103. baron samedi
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103. baron samedi
SOIREE BAOU THEÂTRE LES GUÊPES DU PANAMA Samedi 8 février à 19h Grand Studio Durée : 1h DANSE BARON SAMEDI ALAIN BUFFARD Samedi 8 février 2014 à 20h30 Théâtre couvert Durée : 1h30 www.chateauvallon.com LES GUÊPES DU PANAMA Texte traduit par Christophe Rosson. Introduction de l’ouvrage : L’Ethique a-t-elle une chance dans un monde de consommateurs ? Climats / 2009 Mise en scène : Thierry Bedard Jeu : Rebecca Finet Musique : Sonic Youth Création sonore : Jean Pascal Lamand / Création Lumière : Jean Louis Aichhorn Scénographie : avec la complicité de Marc Lainé / Régie générale : Camille Mauplot / Régie son Clément Rose www.notoire.fr Production : notoire la menace / Paris. Domaine d’O / Montpellier. En co-réalisation avec L’Echangeur / Bagnolet. BARON SAMEDI ALAIN BUFFARD Conception et mise en scène : Alain Buffard Assistante : Fanny de Chaillé Fabrication et interprétation : Nadia Beugre, Hlengiwe Lushaba, Dorothée Munyaneza, Olivier Normand, Will Rawls, David Thomson Musiciens : Sarah Murcia et Seb Martel Direction et arrangement musical : Sarah Murcia Lumière : Yves Godin / Dispositif scénographique : Nadia Lauro / Costumes : Alain Buffard et Nadia Lauro Direction technique : Christophe Poux / Régie son : Félix Perdreau / Régie lumière : Thalie Lurault Chargée de production : Marion Gauvent Production : pi:es ; Alain Buffard est artiste-associé au Théâtre de Nîmes pour les saisons 2010/2011 et 2011/2012 Avec le soutien de la Fondation d'entreprise Hermès dans le cadre de son programme New Settings Coproduction : Théâtre de Nîmes ; Opéra de Lille ; Latitudes Contemporaines ; Ménagerie de Verre ; La Bâtie, Festival de Genève ; Pôle Sud, scène conventionnée pour la danse et la musique – Strasbourg ; Le phénix, scène nationale Valenciennes Coproduction et résidence du Centre national de danse contemporaine ANGERS Avec le soutien de FUSED (French US Exchange in Dance) et la Condition Publique, Roubaix Avec le concours de la Préfecture de région du Languedoc-Roussillon – Direction Régionale des affaires culturelles Avec le soutien de: la région Languedoc-Roussillon, le Conseil Général du Gard, la ville de Nîmes, l'Institut français pour ses projets à l'étranger. www.alainbuffard.eu LES GUÊPES DU PANAMA Un reportage sur un champ de bataille … Et une aventure intellectuelle vécue par un groupe de chercheurs de la Zoological Society de Londres, suite à leur étude au Panamá sur la vie sociale des guêpes ... Ce que nous raconte sur un mode jubilatoire Zigmunt Bauman (à 85 ans), est une simple introduction à une étude où il s’attelle à la lourde tâche de penser l’éthique dans notre monde contemporain. Et de s’intéresser effectivement aux « insectes sociaux », du moins aux aventures d’une équipe de chercheurs londoniens, au combat avec des guêpes, abusés par leur raison, et ne s’en sortant que « grâce aux méthodes éprouvées de mise en conformité de preuves anormales avec l’image d’un monde ordonné » ... Ou comment essayer de comprendre le monde avec des outils à réformer, de toute urgence ! Une histoire délirante pour un monde qui ne l’est pas moins. ZYGMUNT BAUMAN Intellectuel humaniste, né en 1925, Zygmunt Bauman est aujourd’hui professeur émérite de philosophie et de sociologie aux universités de Varsovie et de Leeds. Itinéraire qui témoigne de son départ forcé de Pologne en 1968 lors des persécutions antisémites et de son exil en Grande- Bretagne. Classé parmi les plus grands sociologues contemporains, Bauman s’applique à penser la place de l’homme dans la mondialisation. Il est le penseur de la modernité « liquide » triomphante, celle d’une société sécuritaire qui prospère sur les nouvelles peurs et l’incertitude perpétuelle, l’insécurité sociale et la fin des utopies. Société obsédée par le changement et la flexibilité, pratiquant le culte de l’éphémère et, partant, les idées de jetabilité, d’interchangeabilité et d’exclusion. THIERRY BEDARD A l’origine céramiste, Thierry Bedard reprend des études d’histoire de l’art et de sémiologie au début des années 80 et développe une activité de plasticien (expositions, performances, installations vidéo). Après avoir coordonné plusieurs manifestations culturelles (événements, festivals, fêtes politiques), il travaille avec Pierre Guyotat (pour le Festival d’Automne de 1987 à 1989) et Claude Régy (1988). En 1989, il fonde l’Association Notoire avec des comédiens et des musiciens et met en scène des textes de Leiris, Foucault, Littré, Nodier. À partir de 1994, Thierry Bedard est seul à signer les mises en scènes de ce qui s’appelle désormais simplement « notoire ». Il y développe, entre autres activités, un « cahier des charges », qui l’incite, à œuvrer essentiellement sur des auteurs contemporains, et à présenter les travaux - spectacles « grand public », de recherche, spectacles d’intervention, spectacles jeune public sous forme de cycles thématiques. C’est dans le cadre du cycle « notoire, la menace » qu’il crée Les guêpes du Panamà. EXTRAIT DE PRESSE Penser l’éthique dans le monde contemporain, s’intéresser effectivement aux « insectes sociaux », du moins aux aventures d’une équipe de chercheurs londoniens, au combat avec des guêpes (…) Ou comment essayer de comprendre le monde avec des outils à réformer, de toute urgence ! Le ton est donné. Zigmunt Bauman s’attelle à la lourde tâche de décrire la vie de ces guêpes révoltées racontée par un chercheur très sensible à la morale de l’histoire, et dans un rapport total d’identification à la bête, jusqu’à se prendre pour un gros bourdon - d’origine étrangère. Ce spectacle est présenté dans une sorte de salle de conférence étonnante où de multiples écrans de cinéma sur pieds - de guerre - ne semblent être là que pour décliner leur inutilité. La musique électrique explosive et « bourdonnante » d’un des groupes newyorkais des plus sauvages ajoute une touche très rock. Une histoire délirante pour un monde qui ne l’est pas moins, et avec une ironie tout à fait désespérée. SITE UNIVERSITE MONTPELLIER 2 BARON SAMEDI J'ai eu envie de faire un jour une comédie musicale, ça a produit (Not) a Love Song ; il y a toujours un autre rêve en marche : Kurt Weill, qui lui aussi fait partie de mon panthéon et qui a fortement marqué mon imaginaire mais la question est toujours de savoir comment se frotter à un tel monument. Sa musique est un mélange de rengaines populaires et de musique savante très sophistiquée déjouant le piège des catégories. Afin de me détacher du contexte euro-centré de Bertolt Brecht-Kurt Weill, l'idée m'est venue de transposer leur univers vénéneux avec sa cohorte de mauvais garçons et de drôles de dames dans un lieu imaginaire, avec des performers noirs venus d'Afrique, de la Caraïbe, des États-Unis et de France. Des chansons comme La ballade de Mackie ou Alabama song ont été reprises par nombreux chanteurs de rock et de jazz. Quoi qu’il en soit, ce corpus est selon moi un joyau de l'art occidental. Alors pourquoi demander à des performers de cultures et de générations si différentes de s'emparer d'un tel monument ? Un constat d'abord : à de rares exceptions, les danseurs noirs ou métis sont cantonnés sur les plateaux, en France, au hip hop ou au modern' jazz, et non pas à la danse contemporaine. Je voudrais contribuer à changer la donne qui régit actuellement l'espace de la scène. La musique de Weill s'est vue jouée de différentes manières, du rock le plus ébouriffé à un traitement sage et très révérencieux de la part de certains musiciens classiques et l'on ne se pose pas la question de savoir si Jessye Norman est noire quand elle chante Schubert. Mais il en va autrement pour la représentation des corps en danse, plus fortement encore qu'au théâtre, où l'on admet difficilement que Phèdre ou Bérénice soient noires. Kurt Weill lui même avait jeté les ponts quand il est arrivé aux USA, en demandant au poète noir Langston Hughes d'écrire le livret de Street scene (1947). Inverser en quelque sorte les points de vue et produire une multiplicité de circulations, entre les lieux, les conditions, les formations, et les origines me semble plus que jamais nécessaire. La convergence et la transaction des savoirs artistiques, chorégraphiques et surtout musicaux des artistes ici réunis permettront, j'en suis sûr, une nouvelle lecture de Kurt Weill. Je commence toujours un projet en trouvant un titre. Celui-ci sera Baron Samedi, esprit (Lwa ou Loa) dans le Vaudou, c'est un Guédé (un esprit des morts) qui permet le passage de la vie au trépas. Il est représenté en noir et blanc. Il s'invite aux cérémonies et les perturbe bruyamment en dansant - très bien - des danses lascives, très sexuelles. C'est une figure essentielle de l'inversion – souvent homosexuel, il se permet beaucoup