on s’intéresse à titre d’exemple à deux
secteurs phares que sont l’agroalimentaire
(cf. encart ci-contre) et la construction, on
constate que les emplois spécifiques qui
sont proposés réclament des qualifications
particulières et donc des formations ad hoc,
des formations que nombre de personnes à
la recherche d’un emploi n’ont pas suivi…
En terme d’emploi, l’agroalimentaire fait bonne figure : l’offre
existe… Seulement, elle est souvent ciblée sur des métiers qui
demandent une qualification particulière. A titre d’exemple, le
groupe Lactalis, présent dans tout l’Ouest de la France, et
notamment sur Bayeux (par sa filiale LNUF spécialisée dans la
transformation
des
produits
laitiers),
recherche
périodiquement des profils spécifiques pour des postes de
type « conducteurs de lignes ou de machines, pilotes de
production ». Mais les candidats se font désirés… vu leur
faible nombre sur le marché.
Aujourd’hui, les métiers de la production n’attirent pas ou du
moins n’attirent plus : en effet, force est de constater que la
plupart des postes correspondants reflètent trop souvent
l’image de la pénibilité ou bien encore se rapportent à des
filières professionnelles dévalorisées… Résultat : le groupe
Lactalis Grand Ouest a proposé, en 2009, 25 contrats
d’apprentissage mais seulement 17 ont trouvé preneur. Sur
les 17, 8 suivent une formation dispensée à quelques
encablures du territoire du Pays, c’est-à-dire à l’Ecole
Nationale de l’Industrie Laitière de Saint-Lô/Thère, en BTS
« Sciences et Techniques des Aliments » et en Licence
Professionnelle.
Ce qui existe déjà… et ce qui se profile
QUELS SONT LES DISPOSITIFS PROPOSÉS POUR FAVORISER L’EMPLOI ET LA
FORMATION ? ET QUELLES SONT LES FORMATIONS OFFERTES ?
Pour accompagner celles et ceux
qui aspirent à trouver un emploi,
à suivre une formation ou encore
à créer leur emploi par la création
de leur propre entreprise, il existe
de nombreux dispositifs présentés
au plan local par un certains
nombre d’organismes (cf. carte ciaprès)
rattachés
à
ces
problématiques.
Les publics susceptibles d’être
concernés sont pour la plupart
identifiés «demandeurs d’emploi»;
une forte proportion ayant moins
de 25 ans… (cf. tableau et
graphiques page suivante)
Localisation des organismes
compétents en matière
d’accompagnement vers l’emploi,
la formation et l’insertion f
3
Demandeurs d’emploi en fin de 3e trimestre (DEFM) 2007 et 2008 sur le Pays du Bessin au Virois /
de Catégorie 1 (= à la recherche d’un emploi à durée indéterminée à temps plein)
Sources : DRTEFP Basse-Normandie
Si l’ensemble des organismes « accompagnateurs » s’adressent aux personnes à la recherche d’un emploi,
certains intéressent également les employeurs qui peuvent alors bénéficier d’un appui quant aux
démarches liées notamment à l’embauche (cf. extrait d’un article de Ouest France du 30 déc. 2008 ciaprès).
Extrait d’un article de Ouest France du 30/12/2008
Depuis le mois d’août, Christopher est dans l’entreprise de Vincent Pastre. Témoignages.
V. Pastre, artisan maçon : « Dans le bâtiment, il faut qu’on forme car on manque de main d’œuvre.
Christopher était déjà venu en stage une quinzaine de jours. (…) On le forme pour le garder. (…) Le
contrat (de professionnalisation) nous apporte une aide pour le salaire, c’est la meilleure solution. Le
problème : il faut qu’il passe le permis de conduire. »
Christopher : « J’ai 22 ans. J’habite à Bayeux. J’ai commencé le 25 août. C’est un contrat de
professionnalisation de 15 mois par alternance. Je suis trois semaines à l’Afpa et six semaines dans
l’entreprise. A la fin, j’aurai un titre professionnel. » (…)
Cette rencontre entre Christopher et son patron a été accompagnée par la PAIO du Bessin. (…) « La
PAIO » a passé une convention avec une auto-école de Bayeux. Elle prend en charge une partie du permis
d conduire de Christopher » explique E. Guerville, référent entreprise.
Parallèlement aux dispositifs proposés sur le territoire du Pays pour un accompagnement vers l’emploi, des
formations sont offertes aux jeunes et au moins jeunes sur différents secteurs d’activités et, dans des
établissements spécialisés dans l’enseignement professionnel et technologique.
Pour les adultes souhaitant bénéficier d’un complément de qualification, des possibilités s’offrent à eux
dans le cadre de « formations continues », parfois guidées par Pôle Emploi, et dispensées dans les écoles
ou centres ad hoc. Si la plupart des établissements sont localisés hors du territoire du Pays, sur
l’agglomération caennaise ou dans la Manche, il en existe sur Vire et Bayeux : citons à cet égard le réseau
du GRETA et le CFPPA (lycée agricole de Vire).
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Des formations de proximité avec le
Greta - Bayeux
Le Greta propose : « Espoir », la porte
d’entrée vers la formation
(Ouest France 19 septembre 2009)
(Ouest France octobre 2009)
L'organisme spécialisé dans la formation continue
s'adresse autant aux salariés qu'aux demandeurs
d'emploi.
Trois questions à...
Dominique Guilloux conseiller en formation continue
au Greta
Quelle est la mission du Greta ?
Notre mission première est de former les gens. Nous
sommes là pour répondre à la fois aux demandeurs
d'emploi, aux salariés et aux entreprises. Nous
proposons de la formation en alternance. Nous avons
également une mission de conseil. Tout le monde
peut pousser notre porte et nous demander quel type
de formation sera la plus adaptée à son projet, à son
expérience et à ses compétences.
Quels types de formations proposez-vous ?
Cela va de l'atelier bureautique à la préparation au
concours, en passant par des cours d'Anglais ou de
l'enseignement général. Nous proposons aussi des
formations « préqualifiantes » dans l'hôtellerie et la
restauration et des formations « diplômantes »,
notamment un BTS transports en formation continue.
Avez-vous des propositions pour les personnes à la
recherche d'un emploi ?
Nous allons lancer dès octobre le dispositif « Espoir
», avec le conseil régional. Il s'adresse aux
demandeurs d'emploi et aux personnes en situation
précaire, sans limite d'âge. Il s'agit à la fois
d'orientation et de formation. Nous constituons un
projet et établissons un bilan de leurs compétences,
avant d'engager un projet professionnel.
Spécial avenir
Comment
entrer
dans
une
formation
professionnelle ? Le programme Espoir apporte
des réponses.
Entretien
Annabelle Quentin, coordinatrice du dispositif
Espoir, au Greta de Bayeux.
Qui peut venir vous voir ?
Toutes les personnes âgées de plus de 16 ans qui
ne sont pas en activité professionnelle durable.
C'est-à-dire les personnes qui ont des emplois
précaires, qui sont demandeuses d'emploi, les
travailleurs handicapés, les personnes en contrat à
durée indéterminées (CDI) à temps partiel... Elles
peuvent nous être envoyées par Pôle emploi, par la
PAIO (Permanence accueil information orientation)
ou venir d'elles-mêmes.
Que leur proposez-vous ?
On fait le point. Nous élaborons avec elles le
parcours qu'elles souhaitent entreprendre. Cela
prend un mois puis nous engageons un
programme individualisé de sept à huit semaines
pendant lesquelles une personne peut découvrir un
métier, dans une entreprise ; découvrir une
formation... Ensuite, s'il y a besoin, nous suivons le
parcours de la personne pour s'assurer que le plan
élaboré débouche bien sur une formation
qualifiante.
Quels organismes de formation interviennent ?
Ce peut être le Greta, l'Afpa, les écoles
spécialisées
comme
les
écoles
d'aides
soignantes... Les formations peuvent de courte ou
de longue durée.