de transgressions sociales, il participe plus globalement de ce monde à l'envers qui domine dans la tradition baroque et que l'Opéra de quat' sous a actualisé au XX° siècle. Il est donc la parfaite figure tutélaire pour ce projet, il est celui qui permet le passage, de convoquer quelques fantômes, et puis il est le corps dansant, symbole de la visibilité de la vie, il est aussi le support de l'invisibilité de la mort qui travaille ces corps subrepticement. Sur la cartographie de la danse contemporaine, Alain Buffard occupe aujourd'hui une place prépondérante. Initié à la fin des années 1990, son travail de chorégraphe est unanimement reconnu dès son deuxième solo, Good Boy, pièce manifeste qui « trafique avec la maladie et la fragilité du corps ». S'y dessine un fil rouge : la mise en scène charnelle, sexuelle et politique du corps hors des représentations convenues. Avec Alain Buffard, l'hégémonie de la norme est sur la sellette. Il dénature les silhouettes avec des prothèses, dissout les repères entre féminité et masculinité, dénonce les mécanismes d'aliénation et d'assujettissement du corps social. Le tout avec un humour corrosif qui flirte avec le grotesque. Ce n'est pas Baron samedi qui trahira cette orientation expressionniste et délurée. Fidèle à son habitude de renvoyer en coulisses tout préjugé culturel, le chorégraphe fait monter sur scène avec une jubilation non dissimulée la cohorte de mauvais garçons et de drôles de dames qui peuplent les opéras de Kurt Weill. ALAIN BUFFARD Il vit et travaille en France. Il commence la danse en 1978 avec Alwin Nikolais au Centre national de danse contemporaine d'Angers. Il devient l'interprète de Brigitte Farges et Daniel Larrieu pour de nombreuses créations, il danse avec Régine Chopinot, Philippe Découflé, parmi d'autres. Il chorégraphie deux pièces avec MarieChristine Georghiu accompagnées par les Rita Mitsouko. Tout en continuant son parcours d'interprète, il devient assistant à la Galerie Anne de Villepoix pour les expositions de R. Zaugg, Fischli & Weiss, V. Acconci, Ch. Burden, etc. À la même époque, il est correspondant pour deux quotidiens norvégiens pour lesquels il couvre l'actualité des arts visuels en France. En 1996, il fait deux rencontres déterminantes, Yvonne Rainer lors de la réactualisation de sa pièce Continuous project -altered daily par le Quatuor Albrecht Knust et Anna Halprin avec qui il travaille en tant que lauréat de la "Villa Médicis hors les murs". En 1988, Alain Buffard chorégraphie un premier solo Bleu nuit, puis Les Maîtres Chanteurs de Wagner mise en scène Claude Régy au Théâtre du Châtelet en 1989 ; une séquence de long métrage Disparus de Gilles Bourdos présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes 98. En janvier 1998, il présente Good boy son deuxième solo au festival "Les Inaccoutumés" à la Ménagerie de verre à Paris ; il fabrique deux trios lNtime / EXtime et MORE et encore (avec Alain Buffard, Matthieu Doze, Anne Laurent et Rachid Ouramdane) présentés au festival le Choré-graphique à Tours, en juin 1999. En janvier 2001, en résidence à l'espace Pier Paolo Pasolini à Valenciennes, il présente Dispositifs 3.1 (avec Alain Buffard, Anne Laurent, Laurence Louppe et Claudia Triozzi). En avril 2001, il créé Good for... à partir des matériaux de Good boy, un dispositif in situ pour le Centre d'art contemporain du Crestet (avec Alain Buffard, Matthieu Doze, Rachid Ouramdane et Christian Rizzo) ensuite présenté au Consortium de Dijon. En 2002, il co-réalise Dé-marche avec l'artiste visuel Jan Kopp à la Villa Gillet à Lyon avec (Alain Buffard, Jan Kopp et Laurence Louppe). Il présente en 2003 Wall dancin' / Wall fuckin' à la Rochelle (avec Alain Buffard et Régine Chopinot). Il élabore une troisième version de Good boy pour 20 danseurschorégraphes qui s'intitule Mauvais genre. Il a présenté Les Inconsolés (avec Alain Buffard, Matthieu Doze et Christophe Ives) aux Subsistances à Lyon en 2005 et au Centre Pompidou. En 2007 il crée (Not) a Love Song (avec Miguel Gutierrez, Vera Mantero, Claudia Triozzi et Vincent Ségal). En 2008, il réalise EAT, une installation vidéo avec Sebastien Meunier et présente Self&others à la Ménageriede Verre (avec Cécilia Bengolea, Fançois Chaignaud, Matthieu Doze et Hanna Hedman). Tout va Bien, pièce pour huit interprètes, a été présentée au festival Montpellier Danse les 21 et 22 juin 2010. Il a réalisé