Formations dispensées sur le territoire du Pays (liste non exhaustive)
TYPE DE FORMATION
Localisation sur
le territoire du
Pays
Formation initiale (du CAP-BEP au
niveau Post-Bac)
VIRE
` Agriculture (CAP, BTA, BEPA, Bac
Pro, …)
` Santé (CAP, BEP, Diplôme d’Etat,
…)
` Electricité, Electronique (CAP, BEP)
` Secrétariat / Comptabilité (Bac
Pro)
` Travail des métaux (Bac Pro,…)
` Hygiène et Sécurité (DUT) /
Sécurité et Prévention (Bac Pro)
` Optique, Lunetterie (BTS)
` Génie de la Distribution
Industrielle (DUT)
` Transports, Logistique (Bac Pro)
` Métiers de la Mode (Bac Pro)
` Productions agricoles
` Services (aux personnes)
Formation continue
Formation
« préqualifiante » (=
prologue de la formation
continue)
` Agriculture (BPA, …)
` Transports, Logistique
…
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BAYEUX
` Electronique, Electrotechnique
(BTS)
` Secrétariat / Comptabilité (BEP,
Bac Pro)
` Transports
` Transports
` Hôtellerie / Restauration
…
BALLEROY
` Productions agricoles, Elevage,
Activités équines (BEPA, CAPA )
ST-GABRIELBRECY
` Horticulture et Paysage (CAPA, Bac
Pro, …)
Si l’offre de formations paraît relativement diversifiée, elle est toutefois absente sur des secteurs d’activités
liés aux enjeux économiques du territoire, tels que l’agroalimentaire ou le BTP ; les formations ad hoc
étant, pour la plupart, dispensées sur l’agglomération caennaise ou dans la Manche).
Notons par ailleurs des sessions de formations pour adultes offertes ponctuellement sur le territoire du
Pays. L’une d’elles a été initiée en 2008 par l’association d’aide à domicile « Myosotis » dans l’objectif d’un
montage de dossiers relatifs à la « Validation des Acquis et des Expériences (VAE) ».
Dans le même registre, l’Afpa (Association nationale pour la formation professionnelle des adultes) de Caen
est allée, en 2008 et 2009, au-devant du public du Bocage virois pour une formation « assistante de vie ».
Celle-ci émane d’une équipe locale d’action (réunissant le Pôle Emploi, la PAIO, le Conseil régional, le
Conseil général et Cap Emploi) qui, à partir d’un diagnostic de territoire, a mis en évidence des besoins en
matière d’emploi et de formation, notamment dans le secteur des « services à la personne ». Les
professionnels (du bocage virois) exerçant dans ce secteur d’activité ont alors été consultés tant sur le
contenu de la formation que sur le besoin en personnels, afin d’aboutir à une formation (financée par la
Région). Aucune structure locale ne s’étant positionnée pour organiser cette formation, c’est l’Afpa de Caen
qui a été sollicitée pour la proposer sur Vire. Il est à noter que cette action fait actuellement l’objet d’une
évaluation avant d’envisager sa reconduction. Par ailleurs, d’autres réflexions sont en cours sur le bassin
virois pour la mise en place d’autres formations.
Pour les demandeurs d’emploi ayant besoin d’un accompagnement pour une insertion ou une réinsertion
professionnelle, il existe au niveau du territoire du Pays un groupement dit « d’économie solidaire »
constitué de la BACER, de la BAC et d’I2B. La BACER, basée à Caumont-l’Eventé, est une association qui
œuvre pour favoriser l’insertion des personnes en difficulté et/ou sans qualification, en développant des
initiatives locales liées à l’environnement et à la récupération : entretien des chemins de randonnée,
collecte et tri de vêtements pour la revente, etc. La BACER vise par ailleurs à proposer des emplois sous
contrats aidés (CAE, Contrat d’Avenir,…) à des personnes très « éloignées » de l’emploi, en les
accompagnant de manière individualisée et spécifique. Parallèlement, la BAC (Bourse d’Aide aux Chômeurs)
facilite des missions de travail de type « coups de main », en aiguillant les personnes dans leurs
démarches. Quant à l2B, c’est une entreprise de travail temporaire d’insertion, présente à Caumont l’Eventé
et Bayeux (cf. article ci-après).
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Les rôles d’I2B (Ouest France - juin 2009)
Une autre association d’économie solidaire agit sur le territoire du Pays ; il s’agit de l’Etape qui s’adresse à
la fois à des personnes ayant besoin d’un accompagnement vers l’emploi mais aussi à des personnes ayant
un projet de création d’entreprise. Présente sur Vire, cette association s’installe ponctuellement à Bayeux
où elle a pour objectif de conseiller les porteurs de projet de création et ce, en s’appuyant sur « Balise »,
un dispositif pensé pour faire émerger les idées et les projets (cf. article ci-après).
Pour aider les porteurs dans leurs démarches de création, les orienter vers des aides financières, la
Chambre de Commerce et d’Industrie apporte les conseils techniques utiles. Sur le territoire du Pays,
certaines communautés de communes comme Isigny-Grandcamp Intercom organisent des « ateliers
rencontres CCI / Créateurs d’entreprises ».
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Il est à souligner que la création d’entreprise peut être favorisée par une association « Calvados Création ».
qui octroie, pour cela, des prêts d’honneur à taux 0%, de 3 000 à 30 000 €.
Les investigations de l’Etape (La Renaissance Le Bessin – début 2009)
Malgré le panel de dispositifs offerts pour un meilleur parcours dans la vie active, malgré les opportunités
qui peuvent se présenter en termes d’emplois et de formations, certains éprouvent des difficultés liées à
des freins de différente nature.
Des freins à l’emploi et à la formation
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Des freins récurrents ont été repérés parmi lesquels le manque de mobilité, un problème qui peut être lié
purement et simplement à un refus, mais aussi et surtout à un défaut de moyens de transport « domicile travail » ou « domicile - lieu de formation » : beaucoup n’ont pas le permis et lorsqu’ils ont le permis, ils
n’ont pas de véhicule… Et, dans bien des cas, les transports en commun ne peuvent suppléer…
Des solutions existent toutefois ponctuellement par le biais d’associations locales comme la BACER (décrite
dans le précédent chapitre) qui offre à Caumont-l’Eventé un service de location de cyclomoteurs et de mise
à disposition de navettes ; en 2008, 92 personnes ont loué un cyclomoteur. Deux autres associations
« l’ETAPE » et « Bessin Insertion » proposent respectivement une location de cyclomoteurs sur Vire et sur
Bayeux.
Par ailleurs, des dispositifs ont été mis en place pour aider les jeunes adultes à financer l’apprentissage de
la conduite. A Vire par exemple, une initiative menée par la CAF en liaison avec la CCAS, le siège de la
Circonscription d’Action Sociale (du Département) et la PAIO (Permanence d’Accueil d’Information et
d’Orientation), a facilité l’obtention d’une aide de 1 200 € venant s’ajouter aux 450 € obtenus du fruit d’un
travail saisonnier de vendanges auquel ont participé, en 2008, 13 jeunes adultes.
Le manque de logements adaptés aux situations socioprofessionnelles peut être également un frein à
l’emploi et plus particulièrement à l’emploi temporaire, à l’emploi saisonnier, à l’emploi proposé dans le
cadre de contrats d’apprentissage mais aussi aux stages. Sur le Bessin par exemple, des alternatives
ponctuelles telles que la mise en place de navettes ont pu être proposées sur le Bessin par exemple. Il est
à noter que des réflexions relatives à l’hébergement temporaire sont en cours au niveau régional et local.
Enfin, la garde des enfants peut causer un souci à la fois pour les personnes susceptibles d’occuper un
emploi du jour au lendemain, comme pour les personnes occupant par exemple un emploi sur des horaires
décalés. Pour pallier ces situations, des associations basées sur le territoire du Pays (Familles Rurales, AIB)
se sont récemment positionnées pour offrir des possibilités de garde à domicile adaptée aux besoins.