un film vidéo Des faits et gestes défaits pour la Villa Gillet à Lyon en décembre 2001. Il a également réalisé un film avec et autour de Anna Halprin à San Francisco, My lunch with Anna (2004). Il a été co-commissaire avec Larys Frogier de l'exposition Campy, vampy, tacky au centre d'art contemporain La Criée à Rennes en mars-avril 2002. Il a présenté sa première exposition Umstellung/Umwandlung à Tanzquartier (Vienne) en avril 2005 commanditée par Siemens Arts program. Il collabore avec des plasticiens (Jean-Baptiste Bruant, Marc Domage, Laurent Goldring, Jan Kopp, Frédéric Lormeau...), et propose régulièrement des ateliers dans des écoles d'art (Bordeaux, Valenciennes, Cergy, Mulhouse, Genève...). Alain Buffard a déjà présenté à Châteauvallon (Not) a love song en mars 2009 EXTRAITS DE PRESSE Ce qui frappe d'abord, dans cette évocation libre de Kurt Weill, ce sont les morphologies : des corps noirs ou métissés, élancés chez les hommes, plus lourds du côté des femmes (…) Alain Buffard dépoussière brutalement le monde interlope de Kurt Weill et de Bertolt Brecht, devenu aujourd'hui pièce de musée. Sur un plateau blanc et lisse comme une piste de skateboard, on se cherche, on se trouve, on s'éloigne pour de brèves étreintes. Chacun est renvoyé à sa solitude (…) L'accord se fait sur les dernières notes, avec la lecture à plusieurs voix de la Ballad of the soldier's wife (1942), magnifique « lied » de douleur composé sur un champ de ruines. Mathieu Braunstein – TELERAMA La seule certitude concernant l'identité est qu'elle est incertaine tant elle doit aux hasards de la vie, du regard des autres, des migrations souvent imposées, des combats qu'elle doit mener pour ne pas être aliénée à ce qu'elle reconnaît comme radicalement étranger à elle même. Préserver sa possibilité dynamique n'est pas pour autant une invitation à l'égarement. Les rôles choisis ou assignés glissent au gré de dévoilements successifs, parfois recommencés, comme autant de vêtements plus ou moins sérieux, empruntés au vestiaire des familiarités décomposées comme pour mieux les dénoncer (…) La pièce, musicale surtout, réplique à l'envie cette perturbation des contours et échappe à toute catégorisation évidente. Fidèle à la liberté de la musique de Weill s'émancipant des attentes classiques et modernes, personne n'incarne sur le plateau un art ou un genre convenu qu'il conviendrait de marier à l'autre. Au contraire, le danseur chante, l'acteur danse, le musicien sort de son rang et surgissent de nouveaux artistes, tous fiancés du pirate pouvant dire « Vous ne savez pas aujourd'hui qui je suis ». Les pulsions du monde, visibles si on soulève un coin du tapis fragile sur lequel nous évoluons, embrouillent ce que l'on pensait familier et nous emmènent au large du port auquel on se croyait attaché. François Frimat – FRANCE CULTURE En choisissant une distribution où la couleur de peau dominante est le noir, Alain Buffard parvient à reposer la question, toujours nécessaire, de la décolonisation des esprits. Pour ce faire il a choisi la musique de Kurt Weill, classée dégénérée par le pouvoir nazi dont les sbires brûlèrent certaines de ses partitions. Ce n’est pas la première fois que le chorégraphe se glisse du côté de l’opéra dansé. Il l’avait déjà fait avec talent dans (Not) a love song, dérisoirement très chic, très snob. Avec Baron Samedi qui rend hommage à la figure carnavalesque inquiétante du maître de cérémonies vaudoues, il fait cause commune avec les personnages des bas-fonds qu’affectionnait le compositeur, et leur donne une brillance à nulle autre pareille. Chanteurs, danseurs, musiciens : tous sont au même niveau sur la scène, pas de préséance, pas de hiérarchie (…) On est une fois de plus avec Alain Buffard, qui signa Good Boy ou Mauvais Genre, chez les mauvais garçons et les moches copines, et on en profite pour s’amuser. Sur une grande page blanche, cornée et pentue, où il est facile de perdre pied, les acteurs-danseurs forment un bande de joyeux déclassés, mus par les esprits vagabonds des zombis qui mènent la sarabande suivant le Baron, vêtu ici, non pas d’un haut de forme, mais d’un chapeau colonial et d’une robe strassée. Mort et résurrection, tous dansent la banda sexuellement suggestive. Le grotesque, la grimace, prennent le dessus sur le pseudo-sérieux des têtes dites pensantes. C’est un spectacle émancipé. Marie-Christine Vernay – LIBERATION