Des supports de communication pour une meilleure approche de l’emploi et de la
formation
S’agissant de l’information sur les métiers et accessoirement sur les formations proposées, mais aussi sur
les dispositifs intéressant à la fois les personnes en recherche d’emploi et les entreprises, des espaces de
rencontre ont été mis en place sur le territoire ; il s’agit par exemple :
- de forums (tels que proposés à Villers-Bocage, Vire, Bayeux, Caumont-l’Eventé) qui offrent une
opportunité pour les personnes en recherche d’emploi d’échanger de vive voix avec les
représentants des entreprises locales,
- d’une « journée du recrutement » créée en 2008 sur le partenariat ANPE/Agence Védiorbis ;
l’objectif était d’orienter et d’embaucher dans la logistique, l’industrie (agroalimentaire notamment)
et le BTP « porteurs d’emplois »,
- des journées « portes ouvertes » dans les lycées professionnels et les écoles de formation
spécialisées,
- des temps d’échanges proposés localement par Bayeux Intercom sous la forme des dits « Rendezvous du développement » intéressant, selon les thématiques, des entreprises, des organismes du
Bessin en particulier ; etc.
Toutes ces initiatives sont, pour la plupart, relayées sinon complétées par les médias locaux et en
particulier par la presse.
Les besoins
Le constat relatif à l’emploi affirme le besoin d’une revalorisation des filières professionnelles, un
besoin par ailleurs énoncé par le Sénat, en mai 2009, au terme de sa mission sur la politique en
faveur des jeunes.
Au-delà de la revalorisation, il semble primordial, au plan local, d’améliorer la communication sur
l’emploi, la formation et l’ensemble des dispositifs visant à faciliter leur accessibilité.
9
Une des orientations de la charte du Pays est de « favoriser l’installation d’acteurs économiques
et d’accompagner les initiatives locales ». A cet égard, des dispositifs d’accompagnement de
projets de création d’entreprises existent, mais peut-être est-il nécessaire de les conforter par des
approches complémentaires initiées au niveau intercommunal, sinon au niveau du Pays ?
Les préconisations
L’état des lieux réalisé sur le territoire du Pays et l’analyse des besoins soulignent l’importance de
la communication sur les rôle des organismes qui accompagnent vers et dans la vie active, sur les
métiers en tension de recrutement (et en particulier ceux qui sont aujourd’hui dévalorisés), sur
les formations (notamment celles qui sont adaptées aux nouveaux métiers), sur les possibilités
offertes pour une meilleure insertion, mais aussi sur la création d’entreprises.
Il paraît en effet important de développer la communication au plan local et ce, par le biais d’une
réflexion collective « partenaires concernés / élus du Pays », en organisant par exemple des
colloques thématiques visant à déterminer le type d’animations à organiser ainsi que les moyens
à mettre en œuvre.
Pour répondre à l’objectif que s’est fixé le Pays quant à l’installation d’acteurs économiques et
notamment à l’accueil des entreprises, il semble effectivement opportun de conforter les
dispositifs existants (proposés par l’Etape, la CCI, Calvados Création, …) par une approche
politique telle que celle mise en œuvre au niveau du Pays de Lafayette (cf. encart ci-après). Ce
type d’action permet de répondre à l’idée (contenue dans la charte du Pays du Bessin au Virois)
de créer un outil de mise en réseau des collectivités, des associations locales et des acteurs de
l’animation dans le domaine économique, etc.
Ailleurs…
« Place aux jeunes » dans le Pays de Lafayette
Depuis 2003, le dispositif "Place aux jeunes" propose sur le territoire du Pays de Lafayette (Haute-Loire) un
appui aux porteurs de projets. Objectif : créer les meilleures conditions possibles pour la création
d'entreprises. Plus largement, il s'agit de stimuler une démographie vieillissante en incitant les jeunes à
s'installer dans le Pays, à y revenir ou à y rester.
"Place aux jeunes" a vu le jour au Québec, il y a une vingtaine d'années. Il s'agissait de limiter l'exode des jeunes diplômés.
En 2003, le syndicat mixte de développement économique Allier/Allagnon (Sydec) reprend le concept avec l'objectif de
présenter les atouts du territoire aux jeunes porteurs de projets. Depuis 2005, le dispositif est ouvert à l'ensemble du Pays
de Lafayette (113 communes et 45.200 habitants).
Trois week-ends d'accueil
A chaque rentrée, le Pays de Lafayette propose trois week-ends de formation permettant de mieux connaître la région, de
prendre des contacts et de réfléchir en commun. "Chaque porteur de projet se voit attribuer un parrain. Un jeune souhaitant
ouvrir une ébénisterie pourra, par exemple, être mis en rapport avec un tapissier d'ameublement", explique Sébastien
Château, coordinateur de "Place aux jeunes" au Pays de Lafayette. En moyenne, le dispositif accueille une dizaine de
porteurs de projet par an. Mais les chiffres sont variables : en 2009, seuls quatre candidats ont participé aux week-ends de
formation. "Notre offre est trop saisonnière. Les personnes nous contactant au mois de janvier n'attendent pas jusqu'au
mois de septembre", constate Sébastien Château. Il est donc prévu de proposer une session en mai, sur un week-end de
trois
jours,
et
une
autre
en
septembre,
sur
deux
week-ends.
Depuis 2003, cinquante-cinq projets ont été appuyés par le dispositif. Parmi eux, vingt-cinq ont abouti à une création
d'entreprise et à l'installation d'une quarantaine de personnes sur le territoire. Quelques exemples de réussite : une cave à
vin restaurant ouverte depuis deux ans, une agence de communication, une entreprise de domotique et d'électricité
générale, une autre de conception et de développement de logiciels...
Un dispositif géré par les agents de développement des 8 communautés de communes
10
Le Pays de Lafayette est une association loi de 1901, "une entité n'ayant pas de structure propre", précise le coordinateur :
aussi, "Place aux jeunes" est géré au quotidien par les agents de développement des huit communautés de communes
composant le Pays. Trois des intercommunalités sont rassemblées au sein du Sydec Allier/Allagnon, trois autres forment le
Seccom (syndicat économique des communautés de communes), les deux dernières sont restées indépendantes. "C'est le
Sydec qui porte le dispositif. Les deux autres communautés de communes et le Seccom le remboursent au prorata de leur
population", précise le coordinateur. "Place aux jeunes" dispose d'un budget annuel de 40.000 euros pour couvrir les frais
de communication (site internet, campagne de promotion radio, annonces) et prendre en charge les trois week-ends (repas,
frais de déplacement et logement des participants). Le conseil régional d'Auvergne et le conseil général de Haute-Loire lui
allouent respectivement une enveloppe annuelle de 20.000 euros et de 6.500 euros. Depuis 2008, et jusqu'en 2010, le
Crédit
Agricole
Loire-Haute-Loire
contribue
au
dispositif
à
hauteur
de
1.500
euros
par
an.
"Nous souhaitons désormais aller plus loin et recruter un agent de développement chargé de "Place aux jeunes" à l'échelle
du Pays de Lafayette", poursuit Sébastien Château. La personne serait embauchée par le Sydec et disposerait d'un local
dans les murs de la chambre de commerce et d'industrie. Dans cette perspective, les territoires du Pays ont répondu à un
appel à projets de la Diact (Délégation interministérielle à l'aménagement et à la compétitivité des territoires) du Massif
central. Ils ont obtenu, pour une durée de deux ans, un financement à 70% du poste souhaité.
S’agissant de l’accessibilité aux lieux de travail ou de formation, il paraît primordial de s’y
intéresser, en recherchant des solutions contre les freins à la mobilité :
- en se basant par exemple sur les initiatives locales qui ont fait leur preuve, comme la
location de cyclomoteurs par exemple ou la « délocalisation » de certaines formations. En
effet, les formations spécifiques qui ne nécessitent pas de locaux ou d’équipements
particuliers, il paraît intéressant de les dispenser là où se trouvent les intéressés.
L’exemple des formations relatives à l’aide à domicile qui ont été suivies localement dans
le Bessin et dans le Bocage virois, invite à explorer les possibilités d’organiser de nouvelles
sessions de formations « délocalisées »,
- en se référant aux actions mises en place sur d’autres territoires (cf. encart ci-dessous).
Ailleurs…
Contre les freins à la mobilité, le Plan Local pour l’Insertion et l’Emploi du vermandois
A travers un plan local pour l'insertion et l'emploi, les élus de la communauté rurale du Vermandois
(Aisne) ont cherché à faire progresser la mobilité qui est souvent un obstacle à l'insertion. Les
propositions sont variées : d'une préparation au code de la route à l'immersion dans les transports
parisiens pour tester ses capacités à se déplacer au-delà d'un périmètre connu.
"Le rôle du plan local pour l'insertion et l'emploi (PLIE) est de distribuer les fonds aux différents opérateurs intervenant
sur des actions spécifiques dans le but de lever tous les freins à la reprise d'emploi", explique Marie-Hélène Jeanjean,
vice-présidente de la communauté de communes du pays du Vermandois, en charge de l'emploi et de l'insertion, et
présidente du PLIE (1).
Parmi ces freins, la mobilité apparaît comme l'un des plus importants pour les personnes aujourd'hui suivies par le PLIE
(allocataires du RMI, chômeurs longue durée, jeunes sans qualification). Pour agir en la matière, le PLIE s'appuie sur
les deux opérateurs historiquement liés à sa création : Aves (Association Vermandois Emploi Solidarité), association
intermédiaire qui coordonne la plate-forme mobilité (aides individuelles, code et permis), et Devenir en Vermandois, qui
anime l'action "Un pas vers la mobilité", financée à 100 % par le PLIE (soit 4.200 euros par an). Deux actions prévues
pour se compléter. "Car s'il y a des freins physiques ou financiers à la mobilité, il y a aussi des freins intellectuels et
psychologiques à lever", insiste Marie-Hélène Jeanjean.
"Un pas vers la mobilité"
"Un pas vers la mobilité" est un module de formation d'une centaine d'heures sur quinze jours qui a pour but d'aider les
personnes à dépasser ces blocages : en apprenant à se repérer, lire un plan, programmer un trajet, suivre un itinéraire.
(…) La proposition n'est pas toujours bien reçue au départ par les personnes accompagnées par le PLIE, voire jugée
dévalorisante. Mais, passée la première appréhension, l'expérience se révèle souvent porteuse, observe Marie-Alice
Goncalvès, chargée du suivi technique PLIE. L'orientation des personnes suivies par les référents du PLIE vers cette
action dépend bien sur du parcours de la personne et de son besoin de passer par une phase préparatoire au code de
la route par exemple. Les aides de la plate-forme mobilité (préparation au code de la route, prêts de mobylette,
organisation de transports groupés, aide au permis, etc.) peuvent, dans un second temps, aider à faire un autre pas,
comme l'inscription dans une auto-école pour passer le permis de conduire. "Les bénéficiaires du PLIE ont parfois une
voiture mais pas le permis. Et il leur faut souvent beaucoup de temps pour réussir la première étape du code de la
route. Mais ceux qui ont suivis ces actions vont plus vite avec succès jusqu'au bout", observe Marie Alice Goncalvès.
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(1) Le PLIE a été lancé par la communauté de communes en 2000 qui a pris la compétence insertion et formation. Pour porter ce
dispositif, financé en grande partie grâce au fonds social européen, l'EPCI a créé une maison de l'emploi et de la formation
(association) réunissant les différents acteurs de l'emploi et de l'insertion. La communauté a investi dans la construction d'un bâtiment
ad hoc qui permet de réunir physiquement certains opérateurs et d'y proposer un espace de recherche d'emploi, en lien avec Pôle
emploi. Depuis 2008, la maison de l'emploi du Pays du Vermandois est centre associé de la cité des métiers du Saint-Quentinois, des
conseillers de différentes structures se partagent le conseil mutualisé au public.
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